David Madore's WebLog: my life

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., celle écrite en dernier est en haut). Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Cette page-ci rassemble les entrées de la catégorie ma vie : il y a une liste de toutes les catégories à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the latest written is on top). Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. This page lists entries in category my life: there is a list of all categories at the end of this page, and an index of all entries. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries with category my life / Entrées de la catégorie ma vie:

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(samedi)

Une nouvelle toux qui n'en finit pas

J'ai raconté il y a deux semaines que j'avais eu la covid (pour la 3e ou peut-être même 4e fois) : ça s'est manifesté sous forme d'un gros rhume, bien pénible mais pas particulièrement affolant, qui a duré environ une semaine sous cette forme (en gros du au ). Sauf que si les symptômes de rhume ont disparu (fatigue générale, mal à la gorge, nez bouché, ganglions enflés, mal à la tête, sinusite ; et un nouvel autotest covid a été négatif), il y en a un qui persiste obstinément, et qui a même empiré, c'est la toux. Je tousse surtout la nuit : pas de façon continue, mais par grosses quintes, de l'ordre de trois par nuit, qui sont très violentes et me réveillent, et durent jusqu'à ce que je me lave le nez, du coup ça m'empêche de bien dormir. (En plus de ça, je dors dans le salon pour ne pas déranger le poussinet, et c'est nettement moins confortable.)

J'ai consulté un médecin lundi, qui n'a pas repéré d'infection (notamment, l'auscultation des bronches est normale) et m'a donc prescrit un corticoïde (béclométasone) en inhalation à faire le soir… ce qui ne semble pas aider du tout. Rien n'a l'air d'évoluer depuis dix jours : si progrès il y a, il est très très lent.

On pourrait être tenté d'appeler ça un covid long, sauf que j'ai assez souvent eu tendance à tousser longtemps après mes rhumes, et notamment, il y a cinq ans et demi, j'ai eu un rhume (qui n'était certainement pas le covid, en 2018) dont la toux s'est prolongée très longtemps, et je pourrais reprendre presque mot pour mot aujourd'hui la description que je faisais alors :

J'ai eu un rhume qui, depuis […,] a évolué en une toux persistante, presque uniquement nocturne, et qui m'empêche de dormir correctement. Dans la journée, tout va bien, je tousse un petit peu mais rien de vraiment gênant, je n'ai aucune fièvre, pas de ganglions enflés, aucune fatigue particulière (autre que celle due au manque de sommeil), aucune douleur notable (sauf à la gorge et aux sinus, juste quand je me lève après avoir tellement toussé). Mais dès que je suis couché, c'est quinte de toux sur quinte de toux, et impossibles à résister […]. Certaines crises de toux sont tellement fortes que je sens que je risque de vomir.

Impossible de savoir clairement si c'est une toux grasse ou sèche : j'ai quelques mucosités qui sortent, j'ai l'impression qu'elles refluent de l'arrière du nez […]. Peut-être que c'est juste l'irritation de la toux qui produit du mucus et pas le contraire. En tout cas, mes bronches elles-mêmes ne sont pas encombrées.

Je vois de ce que j'ai noté dans ce blog et dans mon journal qu'en 2018 il s'est écoulé approximativement quatre semaines entre les premiers symptômes de rhume et la fin de la toux. Donc peut-être que je dois m'attendre à ce que j'en aie encore jusqu'à fin octobre, ce qui m'emmerde bien. (L'autre chose que je remarque est qu'en 2018 j'ai eu bien mal à la gorge dès le début du rhume, et cette fois-ci aussi : peut-être donc que le mal de gorge au début est indicateur du fait que ça va déboucher sur une toux interminable ?)

En remontant plus loin, je me rappelle qu'à l'automne 1996 j'ai eu un rhume qui a débouché en une toux interminablement longue (j'étais à l'internat à l'ENS et je m'étais dit que mes voisins de chambre devaient me détester parce que chaque nuit je toussais à n'en plus finir). Comme je ne tenais pas de journal à l'époque, mes souvenirs ne sont pas plus précis que ça, notamment sur combien de temps ça a duré.

Bon, sans doute que cette toux-ci va finir par passer, mais je reste assez perplexe. Manifestement, ce n'est pas tellement le virus initial qui est en cause, puisque j'ai exactement le même phénomène avec une covid (diagnostiquée comme tel par un test antigénique, je suppose que ces trucs n'ont pas tellement de faux positifs) qu'avec une infection en 2018 qui ne pouvait pas être due à SARS-CoV-2 ; de toute façon, le test antigénique suggère que le virus n'est plus présent. Et il n'y a pas non plus de signe d'une réinfection bactérienne (pas de fièvre, pas de bronchite…). Mais si c'est une sorte de réaction immunitaire post-infection, on s'attendrait à ce que les corticoïdes ou les antihistaminiques aident : or ils n'ont pas l'air de faire le moindre effet (pas plus que l'acétylcystéine, dont la seule fonction semble être de me rappeler le goût de la cystéine).

Et manifestement je suis loin d'être le seul à qui ça arrive : une personne que je connais a eu quelque chose de semblable il y a deux ans, avec une vraie bronchite à la clé (qui est passée avec des antibiotiques), puis de nouveau récemment (mais la toux est passée d'elle-même). Une autre personne que je connais m'a dit avoir eu presque exactement la même chose que moi, et à peu près au même moment, en 2018. Et on trouve aussi quantité de pages Web, de qualité douteuse, qui documentent le phénomène (par exemple celle-ci ou celle-là) sans rien dire d'utile pour autant. Alors à défaut de pouvoir faire autre chose, je documente à mon tour le phénomène en une page Web de qualité douteuse qui ne dit rien d'utile pour autant.

Mise à jour ( — initialement insérée sur le mauvais billet) : Je pense que maintenant je peux dire que ma toux est finie (i.e., revenue à son état normal : ça m'arrive quand même occasionnellement de tousser !). Mais ça aura duré plus d'un mois !

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(jeudi)

La complainte des couche-tard

J'écris cette entrée après avoir fait entre 2h et 3h d'insomnie pour la deuxième nuit consécutive : je pense que j'ai déjà dit tout ce qui suit ailleurs sur ce blog[#], et sans doute plus qu'une fois, mais j'espère au moins le dire différemment (et peut-être plus clairement).

[#] Quelques entrées passées sur ce sujet : #1785, #2121, #2701.

C'est peut-être un peu simpliste de diviser les gens en lève-tôt et couche-tard (ne serait-ce que parce qu'il y a des gens qui ont besoin de très peu de sommeil et qui arrivent donc à être les deux à la fois : je ne sais pas si je les envie vu combien j'aime faire des rêves, mais ça doit être au moins assez pratique), mais ce n'est certainement pas complètement faux. Et comme c'est dit assez éloquemment dans ce fil Twitter qui me sert d'inspiration, il y a une forme de shaming social des couche-tard par rapport aux lève-tôt contre laquelle je voudrais m'insurger.

L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt affirme un dicton stupide et détestable. Doublement détestable parce qu'il dénigre à la fois la valeur du repos (pourquoi pas l'avenir appartient à ceux qui se reposent correctement, par exemple ?) et parce que, même à temps d'éveil égal, il prétend dicter ce qu'on doit en faire (pourquoi pas l'avenir appartient à ceux qui veillent tard ?). Mais de fait, ce dicton est une sorte de prophétie auto-réalisatrice, parce que, de fait, notre société organise son rythme d'activités sur celui des lève-tôt, ou du moins, sur un rythme plus aisément compatible avec le leur : comme le cycle quotidien est grosso modo construit selon l'ordre sommeil → travail → loisirs → (répéter), et que le travail est socialement valorisé (chose sur quoi il y aurait tant à dire mais je ne veux pas m'étendre dessus ici), se lever tôt est donc considéré comme un signe positif (de dynamisme, ou quelque chose comme ça), tandis que se coucher tard est certainement le signe qu'on est un fêtard à la vie dissolue. (Je sais quelque chose de l'inanité de cette dernière conclusion par le fait que je ne fais essentiellement jamais « la fête », je ne vais jamais en boîte, mes dîners avec des amis se terminent vers 23h au plus tard, et quand je reste debout jusqu'à 4h du matin c'est probablement soit que j'ai trouvé comment traiter une question de maths qui m'obsédait soit qu'un de mes ordinateurs a fait des siennes et que je veux régler le problème avant d'aller au lit.)

Si tu es fatigué, tu n'as qu'à te coucher plus tôt s'entend-on régulièrement dire après une mauvaise nuit interrompue par la violence du cri strident d'un réveil. Merci, quelle idée géniale, je n'y aurais jamais pensé par moi-même. C'est du même calibre que de dire si tu te trouves trop gros, tu n'as qu'à manger moins aux personnes qui ont du mal à tenir un régime ou tu n'as qu'à faire plus d'exercice : l'idée exécrable que la volonté doit arriver à dicter au corps une discipline parfaite contre sa nature, et qu'un échec dans ce domaine est le signe d'une faiblesse. Quand bien même on ne souffrirait pas de contraintes externes (par exemple une sensibilité au bruit pour ce qui est du sommeil).

Je reconnais que ce n'est pas évident de comprendre comment le cerveau se « cale » sur un certain rythme de sommeil. (Évidemment le soleil joue un rôle prépondérant, mais les horaires des repas[#2] et autres activités doivent aussi avoir beaucoup d'influence, par exemple dans mon cas après le passage de l'heure d'été à l'heure d'hiver ou inversement je retrouve assez rapidement des heures de lever et coucher assez proches mesurées contre l'heure civile qui s'est pourtant décalée par rapport à l'heure solaire.) Mais le fait est qu'on ne peut pas simplement se « recaler » sur une heure différente, ou, si on le fait, cela ne dure pas, ou, s'il est absolument nécessaire que ça dure, ça se fait avec une violence inouie qui entraîne avec elle stress, irritabilité, fatigue, etc. (Et il est bon d'avoir ça en tête quand on juge, par exemple, les enfants et ados en âge scolaire qui ont du mal à rester attentifs en cours.)

[#2] Je sais qu'en ce qui me concerne, me forcer à être dans une lumière vive, et/ou manger, à l'heure H d'un jour donné, va avoir très fortement tendance à faire que je me réveille à l'heure H le jour suivant (voire celui d'encore après). Malheureusement, ça n'assure pas forcément que j'aurai bien dormi avant (ni même que je me sentirai fatigué à H−8).

Ce n'est pas une question de préférence pour telle ou telle partie de la journée : en ce qui me concerne, j'aime beaucoup le matin, l'air frais et encore chargé de rosée, la lumière du soleil bas mais moins rouge que celui du soir, j'aimerais avoir plus souvent l'occasion d'en profiter, mais ce n'est pas ça qui m'aide à me lever plus tôt pour en profiter.

Un bout d'explication que je proposais au fait que je suis couche-tard est que, si j'aime bien dormir, je ne prends pas plaisir à me coucher, alors que je prends plaisir à prolonger mon sommeil le matin. Ceci est dû (dans mon cas) à une différence de nature et de qualité de sommeil (cf. cette vieille entrée) : mon sommeil au début de la nuit est lourd, engourdi, confus, plutôt assommant que reposant, et finalement désagréable, donc je le ressens comme une obligation, alors que le sommeil à la fin de la nuit (enfin, du cycle de sommeil, parce qu'en ce qui me concerne, c'est souvent la matinée justement) est riche en rêves complexes et intéressants, je fais souvent des rêves lucides, je vole, j'explore des labyrinthes, je libère des empires, je fais de la magie, je résous des énigmes, j'accompis des quêtes cosmiques, bref, cette partie-là est bien plus plaisante et j'ai envie de la faire durer. (Et je note que presque à chaque fois que j'ai parlé à des lève-tôt ils ne comprenaient pas du tout, ou en tout cas ne partageaient pas, cet attrait que peut exercer sur moi le sommeil-de-la-fin-de-nuit-chargé-de-rêves.) Mais évidemment cette explication ne peut être que partielle, parce que ce que j'ai dit explique que je sois tenté de me coucher plus tard la nuit N+1 que la nuit N, mais au bout d'un moment il y a quand même une limite : si je me couche vers 5h du matin, je ne me sens pas bien du tout, ni quand je me couche, ni quand je me lève (donc je comprends quand même la non-tentation à se coucher de plus en plus tard), et finalement, en l'absence de contraintes externes, j'ai tendance à converger vers un rythme d'environ 1h–10h, avec de grosses variations cependant (et souvent une insomnie au milieu, cf. ci-dessous).

(Peut-être que la température est un élément explicatif ? Je sais que je dors d'autant mieux qu'il fait froid, et la courbe des températures, qui est en retard par rapport à celle de la lumière solaire, colle grosso modo à la courbe de mon sommeil au sens où j'ai tendance à dormir aux heures les plus fraîches de la journée, centrées autour de quelque chose comme 5h du matin — par opposition aux heures les plus sombres, centrées autour de quelque chose comme 2h du matin. Sinon, un autre bout d'explication est dans les repas : j'aime bien avoir le temps de digérer correctement après mon dîner, et il y a plein de raisons pour lesquelles il n'est pas aisé, en France, de dîner à 19h.)

Pourquoi je ne me couche pas plus tôt, alors ? Parce que cela provoque simplement de l'insomnie.

J'ai distingué ci-dessus le sommeil de début de nuit, appelons-le S1 (lourd, déplaisant, avec peu de rêves), et le sommeil de fin de nuit, appelons-le S2 (avec beaucoup plus de rêves). Cette distinction n'est évidemment pas rigoureuse, mais grosso modo disons que je fais 4h de S1 et 4h de S2, avec un réveil entre les deux. Si je me couche plus tôt, je ne vais généralement pas avoir de mal à m'endormir, simplement je vais me réveiller à la fin de S1, plus vraiment fatigué, avec plein de pensées qui me tournent dans la tête, et faire de l'insomnie : me coucher plus tôt décale S1 mais pas S2, et entre les deux je fais juste de l'insomnie. (Tout ceci est très simplifié, évidemment, et pas vraiment exact, mais c'est l'idée : j'ai tendance à faire du sommeil diphasique, et quand je tiens une nuit complète, c'est juste que les deux phases sont immédiatement adjacentes. Or S2 est beaucoup plus difficile à bouger que S1.)

Ce qui marche mieux pour me avancer mon sommeil S2, c'est d'interrompre mon sommeil au cours de S2 et de me lever plus tôt : la nuit suivante, S2 va avoir lieu plus tôt (donc si en plus je me suis couché plus tôt, ça me recale, au moins temporairement). Mais le prix à payer, c'est une journée ou je suis complètement crevé, ou surtout, ou j'ai les idées confuses. Et le résultat n'est vraiment pas durable, parce que la moindre perturbation de la nuit va redécaler mon sommeil dans le sens du retard.

En plus de ça, et je l'ai déjà dit, les réveils m'empêchent de dormir : je ne veux pas juste dire, évidemment, qu'ils m'empêchent de dormir quand ils se déclenchent, ça c'est le but, mais le fait de savoir que j'ai mis un réveil rend mon sommeil bien plus mauvais, parce que je n'arrête pas de savoir qu'il va être interrompu, je pense à cette interruption pénible à venir, et cette pensée m'empêche de bien dormir. Quand je dois absolument me lever à, disons, 7h du matin, et donc mettre un réveil pour cette heure-là, ce que je fais est généralement de prévoir large (je me couche vers 22h, même 21h si j'y arrive, ce qui rend les insomnies moins stressantes parce que je peux me dire même si je fais de l'insomnie j'aurai quand même bien dormi parce que j'ai prévu large), je prends un peu de doxylamine (un antihistaminique vendu sous le nom commercial de Donormyl® : j'en prends typiquement entre ~2mg et 7.5mg, pour ne pas m'abrutir mais quand même m'aider un peu), et globalement j'y arrive ; mais j'y arrive en me faisant violence, et si cette violence persiste jour après jour, j'en ressens clairement les conséquences (déjà, je ne prends jamais l'antihistaminique plusieurs jours d'affilée, parce que ça ne marche en gros qu'une fois). Bref, je peux ponctuellement me lever plus tôt, mais ça a un coût important, alors que si je dois ponctuellement me coucher plus tard, je n'en ressens pratiquement aucune conséquence.

(Ceci dit, je ne nie pas non plus que ce prix vaut parfois la peine d'être payé, même en l'absence de contraintes extérieures, parce que j'apprécie quand même bien de voir un vrai matin de temps en temps.)

On m'a dit plusieurs fois que la clé d'un bon sommeil était la régularité : se lever tous les jours précisément à la même heure, et se coucher quand on est fatigué. Mais je peux dire que ça n'a jamais marché pour moi, ou en tout cas, si ça marche, c'est en calant cette régularité sur mon rythme « naturel » et pas en essayant de le forcer à autre chose. (Bon, d'abord, c'est vraiment difficile de se lever tous les jours précisément à la même heure, parce que ça va vouloir dire de trouver l'heure la plus avancée à laquelle on ait jamais besoin de se lever, qui est quand même souvent assez ridiculement tôt. Ensuite, même si on se dit, disons, 7h tous les matins, le problème est que le vendredi et samedi soir il y a des gens qui font du bruit bien au-delà de l'heure à laquelle on sera fatigué. Mais surtout, je sens rapidement un déficit de S2 et le fait de me coucher plus tôt ne m'aide pas vraiment à le combler. Si je trouve une régularité, c'est souvent une régularité où je me couche extrêment tôt, je fais une énorme insomnie après S1, et S2 est quand même interrompu, et j'ai l'impression de me bousiller la santé.)

Bref, si vous faites partie des gens qui arrivent bien à dormir, ou surtou, qui arrivent bien à dormir aux heures que la société a tendance à imposer, tant mieux pour vous, mais soyez gentils d'arrêter avec le slumber shaming qui consiste à s'imaginer que quelqu'un qui se lève à 10h, ou 11h, ou même midi, est un paresseux ou que cette personne n'a aucune hygiène de vie. Et si vous faites partie des gens qui programment des réunions ou des cours de 8h à 10h du matin, imaginer que vous ayez à faire une série de réunions de 23h à 1h du matin vous permettra peut-être de comprendre que ce n'est pas si évident.

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(mardi)

Nouvelle tendinite calcifiante à l'épaule

Je suspens l'écriture d'une entrée de blog sur les mathématiques constructives qui est en train de développer des excroissances dangereusement nombreuses pour parler un peu de moi, et d'une nouvelle tendinite à l'épaule — gauche, cette fois.

Je dis cette fois, parce qu'il y a trois ans et demi, je m'étais fait une très méchante tendinite à l'épaule droite. (J'en avais parlé ici, , et sur ce blog, mais je résume cet épisode passé.) L'élément déclencheur s'était produit (le ) alors que je travaillais l'épreuve de plateau du permis moto : la moto avait commencé à pencher alors que je la manœuvrais à allure très lente, j'avais tenté de l'empêcher de tomber, et en ce faisant j'avais tiré très fortement sur mon épaule droit. Sur le moment, la douleur avait été assez faible, mais le soir même elle était très forte, et j'ai passé trois ou quatre nuits à très peu dormir, j'ai eu vraiment mal pendant une dizaine de jours, et encore en faisant quelques mouvements pendant environ trois mois. Pendant les quelques premières semaines, je ne pouvais plus lever le bras. J'ai passé plusieurs examens, d'abord des radios et une échographie, puis une IRM pour confirmer, et finalement un arthroscanner ordonné par un chirurgien orthopédiste, lesquels examens ont donné des résultats un peu contradictoires (l'échographie indiquait que j'avais une rupture d'un ou deux tendons, finalement ce n'était pas le cas). Mais le point important, outre une dégénérescence un peu déprimante à mon âge (arthropathie gléno-humérale, bref, arthrose de l'épaule), c'est que j'avais des calcifications au niveau de deux (voire trois) tendons : le supra-épineux, le sub-scapulaire, et peut-être l'infra-épineux, qui causaient certainement ces douleurs, et qui se sont résorbées en un temps plus ou moins long.

De ce que je comprends de l'article Wikipédia sur les tendinites calcifiantes (d'ailleurs illustré par une radio d'épaule qui, à mon œil non-expert, ressemble bigrement à la mienne), c'est que dans des circonstances pas bien comprises (mais qui ne semblent pas liées à l'exercice physique), il peut se créer un dépôt d'une substance calcique (l'hydroxyapatite) au niveau de certains tendons, le plus souvent de l'épaule (et notamment le supra-épineux) ; puis ces dépôts calciques vont avoir tendance à se résorber, et c'est cette phase de résorption qui est surtout douloureuse, surtout si elle passe par une fragmentation des calcifications, et cause une inflammation des tendons. Il semble que la résorption des calcifications suivie d'un rétablissement spontané du tendon soit l'issue la plus courante des tendinites calcifiantes, et qu'il n'y a donc qu'à traiter par des anti-inflammatoires, mais des traitements visant à provoquer ou accélérer la résorption apatitique existent.

En 2018, je m'étais fait mal en rattrapant une moto, donc, mais ça ne pouvait pas être ça qui avait créé la calcification : cela prend du temps à se former (je ne comprends pas combien, mais certainement plus que quelques jours), elle était forcément déjà là, le choc l'a peut-être fragmentée, c'est sans doute ça qui a causé l'essentiel de la douleur, et finalement les calcifications se sont complètement résorbées.

Voilà maintenant qu'il m'arrive essentiellement la même chose, mais à l'épaule gauche, et cette fois il n'y a pas eu de choc ni d'événement déclencheur clairement identifiable : j'ai commencé vers fin décembre à avoir mal à l'épaule gauche, notamment la nuit où j'ai du mal à trouver une position confortable où dormir. (Je ne peux dormir que sur le côté — sur le dos ou sur le ventre, j'étouffe — et si je me mets à gauche ça a tendance à appuyer là où ça fait mal, tandis que si je me mets à droite, ça a tendance au contraire à tirer.) Comme je me fais assez souvent des tendinites à la musculation, qui se résolvent normalement toutes seules assez vite, je ne me suis pas inquiété, mais là ça fait un mois et demi que ça dure et que ça ne s'améliore pas vraiment (enfin, il y a des hauts et des bas : certains jours ou surtout certaines nuits je pense que c'est parti, mais ça revient).

Je suis allé voir un médecin, qui m'a prescrit du paracétamol, du naproxène, et un gel à l'ibuprofène en application locale. Et m'a fait faire une radio et une échographie, qui ont révélé essentiellement la même chose qu'à l'autre épaule il y a trois ans : une calcification du tendon supra-épineux (et un début d'arthrose). Dans le langage fleuri des médecins :

Cher Confrère,

J'ai reçu Monsieur David MADORE, 45 ans, pour évaluation d'une scapulalgie invalidante. Ce patient pratique la musculation.

L'échographie a montré une ostéophytose marginale céphalique humérale antérieure. L'examen de la coiffe retrouve une calcification de 20×6 mm développé à la partie postérieure du tendon supra épineux et une calcification centimétrique dense de 10 mm. Il n'y a pas de bursite, pas de rupture tendineuse. Il n'y a pas d'anomalie des tendons biceps, sous-scapulaire ou infra épineux et petit rond. Les muscles sont normaux. Il n'y a pas de comblement de la fosse spinoglénoïdienne, pas d'épanchement glénohuméral.

J'ai donc complété par des radiographies qui objective les dépôts calciques et qui confirme la présence d'une omarthrose débutante avec une ostéophytose glénohumérale inférieure et un début de pincement postérieur démasquée [sic] en rotation externe.

(Les rapports analogues faits sur mon épaule droite il y a trois ans sont recopiés dans les entrées à ce sujet liées ci-dessus.)

La douleur n'est pas continue, et n'est généralement pas très forte. Je ne suis pas gêné dans mes mouvements, il n'y en a que quelques uns qui sont un peu douloureux, comme enfiler un blouson (particulièrement mon blouson de moto, d'ailleurs, parce qu'il est lourd et rigide), le reste du jour je n'ai pas ou quasiment pas mal. (J'ai d'ailleurs réussi à trouver un nombre raisonnable de mouvements de musculation que je peux effectuer sans douleur, et qui me donnent même l'impression de faire du bien.) Mais la nuit, je suis assez souvent réveillé, ou empêché de me rendormir. Le naproxène aide clairement, mais ce n'est sans doute pas une bonne idée d'en prendre trop longtemps.

Globalement, la situation de mon épaule gauche maintenant semble meilleure que celle de mon épaule droite en 2018 (il y avait plusieurs tendons affectés, la douleur était vraiment terrible au début, je ne pouvais plus lever le bras), mais en 2018 ça s'était tout de même réglé assez vite alors que là je ne suis pas sûr qu'il y ait une amélioration significative. Peut-être est-ce lié au fait que la calcification a l'air plus importante (le rapport en signale une de 20×6 mm et une de 10 mm, alors que la seule dimension mentionnée dans les rapports de 2018 est de 4 mm).

Toujours est-il que j'espère que ça va quand même se résoudre tout seul. Et que j'aimerais bien savoir pourquoi mes épaules ont tendance à se calcifier, comme ça. (D'après mes dernières analyses sanguines, qui datent justement de 2018, ma calcémie est normale — ma calcémie corrigée est à 2.31mmol/L — donc ce n'est pas une surabondance de calcium qui explique le problème.)

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(samedi)

Winter has come

[Image du personnage du “Night King” dans ‘Game of Thrones’]Je crois que je n'ai jamais aimé l'hiver. Il fait tout le temps froid ou moche, parfois les deux à la fois. (Toutes proportions gardées, parce qu'à Paris il fait rarement vraiment froid ; mais justement :) Je suis frileux, je ne me trouve jamais assez couvert dehors et dedans les seules fois où je trouve qu'il fait assez chaud c'est quand il fait trop chaud. Et surtout, le soleil se couche à 17h et ne monte jamais haut, et je trouve ça déprimant. (Bon, il est vrai qu'en été, comme je supporte aussi très mal d'avoir trop chaud, pendant les périodes de canicule je me dis parfois l'hiver a quand même ses bons côtés, mais la différence est que je passe tout l'hiver à souhaiter l'été alors que je ne passe que quelques jours en été à souhaiter l'hiver.) Et aussi, les rares fois où la neige tombe en ville, je déteste ça alors qu'il paraît qu'on est censé s'en émerveiller.

Mais ces dernières années, ma détestation de l'hiver a atteint de nouveaux sommets. Jusqu'en 2018, mon poussinet et moi restions de toute façon à Paris, où le cycle des saisons n'avait pas tant d'impact que ça sur nos activités. Mais quand nous nous sommes mis à vadrouiller l'Île-de-France, l'hiver est devenu la saison où il est beaucoup plus difficile ou moins agréable de se balader en forêt (il fait froid, le sol est plus boueux, les arbres n'ont pas de feuilles, et on a beaucoup moins de temps avant le coucher du soleil). Puis je me suis mis à aimer faire de la moto, et cela présente le même genre de problèmes en hiver (rouler quand il fait froid, même avec des gants chauffants, n'est guère agréable, et rouler quand il fait nuit est dangereux, or la nuit en hiver en Île-de-France tombe bien avant la fin des embouteillages).

Cet hiver-ci, nous avons deux désagréments supplémentaires : un ravalement de façade dont j'ai déjà parlé (qui n'a pas en soi de rapport avec l'hiver, mais qui tombe en hiver, et rend l'appartement moins lumineux), et le fait que ce ravalement de façade nous a forcés à temporairement retirer la pompe à chaleur qui chauffait notre appartement pour revenir au chauffage électrique simple (par effet Joule), et du coup j'ai froid chez moi.

Mais surtout, maintenant, il y a le covid. Je ne me hasarderai pas à faire de prédictions combien cette maladie sera saisonnière dans les années qui viennent, d'analyse de la mesure dans laquelle ses motifs saisonniers jusqu'à présent étaient dus à la météo, aux phénomènes biologiques ou comportements sociaux qui en résultent, ou à une simple synchronisation aléatoire de motifs périodiques avec d'autres. Toujours est-il que jusqu'à présent, en Europe de l'Ouest, les périodes de (disons) mi-octobre à mi-mai, que je qualifie pour simplifier d'hiver, ont été bien plus problématiques que les périodes de mi-mai à mi-octobre, que je qualifie pour simplifier d'été.

Or le cerveau aime reconnaître des motifs et est très fort pour en fabriquer des peurs ou aversions. (J'ai été frappé par le phénomène suivant : récemment la porte du garage de ma copropriété s'est refermée sur ma tête alors que je sortais à moto — je n'ai rien eu de grave, j'ai surtout été très surpris et extrêmement furieux — mais maintenant, dès que je passe cette porte, que ce soit à pied, à moto ou même en voiture, j'ai un petit déclic dans ma tête qui me dit attention la tête !.) Et que ce soit justifié ou non, mon cerveau (je veux dire, des mécanismes pas franchement conscients chez moi) est en train d'apprendre que l'hiver est la saison où non seulement il fait froid et moche et sombre et on ne peut pas correctement se balader, mais en plus il y a toutes sortes d'emmerdes liées à la covid.

J'ai raconté combien en 2020 la période « estivale » (de mi-mai à mi-octobre) avait été une fenêtre lumineuse dans ma vie ; et la même période un an plus tard nous a fait baigner dans l'espoir que nos vies allaient enfin cesser définitivement de tourner autour du covid. Au contraire, en janvier-février 2020, j'attendais l'arrivée en Europe du nouveau coronavirus comme j'aurais attendu l'arrivée d'un train sur les voies duquel j'étais ligoté ; et à l'hiver 2020–2021 j'ai émotionnellement retenu mon souffle jusqu'au retour de l'été ; maintenant j'en ai tout simplement marre, je ne suis même plus vraiment intéressé par quelle lettre de l'alphabet grec étiquette le dernier variant ni s'il est 42 ou 1729 fois plus contagieux que la lettre précédente, je veux juste que l'hiver soit fini puisque c'est apparemment désormais la seule période où on peut vraiment profiter de la vie.

J'ai de plus en plus envie de me gaver de bûche au chocolat pour faire des réserves, et me mettre dans mon lit avec une petite pancarte à la porte disant réveillez-moi en mai 2022.

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(mercredi)

Processus mentaux et endormissement

L'entrée précédente concernant mes difficultés à dormir m'a valu, par des canaux divers, un certain nombre de commentaires et de conseils (que je dois encore tester, ou, pour certains, prendre le temps de lire attentivement ; on m'a même prêté un petit livre sur le sommeil). Ce qui est sans doute normal pour un sujet qui concerne littéralement tout le monde — je veux dire, le fait de dormir, pas forcément de faire de l'insomnie, mais j'imagine que presque tout le monde a éprouvé des difficultés à dormir sous une forme ou une autre, au moins une fois au cours de sa vie. Je me rends compte d'ailleurs que j'ai un million de questions au sujet du sommeil et de l'insomnie, au-delà de comment trouver le premier et éviter le second, des questions d'ordre biologique, médical, historique, culturel, etc. (Du genre : les animaux font-il aussi des insomnies “sans raison” ?, quelles traces d'insomnie trouve-t-on dans l'Histoire ? (ou dans la littérature, etc.) quels personnages historiques célèbres en souffraient-ils ? quelles erreurs historiques peuvent être attribuées à un manque de sommeil ?, comment différentes cultures ont-elles proposé à remédier aux problèmes de sommeil ? est-il vrai que c'est un “mal moderne” ? et je ne sais combien encore.) Mais je digresse.

C'est d'ailleurs un peu ironique parce que ces dernières nuits j'ai plutôt extrêmement bien dormi (et je ne sais pas vraiment pourquoi) : les travaux de ravalement dont je parlais dans l'entrée précédente sont passés à une étape de peinture, notre appartement a été envahi par une odeur de solvant assez forte et très désagréable, du coup le poussinet et moi avons déménagé nos lits dans le salon (situé du côté opposé au mur ravalé, et que l'odeur n'avait pas envahi), je pensais que ce changement allait m'empêcher de dormir et, au contraire, j'ai dormi comme un bébé (← je veux dire que j'ai très bien dormi, je ne sais pas pourquoi on dit dormir comme un bébé, en fait, parce que si j'en crois les parents de jeunes enfants que je connais, ce n'est pas toujours la joie, au moins pour les parents). Peut-être que c'est juste un hasard et que ça ne durera pas, en tout cas, s'il y a une raison plus profonde je ne la connais pas.

Une des réactions a ce billet a été celui-ci de Natacha intitulé difficultés à dormir, où elle raconte sa propre relation avec le sommeil : je me retrouve beaucoup dans certaines parties, pas du tout dans d'autres, ce qui doit nous rappeler qu'il y a énormément de variabilité individuelle dans les facteurs influençant sur le sommeil (et donc qu'il faut être très prudent avant d'extrapoler des conseils d'une personne à une autre). Mais je veux rebondir sur un point précis : c'est quand elle écrit :

Il me semble qu'à un moment, relativement récent mais plus lointain que cette prise de conscience, j'ai remarqué que rejouer des histoires récemment lues ou vues était plus efficace pour s'endormir ou bien dormir ensuite que réfléchir à des problèmes concrets.

Il me semble que ça fait écho à quelque chose que j'ai remarqué et qui me semble important à explorer pour arriver à s'endormir :

On dit souvent que pour s'endormir il faut ne penser à rien. Mais ne penser à rien, je ne crois pas que ce soit vraiment possible, et en tout cas ce n'est pas nécessaire. Éventuellement on peut comprendre rien signifiant qu'on doit penser à des choses totalement ennuyeuses et répétitives comme compter les moutons, mais personnellement ça n'a jamais fonctionné pour moi. En revanche, ce qui est sûr, c'est que penser à des choses qui nous tracassent empêche assez efficacement de dormir (je me permets l'audace de généraliser mon cas sur ce point précis, parce que je serais vraiment surpris que ce ne fût pas très répandu). Et sans aller jusqu'aux « tracas » qui comportent une charge émotionnelle, j'ai constaté que réfléchir à un problème de maths est une façon très très efficace de ne pas s'endormir (or malheureusement, parfois, je n'arrive pas à m'empêcher, parce que je veux vraiment éclaircir mes idées ou avoir la réponse).

Tout ça pour dire qu'il y a des processus mentaux qui semblent incompatibles avec le sommeil, que je peux qualifier de somnifuges, et d'autres qui ne le sont pas, voire, qui le favorisent (et que je pense très mal résumés sous l'étiquette de rien), que je peux qualifier de somnipètes.

(NB : je vais écrire beaucoup de la suite à la personne indéfinie, p.ex., on s'endort plus facilement si <gnagnagna> ou sans référence à un pronom du tout, p.ex., ce genre de choses favorise l'endormissement, mais il va de soi que je ne peux vraiment parler que de ma propre expérience, j'ai très peu de témoignages d'autres personnes à ce sujet, donc il faut comprendre ces on et même ces absences de personne comme se référant à moi-même aussi bien que quand je dis explicitement je ; c'est juste que je pense un petit peu plus plausible que certaines affirmations soient généralisables que d'autres pour lesquelles je garde la première personne, mais la différence est très faible au point qu'on puisse considérer ces deux façons de m'exprimer comme interchangeables.)

J'ai mentionné ci-dessus que les tracas m'empêchent de dormir, mais là on peut soupçonner que c'est la charge émotionnelle (le stress provoqué) qui joue. Comme, a contrario, l'attente impatience (je suppose que je suis loin d'être le seul qui, gamin, dormait très mal la nuit du 24 au 25 décembre parce qu'il y avait l'impatience d'ouvrir les cadeaux le lendemain matin). Penser à des problèmes mathématiques est aussi très somnifuge. Mais même le fait de penser à, disons, quelque chose que je pourrais écrire dans mon blog a également l'effet de m'empêcher de dormir (et le meilleur remède que j'aie trouvé dans ce cas c'est de gribouiller très sommairement les idées qui me sont venues pour pouvoir les oublier sans m'inquiéter qu'elles soient perdues). Plus généralement, toute pensée concernant le monde réel, qu'il s'agisse de ce que je vais faire les prochains jours, ou de problèmes scientifiques, politiques, humains ou quoi que ce soit du genre, a fortement tendance à faire fuir mon sommeil. Même essayer activement de retrouver un souvenir (par exemple quel est ce mot déjà ?, où ai-je déjà vu ça ?) est un processus mental somnifuge.

A contrario, je suis complètement d'accord avec Natacha que rejouer des histoires récemment lues ou vues fait partie des processus mentaux qui aident à dormir (et dans mon cas, beaucoup plus efficacement que, par exemple, compter les moutons). Lire une fiction, voir un film (bon, sans doute pas un film d'horreur !), ce genre de choses, avant de se coucher, va donc avoir tendance à favoriser l'endormissement. Ça n'a pas besoin d'être récent, c'est juste que c'est plus facile si ça l'est. Et c'est d'autant plus efficace (enfin, de nouveau, en ce qui me concerne, parce que je ne peux parler que de mon expérience personnelle même quand je dis on) qu'on arrive à s'intégrer soi-même dans l'histoire ou la rejouer « vue à la première personne » que vue de loin. On peut aussi inventer sa propre histoire, mais attention, il faut que ce soit une création libre et non contrainte : dès que je commence à réfléchir « intellectuellement » à la construction de l'histoire, par exemple si je me mets à me demander comment structurer un roman, ça ne marche plus du tout et ça redevient un processus mental qui fait fuir le sommeil.

De fait, à l'époque où j'écrivais des romans, j'aimais bien imaginer des scènes avant de m'endormir, ça m'aidait à trouver le sommeil, mais il fallait que ce soient des scènes que j'attendais de voir venir avec impatience, des scènes que je prenais plaisir à jouer et à rejouer le soir dans ma tête, pas la partie un peu fastidieuse de les organiser et de les structurer. C'est le théâtre mental qui aidait à dormir (et à créer et à visualiser la scène), pas la composition d'ensemble.

Pour résumer, il semblerait que, très sommairement, penser au monde réel empêche le sommeil, penser à des mondes de fiction le favorise. Toute pensée structurée, tout effort de mémoire est somnifuge, mais laisser les idées vagabonder dans l'imaginaire est somnipète.

Ceci suggère un rapprochement évident : les rêves. Car s'il y a un type de mondes de fictions qu'on associe au sommeil, c'est forcément eux. Et de fait, quand je suis réveillé à un moment tel que je me rappelle les rêves que j'étais en train de faire, essayer de repenser à ces rêves, les rejouer ou les prolonger dans ma tête est ce que je trouve de plus efficace pour me rendormir. (Même quand le rêve était effrayant, il vaut mieux que j'y repense, pour en reprendre le contrôle, pour me rappeler que c'est moi qui commande et que je peux faire ce que je veux dans mes rêves : c'est sans doute cette démarche qui m'a amené à faire régulièrement des rêves lucides.)

Et j'ai souvent l'impression, dans ces conditions, qu'il se forme une bataille pour le contrôle de mon cerveau, entre les forces somnipètes, à commencer par les souvenirs des rêves que je viens de faire (souvenirs très fragiles mais qui se renforcent si on rejoue les quelques scènes qu'on se rappelle), et les forces somnifuges, essentiellement toutes les pensées ayant trait au monde réel, y compris celles qui sont évoquées par les rêves. Je me retrouve souvent à tourner dans mon lit en essayant de revivre mes rêves et à me retrouver régulièrement distrait par d'autres pensées incidentes (ah mais ça me rappelle quelque chose ça… mais quoi ?), rapidement somnifuges.

Mais ceci soulève aussi la question de savoir ce qui est la cause et ce qui est l'effet. J'écris ci-dessus qu'il y a des pensées qui favorisent l'endormissement et d'autres qui l'empêchent, mais c'est un peu un post hoc ergo propter hoc : peut-être que les pensées que je qualifie de somnipètes sont non pas celles qui favorisent l'endormissement mais simplement celles qui l'accompagnent, celles qui sont favorisées par un début de sommeil. Cela collerait aussi bien avec la ressemblance aux rêves (si on est dans une configuration mentale prête à dormir, voire rêver, on va avoir tendance à produire des pensées oniriques), et cela expliquerait que j'ai du mal à reproduire ce genre de pensées quand je suis debout éveillé et alerte. J'ai cependant l'impression, sans pouvoir en apporter la moindre preuve, qu'il y a une causalité réciproque (i.e., un cercle vertueux ou vicieux de l'endormissement ou du réveil) : ce sont les mêmes pensées qui sont favorisées par l'endormissement et qui l'encouragent et les mêmes qui sont favorisées par le réveil et qui l'alimentent.

Ce serait aussi intéressant de savoir si ces modes mentaux correspondent à quelque chose qu'on pourrait détecter de façon objective. Par exemple, si j'arrive à reconnaître en moi-même des pensées somnifuges et somnipètes et à reproduire les unes ou les autres, est-ce que cela se verrait dans une IRM fonctionnelle ? Y a-t-il des zones du cerveau spécifiquement associées aux unes et aux autres (au-delà des différences au sein de chaque catégorie) ?

Faute de disposer d'une IRMf, je veux bien que les personnes qui me lisent me disent si elles ressentent aussi cette distinction entre pensées somnifuges et somnipètes et, le cas échéant, ce qui constitue pour elles un modèle de pensée somnipète.

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(lundi)

Difficultés à dormir

Cela faisait longtemps que je n'avais pas parlé de sommeil. En fait, en général, je ne dors pas si mal (en tout cas beaucoup mieux que la lecture du billet que je viens de lier peut le laisser penser). Mais en ce moment, mon immeuble subit un ravalement de façade, donc des bruits de travaux de 8h15 à 17h (en gros) tous les jours ouvrés, et l'effet sur mon sommeil est catastrophique. L'occasion de raconter un peu ce que je comprends des phénomènes qui influent sur le sommeil (le mien, en tout cas, mais je suppose que je suis loin d'être le seul à subir certains de ces effets).

La première chose que je veux évoquer est la classification des gens en « lève-tôt » et « couche-tard » (en anglais on dit lark et [night] owl, cf. cette page qui ne dit cependant pas grand-chose). Il n'y a aucun doute que je sois du côté « couche-tard » (hibou), et il est intéressant de se demander comment ce genre de choses se manifeste : disons que j'ai l'impression que « couche-tard » n'est qu'un symptôme et que la cause est un peu différente. L'analyse que j'ai envie de mener s'appuie sur cette merveilleuse citation de l'ex d'un ami :

Il y a deux moments agréables dans la journée : le soir quand on se couche, et le matin quand on ne se lève pas.

Non seulement c'est très drôle, mais je pense que c'est une clé importante de compréhension de la relation qu'on peut avoir avec le sommeil. Considérons ces deux plaisirs du sommeil : le fait de se coucher le soir, et le fait de ne pas se lever le matin. Je pense que la classification en « lève-tôt » et « couche-tard » est mieux reflétée par la réponse à la question du plaisir que chaque personne éprouve dans ces deux moments. Il y a des gens, bien sûr, qui n'aiment pas spécialement dormir ou n'éprouvent pas le besoin de le prolonger au-delà d'un minimum, ni dans un sens ni dans l'autre, et qui sont donc à la fois couche-tard et lève-tôt. (Je ne sais pas si je dois les envier : certes, ces personnes ont plus d'heures productives dans la journée, mais ça veut aussi dire qu'elles ont moins de rêves, or rêver est une des choses que je préfère dans la vie : donc, au final, pendant une période de temps donnée, elles auront peut-être plus vécu dans le monde réel, mais moi, pendant ce même temps, j'aurai volé dans les nuages, pratiqué la magie, fondé et détruit des empires, affronté et vaincu des créatures terrifiantes, et toutes sortes d'autres choses que je ne regrette pas.) Mais parmi les gens qui apprécient le sommeil, on peut se demander si on préfère se coucher ou ne pas se lever — prolonger le sommeil du soir en se couchant plus tôt ou celui du matin en se levant plus tard. Et je pense que les heures auxquelles on se couche ou se lève ne sont qu'un effet secondaire de notre relation à ces deux plaisirs : sans contrainte, j'ai naturellement tendance à me coucher de plus en plus tard et à me lever de plus en plus tard, pas tellement parce que j'aime me coucher tard ni me lever tard dans l'absolu mais parce que j'aime rester plus longtemps au lit beaucoup plus que je n'aime m'y mettre.

Dans mon cas l'explication est simple : passer du réveil au sommeil ou vice versa est une forme de violence, donc dans les deux cas je vais avoir tendance à la repousser. Quand je réfléchis à quelque chose (surtout quand j'ai enfin trouvé le flow), je n'ai pas envie de m'interrompre pour aller dormir ; de plus, pour moi, comme je le disais ici, le sommeil du soir n'est pas très agréable, je suis facilement victime de petites hypothermies (ou au contraire d'hyperthermie), de crises d'angoisse, de confusions nocturnes, bref, ce n'est pas un début qui me motive beaucoup à aller au lit ; en revanche, quand je n'ai aucune contrainte m'obligeant à me lever, plus mon sommeil dure, plus il devient agréable, rempli de rêves (or j'adore rêver), bref, entre les deux moments évoqués par l'aphorisme cité ci-dessus, je préfère largement le second. Ce phénomène de retardement de l'heure de lever et de coucher finit par buter contre des limites liées à toutes sortes d'effets de la vie sociale ou simplement de la lumière solaire, mais il m'est beaucoup plus facile de me décaler vers le tard que vers le tôt.

Je suppose, donc, qu'il y a une certaine symétrie et que les gens qui aiment se lever tôt (et qui aiment quand même bien dormir) apprécient plus le fait de se coucher que le fait de traîner au lit le matin, et que ça a tendance à les décaler progressivement dans l'autre sens.

Bref.

Des travaux qui font du bruit à partir de 8h15, on peut me dire, ce n'est pas furieusement tôt : tout de même, se lever à 8h15 ce n'est pas bien méchant ! De fait, il m'arrive assez souvent de devoir donner cours à 8h30, et ce à Palaiseau qui plus est, donc je dois me lever bien plus tôt que ça. Pourquoi est-ce que ces travaux de ravalement m'affectent tant, alors ?

Un des effets les plus pervers de mon sommeil est que non seulement les tracas et l'anxiété m'empêchent de dormir (or je suis facilement anxieux), mais en plus, la cause d'anxiété qui m'affecte le plus pendant la nuit, et m'empêche le plus souvent de dormir, est justement celle de manquer de sommeil. De là un cercle vicieux dans lequel je tombe trop facilement : je ne dors pas pour une raison X ou Y, je sens bien que l'heure tourne, je me dis que le nombre d'heures de sommeil que je vais avoir diminue, et plus je sens qu'il diminue plus j'angoisse à l'idée que je vais manquer de sommeil, et du coup, moins j'arrive à m'endormir. Ce cercle vicieux de l'insomnie peut être encore empiré si mon poussinet fait lui-même de l'insomnie, parce qu'à ce moment-là nous avons tendance à nous empêcher l'un l'autre de nous rendormir en gigotant dans le lit parce que nous n'arrivons pas à dormir (jusqu'à ce que parfois, n'en tenant plus, l'un de nous emporte son matelas et aille dormir dans le salon). Mais le phénomène de base est vraiment celui-ci : la crainte de manquer de sommeil m'empêche de dormir donc s'auto-alimente.

D'où un paradoxe : si je me couche, disons, à minuit et que je sais que je peux dormir autant de temps que je voudrai (parce que je n'ai pas de rendez-vous, pas de cours à donner, pas de réveil à mettre, pas de crainte que quelque bruit de chantier me réveille), je vais dormir peut-être jusqu'à 8h ; si d'aventure je fais un peu d'insomnie, je vais généralement me rendormir rapidement parce que je sais que ce n'est pas grave, qu'il me suffira de dormir un peu plus tard (et du coup, je n'ai pas d'inquiétude, du coup je me rendors facilement, du coup je n'ai pas besoin de me lever plus tard). Alors que si je programme un réveil pour, disons, 8h30 (donc après le moment où je me serais sans doute réveillé spontanément sans contrainte), je sais que je ne peux me permettre « que » 30min d'insomnie sous peine de manquer de sommeil, et dès que quelque chose va me réveiller, je vais m'inquiéter de ne pas réussir à me rendormir en 30min, et du coup je ne vais, effectivement, pas y arriver. Donc en fait, si je veux bien dormir en mettant un réveil à 8h30, je dois me coucher très très tôt, pas pour dormir autant de temps, mais pour être rassuré sur le fait qu'il est peu plausible que je fasse tellement d'insomnie.

Bon, mais comme je le disais, ça m'arrive bien de temps en temps de devoir me lever tôt. Alors pourquoi est-ce que ce n'est pas tellement la catastrophe ? Et pourquoi ces travaux de ravalement sont-ils différents ?

Parce que, en temps normal, je sais que c'est, justement, exceptionnel : si je dois me lever, disons, le lundi à 7h, je vais me coucher le dimanche soir vers 22h, mais surtout, je vais me dire bon, même si je manque un peu de sommeil cette nuit, ce n'est pas bien grave, parce que la nuit dernière j'en ai eu assez, parce que la nuit suivante j'en aurai assez, et au pire je pourrai toujours faire une sieste (en vrai, je ne fais jamais de sieste, mais le fait de pouvoir éventuellement en faire une me rassure quant au fait que je ne vais pas manquer gravement de sommeil), du coup l'anxiété de manquer de sommeil reste maîtrisée, et la moindre petite insomnie ne débouche pas sur le cercle vicieux que j'ai décrit.

L'autre chose c'est que, tant que ça reste occasionnel, je peux prendre des substances qui m'aident à dormir. La doxylamine (antihistaminique en vente libre sous le nom de Donormyl®) a un effet très fort sur moi : tellement fort que les comprimés de 15mg, prévus pour être coupés en deux, je les coupe typiquement en quatre (ce qui demande, d'ailleurs, une certaine habileté), i.e., je prends environ 4mg (parfois même seulement 2mg, un huitième de comprimé, mais là c'est limite du microdosing), et ça m'aide merveilleusement à me rendormir si je fais de l'insomnie. Mais ça ne marche qu'une seule nuit : si je recommence le lendemain, ça marche beaucoup moins bien voire pas du tout, et il y a un contrecoup les nuits suivantes. En plus, comme la doxylamine a une demi-vie très longue, il ne faut surtout pas la prendre pendant la nuit (sinon on est groggy toute la matinée) mais seulement au moment de se coucher, donc il faut décider à l'avance si le risque d'insomnie est fort : tout ça me va très bien si je dois, disons, un ou deux jours par semaine me lever à 7h, mais je ne peux pas en prendre régulièrement. Sinon, j'ai aussi de la mélatonine (pour le coup, la demi-vie doit être de quelque chose comme 30min), mais ce n'est pas vraiment un somnifère, c'est plutôt quelque chose qui aide à se recaler quand on est décalé. Et j'ai du zopiclone (qu'un psychiatre m'a prescrit au début du premier confinement) qui me fait aussi un effet très fort donc je coupe les comprimés en quatre voire en huit, mais là aussi j'ai peur de l'accoutumance, et ce n'est vraiment pas un sommeil très agréable, donc je n'en prends que rarement, quand je sens que je pars vraiment dans un cercle vicieux d'insomnie. Au rayon des quasiplacébos, je prends des tisanes « nuit tranquille » (mais ça fait faire pipi, ce qui n'est pas forcément malin) ou de l'Euphytose, mais ça reste très limité.

Bref, les médicaments peuvent m'aider ponctuellement, mais dans le cas présent ils ne me sont pas d'un grand secours.

L'autre conseil qu'on m'a donné, c'est de miser sur la régularité : plusieurs personnes m'ont dit en substance :

Prends l'habitude de te lever tous les jours à la même heure, aussi précisément que possible, même le week-end, et de te coucher dès que tu es fatigué (que ce soit tôt ou tard), et tu dormiras vite bien.

Alors d'abord, c'est un conseil de lève-tôt, ça, et ça représente un effort d'une très grande violence pour un couche-tard, ou plus exactement quelqu'un comme moi pour qui, ainsi que je l'évoque plus haut, le plus grand plaisir est de ne pas se lever — ça demande justement à renoncer à ce plaisir. En outre ça pose un problème pratique qui est que, si j'ai des cours occasionnellement pour lesquels je dois me lever très tôt, ça voudrait dire que je dois tous les jours me lever à l'heure la plus tôt qui convienne à tous ces cas. Mais oublions ce point. Le fait est surtout que ça ne marche pas pour moi.

Programmer mon cerveau pour me réveiller à une certaine heure, je sais assez bien faire, en fait : si un jour donné je suis réveillé à, disons, 8h, et que je mets une lumière assez forte dans mon champ visuel à cette heure-là (j'ai une lampe de luminothérapie à cet effet), surtout si, en même temps, je mange un peu, alors le lendemain je me réveillerai à l'heure en question. Ça marche très bien. Mais l'ennui c'est que ça ne signifie absolument pas que je ne serai pas fatigué à l'heure en question : je me réveille mais crevé et incapable de me rendormir.

Les bruits de travaux, donc, me forcent en ce moment à être réveillé tous les jours quelque part entre 8h15 et 8h30. (En fait, c'est pervers, parce qu'ils ne font pas forcément tout le temps beaucoup de bruit, mais comme je n'ai aucun moyen de savoir à l'avance combien de bruit ils vont faire, mon cerveau table sur le pire cas.) Du coup, je tombe de sommeil vers 22h, voire avant (il y a quelques jours, je me suis couché à 20h45, ça n'a pas dû m'arriver souvent dans ma vie hors des jours où j'étais carrément malade). Je m'endors sans problème au moment où je me couche, et… trois nuits sur quatre, je me réveille environ quatre heures plus tard et fais une énorme insomnie. Donc oui, j'arrive à être très régulier, mais c'est une régularité complètement merdique, où je me réveille en étant quand même totalement mort de fatigue, je passe la journée à bâiller, je me couche très tôt, je m'endors immédiatement, je me réveille au milieu de la nuit plus du tout fatigué, mais angoissé à l'idée que je fais une nouvelle insomnie, je me rendors seulement au bout de trois ou quatre heures, et le cycle de merde reprend. Et même les jours où par chance je ne fais pas d'insomnie, certes cela me procure une journée agréable où je suis intellectuellement alerte, mais ils alimentent le problème la nuit suivante, parce que comme du coup j'ai plutôt trop dormi (de 22h à 8h15 ça fait quand même pas mal), et soit je vais être poussé à me coucher plus tard et l'insomnie ne sera que plus forte parce que le risque de manquer de sommeil le sera, soit je me couche quand même tôt et ça cause aussi une insomnie en favorisant le sommeil biphasique.

Encore une autre option serait, donc, de me dire que tant pis, je vais assumer pleinement le sommeil biphasique, disons entre 21h30 et 1h30 et entre 4h et 8h (puisque cela semble être grosso modo le cadencement auquel me conduisent mes insomnies). Il y a toutes sortes de gens qui ont toutes sortes de théories selon lesquelles le sommeil biphasique ou interrompu est « naturel » (whatever the f*ck this may mean) : voir cet article Wikipédia, notamment les références à Ekirch dans la section intitulée interrupted sleep (théorie aussi résumée dans cet article que j'avais déjà référencé). Mais on a beau avoir toutes sortes de théories sur lesquelles on peut profiter des heures d'éveil entre, disons, 1h30 et 4h pour travailler, en pratique ça marche très mal, et quant au fait de se coucher à 21h30 c'est tout de même socialement très handicapant (surtout quand on a un copain qui rentre assez tard du bureau et qui n'a pas une grande motivation à se coucher tôt, et qui, a contrario, apprécie très peu d'être réveillé au milieu de la nuit).

Bref, ces travaux de ravalement de façade, non seulement ils m'auront coûté en gros le même prix que ma nouvelle moto et leur bruit me rend le travail très difficile même quand je suis réveillé et alerte (bon, pour ça j'ai des pistes pour trouver des endroits où travailler, je vais finir par en faire marcher une), mais en plus j'ai l'impression qu'ils sont en train de me coûter six mois de ma vie en sommeil perdu, et je n'avais pas vraiment besoin de ça juste après une pandémie qui nous en a tous déjà fait perdre dix-huit. Mais au-delà de mon cas personnel, je mesure combien toute l'organisation sociale est construite en faveur des « lève-tôt » au détriment des « couche-tard » qui doivent souffrir immensément quand ils ont un emploi qui exige une présence tous les jours à une heure inflexible, et il n'est pas très surprenant, comme le mentionne le truc de la BBC que je citais tout en haut que cela se ressente sur l'espérance de vie des « hiboux ».

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(lundi)

Une petite introspection sur mes goûts et intérêts fluctuants, nouveauté et lassitude

Méta : Je ne suis pas du tout content du billet qui suit, qui part vraiment dans tous les sens et auquel je n'ai pas réussi à trouver un fil conducteur, une cohérence d'ensemble. Je le publie quand même parce que j'y raconte, fût-ce de façon désorganisée, des choses qui me semblent importantes sur moi-même et sur ma vie, rassemblées parce que je sentais confusément qu'il y avait lieu de les rassembler.

J'ai déjà raconté que j'aimais relire le journal que je tiens, notamment à des intervalles d'un an, deux ou trois, pour me donner une appréciation du temps qui passe, mais aussi comme source d'inspiration pour savoir quoi faire de mes journées : si quelque chose m'a plu il y a un an, ce n'est pas forcément une mauvaise idée de recommencer — la période de l'année s'y prêtera sans doute de nouveau, et un an est assez long pour que la répétition ne transforme pas en source d'ennui. Néanmoins, cette relecture est aussi souvent l'occasion de me rendre compte que mes goûts ou intérêts ont changé, que je ne suis pas tout à fait la même personne que l'an dernier, et que même si sur l'intervalle d'une année cette différence est subtile, presque imperceptible, quand je relis des entrées trop vieilles de mon journal, j'en éprouve une sensation de décalage presque gênant : qu'est-ce qui me faisait plaisir ? à quoi est-ce que j'aimais passer mon temps ?

Mes centres d'intérêt ont toujours eu une forte tendance à l'instabilité : qu'il s'agisse d'un sujet intellectuel (par exemple un problème de maths) ou d'une nouvelle façon de passer le temps, je suis capable d'en être pris brutalement de la passion la plus intense, et d'en avoir marre tout aussi soudainement. Cela se manifeste jusque dans certains goûts alimentaires : je me mets à aimer énormément, disons, tel type de biscuits au chocolat ou de feuilletés au fromage, je dois en acheter plein à chaque fois que je fais les courses parce qu'ils disparaissent à toute vitesse, et puis voilà que, souvent du jour au lendemain, j'arrête d'en manger — pas que je n'aime plus, mais cela ne provoque plus la même libération de dopamine. Il en va de même de la musique que j'écoute : j'ai facilement tendance à tomber dans des cycles où j'écoute le même morceau en boucle, encore et encore, jusqu'à m'en donner la nausée : cela dure typiquement quelques jours, puis j'arrête assez soudainement. C'est aussi la raison pour laquelle tant de mes projets demeurent inachevés : je suis pris de passion pour quelque chose, je m'y mets avec acharnement, et, dès qu'il s'agit d'une entreprise qui demande un peu de persévérance, il est probable que mon intérêt retombe, comme un soufflé, avant que l'entreprise soit menée à son terme.

Heureusement, tous mes intérêts ne suivent pas cette trajectoire météorique — ce serait épuisant. J'ai aussi des goûts plus stables dans le temps, même si ce ne sont pas forcément les plus intenses, ce sont peut-être les plus importants pour me définir. Je ne généralement pas capable de prédire moi-même si un goût nouveau me restera, ou sera la passion d'une semaine ou d'un été, ou quelque chose entre les deux. Il y a une certaine tendance à ce que les intérêts les plus intenses, et surtout qui apparaissent le plus rapidement, soient ceux qui disparaissent le plus rapidement, mais ce n'est pas toujours vrai non plus. Si je compare ces goûts qui font une apparition fulgurante puis disparaissent presque complètement à des météores, d'autres reviennent périodiquement, comme des comètes de plus ou moins longue période, d'autres encore fluctuent juste gentiment comme une planète familière. Bon, mes comparaisons sont assez pourries, désolé. Peut-être que j'aurais plutôt dû évoquer des volcans dont l'éruption est parfois très violente et imprévisible ? Ce qui est sûr, c'est qu'aucun de mes intérêts passés n'est totalement éteint : il y a beaucoup de passions que j'ai crues mortes et qui sont revenues de façon inattendue. (Je pourrais par exemple mentionner ma passion pour les trous noirs, qui a été éveillée par la lecture du livre de Jean-Pierre Luminet en 1989, et qui m'a fait des poussées de fièvre occasionnelles, au moins jusqu'à ce qu'en 2011 je réalise enfin ce rêve d'enfant de calculer des vidéos d'animation de chute dans le trou de ver d'un trou noir de Kerr.)

Cette capacité d'un de mes intérêts à renaître de ses cendres (ou à ne jamais s'éteindre) dépend sans doute beaucoup de son potentiel de nouveauté. Je pense que mon intérêt pour les maths ne risque pas de disparaître, parce qu'il y y a toujours de nouvelles choses à apprendre ou à découvrir ; pour un morceau de musique ou un type de biscuits, en revanche, c'est plus vraisemblable (mais même là, si j'en oublie le son ou le goût, ils regagneront une forme de nouveauté qui peut permettre le retour d'intérêt).

A contrario, quand je sens qu'un intérêt me quitte, cela s'accompagne souvent d'une forme de mélancolie, une forme de chagrin d'amour, sans que je sache bien si elle est la conséquence de cette perte d'intérêt, ou sa cause, ou une conséquence d'une cause commune. Je prends une fois de plus de ces biscuits que jusqu'à récemment j'aimais tellement, et ce sont les mêmes biscuits mais ce n'est plus le même plaisir : je me baigne dans la rivière où j'aimais tellement me baigner et je me rends compte que ce n'est pas la même rivière. (Je mentionnais la dopamine un peu plus haut : c'est sans doute de la neurologie à 1 attozorkmid, mais peut-être que c'est un peu l'idée, je cherche à renouveler ce qui hier encore me permettait d'en tirer, et je me retrouve en manque.)

Pourquoi je raconte tout ça, déjà ? Ah oui : je vais parler un petit peu d'un de mes loisirs particuliers, qui est celui de me balader : comment celui-ci a évolué dans le temps, et comment elle est encore en train d'évoluer.

J'ai déjà raconté que, l'été 2020, entre la fin du premier confinement français et le retour des restrictions, j'ai passé plein de temps à parcourir l'Île-de-France. Mais comment ces loisirs se comparent-ils avec ceux que j'avais avant et à l'été qui a suivi (2021) ?

J'ai toujours aimé me balader, mais le sens du mot balade a fluctué.

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(mercredi)

L'histoire des histoires que j'écrivis jadis

J'ai déjà publié un certain nombre d'éléments autobiographiques par ici : outre cette autobiographie couvrant les années 1976–1996, j'avais écrit ce billet de blog sur mon rapport à mon orientation sexuelle, celui-ci sur ma découverte des ordinateurs, et d'autres choses çà et là, comme (ce qui a un rapport avec ce que je veux évoquer ci-dessous) ici sur ma lecture de Tolkien ou bien sur celle d'Asimov. Je voudrais dire ici quelques mots sur les histoires que j'ai moi-même écrites quand j'étais ado, sur ce qu'elles racontent et sur ce qu'elles disent sur moi (même si je les ai déjà évoquées en passant comme ici ou , et plus récemment ). Au minimum, je voudrais raconter un peu quelle est leur intrigue et comment elle m'est venue, et, pour que vous n'ayez pas à les lire vous-mêmes — comment j'ai pu produire des choses aussi mauvaises ou, en tout cas, bizarres. Et ce que j'ai appris à travers elles.

Mon papa m'avait un jour fait la remarque, que je trouve très juste, que quand on enseigne la littérature à l'école, on sélectionne ce qu'il y a de mieux, les meilleures œuvres des plus grands auteurs, et sans doute montrer aux enfants pourquoi c'est si bien écrit, mais peut-être que la médiocrité a en fait autant à nous apprendre que le génie (ne dit-on pas, après tout, qu'il faut apprendre par les erreurs des autres, parce qu'on ne peut pas vivre assez longtemps pour les commettre toutes soi-même ?), ou encore la comparaison entre les deux (peut-on vraiment se rendre compte que Shakespeare est un dramaturge de génie sans le comparer à un autre qui n'en est pas un ? ou d'ailleurs simplement à des moments où il ne l'est pas vraiment — quandoque bonus dormitat Homerus — mais c'est assez tabou de montrer un passage de Shakespeare pour dire là ce n'est franchement pas terrible, alors qu'on osera plus facilement avec un auteur qui a moins marqué toute la civilisation). Et un texte médiocre reflétera en outre peut-être mieux le contexte historique et social dans lequel il a été écrit que celui d'un auteur que sa stature même rend singulier, et qui nécessite sans doute pour être décodé correctement de traverser plusieurs couches d'interprétation et de réinterprétation plaquées par les époques intermédiaires.

Je ne sais pas si mes œuvres forment même un bon exemple de médiocrité, ou même si je peux me mettre en avant comme exemple typique (whatever this means) d'ado qui, nourri d'une pop-culture « tolkienisante » en France dans les années '80–'90, s'est mis à produire son propre sous-Tolkien ou sous-Asimov, mais je peux toujours essayer. Il n'y a pas que le cadre (fantastique ou science-fiction) qui mérite un mot, parce que mes romans disent aussi autre chose sur moi, comme mon obsession pour le mysticisme et la symétrie, et derrière le sous-Tolkien il y a du sous-Oulipo, ou quelque chose comme ça.

Pour redonner un peu de contexte, même si j'ai déjà raconté ça plusieurs fois, j'ai grandi « un pied dedans, un pied dehors » par rapport à une pop-culture que je qualifie ci-dessus de tolkienisante : je n'ai lu The Lord of the Rings qu'à 15 ans (encore une fois, cf. ici ; j'avais lu The Hobbit bien avant), mais j'avais des amis qui l'avaient lu bien avant, et qui m'en avaient parlé, et je m'étais formé une certaine idée de l'œuvre, et surtout, j'avais été exposé à un certain nombre de — comment dire — produits dérivés du Seigneur des Anneaux. Je n'ai pas joué à Dungeons & Dragons (ou peut-être juste une ou deux fois, pour des parties très courtes), mais j'ai côtoyé des gens qui y jouaient beaucoup (ou à d'autres jeux de ce genre), et j'ai assisté à de telles parties, ça m'intéressait plus de m'asseoir à côté du DM et de tout observer que de participer personnellement à l'action ; de même s'agissant des Livres dont Vous Êtes le Héros, je n'y jouais guère (je n'avais pas la patience de prendre les dés pour les combats, suivre les règles, et subir la frustration d'être tué et de recommencer), mais j'aimais quand même les lire, quasi linéairement, en explorant des choix un peu au pif, d'où il résultait d'ailleurs une idée assez confuse de la trame générale de l'intrigue que je découvrais finalement dans un désordre à peu près total ; parfois (surtout en fin d'école primaire, donc vers 10 ans), des amis et moi nous construisions mutuellement des aventures, dans un cadre informel, sans dés ni plateau ni règles précises, nous proposant juste oralement situations et nous invitant à dire ce que nous voulions faire, et ces aventures étaient pleines de magie. Et une autre chose qui m'a beaucoup marqué, ce sont certains jeux d'aventure sur ordinateur : je ne redis pas ce que j'ai déjà écrit ici (ainsi que et ), mais j'ai beaucoup été influencé par la série King's Quest et surtout Ultima.

Je viens de lister quelques uns des ingrédients des mondes de mon imagination, mais il y a autre chose que je devrais surtout essayer de dire c'est : pourquoi la heroic fantasy ? Ce n'est pas uniquement une influence extérieure qui m'a poussé vers ce genre. Il y a bien sûr l'aspect d'avoir besoin de rêver un peu de magie dans un monde qui n'en a pas (et peut-être d'autant plus fortement que, fasciné par les sciences, je devais reléguer le surnaturel à mes rêves et fictions). Mais il y a un autre aspect auquel on pense peut-être moins évidemment que « l'envie de rêver » :

  • Écrire une histoire se déroulant dans le monde réel demande soit une expérience de celui-ci, soit un effort de documentation, qui sont difficilement accessibles quand on est ado, surtout à une époque où Wikipédia n'existait pas et même le Web quasiment pas. (Ou alors on va se limiter à des récits qui se déroulent dans un collège/lycée français, ce qui présente certes des possibilités assez considérables d'exploration psychologique, mais limite sérieusement l'intrigue elle-même. En tout cas, je n'ai jamais eu envie de reproduire dans ce que j'écrivais ce que je vivais déjà chaque jour. Mais en même temps j'étais trop maniaque de la précision pour accepter de simplement ignorer mon ignorance, inventer ce que je ne savais pas, et admettre que je ferais forcément plein d'erreurs.)
  • A contrario, le cadre « médiéval-fanastique tolkienisant standard » offre à la fois suffisamment de références partagées pour pouvoir commencer à écrire une histoire sans perdre une éternité en exposition si on ne le souhaite pas (si je dis elfe, mon lecteur s'imagine quelque chose de vaguement conforme au standard ISO de l'elfe), mais suffisamment de flexibilité pour permettre d'y insérer à peu près n'importe quoi comme intrigue. C'est un cadre générique, peu envahissant, mais hautement paramétrable (à commencer par le réglage critique « niveau et type de magie disponible »), dont on peut faire absolument ce qu'on veut, et où on n'a à se soucier que de cohérence interne sans que qui que ce soit vienne vous reprocher, par exemple, que la rue Servandoni n'existait pas à l'époque où se situe votre roman.

Alors oui, on peut considérer que le cadre médiéval-fantastique tolkienisant standard est un peu cheap, qu'il s'agit du plastique à tout faire d'un million de mondes interchangeables. (J'ai moi-même souvent ressenti l'agacement extrêmement bien décrit ici par Boulet et qui pourrait directement attaquer beaucoup des histoires que j'ai écrites.) Mais on doit savoir gré à Tolkien d'avoir créé ce cadre standard qui ouvre les portes du royaume de l'imagination à mille adolescents qui ne deviendront jamais écrivains mais qui ont besoin de rêver, et peut-être à un qui deviendra écrivain, quitte à rester dans ce cadre mais en en faisant quelque chose de créatif car il est bien sûr possible de dépasser le cliché. (Pour être bien clair, je ne prétends absolument pas que je fantastique soit un genre réservé aux adolescents ou jeunes adultes : je dis juste qu'il est plus facile de se mettre à écrire dans ce cadre quand on est adolescent ou jeune adulte.)

C'est intéressant, parce qu'il semble qu'il (Tolkien) ait voulu créer une mythologie de l'Angleterre, mais ce qu'il a créé est à la fois plus large (dépassant largement l'Angleterre) mais aussi différent. La distinction entre un cadre imaginaire et une mythologie cohérente est assez subtile : il est plus facile d'écrire une histoire dans un monde basé le cadre médiéval-fantastique tolkienisant que sur les mythes grecs, par exemple, ou bien sur le cycle Arthur-Lancelot-Merlin-Graal, parce que ces derniers renvoient à des histoires assez précises avec lesquelles le lecteur s'attendrait à trouver une articulation (qu'il s'agisse de Thésée ou de Perceval, on leur associe plus que des caractéristiques générales, mais des événements bien définis), alors qu'il est beaucoup plus facile d'importer quelques idées des mondes à la Tolkien sans importer toutes les histoires de la Terre du Milieu. Allez savoir pourquoi : peut-être est-ce grâce à Dungeons & Dragons que se sont répandues non seulement l'idée de ce cadre générique mais aussi l'idée encore plus importante que chacun est libre de s'en emparer et d'en faire ce qu'il veut.

L'autre type de cadre dont on peut facilement imaginer s'emparer, c'est la science-fiction (et on peut peut-être croire que, pour moi qui avais une certaine culture scientifique déjà à quinze ans, ç'eût été plus naturel). J'ai certainement été beaucoup influencé par la trilogie originale des films Star Wars (j'ai vu l'épisode VI à sa sortie) et par la lecture du cycle Foundation d'Asimov (je ne vais pas redire ce que j'ai déjà écrit ici), et sans doute aussi, à un certain niveau, par le livre de vulgarisation scientifique Cosmos de Carl Sagan : quelle que soit la part de ces différences influences, je rêvais de civilisations galactiques, mais en même temps je voyais bien qu'il était très difficile d'écrire des histoires scientifiquement sensées dans un tel cadre. Car quels que soient les mécanismes imaginés pour contourner les obstacles évidents que présentent la finitude de la vitesse de la lumière, l'immensité des échelles d'espace et de temps impliquées, la rareté des planètes habitables et l'imagination des formes de vie extra-terrestres (ou l'explication de leur absence !), pour arriver à quelque chose de ne serait-ce que plausible scientifiquement, non seulement on devra faire d'immenses efforts d'exposition, mais en outre on arrivera certainement à un univers tellement étranger à l'expérience familière de l'auteur et du lecteur qu'il sera difficile de rentrer dedans. L'autre solution était de jeter résolument la science à la poubelle et de traiter le space opera comme on traite le médiéval-fantastique, comme un décor en plastique où on peut insérer n'importe quelle manière d'histoire, mais j'étais plus hostile à suspendre mon incrédulité scientifique de cette manière qu'en imaginant des elfes, des nains et des gnomes.

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(vendredi)

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Bon, je reconnais franchement que j'écris cette entrée-ci parce que nous sommes le 30 avril et que si je n'en publie pas en avril mon moteur de blog va générer une page de mois vide et ce sera tout moche. (Là il est même minuit passé, c'est-à-dire que nous sommes le 1er mai, mais je m'autorise à date une entrée d'un jour donnée jusqu'au moment où je me couche.) Je me suis demandé si j'allais écrire un billet avec juste du lorem ipsum mais ce serait quand même vraiment abusé alors je vais juste en mettre comme titre. À la place, je vais faire un petit tour de quelques choses que je n'ai pas écrites ou faites, et que vous n'allez pas lire parce que le titre vous aura donné l'impression que c'était juste du remplissage.

J'avais commencé il y a plusieurs semaines à écrire un texte sur l'utilitarisme, un principe que dans la pandémie en cours nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de refuser, et donc pour me plaindre de tous ces gens qui affirment que c'était clairement la bonne décision de confiner le pays il y a un an, ou qu'il faudrait recommencer comme l'an dernier, mais qui sont incapable de (ou refusent de) répondre à la question d'à partir de combien de morts évités — au moins en ordre de grandeur — ils pensent que le confinement est une bonne option. (Le plus souvent est qu'ils mettent en avant des principes selon lesquels la vie humaine n'a pas de prix, ce qui rend alors inexplicable le fait qu'on n'applique pas le même remède à chaque épisode grippal. Ma réponse personnelle à la question que je viens d'énoncer est que deux mois de confinements de 67M de personnes sont justifiables s'ils sauvent au moins quelque part entre 100 000 et 1 000 000 de vies, je justifie le chiffre bas ici par une expérience de pensée et le haut par un calcul du nombre de personnes·années perdues ; dans les deux cas je ne crois pas une seule seconde à un tel bénéfice.) Mais en fait, écrire tout ça me fatigue au plus haut point, donc j'ai abandonné en route.

J'ai aussi voulu écrire une suite à mon billet sur le SIR hétérogène pour expliquer ce qu'on peut dire, mathématiquement, dans le cadre de SIR à deux (ou en fait N) variants, avec une distribution quelconque de susceptibilité jointe entre les deux variants (c'est-à-dire notamment qu'on peut les supposer corrélées, ou indépendantes, ou n'importe quoi entre les deux). En fait, il n'y a pas grand-chose à dire de plus par rapport au cas d'un seul variant, si ce n'est qu'on ne peut pas éliminer les variables f (maintenant au nombre de deux) en valeur de s et qu'il n'y a plus de calcul simple du taux d'attaque. Un résumé succinct est ici, un choix raisonnable de distribution jointe de susceptibilité est évoqué ici, et quelques illustrations numériques sont données dans ce fil ainsi que ceux qu'il cite (oui, c'est Twitter, donc c'est un peu confus avec des références qui se croisent dans tous les sens), et le code Sage pour les reproduire est là (parce que moi, contrairement aux épidémiologistes-modélisateurs français, je montre mon code… ce serait d'ailleurs intéressant de le réécrire en JavaScript pour avoir une page interactive permettant de simuler des évolutions d'épidémie en jouant avec les paramètres). Ceci étant, l'aspect mathématique n'étant pas énormément plus intéressant que le cas d'un seul variant, et comme mon billet à ce sujet n'a pas l'air d'avoir passionné les masses, je ne me sentais pas terriblement motivé pour faire une resucée à deux variants.

Sauf peut-être à ranter sur l'obstination assez impressionnante à laquelle les épidémiologistes-modélisateurs[#] persistent à ignorer toutes les formes d'hétérogénéité dans leurs modèles et ne semblent pas se rendre compte que c'est là faire une hypothèse extrêmement forte sur l'épidémie, qu'ils ne prennent même pas la peine de justifier ou défendre — et ça devient encore plus aberrant quand il y a deux variants en jeu, parce que leur dogme d'homogénéité les conduit à penser que forcément la surcontagiosité d'un variant sur un autre est une constante, ce qui est maintenant clairement réfuté par l'observation, et pourtant ils continuent à répéter les mêmes chiffres devenus presque absurdes avec l'obstination d'une pendule arrêtée.

[#] J'utilise ce terme pour parler de gens comme Neil Ferguson ou Simon Cauchemez, par opposition à d'autres comme, disons, Pieter Trapman, qui semblent avoir compris la futilité des modèles prédictifs et font tout autre chose.

Pour expliquer un minimum de quoi il est question : si on a deux variants d'une même maladie, et si les personnes susceptibles à l'un et à l'autre ne sont pas parfaitement corrélées, chacun va infecter en premier les personnes relativement plus susceptibles à ce variant, et notamment, si un variant est globalement plus infectieux que l'autre, il va réduire son propre avantage en infectant (donc en immunisant) en premier les personnes plus susceptibles à lui. (C'est donc la variante relative entre deux variants du phénomène que j'avais évoqué dans le billet précédent sur un seul variant — et de nombreuses fois avant — que l'hétérogénéité de susceptibilité réduit le taux d'attaque ou le seuil d'immunité collective d'une épidémie en immunisant en premier les personnes les plus susceptibles : ici, dans cette forme relative, elle conduit à réduire l'avantage d'infectiosité du variant plus infectieux.) Les expériences numériques liées ci-dessus montrent que c'est mathématiquement possible, et cela colle assez bien, au moins dans les grandes lignes, à ce qu'on observe dans le cas de la covid où les variants qui semblaient terriblement plus infectieux au début ont fait pschittt dès qu'ils ont atteint une proportion relativement importante des infections, donc c'est une possibilité sérieuse pour expliquer ce phénomène, mais les épidémiologistes-modélisateurs continuent obstinément à faire des modèles où ils prennent une surinfectiosité constante dans le temps, qui donnent donc des prévisions apocalyptiques.

Et surtout, ce qui est épatant, c'est que cela revient aussi à nier un des faits fondamentaux de la biologie, qui est que la sélection naturelle des mutations tend à sélectionner non pas une adaptation absolue et générale (il n'y a pas, dans la biosphère, un organisme qui soit le plus apte de tous dans un sens absolu, ça n'a pas de sens) mais une adaptation à une niche particulière. Donc au lieu de s'imaginer que le variant machin-truc a trouvé une façon d'être plus infectieux dans l'absolu, on devrait plutôt commencer par s'imaginer qu'il a trouvé, au sein de la population humaine, une niche qui n'avait pas encore été colonisée, exactement ce dont je parle. (Pour que l'effet mathématique que je viens d'évoquer fonctionne, il n'y a pas besoin que cette niche soit spécialement identifiable comme « les jeunes » : cela pourrait être une obscure mutation génétique dans les récepteurs ACE-2 qui ferait que tel variant serait plus adapté à infecter telle sous-population — cela suffirait à changer complètement la dynamique de l'épidémie.)

Plus généralement, j'ai fait un petit fil sur quelques unes des hypothèses que ces épidémiologistes-modélisateurs prennent sans le dire (ce dont je viens de parler est essentiellement l'item Ⓒ de cette liste), qui vient un peu compléter ce que j'avais dit il y a quelques mois (où je parlais surtout des items Ⓐ/Ⓑ et Ⓔ). Tout ça commence à faire beaucoup et je ne comprends pas qu'on continue à écouter tellement ces gens qui se trompent de façon répétée, dont on peut tout à fait expliquer pourquoi ils se trompent, et qui persistent à refaire les mêmes erreurs. Et quand leurs prédictions ne se réalisent pas, au lieu d'en conclure qu'ils ont eu tort, ils en prétendent transformer leurs erreurs en nouvelles découvertes. Je ne comprends vraiment pas comment on peut en arriver à un tel niveau soit d'incompétence soit d'imposture scientifique. (Je ne sais pas duquel il s'agit. J'avait été absolument sidéré par un article de Libération censé défendre Simon Cauchemez et qui finalement produisait pas mal l'effet contraire.) Notons que, par contraste, la vie doit être vraiment dure pour ceux qui ont gardé leur intégrité scientifique et dont, par conséquent, on n'entend pas le nom.

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(mercredi)

Confinementversaire

Nous sommes le jour anniversaire du déclenchement du premier confinement en France. Je produis ici, en l'éditant un peu pour le rendre plus au style de ce blog et en rajoutant quelques petites précisions, un fil Twitter (rédigé à chaque fois 365j plus tard), dans lequel je reviens sur le récit des jours qui ont précédé ce (pour ceux qui l'ont déjà lu sur Twitter, j'ajoute quelques remarques générales à la fin) :

La première semaine de mars 2020 était encore relativement normale. (Je savais bien sûr que la pandémie allait nous tomber dessus et ferait des dizaines de milliers de morts, mais je n'imaginais pas l'horreur du confinement ; et surtout, je ne pensais pas que ça durerait plus d'un an.)

Le , j'ai fait ma dernière sortie « normale » avec le poussinet avant longtemps : nous sommes allés à Compiègne voir l'exposition Concept-car : beauté pure au palais impérial. La semaine qui a suivi, j'ai fait cours assez normalement.

Le , j'ai déjeuné au restaurant pour la dernière fois avant longtemps (au Café de France, place d'Italie ; lequel a fermé depuis, probablement fait faillite), avec le poussinet. Puis ce dernier est parti en vacances à la montagne. N'ayant pas grand-chose à faire, je me suis dit bon, il faut vraiment que je comprenne un peu d'épidémiologie, donc j'ai commencé par apprendre les bases du modèle SIR, et j'ai écrit ce fil Twitter (qu'un peu plus tard j'ai transformé en cette entrée de blog). Ensuite je suis sorti me balader dans Paris, je suis passé chez Gibert où j'ai acheté le livre Viral Pathology and Immunity de Neal Nathanson pour avoir au moins quelques bases rudimentaires en virologie.

La nuit suivante j'ai vraiment très mal dormi, et ça allait être la norme pour pas mal de temps ensuite. Le , j'ai eu une longue conversation avec ma mère au téléphone, je lui ai dit de prendre la pandémie très au sérieux. Je me rappelle notamment lui avoir dit qu'il fallait s'attendre à ce qu'il y ait de l'ordre de grandeur de 100 000 morts en France (à ce moment-là on en avait une dizaine) ; elle m'a dit ben tu es optimiste !. Avec le recul, ce n'était pas une mauvaise estimation. Mais pas si bonne que ça non plus, parce que je pensais que ces ~100 000 morts se produiraient en quelques mois seulement. Le soir j'ai regardé un documentaire sur la grippe de 1918 (celui-ci, je crois‌ ; je pense que j'ai dû penser au moins ça me rappellera que ça peut toujours être pire !), probablement pas une bonne idée pour le moral !

 : je me suis réveillé vers 5h30, je n'ai pas réussi à me rendormir. Je suis allé au bureau en RER (je me souviens avoir regardé la jolie vue depuis les escaliers qui montent au plateau et m'être demandé ce que tout cela allait devenir avec la pandémie).

J'ai donné un cours le matin mais j'avais de plus en plus de mal à me concentrer. J'ai dit à mes élèves que nous risquions de ne plus nous revoir. (Nous n'avions pas de cours prévu la semaine suivante, et au-delà ça me semblait évident que tout serait bouleversé.)

L'Italie a annoncé son confinement national, je trouvais ça absurde. Mais je ne comprenais pas comment elle pouvait être déjà débordée par l'épidémie, avec même pas 2000 cas recensés (je n'avais pas pris conscience de l'ampleur de la sous-estimation du nombre de cas). On parlait d'aplatir la courbe, mais l'ampleur de la tâche semblait inouïe.

 : après avoir très mal dormi, j'ai été réveillé par des bruits assourdissants : des ouvriers sont venus détruire au marteau-piqueur le tarmac du trottoir devant chez moi (je n'ai jamais compris pourquoi ils ont fait ça, il me semble qu'ils n'ont pas creusé) ; les bruits sont montés à 70dB dans le salon. Toujours est-il que ça a accentué mon craquage nerveux. J'ai téléphoné au poussinet (à la montagne, cf. ci-dessus), qui lui-même n'allait pas bien (il avait peur que sa boîte fasse faillite, peur que l'immobilier s'écroule et qu'on ne puisse pas vendre l'appartement, ou qu'on doive vendre les deux pour une bouchée de pain…). Entre ça, l'état neurologique de mon père (parkinsonien en bout de traitement) qui se dégradait, et la voiture qui avait pris un choc, nous étions vraiment mal. Nous avons passé la journée à échanger SMS et coups de fil. Et la situation en Italie n'était pas du tout rassurante !

Je relis mes SMS échangés à ce moment : Je ne comprends pas pourquoi [le système de soins en Italie] s'étouffe déjà à 0.015% [de malades covid dans la population]. Et celui-ci, pas mal à côté de la plaque, essayant de me rassurer : Et pour l'épidémie, on va rester à la maison en amoureux pendant quelques semaines à télétravailler : soit les choses empirent et ce sera vite fini, soit elles s'améliorent.

 : je suis de nouveau allé au bureau en RER. J'ai donné un cours qui allait être (mais je ne le savais pas, bien sûr) mon dernier pour 2019–2020. J'avais de plus en plus de mal à me concentrer à cause de la fatigue et du stress.

J'ai reçu le peintre qui était censé faire un petit rafraîchissement de l'appartement que nous comptions vendre. Lui n'avait pas du tout l'air affolé par l'épidémie (il m'a fait remarquer qu'il y avait beaucoup plus de morts de la grippe que de covid). Nous avons pris un café ensemble. Pendant un instant, tout semblait normal.

J'ai ensuite écrit cette entrée dans mon blog, qui allait pas mal conditionner la manière dont je pensais l'épidémie (Charybde et Scylla, traduction d'un fil Twitter écrit la veille).

Le poussinet est rentré de la montagne très tard dans la soirée (il est arrivé chez nous à 4h15 du matin). Nous avons beaucoup parlé de la pandémie et, évidemment, eu du mal à dormir.

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(jeudi)

Ma fascination pour les collections

Je continue à m'efforcer de parler d'autre chose que de covid. Après un peu de maths, je vais parler un peu de moi, en évoquant un de mes goûts, ou peut-être un trait de personnalité, je ne sais pas bien comment le qualifier. C'est sans doute à rapprocher de mon obsession pour la symétrie. Parlons donc de quelque chose d'un peu léger, que je ne prends pas très au sérieux (c'est quelque chose que je fais pour m'amuser), mais qui est probablement quand même révélateur à mon sujet.

Disons que j'aime collectionner les choses ; mais selon des modalités que je ne crois pas être vraiment typiques pour les collectionneurs. Je n'ai aucun intérêt pour collecter les timbres, les fèves, les petits soldats, les étiquettes, les pots de yaourts, les boîtes de sardines, les tire-bouchon ou ce genre de choses : ce n'est pas juste que je n'ai pas spécialement d'intérêt pour aucune de ces choses, c'est plutôt que pour qu'une collection ait le potentiel de m'intéresser il faut qu'il y ait une certaine cohérence (le plus souvent : visuelle et/ou de marque/provenance) dans les objects collectionnés, il faut que ça ne parte pas trop dans tous les sens, et c'est mieux si la collection a un espoir raisonnable de pouvoir être finie.

Dit comme ça c'est un peu abstrait. Prenons un exemple assez typique : je me suis mis à accumuler les gels douche Adidas (photo ici sur Twitter). Comment est-ce que ça a commencé ? Pas spécialement par l'envie de les collectionner : j'avais un gel douche qui me plaisait, il se trouvait que c'était un Adidas (Team Force, pour être précis) ; puis j'en ai acheté un deuxième (peut-être Get Ready, je ne suis plus très sûr), je me suis mis à utiliser l'un ou l'autre selon mon humeur, ou l'un et l'autre pour différentes parties du corps, et je me suis mis à aimer avoir ce choix. Puis j'en ai acheté quelques autres. Et ça a viré à la collection. Et c'est là qu'il y a un mécanisme psychologique qui a certainement un rapport avec ma fascination pour la symétrie : dès lors que je commence à avoir une grosse majorité de gels douche Adidas, j'ai envie de n'avoir plus que ça.

En ce moment, j'ai les suivants à côté de ma baignoire (il y en a deux de plus que sur la photo) : Active Start, Get Ready, Adipower, Team Force, Champions League (Victory Edition), Champions League (Champions Edition), Champions League (Dare Edition), Sport Energy, After Sport, Muscle Massage, Dynamic Pulse, Adipure, Climacool et Ice Dive. Et même si je ne les utilise pas tous (Climacool et Ice Dive ne me plaisent pas trop, par exemple), je fais mon choix entre un bon paquet d'entre eux, en fonction de mon humeur (et, comme je le disais, de la partie du corps : je n'utilise pas le même gel douche pour mon pubis et ma tête). Je pense sincèrement pouvoir distinguer, au nez, quasiment la totalité de cette liste (il y a d'ailleurs des associations qui restent gravées dans mon esprit : par exemple, quand je prenais des leçons de conduite (pour le permis B), j'utilisais le Active Start, et maintenant à chaque fois que je l'ouvre ça me fait repenser à cette période).

Par ailleurs, j'ai aussi une collection, qui va avec, d'eaux de toilette aussi par Adidas : Victory League, Get Ready (For Him), Team Force, Team Five, Champions League (Victory Edition), Champions League (Champions Edition), Champions League (Arena Edition), Champions League (Star Edition), Champions League (Dare Edition) et Dynamic Pulse. Alors oui, il y a plusieurs choses qui m'agacent à différents titres : ce n'est pas exactement la même liste (je ne sais pas si Adidas sort toujours un gel douche avec le même nom quand ils sortent une eau de toilette ; dans l'autre sens, je suis quasiment sûr que non) ; le fait qu'il y ait à la fois un Victory League et un Champions League (Victory Edition) est une manœuvre du Club Contexte (je ne sais d'ailleurs pas pourquoi il y autant de Champions League — peut-être qu'ils en sort un par an ?) ; les parfums ne collent pas tout à fait entre les gels douche et les eaux de toilette (j'adore l'eau de toilette Champions League (Victory Edition), alors que le gel douche du même nom me plaît beaucoup moins) ; beaucoup dans la liste (aussi bien côté gels douches que côté eaux de toilettes) ne sont plus trouvables et ça me désole (pas juste pour l'aspect collection, mais il y en a dont j'aime vraiment bien l'odeur) : je regrette de ne jamais avoir pu mettre la main sur le Team Five en version gel douche et d'avoir fini le gel douche Champions League (Arena Edition), et je suis triste d'arriver bientôt au bout de mon Dynamic Pulse et Champions League (Champions Edition) ; aussi, mon flacon d'eau de toilette Dynamic Pulse est plus petit que les autres (je n'ai pas fait gaffe en passant commande), c'est insupportable parce que ça rompt la symétrie.

Mais bon, les gels douche et eaux de toilette Adidas ne sont qu'un exemple. En voici un autre : juste avant le premier confinement, le poussinet et moi avons acheté une machine à café (avant ça, j'avais pour principe que je prenais toujours le café à l'extérieur, ça faisait partie du rituel, j'aimais bien regarder les gens passer en le buvant, ou bien en discutant de maths avec des collègues) et donc des capsules pour mettre dedans. Forcément, j'ai voulu avoir un peu de choix, j'ai acheté deux ou trois parfums différents de capsules Or compatibles Nespresso — et rapidement c'est devenu une collection (photo ici sur Twitter). En ce moment, à côté de la machine, il y a : Or absolu, Or rose, Forza, Splendente, Supremo, Sontuoso, Satinato, Delicioso, (Lungo) Profundo, (Lungo) Elegante et Decaffeinato (j'ai aussi eu Colombia et Papua New Guinea, mais je les ai finis et mon Carrefour Market local n'en a plus). Contrairement aux gels douche et eaux de toilette Adidas, je ne pense pas pouvoir les distinguer : je suis même à peu près convaincu que si toutes ces capsules étaient rigoureusement identiques je ne remarquerais rien du tout ; mais ça m'amuse de faire semblant de faire un choix, ou de proposer à mon poussinet cette longue liste d'adjectifs italiens. Mais il y aussi des intrus dans ma cuisine : j'ai également des capsules Nespresso de Nespresso : je n'arrive pas bien à décider si ça me dérange ou si je dois commencer une nouvelle collection ou accepter que la collection comporte deux marques différentes — pour l'instant, je les range un peu à part.

Ajout () : Au rayon des parfums, il faut aussi que je signale ma fascination pour la collection Demeter ; j'en avais parlé ici (évidemment ces sagouins ont cassé tous leurs liens entre temps, mais la plupart de ces parfums sont encore trouvables chez eux) : j'en ai acheté un bon paquet à l'époque, dans le format le plus petit possible parce que mon but n'était pas de parfumer quoi que ce soit mais de m'exercer au jeu de la reconnaissance des odeurs. Bon, il est vrai que cette collection est maintenant un peu… encombrante, parce que j'ai une boîte (que j'ai tapissée de papier bulle) pleine de minuscules bouteilles en verre qu'il ne faut Surtout Pas Casser parce que ça parfumerait tout l'appartement du Mélange de Tous les Parfums de l'Univers pendant des siècles.

Un objet facile à collectionner, ce sont les stylos. On pourrait dire que je choisis mes modèles de stylos pas seulement pour leur confort d'écriture mais aussi pour le fait qu'ils existent en un grand nombre de couleurs différentes. J'aime bien, par exemple, les V5 Hi-Tecpoint de Pilot, et j'en ai en noir, bleu, rouge, vert, rose, violet et bleu clair. J'étais particulièrement content, il y a quelques années, de découvrir que Muji (無印良品) vendait un set de stylos à encre gel avec 15 couleurs différentes ; mais j'ai été très déçu, depuis, de découvrir que (a) ces stylos ont tendance à se boucher, et (b) ils ne commercialisent plus le set de 15 couleurs, seulment un set beaucoup plus limité de 9. Sinon, un jour, je suis entré dans une papeterie (Eyrolles, rue des Écoles, pour ne pas la nommer), j'ai vu le choix impressionnant qu'ils avaient de surligneurs Stabilo Boss, et j'en ai acheté un de chaque (photo ici sur Twitter).

Je peux sans doute aussi ranger sous l'étiquette « collection », car même si ce n'en est pas une ça active les mêmes neurones dans mon cerveau, le fait que je me suis acheté une série de flûtes à bec (une sopranino, une soprano, une alto et une ténor ; la basse était trop chère pour la plaisanterie), toutes du même fabricant. Il y a des collections que je n'ai pas faites alors que j'aurais peut-être voulu : je racontais dans cette entrée, par exemple, que j'étais agacé que les livres que j'ai de la série Fondation d'Asimov ne sont pas tous du même éditeur (spécifiquement, je regrette de ne pas avoir ceux avec les dessins de Tim White sur la couverture). En revanche, toujours au niveau des livres, j'ai une collection assez étendue des livres (par ailleurs assez excellents) de la série DTV-Atlas, des sortes de memento synthétiques, en allemand, sur toutes sortes de sujets scientifiques, techniques ou culturels, toujours sur le format « une page d'illustration, une page de texte ». (À une certaine époque, à chaque fois qu'il allait dans un pays germanophone, mon père me ramenait un DTV-Atlas.) Et bien sûr, comme beaucoup de matheux, j'ai dans ma bibliothèque énormément de livres de la série GTM de Springer (et un certain agacement du fait qu'ils ne sont pas tous exactement au même format).

Et puis, il y a les vêtements. La manie à ce sujet m'est venue relativement récemment. Je ne sais plus bien à quel moment j'ai décidé que je voulais m'acheter une nouvelle tenue pour faire ma muscu (c'était avant le covid, à l'époque où je pouvais encore faire de la muscu en salle…) : j'en ai acheté une de la marque Venum parce que j'aime bien l'esthétique (tee-shirt de compression, pantalon de compression, et fightshort) ; puis ils ont sorti un autre modèle qui me plaisait encore plus, et j'ai acheté ça, et c'est devenu une collection, et maintenant j'en ai un nombre assez embarrassant.

C'est un peu selon la même logique que, pour ce qui est de mes vêtements de tous les jours, je me suis mis à porter la marque DC Shoes : je leur ai acheté quelques trucs parce que j'aimais bien le style et le logo, puis c'est devenu une sorte de collection, et aussi une sorte de défi idiot, de réussir à ne porter que des vêtements de cette marque (tout à l'heure, par exemple : boxer, débardeur, tee-shirt, chaussettes, pantalon, hoodie, bandana (porté comme foulard), blouson, chaussures, tour de cou, bonnet, gants, et l'incontournable accessoire de mode de l'année, le masque anti-covid ; ah, et le portefeuille, aussi). Il n'y a pas beaucoup de marques pour lesquelles on puisse faire ça, en fait (ne serait-ce que les sous-vêtements et les chaussures, ce n'est pas évident de trouver de la même marque). À un moment, mes étudiants se moquaient de moi à cause de ça[#], alors j'ai pris l'habitude de donner l'exemple de dc* comme premier exemple d'une expression rationnelle dans mon cours sur le sujet. Mais le petit jeu va devoir cesser, parce qu'il semble que DC Shoes ne fasse plus de sous-vêtements.

[#] Enfin, à cause du fait que je portais toujours des hoodies de cette marque (mais différents à chaque fois). A priori ils ne pouvaient pas voir mes sous-vêtements. ☺️

Là ce n'est plus vraiment pareil qu'une collection : ce n'est pas la même chose d'accumuler plein d'objets quasiment identiques et différant uniquement par la couleur ou le parfum ou le goût, et de chercher à avoir une panoplie complète de la même marque, mais il est clair que cela remplit la même forme de satisfaction dans mon cerveau. À part la tenue de musu Venum et les vêtements de tous les jours DC Shoes, je peux mentionner mon équippement de moto qui est presque[#2] entièrement Dainese (dans les trois cas, il se trouve que j'aime beaucoup le style du logo — il y a peut-être quelque chose là-dessous aussi).

[#2] Presque en été parce que mon casque est de la marque AGV, qui a été rachetée par Dainese, mais qui ne porte pas leur logo. Mais en hiver, je porte des gants chauffants, or Dainese n'en fait pas, donc il a bien fallu que je prenne une autre marque (Five, en l'occurrence). Mine de rien, ça me contrarie : quelque part, ça me dérange plus que tout soit de la même marque à une exception que si c'était plus hétéroclite (je pourrais par exemple porter des bottes d'une autre marque, comme ça je n'aurais de Dainese que le « textile » — blouson, pantalon, coupe-vent, tour de cou et sous-combinaison, ce serait plus cohérent ; mais bon, comme l'équipement de moto coûte quand même cher, je préfère réserver les maniaqueries sur les collections aux choses que je peux acheter sans trop réfléchir, comme des stylos).

Voilà, il y a sans doute d'autres choses que je collectionne sans vraiment y faire attention (je ne suis pas tellement obsédé par mes collections : elles ont même tendance à se développer sans que j'y fasse attention), certaines sont un peu plus « classiques » (je collectionne aussi, ou plutôt je collectionnais parce que je commence à en avoir trop, les bibles, c'est-à-dire les éditions et traductions différentes de la bible, et là je ne cherche pas spécialement une cohérence de marque ni d'apparence) ; mais je pense que les exemples que je viens de donner sont les plus caractéristiques.

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(dimanche)

Le journal dans lequel je documente ma vie

J'y ai déjà fait allusion un certain nombre de fois dans ce blog (ici par exemple), mais sans en parler spécifiquement : depuis le 2001-01-01 (autrement dit depuis le début de ce millénaire, c'était une résolution du nouveau millénaire), je tiens un journal de ma vie, qui approche donc maintenant ses vingt ans. L'occasion d'en dire un peu plus.

La motivation pour commencer l'écriture de ce journal venait d'une certaine frustration, que j'ai ressentie notamment en rédigeant cette autobiographie (finissant grosso modo en 1996, donc il s'agit des vingt premières années de ma vie, et écrite pas très longtemps après) : celle de constater qu'il y avait énormément de choses que je n'arrivais plus à reconstituer (en quelle année avais-je fait ceci ou cela ?), celle de constater que mon propre passé était un mystère pour moi-même, que je devais me livrer à un travail d'historien, rassemblant des indices pas toujours très clairs (soit des souvenirs confus voire faux, soit de rares indices écrits ou matériels) pour retrouver quand et comment j'avais fait telle ou telle chose, et parfois sans succès. C'est particulièrement frustrant quand je sais que je m'embrouille facilement sur l'ordre chronologique.

Ce journal, donc, me sert essentiellement à répondre aux questions que je n'arrête pas de me poser : quand est la dernière fois que je suis allé à X ?, quand est la dernière fois que j'ai vu Y ?, est-ce que A s'est produit avant ou après B ?, qu'ai-je fait le reste de la journée où T s'est produit ?, ce genre de choses. Mais aussi qu'est-ce que je faisais il y a précisément un an (ou plutôt, 52 semaines) ? deux ? trois ? (cela me donne une certaine inspiration soit pour décider quoi faire aujourd'hui, soit pour comparer la manière dont ma vie a évolué), à quoi ressemblait ma journée typique il y a cinq ans ? dix ? quinze ? (et peut-être l'angoisse sous-jacente suis-je encore la même personne ?). Souvent le but est juste de répondre à ma curiosité ou de contenter mon désir de m'y retrouver dans mon propre passé, ou encore d'exercer ma mémoire (je peux prendre un jour aléatoire et essayer de le revisualiser aussi précisément que possible). Mais parfois aussi, ce journal me sert dans un but tout à fait pratique (retrouver quand j'ai acheté telle ou telle chose, quand j'ai accompli telle ou telle formalité, cela peut servir pour toutes sortes de raisons) ; avoir noté que telle ou telle chose était possible me sert à décider si ce sera refaisable (c'est notamment utile pour l'heure d'ouverture de tel ou tel commerce, qui n'est pas toujours trouvable autrement qu'en se cassant les dents dessus). Du coup, il s'agit aussi d'une sorte de bloc-notes général : je ne note pas seulement les choses que je fais, mais aussi toutes sortes d'informations générales sur les choses ou situations que je croise (par exemple, si j'achète un objet un peu inhabituel ou cher, je vais le noter, et peut-être noter son prix, ou son numéro de série, ou toute autre information de ce genre que je pourrais vouloir retrouver ultérieurement). Pour l'argent, je tiens aussi des comptes précis (avec GnuCash), mais mon journal sert pour les informations plus générales, et il m'est éventuellement utile de croiser les deux. Quand j'achète un livre, quand je commence ou finis de le lire, je le note, ou quand je vois un film.

Bien sûr, il est impossible de tout noter. Au bout d'un moment, ça commence à ressembler à une blague, ou quelque chose qui pourrait apparaître dans une nouvelle de Borges (ou, dans un autre registre, le personnage d'Astinus de la série Dragonlance, qui est certainement mon préféré dans cette saga) : si je pousse trop loin, je vais finir par écrire j'écris la phrase suivante, suivie par elle-même entourée de guillemets : j'écris la phrase suivante, suivie par elle-même entourée de guillemets. Il faut que je mette la bride sur mon obsession de tout documenter, et que je me retienne de trop entrer dans les détails. J'essaie de trouver un compromis raisonnable entre le temps que je passe à noter les choses et la satisfaction que m'apporte la relecture de ce journal : mais grosso modo, j'ai tendance à aller vers de plus en plus de détails avec le temps. À ce stade, je vais peut-être trop loin, j'en suis conscient, mais ma tendance naturelle est de penser qu'il vaut mieux perdre un peu de temps à noter des choses (et franchement, ce n'est pas énorme) que de regretter plus tard que l'information soit perdue à tout jamais.

Grosso modo, j'essaie de noter les noms des personnes avec qui j'ai une interaction significative au cours d'une journée (par exemple si je mange avec quelqu'un, ce sera noté, ou si je croise quelqu'un que je n'ai pas vu depuis longtemps, ou si j'ai une longue conversation ; mais si je dis bonjour en passant à un voisin je ne vais pas l'écrire, sauf s'il y a quelque chose d'inhabituel), les films que je vois, les livres que je lis (ou plus exactement, quand je commence et quand je finis), les lieux que je fréquente, les balades que je fais, les cours que je donne, les problèmes de maths sur lesquels je réfléchis (le sujet général plus que l'énoncé précis). Quand je prenais des leçons de conduite, je notais grosso modo par où nous étions passés et comment la leçon s'était déroulée. Si je fais une grosse insomnie, que je dors très mal, quelque chose de ce genre, je vais le noter, ou bien sûr si je suis malade. Je note aussi l'heure de beaucoup de choses (ça me sert à retrouver combien de temps il me faut pour faire ceci ou cela, ce qui est très utile pour planifier). Mais je ne note pas, par exemple, le détail de tout ce que je mange (sauf si le repas a quelque chose d'inhabituel). Ni le contenu de mes rêves que je me rappelle (j'avais un autre fichier pour ça, mais je n'y écris qu'extrêmement rarement). Ni les vidéos YouTube que je regarde (c'est une des limites arbitraires de l'exercice : le poussinet et moi avons tendance à regarder des films ou des documentaires pendant que nous dînons, je note leur nom dans mon journal, mais je ne vais pas noter si je regarde un documentaire du même genre pendant la journée, parce que si je commençais à noter toutes les vidéos que je regarde je n'aurais jamais fini). À l'époque bénie où il y existait des salles de sport, je notais les séries de muscles que je travaillais à chaque entraînement, mais pas le détail des exercices. Bref, on voit l'idée.

Il n'y a jamais rien de vraiment secret dans ce journal (j'ai d'autres mécanismes pour stocker ce qui est secret), même si, évidemment, la limite entre ce qui est secret, et ce que je veux seulement garder discret n'est pas toujours claire. Mais disons que je ne le montre à personne, même pas à mon poussinet (en revanche, je lui en lis souvent des bouts). En principe, je ne note que les choses qui me concernent moi, mais évidemment si quelque chose qui arrive à un ami ont un impact sur ma vie je vais le noter aussi.

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(mercredi)

En souvenir de quelques jours libres et heureux

On me dit, pour me changer les idées, de parler autre chose que de la pandémie. Je vais donc essayer d'évoquer les (159) jours qui se sont écoulés entre le et le . C'est dire quelque chose de la manière dont j'ai ressenti les périodes qui ont précédé et suivi que je repense maintenant à ces cinq mois comme une période presque rayonnante de bonheur alors que j'ai perdu mon papa en plein milieu. J'ai assurément appris quelque chose sur la valeur que j'accorde à la liberté, en l'ayant perdue, puis regagnée, puis perdue de nouveau : je me suis enivré, pendant cet intermède qui prend à présent dans mon souvenir la coloration de ces rêves où l'on imagine qu'on peut voler avant de revenir à la réalité, je me suis enivré des vapeurs dégagées par son flambeau. Et j'ai aussi appris quelque chose sur le bonheur en me rendant compte que je n'avais pas vraiment compris sur le moment combien j'étais heureux : j'ai envie de remonter le temps, pas seulement pour inhaler de nouveau ces vapeurs enivrantes, mais aussi pour me dire à moi-même : cueille cet instant, suce la moelle de la vie, retiens cette sensation pour quand le songe sera fini, car cela ne sera que trop tôt. Voyons si je peux au moins ressusciter pour ce blog la mémoire de ces jours baignés de lumière.

Mon ivresse de liberté a pris différentes formes. Sans doute mon intérêt renouvelé pour la recherche de vues dégagées faisait-elle partie de cette volonté de me dire que je pouvais aller où je voulais, aussi loin que portât mon regard (contrastant avec la moquerie cruelle de la laisse qui me retient maintenant à 1000m de là où j'habite). Beaucoup de mes loisirs habituels (manger au restaurant, faire de la muscu) ont été fermés pendant une partie de cette période, donc je me suis concentré sur ce qui restait : l'exploration de ma région qui m'est chère. J'ai fait beaucoup de promenades dans les bois avec le poussinet (de la forêt de Fontainebleau à celle de Rambouillet en passant par celles de l'Isle-Adam, de Ferrières et de Villefermoy) ; nous avons visité des parcs et jardins[#] que je n'avais pas encore vus, nous avons fait des virées dans des endroits très mignons notamment du côté du Vexin (la Roche-Guyon dans le Val d'Oise, les Andelys et Lyons-la-Forêt dans l'Eure, mais aussi Bonneval en Eure-et-Loir). Mais surtout, j'ai fait travailler mon petit joujou rouge de chez Honda.

[#] Le jardin d'Ambleville, le musée-jardin Bourdelle, et surtout, le jardin du Point du jour [lien Twitter direct] qui est peut-être bien mon préféré de tous ceux que j'ai visités jusqu'à présent. Je continue à mettre à jour cette vieille entrée de blog avec la liste des jardins remarquables que je visite.

C'est un cliché un peu usé de présenter la moto comme un symbole de liberté, mais je n'avais jamais autant ressenti un besoin de, comme on dit en anglais, hit the road. J'ai parcouru 6200km[#2] pendant cette période en me laissant, le plus souvent, simplement rouler où m'envoyait mon inspiration. Il y a certainement que j'avais été frustré, en 2019, de ne pas obtenir mon permis à l'été mais seulement en septembre et de, du coup, rater la possibilité de profiter des beaux jours pour faire des balades. J'en avais fait autant que je pouvais en septembre à novembre 2019[#3], mais les journées raccourcissant et la météo se gâtant avaient rapidement limité mes perspectives, et ma moto ne servait bientôt que pour les allers-retours au bureau (surtout quand une grève m'a empêché de prendre les transports en commun) : je m'étais promis que dès que le beau temps reviendrait je repartirais — et ma frustration de voir l'essentiel du printemps[#4] me passer sous le nez m'a donné encore plus envie de rattraper le temps perdu.

[#2] J'ai d'ailleurs sans doute couru grosso modo autant risque de me tuer à moto entre mai et octobre que le Français moyen n'en avait de mourir de covid entre mars et mai. Peut-être que ça dit quelque chose sur la valeur relative de la vie et de la liberté de profiter de la vie ?

[#3] Je relis régulièrement le journal que je tiens de ma vie, en regardant surtout ce qui se passait il y a un an, il y a deux ans, il y a trois ans — et c'est souvent l'occasion de me rendre compte de contrastes surprenants. Il y a un an, je déménageais dans le nouveau bâtiment de Télécom Paris à Palaiseau que je n'ai, finalement, pas tellement eu l'occasion de fréquenter !, et que j'ai maintenant plutôt envie de revoir. Il y a deux ans, je reprenais péniblement la muscu et les leçons de moto (et la réalisation que ce serait très long pour réussir mon plateau) après une méchante tendinite à l'épaule. Il y a trois ans, c'étaient des leçons de voiture que je prenais, et j'avais là aussi l'impression que je n'arriverais jamais à décrocher ce permis.

[#4] Si je vis un peu moins mal ce second confinement que le premier, ce n'est pas seulement parce que je me sens moins seul à le contester : c'est aussi entre autres parce que les mois de novembre et décembre sont une période que je déteste de toute façon, où j'ai l'impression ne ne jamais faire grand-chose d'autre que d'attendre que les jours commencent enfin à rallonger. Le fait qu'on me vole mes mois de novembre et décembre me fait donc moins mal que quand c'est le printemps qui est parti en fumée.

Bref, j'ai roulé !

Comment communiquer sous forme de mots ce que j'ai ressenti en parcourant ainsi les routes de l'Île-de-France (ou en m'aventurant parfois, timidement, juste un peu au-delà) ? Les souvenirs qui restent dans ma mémoire sont autant de cartes postales que je ne sais pas traduire en français. J'ai toutes sortes d'informations factuelles : des notes dans le journal où je documente ma propre vie, des traces GPS (souvent doubles, d'ailleurs, parce que j'ai celle enregistrée par la dashcam que je sais maintenant extraire de ses vidéos, et celle notée par mon téléphone), des vidéos, même (mais de mauvaise qualité parce que cette dashcam n'est pas terrible, et il me serait extrêmement malcommode d'y accéder via l'accès Internet pas terrible que j'ai ici à Chambéry), mais tout ça passe un peu à côté de la plaque. Raconter ce que j'ai fait comme ça serait aussi ennuyeux que si je racontais mes rêves : l'émerveillement du je pouvais voler ! c'était fabuleux ! ne passe pas bien la barrière de la langue.

Je peux quand même bien évoquer quelques uns de ces moments fugaces.

Ma première envie, lorsque nous avons été libérés mi-mai, a été d'aller voir les vaches des Highlands qui paissent dans un pré entre Saint-Lambert-des-Bois et les ruines de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs (un endroit qui m'est très cher parce que chargé de souvenirs de mon enfance ; et comme j'aime énormément les vaches des Highlands, je leur rends régulièrement visite, sûr qu'elles m'accueilleront avec l'indifférence bovine que j'attends d'elles). [Rangée de peupliers]Un peu plus tard, alors que l'engourdissement du confinement se dissipait progressivement, j'ai fait une balade à travers la forêt de Rambouillet et ses endroits incontournables dont je retiens surtout l'image ci-contre, cette rangée de peupliers ensoleillée à Gambais (Yvelines), à laquelle les imperfections de l'optique de mon téléphone ont donné un halo un peu onirique, et qui reste maintenant gravée dans ma mémoire comme une figuration de ces jours dorés. (Le peuplier, dans ses diverses espèces et variantes, est probablement mon arbre préféré. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais je trouve leur présence particulièrement apaisante.)

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(dimanche)

Hello lockdown my old friend, I've come to talk with you again

Je ne résiste pas à commencer ce billet en parodiant Marx :

Les épidémiologistes font remarquer que, dans une pandémie, les confinements se produisent deux fois. Ils ont oublié d'ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde comme farce.

La France (comme le Royaume-Uni et quelques autres pays européens) est entrée dans le volet « farce » de cette lamentable histoire, avec un nouveau confinement dont plus personne n'est capable d'expliquer à quoi il est censé servir. Le premier avait au moins pour le défendre qu'on pouvait espérer profiter d'une pause forcée de l'épidémie pour mettre au point de nouveaux protocoles prophylactiques ou thérapeutiques pour lutter contre elle, déployer de nouvelles ressources, etc. Mais cette fois il n'y a aucune perspective particulière que les choses soient meilleures à la fin du deuxième confinement qu'à la fin du premier dont il ne fait qu'illustrer l'absurdité, et la seule perspective que proposent les confinementistes est d'en avoir un troisième, puis un quatrième, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'arrive un vaccin providentiel. La farce atteint des niveaux de grotesque tels qu'on en vient à interdire la vente de chaussettes dans les supermarchés (pas pour des raisons de santé publique mais pour éviter une concurrence déloyale avec des commerces qui ont été obligés de fermer pour des raisons de santé publique — c'est une fuite en avant) : je pense que ce gouvernement n'a plus aucune crédibilité à force de ne savoir jouer que la carte de la répression.

Il me semble constater que l'adhésion collective à la politique du confinement (à la fois celle qui s'exprime sur son principe dans l'opinion, et celle qu'on observe sur le terrain) a énormément diminué par rapport à mars, ce qui me donne quelque espoir pour la suite, mais le présent reste bien sombre.

Bien sûr, cette vague épidémique finira par passer, confinement ou pas confinement. Les défenseurs de la mesure pourront de toute façon avoir raison : si elle passe avec peu de dégâts, ils pourront se vanter c'est parce que nos mesures ont été efficaces !, et si elle est très meurtrière, ils pourront expliquer c'est parce que nos mesures n'ont pas été bien respectées !. (Je pense que c'est leur plan — pas forcément explicitement assumé comme tel, mais plutôt intériorisé sous la forme prenons des mesures, pour montrer que nous agissons, et la suite ne sera plus notre problème ; ce ne serait pas la première fois qu'on prendrait en France des mesures sans se donner ensuite le moyen de les faire respecter, pour le bénéfice de la gesticulation politique, et sans se soucier de l'arbitraire juridique que cette situation engendre, parce que bien sûr ceux qui seront condamnés pour non-respect du confinement ce ne sont pas la classe de privilégiés qui décident de ce genre de choses.)

Je suis hors de moi de colère. Contre les épidémiologistes qui voient le monde par le petit bout de la lorgnette de leur discipline et qui, pétris de l'hubris de sauver des vies pour ce qui relève de leur champ d'action, conseillent à la société des remèdes de cheval dont ils ne se soucient pas de savoir quels sont les coûts ni les conséquences ailleurs en termes de vies brisées, de suicides, de troubles psychologiques, de casse sociale, de destruction des libertés publiques, et — oui, il faut quand même l'évoquer — d'impact économique. Contre les gouvernements qui n'écoutent qu'un seul son de cloche, qui n'ont comme seul mode de pensée que la répression, qui ne savent que répéter leurs erreurs passées comme des shadoks espérant que ça va finir par marcher, et dont l'impréparation n'a cette fois plus aucune excuse. Contre les catastrophistes sanitaires, qui agitent les pires chiffres surgis de nulle part (400 000 morts ! pas un pays du monde, confinement ou pas confinement, ne s'approche de ce taux de mortalité, mais peu importe : il faut laisser croire qu'il n'y a que deux possibilités, tout le monde en prison ou ne rien faire du tout et laisser les cadavres s'entasser) pour forcer l'adhésion à la doxa confinementiste. Contre la différence de traitement qui fait qu'on ne voit que les victimes de la maladie et pas celles de la brutalité du « remède ». Contre l'impossibilité de dégager n'importe quelle idée alternative (par exemple autour de la protection différenciée et/ou optionnelle des personnes âgées ou fragiles : on se contente de dire que ce n'est pas possible, ça ne suffirait pas, ça n'a pas marché dans les EHPAD, comme s'il était moins coûteux de confiner tout le monde de force que de fournir la possibilité à ceux qui le souhaitent de le faire individuellement, comme si ce n'était pas une idée à essayer avant de passer aux méthodes plus brutales). Ou même simplement de remettre en question les règles les plus absurdement violentes du confinement à la française (la limite de 1km du domicile, en premier : quel fondement scientifique à une contrainte aussi mesquine et humiliante, bien plus sévère que ce qui se fait ailleurs en Europe ? soit dit en passant, signez cette pétition).

Je devrais écrire des choses plus détaillées et plus raisonnées. Par exemple expliquer pourquoi le chiffre de 400 000 morts est irréaliste (en tout cas si on parle simplement de ne pas faire de confinement et pas supprimer toutes les mesures qu'on a déjà mises en place), pourquoi il n'est là que pour faire peur, et aussi et d'où il sort[#]. Ou discuter un peu d'approches alternatives au confinement généralisé et qui soient probablement meilleures que ne rien faire de plus que ce qu'on a déjà fait (même si cette dernière option me semble elle-même déjà bien meilleure que le confinement), par exemple fournir des moyens sérieux à ceux qui souhaitent s'isoler selon le niveau de risque qu'ils souhaitent eux-mêmes accepter.

[#] À savoir, probablement de cette opinion de Fontanet et Cauchemez. (Ce n'est d'ailleurs qu'un commentaire invité par les rédacteurs de la revue, et pas une publication scientifique au sens usuel : our Comments aim to address topical issues […] or offer a short, authorative opinion on a scientific area — citation tirée d'un autre journal du même éditeur, mais ayant sans doute la même politique). Mais même cette opinion évoque l'immunité grégaire inconditionnelle, c'est-à-dire si on supprimait toutes les mesures déjà mises en place, et même sous ces conditions, son calcul est est incroyablement biaisé et pessimiste à toutes sortes de niveau, et même avec ce pessimisme, 400 000 morts est bien en haut de la fourchette qu'ils donnent. Bref, on a pris le non-article le plus biaisé et pessimiste possible, on a mal interprété sa prémisse, et on a pris quasiment la borne la plus pessimiste même là-dedans. Il faudrait vraiment se demander si la politique se base sur les pires cas possibles ou sur le plus plausible : parce que si on cherche le pire cas, il faut aussi le faire quand on parle des conséquences du confinement.

Mais je suis fatigué d'expliquer les choses. Je n'en peux plus de me battre contre la connerie. Je vais plutôt parler un peu de moi et de comment je traverse cette farce grotesque, en espérant que ce soit un peu cathartique.

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(mercredi)

Quelques formes du sens de l'orientation

Parmi les différents sous-systèmes du fonctionnement du cerveau humain (j'avais parlé ici de la mémoire), le sens de l'orientation est un de ceux qui m'intéresse le plus. J'ai longtemps été persuadé que le mien était épouvantable, sans doute parce qu'en fait je ne m'intéressais pas trop à mon environnement ni à la géographie et que je me laissais mener sans chercher à savoir où ni comment : en fait, il semble qu'il soit tout à fait correct, au moins en comparaison à celui du poussinet, mais le poussinet peut faire valoir la même excuse puisque c'est souvent moi qui donne les directions (qu'on circule à pied ou en véhicule à moteur). J'ai compris que je pouvais avoir un sens de l'orientation en déménageant à Paris et en commençant à m'y promener seul (à pied et en métro), ce qui m'a obligé à me créer une représentation mentale de Paris ; puis je l'ai fait pour d'autres villes (Londres, Lyon, Bordeaux ; mais aussi Toronto, ce qui n'est pas bien difficile). Quand je me suis mis à circuler en voiture (pas du tout pendant que je préparais le permis, mais juste après, j'en ai parlé ici), j'ai commencé à me faire une représentation mentale de la région Île-de-France ; et en circulant à moto (sans GPS : voir ce bout de cette entrée) j'ai vraiment cherché à l'utiliser. Mais un autre exercice intéressant pour le sens de l'orientation, et peut-être chronologiquement le premier en ce qui me concerne, c'est les jeux sur ordinateur et autres mondes virtuels : je n'ai jamais été grand fan de jeux vidéo, mais les quelques uns qui me branchaient étaient ceux où j'avais l'impression d'avoir un monde à explorer, avec une géographie bien cohérente, notamment les jeux de la série Ultima (surtout les VI, VII, Underworld et Underworld II, qui vont fournir de bons exemples de ce que j'appelle ci-dessous le mode carte et le mode vue) : avant de me créer une représentation mentale d'un endroit réel quelconque (sauf mon environnement vraiment immédiat), c'est celle de lieux virtuels que j'ai cartographiée en premier. Quand j'ai écrit ce petit jeu de labyrinthe, il s'agissait aussi en partie d'une expérience de sens de l'orientation.

La représentation mentale fournie par le sens de l'orientation a, je dirais, grosso modo trois fonctions :

  • permettre de se figurer on se trouve,
  • permettre de savoir dans quelle direction on regarde,
  • permettre d'en déduire vers où aller pour rejoindre la destination qu'on veut atteindre.

Le second est sans doute le plus délicat. J'ai mis longtemps à comprendre l'utilité d'une boussole (à quoi cela peut-il servir de savoir où on regarde si on ne sait pas où on est ?), mais en fait, l'information qu'on perd le plus rapidement est bien celle de la direction et pas de la position. (C'est d'ailleurs peut-être pour ça qu'on parle de sens de l'orientation et pas de sens de l'emplacement.) En ville, il est nettement plus facile de se retrouver quand les rues sont bien droites que quand elles tournent subtilement ou font des angles pas tout à fait droits (cf. l'exemple que je donne plus bas à propos des deux chemins pour aller de l'ENS à chez moi). En rase campagne, je m'oriente nettement mieux quand le soleil me donne, au moins approximativement, un sens des points cardinaux. Et je peste sans cesse contre ces plans de quartier qui vous disent vous êtes ici mais pas et vous regardez dans cette direction. Ou contre ces smartphones qui sont foutus d'avoir une position hyper précise par GPS mais dont il faut sans arrêt « calibrer » la boussole si on veut qu'elle ne pointe pas parfois carrément à l'opposé de la direction qu'elle devrait indiquer[#]. Ou contre ces indications routières qui vous disent que cette route vous mènera à Saint-Machin-des-Bidules ou à Petit-Truc-lès-Chose sans vous donner le moindre sens du nord et du sud.

[#] Je suis d'ailleurs assez perplexe quant à ce en quoi consiste exactement cette opération de calibration. Si la boussole est essentiellement un magnétomètre, elle devrait donner l'orientation sans avoir besoin de calibration (au moins par rapport au nord magnétique, mais l'inclinaison du nord magnétique peut être mémorisée sur d'assez longues périodes, elle n'explique pas qu'on ait besoin de recalibrer si souvent, ni pourquoi faire des sortes de 8 aiderait à connaître l'orientation du nord magnétique). Certains de mes téléphones passés pouvaient indiquer une direction complètement aléatoire (parfois jusqu'à 180°, donc) par rapport à celle dans laquelle je regardais, et devenaient donc complètement inutiles.

J'ai déjà fait la remarque, et je la réitère, que cela aiderait énormément beaucoup de gens de prévoir, surtout dans les endroits un peu labyrinthiques (centres commerciaux, par exemple) un repère visuel permettant de garder, ne serait-ce que subliminalement, le fil de la direction à mesure qu'on tourne : comme un motif sur le sol n'admettant aucune symétrie de rotation, ou des petits signes discrets pointant toujours dans la même direction à chaque panneau routier.

Et je pense que cela contribue énormément à l'aspect labyrinthique et troublant du plan hyperbolique qu'il n'y ait pas de boussole globale possible, parce que si on fait une boucle en croyant pointer toujours dans la même direction, on va sans doute avoir changé de direction en revenant au point de départ (c'est le concept d'holonomie).

Une amie avec qui je discutais du fonctionnement du sens de l'orientation m'a suggéré, et je suis d'accord avec cette analyse, qu'il a deux principaux modes de fonctionnement, ou deux sous-unités : appelons-les le mode carte et le mode vue, qu'on peut comparer à Google Maps et Google Street View. La représentation mentale construite par le mode carte est semblable, justement, à une carte. Une carte simplifiée et approximative, bien entendu, mais néanmoins quelque chose du genre. Généralement, on aura tendance à rectifier mentalement les axes pas tout à fait rectilignes et à transformer en angles droits les angles pas tout à fait droits, ce qui peut causer des erreurs subtiles : ma représentation mentale de Londres, par exemple, ressemble beaucoup à la célèbre carte schématique de l'Underground, qui est topologiquement correcte mais dont le rapport avec la géographie métrique réelle est un peu distante ; néanmoins, c'est ça que j'ai en tête quand je marche à Londres, je vois vaguement où je suis sur ce schéma, j'essaie de garder une direction, et j'ajuste en fonction de ce sur quoi je tombe. Le mode carte sert surtout pour les endroits dont on n'est pas trop familier : le mode vue, lui, sert pour les endroits déjà connus : on reconnaît les endroits par lesquels on est déjà passé (mais peut-être seulement dans un seul sens) et on sait que si on suit tel chemin on aboutira à tel endroit tout simplement parce qu'on l'a déjà fait et mémorisé.

Quand j'ai passé le permis (qu'il s'agisse de la voiture ou de la moto), j'étais évidemment appliqué uniquement à obéir aux consignes de l'inspecteur et à suivre le Code de la Route, je ne faisais aucun effort pour savoir où j'étais, et je n'en avais guère d'idée ; pourtant, quand je suis rentré, j'ai été facilement capable de retrouver le chemin (ici pour le permis B et ici pour le A2) en reregardant les endroits sur Google Street View. Quand j'ai organisé une balade à moto en groupe il y a dix jours (cf. ici), comme je ne voulais pas mener ceux qui me suivraient dans une fausse direction, j'ai révisé plusieurs fois l'itinéraire sur Google Maps et Google Street View, ce qui était un peu long parce qu'il y en avait pour environ 170km, mais ensuite, sur le terrain, je n'ai jamais eu d'hésitation sur la direction à prendre, et je pensais plutôt en mode vue qu'en mode carte.

Ces deux modes sont complémentaires mais ne communiquement pas forcément si bien entre eux. Je disais que mon sens de l'orientation n'était pas trop mauvais : ceci vaut à la fois pour le mode carte (dans un endroit que je ne connais pas bien, tant que j'arrive à ne pas perdre le nord, je vais pouvoir naviguer au moins grossièrement sur la base d'une représentation mentale simplifiée) et pour le mode vue (il ne me faut pas beaucoup de passages pour retenir que j'ai été à tel endroit et ce que j'y ai fait). Mais la communication entre les deux modes, disais-je, peut être imparfaite : si je dois marcher de chez moi à Saint-Michel, par exemple, je sais parfaitement bien par où passer (en « mode vue »), je sais ce que je fais sur un plan de Paris, mais si on m'arrête au milieu des Gobelins et qu'on me demande où est le nord, je pense que j'aurai un peu d'hésitation pour répondre. Je me rappelle aussi m'être fait la réflexion suivante : pour aller de l'ENS à chez moi, j'avais deux principales options à partir du croisement endre les rues Claude Bernard et Berthollet : soit je suis la rue Claude Bernard et ensuite en gros « c'est tout droit » (rue Claude Bernard, avenue des Gobelins, rue Bobillot, et j'arrive place Verlaine), soit je tourne à droite en gros à angle droit, c'est aussi en gros « tout droit » (rue Berthollet, rue de la Glacière, rue Corvisart, escaliers de Corvisart, et j'arrive rue Simonet) ! Comment peut-on arriver au même endroit en prenant deux directions faisant quasiment un angle droit et en allant ensuite « tout droit » ‽ J'ai eu du mal à résoudre ce mystère sans regarder une carte (la réponse est, bien sûr, que les rues s'incurvent, ou que les intersections ne se font pas à angle droit, si bien que les deux chemins tournent finalement vers le même but).

L'autre remarque que je trouve à faire, c'est que, bien que ce soit vaguement contre-intuitif, il semble qu'il y ait peu de rapport entre le sens de l'orientation et le sens tridimensionnel. Ma capacité à « voir dans l'espace » est épouvantablement mauvaise : si on me demande, par exemple, s'il est possible de trouver une section plane d'un cube qui soit un hexagone, je connais la réponse ou je sais la retrouver pour des raisons mathématiques abstraites, mais je n'y « vois » rien du tout ; et pourtant, ça ne m'empêche pas de naviguer à peu près correctement comme je l'ai dit ci-dessus. Je suppose que c'est parce qu'on vit dans un monde généralement plutôt 2D que 3D (les villes ont rarement des rues construites dans des plans vraiment différents), mais il serait intéressant de faire des expériences avec des mondes virtuels pour voir comment des labyrinthes utilisant de plus en plus la troisième dimension évoluent en difficulté selon les personnes. Rien qu'avec la descente du parking de mon immeuble, j'ai du mal : celle-ci fait simplement un quart de cercle, et pourtant j'ai les plus grandes difficultés à me figurer mentalement le parking tel qu'il se situe en-dessous du rez-de-chaussée.

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(samedi)

Reprise prévue de l'activité de ce blog

Je n'ai pas écrit dans ce blog depuis plus d'un mois. Le temps de raconter un peu pourquoi.

Sans conteste, je vais beaucoup mieux depuis que je ne suis plus prisonnier chez moi. Le traumatisme associé à ce confinement restera sans doute présent longtemps, il faudra certainement que je travaille dessus pour l'exorciser complètement : mais pour l'instant, je n'ai pas du tout envie d'y repenser, j'ai surtout envie de profiter du goût de la liberté retrouvée.

Mon cerveau analytique a toujours eu tendance, et je pense que les lecteurs réguliers de ce blog en ont bien conscience, à fonctionner par lubies passagères : un jour je me passionne pour un sujet (qu'il s'agisse des géodésiques dans les trous noirs de Kerr ou de de la logique du topos effectif), je me jette à fond dedans, j'y pense sans arrêt, éventuellement j'écris une entrée de blog pour consigner et retenir ce que j'ai appris, puis je m'en lasse aussi soudainement que je m'y étais intéressé. (C'est d'ailleurs un certain handicap, voire un handicap certain, pour faire de la recherche, qui demande plus de l'endurance que des efforts intenses et brefs ; ou du moins c'est un handicap contre une conception un peu étroite de la recherche, mais j'en ai déjà parlé.)

Le Covid-19 a suivi ce phénomène, encore plus fortement que mes lubies habituelles : en même temps que l'épidémie déferlait sur la France, puis s'estompait mystérieusement, je n'arrivais plus à penser qu'à l'épidémiologie, et maintenant je n'ai plus du tout envie d'y penser. (Heureusement, comme on le sait, j'ai quand même eu le temps de braindumper des choses sur ce blog : notamment ici et pour celles qui ont le plus de chances de pouvoir avoir un intérêt durable.)

Il y aurait pourtant encore des choses à dire sur le sujet. Ne serait-ce que pour souligner qu'on est toujours dans une très grande ignorance : à part qu'il y a maintenant un peu plus de clarté sur les modes de transmission (les Japonais avaient raison : les conditions vraiment dangereuses sont à la conjonction des trois C : endroits clos mal ventilés, personnes serrées, et conversations à proximité ; il y a très peu de contaminations en extérieur ; et la contamination par les surfaces a aussi l'air assez anecdotique), on est toujours aussi ignorant sur à peu près tout le reste. Notamment, malgré ce que tout le monde pourra vous dire, on ne sait vraiment pas ce qui fait que l'épidémie semble s'être arrêtée en Europe après avoir fait finalement si peu de morts (eu égard à ce qui était initialement prévisible) : pourquoi la situation n'est-elle pas exactement la même après la fin du confinement qu'elle l'était à en mars quand il y avait à peu près le même nombre d'infectés ? (Rappelons que ce genre de phénomènes n'a pas d'inertie : le fait qu'on soit sur une pente croissante ou décroissante n'a pas de raison d'impliquer que cette tendance continue ; mathématiquement, on a affaire à des équations différentielles du premier ordre.) Est-ce le résultat de l'immunité acquise par les contaminations (s'il y a eu beaucoup plus d'asymptomatiques, et peut-être des gens naturellement immuns) ? est-ce à cause des changements de comportement de la population ? est-ce à cause du caractère saisonnier du virus (soit par son mode de transmission soit par l'effet de la vitamine D sur le système immunitaire) ? autre chose ? une combinaison de tout ça ? on ne sait pas — et à cause de ça, on ne peut toujours pas prédire s'il y aura une « seconde vague » ou pas. (Et ceux qui vous disent avec certitude qu'il se passera ceci ou cela ont tort quoi qu'ils disent : ils ont peut-être raison dans ce qu'ils prévoient mais ils ont tort dans leur certitude.) On ne sait même pas si le confinement a réellement servi à quoi que ce soit. (Si le simple fait de porter des masques dans les endroits intérieurs où il y a du monde suffit à avoir un nombre de reproduction <1, c'est un peu bête d'avoir mis le pays en quarantaine pendant deux mois.) Je me suis dit que j'allais écrire une entrée de blog sur ce sujet, pour détailler ce que je viens de dire dans ce paragraphe… mais en fait je n'arrive plus à m'y intéresser et ce serait même douloureux de le faire.

Parce que c'est ça, aussi, le problème de mesures extrêmes comme le confinement : à la fin, les gens n'en peuvent plus. Ce n'est pas juste que je n'ai plus envie de parler d'épidémiologie ou de Covid-19, je n'ai plus envie d'y penser, j'ai d'autant plus envie de retrouver ma vie « normale », quitte à faire semblant que cette maladie n'a jamais existé, que j'en ai été trop privé.

Bon, maintenant, l'autre problème, c'est que toutes les choses que j'ai mis de côté pendant le confinement, soit parce que je n'avais pas la possibilité de les faire, soit parce que j'avais pas la force psychologique de les faire, me sont retombées dessus quand cette possibilité et cette force psychologique me sont revenues. (J'avais complètement arrêté de lire mes mails professionnels, par exemple, et ça a été particulièrement pénible à rattraper. Surtout quand j'ai découvert que ladite boîte mail était envahie d'engueulades, via une mailing-list de chercheurs en crypto et sécurité informatique dont je ne savais même pas que je faisais partie, au sujet de l'application StopCovid. Je ne vais pas parler de celle-ci, mais si ça vous intéresse je vous recommande de suivre Gaëtan Leurent sur Twitter, c'est un ami, par ailleurs connu pour son travail sur la cryptanalyse des fonctions de hachage.)

J'ai dû, par exemple, prévoir des examens pour trois cours que je donnais à Télécom Paris (théorie des langages, courbes algébriques et théorie des jeux), sous forme de QCM individuels parce que c'est la seule forme qui marche plus ou moins si on ne peut pas surveiller, mais ça prend un temps invraisemblable à préparer, ce genre de choses.

Par ailleurs, j'ai toujours un appartement à vendre (il a fallu le vider et le nettoyer un peu ; nous avions fait venir un peintre pour un petit rafraîchissement et tout a été mis en pause pendant le confinement), ce qui prend aussi beaucoup de temps et occasionne beaucoup de stress. J'ai notamment découvert que si on met une annonce immobilière sur Le Bon Coin, on est immédiatement harcelé par les agences qui vous assurent pouvoir vendre votre bien, mais assez peu de particuliers ; et que, par contre, si on confie le bien à une agence, ben elle ne fait plus grand-chose. Bref.

Et le temps qu'il me restait, j'avais surtout envie de profiter de la liberté. Et pour ça, j'ai fait pas mal de balades en forêt avec mon poussinet. Et pas mal de balades à moto de mon côté (un peu plus de 2000km entre le 12 mai et le 21 juin, ce n'est pas énorme, mais vu que j'avais roulé que 3000km depuis que je l'avais achetée jusqu'au confinement, ça représente un certain changement de rythme). Avec d'autant plus de plaisir que, il y a un an, j'avais raté le permis, du coup je n'avais pas pu faire les balades que j'espérais pendant les quelques mois où c'est le plus agréable. Samedi dernier, notamment, je suis allé à la Roche-Guyon (qui était vraiment bondé de motards), et j'ai ensuite suivi la vallée de l'Epte jusque vers le point triple Île-de-France, Normandie, Hauts-de-France ; [Carte d'itinéraire de balade en moto]et dimanche dernier j'ai entraîné un (tout) petit groupe recruté sur motards-idf.fr sur un circuit autour de la forêt de Rambouillet et des plus beaux coins que je connais dans la banlieue sud-ouest (cf. la carte ci-contre : Buc → Versailles → Rennemoulin → Chavenay → Beynes → Mareil-le-Guyon → Montfort-l'Amaury → Grosrouvre → Gambais → Saint-Léger-en-Yvelines → Le Perray-en-Yvelines → Vieille-Église-en-Yvelines → Saint-Benoît → Auffargis → vaux de Cernay → La Celle-les-Bordes → Bullion → Val-Saint-Germain → Saint-Maurice-Montcouronne → Courson-Monteloup → Briis-sous-Forges → les Molières → Choisel → Dampierre-en-Yvelines ; j'avais ensuite prévu → Saint-Lambert-des-Bois → Milon-la-Chapelle → Courcelles-sur-Yvette → Villiers-le-Bâcle → Buc, mais on a un peu changé parce qu'il s'est mis à pleuvoir ; je suis très content de cet itinéraire, et je le recommande).

Bref, tout ceci explique que je n'ai rien écrit sur ce blog pendant tout ce temps. Même s'il me reste encore un certain nombre de choses à faire ou à finir de faire (et que je compte faire encore plein de balades), je pense avoir un peu plus de temps au cours des prochaines semaines, donc je vais reprendre progressivement, probablement pour ne plus parler de Covid-19 sauf si j'arrive à me faire violence pour écrire encore un peu sur le sujet.

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(samedi)

Mise à jour : merci à tous !

J'ai mis en ligne il y a quelques jours un texte faisant part de mon mal-être actuel, et j'ai reçu (par mail, par téléphone, par les commentaires de ce blog, et par d'autres canaux) de nombreux témoignages de soutien, du simple n'hésite pas à m'appeler si tu veux parler (qui fait du bien même, et peut-être surtout, s'il vient de quelqu'un à qui on ne pensait pas du tout) à des réponses détaillées et point par point à ce que j'écrivais. Des conseils, aussi, heureusement formulés avec le tact approprié, et d'autres témoignages en retour, certains venant de personnes qui vivent relativement bien cette crise, et d'autres qui se retrouvaient au moins en partie dans ce que j'écrivais. Et très peu d'attaques (l'Internet n'étant pas connu pour sa délicatesse en général, je craignais d'en avoir plus, mais mon lectorat est globalement formidable), et même ces attaques avaient au moins quelque mérite ou résultaient d'un malentendu légitime (quelqu'un s'étonnant, par exemple, que je réussisse à écrire un texte aussi long alors que je disais ne plus rien arriver à faire, ne mesure certainement pas combien une certaine forme de tristesse peut à la fois paralyser et aider à parler de soi-même).

Je pense que celles et ceux qui m'ont écrit n'attendaient pas un retour de ma part, mais il me semble qu'au moins une réponse collective s'impose.

Donc, d'abord, merci à tous ceux qui m'ont adressé un mot : certaines de ces réponses m'ont été vraiment utiles par leur contenu, et collectivement elles m'ont été réconfortantes par leur existence. Merci, plus généralement, à ceux qui m'ont simplement lu avec bienveillance, même s'ils n'ont pas choisi de m'écrire (la dernière chose que je voudrais faire c'est culpabiliser qui que ce soit ! je n'écrivais pas pour aller à la pêche à la sympathie, et je suis très très loin d'être le plus à plaindre dans une crise qui détruit tant de vies et anéantit tant d'espoirs sur la planète entière).

Au moment où j'écris ceci, il me semble que je vais mieux. Il y a sans doute plusieurs raisons à ça : le simple passage du temps (même si la liberté n'est pas pour le 11 mai et la fin de la crise certainement pas, on peut au moins se dire que chaque jour qui passe nous en rapproche d'un jour) ; certains efforts que j'ai faits, notamment sur des conseils que j'ai reçus, comme le fait tout bête de me débrouiller pour faire plus d'activité physique, ou des séances d'exposition au soleil ; une téléconsultation avec un médecin ; la tendresse de mon poussinet ; le fait d'avoir écrit l'entrée qui précède et ainsi cherché à y voir plus clair dans mes pensées ; et, donc, les réponses touchantes que j'ai reçues. Je ne sais pas si cette embellie sera durable (dans une crise qui va si vite, tout peut évoluer rapidement, vers le pire mais aussi vers le mieux), mais c'est en tout cas déjà quelque chose : le marteau-piqueur est nettement atténué.

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(mercredi)

Je coule

Le but intrinsèque de ce texte est de me permettre de voir un peu plus clair dans mes pensées et émotions avant d'en parler à un psychiatre. Mais le but extrinsèque, et pas moins important, à partager ainsi ce que je ressens, est que cette description puisse en aider d'autres qui partageraient les mêmes difficultés à se sentir moins seuls, et à ceux qui ne les partagent pas de les comprendre peut-être un peu (au risque de m'exposer à recevoir une pluie de conseils-reproches).

J'étais parti sur l'idée que le confinement nous mettait dans une certaine égalité, certainement pas quant aux circonstances matérielles, mais, au moins à circonstances matérielles identiques, quant aux épreuves psychologiques qu'il représentait — pas que j'imaginasse que nous réagirions identiquement à ces épreuves, mais qu'au moins les mécanismes de base étaient les mêmes. Je mesure maintenant combien cette idée est erronée : non seulement certains ne semblent pas vivre les circonstances actuelles comme une incarcération, mais ils ont l'air nombreux, peut-être la majorité, voire la majorité écrasante. Et je ne parle même pas des témoignages du genre j'adore ça ! (accompagnés d'explications sur le fait qu'ils profitent de leur forteresse de solitude et du temps qu'ils ont pour cuire des quantités invraisemblables de pain ou apprendre enfin la grammaire géorgienne). On peut certainement s'en féliciter, mais cela laisse ceux d'entre nous pour qui confinement n'est qu'un euphémisme irritant pour emprisonnement, face à la difficulté de faire comprendre ce ressenti basique, et assez désemparés de ne pas savoir comment expliquer le fait que la liberté est quelque chose qu'on ne perd pas sans peine. Et ne sachant trop de quelle manière expliquer que les petits messages gentillets du style pendant ce confinement, je vais vous montrer chaque jour une photo de mon jardin (ou du pain que j'ai fait, ou de la grammaire géorgienne que je suis en train d'étudier), si bien intentionnés qu'ils soient, sont rapidement insupportables tellement ils nous paraissent à côté de la plaque.

Je n'ai, évidemment, aucun moyen fiable de mesurer précisément ce que les gens ressentent, et mon entourage est certainement biaisé de toutes sortes de manière (mais on s'attendrait plutôt, a priori, à ce qu'il fût biaisé dans le même sens que moi). Des informations aussi fondamentales que l'augmentation du taux de suicide en France depuis le 17 mars, sont introuvables (j'ai cru voir passer une information suggérant un facteur ×10, mais je ne retrouve plus, et de toute façon la personne qui disait ça ne donnait aucune source crédible, c'était quelque chose comme un ressenti au doigt mouillé sur le nombre d'interventions des urgences pour ce type de causes). Pour penser que je suis dans la minorité, je me base donc uniquement sur de l'anecdotique comme des témoignages d'amis et des choses pas du tout scientifiques comme ce sondage sur Twitter et les réponses qui y ont été faites.

Ma première réaction dans cette crise a été celle de l'angoisse, principalement l'angoisse de l'inconnu, par rapport à l'épidémie elle-même, à la réaction de la société, au désastre social et économique qui suivrait, à la possibilité d'un effondrement systémique suite à l'une ou l'autre, à l'anéantissement de tant de rêves et espoirs pour l'avenir (et, au passage, de mes finances), et à ma propre réaction face à tout ça : j'ai décrit cette phase ici ici ; j'ai consulté un psychiatre pendant cette phase, qui m'a prescrit un anxiolytique (et un somnifère puisque j'avais aussi perdu le sommeil), que je n'ai essentiellement pas utilisé (juste deux ou trois fois le somnifère) parce que cette phase est passée d'elle-même. À l'anxiété a succédé le courroux, dirigé contre toutes sortes de décisions à mon avis stupides, et contre l'incompétence fondant ces décisions (ce n'est pas le propos ici de détailler). Avec cette hargne générale est aussi venue une irritabilité excessive, dont mon poussinet a injustement fait plus d'une fois les frais. Cette phase est aussi largement passée : je n'ai plus de peur, je n'ai plus de colère, je n'ai plus l'énergie pour soutenir ces émotions : je suis maintenant simplement abattu. (Je suppose qu'il y a du vrai dans le modèle de Kübler-Ross.)

En plus de tout ça, je souffre d'un certain degré d'empathie : de tant de vies et de rêves brisés, soit par la maladie elle-même, soit par tous les bouleversements qu'elle a et va entraîner dans nos sociétés. Le nombre de morts ne m'affecte qu'intellectuellement (comme Staline ne l'a peut-être jamais dit, la mort d'un homme est une tragédie, la mort d'un million est une statistique) : ce qui m'affecte ce sont les récits individuels, ces gens qui avaient des projets pour la vie et des espoirs pour l'avenir, qui peut-être venaient de traverser une période difficile et commençaient à espérer la montagne passée quand soudainement cette crise surgie de nulle part vient faire que tout s'effondre. (Ne serait-ce que les restaurants que le poussinet et moi aimions fréquenter, dont nous connaissions souvent les propriétaires, et dont sans doute la moitié ne rouvriront jamais ; ou l'auto-école qui m'a dispensé un zillion d'heures de cours de voiture et de moto, petite entreprise familiale dont je connais le patron, le papa du patron, et pas mal du personnel : sera-t-elle encore là dans un an ?)

Rien de tout ça n'est constant, évidemment. J'arrive occasionnellement à m'en distraire. Mon moral fait des yoyos. Mais les embellies sont trompeuses, ce ne sont que des oublis passagers. (Insérer ici le dessin de Sempé [je ne le trouve pas en ligne] représentant un personnage expliquant à son psy : Quand je suis déprimé, les raisons pour lesquelles je le suis sont profondes, essentielles, fondamentales. Il m'arrive d'être heureux, bien sûr. Mais les raisons pour lesquelles je suis heureux sont si futiles, si ténues, que ça me déprime.) Une difficulté apparentée, que la parenthèse qui précède illustre peut-être, c'est que j'ai une certaine capacité à donner l'illusion d'être drôle, ou d'avoir de la répartie, capacité derrière laquelle je me cache souvent parce que j'ai une certaine répugnance à exposer crûment mes émotions, et qu'à cause de ça on ne me prend pas au sérieux quand je vais mal. (Dans le même ordre d'idées, je sais qu'on m'a souvent dit que je donnais l'impression d'être calme et mesuré, ce qui me fait rire jaune vu que je sais à quel point je suis colérique et impulsif.)

La stratégie la plus évidente était simplement d'attendre que ça passe. Kick the can down the road, comme on le dit. Vu que ce qui me fait souffrir actuellement est l'emprisonnement, il suffit d'attendre que celui-ci se finisse… non ? Non, d'abord parce que la date de fin est sans arrêt reportée : et chaque report me fait l'effet d'un nouveau coup de poignard, car à chaque date annoncée j'ai la faiblesse et la stupidité d'y croire, et évidemment c'est à chaque fois un nouveau mensonge. Non, car à l'emprisonnement succédera un avenir à peine moins sombre, et la réalisation du fait que ma vie d'avant, tous les petits plaisirs sur lesquels je fondais mon équilibre psycho-affectif et qui se sont envolés en mars 2020, cette vie d'avant est complètement détruite pour bien plus longtemps que la seule période d'emprisonnement, et il n'est pas acquis qu'elle puisse jamais ressusciter. (J'étais déjà très mal avant que le gouvernement mette toute la population française en arrêt à domicile, et même si cette mesure a énormément accéléré la spirale noire dans laquelle j'étais engagé, elle n'est pas seule en cause.) Et la stratégie de simplement tout repousser à plus tard ne fait que m'ensevelir sous une épaisse couche de culpabilité pendant que je me recroqueville autour de mon malheur que je rumine. (Je vais revenir sur la culpabilité.)

Pour essayer de faire comprendre mon état mental actuel, la meilleure comparaison que j'aie trouvée est celle du marteau-piqueur. (Comme une sorte d'intrusion dans la réalité d'une métaphore qui n'aurait pas compris qu'elle devait rester métaphorique, il y a eu, le 10 mars, des gens qui sont venus, je ne sais pas pourquoi, détruire une bonne partie du macadam du trottoir de ma rue, et j'ai été réveillé de jour-là par des bruits de chantier atteignant les 70dB au sonomètre chez moi, et qui ont duré toute la matinée. C'est ce qui m'inspire cette analogie.) Le marteau-piqueur c'est mon cerveau qui me répète sans arrêt je n'en peux plus de cette cage ! je veux sortir ! je veux bouger ! je veux m'aérer ! je veux faire du sport ! — et tous les conseils du genre lis un livre pour te distraire, regarde un film, essaie de travailler pour penser à autre chose, etc., butent sur le fait que, lire un livre, regarder un film, travailler, quand on a un marteau-piqueur dans la tête, ça ne marche pas. On ne veut qu'une chose, c'est que le marteau-piqueur s'arrête. On ne pense qu'à une chose, c'est que ce truc est insupportable. On arrive peut-être à s'en distraire une minute, mais on y revient toujours, tant qu'il donne ses coups répétés et insistants. On donnerait n'importe quoi pour que le marteau-piqueur cesse, mais on n'a pas la force d'y faire quoi que ce soit, alors on finit juste avec la tête dans un oreiller à crier pitié.

(L'ironie de la chose, parce que le destin a indiscutablement une forme d'ironie, c'est que j'aurais sans doute beaucoup mieux vécu l'emprisonnement par le passé : avant que je ne découvre le plaisir que je pouvais avoir à faire de la musculation, à visiter les parcs et jardins et forêts de l'Île-de-France, à rouler en moto, etc. Le David Madore ado geek asocial détestant le sport aurait peut-être adoré avoir un prétexte pour rester cloîtré deux mois chez lui, et tous les efforts que j'ai faits depuis pour avoir une vie plus saine me font maintenant souffrir.)

À un certain stade de la crise, j'ai vaguement réussi à convertir une partie de cette énergie de colère et de désespoir en quelque chose d'un peu plus productif : j'ai appris un peu d'épidémiologie (et même un tout petit peu de virologie, d'immunologie et de médecine en général), j'ai analysé la crise comme je le pouvais (voir quelques entrées antérieures sur de blog : ici, , , , , et encore  ; ou encore des fils Twitter que je n'ai pas traduits en français comme celui-ci, celui-là et encore celui-là). J'ai cru identifier un certain nombre de ce qui me semblent être des limitations méthodologiques sérieuses de l'approche utilisée par les modèles épidémiologiques qui sous-tendent les décisions politiques pendant cette crise, et notamment :

  • l'absence de prise en compte de l'hétérogénéité sociale de la population (autrement que sur des critères d'âge et éventuellement de géographie), reflétée tout au plus dans de malheureuses matrices de mélange entre compartiments qui sont malgré tout traités comme homogènes chacun séparément ; et la mauvaise compréhension du fait que la lecture de données épidémiques agrégées sur l'ensemble de la population surpondère les sous-catégories où la reproduction est la plus rapide [je décris ce problème parmi d'autres ici sur ce blog, ainsi que dans la partie 🄱 de ce fil Twitter [lien Twitter direct]] ;
  • l'absence de prise en compte du fait que les contacts entre individus ne sont pas aléatoires mais qu'un petit nombre de contacts récurrents pour chaque individu (foyer, famille, amis, collègues) va représenter la majorité des contaminations, limitant la capacité de diffusion à un graphe de degré limité [je décris ce problème ici sur ce blog, phénomène (2a), ainsi que dans ce fil Twitter [lien Twitter direct], notamment tweets nº10, 11, 19, 21, 36, 37] ;
  • l'absence de prise en compte de l'effet de célébrité et du fait que les personnes ayant un grand nombre de contacts seront infectées avant les autres, réduisant ainsi la diffusion ultérieure de l'épidémie, et en particulier l'interaction entre ce phénomène et celui de l'item précédent [je décris ce problème ici sur ce blog, phénomène (2b), ainsi que dans ce fil Twitter [lien Twitter direct], notamment tweets nº12, 13, 20, 22, 40, 41] ;
  • l'incompréhension du fait que la variance des contacts infectieux reçus par un individu a un impact bien plus important que la variance des contacts infectieux émis (alors que beaucoup de modèles épidémiologiques jouent à essayer de faire varier l'infectiosité des individus et se penchent sur le problème des super-contaminateurs, le problème dual est bien plus pertinent), ou au moins que les deux doivent être pris en compte [je n'ai pas décrit ce phénomène sur ce blog, mais dans ce fil Twitter [lien Twitter direct]] ;

— et plus généralement la mauvaise prise en compte d'informations venant des domaines de la théorie des graphes et des probabilités (et surtout de leur intersection, les graphes aléatoires). En fait, je pensais au début que ces points (sauf peut-être le dernier) devaient être évidents pour tout le monde et que les modèles utilisés les ignoraient parce que leur but était de calculer autre chose, et j'ai pris conscience progressivement qu'en fait, non, il y a un véritable manque de recul par rapport à tout ça.

Seulement voilà, certains m'ont fait savoir que je n'étais pas épidémiologiste (même pas spécialiste des graphes aléatoires) et que je devais laisser les experts s'exprimer dans leur domaine d'expertise, et fermer ma gueule de non-spécialiste. Que j'étais un armchair epidemiologist, voire un crackpot complet, qui parce qu'il a lu quelques articles sur le sujet s'imagine comprendre un domaine dont il ignorait tout il y a deux mois, et pouvoir donner des leçons aux experts de ce domaine. (Et indubitablement, dans une crise pareille, il y a plein de gens qui se découvrent tout d'un coup une expertise miraculeuse en tout et sur tout. Ce qui donne lieu à des moqueries comme illustrées par ce tweet.) De toute façon, les experts sont bien trop occupés par toutes les sollicitations qui leur tombent dessus pour répondre à mes objections, mais sans doute ont-ils des réponses.

Déjà en général, la combativité ne fait pas partie de mes attributs. Je suis colérique, mais ma colère n'a aucune endurance. Je ne sais pas me battre pour mes idées. Si on me dit de fermer ma gueule, ce que je fais le plus facilement est de baisser les bras. De toute façon, quand je travaille à comprendre le monde, c'est surtout pour le comprendre pour moi, je fais parfois un effort pour l'expliquer aux autres parce que ça m'aide à mieux le comprendre, mais je n'ai aucun appétit pour les disputes avec les gens qui pensent que j'ai tort ou qui refusent de m'écouter.

Et en ce moment, bien sûr, le découragement est encore considérablement plus prononcé. Quel intérêt, en fait, d'essayer d'attirer l'attention sur des limitations dans les modèles épidémiologiques ? Les experts que je critique sont débordés, je n'ai aucun espoir d'arriver à me faire écouter d'eux même si j'arrivais à les convaincre que je ne suis pas un crackpot, et je n'ai plus aucune énergie pour tout ça. Je n'ai déjà même plus la force de répondre aux mails de mes amis qui me donnent ou prennent des nouvelles, je n'ai certainement pas celle de me faire entendre de gens dont je critiquerais la démarche scientifique. Et même si j'y arrivais, ça n'aurait aucun intérêt. Je ne pense pas qu'on puisse faire un modèle mathématique correct d'une épidémie humaine (et je soupçonne que l'hubris de le penser vient de l'expérience des épizooties, pour lesquelles des modèles simples doivent assez bien marcher parce qu'aucun des phénomènes sociologiques que je pointe du doigt ci-dessus ne se produit) : donc, est-ce vraiment grave si on raisonne sur des modèles erronés ?

Finalement, je m'en fous. Je n'ai pas la force de mener une croisade à ce sujet.

Je crois que les gens se méprennent souvent sur la démarche des scientifiques, enfin, je ne sais pas pour les autres, mais au moins pour ce qui est de la mienne : je ne fais pas des maths parce que c'est mon métier, encore moins pour me faire connaître, je ne fais pas vraiment des maths parce que je cherche à connaître la réponse à telle ou telle question, je ne fais même pas vraiment des maths parce que j'aime ça (même si, le plus souvent, en temps normal, c'est le cas) : je fais des maths parce que je n'arrive pas à faire autrement, c'est juste comme ça que mon cerveau fonctionne, c'est mon mode de pensée spontané dès que je réfléchis sur tout un tas de choses. Mais si les maths en sont la forme la plus fréquente, je n'ai pas forcément beaucoup de contrôle sur l'objet de mes pensées. Je dis ça pour répondre à ceux, et ils sont nombreux, qui m'ont enjoint de profiter de cet emprisonnement pour faire des maths : c'est un peu bizarre, comme conseil, c'est comme me dire d'en profiter pour manger, certainement je ne vais pas arrêter de manger, mais je vais manger quoi ? des sucreries, sans doute, parce que c'est ce qu'il y a de plus facile, de plus rapide, de plus séduisant. Newton a développé le calcul infinitésimal, découvert ses lois du mouvement de la gravitation, et sa théorie de la lumière et de la couleur, pendant qu'il était reclus au manoir de Woolsthorpe pendant que la grande peste bubonique dévastait Londres (où elle a tué peut-être le quart de la population entre 1665 et 1666) : je ne sais pas si c'était pour Newton un plaisir ou une nécessité, si c'était pour lui des sucreries intellectuelles, mais le fait est que je ne suis certainement pas un Newton. Donc à part l'épidémiologie, en matière de sucrerie mathématique, j'ai voulu me distraire en regardant quelque chose d'un peu reposant, j'ai fait un programme qui simule le mouvement de points sur la surface d'une sphère qui se repoussent selon la loi de Coulomb, c'est joli et un peu envoûtant à regarder, j'ai appris deux-trois choses (comme le fait qu'il n'y a pas d'analogue pour la mécanique en géométrie sphérique du centre de gravité en géométrie euclidienne, et que même le problème à deux corps y est terriblement compliqué), j'ai regardé la manière dont les points s'arrangent si on ajoute des frottements pour qu'ils s'arrêtent, puis j'en ai eu marre et j'ai laissé tomber cette sucrerie-là. Le marteau-piqueur est trop difficile à ignorer.

Bref, je ne sais pas comment des gens font pour travailler productivement dans ces conditions. Je n'en suis pas du tout capable. Encouragé par le mensonge initial que l'emprisonnement ne durerait pas trop longtemps (cf. ci-dessus), j'ai commencé par repousser un certain nombre de choses que je devais faire (kick the can down the road) en espérant que j'arriverais à remonter la pente, mais ça allait de plus en plus mal, et le fait de repousser m'a fait culpabiliser, maintenant j'en suis au point où je n'ose même plus lire mon mail professionnel.

Je sais que j'ai, de façon générale, une capacité épouvantablement mauvaise à faire face à l'adversité : ma réaction face aux difficultés est toujours de renoncer et de subir. Sans doute les seules batailles que j'aie remportées dans la vie l'ont été par pure chance, parce que ma technique préférée de combat est la capitulation. Ceci pose un remarquable problème de bootstrap si le but est précisément de combattre ma tendance à capituler devant l'adversité.

En tout état de cause, je n'arrive plus à rien faire. Je me lève, le marteau-piqueur est là, je n'arrive à rien faire, je culpabilise parce que je n'arrive à rien faire, je déjeune, je n'arrive à rien faire, je culpabilise un peu plus, je dîne, et je me couche en espérant que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve qui va passer, ou au contraire en espérant profiter d'un peu de liberté dans mes rêves, voire, ne pas me réveiller du tout. Et je me réveille en constatant que, malheureusement, ce n'est pas un mauvais rêve, le marteau-piqueur est toujours là. Et les journées se suivent et se ressemblent comme celles du personnage joué par Bill Murray dans Groundhog Day : des petites différences de forme, mais la sensation d'être pris dans une boucle infinie dans laquelle il n'existe aucune sorte de progrès.

Et la culpabilisation est un mécanisme incroyablement fort pour m'empêcher de me relever. Elle prend toutes sortes de formes.

D'abord, il y a la culpabilisation concernant le confinement. C'est devenu une sorte de sport national : montrer du doigt les gens qui ne respectent pas bien le confinement, les Parisiens qui ont fui en province au début ou qui espèrent partir en vacances, ceux qui font leur jogging, ceux qui font que le confinement se relâche, les irresponsables, dont on laisse comprendre qu'ils ont des morts sur la conscience. Alors voilà, oui, plusieurs fois, j'ai craqué, le poussinet et moi sommes sortis clandestinement faire une promenade dans des forêts que nous appréciions tellement dans l'ancien monde, et nous le referons certainement, même si cette expérience, bien que réconfortante, était en même temps passablement traumatisante à cause de cette culpabilisation doublée d'une peur de l'autorité (que les rapports nombreux de brutalité policière n'aident pas à dissiper).

Ensuite, il y a la culpabilisation concernant les idées autour du confinement : non seulement on est sommé de le respecter, mais on est aussi sommé d'y croire, d'être persuadé qu'on sauve des vies ainsi. Il ne suffit pas que nous soyons prisonniers, il faut encore que nous soyons des prisonniers heureux de faire notre part de sacrifice au salut commun. Alors voilà, je n'adhère pas à cette nouvelle religion nationale : je suis persuadé que l'approche suivie n'est pas la bonne : on aura beau essayer de tricher le Covid-19 des morts qu'il réclame, ce sera un échec, tout ce qu'on parviendra à faire, tout ce qu'on est parvenu à faire avec cette manœuvre, c'est de retarder un peu, à un coût exorbitant, ce qui va arriver de toute manière. Mais c'est une opinion qu'on n'a pas le droit d'exprimer sous peine d'être classé avec les gens qui, comme Donald Trump et les spectateurs de Fox News, pensent à l'économie avant de penser aux gens ou sont carrément persuadés que le virus est une sorte de complot. (Pour référence, voici quelqu'un avec qui je suis d'accord.)

Puis il y a la culpabilisation autour des conditions matérielles. Voilà : j'habite un appartement confortable et spacieux, avec un accès Internet qui marche du tonnerre, j'ai un supermarché juste en face de la rue, je ne manque de rien, je n'ai pas d'enfants à gérer, et j'ai le culot de me plaindre ! Indubitablement, je me sens morveux de me plaindre, alors qu'il y a des gens qui vivent dans des conditions réellement épouvantables (ce mini-documentaire est à cet égard édifiant) : mais l'argument ça pourrait être bien pire et il y a des gens pour qui ça l'est est toujours un mauvais argument, ne serait-ce que parce qu'il peut se retourner en ça pourrait être bien mieux et il y a des gens pour qui ça l'est, et de toute façon ce n'est pas le propos : je ne me plains pas des conditions matérielles de mon emprisonnement, je me plains de l'emprisonnement lui-même — une prison dorée reste malgré tout une prison, et d'ailleurs, dans la théorie pénale, que je sache, c'est bien la privation de liberté elle-même qui est censée servir de punition (punition que je considère maintenant comme cruelle, inhumaine et dégradante), pas la circonstance additionnelle que les prisons françaises sont surpeuplées, infectes, mal équipées et mal entretenues.

Ensuite il y a la culpabilisation du fait de partager mon malheur et de ne pas souffrir en silence. Nous sommes tous, après tout, dans le même bateau, et moi qui n'ai pas de légitimité particulière à me plaindre je me sens mal de jouer le rabat-joie face à ces gens qui sont ravis de profiter de ce moment pour faire du pain ou apprendre le géorgien. Je me sens particulièrement mal de faire subir à mon poussinet mes crises de sanglot où je n'arrive plus qu'à m'allonger sur le lit, prendre une peluche entre les bras, me mettre en position fœtale et ne plus bouger : je suis désolé qu'il ait à subir ça alors qu'il n'y est pour rien, et qu'il soit tout désemparé de ne pas pouvoir me réconforter.

Puis il y a la culpabilisation du fait d'être l'épidémiologiste de fauteuil qui prétend corriger les experts alors qu'il ne savait rien du sujet il y a deux mois. (Je l'ai évoqué ci-dessus.) Et de fait, je m'inquiète d'avoir viré crackpot sur le sujet, et vu mon état mental déplorable, je ne peux pas vraiment l'exclure.

Et enfin, bien sûr, il y a la culpabilisation du fait de ne plus arriver à travailler, accentuée par le fait que d'autres gens, manifestement, y arrivent (y compris au prix d'efforts héroïques pour faire, par exemple, un enseignement de qualité à travers une infrastructure inadaptée et bricolée à la dernière minute). Je vais voir comment me faire arrêter pour, au moins, régulariser ma situation, mais il est sûr que cela ne fera pas disparaître cette sensation de culpabilité.

Bref, je vais chercher à retourner voir un psychiatre, sans doute le même que j'ai consulté il y a un mois et demi, pour lui raconter ce que je viens de dire (et d'autres choses que je ne veux pas écrire ici) ; mais d'une part les circonstances actuelles font que ce n'est pas facile, d'autre part, les psys n'ont pas de baguette magique, mon poussinet est opposé par principe au fait que je prenne des médicaments (il a l'air de considérer les benzodiazépines et antidépresseurs comme le Mal incarné), et, si j'aurais peut-être des bénéfices à tirer d'une thérapie non-médicamenteuse à long terme, la vitesse hallucinante à laquelle mon état émotionnel s'est effondré et les circonstances parfaitement claires de cette dégradation laissent penser que le rétablissement ne peut passer que par la levée de ces circonstances, et je me demande bien dans quel état je serai quand Paris sera libéré (ce qui risque fort de ne pas se produire le 11 mai vu que Paris est un des départements les plus touchés par l'épidémie).

Ce n'est pas illégitime, dans une perspective utilitariste, de considérer que les dépressions et suicides qui seront causés par le confinement sont un dommage collatéral acceptable dans la lutte contre le Covid-19 (je parle en général : pour ma part je ne sais pas si je suis techniquement déprimé, et ce n'est d'ailleurs pas une question très intéressante ; je ne pense pas que je vais me suicider, au moins tant qu'il y a un espoir raisonnable que je puisse un jour reprendre une vie que je considère comme normale, et cet espoir n'est pas complètement mort). Après tout, même si le taux de suicide est effectivement décuplé, devenant ainsi comparable à ce qu'il est en prison, cela ne représentera qu'une quinzaine de milliers de personnes sur deux mois en France : c'est moins que le nombre de décès dus au Covid-19 sur la période, et nettement moins que le nombre dont on pense qu'on a évité. Néanmoins, si ce calcul utilitariste est mené, la moindre des choses serait qu'il le fût de façon transparente : qu'on dise clairement, on choisit de sacrifier tant de personnes (ou tant de personnes·années de vie) parce qu'on pense pouvoir en sauver plus. À l'heure actuelle, je n'ai pas l'impression que ce choix soit présenté dans ces termes, puisque les statistiques sur le suicides ne sont même pas menées dans le bulletin épidémiologique de l'agence nationale de santé publique (tout au plus apprend-on que 18% des Français présentent des symptômes de dépression reflétés par un score >10/21 sur la Hospital Anxiety and Depression Scale, mais on ignore malheureusement la valeur pré-épidémique). Et j'ai l'impression qu'il y a une réticence à justifier des choix de façon utilitariste (une sorte de slogan selon lequel on doit absolument et à tout prix sauver toute vie humaine, qui est patentement faux et même mensonger si on fait semblant d'ignorer toute une catégorie de victimes). À tout le moins, il serait bon de chercher à arrêter la culpabilisation infantilisante qui ne sauve personne et qui participe de façon particulièrement douloureuse à la spirale de la dépression.

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(mercredi)

On navigue à l'aveugle, et je vais de plus en plus mal

Mon moral fait des yoyos terribles. Je vais parler d'un peu tout dans le désordre, et parfois de façon très émotionnelle, voire agressive, je présente d'avance mes excuses mais je suis émotionnellement à bout.

Mon moral fait des yoyos terribles, donc. Dans mes meilleurs moments, je trouve des raisons d'espérer que la situation n'est pas si grave que ça. Selon principalement trois points : ⓐ qu'il y aurait encore beaucoup plus de cas non-détectés que ce qu'on pensait, probablement des cas difficilement détectables avec les tests actuels, si bien que le taux de létalité serait beaucoup plus bas qu'initialement estimé, ⓑ que le taux d'attaque final serait relativement modéré, en tout cas beaucoup plus faible que les 80% prédits par des modèles simplistes, mais bon, ça, je le pense depuis le début, et ⓒ que la Lombardie approcherait du pic épidémique et que ce serait peut-être bien un pic largement « naturel », dû à l'immunité plus qu'au confinement ; ces trois points vont largement ensemble, et si on y croit on peut espérer un pic épidémique en Lombardie dans peut-être une semaine ou deux et ensuite une vraie décrue de l'épidémie, pas uniquement due au confinement, et donc un espoir de retour à la normale à un horizon pas trop lointain (il faut estimer pour combien de temps les autres régions d'Europe en ont, mais ce n'est pas énorme, dès que l'une sera tirée d'affaire, les autres suivront en bon ordre) ; avec, dans ce scénario optimiste, une mortalité d'ensemble qui ne dépasserait probablement pas 0.1% de la population, peut-être même moins dans les pays où la démographie est plus favorable qu'en Italie, donc peut-être moins de 50 000 morts en France, c'est nettement mieux que ce que je pensais au tout début. (Il y a une étude d'épidémiologistes d'Oxford qui avance carrément le scénario selon lequel une majorité de la population aurait déjà été infectée. Cette étude a l'air un peu bizarre — c'est limite s'ils ne partent pas de l'hypothèse en question pour arriver à la conclusion qu'elle est valable — et il semble qu'ils veulent juste susciter le débat sur cette question — mais c'est intéressant que des gens probablement compétents la prennent au sérieux.) Bref, j'ai des moments d'optimisme.

Puis je retombe dans le pessimisme. L'argument selon lequel beaucoup de mes connaissances ont eu des symptômes grippaux a un potentiel énorme pour être un pur biais d'observation (ou l'effet de l'hypocondrie, ou de différences de mode de vie parce qu'on reste longtemps dans des appartements souvent poussiéreux et insalubres) ; toutes ces célébrités et ces hommes politiques testés positifs peuvent tout à fait être le résultat d'effets sociaux que j'explique moi-même ; l'argument de la recrudescence des cas de grippe est plus convaincant, mais ne représente pas forcément une sous-détection si énorme du nombre de cas (peut-être autour de ×15 à ×30, mais je tablais déjà sur des chiffres de l'ordre de ×10 dans mes calculs d'ordres de grandeur) ; et le ralentissement en Lombardie peut tout à fait déjà être le résultat du confinement (le fait qu'il soit indétectable en Sicile étant simplement lié au fait que le signal y est beaucoup plus bruité). Beaucoup de spécialistes ont l'air de croire que les tests sont forcément plutôt fiables et de ne pas adhérer à l'idée qu'il y aurait un groupe énorme de gens très peu symptomatiques et ne déclenchant pas les tests. Et en un rien de temps, mais raisons d'espérer disparaissent. Je ne sais plus quoi croire.

Ce qui me décourage le plus, en fait, ce sont les gens qui affirment, et il y en a beaucoup, et à un certain niveau ils finissent par me convaincre, regardez, le confinement marche(ra) : comme si on allait tous rester tranquillement chez nous pendant le passage d'un orage, et remettre le nez dehors une fois l'orage terminé. Mais une épidémie ne fonctionne pas comme ça, j'ai peur que les gens le croient, mais ce n'est pas une force externe qui se déchaîne, l'épidémie est en nous, si on s'isole elle se résorbe, si on ressort elle réapparaît (exemple). Si le confinement marche, si c'est lui et non l'immunité qui cause et limite le pic épidémique, je l'ai expliqué à de nombreuses reprises, on est complètement dans la merde parce qu'on n'a aucune stratégie de sortie de crise. Même pas de piste de stratégie. Même pas de début de commencement de piste de stratégie, à part des mots lancés au hasard comme des tests dont on n'a pas les moyens (la France n'a pas les moyens de fournir des masques à ses soignants, même les écouvillons manquent pour effectuer des prélèvements rhino-pharyngés, alors effectuer des tests virologique ou sérologique en grand nombre, ça ressemble un peu à une utopie… et même avec ces tests, la stratégie coréenne, souvent érigée en exemple, repose sur une approche globale de la société qui me semble inapplicable en Europe, sans parler de mesures extrêmement liberticides comme le traçage des téléphones mobiles pour repérer les contacts). Si le confinement marche bien, on ne voit pas comment on pourrait le lever, ou au minimum, comment on pourrait le lever sans tomber dans une dystopie juste un peu plus light (mais plus durable) que le confinement lui-même. Et personne n'a fait le moindre progrès sur cette question.

Et je suis complètement effondré quand j'entends des gens discuter de ce qu'ils feront ou ce qui se passera quand le confinement sera levé, comme si cela impliquait un retour à la normale : sans doute, oui, que le confinement finira par être levé dans un mois ou deux, parce que ça deviendra vraiment impossible et intolérable de faire autrement, mais, si on n'a pas acquis d'immunité de groupe significative, l'idée d'un retour à la « normale » est simplement impossible : on aura peut-être de nouveau le droit de sortir un petit peu de chez nous, mais ce sera très très très loin de la « normale » (c'est un peu ce qui se passe actuellement en Chine). Rappelons que si le virus a un nombre de reproduction de 3, en l'absence d'immunité importante, il faut passer 2/3 du temps en confinement pour le contenir, et encore, ça c'est en supposant que le confinement est 100% efficace.

Peut-être ce qui me fait le plus mal au moral, ce sont ces articles, qui ont un énorme succès dans certains cercles, d'un certain Tomas Pueyo (dont je rappelle à toutes fins utiles qu'il n'est pas plus compétent que moi sur le sujet, c'est-à-dire peut-être qu'il est aussi compétent que tous les experts comme je le disais plus haut). Il a commencé par en écrire un sur le fait qu'il fallait agir vite, dont le message principal est que l'effet d'une mesure prise au jour J ne se verra, sur les chiffres officiels du nombre de malades, qu'au jour J+12 environ, ce qui est effectivement quelque chose de très juste et de très important (et ne sais pas si le conseil scientifique du gouvernement en a bien conscience vu qu'ils parlent déjà de renforcer le confinement alors qu'il est tout simplement impossible d'en juger les effets à ce stade). Puis il a viré au partisan enthousiaste des solutions consistant à arrêter l'épidémie (ce que j'appelais les stratégies ①) et fait preuve de la plus hallucinante mauvaise foi dans sa façon d'exposer les choses, c'est-à-dire que la présentation des stratégies de mitigation (②) est faite sous le jour le plus noir et les hypothèses les plus pessimistes, tandis que pour ce qui est de ses stratégies préférées, tout est rose au point qu'il invente purement et simplement des chiffres de ce que pourraient être les mesures appliquées pendant ce qu'il appelle la danse (or c'est bien dans la danse qu'est tout le problème).

Dans tous les cas, même dans le scénario résolument optimiste où l'épidémie est massivement sous-évaluée ou bien où on arriverait inexplicablement à contrôler les choses avec un confinement limité dans le temps, les dommages causés à notre société seront irréparables. L'empressement avec lequel la société a accepté, sans broncher, sans qu'une voix discordante se fasse entendre, des mesures dignes de ce qu'il y a trois mois j'aurais qualifié de ridicule fiction dystopienne, au motif qu'il faut sauver des vies, est absolument terrifiant. Le fait de découvrir, pour commencer, que les gouvernements ont ce pouvoir que de mettre toute la population en arrêt à domicile, sans même avoir besoin de passer par une loi, est déjà en soi une blessure dont la démocratie ne se relèvera jamais : on savait déjà que le prétexte bidon du terrorisme justifiait des entraves démesurées aux libertés publiques (confinement à domicile sans procès pour des personnes arbitrairement qualifiées de « dangereuses », par exemple, justement), mais on a franchi un bon nombre d'ordres de grandeur. Peu importe que ç'ait été fait avec les meilleures intentions du monde, peu importe que ç'ait été le moins mauvais choix dans les circonstances. Un droit, dit un adage classique, ce n'est pas quelque chose qu'on vous accorde, c'est quelque chose qu'on ne peut pas vous retirer : nous savons donc, maintenant, que le droit de circuler librement était une illusion : quand le confinement sera levé (et il le sera probablement, un jour, sous une forme), ce fait restera. Le monde ancien est mort.

Pour ce qui est des conséquences politiques plus larges, je suis assez d'accord avec les inquiétudes formulées dans ce fil ou cet article de blog.

Que les choses soient bien claires parce que je sais qu'il y a des gens qui préparent déjà leurs hommes de paille à faire brûler : je ne suis certainement pas en train de dire que poursuivre le but d'une distanciation sociale forte de la population n'est pas une bonne idée, au moins transitoirement. Par exemple pour se donner le temps d'y voir plus clair (amasser des données scientifiques, développer des tests virologiques et sérologiques et les pratiquer aléatoirement pour mesurer l'ampleur de l'épidémie, rechercher toutes les options thérapeutiques et prophylactiques, etc.) ou de parer au plus pressé (remédier aux pénuries les plus pressantes, faire un plan de bataille, réorganiser ce qui peut l'être, permettre aux soignants qui tomberont malades en premier d'avoir le temps de guérir et de revenir immunisés, etc.). Il n'y a aucun plan d'action raisonnable qui ne passe pas par un minimum de mesures telles que l'interdiction de rassemblements de groupes, la fermeture de toutes sortes de lieux publics, une obligation de déployer le télétravail là où il peut l'être, etc. ; et il est raisonnable de chercher à aller encore plus loin que ce minimum, pour que les gens s'évitent vraiment à bonne distance — mais la question qui devrait faire débat, et qui n'a fait l'objet d'aucun débat, c'est quels sont les moyens qu'on doit s'accorder pour ce but.

C'est un peu la différence entre dire que la connerie humaine est un problème, chose qui fera sans doute consensus, et vouloir prendre un décret contre la connerie, qui me semble une mauvaise idée pour toutes sortes de raisons : ce n'est pas parce que je serais contre un tel décret que je serais favorable à la connerie. C'est juste que je ne confonds pas je suis contre X et je suis favorable à n'importe quelle mesure de lutte contre X (je pensais avoir déjà expliqué mille et une fois sur ce blog l'importance de ne pas perdre le sens de ce que les logiciens appellent les modalités, mais je ne retrouve plus).

Le problème fondamental sous-jacent pour apprécier les moyens déployés, c'est qu'on ne sait pas quelle est la stratégie visée. On m'a accusé de trop être braqué sur la dichotomie que j'ai évoquée entre les stratégies que j'ai appelées ① et ② (ou Charybde et Scylla) : je conviens que le confinement peut aussi avoir pour but, je l'écris ci-dessus et je l'ai déjà dit plusieurs fois, de juste gagner du temps (encore faudrait-il faire quelque chose avec ce temps gagné, et je n'ai pas entendu dire que la France fabriquait des respirateurs et des lits d'hôpitaux à toute la force de son appareil de production). Mais ce qui me fait le plus peur c'est qu'en fait il n'y ait juste aucune stratégie. Je n'ai même pas l'impression qu'il y ait prise de conscience du fait qu'il faut faire des choix. J'ai l'impression qu'on réagit juste dans l'immédiat : surcharge du système de santé ⇒ confinons tout le monde, sans chercher à nous demander s'il y a un plan, ou un début de commencement de plan, pour sortir de l'impasse. J'ai vaguement quelques sursauts d'espoir quand le ministre de la Santé ou ses sous-fifres parlent d'aplatir la courbe (ce qui est une stratégie qui se tient, c'est essentiellement ce que j'ai appelé ②), mais je n'ai toujours pas la certitude s'il s'agit de mots prononcés au hasard ou s'ils ont effectivement compris ce que ça veut dire (parce que ce plan suppose de ne pas confiner trop, i.e., de ne pas faire comme en Chine, et je n'ai vu aucun début de commencement de signe que quelqu'un de haut placé ait pigé ce fait). J'avais vaguement un petit espoir qu'il y ait des cerveaux qui fonctionnent derrière les décisions prises quand j'ai appris que le gouvernement avait réuni un conseil scientifique pour lui suggérer des mesures, mais on a entendu des gens de ce conseil scientifique admettre qu'ils avaient recommandé le confinement parce qu'ils avaient été pris de court par la vitesse de l'épidémie (je ne sais plus la formulation exacte, ni lequel a dit ça, mais quelqu'un va sans doute me la retrouver), ce qui suggère qu'ils n'ont pas le niveau scientifique pour extrapoler une exponentielle, et ça, ça me fait vraiment très très peur s'il s'agit de guider le pays dans une crise aussi énorme. Donc je ne crois plus du tout à l'existence d'une stratégie autre que celle du cervidé pris dans les phares d'une voiture. Et je suis vraiment terrifié.

À un niveau plus large, d'ailleurs, je suis assez désabusé quant au niveau scientifique des spécialistes en épidémiologie, dont je remarque trop souvent qu'ils arrivent (de façon certes plus précise et mieux argumentée, mais pas fondamentalement différente) aux mêmes conclusions que j'ai exprimé dans mon blog des jours ou des semaines plus tôt. (Par exemple, le papier d'Imperial qui a fait beaucoup parler de lui, cf. ici, ne fait que reprendre la dichotomie que j'ai exposée au moins une semaine plus tôt sur Twitter, avant même que le Royaume-Uni ne commence à parler d'immunité grégaire ; ses calculs de nombre de morts ne sont pas franchement plus sophistiqués que ceux qu'on peut faire avec un modèle très simple ou en fait simplement en multipliant deux nombres — et le problème d'instabilité si on tente de supprimer l'épidémie est une évidence que je répète à tout le monde depuis belle lurette.) Je pourrais être fier de moi, mais je n'ai pas envie d'être fier de moi, j'ai envie de croire qu'il y a des gens qui voient beaucoup plus loin que moi et qui ont une petite idée de où nous allons et de ce que nous pourrions faire !

Des entraves énormes ont été mises à toute vie personnelle, en revanche, le contrôle sur les employeurs est minimal, par exemple : apparemment, sauver des vies justifie qu'on anéantisse la vie personnelle des Français mais il ne faut surtout pas trop toucher leur vie professionnelle. On en arrive à la situation absurde et incroyablement injuste où certains voudraient sortir de chez eux et n'en ont pas le droit, tandis que d'autres voudraient avoir le droit de rester protégés chez eux mais n'en ont pas non plus la possibilité (sauf à perdre leur emploi).

Au-dessus de ça, les modalités d'application du confinement ne sont pas moins absurdes. Comme quelqu'un l'a très justement dit sur Twitter, le gouvernement a perdu de vue le but (la distanciation sociale) pour se focaliser sur le moyen (le confinement). Une mesure de distanciation tout à fait sensée aurait été de rendre obligatoire la distance de 2m entre les personnes dans tout lieu public, et de verbaliser ceux qui s'approchent inutilement des autres, et par ailleurs d'inciter les gens à rester chez eux (sans contrainte personnelle mais avec un fort contrôle des employeurs qui prétendent avoir besoin de faire venir leurs employés). Mais on se doute bien que quand ils sont munis de la légitimité apparente de sauver des vies, les enthousiastes de l'autoritarisme n'allaient pas s'en tenir là. On en arrive maintenant à des formulaires de dérogation de plus en plus humiliants, et on discute de la distance et du temps maximal auxquels on a le droit de s'éloigner de chez soi. Formulaires qu'il faut d'ailleurs remplir à l'encre indélébile sous peine d'amende si on essayait d'en réutiliser un (là ça ressemble tellement à quelque chose tiré de Kafka que ce serait drôle si ce n'était pas tragique). On en vient à interdire le vélo de loisir, chose pour laquelle il n'a été donné aucune forme de justification, alors qu'il est facile de se tenir à bonne distance des autres quand on est en vélo ; on en vient à la mise en place d'un couvre-feu dans certaines villes alors que rationnellement il vaut mieux étaler le plus possible les heures où les sorties sont autorisées pour qu'il y ait le moins de monde à un moment donné : s'il fallait démontrer que ceux qui prennent ces décisions n'ont aucune fin rationnelle en tête, c'est la meilleure preuve possible. Encore un autre problème est que les règles sont appliquées selon le bon vouloir très aléatoire et très arbitraire des agents de police chargés de les appliquer, ce qui cause des injustices et une insécurité juridique incroyables.

Mais, comme me l'a suggéré une amie, l'absurdité de toutes ces règles vise sans doute un autre objectif, qui est le détournement de culpabilité. Le vrai scandale, c'est l'impréparation de la France face à une épidémie qui était éminemment prévisible jusque dans son timing pour quiconque sait extrapoler une exponentielle. Le scandale de fond, c'est le manque de moyens de l'hôpital public (ou, dans une autre ligne d'idées, le manque de moyens des transports publics qui sont en permanence bondés, favorisant la transmission de toutes sortes d'infections). Et le scandale immédiat, c'est le manque de masques qu'on cherche à cacher derrière l'idée que les masques ne servent à rien pour le grand public. (Il y a aussi l'histoire des élections municipales dont le premier tour n'a pas été reporté — ceci dit, je pense qu'on monte un peu trop cet épisode en épingle et je soupçonne que le nombre de contaminations à cette occasion a été très faible.) Alors pour distraire l'attention de tous ces scandales, on en crée un autre : tout est la faute de ces irresponsables qui osent s'aventurer à plus de 1km de chez eux, ou faire un tour en vélo dans un endroit où ils ne rencontreront personne, ou sortir acheter du Coca-Cola (ou des serviettes hygiéniques !) au lieu de limiter aux courses essentielles. On fustige à la fois ceux qui achètent trop (ils créent des pénuries !) et ceux qui n'achètent pas assez (ils sortent sans raison !). Le Français moyen est placé dans la position de l'âne de la fable de la Fontaine, 135€ d'amende à la clé.

Maintenant, pour ne pas blâmer que les dirigeants, l'incohérence de la réaction des Français est également digne de commentaire. D'un côté, il semble que tout le monde applaudisse les mesures de confinement (un sondage qui ne vaut certainement rien mais qui donne quand même une petite idée, prétend que 93% des Français y sont favorables). Mais d'un autre côté, si c'est effectivement vrai que tout le monde comprend et approuve la nécessité de tenir ses distances… ce n'est pas la peine de rendre les choses obligatoires ! Si 90% de la population respecte les mesures de distanciation, que ce soit par sens du devoir civique ou par peur personnelle ou n'importe quelle combinaison de tout ça, ça suffit très largement à stopper la progression de l'épidémie (le papier d'Imperial qui a été si souvent cité partait du principe que 75% suivraient la consigne, laquelle serait facultative : donc on ne peut pas m'accuser d'inventer moi-même mes compétences en épidémiologie). La conclusion que j'en tire, c'est que l'immense majorité des Français réclame qu'on impose à tous des mesures qu'elle n'est pas prête à tenir spontanément par elle-même : c'est ce qu'on appelle de l'hypocrisie.

Il est légitime de se demander dans quelle mesure la distanciation devrait être considérée comme une décision individuelle. À part le cas réellement problématique des rapports professionnels, et à part la scandaleuse pénurie de masques, il me semble que chacun peut se protéger personnellement avec un assez bon niveau de sécurité sans avoir à attendre des autres que de ne pas lui tousser dessus. (Je pense qu'on a tendance à surestimer un peu l'infectiosité de ce virus : pour mémoire : si 10% de la population était contagieuse, ce qui est est probablement encore surévalué, quelqu'un qui ne prendrait aucune précaution particulière, si j'en crois le rythme de 0.2/j où progressait l'exponentielle avant le confinement, l'attraperait en 50 jours environ.) Une personne isolée n'a donc pas grand-chose à craindre, en fait. Mais admettons que ce ne soit pas une décision individuelle mais collective, il reste encore qu'on pourrait considérer que, dans cette décision collective, les gens sont amenés à voter avec leurs pieds : si on se contente d'une recommandation de distanciation sociale et que les gens ne la suivent pas, c'est qu'ils votent avec leurs pieds pour le risque des conséquences de ce choix, aussi bien individuelles que collectives.

Mais au lieu de nous poser sérieusement ces questions, au lieu d'envisager de développer une distanciation sociale fondée sur une combinaison entre responsabilité morale, choix collectif et protection personnelle, nous avons sauté dans les bras de l'autoritarisme avec une indicible et mâle volupté.

Je tourne un peu en rond, là, j'en suis conscient. Les pensées tournent en rond dans ma tête comme je tourne en rond dans mon appartement. Parlons un peu de moi-même, parce que je ne vais vraiment pas bien.

Il y a d'abord le confinement lui-même qui est dur. Je souffre énormément de ne plus pouvoir sortir, moi qui aimais tellement me promener entre les arbres dans les forêts d'Île-de-France. Je souffre de l'injustice profonde de l'interdiction de telles promenades alors qu'il est tellement facile de tenir ses distances en forêt (il y a dix jours, quand j'ai fait la dernière, j'ai pu vérifier expérimentalement qu'il n'y avait aucune difficulté à garder 2m d'écart avec tout le monde, même quand les autres ne font aucun effort de leur côté). Je souffre de voir ce soleil radieux dehors et de ne pas pouvoir en profiter, moi qui comptais les jours jusqu'à l'arrivée du printemps après un hiver interminablement pluvieux, moi qui m'étais promis de faire mille et une balades dès que le temps le permettrait. Je souffre de toutes d'autres lacérations psychologiques provoquées par les éclats de ma vie ancienne qui a explosé en vol : de tous ces moments où je continue à penser à ce que j'aurais fait, ce que j'aurais pu faire, si j'avais été libre, avant de me rappeler que je ne le suis plus du tout, — de tous ces petits plaisirs qui ne sont plus que des souvenirs qui me narguent cruellement quand j'y repense.

(Je suis maintenant pleinement convaincu, même si je le pensais déjà depuis longtemps, que la prison est une forme de torture psychologique digne du Moyen-Âge (enfin, façon de parler, parce qu'au Moyen-Âge, justement, il me semble qu'on n'emprisonnait pas beaucoup). Mes conditions sont incomparablement meilleures qu'une prison et déjà je n'en peux plus.)

(Et sinon, je pense qu'à un moment où un autre, quand je ne tiendrai vraiment plus, je vais faire le confinement buissonnier et fuguer dans la forêt pour une après-midi. Je suis preneur de vos avis sur la meilleure façon d'y arriver en ayant le moins de chances possibles de me faire prendre : à quel moment, par quel chemin, et éventuellement en prévoyant quel prétexte.)

Mon équilibre émotionnel était largement basé sur la présence réconfortante et rassurante des habitudes quotidiennes qui rythmaient ma vie ancienne. Il n'en reste plus rien. Je ne sais plus à quoi me raccrocher. Je perds complètement pied. Par moments je deviens colérique avec mon poussinet.

Je n'arrive pas à penser à autre chose. Je ne parviens plus à faire des maths si ce n'est pas de l'épidémiologie. Je n'arrive quasiment plus à regarder un film ou un documentaire : tout ce qui ne parle pas du Covid-19 me semble tellement insignifiant que je suis incapable de rentrer dedans, et tout ce qui en parle ne fait qu'empirer mon angoisse.

Je n'imagine absolument pas comment je vais pouvoir tenir un mois ou deux comme ça.

Si au moins y avait, au bout, l'espoir d'un retour à une forme de normalité, s'il y avait de la lumière au bout du tunnel, je trouverais sans doute la force en moi de traverser le tunnel, mais tant que je n'ai pas le moindre indice que qui que ce soit sait où nous allons, la seule lumière que j'aperçois c'est celle des maigres espoirs que j'ai rappelés au début de cette entrée, et je me demande si elle n'est pas complètement dans mon imagination.

Et encore !, tout ce désespoir, c'est en faisant totalement abstraction de l'inquiétude liée à la maladie elle-même (vous remarquerez que je n'en parle pas du tout), comme si moi-même et mes proches en étions totalement invulnérables — chose qui n'est évidemment pas le cas. Si cette inquiétude devait s'y ajouter, je n'imagine pas comment je pourrais la gérer.

(À un certain moment, j'en étais presque à supplier mes amis que j'estime intelligents mais si tu ne désespères pas complètement, toi, c'est bien que tu dois avoir une idée de comment les choses pourraient ne pas tourner trop mal ?, mais comme personne n'était capable de répondre à cette question, j'ai fini par conclure que tout le monde a une capacité que je n'ai pas pour faire abstraction des catastrophes don on ne voit aucune issue.)

Voilà où j'en suis, et je ne pense pas que ça va s'améliorer.

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(samedi)

Je choisis Scylla, et je suis complètement terrifié

Je suis complètement terrifié. Je fonds en larmes régulièrement, je ne dors quasiment plus, ma digestion est complètement déréglée, et cela empire de jour en jour (même s'il y a des hauts et des bas : un moment j'arrive à lâcher prise, le moment suivant je repense à ce qui va arriver et l'angoisse me glace). Le poussinet et moi nous communiquons mutuellement notre peur et même l'amplifions parfois dans nos tentatives pour chercher du réconfort l'un auprès de l'autre en parlant de ce qui va arriver. Je n'ose pas trop aller vers mes autres amis pour ne pas déverser ma propre angoisse sur celle qu'ils peuvent déjà avoir (ou, s'ils ont la chance de ne pas en avoir, leur transmettre la mienne).

J'essaie de m'accrocher aux branches : je pense que la société ne va probablement pas s'effondrer (mais elle va être secouée comme elle ne l'a jamais été depuis la seconde guerre mondiale), et que je ne vais probablement pas mourir (en tout cas pas du virus, peut-être d'un paroxysme d'angoisse), mon poussinet non plus, et beaucoup de mes proches non plus. Donc ce n'est pas la fin du monde. Mais c'est indéniablement la pire crise de notre génération. Socialement, politiquement, psychologiquement, économiquement, il y aura un avant et un après Covid-19. Je ne sais pas ce qu'il restera des petits éléments confortables de ma vie quotidienne dans le monde d'après.

Est-ce que je peins le tableau trop noir ? Je ne sais pas. Peut-être que cette entrée de blog paraîtra grotesquement catastrophiste dans un an ou deux. Je prends sans hésiter le risque du ridicule, j'accueille même le ridicule à bras ouverts si les choses se déroulent moins mal que ce que je crains. Faites que je sois ridicule !, j'en serai tellement heureux. Faites que dans cinq ans je sois le premier à rire de mes prévisions d'apocalypse.

Écrire tout ceci me fait du mal, j'en suis conscient, donc je vais essayer que cette entrée-ci soit la dernière où je rumine sur le sujet. (Déjà j'ai hésité à commencer cet article de blog en me disant que je me faisais du mal au lieu de trouver la catharsis, et que je pouvais faire du mal à ceux qui me liraient.) Mais parler d'autre chose me semble tellement difficile, tellement futile, que je bloque complètement. Je vais peut-être mettre ce blog en pause, probablement me déconnecter de Twitter qui ne fait qu'alimenter ma terreur, je ne sais pas encore.

J'écrivais dans le billet précédent que je voyais deux pistes pour lutter contre une épidémie, un dilemme atroce entre deux options horribles, dilemme qui commence tout doucement à faire son chemin dans l'opinion, mais souvent en braquant le choix vers une seule de ces options présentée comme évidemment la bonne : or il n'y en a pas de bonne, les deux sont horribles, et la personne qui pense qu'on doit évidemment préférer celle-ci ou celle-là n'a (je pense) rien compris à la situation.

Les options sont : ① (contenir, qu'on pourrait aussi appeler le chêne), c'est-à-dire arrêter l'épidémie à tout prix, ou ② (gérer, le roseau), la ralentir mais en la laissant suivre son cours jusqu'à ce qu'elle s'arrête d'elle-même. Je renvoie à l'entrée précédente pour les explications plus détaillées notamment sur le concept d'immunité grégaire.

Les deux sont atroces. Gérer, cela signifie qu'une proportion significative de la population, peut-être 20% si on est optimiste (des gens disent 70% mais même moi qui panique je ne crois pas à ça comme je l'ai expliqué), sera infectée. Au bas mot 0.5% de ces gens mourront, c'est-à-dire 75 000 personnes en France. Mais en fait beaucoup plus, parce que ralentir cache une horrible vérité : si on ralentissait vraiment au point que le système de santé arrive à gérer sereinement les choses (comme le suggère le slogan Flatten The Curve), à supposer qu'on y arrive, cela prendrait de nombreuses années voire des décennies de blocage, et on retombe sur un autre nom pour l'autre solution, qui est de tout bloquer.

Contenir : tout bloquer, c'est-à-dire plus d'écoles, plus de transports en commun, plus de lieux de vie commune, plus de restaurants, cafés, cinémas, théâtres, plus aucune vie économique au-delà du minimum vital, comme en Italie en ce moment, et ce pendant un temps indéfini : jusqu'à trouver un vaccin, qu'on arrive à le produire et qu'on puisse le répandre au monde entier, au moins, ce dont on imagine difficilement que ça puisse prendre moins de deux ans, et peut-être indéfiniment parce que le vaccin n'est pas toujours techniquement possible. En attendant, vivre dans la terreur perpétuelle du fléau qui peut se faire réapparaître son affreux visage dès que le blocage est un peu desserré.

Gérer : ralentir certes un peu l'épidémie avec des fermetures partielles, mais en sachant que ça ne suffira jamais assez pour que le système de santé tienne le choc. Ce choc est tellement énorme qu'il est presque impossible à visualiser : si ~20% de la société doit être infectée, que 2.5% de ces infectés doivent passer en réanimation (j'estime à 50% les cas asymptomatiques, et je prends 5% des cas symptomatiques), cela fait 5000 personnes passant en réanimation pour chaque million d'habitant. Dans un pays raisonnablement bien équipé comme la France, il y a 75 lits de réanimation par million d'habitant : en réquisitionnant tout ce qui peut servir (salles de réveil, salles d'opération, vieux respirateurs ou appareils bricolés avec trois bouts de ficelle), on peut peut-être espérer passer à 150. Donc ~30 personnes à passer dans chaque lit+respirateur : s'il faut ne serait-ce qu'une semaine de réa par personne, ce qui semble très optimiste, cela fait 25 semaines : il faut lisser l'épidémie sur six mois, à supposer qu'on ait un contrôle si fin. Six mois encore pires que la crise actuelle en Italie, mais dans le pays tout entier — dans le monde entier. Ou bien trois mois d'une crise encore deux fois pire que ça, et seulement la moitié des malades trouveront un lit, les autres mourront sans soins, et les médecins devront choisir qui vit et qui meurt.

Ou bien sinon : le blocage complet qui ne pourra être levé qu'à la faveur de la découverte d'un vaccin providentiel.

Ces deux options sont glaçantes. Celui qui émet une préférence d'emblée, sans être horrifié par la monstruosité d'un tel choix, a complètement loupé le roman. (Encore une fois, je renvoie au billet précédent pour des explications plus précises sur pourquoi on doit faire ce choix.)

Je me suis torturé pour savoir laquelle me semblait la moins horrible, et je pense finalement que c'est de gérer (la ②). J'ajouterais la nuance : mobiliser absolument tous les moyens de l'État pour construire, fabriquer ou réquisitionner en un temps record, et peu importent les coûts, des hôpitaux préfabriqués, des lits de fortune (pour la France, il en faut des centaines de milliers), et des respirateurs de toute sorte (simples ventilateurs à oxygène en nombre énorme, des milliers voire dizaines de milliers de respirateurs avec intubation, et des centaines ou milliers d'appareils à oxygénation par membrane extra-corporelle). Et former absolument tous les personnels en rapport avec la médecine (au moins tous les médecins de toutes les spécialités, et tous les infirmiers) à l'utilisation de ces machines, pour que les anesthésistes-réanimateurs puissent se concentrer sur la supervision et la gestion des cas les plus complexes. Éventuellement appliquer la solution ① un mois ou deux le temps d'arriver à faire ça. Si tout ceci semble de l'ordre du ridiculement impossible (et je le pense), c'est dire l'ampleur de la montagne qu'il s'agit d'aplatir.

Sérieusement, il ne faut plus rêver aux 0.5% de taux de mortalité (1% des cas symptomatiques) : lorsque les hôpitaux seront débordés, cela sera plutôt 3% (soit 6% des cas symptomatiques). Donc, dans cette option, 3% de 20% de la population, mettons 0.5%, mourra — 350 000 personnes pour la France. Je sais que mes chiffres sont complètement sortis de mon chapeau (j'aurais pu dire le double), mais ils sont plausibles : ils donnent une idée des ordres de grandeur, ils permettent de se faire une idée de la catastrophe qui nous attend (et de nouveau, Angela Merkel s'est montrée encore plus pessimiste en évoquant 70%). Avec un pic à peut-être autour de 25 000 morts en une journée. Les mots manquent.

Je pense pourtant (et de nouveau c'est un choix atroce et ce n'est pas la peine de me rappeler à quel point il l'est) que c'est préférable à la fermeture des écoles et tous autres lieux de vie publique possiblement à perpétuité. Je pense que l'option ① maintenue trop longtemps n'aurait pas juste un coût économique et social tellement important qu'elle entraînerait indirectement la mort de plus d'individus encore, mais qu'elle conduirait à la transformation de la société en une dystopie post-apocalyptique, ou peut-être l'effondrement complet de toutes ses structures. C'est donc avec la plus grande horreur que, si j'étais chef d'État (et je n'ai jamais été aussi heureux de ne pas l'être), je choisirais l'option ②, gérer, avec la nuance que j'ai donnée ci-dessus qu'il faut quand même ralentir autant que possible même si ça ne suffira jamais, et chercher tous les moyens possibles pour augmenter les moyens qui seront toujours ridiculement insuffisants du système de soins.

Je crois comprendre qu'Emmanuel Macron a fait ce choix. Boris Johnson l'a fait de façon tout à fait claire, sa conférence de presse évoque explicitement l'immunité grégaire, et suggère une variante assez dure de l'option ②. Angela Merkel en évoquant le chiffre de 70% (pessimiste selon moi, je le répète) fait clairement référence à cette même option. Cela me fait le plus grand mal à écrire, mais je pense qu'ils ont raison (au moins sur l'idée générale). La Chine, mais même la Corée du Sud, sont dans l'impasse maintenant qu'elles ont choisi ①, et j'ai très peur de ce qui va leur arriver (même pour la Chine, ça peut être un instrument de contrôle entre les mains du pouvoir, mais ne plus pouvoir mettre les enfants à l'école est très très embêtant).

Mais ce dont j'ai encore plus peur, c'est du yoyo entre les choix. L'opinion publique a le plus grand mal à comprendre le dilemme : les gens disent regardez la Corée, l'épidémie régresse : pourquoi on ne peut pas faire pareil ? (eh oui, c'est vraiment difficile d'expliquer les choses). L'OMS elle-même a appelé à suivre l'option ① (probablement parce que ce sont des médecins avant tout, donc ils font passer la lutte contre la maladie en premier). On ne peut vraiment pas qualifier un des choix d'idiot. Mais une fois qu'on en a fait un, il faut s'y tenir : que va faire l'Italie maintenant ? L'épidémie va se tasser, et ensuite ? Si le bouclage sert à rétablir un petit peu d'ordre dans le système de santé, admettons : mais, sauf dans les toutes petites régions géographiques les plus touchées, le chemin parcouru vers un espoir d'immunité grégaire est encore minuscule par rapport au chemin restant à accomplir (c'est vraiment terrifiant), donc il n'y a que deux options, continuer en se disant que ce sera encore bien pire, ou s'arrêter et tous ces morts auront été en vain. (Parce que si on voulait vraiment suivre l'option ①, il fallait implémenter un bouclage complet du pays déjà il y a un mois, en se rendant bien compte que c'est peut-être pour toujours.)

Beaucoup de voix qualifient déjà de criminel le choix de gérer. L'homme politique qui le fait doit se rendre compte que sa carrière est terminée : on ne lui pardonnera jamais, ou peut-être seulement avec le recul de nombreuses années, d'avoir laissé mourir 0.5% de sa population, la propriété des dilemmes horribles est que le choix qu'on a fait semble toujours le mauvais puisqu'on n'a pas les horreurs de l'autre sous les yeux.

Bref, j'ai peur que, face à la révolte inévitable de l'opinion (qui crie qu'on sacrifie des vies à l'économie, ou qu'on joue à une horrible expérience scientifique sur un concept incertain), le choix effectué se transforme en regret, et qu'il y ait volte-face comme ça a peut-être été le cas en Italie. Et là on aura, en quelque sorte, le pire des deux options. (Mieux vaudrait une volte-face dans l'autre sens : prendre ① jusqu'à ce que l'opinion publique réclame la levée du blocage, auquel point elle sera peut-être prête à accepter ②.)

(Un blocage très bien ciblé dans le temps, juste au moment du pic de la pandémie, ce qui signifie qu'il faut prévoir ce dernier une douzaine de jours à l'avance, peut en revanche avoir un sens, parce que dès qu'on a franchi le seuil d'immunité grégaire on peut travailler à arrêter activement la pandémie. De même pour un blocage ciblé dans l'espace quand il y a des inégalités entre régions : concernant l'Italie, je comprends le principe d'une fermeture complète dans les provinces les plus durement touchées, parce que celles-ci ont possiblement atteint le point d'immunité grégaire, ou pourront l'atteindre en un temps raisonnable, mais le bouclage du pays entier est une volte-face.)

Comme je l'ai dit plus haut, je n'en dors plus (et je ne sais pas comment Macron, Johnson, Merkel et les autres, peuvent dormir en ce moment !).

Ça pourrait presque sembler préférable d'être complètement démunis : dans une société qui n'aurait ni les moyens d'implémenter un blocage sérieux, ni de système de soins digne de ce nom qui puisse se retrouver débordé, la question est vite vue : l'épidémie sera arrêtée par l'immunité, il n'y a pas de dilemme, juste beaucoup de morts. C'est comme ça que les grandes pandémies ont toujours fonctionné, jusqu'à celle de grippe en 1918 dont l'horreur est tout simplement inconcevable. Gérer, c'est reconnaître qu'on ne peut rien contre la nature déchaînée, on peut juste atténuer un peu le coup et pleurer d'envoyer ainsi les médecins au casse-pipe avec les moyens dérisoires dont on dispose. (Je l'ai déjà dit, mais dimensionner le système de soins pour pouvoir faire face à une telle crise signifierait avoir des lits vides à 90% en attendant la prochaine pandémie dont on ne sait pas quelle forme elle prendra : ce n'est pas un problème de moyens, même si plus de moyens auraient évidemment été souhaitables et que l'indigence de l'Hôpital public rende le combat plus dérisoire encore.)

Lâcher prise, donc, pour la société. Admettre que les médecins vont vivre le pire des enfers pendant quelques mois, et que le reste de la société se devra d'arriver à fonctionner comme elle peut, encaisser, avec la grande majorité des gens qui ne seront que très peu malades. (C'est vraiment ça qui est si étrange dans cette maladie, l'écart entre une majorité de cas complètement banals et un tout petit nombre de cas très graves, mais ce petit nombre suffisant déjà à submerger le système de santés.)

Il faut moi aussi que j'apprenne à lâcher prise sur ce sur quoi je n'ai aucun contrôle, et que j'arrête d'écrire des textes comme celui-ci, que je trouve le moyen de retrouver le sommeil et de continuer à vivre aussi normalement que je pourrai malgré l'hécatombe qui frappera forcément assez près de moi, voire très près, et malgré le bouleversement de tous mes repères familiers, les petits éléments de ma vie d'avant, les petits plaisirs comme le brunch dominical du bobo que je suis, petit élément d'une vie passée qui me semble maintenant tellement lointain et tellement futile. (Lâcher prise aussi sur le fait que je n'arriverai jamais à faire comprendre le dilemme à ceux qui ont décidé que telle ou telle option était évidemment la seule valable, même si mes petits textes peuvent aider un tout petit peu.)

J'ai pris rendez-vous chez un psychiatre pour voir s'il peut m'aider au moins à retrouver un semblant de sommeil et d'appétit. Je vais essayer de me trouver une hygiène de vie dans ce monde nouveau où je ne comprends pas ce que je fais. Je vais essayer de me laisser porter par ce courant qui m'emporte sans que je puisse m'y opposer.

Écrire cette entrée m'a fait verser assez de larmes : j'arrête. Tous mes vœux de courage et de force à tous les habitants de la Terre pour les mois qui viennent, et particulièrement aux médecins, aux infirmiers et tous ceux qui seront en première ligne dans un combat vraiment héroïque.

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(vendredi)

Nouvelles en vrac (lassitude, énervement, déménagements, moto, Fourier et Mandelbrot)

Voilà maintenant un mois que nous avons déménagé du rez-de-chaussée vers le 2e étage, et je ne me sens toujours pas « chez moi » dans ce nouvel appartement (au contraire, presque : plus le temps passe plus je ressens l'envie de rentrer « chez moi »). Nous avons certes réglé quelques uns des N problèmes qui se posaient (comme le robinet de la cuisine complètement déglingué que nous avons fait remplacer, et la salle de bain était insuffisamment chauffée où nous avons mis un petit chauffage d'appoint que nous allumons pour prendre nos douches), mais d'autres problèmes sont apparus ou devenus manifestes comme un voisin qui joue du piano quasiment tous les jours et qui commence sérieusement à me taper sur les nerfs[#]. Et en tout état de cause, même si nous avons déménagé les affaires vraiment importantes, il reste beaucoup de choses à faire ou à déplacer (ou des choses un peu pénibles, comme la machine à laver), et je suis vraiment fatigué[#2] de toute cette histoire.

[#] Il va falloir que je m'achète un casque à compensation de bruit avant de devenir fou (en ce moment, je « compense » en mettant ma propre musique assez fort pour couvrir la sienne, ce qui n'est pas une bonne idée pour plein de raisons, notamment parce que souvent je n'ai pas envie d'écouter de la musique, juste du silence). Je me demande ce que ces choses valent, et notamment ① si elles sont efficaces si je veux juste écouter du silence et ② si elles sont efficaces pour couvrir les sons faibles (le piano n'est pas trop fort, il est juste au-dessus de mon seuil d'audition — ce qui ne l'empêche pas de devenir insupportable à la longue — et je me demande si les casques à compensation de bruit ne seraient pas juste inopérants dans ce domaine, étant plutôt prévus pour couvrir des bruits importants).

[#2] J'ai plus ou moins renoncé à (ou au moins, reporté sine die) l'idée que j'avais de faire imprimer des cartes de Paris et de sa région pour mettre aux murs, par exemple : j'ai tellement de choses à faire avant et je manque d'énergie pour ce genre de trucs.

Et il reste surtout à vendre l'appartement du rez-de-chaussée, ce qui promet d'être aussi une opération fatigante. (Une voisine est intéressée, pour y loger sa mère, mais elle nous fait une offre très inférieure à ce que les agents immobiliers nous disent être le prix du marché.) Au minimum, il nous faut faire faire de petits travaux de peinture (il y a une trace d'un ancien dégât des eaux, maintenant réparé et complètement sec, mais qui ne fait pas très joli dans la cuisine). Ensuite, nous hésitons entre passer par une agence (qui prendra une commission assez énorme), ou bien essayer de trouver un acheteur nous-mêmes (par relations, par réseaux sociaux, ou par une petite annonce). Si par hasard quelqu'un est intéressé, ou connaît quelqu'un d'intéressé, par un deux-pièces de 40.24m², avec une terrasse de 13.90m² et un jardin de 45.53m² (si j'en crois les plans), en rez-de-chaussée d'un immeuble parisien de 5 étages datant de 1991, sur la Butte-aux-Cailles, il peut toujours se dénoncer. (La situation de l'immeuble est idéale, dans une rue tranquille mais très proche à la fois du centre Italie 2 et des restaurants et bars du quartier, à 10min à pied des stations Corvisart et Place d'Italie. La copropriété marche bien. L'appartement est un peu sombre mais très calme. Il faut prévoir quelques travaux de peinture et de changer une moquette, mais rien de substantiel n'est nécessaire.)

Du côté du déménagement de mon bureau à Palaiseau, la situation n'a guère évolué : il y a eu des progrès les quelques premiers jours mais, depuis, on ne sait pas bien ce qui se passe. Des ouvriers continuent d'arpenter les couloirs, et manifestement ils font des choses : mais ce que sont ces choses m'échappe totalement[#3], parce de ce que je vois rien ne bouge.

Pourtant, il y a plein de choses sur lesquelles j'aimerais bien voir du progrès ! On nous a promis une solution temporaire en attendant la pose de stores sur la façade sud (où est mon bureau, et où le soleil en journée empêche vraiment de lire un écran d'ordinateur orienté contre lui), mais même la solution temporaire ne se matérialise pas. L'allumage des lumières (qui est généralement automatique : la plupart des salles n'ont pas le moindre interrupteur ; mais même dans celles qui en ont, leur effet est, disons, incertain) reste très souvent aléatoire. Je réclame à qui veut l'entendre l'installation de tableaux blancs (ou mieux, noirs, mais ne rêvons pas) dans les salles de réunion qui sont dotées d'un équipement vidéo ultra-moderne mais pas de bêtes tableaux, parce que manifestement un crétin de décideur a pensé que les chercheurs, quand ils se réunissent pour discuter, ils se montrent juste des présentations PuissancePoints sur un écran (comme je soupçonne le crétin en question de faire à longueur de journée) : pour l'instant, tout ce que j'ai obtenu est que l'item « tableau blanc » figure dans le catalogue informatique des salles (avec la valeur « absent » pour les salles de réunion, donc…). Je me demande si le système d'ouverture des portes marchera un jour correctement (actuellement, nous devons « mettre à jour » nos badges d'accès tous les jours en arrivant, en bippant à un point de mise à jour, mais parfois la mise à jour ne fonctionne pas ; cf. ce fil Twitter). Je peste aussi contre les psychorigides du genre « hygiène et sécurité » (j'ai une dent contre cette catégorie particulière de nuisibles) qui ont décidé que certaines portes d'accès vers l'extérieur seraient sous alarme et donc interdites d'usage en circulation normale[#4]. Et même si ça ne concerne pas vraiment le bâtiment de Télécom, j'attends avec impatience la fin de la réalisation de la place qui se situe en face, la place Marguerite Perey (nommée en l'honneur de la découvreuse du francium), qui, pour l'instant, n'est qu'un champ de boue où, là aussi, des gens s'activent et font manifestement des choses, mais je ne vois pas de progrès détectable ; j'attends ça surtout parce que, quand la place sera finie, ce sera une source de boue importante en moins quand je viens en moto (cf. ci-dessous).

[#3] Il y a deux semaines, quelqu'un est rentré dans mon bureau (sans frapper, et alors que j'étais en slip parce que je me changeais de mes affaires de moto), il a fait deux secondes de peinture et il est reparti. Je me demande bien à quoi ça rime.

[#4] À l'ENS, il y avait une porte de sortie sur la rue Rataud que je mettais un point d'honneur à emprunter régulièrement, en déclenchant l'alarme à chaque fois, pour protester contre la décision complètement aberrante de mettre cette porte sous alarme. J'encourage vivement ce type d'action de désobéissance civile : surtout, n'hésitez pas à déclencher les alarmes des portes de sortie utiles, si ce mouvement prend de l'ampleur les imbéciles finiront peut-être par comprendre qu'il faut arrêter de fermer des portes à la circulation normale.

[Mise à jour sur ce sujet : dans cette entrée écrite trois ans et demi plus tard où je parle très longuement de Paris-Saclay.]

Ce n'est peut-être pas l'endroit idéal pour le mentionner, après m'être plaint incessamment que le transport entre Paris et Palaiseau était nul et que le bâtiment était mal foutu, mais l'équipe dont je fais partie ouvre un poste de professeur en cryptographie [il doit bien y avoir une version en français de l'annonce, mais je ne la trouve pas] : les personnes intéressés, ou les personnes qui connaissent des personnes susceptibles de l'être, peuvent se mettre en contact avec mon collègue et néanmoins amis Bertrand Meyer, comme indiqué dans l'offre d'emploi que je viens de lier.

Pour l'instant, j'ai dû faire à peu près ¾ de mes trajets domicile-travail en moto et ¼ en transports en commun. Mon idée initiale était de viser plutôt des proportions contraires (parce que j'aime certes beaucoup rouler en moto, mais je n'aime pas trop l'idée de risquer inutilement ma vie pour aller enseigner la transformée de Fourier), mais, même en écartant la grève historique de décembre-janvier, il faut avouer que c'est déprimant à quel point les transports en commun sont vraiment mauvais[#5]. De ce que j'ai observé pour l'instant, le plus mauvais, ce n'est pas tellement le RER B, mais l'espèce de bus navette pourri qui relie la gare de Massy-Palaiseau au plateau de Saclay en passant par un itinéraire improbablement inefficace que j'imagine censé plaire à tout le monde et qui, en fait, ne doit faire que des mécontents : il faudrait au minimum doubler ou tripler la fréquence de cette navette (ou mieux, doubler la fréquence et en même temps prévoir plusieurs lignes avec des trajectoires plus directes) pour obtenir une desserte correcte et adaptée à la densité du plateau. L'autre solution, consistant à rester dans le RER quelques arrêts de plus pour en descendre au Guichet et monter sur le plateau à pied par les escaliers, est plus satisfaisante comme promenade, mais prend encore plus de temps[#6]. (Finalement, j'ai tendance à prendre la navette pour aller au bureau et les escaliers pour en revenir : pas par flemme de monter les escaliers — d'ailleurs, les descendre est plutôt plus pénible pour les articulations — mais parce que je suis plus pressé à l'aller et qu'au retour monter dans le RER au Guichet augmente les chances d'avoir une place assise.)

[#5] Insérer ici un rant sur le fait que les grands génies qui ont cru bon de chercher à créer une Silicon Valley française sur le plateau de Saclay ont repoussé à plus tard le problème d'avoir des transports qui marchent, et les gens qui ont été exilés sur ledit plateau en font les frais. Et qui croit une seule seconde à l'idée que la ligne 18 du métro, censée desservir le plateau, sera vraiment construite un jour ? Elle a déjà été repoussée à une date mal spécifiée, et il faut être bien naïf pour penser que ce n'est pas une annulation qui ne se dit pas.

[#6] Je devrais peut-être envisager de m'acheter une trottinette électrique ou une roue électrique ou quelque chose comme ça, qui soit transportable dans le RER, et qui rendrait acceptable le temps de trajet entre le Guichet et mon bureau. Mais comme il y a un passage dans les bois, ce n'est pas évident que ce soit vraiment faisable.

On m'avait vendu les transports en commun en me disant mais tu verras, dans le RER, tu pourras bosser, donc ce ne sera pas du temps perdu. Le problème avec ça, c'est que d'une part, on est tellement serrés dans le RER que même si j'ai une place assise, je rechigne à déranger mes voisins en farfouillant dans mon sac pour y trouver un article de maths à lire, et d'autre part, de toute façon, le trajet en RER proprement dit ne prend qu'environ 20min sur un trajet d'environ 65min de porte à porte (énormément de temps est perdu à attendre le métro, changer du métro au RER, attendre le RER, changer du RER à la navette de bus, attendre la navette… et ce temps est fractionné de manière qu'il est difficile de s'en servir pour travailler). En fait, le temps pendant lequel je ne peux pas travailler dans le trajet en transports en commun reste supérieur à la durée du trajet en moto, donc l'argument de pouvoir travailler dans les transports est assez foireux. (En revanche, l'argument de moindre dangerosité, lui, est beaucoup plus convaincant.)

En moto, je mets entre 25min et 30min de porte à porte. C'est un peu trompeur de compter de porte à porte, parce que la moto fait perdre pas mal de temps à s'équiper avant, justement, de franchir la porte, mais j'ai réussi à optimiser un peu les choses jusqu'à ce que le changement d'appartement me fasse perdre cette optimisation ; d'ailleurs, quel que soit mon mode de transport, je perds pas mal de temps à rassembler tout mon attirail avant de sortir de l'appartement. Il faut peut-être plutôt compter quelque chose comme 45min pour la moto (contre 65min par les transports en commun, donc). J'ai la chance que le trajet aller pour moi (Paris→Palaiseau, donc) est dans quasiment n'importe quelle circonstance beaucoup plus fluide que le trajet retour (Palaiseau→Paris), sur lequel j'ai moins de contraintes et plus de flexibilité.

Il y a quand même au moins deux circonstances où je ne préfère clairement ne pas prendre la moto : l'une est quand je sais que je rentrerai à une heure de pic de circulation (ce qui me forcerait soit à faire de l'inferfile, et j'ai déjà expliqué que je n'aime vraiment pas ça, soit à prendre beaucoup de temps[#7] à rentrer) ; l'autre est quand il fait vraiment moche. Le problème du « vraiment moche » ce n'est pas juste la pluie en elle-même, c'est aussi la quantité hallucinante de boue sur le plateau à cause de tous les travaux partout : il suffit qu'il tombe quelques gouttes pour que, même en roulant très lentement et en faisant attention où je pose mes roues, j'arrive crotté comme si j'avais fait des heures de motocross à travers les bois (voir ici et là).

[#7] Bon, beaucoup de temps est relatif : même quand la circulation est très chargée, le pire temps de trajet renvoyé par Google pour une voiture n'atteint quasiment jamais les 65min typiques si je prends les transports en commun (en fait, il ne l'a dépassé essentiellement que pendant les grèves où il n'y avait, justement, pas de transports en commun).

Mais quand il n'y a ni circulation pénible ni mauvais temps ni boue ☺️ je continue à aimer énormément la moto[#8]. J'ai dépassé les 3000km au totaliseur du joujou que je me suis acheté en septembre (en cinq mois, ce n'est pas énorme, et en plus ils sont très inégalement répartis : 1200 + 700 + 500 + 200 + 400 ; mais bon, il paraît que c'est à peu près la moyenne annuelle du motard français) ; et quand le temps est beau je n'hésite pas à rentrer du bureau par un chemin plus long à travers la vallée de Chevreuse ou celle de la Bièvre, ou de faire une escale à la Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry. (Il m'est d'ailleurs arrivé de croiser les élèves du mon ancienne auto-école.) L'an dernier je pestais contre le froid surtout que j'ai les doigts très fins et qui se refroidissent facilement, mais je me suis acheté des gants chauffants (des Five HG1 WP, modèle 2019 — je précise, parce que ce n'est pas évident, que Five est la marque, HG1 est le modèle, et que WP signifie quelque chose comme waterproof ; c'est mon seul bout d'équipement qui ne soit pas de Dainese, d'ailleurs), et, même si c'est un peu plus pénible à enfiler que des gants normaux, c'est vraiment incroyable à quel point ces choses marchent bien, au moins sous le froid relativement modéré qu'on a à Paris (ils ont trois niveaux de chauffe, mais je n'ai jamais eu besoin du plus élevé). Une mention aussi pour la sous-combinaison Dainese D-Core Thermo, qui est un peu ridicule à porter mais tellement efficace pour garder le chaud que ça ressemble à de la magie noire.

[#8] Aveu : j'ai même commencé à me poser la question de si je voudrai acheter une nouvelle moto (et le cas échéant, quoi) dans deux ans quand j'aurai le permis A complet. (C'est idiot pour plein de raisons, j'en suis conscient, la première étant que je n'ai encore jamais tourné la poignée des gaz à fond sur ma bécane. Mais bon, le poussinet s'est acheté un joujou à quatre roues puissant qui ne lui sert à rien, alors comment je suis censé vivre ma midlife crisis, moi ?)

Ça fait tout juste deux ans[#9] que j'ai eu le permis (voiture), et il faut avouer que, depuis environ trois mois, j'ai essentiellement arrêté de conduire la Tuture. Je l'ai prise une fois pour aller au bureau (un jour où il faisait trop moche pour que j'eusse envie de prendre la moto et j'étais parti trop tard pour avoir le temps de prendre le RER), j'ai abîmé le pare-choc contre un plot du trottoir à peu près cinq secondes après avoir pris le volant, le poussinet a tenu à faire réparer, ça lui a coûté quelques centaines d'euros, et ça m'a traumatisé, et maintenant je n'ose plus la conduire du tout. Surtout que je n'ai plus la motivation de devoir passer une épreuve de circulation au permis. Et plus le temps passe plus je me dis que si je conduis une voiture je vais avoir des mauvaises habitudes de motard dans la manière de passer les vitesses, d'oublier que le gabarit n'est pas le même, etc., donc plus le temps passe moins j'ose prendre un volant.

[#9] Je suis encore en permis probatoire, cependant (il dure trois ans maintenant). Aveu : je ne mets pas le disque A sur la moto (je ne sais même pas où je pourrais le mettre, d'ailleurs).

En ce moment, j'enseigne trois cours en parallèle : un cours d'Analyse de base aux élèves de première année de l'école (en gros la définition des espaces Lp, la notion de base de Hilbert, et quelques éléments de séries et de transformée de Fourier, surtout dans le cadre L²), et, pour des élèves de deuxième année dans des cursus spécialisés, un cours de théories[#10] des jeux (celui-là est rigolo à enseigner ; j'en ai déjà dit un mot et les notes de cours sont ici en PDF) et un cours de « courbes algébriques », c'est-à-dire une mini introduction à la géométrie algébrique (je n'ai actuellement pas de notes de cours écrites, parce que chaque année j'essaie une approche différente dans l'espoir d'en trouver une qui me satisfasse et qui ne noie pas les étudiants). Les années précédentes, ces cours étaient situés dans l'année de manière à ne pas se chevaucher (le cours d'Analyse avait lieu plus tôt), mais cette fois-ci je dois les mener tous les trois de front et c'est assez fatigant. (Des bizarreries d'organisation de l'école font que les cours de 2e année ont lieu de façon complètement périodique, en l'occurrence tous les lundi et mercredi matins pour ce qui est des miens, mais les cours de 1re année sont cadencés de façon totalement irrégulière, et je peux très bien avoir quatre séances du même cours la même semaine.)

[#10] Le s à théories, que j'ai dû me battre pour obtenir dans l'intitulé officiel du cours (parce que personne ne vérifie ce qui se fait comme contenu d'un cours, mais l'intitulé, lui, doit passer par environ douze commissions avant d'être approuvé), est là pour souligner le fait que je parle à la fois de théorie classique des jeux en forme normale (à la von Neumann, Morgenstern, Nash, — que beaucoup de gens appellent théorie des jeux tout court) et de théorie combinatoire des jeux (à la Sprague, Grundy, Berlemamp, Conway), en passant par une évocation des jeux de Gale-Stewart qui servent en logique, et un long interlude sur les ordinaux et les questions de terminaison. Ce que je trouve intéressant, c'est que personne ne met dans un même cours tous ces sujets différents qui ont quand même une thématique commune (et qui ont chacun une façon différente de pouvoir se relier à l'informatique théorique).

Je défends l'idée que les chercheurs devraient enseigner des sujets qui sont toujours un minimum écartés de leurs domaines de recherche (à nuancer, évidemment, selon le niveau de l'enseignement), pour que l'enseignant, tout en restant suffisamment expert pour répondre à toutes les questions des étudiants, garde en même temps assez de distance par rapport au sujet pour ne pas être tenté de trop étaler ses marottes, et de curiosité pour avoir lui-même quelque chose à y apprendre : je pense qu'on ne peut enseigner correctement que lorsqu'on a soi-même à apprendre. C'est peut-être pour cette raison que mon cours de géométrie algébrique me pose le plus de problème ! (Bon, en vrai, c'est parce que c'est un domaine hautement technique et qu'il est vraiment ardu d'y enseigner quelque chose sérieusement à des élèves qui n'ont jamais vu ni de géométrie projective élémentaire, ni de théorie de Galois, et qui n'ont pas forcément une intuition très développée de ce qu'est un idéal dans un anneau.) S'agissant de Fourier, non seulement c'est un vaste programme mais même en s'en tenant à des considérations d'Analyse (sans chercher à généraliser à d'autres Fourier) sur ℝ ou ℝ/ℤ, j'ai déjà expliqué que j'avais appris plein de choses[#11] en me renseignant sur le sujet dans la préparation de ce cours.

[#11] Un autre exemple dont je n'ai pris conscience qu'assez récemment : si je ne m'abuse, les séries de Fourier permettent d'identifier les distributions (à valeurs complexes) sur ℝ/ℤ aux suites (complexes) indicées par ℤ et à croissance au plus polynomiale, tandis que les hyperfonctions à la Satō (toujours sur ℝ/ℤ) s'identifieront aux suites indicées par ℤ et dont la partie indicée par ℕ ainsi que celle indicée par −ℕ sont toutes les deux les coefficients d'une série entière de rayon de convergence 1 : je trouve que ceci permet de bien comprendre en quoi, et dans quelle mesure, une hyperfonction est quelque chose de plus général qu'une distribution.

En « jouant » avec Fourier (j'ai déjà dit plein de fois que les maths sont faites pour qu'on joue avec et qu'on ne comprend les choses que si on y prend un peu plaisir), je suis retombé (ici et ) sur un calcul que j'avais déjà fait il y a longtemps et dont je me demande s'il a un nom classique : en utilisant la formule d'inversion de Möbius, on peut transformer la série de Fourier qui exprime une onde carrée ou triangulaire (disons) comme superposition d'ondes sinusoïdales de différentes périodes, en une série (au moins au sens L² — je ne sais pas bien quoi dire de la convergence ponctuelle[#11b]) qui exprime une onde sinusoïdale comme superposition d'ondes carrées ou triangulaires. Ce procédé est forcément très classique et a certainement un nom, mais je ne le connais pas, mais c'est rigolo (quoique pas entièrement plaisant) à entendre : voir les deux fils Twitter que je viens de lier pour une illustration sonore et visuelle.

[#11b] Correction () : En fait, je ne suis même pas sûr de pourquoi il y aurait convergence L² dans le cas d'un signal carré. La question est, donc, si s est la fonction 1-périodique qui vaut 1 entre 0 et ½ et −1 entre ½ et 1, pourquoi la somme des μ(ks(kx)/k, où k parcourt les entiers naturels impairs, tend vers (4/π)·sin(2πx) dans L²(ℝ/ℤ) (ce qui pose problème n'est pas la valeur mais la convergence). J'avais fait l'erreur de penser que les s(kx) sont deux à deux orthogonaux, j'avais même une « preuve » de ce fait utilisant le théorème chinois, or c'est juste faux ; ça n'empêche pas la valeur de la somme d'être la bonne « en un certain sens » et il est fort possible qu'il y ait convergence L², peut-être même presque partout, mais c'est beaucoup plus subtil : si on passe aux coefficients de Fourier, justement, cela dépendrait par exemple d'estimations sur ∑d|ndB (μ(d)) en fonction de n et indépendantes de B, qui ont elles-mêmes l'air possiblement liées à des bornes sur la fonction de Mertens. Bref, je retire cette affirmation : je crois juste pouvoir affirmer la convergence faible dans L².

Ajout () : Il y a certainement des choses intéressantes à dire (et à illustrer graphiquement et/ou acoustiquement) sur la comparaison entre cette écriture d'une onde sinusoïdale (ou d'un signal plus général) comme composition d'ondes carrées de différentes fréquences (non orthogonales !), avec la transformée de Hadamard qui utilise aussi des sortes d'ondes carrées, mais prend 2r ondes de fréquence 2r et s'arrange pour qu'elles soient orthogonales. À méditer.

Mais de fil en aiguille, à partir de Fourier, j'ai réactivé d'autres vieilles marottes : en fait, c'est parti de cette animation (qui n'a pas de rapport avec le fait que j'enseignais un cours sur le sujet, c'est juste une coïncidence) illustrant le concept de séries de Fourier, que j'ai un peu mal comprise (je pensais que la courbe était paramétrée avec uniquement des coefficients de Fourier d'indices positifs), ce qui m'a amené à me poser des questions sur la possibilité du paramétrage des courbes de cette façon (j'ai dumpé ça sur MathOverflow, et il faut encore que je trouve le temps de réfléchir à la réponse qui m'a été faite !) en lien avec le théorème de l'application conforme de Riemann, puis j'ai repensé au cas particulier du bord de l'ensemble de Mandelbrot car il s'avère que l'uniformisation conforme du complémentaire de l'ensemble de Mandelbrot se fait très bien, j'ai lu un article qui expliquait comment calculer les coefficients (John H. Ewing & Glenn Schober, The area of the Mandelbrot set, Numer. Math. 61 (1992) 59–72), j'ai implémenté le calcul et joué avec les coefficients obtenus (et au passage soumis une suite à l'OEIS), et tout ça m'a amené à me replonger dans toutes sortes de questions autour de l'ensemble de Mandelbrot que je n'avais jamais pris le temps de bien comprendre depuis l'époque (douze ans déjà ! <U+1F631 FACE SCREAMING IN FEAR>) où j'avais généré toutes sortes de vidéos de zooms.

J'ai notamment calculé toute une série d'animations d'évolutions d'ensembles de Julia lorsque leur paramètre se déplace dans le plan où vit l'ensemble de Mandelbrot (il est prévu que j'explique tout ça mieux Un Jour®, mais Zeus sait si ce Jour arrivera vraiment) : voir cette playlist YouTube (qu'il faut vraiment regarder en plein écran HD/1080p, ne serait-ce que parce que sinon on ne voit pas du tout le point rouge dans l'encadré en bas à gauche qui montre où est le paramètre…).

Mais surtout, j'essaie de comprendre (un peu mieux) la structure combinatoire de l'ensemble de Mandelbrot et des ensembles de Julia : il y a un très joli modèle, l'ensemble de Mandelbrot abstrait qui permet (au moins dans certains domaines ou sous une hypothèse conjecturale standard à savoir la connectivité locale) de décrire la manière dont est foutu l'ensemble de Mandelbrot, quelles lignes d'argument aboutissent où, comment sont agencés les bébés ensembles de Mandelbrot et tout ça, sans aucun calcul flottant/approximatif, uniquement en manipulant des objets combinatoires. L'ennui, c'est que le principal livre de référence sur le sujet (Invariant factors, Julia equivalences, and the (abstract) Mandelbrot set de Karsten Keller) est très difficile à lire (il empile des tonnes de notations qu'il ne daigne jamais rappeler pour le lecteur distrait, et ne donne quasiment aucun exemple ni aucun algorithme). Un lecteur de mon blog (enfin, un ancien lecteur, je ne sais pas s'il me suit encore) est l'auteur d'un algorithme qui permet de déterminer si les lignes d'arguments donnés par deux rationnels de dénominateur impair aboutissent au même point de l'ensemble de Mandelbrot (ce point est alors la racine d'une composante, et ce sont les deux façons d'y arriver depuis l'extérieur) ; mais je n'arrive pas à comprendre si on connaît un algorithme analogue pour les rationnels de dénominateur pair (qui aboutiront alors en un point de Misiurewicz) et je me noie un peu dans le livre de Keller.

On pourrait me reprocher d'écrire toutes sortes de choses sur Twitter au lieu de les écrire sur ce blog, mais je me noie complètement dans les entrées de blog que je dois écrire, que je commence à écrire, et qui prennent systématiquement des dimensions complètement démentielles. Parfois je m'exaspère moi-même avec ma capacité invraisemblable à tout transformer en un roman (d'autant plus que moi-même je déteste les romans interminables) : Twitter, au moins, m'oblige à faire court, mais apparemment n'a pas réussi à m'apprendre à faire court de façon plus systématique. J'avais commencé à écrire une entrée sur Game of Thrones (que le poussinet et moi avons récemment regardé — enfin, récemment au moment où j'ai commencé à écrire ladite entrée, ce n'est plus si récent maintenant), mais même un sujet aussi peu inspirant a quand même réussi à me faire aligner des kilomètres de mots, à tel point que je n'ai pas réussi à la finir (il faut dire qu'elle avait l'air un peu maudite, cette entrée : à chaque fois que je commençais à m'y remettre, quelque chose m'interrompait). Donc j'ai commencé une entrée de vulgarisation sur l'ensemble de Mandelbrot en me disant que j'allais vraiment en dire le strict minimum, et… mais comment est-ce que j'arrive à être assez con pour me dire que je pourrais réussir à écrire un texte court sur un sujet pareil ? Alors voilà, il a mis un pied dans le cimetière des entrées que je n'arrive décidément jamais à finir, et si je me lasse du sujet avant de l'avoir fini, il aura mis les deux pieds dedans.

Mais même cette entrée-ci, je pensais que j'allais juste écrire quelques phrases pour expliquer pourquoi je n'avais rien écrit ici depuis une éternité, et cette entrée elle-même a pris une taille complètement invraisemblable, je suis complètement crevé, je voulais me coucher il y a au moins deux heures, le poussinet en a marre de m'attendre pour aller au lit, bref, je me trouve moi-même vraiment insupportable et je termine en queue de poisson.

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(jeudi)

Le poussinet et moi avons déménagé (de deux étages)

J'ai déjà expliqué que mon poussinet et moi avions acheté ensemble un appartement plus grand (au 2e étage) dans l'immeuble que nous occupions déjà (au rez-de-chaussée) et que nous nous demandions comment procéder au déménagement pour qu'il soit aussi peu douloureux que possible, sachant qu'un prêt-relais me permet de garder les deux appartements pendant un certain temps. Finalement, nous avons décidé de procéder de façon « progressive mais avec une étape atomique », c'est-à-dire en gros :

  • dans un premier temps, nous avons fait procéder à quelques travaux, essentiellement la pose d'une pompe à chaleur (qui peut servir de clim en été) pour avoir un chauffage plus économique, et souscrit à un abonnement fibre (chez OVH[#]) ; nous avons aussi fait quelques achats minimaux (comme des chaises Ikea) pour le nouvel appartement ;
  • dans une deuxième phase, nous avons transporté autant que possible ce qui n'était pas quotidiennement utile et qui pouvait être bougé sans besoin de meuble de rangement supplémentaire à l'arrivée : d'abord, tous les livres (puisque le nouvel appartement venait avec pas mal de rayonnages de bibliothèque fixés aux murs) et pas mal de vêtements, puis la paperasse et beaucoup de matériel informatique pas vraiment utile ainsi que des ustensiles de cuisine, le tout à grands renforts de bacs de rangement en plastique ; puis nous avons monté quelques étagères une fois que leur contenu avait déjà disparu, histoire qu'elles puissent servir à ranger autre chose ;
  • puis vient l'étape que je qualifie d'atomique parce qu'elle concerne les choses qui, selon moi, ne peuvent pas vraiment être séparées : nos lits, l'équipement essentiel de la cuisine (frigos, micro-onde, vaisselle de base), nos ordinateurs et les bureaux les supportant, quelques tables, et le nécessaire de toilette en gros équivalent à ce que nous emportons en voyage (nous avons aussi monté la télé pendant cette phase, même si ce n'était pas initialement prévu, parce que nous aimons bien regarder la TNT en dînant) ;
  • enfin, nous comptons monter des choses au fur et à mesure que nous nous rendons compte qu'elles sont utiles, et finalement trier tout le reste.

[#] Je ne souhaite pas particulièrement faire la pub d'OVH ici, dont je ne suis pas terriblement content et qui est vraiment cher, mais il semble que (excepté peut-être FDN mais je crois comprendre que nous n'étions pas éligible) c'est le seul opérateur fibre à Paris, ouvert aux particuliers, qui offre des choses qui me semblent être des exigences minimales de qualité (par exemple un bloc IPv6 fixe natif, en l'occurrence un /56 même si j'aurais préféré un /48, et la possibilité d'utiliser son propre routeur) et qui sont considérées comme des demandes de « pros » (je hais cet euphémisme ridicule). J'ai tellement entendu d'histoires d'horreurs sur Orange, SFR et Free que ce n'était vraiment pas question d'aller chez eux.

C'est l'étape « atomique » que nous avons faite hier (et qui nous a pris essentiellement toute la journée) : il reste encore beaucoup de choses dans l'ancien appartement (la machine à laver le linge, un bureau à moi, mon équipement moto, beaucoup d'affaires de toilette ou de ménage…), mais désormais nous habitons au deuxième étage avec les peluches, et nous y avons passé notre première nuit.

J'ai passé énormément de temps à faire fonctionner la connexion fibre (nous savions déjà qu'elle fonctionnait avec un « modem-routeur » fourni par l'hébergeur, mais nous voulions nous en passer pour avoir une configuration aussi proche que possible de ce que nous avions deux étages plus bas, à la renumérotation IP près), mais je ne vais pas m'appesantir là-dessus : disons juste si ça peut servir à quelqu'un que, pour le FTTH chez OVH en collecte Kosc, le PPPoE se fait directement sur le trunk Ethernet et pas, comme chez Orange, sur un VLAN (835) ; et pour pouvoir faire passer IPv6, il faut non seulement activer IPv6 depuis l'interface Web d'OVH mais aussi faire une requête DHCPv6 de délégation de préfixe sur l'interface PPP (ce n'était pas évident). Si vous ne savez pas ce que tous ces acronymes (PPPoE, VLAN et DHCP notamment) veulent dire, ce message n'est sans doute pas fait pour vous. 😁

J'ai aussi passé énormément de temps à simplement décâbler et recâbler les ordinateurs, d'ailleurs. J'espérais que le déménagement m'aiderait à réduire un peu le chaos de l'enchevêtrement de câbles et d'alimentations qui constitue notre installation informatique, mais visiblement, c'est raté : ça semble impossible de relier et d'alimenter trois gadgets sans que ce soit déjà le bordel. (Et une mention spéciale au passage pour les alims tellement larges que quand on les branche, les deux prises adjacentes de la multiprise deviennent inutilisables.)

Au-delà des câbles et des ordinateurs, l'idée que le déménagement nous aiderait à vivre dans un espace un peu mieux rangé est plutôt illusoire. À la limite, c'est même le contraire qui se produit : il est tellement fastidieux de bouger les choses et de décider où les mettre qu'on finit par les mettre au premier endroit venu, et l'organisation est bien pire à l'arrivée qu'au départ.

Tous ceux à qui nous avons parlé de ce déménagement (de ma maman et ma belle-maman jusqu'à l'employée du supermarché voisin à qui nous faisons régulièrement la causette, en passant par beaucoup de nos amis) nous ont félicités et promis que nous serions bien. Ça part évidemment d'un bon sentiment, mais je trouve cette injonction au bonheur un poil stressante, et peut-être d'autant plus stressante que c'est littéralement un problème de riche de dire en fait, non : on a l'impression d'être un ingrat qui ne mesure pas la joie qu'il devrait ressentir.

Le fait est que ce nouvel appartement, sans compter la baisse de niveau de vie qu'il m'aura coûté, pour l'instant, j'en vois surtout les inconvénients. C'est sans doute normal : pas loin de vingt ans d'occupation de mon appartement au rez-de-chaussée m'ont habitué à celui-ci (y compris à ses défauts) et tout changement ne peut être qu'un changement pour le pire. C'est le même phénomène qui fait que quand on change quelque chose dans un service public, disons par exemple un réseau de bus ou des horaires de train, on fait immédiatement plein de mécontents parce que leur utilisation routinière est perturbée, alors que les gens qui profiteront du changement n'apparaîtront qu'au fil du temps quand ils découvrent qu'il y a quelque chose de commode pour eux dans le nouveau système. Peut-être qu'il y a des choses qui seront mieux dans ce nouvel appartement, mais pour l'instant je ne les vois pas[#2], je vois surtout la salle de bain minuscule, le découpage des pièces mal fait, l'aération qui marche très mal, le temps rallongé si je me rends compte que j'ai oublié quelque chose en sortant, les interrupteurs insupportablement mal disposés, etc. Étant habitué à un appartement où je pouvais me balader à poil autant que je voulais parce qu'il n'y avait personne qui pût me voir, je me sens comme dans un panopticon et ça gâche tout plaisir qu'il pouvait y avoir à recevoir un peu plus de lumière du jour. On devrait avoir plus de place pour ranger les choses, mais en fait ce n'est pas vrai à cause de l'immense salon qui ne peut pas vraiment servir d'espace de stockage, et il y a déjà quantité de choses que je ne sais pas du tout où mettre.

[#2] Il y a deux choses qui pourraient passer pour des avantages (avantages très modérés eu égard au coût pour y arriver), c'est un bureau mieux rangé et une connexion Internet avec un meilleur débit (encore que même là il y a eu des choses sacrifiées, comme une adresse IPv6 mémorable ce que, franchement, j'estime peut-être plus important que le débit). Mais ces choses auraient pu être acquises sans changer d'appartement, donc ça ne compte pas.

En fait, je suis mentalement dans le même mode que quand j'occupe une chambre d'hôtel : je cherche mes marques, je prends énormément de temps à faire quoi que ce soit parce que toutes mes petites habitudes ont volé en éclat (du coup je me demande comment faire les choses les plus simples : je ne sais pas où poser ma serviette avant de prendre ma douche et après, par exemple), et j'ai vite hâte de revenir chez moi… sauf que là je suis chez moi et qu'il va falloir que je m'y fasse.

(Un signe que je ne me sens pas chez moi, c'est qu'instinctivement je garde mon portefeuille, mes clés et mon téléphone dans mes poches, comme je le fais tant que je suis dehors, alors que dans l'appartement que j'avais au rez-de-chaussée, la première chose que je faisais en rentrant était de les poser ; mais maintenant, je ne sais même pas où les poser.)

Bref, je suis très attaché à mes habitudes. Ce n'est pas que je sois hostile au changement (après tout, j'ai bien quitté ma chambre chez mes parents pour m'installer à Paris ; et plus récemment, le poussinet et moi avons fait un bon nombre de changements dans nos habitudes, par exemple celui d'utiliser nos week-ends pour nous balader en forêt date de 2018 et c'est un changement que j'ai accueilli avec plaisir) ; mais je déteste profondément le fait que le changement me soit imposé par l'extérieur au lieu que je puisse y procéder à mon rythme. Or là, pour le déménagement, il était difficile d'éviter une étape « atomique » comme je l'ai dit plus haut (alors que pour déménager de chez mes parents vers Paris, j'avais tout acheté en double et j'étais passé par une très longue phase où je dormais de plus en plus souvent à Paris si bien que j'avais véritablement deux « chez moi »).

Mais ce n'est pas tout : il y a aussi une forme d'attachement affectif à mon ancien appartement… pas à l'appartement lui-même, mais à tous les souvenirs qui sont attachés à ses murs, des souvenirs des moments heureux que j'y ai vécus. (Mon appartement fait un peu partie de moi comme l'explique très justement ce texte : il est normal que remplacer une partie de moi ne soit pas quelque chose d'anodin.) J'ai quitté mon bureau parisien (où je travaillais depuis 2010) avec une grosse boule dans le ventre, il n'est pas surprenant que je ressente quelque chose d'analogue vis-à-vis d'un lieu où j'ai passé encore beaucoup plus de temps. Quand je retourne pour chercher quelques affaires dans cet appartement qui ressemble maintenant plutôt à un chantier laissé après un cambriolage, j'ai une sensation qui s'apparente à celle qu'on éprouve lors de la disparition d'un être cher : celle de souvenirs qui se perdent, noyés comme des larmes dans la pluie.

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(lundi)

Je range ma paperasse, et je me demande comment la trier

Méta / contexte : Je suis encore plus inhabituellement débordé en ce moment que d'habitude, surtout que j'ai bêtement utilisé les vacances de fin d'année pour essayer (sans grand succès) de me reposer plutôt que d'évacuer des choses que je devrais faire, qui me sont ensuite retombées dessus avec une certaine violence ; et j'ai mis de côté un certain nombre de choses que je voulais faire ou écrire sur ce blog (par exemple, même si j'aurais plein de choses à répondre aux commentaires, parfois intéressants, faits sur l'entrée précédente, et je le ferai peut-être un jour, je n'ai vraiment pas le temps en ce moment) ; c'est aussi là un intérêt de Twitter qu'il est souvent plus facile de trouver quelques secondes dans une file d'attente pour écrire 280 caractères que ce qu'il me faut pour pondre des pages sur ce blog. Cette entrée-ci, qui évoque un sujet de débordement en ce moment, a commencé comme une série de tweets, donc je me suis dit qu'elle devenait vraiment trop longue, donc je la convertit en entrée de blog, mais le style s'en ressent peut-être du coup.

Dans la perspective d'un déménagement imminent, j'ai trié ou retrié, pour les ranger correctement, des années de courrier, de documents et de paperasse (personnels et administratifs).

Globalement, ma méthode de tri est : une chemise par dossier (interlocuteur / sujet), et par ordre chronologique inverse au sein de la chemise. J'ai, par exemple, un dossier boulot, un dossier impôts, un dossier banque, un dossier médical, etc., et chacun est rangé chronologiquement en commençant par ce qui est le plus récent. L'intérêt est que c'est assez efficace à ranger, il suffit d'ouvrir la bonne chemise et de mettre tout en haut, et que ce n'est pas trop pénible pour retrouver les papiers ensuite. Mais si l'idée générale est bonne (je crois), il y a plein de détails douteux qui rendent malheureux le maniaque que je suis des typologies précises, et qui concrètement font que les papiers restent difficiles à retrouver même si on les a « bien » rangés.

Par exemple, dans un même dossier, j'ai souvent des documents avec une date bien précise (factures, relevés…) et d'autres ayant une validité très longue voire indéterminée (contrats, par exemple). Classer les deux ensemble pose problème pour retrouver les seconds : mettre mon contrat de travail à la date où il a été signé n'est pas forcément idéal s'il s'agit de pouvoir le retrouver facilement. Mais sinon, où ? Tout au début ? Tout à la fin ? Dans une chemise différente de celle où je mets mes bulletins de salaire ? Faire un dossier contrats semble tentant, mais c'est bizarre de ranger les contrats séparément sous prétexte que ce sont des contrats (d'autant qu'ils sont d'importance très inégale). Ou seulement un dossier contrats en cours et ensuite je classe à la date chronologique de (fin ? début ?) de contrat ? Est-ce que je range l'acte d'achat de l'appartement avec tous les documents relatifs aux prêts bancaires pour l'acheter ? Où est-ce que je mets le PACS conclu avec le poussinet ? Et bien sûr, la frontière entre les documents « ponctuels » et les documents « longue durée » n'est pas du tout nette. Ne parlons pas, d'ailleurs, de ce qui n'est pas daté (il y avait sans doute une date sur l'enveloppe, mais je n'ai pas gardé l'enveloppe) mais qui périme peut-être quand même un jour.

La manière de regrouper selon les interlocuteurs / dossiers pose aussi plein de problèmes dans les cas limites (est-ce que je fais un dossier retraite séparé du dossier boulot ? mais ça se recoupe beaucoup). J'ai un dossier banque, mais peut-être devrais-je avoir un dossier séparé pour chaque banque chez laquelle j'ai (ou ai eu) un compte, surtout que la banque la moins importante m'a le plus noyé sous les papiers. J'ai un dossier moto avec tout ce qui concerne l'achat, l'entretien, l'immatriculation du véhicule… mais l'assurance passe par la MAIF et est donc rangée avec l'assurance habitation. Aussi, est-ce que j'y mets aussi ce qui se rapporte à mon permis ? mes souvenirs d'auto-école ? En parallèle de mon boulot à Télécom, j'ai fait passer des concours des ENS pendant quelques années (2007–2010) : Est-ce que je range ces bulletins de salaire-là avec les autres juste par ordre chronologique ? ou est-ce que je fais un dossier séparé ?

Il y a des dossiers clos (comme le dossier thèse ou candidatures MdC 2006–2007 ou encore les cinglés qui ont imaginé que j'avais une dette envers eux — peut-être parce qu'on leur a donné un faux nom — et m'ont envoyé une société de recouvrement de créances) et d'autres qui ne le seront pas tant que je suis en vie (médical, impôts, courrier personnel) : j'ai tendance à diviser ces derniers par tranches chronologiques, mais ce n'est peut-être pas idéal. Est-ce qu'il vaut mieux faire un gros dossier médical ou est-ce que je subdivise par spécialité médicale ? (Si je cherche un examen ancien, ce n'est pas évident de retrouver par date, même si grâce au journal que je tiens, je dois pouvoir.)

En plus des documents qui me concernent nominativement, il y a des documents et livrets d'information (guide de tarifs bancaires, notices, ce genre de choses) : faut-il les ranger avec ? À la date où je les ai reçus ? Et les anciennes cartes de membre de quelque chose ? Aussi, j'ai pas mal de choses que je garde comme souvenirs personnels : la limite entre les documents administratifs et les documents personnels n'est pas toujours claire, et ça devient encore plus problématique pour le classement.

Il est souvent clair si un document me concerne moi ou concerne mon poussinet, mais pas toujours (dans le cas d'un achat ou contrat commun dont nous nous serions occupés de façon jointe et dont nous n'aurions qu'une copie), et de nouveau, ceci pose des problèmes de rangement, surtout que parfois, pour un même dossier, il peut avoir conservé certaines pièces et moi d'autres sans que ce soit toujours clair qui a qui ou selon quelle logique.

Et puis il y a des documents encore plus spéciaux, si j'ose dire. J'ai écrit un testament, par exemple, ainsi que des instructions à ouvrir s'il m'arrive un accident grave : par définition, ce n'est pas seulement moi qui vais devoir retrouver ces documents le cas échéant (même si je peux avoir à les retrouver por les détruire, réécrire, modifier, amender ou relire). Il se pourrait qu'il y ait plusieurs documents, possiblement de nature proche, que des amis m'ont demandé de conserver sous forme scellée et dont je ne connaîtrais pas le contenu ; et éventuellement avec des consignes (par exemple de discrétion) un peu contradictoires avec le rangement. Il se pourrait qu'il y ait des documents de nature stéganographique.

Informatiquement, ce que je ferais dans beaucoup de cas douteux, ce sont des liens symboliques (permettant au même fichier d'apparaître à plusieurs endroits où on pourrait avoir envie de le chercher), mais quand il s'agit de vrais documents papier, ce n'est pas évident ! (Je pourrais insérer un papier ad hoc disant le papier machin reçu à la date truc est rangé dans le dossier bidule, mais ce serait vite extrêmement fastidieux d'écrire ces papiers-liens, et plus encore de maintenir la cohérence.) Quant à tout numériser, c'est l'idéal, mais vu le temps que ça me prend de scanner une page, j'en aurais pour bien plus d'heures que je ne veux y consacrer. Je ne parle pas, d'ailleurs, du problème de s'y retrouver dans des archives qui sont moitié papier et moitié informatisés (par exemple, les arrêtés de détachement pris par le ministère de l'Éducation nationale pour me détacher à Télécom Paris me sont aléatoirement fournis sous forme papier — auquel cas je les scanne mais je garde quand même la version papier — ou sous forme scannée — que je n'imprime pas forcément).

Au-delà de ces problèmes si j'ose dire « logiques », dans le rangement, il y a aussi des problèmes « physiques ». J'utilise de simples chemises papier sans rabats (parce que les rabats à ouvrir et fermer à chaque nouveau papier étaient un facteur non négligeable dans ma flemme à ranger mes papiers ; mais aussi parce que les chemises à rabats supportent beaucoup moins bien que les bêtes papiers pliés qu'on les remplisse au-delà de leur capacité nominale ; et par ailleurs, les élastiques des chemises à rabats supportent assez mal le vieillissement). Mais le problème se pose de savoir quoi faire de ce qui n'a pas le format A4 réglementaire, soit que ce soit trop grand (ça ne rentre pas dans la chemise) soit que ce soit trop petit (ça rentre, mais ça tombe et se déclasse dès qu'on manipule les choses). Je n'ai pas trouvé, notamment, comment stocker les cartes postales, souvent jolies, que nous avons reçues d'un peu partout à l'époque où le poussinet en envoyait à plein d'amis dès qu'il bougeait quelque part (et de fait, quand on en envoie, les gens rendent la pareille) : elles ont des formats très différents, ne tiennent pas dans une pochette ni avec ni sans rabats, il faut sans doute que je trouve une boîte de la bonne taille.

Une fois les papiers rangés (plus ou moins logiquement) dans des chemises colorées (j'ai abandonné toute tentative d'avoir une logique au choix des couleurs), il faut ranger les chemises. Dans mon ancien appartement, j'utilisais des chemises à rabats et je me contentais de les empiler sur mon bureau ; problème : pour insérer quelque chose dans une chemise, il faut l'extraire de la pile, qui commence rapidement à ressembler à une tour de Pise. Cette fois, j'ai décidé d'utiliser des boîtes de rangement en plastique de 34cm × 23cm × 14cm (mon Carrefour local en vend un lot de 10 pour environ 15€, j'ai dévalisé leur stock) avec l'idée qu'il est sans doute plus simple d'empiler les chemises dans les boîtes et les boîtes sur les étagères ; mais c'est difficile de trouver une logique mémorisable pour quelle chemise va dans quelle boîte et qui garantit un remplissage raisonnable des boîtes. Je ne suis pas du tout convaincu, en revanche, par les cartons à papiers (qui pourraient remplacer les boîtes), ils sont trop pénibles à ouvrir ou fermer, et surtout, ils sont prévus pour un rangement vertical du papier qui me semble décidément moins pratique qu'un rangement horizontal (par exemple, la position verticale fait que le papier se déforme s'il n'y en a pas juste la bonne quantité dans le carton, les cartons ont tendance à tomber dès qu'on en prend un, bref, je ne suis pas fan).

Au final, j'ai fait… quelque chose. Qu'on pourrait temporairement qualifier de raisonnablement bien rangé, mais dont je sais pertinemment qu'en quelques mois ce sera de nouveau le chaos.

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(Thursday)

My relation to English, bilingualism, and this blog

For a change, this blog entry will be in English, and will be about this very fact; or rather, about the fact that it is unusual, because I very rarely write in English here nowadays. Even though I had started this blog (in 2003) with the intention of making it bilingual (in the sense that some posts would be in English, others in French, and still others translated in both languages), I really can't say I kept this “promise”, and the present entry is a kind of apology, excuse, or at least, explanation, for that fact. Yesterday I rewrote the introductory blurb displayed, before the content itself, at the top of various pages (e.g., the page listing the most recent entries), and the last remnants of this old pretense of bilingualism have been swept away. But why?

Before I get into this, I need to say something about my personal relation to English, how I learned the language, and how well I speak it. I had written something about this in this other entry, also in English and also about English, but I should elaborate a bit. And by elaborate a bit, I mean make an epic rant of it.

Well, it's Complicated®. One tends to classify speakers of a language into “native” and “non-native” categories. The Simple English Wikipedia (there is a kind of irony here) suggests the criteria for being classified as a “native” speaker are some combination (logical conjunction?) of the following:

  1. the speaker learnt the language in childhood,
  2. mastery of idiomatic forms of the language,
  3. comprehension of regional and social variance,
  4. fluent, spontaneous production and comprehension of discourse.

I think I can tick all four boxes, but each time with a slight caveat.

How did I learn English? My father is an English-speaking Canadian (he was born in Saskatoon and grew up mainly in Ontario), who moved to Europe in the early '60's, and learned French there, and also met my mother, who is French and whose native language is French. I have dual Canadian and French citizenship. For some reason (which they themselves are not able to adequately explain, but which is certainly related to the way society has evolved in how it considers bilingualism), my parents only spoke French to me when I was a toddler. However, when I was 8, we moved to Toronto for the 1984–1985 academic year, and I attended third grade in (the English-speaking) Cottingham public school, Summerhill, Toronto. I remember there having been some discussion as to whether I would attend a French-language school, an English-language one, or a bilingual one: I was offered the choice, and I opted for the English one, which was mere minutes' walk away from where we lived, after we had ascertained that the schoolteacher had some knowledge of French and that she was able and willing to help me learn English. (And I owe a lot to Mrs. Marr, who, indeed, made a lot of efforts getting me to speak English very quickly, and also realized that I didn't need any of the math classes she taught and let me use that time to improve my English instead. It also helped that my fellow schoolchildren were very welcoming toward the stranger that I was and readily accepted me as one of their peers. Perhaps the only time I regretted my choice of going to an English-speaking school was the very first day of class, when the teacher had forgotten that she had a French pupil in class, I realized that I understood almost nothing of what was being said or asked of us, did not dare walk up to the desk and ask, and ended up just crying on the spot. But once this slight initial trauma had passed, all went well.)

I did have some slight exposure to English before the age of 8, not only because I must have heard my father speak the language (just not at me), but also because, in preparation to the move to Toronto, my parents enrolled me in a private English class in Orsay. I guess the teacher must have been British, my memories are obviously quite vague on the subject. Anyway, I had very rudimentary knowledge of English before then[#], but I only really learned it in 1984.

[#] There was a point when — I must have been around 6 — someone asked me whether I spoke English, and, ever the logician, I answered my German is better. Which meant that I must have known two words of English and three words of German, so it was technically accurate (the best kind of accurate, they say).

Is 8 young enough to be considered childhood in the sense of the aforementioned first bullet point? Probably, but with a caveat to the effect that English is still only the second language I learned.

When I look back upon that time, it seems that my transition from “not speaking English” to “speaking English fluently” was astonishingly fast[#2]. I don't know exactly when the school year began, but I understood very little English at this point, yet by the time of Halloween, so a mere two months later, it seems I was getting along fine trick-or-treat-ing in the neighborhood.

[#2] I should mention at this point, however, that I am fully unconvinced by the theory that, in identical circumstances, children learn languages much faster and more easily than adults. I may seem to be contradicting my own evidence, but the crucial qualifier is in identical circumstances: not only do children have generally more time to devote to the learning of a new language, but also, when they make what prescriptivists would call mistakes, adults step in and correct them, or their fellow children make fun of them, and they are forced to learn quickly: this is simply not the case when adults learn a foreign language, because it is impolite for other adults to constantly interrupt and correct them (and the other adults generally have other things to do than help them learn the language). See also this video, which makes a number of good points, for various bits of evidence against the idea that kids learn languages faster than adults.

From that point on, and even after we had returned to France, I spoke English with my father, at least when my mother wasn't around. I also read a lot in English, both fiction and non-fiction, and learned a lot of vocabulary by reading.

But there are two issues with learning new vocabulary through books. One is that, since English has essentially no relation between the written and spoken form, I often didn't know how to pronounce the words I learned and generally didn't bother to check in a dictionary (and my guesses were occasionally wildly wrong: for example, for a long time I thought genuine was pronounced /ɡəˈnaɪn/ instead of /ˈdʒɛnjuˌɪn/). Another issue is that I only learned whichever words were likely to come up in the books I read: since there was a lot of heroic fantasy, I learned a lot of quaint or obsolete words, sometimes with a faux medieval flavor (Tolkien's The Lord of the Ring and its second-rate epigones use some deliberately archaic manners of speech, whence I learned nouns like liege, conjunctions like lest, adverbs like hither and so on). But only few of the “normal, everyday” words which most native speakers learn in the course of their daily lives beyond third grade level: to this day I'm still not comfortable with the names of kitchen utensils in English (and as for the names of trees and various categories of animals, in my mind they are lumped in big categories like, well, tree). To give a random example, I learned the very common word bollard only very recently. Similarly, since I didn't attend high school or university in an English-speaking country, I'm unfamiliar with many of the terms specific to this context beyond the basic ones like test, grade and homework (which I guess are common to elementary school anyway).

Films are probably better than books in this regard: for one, they don't just teach you words, they also teach you how to pronounce them (spelling is rarely the issue, and subtitles can be used when it is); and for another, the language used tends to be more idiomatic than that found in print. But before DVD's came long, it wasn't so easy to watch movies in their original language, and even once DVD's existed, original language subtitles were rarely available.

Learning English after French, I've also had a number of difficulties with “false friends”. Not so much in cases where cognate/analogous French and English words have completely different meanings (deception vs. déception, for example, or injury vs. injure), as these are noticeable enough that one inevitably ends up learning them, but rather in the far more numerous cases where the two words do indeed have a similar meaning but with a slightly different nuance or connotation, which can cause subtle and hard-to-detect misunderstandings (to demand vs. demander). Perhaps even more delicate is the wealth of French words which sound like they exist in English, which do exist in English (because English, you know, is a hoarder and has all the words), which do have the same essential meaning as in French, but are exceedingly rare or sound very pedantic: so even if I'm careful and look up the word in a dictionary, the dictionary will tell me that, yes, the word exists, then I go ahead and use it and it sounds weird to English speakers because, who says that? (there are probably much better examples than this, but remuneration has essentially the same meaning as rémunération in French, but the latter is fairly common whereas the former is about ten times rarer if I believe Google Ngrams; the same is true for ludic versus ludique: apparently ludic is so rare in English that someone on Reddit thought it was a typo).

So we move to point number 2, mastery of idiomatic forms. Well, my English is fairly idiosyncratic… but so is my French! There is a lot of English that got its way into my French, and there are imports from mathematical terminology, from computer terms and geeks' jargon, from memes and private jokes, and so on; I also like to deliberately jump from one level of formality to another, sometimes within the same sentence, just to break expectations about formality; generally speaking, my French is a bizarre mix of everything I can get my hands on, and in a state of permanent redesign. And the same holds true for my English. Sometimes I'm being unidiomatic because I'm not sure what the most common way of phrasing something might be: but often I'm deliberately using an unidiomatic turn of phrase because I like it, because it appeals to my sense of logic or creativity, or simply to piss off grammar nazis. Because no matter how well or how little I speak a language, I always like playing with it. For example, if English has the word insofar, you bet I'm going to feel free to use the analogous question inhowfar (= to what extent), not caring if it's an unidiomatic calque of the German inwiefern (in the same way as insofern corresponds to insofar): I love that German word and there's no way I'm not importing it into my English. Similarly, you bet that if hitherto exists in a temporal sense, you can bet I'm also going to use thitherto and whitherto (or from hencefrom: thencefrom and whencefrom). You get the picture. Anyway, reading this entry will give a broad idea of how I express myself in English.

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(vendredi)

Et maintenant, un peu de chouinage

J'ai commencé à écrire une entrée de maths sur la topologie sans points (la théorie des cadres(?) et locales), je me suis rendu compte pour la 696729600e fois que ce que je pensais pouvoir expédier en peu de lignes s'étend sur un nombre totalement invraisemblable de pages, je commence à trouver le sujet d'autant plus fastidieux que je traîne à écrire ce texte, et je m'énerve sur le fait que je ne finis jamais ce que je commence.

Et là, je me rends compte que je ne finis jamais ce que je commence est peut-être un avertissement que j'aurais dû prendre au sérieux avant de me mettre à prendre des cours de moto. C'est parti pour du chouinage de ma part à ce sujet, donc : si vous n'aimez pas les chouineurs, allez voir ailleurs (mais si vous n'aimez pas les chouineurs, qu'est-ce que vous foutez à lire mon blog, aussi ? allez plutôt sur YouTube, c'est un site de winneurs et d'influenceurs, ça, YouTube, — les blogs c'est ringard et c'est fini).

Où est-ce que j'en étais ? Ah oui, j'ai loupé mon permis parce que je suis nul, mais ça vous le saviez déjà. Je pourrais renvoyer à cette entrée déjà écrite et dire multipliez tout par dix, mais je n'aurais pas le plaisir de chouiner, alors il faut que je tourne les choses différemment.

L'information nouvelle (enfin, pas tellement nouvelle, je m'en doutais, mais j'en ai confirmation), c'est que c'est extraordinairement long de le repasser. Au moins en été. Parce que c'est en été que :

  • le plus de gens se disent qu'ils vont passer le permis moto (ben oui, c'est l'été, il fait beau, il faut en profiter, et ils peuvent prendre quelques jours de congés pour ça, et peut-être en prendre aussi après pour en profiter une fois qu'ils auront le permis et la moto),
  • les moniteurs d'auto-école et les inspecteurs du permis de conduire sont le moins disponibles parce que, surprise, eux aussi prennent des vacances.

Je sentais bien le coup venir et c'est pour ça que moi je m'étais inscrit en octobre. En pensant que j'aurais fini à temps pour l'été. C'est à peu près aussi con que quand je promets d'écrire une entrée de blog sur les octonions en février 2012 alors que j'arrive péniblement à en publier la première partie trois ans plus tard. Soyons réalistes : j'ai pris six ans pour faire ma thèse, j'aurais plutôt dû me demander si j'aurais ce permis avant ma retraite ou avant ma mort (ou avant l'épuisement de mes finances), pas penser que je pourrais l'avoir avant l'été.

Bon mais là l'essentiel du délai ne dépend plus de moi. Il y a trois pipelines à traverser :

  • s'inscrire à de nouvelles leçons (parce que l'auto-école, bien sûr, ne représentera pas un candidat s'il n'a pas pris de nouvelles leçons, même si on ne m'a pas donné un minimum à ce sujet),
  • convaincre les moniteurs qu'on est prêt à être envoyé une nouvelle fois à l'examen,
  • avoir une date d'examen.

Le premier et le troisième sont complètement saturés, le deuxième est incompréhensible. Factuellement, j'ai loupé mon permis le , le moniteur a refusé de me laisser m'inscrire à de nouvelles heures de conduite tant que je n'avais pas la confirmation officielle de cet échec, ce qui nous amène le , et à cette date-là, même en disant que j'étais disponible n'importe quand, la première leçon que je pouvais placer était ce matin, , donc compter trois semaines complètes pour le premier pipeline. Ne sachant pas quoi penser des deux suivants, j'ai placé trois séances de conduite : voulant ce matin en ajouter une, le délai était passé à 24 jours. Concernant le troisième pipeline, l'auto-école a un planning d'examen (sous forme de petites fiches bristol insérées dans un support mural), et il est déjà complètement plein pour le mois de juillet (j'ai cru compter dix journées prévues, avec pour chacune dix « slots » — sachant qu'une présentation plateau coûte un « slot » et une présentation circu en coûte deux) ; un moniteur a dit qu'il demanderait des créneaux supplémentaires en juillet, mais je suppose que toutes les auto-écoles en réclament et que la Sécurité routière ne multiplie pas les petits pains : comptons donc quatre semaines au bas mot pour ce troisième pipeline. Le deuxième est incompréhensible, donc je n'en sais rien (initialement ils m'ont fait attendre environ deux mois avant de me considérer comme prêt à passer l'examen ; j'ose espérer qu'on ne va pas me faire prendre une nouvelle fois autant de leçons, mais franchement, l'évaluation du niveau d'un élève est un signal très bruité et on m'a clairement dit priorité aux premières présentation pour l'examen).

Je précise que je ne raconte tout ça pas uniquement pour le plaisir de chouiner, mais aussi parce que c'est une information que j'aurais bien voulu trouver en ligne, le temps qu'il faut en pratique pour une nouvelle présentation du permis, et c'était vraiment impossible d'avoir le moindre renseignement dans ce sens, alors je fais ma petite mission de renseigner le Grand Oracle Omniscient Gardien du Livre de l'Entendement.

Bref, je suppose que je dois me considérer comme chanceux si j'ai une date dans la première quinzaine d'août. (J'aurais vraiment voulu passer avant mon anniversaire, tant pis.) Et je vais être encore plus stressé la deuxième fois en me disant que si je rate à nouveau j'en ai pour un temps invraisemblable (et qu'il y a une réforme du permis qui vient qui le rendra encore beaucoup plus dur, et qui saturera encore plus les délais de passage, etc., etc.).

Il y a, donc, une partie de moi qui me crie que je n'aurai jamais ce permis et que je suis con de m'obstiner. Que je suis victime d'une sorte de scam. Vous savez, le type d'arnaques (il en existe quantité de variantes) qu'on peut trouver, par exemple, dans une fête foraine[#] : on vous propose de faire un truc qui a l'air facile, mais qui est en fait impossiblement difficile ; ou, de façon plus astucieuse, peut-être que le premier niveau est faisable, ou il y a quelque chose qui vous donne l'illusion d'un progrès, vous persuadant ainsi de mettre toujours plus d'argent pour gagner un lot qui, plus vous mettez d'argent dedans, plus il vous semblera désirable (sophisme de l'escalade d'engagement) et moins vous aurez envie d'arrêter (sophisme des coûts irrécupérables).

[#] À ce sujet, j'avais bien aimé cette vidéo décrivant certains jeux typiques de fêtes foraines et combien ils s'apparentent à des arnaques.

Alors non, je ne pense pas sérieusement que je sois en train de me faire arnaquer au sens où il y aurait quelqu'un de malicieux dans l'histoire (la seule partie possiblement suspecte d'être malicieuse serait l'auto-école mais je ne veux pas me couper sur le rasoir d'Hanlon). Mais je peux être en train de m'auto-arnaquer, en quelque sorte, dans la poursuite d'un but inatteignable (pour moi), et qui semblerait d'autant plus désirable que les efforts mis à l'atteindre augmentent.

J'avais écrit la chose suivante :

Le piège dans lequel je suis tombé en commençant à apprendre à faire de la moto, en fait, c'est que j'ai découvert que j'aimais ça (alors qu'au début c'était un peu juste une expérience pour voir), et que du coup, maintenant j'ai envie d'en faire, et pour ça, il faut que je le passe, ce permis. (En comparaison, pour la voiture, j'ai juste eu confirmation du fait que je n'aimais pas, donc il est sans doute logique que le stress ait été moins important.) D'ailleurs, plus le temps passe et plus je trouve pénible de conduire une voiture, et c'est le contraire pour une moto.

— Mais peut-être que le fait que ça me plaise est, en fait, une rétro-justification de l'investissement que j'ai mis dedans. Ça mérite au moins qu'on se pose la question : pourquoi Sisyphe s'obstine-t-il à pousser son rocher, au juste ? pourquoi ne dit-il pas juste f*ck this! pour partir voir ailleurs si Zeus n'y est pas (ou, s'il ne peut pas partir, au moins rester au pied de son rocher à bouder et à refuser de le pousser). Il paraît qu'il faut imaginer Sisyphe heureux : est-ce que la raison de ce bonheur est la fierté qu'on peut ressentir devant l'obstination absurde consistant à répéter inlassablement la même tentative en se disant je refuse d'abandonner ! (et je ne peux quand même pas abandonner maintenant, après autant d'efforts) ? La question mérite au moins d'être posée.

Bref, je refuse d'abandonner, mais je ne suis pas sûr que ce soit très malin de ma part.

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(jeudi)

Quelques formes de ma mémoire

Méta : Je recopie ici, parce que je pense que ça peut intéresser des lecteurs de mon blog, une introspection que j'ai écrite pour un forum de discussion d'anciens normaliens, au sujet des formes de ma mémoire (j'ai un petit peu remanié le texte au passage, mais il peut rester des traces du fait que je l'ai écrit dans un contexte différent) : c'est du racontage de vie personnel, mais il serait intéressant de mettre ça en regard d'études neurologiques précises, sujet sur lequel, malheureusement, je ne sais essentiellement rien.

Je me suis longtemps dit que, pour ce qui est de la mémoire, j'étais très « auditif » et pas du tout « visuel », essentiellement sur la base du fait que quand j'apprends un texte par cœur (et je ne suis pas mauvais pour ça, ma mémoire est pleine de citations assez longues d'extraits de livres, de discours, de poésies ou de paroles de chansons que j'ai appris presque sans y faire attention), j'entends plutôt une voix la prononcer que je ne l'imagine écrit. Mais quand je dis une voix, c'est une voix assez abstraite, qui n'a pas de caractéristiques vocales bien définies (pas de timbre, pas de texture, pas vraiment de ton). En fait, je pense aussi que ma mémoire auditive recoupe assez ma mémoire procédurale et que dans une certaine mesure je m'imagine plutôt en train de prononcer le texte qu'en train de l'entendre — mais ce n'est pas clair non plus.

Un autre signe que je suis « auditif », c'est que j'ai appris par cœur, quand j'étais petit, cinquante décimales de π, ce qui n'est pas très intéressant (et encore moins un exploit), mais ce qui est intéressant, c'est que je les ai apprises en français et par groupes de cinq. C'est une petite chanson dans ma tête : et je suis incapable de les réciter en anglais (ça demanderait de traduire au vol la petite chanson, or elle passe trop vite) ; et le fait que je les ai retenues par blocs de cinq signifie que je ne me tromperai jamais au sein d'un bloc mais que je risque d'omettre complètement un bloc ou de faire une autre erreur de ce genre entre les blocs. (En anglais, je connais seulement cinq décimales de π. En revanche, je connais mes tables de multiplication en anglais et je pense que, au contraire des décimales de π, elles ne sont pas mémorisées de façon uniquement « auditive ».)

En fait, ça fonctionne pareil pour la poésie en général : chaque vers (ou peut-être chaque hémistiche d'un alexandrin) est, dans ma tête, une unité atomique, je ne vais pas faire d'erreur au sein d'un vers[#], en revanche quand la poésie est vieille et que je commence à l'oublier, le type d'erreur que je vais faire c'est de ne plus me rappeler quel vers vient après lequel (et il m'arrive de restituer un poème avec les bons vers mais permutés de façon plus ou moins grave[#2]). Je pense que la manière dont j'ai retenu mes décimales de π est très semblable à une poésie[#3] dont les vers seraient des groupes de cinq chiffres prononcés en français.

[#] Le rythme du vers est très important pour la mémoire (même si je suis bien sûr capable de retenir de la prose), et particulièrement le tadada-tadada tadada-tadada des alexandrins : je suis toujours fasciné et irrité à la fois quand des gens déclament des alexandrins en massacrant leur rythme (notamment quand ils omettent des ‘e’ prononcés /ə/ ou ne font pas les synérèses ou diérèses demandées par la métrique) : irrité par le fait que ça casse la musique que j'ai besoin d'entendre, mais aussi fasciné par le fait qu'ils mémorisent le vers sans cette petite musique.

[#2] Pour donner un exemple concret, il y a un poème des Trophées de Heredia, Soir de bataille, qui se termine par ces deux tercets : C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches, / Rouge du flux vermeil de ses blessures fraîches, / Sous la pourpre flottante et l'airain rutilant, // Au fracas des buccins qui sonnaient leur fanfare, / Superbe, maîtrisant son cheval qui s'effare, / Sur le ciel enflammé, l'Imperator sanglant. Tant qu'on garde le premier et le dernier vers, on peut faire n'importe quelle permutation des quatre autres, et je ne sais jamais laquelle est la bonne (sauf éventuellement à réfléchir à la structure des vers dans les tercets des sonnets classiques, et encore, il reste plusieurs possibilités).

[#3] On ne peut pas, ici, ne pas évoquer un quatrain mnémotechnique à ce sujet : Que j'aime à faire apprendre un nombre utile aux sages ! / Immortel Archimède, artiste ingénieur, / Qui de ton jugement peut priser la valeur ? / Pour moi, ton problème eut de pareils avantages. (compter le nombre de lettres de chaque mot pour obtenir les quelques premières décimales de π). J'aimerais bien savoir quelle est l'origine de ce poème, parce que c'est assez fort, comme exercice oulipien, d'avoir construit un quatrain vaguement sensé, en alexandrins irréprochables, aux rimes impeccables, et dont le nombre de lettres des mots donne les premières décimales de π. Ici on a une proposition de variation+suite, mais la versification laisse à désirer (il y a des alexandrins dont la césure manque, des rimes qui sont pour moitié singulières et pour moitié plurielles, etc.).

Parlant de poésie, je suis encore capable de réciter un passage assez long de l'introduction du poème de Pouchkine, Le Cavalier de bronze (Медный всадник), en russe. Et ce qui est amusant, là, c'est que j'ai oublié le sens de pas mal de mots (je sais quel est le sens global, mais plus toujours ce que tel ou tel terme, ou telle ou telle expression signifie exactement). Autrement dit, la mémoire (auditive ou procédurale) du son des mots a subsisté plus longtemps que la mémoire de leur sens.

[Cf. aussi cette vieille entrée, que j'avais complètement oubliée — c'est ironique pour une entrée sur la mémoire — et qui recoupe largement ces quelques derniers paragraphes.]

Je me suis longtemps dit que j'avais une mémoire visuelle toute pourrie parce que je n'arrive pas à former des images très précises dans ma tête, ou alors elles sont dénuées de détails et ça demande beaucoup d'efforts pour en ajouter. (Ce n'est pas de l'aphantasie, mais les images que j'ai dans la tête ne correspondent pas vraiment à quelque chose que je verrais : elles sont pour ainsi dire très pâles en comparaison ; ce sont plutôt des esquisses dans lesquelles je code plus ou moins les détails que je veux retenir, mais de façon plus figurée que vraiment visualisée.) D'un autre côté j'ai un plutôt bon sens de l'orientation et je n'ai pas spécialement de problèmes d'orthographe. Et mon cerveau est parfaitement capable de former des images, parce que quand je rêve, c'est surtout en images, et pour le coup, elles sont assez précises (et même si elles disparaissent rapidement après que je me suis réveillé, avant qu'elles le fassent elles sont peut-être plus vivaces que des souvenirs réels).

Quand j'apprends une nouvelle langue, je me rends compte qu'il faut un certain temps pour que les nouveaux phonèmes que cette langue comporte prennent une place dans ma mémoire. Autrement dit, dans un premier temps j'apprends à prononcer le son, puis j'apprends à le distinguer à l'oreille de sons qui ressemblent, et c'est seulement ensuite, après encore assez longtemps, que j'arrive à distinguer dans ma mémoire ces différents sons. Par exemple, quand j'ai appris un peu d'arabe, même une fois que j'avais appris à distinguer à l'oreille le ‘t’ « normal » (non pharyngalisé, /t/, ت) et le ‘t’ pharyngalisé (/tˤ/, ط), ils restaient fusionnés dans ma mémoire, et je sentais bien que les mots étaient retenus comme deux informations séparées, une prononciation réduite d'une part (où ces deux sons sont mémorisés comme des ‘t’) et une information additionnelle me disant que tel ou tel ‘t’ du mot était ou non pharyngalisé ; et ce n'est qu'en gros quand j'ai arrêté d'étudier l'arabe que je commençais tout juste à retenir ces informations en bloc et à ne plus considérer mentalement les deux consonnes comme deux variations d'une même lettre (ce que, du point de vue de l'arabe, elles ne sont pas du tout). Mon expérience des tons du chinois a été vaguement analogue (si ce n'est que mes tentatives se sont arrêtées encore plus tôt). Du coup, ceci remet en doute l'idée que ma mémoire soit véritablement « auditive », ou en tout cas, si elle l'est, ça montre qu'il y a une belle couche de compression qu'il n'est pas évident de recâbler.

Parlant du chinois, là où je me suis rendu compte que j'étais vraiment mauvais, c'est pour retenir la forme des caractères (en même temps, je n'ai pas fait énormément d'efforts, me disant par principe que je serais mauvais pour ça et que j'en ferais le strict minimum, apprenant surtout le chinois via le pinyin). Déjà pour apprendre les syllabaires japonais, qui ne sont pas très gros, j'ai eu énormément de mal dès qu'il y avait des caractères vaguement ressemblants ( et et par exemple, ou et  ; et pour les katakanas c'est pire) et je les ai oubliés à une vitesse folle.

[Cf. aussi ce que j'écrivais ici, qui recoupe largement ces deux derniers paragraphes, avec plus de détails.]

Je me suis longtemps dit que j'étais très mauvais en reconnaissance des visages. (Je sais que quand je regarde un film, ça m'arrive souvent de me demander : hum, est-ce que ce personnage est celui qu'on a déjà vu ou est-ce que c'est un autre ?) Mais en fait ça doit être plus compliqué que ça, parce que, par exemple, à l'occasion de je ne sais plus quel sommet européen où le poussinet et moi regardions la télé qui diffusait des images des chefs d'état et de gouvernement et autres responsables d'institutions en train de se saluer, j'étais capable d'identifier beaucoup de gens (en tout cas nettement plus que le poussinet). Il m'arrive aussi assez souvent de croiser quelqu'un dans la rue et de me dire hum, mais je connais cette personne, qui est-ce donc ? et de passer un certain temps à me gratter la tête avant d'abandonner ou de conclure que c'est un serveur dans tel restaurant où je vais de temps en temps, ou un caissier dans le supermarché que je fréquente, ou quelque chose comme ça : je ne sais pas si c'est un signe que j'ai plutôt mauvaise mémoire (il me faut beaucoup de temps pour retrouver quand je vois la personne hors contexte, et parfois je n'y arrive pas du tout) ou bonne (j'arrive quand même à identifier des gens que je vois finalement assez rarement). Mais à côté de ça, si on me demande si un collègue que je fréquente tous les jours porte des lunettes, ou quelle est la couleur de ses cheveux, je vais être incapable de répondre. On dirait que mon cerveau stocke juste un haché du visage, à partir duquel il est impossible d'extraire des informations précises.

J'ai une mémoire du même genre pour les odeurs. J'ai plusieurs fois fait des tests où on fait sentir un parfum classique (du style vanille, poivre, clou de girofle, coriandre, ce genre de choses) dans une bouteille sans marquage et on demande d'identifier ce que c'est : je ne suis pas trop mauvais, mais quand j'y arrive je me rends compte que c'est plus ou moins en parcourant une longue liste de trucs vaguement plausibles et à chaque fois en essayant de matcher : ma mémoire ne fait pas vraiment l'association parfum↦nom mais plutôt (parfum,nom)↦vrai-ou-faux, et c'est vaguement pareil pour les visages. Si j'essaie d'imaginer, là, comme ça, le parfum de la vanille ou de la cannelle, j'ai une cheap plastic imitation, qui sont effectivement différentes l'une de l'autre, mais c'est à peu près tout.

Pour la musique, je suis peut-être meilleur. Quand j'ai un air qui me trotte dans la tête et que j'essaie de l'identifier, ce qui arrive souvent, j'arrive généralement à le siffler ou à le transcrire à la flûte : la transcription n'est pas terrible, mon sens du rythme est tout pourri, c'est embarrassant, mais pas au point que l'air soit impossible à reconnaître. Exemple concret avec un air que j'ai transcrit comme ceci et qui était en fait ceci ; et finalement ça m'est revenu ce que c'était alors que ça faisait longtemps que je ne l'avais pas écouté, le concerto pour piano de Schumann.

Enfin, il y a un type de mémoire qu'il ne faut pas omettre de mentionner, c'est la mémoire procédurale. Je n'ai jamais fait de piano, par exemple (je sais où sont les touches et je sais lire une partition, mais vraiment pas assez vite pour « jouer », et certainement pas quand il faut jouer plus qu'une note à la fois), mais il y a quand même des petits morceaux simples que j'ai mémorisés de façon purement mécanique. Et ce qui est amusant avec la mémoire procédurale, c'est que c'est des successions d'actions qui ne doivent surtout pas être interrompues : en tout cas pour moi, si je m'interromps pour me demander où est-ce que j'en étais, au juste ?, c'est foutu. Et j'ai un peu ça avec les vers des poésies (cf. ci-dessus) : si je commence à trop réfléchir je vais me planter dans l'enchaînement des vers. Mais je me rends compte aussi en apprenant à conduire [cf. par exemple ce que j'écrivais ici] qu'il y a toutes sortes de niveaux d'automatismes auxquels on peut « apprendre » quelque chose procéduralement, donc la mémoire procédurale a toutes sortes de subdivisions que je suis loin de bien comprendre.

Bref, C'est Compliqué®.

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(lundi)

Petite autobiographie gaie

J'avais commencé à écrire cette entrée vers septembre–octobre 2017, pour me changer les idées à l'occasion d'une période de stress particulier (liée, entre autres, à mes cours de conduite — à l'époque, de voiture, donc), et je l'ai un peu remaniée quelques fois depuis, mais je ne l'avais jamais publiée. Comme quelqu'un a fait un commentaire sur la dernière entrée me demandant si je m'étais déjà pris des râteaux (le pape est-il catholique ?), et c'est vrai que la comparaison est intéressante, cela vaut peut-être la peine de la ressortir, quitte à la finir et relire en vitesse. Forcément, cette écriture en plusieurs phases doit laisser des traces, le style est un peu incohérent, et peut-être même que les faits le sont (toute histoire est une réinterprétation, qui sait combien ma mémoire a trahi la vérité).

Je vais parler un peu de moi, donc, et en l'occurrence, de mon rapport à mon orientation sexuelle : si vous n'aimez pas le racontage de vie, passez votre chemin. (Si vous aimez, je note que j'avais déjà écrit ici une petite autobiographie sur mon rapport à l'informatique.)

Ajout : voir cette entrée ultérieure pour un documentaire fort intéressant qui rassemble divers témoignages.

1. Collège et lycée

J'essaie de me rappeler à quel moment précis j'ai pris conscience que j'étais attiré par les garçons, mais sans grand succès. Ça devait être en 1989 ou 1990, vers la classe de quatrième, soit quand j'avais treize ans. Plus exactement, ce que je me rappelle nettement, c'est mon premier béguin. (Je vais utiliser le terme béguin, même s'il ne me plaît pas trop, pour un amour à sens unique, non réciproque, ce qu'on anglais on peut rendre par crush ou infatuation ; l'idée est de réserver autant que possible le terme amour pour quelque chose qui se construit à deux.) Béguin qui est resté complètement secret, évidemment. Sébastien H.[#1.1] était un garçon de ma classe (nous étions aussi parmi les rares à faire russe en LV2), sportif, gentil, plutôt « populaire ».

Surtout, il était de ceux qui ne me regardaient pas trop comme un OVNI. Je ne veux pas donner l'impression que j'ai été harcelé au collège ou au lycée : pas du tout, globalement l'ambiance était très bonne, je n'ai pas subi de moqueries[#1.2] ou d'autres méchancetés ; et j'avais de bons amis ; mais le geek atypique très-bon-élève-sauf-en-sport que j'étais était vite catalogué comme légèrement surdoué/cinglé (j'ai la faiblesse de croire que les deux sont faux) et certains m'évitaient ou, en tout cas, n'auraient pas voulu m'inclure dans leurs cercles de fréquentations. Sébastien, lui, était plutôt protecteur à mon égard : en cours de sport (où j'étais franchement nul, donc), il m'encourageait ; si au handball nous étions dans la même équipe, il pouvait me passer la balle alors que la plupart des autres cherchaient surtout à éviter ça sachant que je risquais de la perdre ou de faire une faute avec.

Mais aussi, il devait correspondre à une certaine image que j'avais de la virilité. J'ai déjà raconté ici que je n'ai jamais su clairement distinguer le désir que je peux éprouver pour un homme (l'envie-d'avoir, disons, l'envie de coucher avec) et l'envie que me fait son corps (l'envie-d'être, je veux dire, l'envie de lui ressembler, voire d'être à sa place, dans sa peau) : si bien que les garçons qui m'attirent physiquement[#1.3] sont, généralement parlant, ceux à qui je voudrais ressembler et vice versa. (Et dans les deux cas, mes goûts sont assez éclectiques et passablement incohérents.)

Je n'arrive pas à me rappeler ce que je pensais de mon propre corps. Quand je regarde les peu nombreuses photos de moi entre la puberté (exemple ici en classe de troisième) et, disons, la fin de ma prépa, je me trouve très moche ; mais bon, je ne suis vraiment pas attiré par les garçons de 14 ans, c'est forcément un peu difficile de juger avant autant de recul. Ce qui est sûr, c'est que le type de garçons qui m'attiraient au collège et au lycée, le type de garçons à qui je rêvais de ressembler, ou dont je rêvais d'être dans la peau[#1.4] quand je me masturbais, étaient différents de mon physique réel.

Bref, je dois reconnaître que je ne comprends pas vraiment l'ado que j'ai été. Ou plutôt, l'ado qui a maintenant disparu et dont j'ai hérité de souvenirs (cf. ici) sans avoir toutes les clés pour les déchiffrer.

Pourquoi, par exemple, est-ce que j'ai persisté à être mauvais en sports (c'est-à-dire, à m'autopersuader que je l'étais) plutôt que de comprendre que le sport pouvait être une façon à la fois de regarder des jolis garçons et d'améliorer mon propre physique ? Je n'en sais rien. J'avais dû m'enfermer dans le rôle du geek forcément mauvais en sport et qui faisait semblant de ne pas s'intéresser au physique des gens avec toute la facilité avec laquelle on laisse ce genre de mensonges nous coller à la peau.

Je me souviens pourtant qu'un moment précis où ce Sébastien m'a « tapé dans l'œil » était pendant un cours de sport où il s'est mis à faire des pompes pour crâner en exhibant ses bras musclés — je ne sais pas s'il a eu l'attention de qui que ce soit d'autre, mais il a certainement eu la mienne.

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(mercredi)

Débriefing d'un échec au permis moto

J'écris cette entrée pour me défouler. Mes réactions spontanées quand je suis furieux contre moi-même après un échec sont variées mais toutes contre-productives : me recroqueviller dans mon coin pour bouder que le monde est vraiment trop zinjuste, répéter avec acharnement la chose qui a échoué [lorsque ça a un sens] comme si le monde devait finir par me donner raison, tout abandonner, m'auto-flageller en me traitant de dernier des nuls, voire, chercher à me faire du mal pour me punir, ou au contraire faire comme si rien ne s'était passé et que je n'avais jamais voulu essayer de faire la chose sur laquelle j'ai échoué — ou parfois tout ça successivement dans un ordre varié, voire, simultanément. (Je suppose qu'il y a une correspondance avec les étapes du modèle Kübler-Ross.) Je ne suis pas, ce soir, d'humeur, à essayer de faire mieux qu'une combinaison de ces réactions idiotes, mais écrire une entrée dans mon blog a au moins une vertu cathartique. Avant ça, je suis allé faire un tour à la salle de muscu pour calmer mes nerfs : mauvaise idée, parce que, à jouer au bourrin pour passer ma colère, je ne suis pas passé loin de me faire une nouvelle blessure qui n'aurait certainement pas arrangé mes affaires, ni mon humeur. Au moins, à ranter sur mon blog, je ne risque pas de me faire trop mal, juste de passer pour un guignol mais pour ça the train has long left the station. Mon moniteur, lui, m'a conseillé de me bourrer la gueule [sic], mais je ne bois pas, alors à défaut de rant d'ivrogne je vais faire un rant de sobre. (Le but secondaire est que, en écrivant jusqu'à 4h du matin, je serai assez fatigué pour arriver à dormir malgré l'énervement.)

Bref, on aura compris que je me suis loupé en beauté en passant mon permis. J'aurai les résultats officiellement vendredi matin, mais à moins que l'inspecteur se soit trompé et ait appuyé sur le mauvais bouton sur la tablette, il n'y a aucun doute que je suis recalé. Pour faire bref, j'ai perdu tous mes moyens : j'ai fait une faute éliminatoire, essentiellement un refus de priorité, immédiatement en sortant du centre d'examen (et quand je dis immédiatement en sortant, c'est à 65m de la grille), et ensuite les autres erreurs se sont accumulées.

[Bilan d'échec du permis de conduire]Mise à jour () : L'inspecteur m'a mis la note E (éliminatoire) dans la catégorie appliquer la règlementation et 2 dans toutes les autres catégories (plus 2 points au détail, pour un total de 16/27, mais peu importe). Le commentaire est : Refus de priorité à droite entraînant un danger immédiat. Risque de collision. (je suppose que c'est un texte standardisé).

Pourquoi ? Je ne sais pas. C'est d'autant plus irritant que mes trois dernières leçons s'étaient extrêmement bien passées, mes moniteurs n'avaient essentiellement rien à me reprocher, et pareil pour le chemin jusqu'au centre d'examen (il faut bien que des élèves conduisent les motos à Gennevilliers, et je me suis porté volontaire), qui était pourtant sacrément plus problématique que le petit parcours que l'inspecteur m'a fait faire.

Le stress a dû jouer, je suppose. Ça faisait une semaine que je stressais à l'idée de passer ce permis à tel point que j'en dormais très mal, et les deux derniers jours j'en avais aussi l'estomac complètement noué. Comme je le disais à propos du stress dans l'entrée que j'avais écrite après mon passage du permis B il y a un an et demi, ce stress n'est pas évident à expliquer. Après tout, si on gagne quelque chose en réussissant l'examen du permis (à savoir, le droit de conduire), on ne perd rien en le ratant (sauf des frais de présentation qui, franchement, ne sont pas mon souci) ; mais en fait, cet argument est bidon : le stress à l'idée qu'on pourrait ne pas gagner quelque chose est aussi fort que celui qu'on pourrait perdre quelque chose.

J'ai déjà dû l'écrire, mais le piège dans lequel je suis tombé en commençant à apprendre à faire de la moto, en fait, c'est que j'ai découvert que j'aimais ça (alors qu'au début c'était un peu juste une expérience pour voir), et que du coup, maintenant j'ai envie d'en faire, et pour ça, il faut que je le passe, ce permis. (En comparaison, pour la voiture, j'ai juste eu confirmation du fait que je n'aimais pas, donc il est sans doute logique que le stress ait été moins important.) D'ailleurs, plus le temps passe et plus je trouve pénible de conduire une voiture[#0], et c'est le contraire pour une moto.

[#0] Et je commence à me dire que j'ai trouvé mon permis B dans une pochette surprise, parce que non seulement je préfère mais je pense aussi que je conduis objectivement mieux une moto qu'une voiture (mes trajectoires sont plus précises, ma maîtrise de l'embrayage et du passage des vitesses est incomparablement meilleure, je suis beaucoup plus alerte et attentif à ce qu'il y a derrière…). Une moto étant aussi objectivement plus dangereuse pour son conducteur, il est sans doute normal qu'on en demande plus, mais le fait est que j'aurais commis les mêmes fautes au permis B et sans doute encore d'autres.

Le truc avec le stress, c'est qu'il sera forcément bien pire la fois suivante.

Bon, et en fait il y a vraiment des choses qu'on perd. On perd l'argent qu'on va mettre pour prendre les leçons pour aller quand même jusqu'au bout (au nombre astronomique d'heures où j'en suis je préfère ne vraiment pas réfléchir à combien tout ça m'a coûté). Mais aussi le temps que ça va prendre de le repasser, et je crois comprendre[#] que les auto-écoles traînent particulièrement les pieds pour les nouvelles présentations après un échec parce qu'elles ont très peu de places pour ça (et donc on perd quelque chose après un échec au permis, c'est le droit à être considéré comme « première présentation » du point de vue de l'attribution des places aux auto-écoles). Et accessoirement, on perd la face à avoir échoué à un examen qui a 92% de réussite et que personne ne rate jamais (vous connaissez quelqu'un qui a échoué au permis moto ? non, c'est normal, ça n'arrive jamais). Et à devoir expliquer à tout le monde comment on a pu se planter à une priorité à droite. Bon, tout ça ce ne sont pas forcément des motifs de stress a priori, mais des motifs de colère a posteriori certainement.

[#] Je crois comprendre, parce que, comme personne ne rate ce permis, personne ne parle non plus de ce qui se passe quand on le rate ou des délais pour le repasser. Un point Google-fu en chocolat à celui qui arrivera à trouver un témoignage raisonnablement récent de quelqu'un ayant passé le permis A2, ayant échoué, et qui raconte combien de temps il a dû attendre ensuite pour le représenter : moi, en tout cas, je n'ai rien trouvé de la sorte.

Alors voilà, pour en dire un peu plus sur le fond : nous étions trois candidats de l'auto-école à la circulation ce jour-ci. Nous sommes donc partis à cinq (les trois candidats, le moniteur-accompagnateur et l'inspecteur, un candidat sur la moto à tour de rôle et les autres dans la voiture avec le moniteur qui conduisait et l'inspecteur qui guidait) sur un trajet en boucle, dont j'ai fait la première partie. Le parcours qu'on m'a fait faire est celui-ci, de Gennevilliers à Argenteuil. (Je prends la peine de le mettre en ligne parce que ça m'agace à quel point il est difficile de trouver des exemples de vrais parcours suivis lors des épreuves de circulation du permis : les candidats ne font jamais l'effort de retracer précisément le leur.) Florilège d'erreurs, donc :

  • Juste en sortant du centre d'examen, j'arrive à cette intersection ; j'arrive par le sud, c'est-à-dire par la gauche de cette photo Google Street View, et j'ai pour consigne de tourner vers la gauche, c'est-à-dire vers l'ouest, c'est-à-dire vers le fond de la photo : d'autres voitures arrivent en face (du nord, donc de la droite de la photo) et elles veulent elles aussi tourner à gauche. Notons que le carrefour est « à l'indonésienne » sur la voie principale (est-ouest) : moi et les voitures en question sommes transverses à cette voie, donc nous devons nous tourner autour. (Je me rends compte que les descriptifs des carrefours à l'indonésienne omettent toujours de parler de ce qui se passe quand on vient de la direction transverse.) Je me suis, correctement mis sur la voie la plus à droite (i.e., la plus au nord de l'axe est-ouest, à droite sur la photo et orienté vers le fond), mais ensuite, j'ai trop avancé. (Les deux rues nord-sud ne sont pas coaxiales, ce qui peut expliquer mon erreur.) Je n'ai pas obligé de voiture à s'arrêter, mais je pense qu'elles ont dû modifier leur trajectoire pour passer plus à droite (pour elles). L'inspecteur m'a dit dans l'oreillette : Monsieur, je vous rappelle que quand vous tournez à gauche vous devez céder le passage aux véhicules arrivant en face, ce qui signifie, en fait, vous venez de faire un refus de priorité, c'est éliminatoire. Mais sauf problème de sécurité grave, l'épreuve doit être menée à son terme même en cas de faute éliminatoire.
  • Deux fautes moins graves mais néanmoins significatives immédiatement après. D'abord, l'inspecteur me donne la consigne de suivre Gennevilliers, et quand j'arrive ici, je vois le panneau annonçant Gennevilliers avec une flèche vers la gauche et je mets un clignotant à gauche ; mais en fait, le panneau est pour l'intersection suivante (pour l'endroit même, il aurait été en forme de flèche) ; j'ai coupé mon clignotant, mais c'est une faute de mettre un clignotant à tort. Ensuite, ici je devais prendre à gauche (pour Gennevilliers, donc) et je me suis placé sur la voie tout à gauche plutôt que la voie la plus à droite parmi celles qui autorisent à aller à gauche : ça aussi c'est considéré comme une faute.
  • Ensuite j'ai pris l'autoroute, je crois que je n'ai pas fait de faute particulière à cette occasion. J'ai commencé à faire un dépassement mais je n'ai pas eu le temps avant la sortie et j'y ai renoncé, mais ça ce n'est pas considéré comme une faute.
  • En sortant de l'autoroute (l'inspecteur m'avait demandé de suivre Enghien-les-Bains), j'ai mis mon clignotant à droite pour sortir (ici), puis je l'ai laissé pour une sortie dans la sortie (ici), et j'ai dû le couper environ ici une fois que j'étais sur la voie de droite. Mais en fait, arrivant ici, j'aurais dû laisser, ou remettre, mon clignotant droit, parce que je rejoins l'axe principal en tournant à droite : l'inspecteur m'a dit n'hésitez pas à signaler votre direction, et c'est encore une faute.
  • Ensuite, ici, je me suis arrêté, et sans doute un peu brutalement, pour un piéton, alors qu'il avait un feu piéton rouge (le piéton n'a d'ailleurs pas traversé). Comme le passage piéton était assez loin derrière mon propre feu vert et que ce dernier n'avait pas de passage piéton à son niveau, je n'avais pas fait le lien. (Bizarrement, là, l'inspecteur n'a pas fait de commentaire.)
  • Après un petit tour où je crois ne pas avoir fait de faute, l'inspecteur m'a fait revenir par ici : c'est une priorité à droite, donc je suis prioritaire sur les voitures arrivant de la gauche, mais je me suis arrêté sans m'imposer jusqu'à ce qu'il y ait un trou dans la circulation venant de gauche. (En fait, là je peux faire un reproche à nos moniteurs : ils attirent beaucoup notre attention sur les priorités à droite dans la situation « je circule sur un axe important et il y a une petite rue sur la droite dont il faut se méfier parce qu'elle est prioritaire » mais ne nous ont essentiellement jamais mis dans la situation où on vient, justement, de cette petite rue et où il faut se rappeler qu'on est prioritaire dans un sens et oser s'imposer — en vérifiant qu'on peut le faire et qu'on est bien vu — sur les voitures venant de la gauche.) Là non plus, l'inspecteur n'a pas fait de remarque.
  • Et l'humiliation finale : j'étais arrêté à ce feu, l'inspecteur me dit de tourner à droite à l'intersection, et je mets mon clignotant à droite sans prendre garde au fait qu'il y avait un sens interdit. Bon, là, l'inspecteur n'avait pas le droit de me faire ce coup : les textes sont clairs sur le fait qu'on ne doit pas demander au candidat quelque chose d'interdit (on peut lui demander tourner à droite dès que possible, par exemple, mais pas tournez à droite à l'intersection si c'est interdit) ; je pense que c'était une erreur de direction de sa part, et de fait, rapidement après il a dit continuez tout droit (j'ai coupé mon clignotant et en fait c'était à l'intersection suivante qu'il s'agissait de tourner), mais que ce soit une erreur de l'inspecteur ou une façon (interdite) de me tester, le candidat qui est prêt à tourner dans un sens interdit n'incite pas à la clémence pour ses fautes précédentes.

Je pense que l'inspecteur a décidé d'arrêter les frais et a mis terme à ma partie de l'épreuve plus tôt que prévu : je n'ai pas noté exactement quand j'étais parti, mais ça devait être environ 13h45, et j'ai fini à 14h00 alors que l'épreuve est censée durer 25min de conduite effective, et, de fait, les autres candidats après moi m'ont semblé circuler plus longtemps. (J'étais trop occupé à pleurer dans mon coin pour noter le trajet qu'ils ont fait, c'est bête ; mais je sais qu'on est partis en direction du Plessis-Bouchard et de Saint-Leu-la-Forêt et revenus à la fin par l'A15 et le port de Gennevilliers.)

Une fois de plus, je ne comprends pas la mauvaise réputation qu'ont les inspecteurs du permis de conduire. Celui auquel j'ai eu affaire aujourd'hui (et c'est la troisième personne de cette profession que je vois, donc) était d'un professionnalisme irréprochable (sauf si la consigne de tourner à droite sur un sens interdit était volontairement donnée pour me piéger) ; en tout cas, il a bien respecté la consigne officielle de rester parfaitement neutre dans sa façon de s'adresser aux candidats.

Quant à mon moniteur, il a pour principe de ne pas émettre d'avis sur les examens auxquels il assiste, pour ne pas donner de fausse bonne ou mauvaise nouvelle. Je peux comprendre ça. Ce qui m'agace plus, c'est qu'il pousse le principe à refuser que je m'inscrive à des nouvelles heures de conduite jusqu'à ce que j'aie le résultat officiel de l'examen d'aujourd'hui. (Et j'ai eu beau lui dire que je voulais bien m'engager à faire et à payer ces leçons même dans le cas où je serais inexplicablement reçu, il n'en a pas démordu.)

Bon, au moins ça me laisse l'occasion de me poser la question de savoir si je veux continuer dans cette auto-école ou essayer d'en trouver une autre. (Je n'ai pas spécialement à me plaindre de mon auto-école — les moniteurs me semblent plutôt bons, les motos sont neuves, et elle a l'avantage d'être au bout de ma rue — mais elle est un peu victime de son succès, et du coup les disponibilités pour les cours ou les examens sont toujours problématiques.) Si quelqu'un a des conseils à cet égard, je suis preneur.

PS / Ajout : Pour répondre indirectement à une remarque qu'on m'a faite, bien sûr que je ne suis pas le premier à rater un permis ; c'est déjà plus compliqué d'en trouver qui se font éliminer au bout de 65m ; mais réussir cet exploit après 112 heures de formation, ça demande un degré de nullité sans doute assez concurrentiel.

Mise à jour : J'ai quand même fini par l'avoir.

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(jeudi)

Mai s'en va — et je vais déménager

J'ai failli ne pas écrire du tout d'entrée dans ce blog pour le mois de mai, et en profiter pour tester à cette occasion si mon moteur de blog ne bugguait pas dans cette circonstance. (Je pense que si, en fait : rien de grave, mais il y aurait probablement à certains endroits un lien vers une page inexistante.) L'occasion de placer un jeu de mot nul sur le nom de la Première ministre britannique.

Une partie de cette inactivité bloguesque est due à un effet psychologique dont je tombe régulièrement victime : je commence à écrire une entrée sur un sujet qui m'intéresse (c'est-à-dire, plus exactement, qui m'intéresse au moment où je la commence), l'écriture de cette entrée prend (comme toujours !) beaucoup plus de temps que prévu, je me rends compte que le sujet m'intéresse de moins en moins à mesure que le temps passe, mais en même temps je n'ai pas envie de tout abandonner ou mettre de côté sine die, du coup je procrastine, l'écriture de cette entrée avance de plus en plus lentement et prend de plus en plus de temps pour des additions de plus en plus minuscules, surtout que je dois régulièrement tout relire pour me rappeler où j'en suis, et le comportement asymptotique n'est pas clair. (En l'occurrence, c'est une entrée sur les emojis et les smileys, et j'en suis à me demander mais pourquoi ai-je commencé à écrire ça ? ce que je raconte n'a aucun intérêt, en fait. Bon, je pense que je vais quand même la publier après celle-ci, quoique peut-être pas en mai.)

Mais je peux aussi prétexter que j'ai été pris par plein d'autres choses (ne serait-ce que par plein de choses que j'avais mises de côté pendant que j'avais des cours à enseigner et qui, finalement, me prennent à peu près autant de temps que si j'avais ces cours).

Le poussinet et moi allons déménager — mais sans changer d'adresse. C'est-à-dire que nous restons dans le même immeuble, nous allons juste monter de deux étages : un de nos voisins vend son appartement, qui fait 90m² (contre 40m² pour celui que nous occupons actuellement et dont je suis propriétaire depuis 1998), et nous venons de signer la promesse de vente (enfin, pour ce qui nous concerne, d'achat). J'aurai certainement l'occasion d'en reparler, mais c'est assurément une décision lourde et stressante à prendre, même s'il y a peu de doute que ce soit la bonne. Nous sommes vraiment à l'étroit dans notre appartement actuel, dont j'avais déjà bien occupé l'espace avant que le poussinet s'y installe aussi, et il est impossible, par exemple, d'y inviter des amis à manger ; en outre, cet appartement est sombre.

Cela faisait longtemps que nous envisagions vaguement de bouger, mais nous ne voulions pas quitter le quartier (de la Butte aux Cailles), et par ailleurs j'étais terrifié à l'idée d'acheter ailleurs et de découvrir que les voisins dans l'immeuble sont bruyants (chose qu'il est quasi impossible de savoir à l'avance juste en visitant). Nous nous étions déjà plusieurs fois dit que l'idéal serait de racheter dans le même immeuble, que nous connaissons bien, dont nous savons que la copropriété fonctionne bien et que les habitants sont tranquilles et l'isolation phonique plutôt bonne : je disais même que c'était le meilleur immeuble du monde à mes yeux, — parce que je ne veux pas vivre ailleurs que Paris, que la Butte aux Cailles est un quartier exceptionnel par ses restaurants et commerces mais aussi la proximité d'un centre commercial extrêmement pratique, et aussi son accès fort commode à l'autoroute A6, et que nous sommes dans la seule rue sur la Butte aux Cailles qui soit vraiment tranquille mais quand même bien située pour rejoindre le métro (et le centre commercial), et que notre immeuble est incontestablement le meilleur immeuble de la rue, — donc, le meilleur immeuble de la meilleure rue du meilleur quartier de la meilleure ville du monde (et tous ceux qui ne sont pas d'accord ont droit à leur opinion mais ils ont tort). 😁

D'un autre côté, ça reste une décision vraiment lourde : je passe des heures à réfléchir pour dépenser 500€ et il s'agit, là, que chacun de nous mette presque mille fois plus, en n'ayant quasiment pas le temps de réfléchir parce que dans l'immobilier il faut sauter sur les offres avant qu'elles s'envolent, surtout dans le meilleur immeuble du monde. Je ne vais pas m'attarder sur l'aspect financier (rappelons quand même que les prix parisiens sont tellement cinglés qu'un appartement y coûte, presque partout, plus cher que sa surface intégralement tapissée de billets de 100€, et dans certains endroits, autant que l'équivalent en billets de 200€). Mais même au-delà de l'aspect financier, et même pour rester dans le même immeuble, déménager reste une opération assez lourde, en tout cas pour quelqu'un comme moi qui suis à la fois extrêmement casanier et aux antipodes du mode de vie minimaliste. Déjà les formalités immobilières elles-même sont un cauchemar pour le paperassophobe que je suis : elles me font penser à ces jeux d'aventure sur ordinateur où votre but est d'accomplir une tâche pour laquelle il vous faut réunir trois objets magiques (du genre : le Livre de la Vérité, le Cierge de l'Amour et la Cloche du Courage), et pour chacun de ces objets il faut accomplir une sous-quête qui demande elle-même de rassembler d'autres objets, et ainsi de suite à tel point qu'on se demande si cela termine un jour. (Pour accomplir la quête « prêt immobilier », vous devez accomplir la sous-quête « transfert de votre compte vers la banque en question » et la sous-sous-quête « rendez-vous avec un conseiller bancaire », et rassembler les objets suivants : promesse de vente, deux évaluations immobilières du bien actuel, liste de tous vos comptes ouverts avec cinq derniers relevés de chacun, trois derniers bulletins de salaire, etc. — pour obtenir l'objet « promesse de vente », vous devez d'abord, etc., etc.) Bon, je ne vais pas plus m'étendre là-dessus parce que c'est invraisemblablement chiant, mais, voilà, c'est invraisemblablement chiant. Et je suis sûr que le déménagement le sera aussi, avec ses autres sous-quêtes comme « persuader EDF de migrer l'abonnement d'une adresse à la même adresse » ou « persuader Orange de rouvrir la ligne téléphonique traditionnelle sur fil de cuivre qui a certainement été fermée pour mettre la fibre » (cette épreuve-là, à mon avis, elle est tout simplement impossible).

Et puis, comme on n'a rien sans rien, on va perdre le jardin avec les gentils pioupious et les gentilles nabeilles. (Jardin qui est juste un champ de ronces, certes, mais c'est joli, en fait, les fleurs de Rubus fruticosus, les Apis mellifera aiment ça ; et nous avons la visite de divers Passer domesticus et d'occasionnels Parus major, et il y a un couple de Columba palumbus et peut-être un autre de Turdus merula qui ont fait leur nid dans les Thuja occidentalis(?).) Les agents immobiliers, d'ailleurs, s'extasient en voyant notre jardin, même si au final ils ont du mal à nous dire combien il vaut sur le marché (c'est « atypique »).

Je n'ai toujours pas passé mon permis moto (j'en suis à 21h de leçon en circulation), mais il y a un progrès, c'est que j'ai maintenant une date pour le passer (et un lieu : ce sera à Gennevilliers, le même endroit où j'ai déjà passé le plateau). Comme il est évident pour quiconque comprend la psychologie du David Madore, la veille du jour où l'auto-école m'a appelé pour me proposer cette date, je me plaignais sans arrêt que je suis hyper prêt à le passer, ce permis, il est vraiment temps qu'on me présente, et c'est abusé de me faire traîner autant ; et juste après le coup de fil, je me suis dit : aaah, mais je ne suis pas prêt du tout ! (et de me mettre à regarder frénétiquement à quoi ressemblent les environs de Gennevilliers sur Google Street View ; tiens, à votre avis, qu'est-ce que c'est que ces bandes blanches transverses à la chaussée, là ? des faux ralentisseurs ?).

Il faut dire que les moniteurs sont doués pour nous mettre la pression (pour une épreuve dont je rappelle qu'elle a eu un taux de réussite de 91% en 2017 au niveau national…), en nous racontant toutes sortes d'erreurs que leurs élèves passées ont faites ou toutes sortes de méchancetés des inspecteurs, en affirmant que leur taux de réussite est moins bon en circulation qu'au plateau (affirmation qui, je le répète, me semble assez suspecte) ; ou, dernièrement, en nous expliquant que, en prévision de la réforme du permis qui doit intervenir début 2020, les inspecteurs ont reçu la consigne officielle de préparer le terrain en étant désormais beaucoup plus sévères sur l'épreuve de circulation : là non plus, je ne sais pas si je dois croire ce genre de choses. Enfin, on nous a mis en garde que, si nous échouions, les délais pour une nouvelle présentation étaient très longs parce que les centres d'examen sont débordés (et qu'on privilégie les premiers passages). Je ne sais pas si c'est un bon calcul de stresser les candidats comme ça (d'un autre côté, ils disent quand même qu'ils ne présentent que des élèves dont ils sont sûrs qu'ils sont prêts). Mais pour ne pas en ajouter au niveau stress, je n'en dis pas plus sur ma date de passage (comme ça, si j'échoue, je pourrai passer quelques jours à bouder dans mon coin sans qu'on me demande sans arrêt alors, ce permis, tu l'as eu ?).

Mise à jour : alors, je ne l'ai pas eu. • Plus tard : j'ai fini par l'avoir.

Sinon, toujours au rayon « hum, est-ce que je vais être à la hauteur, moi ? », je vais, pour la première fois, co-encadrer, avec un collègue et ami, la thèse d'un doctorant — du moins si nous arrivons ensemble à remplir les sous-quêtes administratives pour obtenir une allocation et faire l'inscription en doctorat. Je n'en dis pas plus sur le sujet, ni sur l'identité de l'étudiant ou de l'autre encadrant, au moins tant que ce n'est pas officiellement public (le but de ce blog est de raconter ma vie mais je préfère être prudent quand il s'agit de parler de celle des autres). Si je m'inquiète de savoir si je serai apte, c'est parce que je sais que j'ai souvent du mal à évaluer correctement à la fois l'intérêt et la difficulté d'une question de recherche en maths ; mais c'est aussi parce que j'ai moi-même eu un directeur de thèse hors de pair, non seulement par sa culture mathématique riche et profonde mais aussi par la patience dont il a fait preuve avec le thésard procrastinateur et pas toujours très fiable que j'étais : inévitablement, je me demande si je suis à même de continuer sa filiation académique (cf. ici).

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(samedi)

Quelques nouvelles en vrac (chronologie et géographie)

Je peux commencer cette entrée en recopiant presque verbatim quelques passages de celle-ci que j'écrivais il y a à peine plus d'un an :

J'ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog que je préférais éviter d'écrire des billets dont le seul contenu est essentiellement de dire je suis toujours vivant (et je n'ai rien d'autre à dire), mais comme cela fait vraiment longtemps que je n'ai rien écrit, je vais quand même faire une exception et signaler que je suis toujours vivant (et je n'ai pas décidé de mettre un terme à ce blog, ni quoi que ce soit de ce genre). Je suis juste encore plus débordé que d'habitude.

Le truc avec le temps c'est qu'il se fragmente mal : on peut facilement se retrouver avec plein de petits bouts de temps libre, mais ces petits bouts sont inutilisables parce que chacun est trop court pour faire quelque chose de productif.

(Et comme quelqu'un me signalait en commentaire de cette entrée-là, il y a des activités qui ne prennent que la moitié de votre temps — à savoir une minute sur deux. J'aime beaucoup la comparaison.)

Le fait que ça arrive à la même période de l'année n'est pas un hasard : je donne des cours à Télécom ParisPloum en première année et en deuxième année, et comme les années sont gérées de façon complètement indépendantes, ces cours ont lieu sur des périodes qui se chevauchent : mes cours en première année touchent à leur fin mais ceux en deuxième année ont déjà commencé. Or à la fin d'un cours il peut y avoir un sujet de contrôle à préparer, et des copies à corriger ; et au début d'un cours il faut réfléchir à la manière de l'organiser[#], chose qu'on aurait dû faire longtemps avant mais pour laquelle on s'y prend évidemment toujours à la dernière minute (je ne prétends pas que ce ne soit pas de ma faute, donc). Et ce n'est pas comme si les autres choses chronophages cessaient pour autant[#2].

[#] Surtout quand, comme c'est le cas de mon cours de géométrie algébrique, enfin, de courbes algébriques, on se demande chaque année comment diable présenter quelque chose de rigoureux mais néanmoins digeste pour des étudiants en école d'ingénieurs qui ne savent pas grand-chose en algèbre (et notamment pas ce qu'est un produit tensoriel) ; par exemple, ni cette approche ni celle-ci n'a été une bonne idée.

[#2] À titre d'exemple, je racontais dans cette entrée que j'avais demandé par erreur ma mutation du régime fonctionnaire au régime général de la Sécurité sociale : j'espérais avoir attrapé l'erreur à temps en envoyant immédiatement une lettre à la CPAM pour les prier d'ignorer cette demande de mutation, mais évidemment, ça n'a pas été le cas, et trois mois plus tard je reçois une lettre de la CPAM me souhaitant la bienvenue chez eux et une lettre de la MGEN m'informant qu'ils se dessaississent de mon cas, donc j'ai de nouveau dû perdre du temps à constituer un dossier à joindre à une nouvelle lettre pour essayer de rétablir la situation.

Écrire une entrée de blog me demande non seulement du temps, mais aussi du temps sous forme contiguë : à chaque fois que je travaille une entrée et que je ne la finis pas, l'agacement de devoir faire des changements de contexte mentaux pour m'y mettre fait que ma motivation à la travailler diminue d'autant — et c'est souvent à cause de ça que des choses que je commence peuvent s'embourber dans les marais de l'inachèvement permanent. J'ai en tête (enfin, en matière de tête, plutôt un fichier memepool.txt) toutes sortes de choses dont je pourrais parler et dont je voudrais parler, mais il est sacrément plus facile d'ajouter des choses à la liste que de les en évacuer : si je commence à écrire une introduction au topos effectif, par exemple (ce qui fait partie des choses dont j'aimerais dire un mot), je sais très bien que mon intention d'écrire un texte court va être un nouvel échec critique… (Ceci dit, je dois avouer que l'entrée précédente sur la logique linéaire a été un chouïa moins interminable que je ne le craignais.)

Twitter est, à cet égard, à double tranchant : d'un côté, il est très difficile d'arriver à commencer un tweet et de ne pas trouver le moyen de le finir (ça m'est quand même arrivé — si, si). De l'autre, en me fournissant un exutoire pour tout ce qui peut se dire en peu de mots, il nourrit ma tendance malheureuse — et dont je n'arrive pas à me défaire — à considérer que je ne peux/dois/sais écrire dans mon blog que des textes longs[#3].

[#3] Prétérition : supposons que je veuille signaler le fait — dont je ne me suis rendu compte que récemment — qu'on peut étiqueter de façon élégamment symétrique les dix points et les dix droites de la configuration de Desargues (c'est-à-dire les dix points et dix droites qui interviennent dans l'énoncé du théorème de Desargues) par les 10 choix de deux éléments parmi {1,2,3,4,5} (un point étant situé sur une droite lorsque les ensembles de cardinal 2 qui les étiquettent sont disjoints). Si je raconte ça sur Twitter, je vais arriver à être succinct et m'en tirer en quelques tweets. Si je raconte ça sur mon blog, je vais me sentir inexplicablement obligé de faire un brain dump de toutes sortes de choses inutiles sur le théorème de Desargues, par exemple qu'il n'est pas valable dans le plan projectif octonionique, ou qu'il est une conséquence du théorème de Pappus mais que le contraire n'est pas vrai ; puis je vais parler des configurations (n3) puisque Desargues fournit un (10₃) et Pappus un (9₃) je vais commencer à dire qu'il y a un (8₃) essentiellement unique mais pas sur n'importe quel corps et un (7₃) idem, puis je vais digresser sur Cremona-Richmond qui est un magnifique (15₃), et là j'en viendrai à parler des droites sur la surface cubique ; et si j'en viens à évoquer le très joli texte de Cremona de 1877 (Teoremi stereometrici dai quagli si deducono le proprietà dell'esagrammo di Pascal, Reale Accademia dei Lincei) dans lequel il explique comment déduire le théorème de l'hexagone de Pascal, qui est une généralisation de celui de Pappus, de la considération judicieuse d'une surface cubique avec un point double ordinaire de type (A₁), et que les 60 points de Kirkman de l'hexagramme mystique forment 6 configurations de Desargues (une par pentade sur les six points de l'hexagone) et comment il faut les étiqueter, je n'en aurai jamais fini ! Rien qu'en écrivant cette prétérition j'en ai dit plus que ce que je pensais, alors imaginez si j'écrivais vraiment une entrée sur le sujet…

Entre autres activités chronophages, j'en suis toujours à essayer d'apprendre à manier une moto. (Peut-être que si j'avais su que ç'allait être aussi long, je n'aurais pas essayé de passer le permis A2, mais maintenant qu'il commence, à force de progrès logarithmiques, à devenir plausible que je puisse éventuellement à terme pouvoir envisager d'imaginer le présenter, autant aller jusqu'au bout.) L'an dernier, donc, j'étais un peu dans le même cas s'agissant d'apprendre à conduire une voiture : ça va bientôt faire un an que j'aurai passé le permis B — j'ai l'impression que ça fait une éternité.

Je me disais justement l'autre jour que le fait d'avoir passé le permis m'a au moins fait progresser sur une chose, c'est ma connaissance de la géographie de l'Île-de-France. Parce que, avant, en bon Parisien-qui-n'a-même-pas-le-permis, mon savoir en la matière s'arrêtait très distinctement au boulevard périphérique : mon poussinet et moi passions nos week-ends à nous promener dans Paris et n'allions que très exceptionnellement nous aventurer dans les contrées barbares qui s'étendent au-delà du pomerium. Bon, comme j'ai grandi à Orsay, je savais quand même situer les communes de la vallée de Chevreuse, mais c'est à peu près tout. Maintenant que le poussinet s'est acheté une voiture et que nous sommes passés résolument dans le club des vilains pollueurs (enfin, le week-end), nos terrains de balade se sont beaucoup élargis et j'ai une idée nettement plus précise de comment s'agencent les communes et les routes de ma région natale.

Il y a un sentiment que j'aime beaucoup (et qui mériterait peut-être à figurer dans le le Dictionary of Obscure Sorrows), c'est le petit déclic mental qui se produit quand je réussis enfin à correctement situer géographiquement un endroit que je connais, par exemple un endroit où je suis souvent allé quand j'étais petit, ou encore quand je me rends compte que tel endroit que je connaissais est à côté de tel autre et que je ne m'en étais pas rendu compte (voir aussi la note #6 ci-dessous). C'est un déclic de clarté un peu semblable à celui que j'aime tellement quand j'ai la réponse à une énigme ou à un problème de maths qui me plaît. Or il y a quantité d'endroits en Île-de-France où je suis passé quand j'étais petit, des trajets que j'ai faits en voiture[#4] avec mes parents, peut-être même à de nombreuses reprises, et que je ne pouvais absolument pas situer, et c'est une grande satisfaction pour moi de pouvoir enfin les situer correctement sur une carte, ou d'aller mettre les pieds à un endroit que je n'avais vu qu'en passant en voiture[#5].

[#4] Quand on va d'Orsay à Paris en voiture, outre qu'il y a principalement deux trajets possibles (via la N118 pour atteindre le pont de Sèvres et l'ouest de Paris ou via la A10+A6 pour rejoindre le sud), il y a aussi toutes sortes d'endroits où il faut faire des choix, c'est-à-dire se placer sur la bonne voie, même si certains de ces choix sont sans importance (par exemple, il y a deux branches de la A6, la A6a et la A6b, mais il y a en fait toutes sortes de moyens de passer de l'une à l'autre). J'avais plus ou moins inconsciemment mémorisé ces choix, mais je comprends enfin maintenant où mènent les différentes branches possibles à chaque endroit, et aussi à quoi ressemblent les endroits que la voie rapide traverse. • TODO : écrire quelque chose sur l'interconnexion entre la A86 et la A6, qui n'est que partielle, et ce qu'il faut faire pour chaque combinaison possible entre une direction d'où on vient et une direction où on veut aller.

[#5] À titre d'exemple, je suis passé plein de fois à cet endroit en voiture avec mes parents (quand nous allions depuis Orsay rendre visite à des amis qui habitaient Sèvres) : à gauche, Bièvres et la vallée du même nom, à droite, la forêt de Verrières. Il y a trois semaines, le poussinet et moi sommes allés nous promener dans la forêt de Verrières, et j'ai pu regarder ce même endroit depuis un autre point de vue — c'était presque une épiphanie géographique.

À cet égard, je regrette, quand j'ai préparé le permis lui-même, de ne pas avoir fait plus attention aux endroits par où je passais pendant les leçons (j'aurais pu, par exemple, mettre mon téléphone en mode enregistrement GPS pour garder trace des trajets). Au début, nous allions le plus souvent au cimetière de Chevilly-Larue, j'ai pu reconstituer de mémoire les trajets aller et retour typiques[#6], et encore, avec quelques hésitations ; j'ai pu retrouver quelques autres endroits qui m'avaient marqué, par exemple ici où il faut penser à clignoter à gauche puisqu'on ne peut pas continuer tout droit (en fait, j'ai beaucoup circulé à l'Haÿ-les-Roses), mais il y a aussi plein d'autres endroits où je suis passé pendant mes leçons de conduite, dont j'ai gardé une mémoire visuelle mais que je ne sais plus replacer sur la carte.

[#6] Même sur ce tout petit trajet, j'ai eu l'occasion, en le reconstituant sur Google Maps, de faire une petite découverte géographique : l'endroit où le trajet aller et le trajet retour se croisent n'est pas, en fait, un vrai croisement, il y a un pont à Arcueil où nous passions au-dessus à l'aller et en-dessous au retour, et je n'avais pas du tout fait le lien entre ces « deux » endroits.

Quand je préparerai l'épreuve de circulation du permis moto (enfin, espérons que ça finisse par arriver !), j'essaierai de penser à enregistrer les trajets par GPS.

Pour revenir à la géographie francilienne, mon poussinet et moi avons entrepris de faire le tour des forêts, histoire de changer un peu des parcs et jardins plus aménagés :

Forêt de Fontainebleau (du côté de la Croix du Calvaire)
Forêt de Meudon
Forêt de Montmorency
Forêt de Compiègne (du côté du belvédère des Beaux Monts) (d'accord, techniquement, ce n'est pas en Île-de-France)
Forêt de Sénart
Domaine et forêt de Marly
Forêt de Saint-Germain-en-Laye
Forêt de Montmorency
Forêt de Rambouillet (du côté des étangs de Hollande)
Forêt des Fausses Reposes
Forêt de Verrières
Forêt de Meudon
Haute Vallée de Chevreuse (du côté de Port-Royal-des-Champs)
Forêt de Fontainebleau (du côté du Mont d'Ussy)
Haute Vallée de Chevreuse (abbaye des Vaux-de-Cernay)
Forêt de la Malmaison

Suite : Voir cette entrée ultérieure pour les visites de forêts ultérieures.

Comme je le disais dans cette entrée passée après avoir visité les forêts de Marly et Louveciennes, j'ai tendance à penser une forêt c'est une forêt, et en Île-de-France elles doivent toutes se ressembler (ou sinon, être aussi variées d'un point à l'autre de la même forêt qu'entre deux forêts de la région), mais en fait non, il y a vraiment des différences, même si je n'arrive pas bien à mettre le doigt dessus, dans les essences représentées (je suis complètement nul en botanique donc je ne saurai pas être plus précis), dans la densité d'arbres, dans le relief, dans le type de sol, etc. — j'aurais pu ajouter : dans le fait que la forêt soit exploitée ou non et dans les coupes qui y ont été faites (et qui jouent sur l'âge des arbres). La forêt de Fontainebleau ne ressemble vraiment pas aux autres dans ma liste ; à l'inverse, il faut admettre que les forêts de Meudon, des Fausses Reposes, de Verrières et de la Malmaison se ressemblent beaucoup, c'est normal, elles sont très proches géographiquement, mais même là il y a des différences ; ceci étant, je les confonds déjà un peu dans ma tête donc je ne pourrais pas faire un petit guide (ça doit aussi dépendre des endroits que nous avons visités, et, de façon cruciale, de la saison où nous sommes passés puisque évidemment on n'a pas la même impression d'une forêt en mai, en octobre ou en février).

Quant à l'abbaye des Vaux-de-Cernay, je mentionne qu'on peut y prendre le brunch dans la salle capitulaire : c'est cher, mais pour un bon repas dans le cadre exceptionnel, je trouve que ça vaut le coup. (Quelques photos ici sur Twitter.)

Sinon, dans un genre nettement moins bucolique que Cernay, la semaine dernière, le poussinet et moi sommes allés jeter un coup d'œil (de l'extérieur !) au poste de transformation électrique de Villejust, sans doute un des plus gros de France (voire d'Europe ?) : il s'agit d'un des postes de transformation de la boucle ceinturant Paris à 400kV (et soutenant une seconde ceinture à 225kV plus proche de la capitale) : si on a comme moi une certaine fascination pour l'électricité de puissance, c'est assez impressionnant à voir — que ce soient les rangées d'isolateurs dans le poste lui-même ou les alignements de câbles qui y conduisent. (Quelques photos ici sur Twitter.) C'est d'ailleurs facile de localiser ce poste sur une carte ou dans la réalité : chercher où convergent un nombre faramineux de lignes à haute tension !

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(mercredi)

La « peur surnaturelle »

Quand j'étais enfant, j'étais très branché ésotérisme (c'est peut-être entre autres pour ça que, après être passé par une phase où j'écrivais de la mauvaise Heroic Fantasy, je me sens maintenant exilé hors du royaume magique). Je serais incapable de dire dans quelle mesure j'y croyais ou dans quelle mesure c'était un jeu (je crois que la seule réponse possible est oui) : mon moi-de-1986 n'est plus là pour répondre à ces questions. Toujours est-il que, à l'école primaire, mon ami Laurent et moi avons passé un temps invraisemblable à nous passionner pour des « mystères », qui étaient des observations (parfois parfaitement triviales) autour de nous que nous élevions au statut de phénomènes à expliquer et autour desquels nous bâtissions toutes sortes de théories. L'un de ces phénomènes concernait un trou au fond de la cour de récréation de notre école (oui, un bête trou dans un mur en pierres — sans doute le débouché d'une ancienne canalisation, mais peut-être que c'est le fait que j'aie été exilé hors du royaume magique qui me fait dire ça) : nous sentions se dégager de ce trou une sorte de présence maléfique qui nous inspirait la peur, une peur très particulière à laquelle j'ai donné le nom de « peur surnaturelle » (l'histoire ne dit pas si c'est la peur elle-même qui est surnaturelle ou s'il faut comprendre peur du surnaturel). Plus tard, au collège, c'est un arbre mort situé dans un jardin voisin de la cour du collège qui m'inspirait cette « peur surnaturelle » (bon, si vous voulez une idée, chercher sinister tree sur Google Images montre vaguement que les gens sont d'accord sur ce que c'est qu'une forme d'arbre sinistre).

À nouveau, je ne sais pas dans quelle mesure je prenais ça au sérieux ou si je me rendais intéressant ou si j'aimais le frisson que ces histoires me procuraient (d'un autre côté, il n'était jamais question de fantômes, de sorcières, de vampires[#00], ou de quoi que ce soit de classique ; par ailleurs, maintenant, je déteste particulièrement les films d'horreur ou les films « qui font peur »), ou simplement si j'aimais jouer à faire semblant d'y croire. Je pense que je ne savais moi-même pas bien. Mais il est intéressant qu'une des choses qui m'ait fait changer fut de tomber, dans la bibliothèque de mon collège, sur un livre sur le triangle des Bermudes, qui commençait par énumérer plein de disparitions inexpliquées qui me donnaient froid dans le dos, et finissait par expliquer qu'en fait tout ça était bidon, qu'aucune des disparitions n'avait vraiment eu lieu ou que celles qui avaient eu lieu avaient des explications tout à fait simples : le choc pour moi fut un peu celui qu'on a dans le roman Le Pendule de Foucault d'Umberto Eco (désolé, je vais devoir divulgâcher) quand Lia démonte toutes les théories du complot construites autour du manuscrit codé. Et dans la mesure où je m'intéressais à ces « mystères » pour me rendre moi-même intéressant, j'ai dû me dire que ça me rendait encore plus intéressant de jouer à démonter le surnaturel que de jouer à le colporter. Quelque chose comme ça. Il y a sans doute une morale là-dessous, mais je ne sais pas bien quoi.

[#00] Ajout : Laurent me signale en commentaire que, même si je l'avais oubliée, il y avait bien une histoire de vampire parmi nos « mystères » d'école primaire (et quelqu'un que nous soupçonnions d'en être un), et maintenant qu'il me le rappelle, effectivement, je m'en souviens. J'ai l'impression que je croyais moins sérieusement à cette histoire-là (au moins au sens où elle ne me faisait pas sérieusement peur), mais, bon, ma mémoire n'est pas du tout fiable.

Toujours est-il que, si les « mystères » qui me passionnaient étaient imaginaires, la « peur surnaturelle », elle, était bien réelle : je veux dire que je n'ai aucun doute que j'éprouvais vraiment une sensation de malaise (fût-ce pour des raisons complètement inventées) à la vue de ce trou ou de cet arbre mort ou de plusieurs autres sources que j'ai identifiées à cette « peur surnaturelle ». Ce n'est pas la sensation de peur usuelle — la peur du danger — provoquant une décharge d'adrénaline, qui donne envie de fuir et qui fait battre le cœur rapidement ; c'est encore moins la peur sociale liée à la timidité et à l'anxiété quant aux relations humaines ; c'est une peur encore différente, que je décrivais ainsi dans ce fragment littéraire (dont je me rappelle seulement maintenant l'existence en voulant écrire cette entrée) :

La porte de l'épouvante […] les peurs les plus profondes, les peurs ancestrales — la peur du noir, la peur de l'inexpliqué et de l'inexplicable —, ces monstres qu'on croit vaincus par la civilisation mais qui ne sont que mal endormis dans une cachette dans les racines de notre inconscient, attendant leur heure et ne donnant qu'un pâle reflet de leur présence dans nos pires cauchemars.

(C'est aussi un peu ce que j'avais à l'esprit en écrivant cet autre fragment.)

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(jeudi)

D'autres termes compliqués sont écrits à propos de mon épaule

Résumé des épisodes précédents : Je savais depuis longtemps que mon épaule droite était facilement sujette aux tendinites (notamment quand je fais de la musculation, mais j'avais trouvé moyen que ça ne se produise plus), mais il y a un mois et demi je me suis fait un coup brusque à cette épaule en retenant une moto qui tombait sur le côté (à l'arrêt) : très peu de douleur sur le coup, mais les trois jours suivants ont été très douloureux, surtout la nuit, et j'étais incapable de lever le bras. Un radiologue m'a diagnostiqué des calcifications aux tendons supra-épineux et sub-scapulaire et une rupture transfixiante au moins du premier ; mais une IRM pratiquée la semaine suivante a contredit la rupture des tendons, et par ailleurs les douleurs ont progressivement diminué jusqu'à revenir essentiellement au statu quo ante.

En fait, je n'ai plus mal du tout sauf quand je fais un mouvement de musculation particulier — que j'ai donc logiquement arrêté de faire. C'est d'ailleurs assez fascinant parce que deux mouvements peuvent avoir l'air complètement équivalent et apparemment ils ne le sont pas : le mouvement que je ne peux plus faire est le développé des pectoraux sur machine (en position assise, légèrement inclinée) consistant à pousser vers le haut, main en pronation (i.e., paume vers le bas) — soit à peu près ce qu'on voit sur cette page — j'ai mal en gros au niveau de l'avant de la tête de l'humérus, au retour du mouvement ; alors que l'exercice qui a l'air assez équivalent et où on pousse à peu près à niveau horizontal (le point d'articulation des barres étant au niveau du sol plutôt qu'au-dessus de la tête) ne me pose pas de problème. J'aimerais bien savoir s'il existe des manuels et/ou des modèles mathématiques précis décrivant précisément la mécanique anatomique des bras et de l'épaule pour que je puisse comprendre comment les forces s'exercent et comment les efforts se répartissent ! Parce que déjà rien que pour ce qui est de la terminologie, à la fois des médecins et celle des sportifs a l'air d'obéir à une systématique qui n'est pas du tout transparente pour moi, et qui est très mal expliquée à la fois sur Wikipédia et sur tous les livres d'anatomie sur lesquels j'ai pu mettre la main ; et pour ce qui est de la cinématique ou, pire, de la dynamique des mouvements, je n'ai pas trouvé la moindre source d'information susceptible de m'éclairer. Mais passons.

Comme mon généraliste m'avait référé vers un chirurgien orthopédiste spécialiste de l'épaule, je suis allé le voir même si ça allait mieux. Je lui ai apporté, donc, des radios, des échographies et une IRM, et il m'a essentiellement dit c'est bien, mais on ne voit pas grand-chose là-dessus : allez passer un arthroscanner et revenez me voir (ça fera 80€ s'il vous plaît)

J'exagère, il m'a quand même fait faire quelques mouvements pour voir ce qui me faisait mal, mais ce qui l'intéressait surtout était une petite tâche sur une radio, que le radiologue avait interprété (et que l'IRM avait plus ou moins confirmé) comme une calcification au niveau du sub-scapulaire et dont il se demandait si ça ne pouvait pas être une petite fracture de la glène (divulgâchis : non, je n'ai pas de fracture de la glène). Il m'a donc adressé à un nouveau radiologue avec la lettre suivante :

Faire arthroscanner épaule droite : fracture de glène ou calcification du sous-scapulaire ?

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(vendredi)

Finalement, je n'ai apparemment pas de tendons rompus

Je promets que ce blog ne va pas devenir celui des tendons de mon épaule droite, mais à cause du report de la série Ruxor passe le permis moto, il faut bien que je meuble le temps antenne avec un quelconque spinoff. D'autant plus que je suis en arrêt maladie cette semaine, donc je n'ai pas le droit de faire des maths ☺️ par contre j'ai le droit de raconter ma vie sur mon blog ou sur Twitter tant que je reste chez moi entre 9h et 11h (ça c'est facile, il y a un lit pour ça) et entre 14h et 16h. Et je pense qu'au-delà de mon cas personnel, ce qui suit peut être intéressant sur le plan médical, le plan méta-médical, et le plan administratif. Bref.

Résumé des épisodes précédents : Je savais depuis longtemps que je n'avais pas les épaules symétriques, et je savais aussi que je me faisais facilement mal aux tendons de l'épaule droite, notamment en faisant de la muscu, mais j'avais globalement trouvé un modus exercitandi pour gérer cette épaule. Seulement, vendredi il y a deux semaines (), je me suis fait un coup brusque à cette épaule en retenant une moto qui tombait sur le côté (à l'arrêt) : sur le coup ça ne m'a pas fait très mal, mais les trois jours suivants ont été très douloureux, surtout la nuit. Impossible de lever le bras (et en particulier, d'écrire au tableau, ce qui est très problématique pour enseigner). Mon généraliste (consulté le lundi suivant, ) m'a mis sous anti-inflammatoires et antalgiques. Petite amélioration. Jeudi de la semaine dernière (), un radiologue m'a diagnostiqué des calcifications et un ou deux tendons rompus (le supra-épineux et peut-être le sub-scapulaire), m'a expliqué que je devrais passer une IRM pour y voir plus clair et qu'il faudrait certainement une intervention chirurgicale : j'étais assez effondré à l'idée des longs mois de difficultés à dormir et d'interruption de toutes sortes d'activités que ce diagnostic me faisait présager.

Sauf qu'en fait les choses ont tourné beaucoup mieux que je ne l'espérais. J'avais encore très mal à l'épaule après le passage à la radio et l'échographie (le fait qu'on m'ait fait la placer dans toutes sortes de positions bizarres n'aidait évidemment pas, pas plus que la mauvaise nouvelle qu'on venait de m'annoncer). Mais les jours suivants, ça allait indubitablement de mieux en mieux. La douleur était encore assez sensible lundi (), quand j'ai revu mon généraliste ; celui-ci m'a dit de continuer les anti-inflammatoires et m'a adressé à un chirurgien orthopédiste pour savoir si et comment me faire opérer. Il m'a délivré un arrêt de travail pour la semaine (je vais revenir sur les complications administratives). Mais le lendemain je n'avais déjà presque plus mal : disons qu'au niveau douleur et même de mobilité générale du bras, il me semblait clair que je convergeais vers le status quo ante. Soulagement, au moins, de pouvoir dormir normalement (fût-ce seulement du côté gauche).

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(jeudi)

En fait, j'ai un ou deux tendons rompus

J'écrivais il y a quelques jours que je m'étais fait une tendinite à l'épaule droite (en essayant de rattraper une moto qui tombait — mais la cause réelle est confuse, cf. ci-dessous). En fait, ce n'est pas juste une tendinite : je viens d'apprendre que j'ai au moins un tendon rompu, si ce n'est deux.

Je suis arrivé cet après-midi plutôt confiant chez le radiologue pour la radio et l'échographie de l'épaule que mon généraliste m'avait prescrites : j'avais l'impression que ma « tendinite » était doucement en train de partir, en tout cas j'ai mieux dormi les deux dernières nuits, avec moins d'anti-inflammatoires et d'antalgiques, et il me semblait que je retrouvais un peu ma mobilité au bras droit. au point que je pourrais sans doute faire cours au tableau lundi (22) et peut-être même avoir le cours de moto qui était planifié jeudi (25).

Calcifications visibles à la radio : ça suggère des blessures au tendon, mais ça signifie aussi que ce n'est pas tout récent — donc la moto ne peut pas être la seule à blâmer. Le radiologue n'a vraiment pas l'air content en regardant les images : les dommages sont considérables, commente-t-il, tout en annotant les images avec des mots comme épanchement et rupture qui sont manifestement de mauvais augure. Finalement, il conclut : dans l'immédiat, il faut faire une IRM, et il est quasi certain qu'une opération chirurgicale sera nécesaire. D'après son rapport, j'ai une rupture du tendon supra-épineux, et peut-être aussi du sub-scapulaire (ne me demandez pas où ils sont au juste ni ce qu'ils font exactement — les images renvoyées par Google images sont épouvantablement incompréhensibles). Voici le compte-rendu complet (je ne vois pas trop de raison de ne pas le mettre en ligne) :

Indications : Scapulalgies persistantes. [Hum, ce n'est pas vraiment ce que j'ai dit, moi, mais passons.]

Radiographies de l'épaule droite de face (rotations neutre, interne et externe) et profils de Lamy et glénoïdien. Résultats : Respect des interlignes articulaires sous-acromial et omo-huméral. Calcifications fines hétérogènes sus-trochitériennes et en regard du trochin témoignant respectivement d'une tendinopathie calcifiante du supra-épineux et du sub-scapulaire. Absence de lésion osseuse focale. CSA à 38°. [CSA>35° : risque de rupture de coiffe.]

Échographie de l'épaule droite. Résultats : L'examen a été réalisé avec une sonde de 11MHz et a comporté des coupes multi-directionnelles dynamiques. • Présence d'une structure hyperéchogène, sous acromiale étendue sur près de 18×17×10mm, pouvant correspondre à une bursite calcique mais l'absence de visiblité du tendon sub-scapulaire dans sa totalité ne permet pas d'éliminer une rupture à son niveau. On visualise également une solution de continuité entre les deux cordes profonde et superficielle du supra-épineux traduisant une rupture transfixiante sans rétraction. On retrouve la présence de calcifications des fibres périphériques du supra-épineux. Petit épanchement dans le récessus postérieur. Intégrité de l'articulation acromio-claviculaire. Absence de dégénérescence graisseuse des corps charnus du supra ou de l'infra-épineux.

Dans ces conditions, on préconise une confrontation aux données IRM.

Le cabinet de radiologie a pu me trouver un rendez-vous pour une IRM la semaine prochaine (jeudi 25). Ne sachant pas trop quoi faire, j'ai pris rendez-vous chez une rhumatologue le lendemain. Je ne sais pas si ça vaut la peine que je retourne voir mon généraliste d'ici là, ni si ça a un intérêt de continuer les anti-inflammatoires. Mais me voilà avec un certain nombre de questions, d'inquiétudes ou d'angoisses :

1. Qu'est-ce qui m'est arrivé exactement ? Le radiologue a été clair sur le fait que les calcifications démontrent que le problème ne peut pas être aussi récent que vendredi (i.e., il faut croire que j'avais quelque chose aux tendons bien avant d'essayer de rattraper une moto, ou même de commencer les cours). Je savais que j'avais des problèmes occasionnels à l'épaule droite, mais quelle pouvait être leur nature exacte ? Je suppose que la rupture du tendon supra-épineux elle-même date de vendredi, mais peut-être qu'elle était partiellement amorcée avant. Mais comment expliquer que j'aie eu très peu mal sur le coup, que je ne me sois pas senti spécialement handicapé vendredi, et que la douleur et l'incapacité à soulever le bras soient venus progressivement au cours du week-end ? J'ai quand même pu conduire une moto vendredi après-midi, d'abord sur le plateau, puis sur l'autoroute : j'ai du mal à comprendre comment j'ai pu accomplir un tel exploit avec un ou deux tendons rompus ! (Ou alors ils se seraient rompus après ? Mais comment ?)

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(lundi)

Fichue tendinite

J'ai déjà raconté que je n'avais pas les épaules symétriques : alors que mon épaule gauche se place naturellement dans le plan où les livres d'anatomie disent qu'elle est censée être, mon épaule droite a toujours tendance à être avancée par rapport à ça (plus ou moins avancée selon la manière dont je tourne les bras, mais toujours au moins un peu décalée vers l'avant). Et sans doute en rapport avec ça (même si le lien de causalité exact m'échappe), (a) j'ai beaucoup moins de mobilité dans l'épaule droite, et (b) j'ai beaucoup plus facilement mal à elle. Je me suis plusieurs fois fait des tendinites à l'épaule droite en faisant de la muscu (surtout les exercices consistant à lever les bras vers le côté ou vers l'avant), jamais à la gauche, et je dois toujours veiller, sur ce genre d'exercices, à régler la charge bien en-deçà de ce que je crois être capable de porter. (Plusieurs fois je me suis dit que j'allais essayer de forcer mon épaule dans la position où elle devrait être pour faire l'exercice, mais j'ai l'impression que c'est encore pire.)

Le problème, en outre, avec les traumatismes aux tendons à l'effort, c'est que souvent ils ne préviennent pas tout de suite : on peut ne pas du tout se rendre compte qu'on a trop forcé, et le découvrir le soir même, voire le lendemain, ou même le surlendemain, lorsque la douleur s'installe. Et il faut facilement des semaines, parfois des mois, pour revenir à un semblant de normalité (en plus de ça, pendant ces semaines ou ces mois, les muscles participant secondairement à l'effort pour contrôler la position des membres ont tendance à fondre énormément, donc si on reprend au niveau où on croit en être, c'est la garantie de réactiver la tendinite : il faut recommencer très progressivement). Bref, au moindre excès, on perd des mois d'entraînement, et je dis ça alors que je fais de la muscu juste pour le plaisir, je n'ose imaginer ce que ça donne chez ceux qui s'y prennent vraiment sérieusement.

Bon, mais là je me suis fait mal à l'épaule non pas en salle de sport mais, vendredi, en retenant une moto qui allait tomber (à essentiellement 0km/h, je précise — c'est là que l'équilibre est précaire) : j'ai eu le réflexe de l'empêcher de verser à droite, et c'était une très mauvaise idée, parce que c'est beaucoup plus lourd qu'un vélo et que mon épaule droite n'a pas apprécié du tout. Alors certes je savais que la moto pouvait être dangereuse, mais je ne pensais pas du tout à ce genre de choses.

Et ce qui est insidieux, c'est que je ne m'en suis quasiment pas rendu compte sur le coup. Ça a un peu tiré, mais la douleur à ce moment-là était très modérée et elle a disparu presque immédiatement. Je suis rentré sans m'apercevoir que je m'étais fait mal. Dès que je suis arrivé chez moi je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas, parce que ma main droite était comme ankylosée ; cette impression-là n'a pas duré non plus. Mais la douleur à l'épaule a vraiment crû tout au long du week-end.

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(lundi)

La nostalgie douce-amère des petits moments de bonheur passés

Il y a certainement une place dans le merveilleusement poétique Dictionary of Obscure Sorrows pour ce dont je veux parler — en fait, il est même possible qu'il y figure déjà, ou au moins que ses proches voisins dans la géographie compliquée des émotions humaines soient répertoriées.

Chaque rentrée qui arrive, chaque été qui se finit, est pour moi l'occasion d'une forme particulière d'anxiété — parfois légère, diffuse, éthérée, presque clémente, mais toujours palpable. L'incertitude quant aux changements que l'année va apporter. L'inquiétude de me voir rappeler par le cycle des saisons que la roue du temps tourne inexorablement. Or l'appréhension de l'avenir m'amène à contempler le passé.

De ces minutes de contemplation, des souvenirs émergent spontanément, et avec eux une sensation douce-amère : la nostalgie de certains instants du bonheur passé. Le désir de les revivre, de replonger dans la fraîcheur sucrée de ces moments trop vite vécus et pas assez appréciés. Comme si je voulais dire à mon moi d'hier : savoure cette seconde ! prends conscience que tu es heureux — comme si j'étais jaloux de ne plus être à sa place, de ne pas être plus jeune d'un jour, d'une semaine, d'un mois, d'un an, ou d'un quart de siècle. L'image que recrée ma mémoire m'apaise en même temps qu'elle me moque. À la manière d'une carte postale que je me serais envoyée : ici il fait très beau – dommage que tu ne sois pas là – bisous de jadis – signé : toi-même. Est-ce que je ne pourrais pas profiter de nouveau de ce nectar-là, ô dieux du temps ?

Les cartes postales se mélangent, elles ne sont même pas triées. Je regrette déjà l'après-midi ensoleillée que j'ai passée avant-hier à Fontainebleau avec mon poussinet, ou une balade en montagne il y a quelques semaines que, sur le moment, je n'ai pas vraiment aimée. Mais je me revois aussi petit, visitant le zoo de Toronto en suivant les grosses traces de pattes colorées qu'ils utilisaient pour baliser les parcours. Je repense à toutes ces promenades dans la vallée de Chevreuse avec mon père (qui maintenant ne peut presque plus marcher) pendant lesquelles il tâchait de m'intéresser à la physique. Je me remémore des heures passées à l'ENS à refaire le monde avec des copains (avec lesquels j'ai souvent perdu le contact). Il me revient aussi tout ce temps passé, quand j'étais ado, à jouer à des jeux d'aventure sur ordinateur[#] ou à programmer moi-même le jeu Légendes avec mes copains Laurent et Philippe (qui habitent tous les deux loin). Et il y a le jour où mon poussinet est devenu mon poussinet ; et cet autre jour, pas longtemps après, où nous avons déjeuné dans l'enceinte presque féérique du Petit Palais et je l'ai présenté à ma maman et à une amie de longue date de mes parents (maintenant décédée).

Les souvenirs qui me reviennent ainsi sont pour la plupart ceux d'un beau temps. Peut-être que la pluie délave la mémoire alors que le soleil la fige à la manière d'une plaque photographique. Peut-être n'envoie-t-on de cartes postales que d'un ciel serein.

L'utilisation du mot nostalgie est peut-être douteuse. Mais la limite des sentiments n'est pas claire entre le regret des temps que j'ai vécus et ceux de temps qui m'ont seulement été contés, peut-être faussement, ou que j'ai complètement inventés. Même les années que j'ai vécues sont en partie fausses, car j'ai sans doute écarté de ma mémoire les jours tristes — pluvieux — ennuyeux ; et parce que les souvenirs que je garde peuvent avoir été déformés. À force, tout se confond : j'étais heureux quand je sauvais des demoiselles en détresse.

Je suppose qu'il faut considérer les souvenirs non pas comme des cartes postales mais comme des sortes d'œuvres d'arts antiques — telle celle le poète écrit :

Le temps passe. Tout meurt. Le marbre même s'use.
Agrigente n'est plus qu'une ombre, et Syracuse
Dort sous le bleu liceul de son ciel indulgent ;

Et seul le dur métal que l'amour fit docile
Garde encore en sa fleur, aux médailles d'argent,
L'immortelle beauté des vierges de Sicile.

— José-Maria de Heredia, Les Trophées (Médaille antique)

Je retourne donc contempler ma collection de camées.

[#] Si vous avez mon âge plus ou moins quelques années, et si ce type de nostalgie peut vous atteindre, regardez les images de cette page et de celle-ci, c'est exactement le type d'art qui va bien avec le sentiment dont je parle dans cette entrée.

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(lundi)

Exilé hors du royaume magique

J'aime beaucoup les travaux du dessinateur et bédéiste Boulet[#] parce qu'il arrive non seulement à me faire rire (ce qui n'est pas trop difficile) mais aussi à me toucher. Je range cette entrée dans la catégorie « livres » de ce blog parce que je recommande l'ensemble de ses Notes[#2], mais je viens surtout de tomber sur sa fable(?) Maudit Royaume (publiée en 2014 dans le numéro 3 du trimestriel Papier et republiée à la fin du volume 11 de ses Notes) dont voici une version en ligne. Cette histoire a beaucoup résonné en moi.

(Divulgâchis maintenant. Suivez le lien ci-dessus ou lisez ses Notes[#2] avant de continuer à lire.)

Le thème qui m'a frappé, qui est présent dans plusieurs des histoires de Boulet mais particulièrement bien illustré dans celle-ci, c'est le contraste douloureux entre le monde féerique, magique et enchanté de nos rêves et des récits fantastiques et contes qui les ont alimentés — (Je dis nous mais je ne sais pas qui nous sommes, disons que je parle au moins pour moi et certainement pas que pour moi ; j'imagine que le dessinateur doit ressentir quelque chose de proche.) — entre ce monde féérique et le monde matériel dans lequel nous vivons vraiment. Lequel n'est certes pas dénué de choses dont on peut s'émerveiller (là aussi, Boulet a pas mal dessiné à ce sujet), mais il demeure une dissonance entre les deux.

Cette dissonance est particulièrement douloureuse quand on est scientifique, parce qu'un scientifique n'a pas le droit de croire à la magie, et ça ne l'empêche pas d'y rêver. À un certain niveau, j'envie les gens qui croient au surnaturel, aux dieux ou à ce genre de choses, et qui n'ont pas une part de rationalité froide dans leur cerveau pour leur rappeler sans arrêt rêve toujours : tout ça n'existe pas — ou qui arrivent à la faire taire. Ils peuvent vivre dans un monde enchanté.

Alors bien sûr, il est quand même possible pour un scientifique de s'émerveiller, de conserver un monde enchanté au-dessus du monde réel (j'avais développé ça de façon sans doute inutilement compliquée ici), et bien sûr de rêver (soit au sens littéral, soit en consommant des romans, des bédés, des films, etc.), soit même en étant artiste et en créant (quitte à risquer de devenir fou ?). Mais même dans la fiction, la rationalité vient vous embêter : oui, alors là, en fait, c'est pas logique que l'enchanteur veuille capturer la princesse, parce que s'il a le pouvoir de…mais ta gueule, bordel de merde, rationalité obsessive !. Et pour ce qui est du monde réel, je suis, comme tout le monde, déçu quand on annonce la mise au point d'une technique d'invisibilité, que ce ne soit pas une cape comme dans Harry Potter ou un anneau magique comme celui de Bilbo mais un truc minuscule qui arrive à canaliser certaines formes de micro-ondes ; ou que quand on révèle l'existence d'eau liquide sur Mars ce ne soit pas les canaux des rêves de Schiaparelli et de Lowell mais un lac enfoui sous la glace. (Évidemment, je le sais à l'avance quand je lis les titres qui les annoncent, mais ça ne m'empêche pas d'être déçu de savoir à l'avance que je serai déçu ; et je sais rationnellement que c'est un exploit d'avoir fabriqué le truc minuscule indétectable aux micro-ondes ou d'avoir détecté l'eau liquide sous la glace, mais ça ne m'empêche pas d'être frustré.)

Et puis, comme je l'ai déjà écrit, un élémental de praséodyme, ça ne le fait pas : c'était bien mieux quand les éléments étaient quatre et s'appelaient Terre, Eau, Air et Feu.

Bref, je me sens comme exilé hors du royaume magique. C'est ce qui m'a poussé à écrire de la mauvaise littérature fantastique et qui me pousse encore à le faire de temps en temps (mais de moins en moins, parce que je deviens vieux, usé et fatigué, et de moins en moins capable de voir les éléphants dans les boas). Je sais que je radote, je l'ai déjà raconté plusieurs fois sur ce blog (ici à propos d'un de mes personnages de roman, et encore ici), et surtout, c'est le thème de cette nouvelle, qui a des idées en commun avec l'histoire de Boulet.

Je ne sais pas si le fait d'être mathématicien est, à cet égard, plus ou moins enviable que si j'étais physicien ou biologiste. Les mathématiques n'excluent pas vraiment la magie : on pourrait tout à fait imaginer un monde fantastique basé sur une description mathématique précise de la magie (là aussi je sais que je radote), ce serait quelque chose d'intéressant à élaborer[#3]. Les maths sont les mêmes dans tous les univers possibles, même ceux où la magie existe (du moins, on a tendance à le croire). Et à un certain niveau, les maths contiennent déjà de la magie (en tout cas, elles contiennent indiscutablement de la numérologie : j'ai assez parlé du pouvoir magique des nombres 696 729 600 et 244 823 040 pour ne pas insister)[#4]. Mais peut-être que cela rend les choses encore plus frustrantes : je pourrais être un mathématicien dans un monde où la magie existe et je ne le suis pas ! Dammit!

[#] Là je fais un lien vers son blog, mais en fait je ne le lis pas en ligne : j'achète ses Notes sous forme de bouts d'arbres morts. Il n'y a pas vraiment de raison (ce n'est pas comme si je ne lisais pas plein de webcomics en ligne, donc je n'ai rien contre en principe), juste qu'on m'a offert le volume 10 pour mon anniversaire il y a deux(?) ans, alors ensuite j'ai acheté et lu les 9 à 1 dans l'ordre décroissant (de numéro mais aussi, à mon avis, de qualité ← ceci est une sorte de double négation pour dire qu'il s'améliore avec le temps), et puis je me suis rendu compte tout récemment que le 11 était sorti et je viens de le finir.

[#2] (Pas cher)

[#3] J'espère toujours qu'à force de répéter cette idée, un oulipien fou va s'en emparer et m'épargner le boulot fastidieux d'être moi-même l'oulipien fou.

[#4] Ou pour prendre un exemple venu de la crypto : Alice (chevalière guerrière et sauveuses de princes en détresse) et Bob (prince charmant prisonnier dans une tour) disposent d'un canal de communication sur lequel Ève (cruelle physicienne qui maintient Bob prisonnier) entend absolument tout ce qui se passe mais ne peut pas modifier le contenu : par la magie de la crypto, Alice et Bob peuvent quand même réussir à s'échanger des messages secrets qu'Ève ne pourra pas déchiffrer. (C'est évident si Alice et Bob ont convenu à l'avance d'une clé secrète de chiffrement, mais la vraie magie c'est que c'est possible même sans ça.)

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(samedi)

Où je décide de jouer avec Twitter

Il n'est pas complètement à exclure que la concision acérée dans l'expression de mes idées, jointe à la chasse impitoyable aux circonlocutions inutiles, ne dénombrent pas parmi les qualités pour lesquelles je suis le plus renommé.[#] Sans doute ne fais-je pas partie de ceux qui, à l'instar du président américain, savent rendre toute la sobre richesse de leur pensée dans l'implacable carcan des 280 caractères : nous autres esprits plus médiocres devons répandre notre logorrhée dans les cercles décidément moins reconnus des blogs personnels.

Malgré ça, je me suis déjà souvent dit que je devrais me créer un compte Twitter, ne serait-ce que parce qu'en lecture, c'est une source d'information indubitablement utile, et que tant qu'à faire je pourrais m'en servir à la fois pour annoncer les entrées que je publie dans ce blog, et aussi pour poster des choses trop courtes pour que j'ose en faire une nouvelle entrée (il ne faudrait pas saboter ma réputation de verbomane).

Je n'aime pas trop le fait que Twitter soit une plate-forme propriétaire[#2], mais en fait, j'utilise beaucoup MathOverflow (une instance de StackExchange), qui n'est pas spécialement moins propriétaire que Twitter. Et à la réflexion, je me suis dit que ce que je considérais le plus important, c'était que mes données ne restent pas prisonnières de la plate-forme.

C'est-à-dire que je tiens à pouvoir garder une copie de tout ce que j'y fais de sorte que toute cette information soit encore disponible si la plate-forme disparaît un jour. S'agissant de StackExchange, j'utilise déjà leur API pour garder une copie personnelle de tout ce que je poste sur MathOverflow (ainsi que toutes les questions auxquelles je réponds, toutes les réponses à mes questions, et d'autres choses de ce genre). J'avais commencé avec Reddit (dont j'essaie actuellement de me tenir éloigné parce que c'est décidément trop chronophage). Dès lors, il n'y a pas spécialement de raison de ne pas me créer un compte Twitter selon la même logique, puisqu'il y a une API qui permet a minima de récupérer toutes les informations disponibles par leur interface Web ou application Android. (Ce n'était pas évident quand on lit la page vers laquelle je viens de lier, qui a l'air de concerner uniquement des usages corporate, qu'on puisse ouvrir un compte API gratuitement et s'en servir pour faire de l'archivage, mais apparemment c'est le cas puisque j'ai réussi. En revanche, s'agissant de Facebook, je n'ai pas vraiment l'impression qu'une telle API existe : leurs interfaces semblent vraiment orientées vers les gens qui veulent faire de la pub, développer des jeux Facebook, ce genre de choses, et pas archiver leurs propres données[#3].)[#4][#5]

Bon, ce n'est pas tout qu'une API existe, il faut encore arriver à s'en servir. Heureusement, s'agissant de celle de Twitter, il y a une bibliothèque Perl, le langage que je préfère quand il s'agit d'écrire ce genre de scripts. La difficulté, ensuite, c'est de comprendre comment l'API fonctionne, parce qu'il y a toujours plein de choses qui ne sont pas, ou qui sont très mal, documentées : ce n'est dit nulle part, par exemple, que le texte d'un tweet est renvoyé sous forme HTML-échappée (un ‘&’ est retourné comme &amp;, par exemple, ce qui est bizarre parce que, fondamentalement, un tweet n'est pas du HTML, donc il n'y a aucune raison de l'échapper de la sorte) ; et c'est encore moins dit si la position des hashtags, URL et compagnie renvoyée par l'API est comptée en caractères avant ou après échappement (ou d'ailleurs si ces caractères sont vraiment des caractères Unicode ou des unités de codage UTF-16 comme en Java ; expérimentalement, ce sont bien des caractères Unicode, et ils sont comptés après échappement HTML[#6]). Il faut aussi se dépatouiller de la demi-douzaine de façons différentes dont on peut « retweeter » sur ce machin, qui sont mal expliquées et certaines, je crois le deviner, obsolètes[#7].

Je crois avoir vaincu ces petites difficultés techniques et produit un programme qui archive tout ce que je tweeterai, que je mettrai en ligne sur cette page (qui ne sera pas mise à jour en temps réel, puisqu'elle est surtout destinée à être une archive, mais probablement assez souvent quand même). Je vais certainement découvrir de nouvelles subtilités de l'API, mais j'imagine que je saurai m'en sortir.

Voilà, j'ai réussi à dire en beaucoup plus que 280 caractères, et avec sept notes en bas de page, ce qui tenait finalement en 36 caractères :

Bref, j'ai ouvert un compte Twitter.

Ajout : voir cette entrée ultérieure pour mes impressions trois mois après.

[#] Pourtant, quand j'étais lycéen, je me tirais plutôt bien de l'épreuve de résumé du bac français. (Je mettais d'ailleurs un point d'honneur à rendre toujours le nombre exact de mots demandés, sans jamais exploiter la marge de ±10% permise.) C'est peut-être parce qu'il est plus facile de sabrer dans la pensée d'autrui que dans la sienne propre. ☺️

[#2] Il y a bien des alternatives comme Mastodon, qui ont parfois des idées intéressantes, mais il y a le problème de l'effet de Matthieu — sous la forme que ce qui fait l'intérêt d'un réseau social, c'est le contenu qui est déjà dessus, donc les utilisateurs attirent les autres utilisateurs, d'où le fait que le succès appartienne à celui qui a eu le hasard de réussir (en premier). Je ne sais pas comment on peut lutter contre ça. (Par ailleurs, Mastodon a d'autres problèmes, comme le fait qu'ils n'ont pas pu/su/voulu créer un namespace unique pour les noms d'utilisateurs et qu'on se retrouve donc avec des noms à rallonge aussi ridicules que si tout le monde se nommait par son adresse mail.)

[#3] Alors vous allez me dire, il y a quand même moyen de récupérer toutes les informations qu'on a sur Facebook (le RGPD doit plus ou moins l'imposer). Mais s'il n'y a pas un mécanisme pour le faire de façon incrémentale (je n'ai pas envie, tous les jours, de récupérer tout ce que j'ai fait sur la plate-forme depuis que j'ai commencé à m'en servir !), et éventuellement filtrée, ce n'est pas très utile. Bref, il faut une API.

[#4] À ce sujet, je reconnais parfaitement la validité de la critique suivante : j'ai mis en place un système de commentaires sur ce blog, et je n'ai pas créé d'API pour interagir avec. Je le sais, et ça m'embête. Pour ma défense : (1) il n'y a aucun mécanisme d'authentification, pas de notion de compte ou quoi que ce soit de ce genre, donc je ne peux pas proposer à quelqu'un de récupérer toutes ses données, je n'ai moi-même pas trace de quel commentaire appartient vraiment à qui, (2) comme le HTML que je sers est très propre et que les URL sont assez évidentes, il serait simple à scripter, donc si quelqu'un trouve vraiment mon interface insupportable, il peut faire ça, et (3) j'ai depuis Une Éternité® de réécrire ce système de commentaire, qui est un vieux script Perl bien moisi qui ne permet même pas de faire du HTML basique et ne permet les liens qu'avec une syntaxe chiante que personne n'a envie de respecter, je n'ai jamais trouvé le temps pour changer tout ça, mais si un jour je le fais, une API minimale pour lire les commentaires sera incluse.

[#5] Ce n'est pas qu'une question d'archivage (au sens : garder pour l'Éternité), d'ailleurs : c'est aussi une question de recherche. J'aime bien pouvoir retrouver ce que j'ai déjà écrit sur tel ou tel sujet, et pour ça, la commande egrep est extrêmement précieuse… à condition d'avoir les données sous une forme grepable.

[#6] C'est un chouïa illogique, comme façon de faire, mais je suppose que ça simplifie le boulot des gens qui veulent produire du HTML facilement à partir d'un Tweet, qui sont probablement les plus importants consommateurs de l'API.

[#7] Est-ce qu'on peut faire un native retweet par l'interface Web ? J'ai essayé d'en faire un sans modifier le message, et il a quand même enregistré un tweet commençant en interne par RT.

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(mardi)

Où est le docteur Sacks quand j'ai besoin de lui ?

(Oui, je sais, la réponse à la question du titre est qu'il est mort — il n'y a pas si longtemps d'ailleurs.)

Hier, j'ai encore eu un épisode bizarre qui m'a mené aux urgences et a dû donner à tout le monde l'impression que je suis un hypocondriaque qui s'écoute trop et qui fait perdre du temps précieux qui devrait être consacré aux gens vraiment malades, mais qui m'inquiète quand même beaucoup.

J'étais en train de faire de la musculation et de lire des articles de maths. Oui, c'est une combinaison bizarre, mais j'ai déjà dû expliquer que je faisais régulièrement ça : je lis des maths pendant le temps de repos entre deux séries de mouvements de muscu, le fait que ça m'oblige à lire lentement est plutôt une bonne chose. Mais c'est peut-être aussi une combinaison redoutable pour le cerveau, je ne sais pas, même si je n'ai jamais eu de problème particulier jusqu'à maintenant. Je n'ai rien consommé d'inhabituel ni rien qui ne soit pas vendu en pharmacie en France (poudre de protéines, HMB), et j'ai bu normalement et régulièrement tout au long de ma séance. Je n'ai pas subi de choc particulier. Il est possible que j'aie forcé sur les mouvements. Ou peut-être que les articles que je lisais étaient particulièrement ésotériques ; je ne peux pas trop donner de détails parce qu'il s'agit de quelque chose sur quoi on m'a demandé d'écrire un rapport, mais disons qu'il était question d'applications possibles des groupes finis sporadiques à la crypto et, au point précis où j'en étais, de produits de Zappa-Szép.

Toujours est-il que (sans doute vers ) j'ai commencé à avoir des sentiments récurrents d'absence, couplés à une impression de déjà vu. Je n'arrivais plus du tout à suivre ce que je lisais. J'avais la sensation d'être un peu endormi, ou bien dans cet état mental incertain quand on est réveillé au milieu de la nuit et que les idées sont confuses (voir aussi ici). J'ai eu plusieurs fois des souvenirs bizarres qui me sont remontés à l'esprit, comme des restes de rêves qui remontent à la surface et qu'on n'arrive pas à préciser complètement (et si j'essayais, ça me causait une sorte de panique). Mais surtout, et c'est le symptôme qui a persisté le plus, de vivre comme « en pointillé » : un instant j'étais ici, un instant là, et entre les deux, rien, comme si ma vie n'était soudainement faite que de flashs, sans continuité entre eux. Comme si ma mémoire à court terme fonctionnait très mal, ou très bizarrement.

J'ai demandé à l'accueil de la salle de sport qu'ils parlent un peu avec moi, puis, comme ça ne passait décidément pas, qu'ils appellent les secours. Le SAMU et les pompiers ont jugé que je n'étais pas un cas pour eux et que je n'avais qu'à me débrouiller. Quelqu'un de la sécurité du club a eu la gentillesse de me raccompagner jusqu'à chez moi où j'ai pu prendre quelques affaires et appelé mon poussinet, lequel m'a mis dans un taxi et amené aux urgences de la Pitié-Salpêtrière (à si j'en crois le compte-rendu, parce que mes souvenirs à moi sont, justement, très confus pour ce qui est du temps).

Je pense que tout le monde m'a un peu pris pour un affabulateur, parce que ma conversation, si j'en crois ce que dit mon poussinet, était complètement cohérente et sensée, je donnais juste l'impression d'être agité et peut-être de me répéter. Et je reconnais franchement que j'ai une tendance très nette à l'hypocondrie. Mais moi, de mon côté, j'ai l'impression de n'avoir vécu cette soirée que par tableaux : un instant je suis dans la salle d'attente de la Pitié, un autre je parle à l'IAO[#], encore un autre un patient voisin me jette un regard noir parce que je parle très fort, encore un autre je suis en conversation avec l'interne qui s'est occupé de mon cas, puis on me fait passer un scanner, etc. Le point positif, si on veut, c'est que je ne me suis pas du tout ennuyé malgré les heures que j'ai passés à l'hôpital, je n'ai à aucun moment sorti mon mobile comme j'ai tendance à faire quand je trouve le temps long (juste une fois, vers la fin, et j'ai vu que j'avais précédemment ouvert l'article déjà vu sur Wikipédia en anglais, chose que je ne me rappelais plus du tout avoir fait).

[#] Il était très choupinou, d'ailleurs, l'IAO en question, comme je l'ai fait remarquer à mon poussinet : preuve que certaines parties de mon cerveau, au moins, fonctionnaient normalement. ☺️

Je veux bien croire que je donnais la sensation d'affabuler mais quand même, pour prendre un exemple un peu précis, je ne savais plus quel jour de la semaine nous étions, ni en quel mois. J'ai dû le faire remarquer à mon poussinet (j'ai laborieusement fini par reconstituer que nous étions lundi, mais je pensais que nous étions en mai) ; le poussinet qui, bêtement, n'a lui-même pas pensé à signaler ce fait aux médecins. C'est sans doute le problème d'avoir une conversation très cohérente : personne n'a eu l'air de juger utile de me poser des questions pour vérifier ma mémoire ou pour gratter sous le plâtre de cette cohérence. (Un des flashs de mémoire que j'ai est que j'ai blagué auprès de l'interne qu'il ne me demandait pas quel était le nom du président de la République. Bon, mais ça je ne l'avais pas oublié, justement.) Et les conversations que j'ai eu avec différentes personnes autres que mon poussinet étaient sans doute trop courtes pour qu'on remarque que je radotais (beaucoup plus que d'habitude, je veux dire). D'ailleurs, même en écrivant cette entrée, ce n'est pas complètement dissipé : j'ai failli écrire une nouvelle fois que le point positif c'est que je ne me suis pas du tout ennuyé, j'avais oublié que je l'avais déjà dit au paragraphe précédent ; et je me suis plusieurs fois rendu compte en me relisant que je réemployais une tournure qui figurait déjà deux lignes plus haut, vous voyez l'idée. À vous de juger si ce que j'écris est, par ailleurs, globalement sensé et grammaticalement correct (et si ça l'est plus ou moins que ce que j'écris d'ordinaire).

Il y a des souvenirs qui me manquent vraiment. Je me rappelle avoir téléphoné à mon poussinet, mais rien de ce que j'ai pu lui dire ou comment j'ai pu lui présenter le problème. Je me rappelle être monté dans un taxi pour la Pitié, mais rien de la course elle-même. Je ne me rappelle absolument pas avoir ouvert l'article Wikipédia sur le déjà vu, mais mon téléphone s'en souvenait. Quand mon poussinet est allé nous chercher à manger parce que notre attente aux urgences s'éternisait, je lui ai envoyé un message, et cinq minutes plus tard je me rappelais lui avoir envoyé un message mais rien de ce qu'il pouvait dire. Ce genre de choses.

À l'inverse, parmi les souvenirs quasi-oniriques qui m'obsédaient dans mon état second, il y a une histoire de jeu de cartes. J'ai plusieurs fois répété (apparemment, parce que je ne m'en souviens que très vaguement) à mon poussinet qu'il fallait absolument que je me rappelle cette histoire de jeu de cartes. (Mais il insiste sur le fait que je n'ai rien dit de vraiment incohérent, juste sur le fait que j'avais une pensée de jeu de cartes et que je devais m'en souvenir.) A posteriori, je pense qu'il s'agit du jeu que j'ai fait imprimer et qui est basé sur la combinatoire des 27 droites sur une surface cubique, mais je ne saurais pas expliquer pourquoi cette pensée m'obsédait (il y a un rapport très lointain avec ce que je lisais, mais ça ressemble surtout aux idées de maths confuses que je peux avoir en rêve).

Comme je suppliais mon poussinet de trouver une tâche permettant de juger un petit peu l'état de mon cerveau, il a fini par me proposer de faire un sudoku. (Parmi les flashs de souvenirs que j'ai, il y a celui où j'ai fait remarquer à l'interne que j'y tenais, à mon cerveau, parce que c'était mon outil de travail.) Ça marchait plus ou moins, c'est-à-dire que j'arrivais à remplir quelques cases (correctement), mais vraiment lentement, et je n'arrêtais pas de perdre le fil de mes raisonnements.

Bref. On m'a fait un examen sanguin sommaire (essentiellement normal, cf. le rapport complet ci-dessous), un scanner sans produit de contraste (normal) ; on n'a pas jugé utile de me faire voir par un psy aux urgences, et on m'a renvoyé chez moi (vers 1h ce matin). J'ai eu le sentiment d'aller mieux une fois au lit, et ce matin en me réveillant, mais je ne peux pas dire que ce soit complètement passé pour autant, j'ai encore l'impression d'avoir du mal à me concentrer et de perdre inhabituellement souvent le fil de mes idées ou d'avoir oublié ce que je viens de dire ou d'écrire. Ceci étant, il est vrai que j'ai mal dormi (je me suis couché tard à cause des péripéties que je viens de dire, j'étais stressé donc j'ai eu du mal à m'endormir, et j'ai été réveillé tôt par le bruit de travaux dans un immeuble voisin).

Je sais qu'il est arrivé quelque chose de semblable à la maman de mon poussinet, et même à deux reprises. (La première fois je n'étais pas là, mais elle avait soudainement oublié beaucoup de choses, y compris le fait que son fils était homo, et elle n'arrêtait pas de perdre le fil de ses pensées et de revenir sur des choses déjà dites. La seconde fois, je lui ai parlé, et j'avoue que c'était assez délicat de se rendre compte que quelque chose « n'allait pas », il fallait surtout remarquer qu'elle radotait beaucoup.) Il ne semblait pas y avoir de déclencheur particulier à ces épisodes, et ils n'ont pas laissé de séquelle particulière, ni été corrélés à une quelconque lésion visible sur une IRM.

Mise à jour nº1 () : Je pense que maintenant tout est revenu à la normale. Mais ça aura pris plus que 24 heures.

Mise à jour nº2 : Un ami de ma petite sœur (bien informé de ce genre de choses) me fait remarquer que les symptômes que je décris ressemblent pas mal aux effets des antagonistes des récepteurs NMDA (comme la diphénidine, mais elle a une durée de vie plus courte). Je précise donc à tout hasard que je n'ai consommé aucun psychotrope, certainement pas volontairement, et que je ne vois aucun scénario qui ne soit pas invraisemblablement tarabiscoté pour imaginer qu'on aurait pu m'en faire consommer à mon insu ce jour-là (ni que ce soit arrivé par accident). • Sinon, pour répondre à d'autres remarques que j'ai reçues, je n'étais pas inhabituellement stressé, je n'étais pas en carence de sommeil, je n'ai pas mangé de façon très différente de ce que je mange d'ordinaire, et je n'étais pas en manque de caféine. • À la limite, si je dois pointer du doigt des choses, je suis tenté de souligner qu'il faisait à la fois plus chaud et plus lumineux que ces derniers jours, or je suis très sensible à la chaleur et à la lumière.

Mise à jour nº3 () : The plot thickens. Vers (c'est-à-dire hier soir au moment où j'écris), en même temps que les effets cognitifs bizarres finissaient de s'estomper complètement, j'ai commencé à avoir un de ces « maux de tête extérieurs » dont je parlais ici (pour résumer, un mal de tête qui au début semble intérieur à la tête mais qui, au bout d'un certain temps, se révèle comme venant de la surface et s'accompagne de l'apparition d'une sorte de petit bouton ou de toute petite bosse sur la peau du crâne, en l'occurrence, quelques centimètres au-dessus du point le plus arrière de l'oreille gauche) ; j'ai appris à ignorer ces trucs qui m'arrivent occasionnellement et semblent sans gravité aucune, mais celui-ci était inhabituellement fort, et la coïncidence est tout de même troublante (d'autant que ça faisait assez longtemps que je n'avais rien eu de la sorte). Je suis absolument certain de ne pas avoir subi de choc à cet endroit-là. Peut-être que c'est du Dr. House que j'ai besoin, pas du Dr. Sacks ; ce qui est mauvais signe, parce que les patients de House, généralement, il leur arrive plein de choses pas drôles. • Mise à jour nº4 : C'est passé aussi.

Extraits du compte-rendu des urgences [reformaté et légèrement édité ; les commentaires entre crochets sont de moi] :

Entré le .

Constantes initiales] : PA 161/93 [normalement je suis autour de 130/70 au repos, mais je sais que je monte très facilement] ; FC 100/min [je fais 60/min au repos] ; Temp : 36.8°C ; SaO₂ : 97% ; Dextro [=glycémie] : 6.3 mmol/L ; Glasgow : 15

Antécédents : crises d'angoisse. • Traitement en cours : propranolol [à faible dose pour des crises de tachycardie].

Histoire de la maladie : Mathématicien. Cet après-midi, dans la salle de musculation le patient a senti une perte de contact avec la réalité brève et fluctuante. Perte de mémoire court terme. Pas d'hallucination. Notion de première crise. Dernière selle : ce matin. A uriné il y a peu. Pas de saut de repas. Pas de nuit blanche.

Examen clinique initial : Glycémie à l'entrée normale. Tachycarde. Pas d'essoufflement. Pas de douleur thoracique. Nausée [légère et intermittente]. Pas de palpitation. Pas de sueurs. Pas de vertige. Pas de sentiment de déréalisation ni de dépersonnification [hum, ça je suis un peu surpris que ce soit écrit, parce que c'était quand même un peu tout le problème]. • Examen neuro : conscient, cohérent, orienté. ScGw=15. Pas de déficit sensitivo-moteur. ROT présents et symétriques. Paires craniennes normales. Pas de syndrome cérebelleux. • Examen cardiaque : BdC réguliers. Souffle en foyer aortique [mon cardiologue m'a expliqué qu'en fait ce n'était pas un souffle que j'avais mais que le bruit de la circulation donnait cette impression — ou quelque chose comme ça, je n'ai pas bien compris]. • Examen pulmonaire : MVBS. Eupnéique en air ambiant. Pas de toux. Pas d'expectoration. Abdomen : souple, dépressible, indolore. Pas de SFU.

Évolution clinique :

[ — bilan sanguin] Iono : subnormal. Calcémie à 2.55 mmol/L [c'est à peu près ce que j'ai normalement]. Pas de dosage des protéines. Hyperleucocytose à PPN : 12.78 GB dont 10.93 PPN [là, par contre, ce n'est pas habituel pour moi, mon dernier bilan sanguin donnait 5.39 G/L leucocytes dont 2.7 PPN]. • En attente du TDM.

[] Scanner cérébral sans injection : Pas d'anomalie de densité visible au niveau du parenchyme cérébral. Pas d'anomalie significative visible au niveau des espaces sous-arachnoïdiens. Les cavités ventriculaires et les sillons cordicaux sont de forme et de dimension normales. Les structures médianes sont en place. Absence de lésion ossseuse suspecte de malignité visualisée. Conclusion : Scanner cérébral sans injection normale.

[] Avis sénior psy de garde : pas besoin d'un avis dans la nuit ni sur le groupe. Peut consulter sans urgence au CMP du Paris 13.

Maintenant, je ne sais pas bien ce que je dois en conclure, ni ce que je dois faire. Mon poussinet insiste que je n'ai rien oublié de notable, qu'à chaque fois qu'il me rappelait un événement précis, en fait, je m'en souvenais ; je crois qu'il me prend lui aussi un peu pour un affabulateur (vilain poussinet !). Est-ce que je dois prendre des précautions particulières en faisant de la muscu (voire arrêter complètement), ou est-ce que c'est un « hareng rouge » dans l'histoire ? Est-ce que je devrais essayer de trouver des tests cognitifs à faire en ligne (un peu mieux calibrés que des sudoku) ? Mais il me manquerait une valeur de référence pour mon état « normal », donc ce ne serait pas forcément significatif. Est-ce que je dois me forcer à faire des maths même si j'ai du mal à me concentrer, ou au contraire essayer de m'aérer le cerveau quelques jours ? Est-ce utile que j'aille consulter un psychiatre ? neurologue ? neuropsychiatre ? Je n'en sais rien.

Ajout () : Mon hypothèse personnelle provisoire est qu'il y a eu un déclencheur initial (peut-être une montée en tension inhabituelle, une légère hypoglycémie d'effort) et/ou un processus de pensée inhabituel (les produits de Zappa-Szép ont pu faire une connexion avec un rêve que j'aurais fait) qui auraient provoqué un état mental inhabituel avec ensuite une sorte de feedback.

Bon, au moins, je ne me suis pas mis à prendre mon poussinet pour un chapeau. Je sais bien que c'est un oiseau !

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(samedi)

J'obtiens le permis (et je me demande si je sais conduire)

Le titre dit tout, mais je vais raconter l'histoire de mon permis en long, en large, et en menus détails (en fait ça n'intéresse personne, mais j'écris surtout tout ça pour moi-même pour m'en souvenir plus tard).

(Edit  : ajout et remaniement de quelques passages, surtout dans la première partie, que je ne crois pas utile de signaler spécifiquement.)

Fin de la formation

J'étais inscrit à l'auto-école CER Bobillot (ils méritent bien que je leur fasse un peu de pub) : je les ai choisis parce qu'ils sont à même pas cinq minutes à pied de chez moi, mais je peux les recommander indépendamment de ça, administrativement ils ont toujours été corrects et efficaces, ils lisent et répondent rapidement à leur mail, ils ont géré correctement tout l'aspect administratif (le problème que j'avais eu de ce côté-là n'était absolument pas de leur faute, et ils m'ont correctement renseigné). Au niveau équipement, ils ont un simulateur moderne (que je n'ai que très peu utilisé, mais ça m'a quand même aidé à me rassurer au début), et les voitures sont dans un état impeccable. De ce que j'ai vu, la disponibilité des moniteurs est bonne, leur ponctualité est irréprochable. Au niveau de leur compétence, je n'ai rien à redire : on sent qu'ils connaissent bien les endroits où aller pour pratiquer, et les difficultés de tel ou tel centre d'examen, par exemple. Les explications théoriques et pratiques qu'on m'a données étaient toujours claires. Mon principal reproche pédagogique concerne le manque de patience face à mes erreurs (très) répétées, comme je vais le décrire ci-dessous.

Je reprends maintenant l'histoire où je l'avais laissée (j'en étais à 20h de conduite quand j'ai écrit cette entrée-là). J'ai continué à prendre des leçons de conduite, et ça a duré longtemps… longtemps. Au total j'ai fait 73 heures (ce qui, à 58€ l'heure, commence à revenir un peu cher, d'ailleurs, mais c'est surtout le temps consommé qui me posait problème), entre le et le , toujours par paquets de deux heures, presque toujours avec le même moniteur. (C'est dire si je connais bien, maintenant, ces lieux enchantés que sont Cachan, Chevilly-Larue, Orly, mais aussi Vélizy et Maisons-Alfort.) Et cette expérience de l'apprentissage de la conduite n'était pas franchement plaisante quand je devais lutter contre mes propres blocages.

Je disais dans l'entrée précédente que mes trois gros problèmes étaient l'inobservation (généralement due à une concentration focalisée sur le mauvais problème), l'indécision, et la panique inopportune. Les choses se sont un peu améliorées avec le temps : l'indécision s'est largement résorbée (mais parfois je suis tombé dans l'excès inverse), la panique a pris des formes moins aiguës, mais l'inobservation continue vraiment à me poser problème. Jusqu'à la fin, et je veux vraiment dire la fin, c'est-à-dire à la leçon qui consistait à emmener la voiture de l'auto-école au lieu de passage du permis, mon moniteur m'a engueulé parce que mes trajectoires étaient mauvaises parce que je ne faisais pas attention aux bonnes choses (je déviais ou je risquais de rouler dans un trou…). Et à chaque fois que je bugguais, et à plus forte raison si je me faisais engueuler, je tombais dans le cycle vicieux des erreurs. (Je restais régulièrement bloqué sur mais pourquoi j'ai fait ça ? ; or en conduisant, il faut penser au présent et à l'avenir, pas au passé.)

Bref, même s'il y avait pas mal de moments où tout allait très bien, j'ai eu des leçons ou des bouts de leçons qui se passaient vraiment très mal, et ce jusqu'à la fin. J'ai l'impression que mon moniteur était vraiment désemparé face à mon irrégularité. (J'ai déjà raconté que la formation était divisée en quatre grands chapitres, en gros 1 la mécanique, 2 la circulation urbaine normale, 3 la circulation plus compliquée et les autoroutes, et 4 du pipo, voyez l'entrée liée ci-dessus pour les intitulés réels ; mon moniteur a validé la partie 1 le au bout de 26 heures de conduite, et la partie 2, à confirmer, le après 60 heures… et il n'a jamais validé les parties 3 et 4. Bon, je ne sais pas ce que cette validation signifie pour eux au juste, mais toujours est-il qu'il n'avait pas l'air super convaincu de mon niveau.) Plus d'une fois il a tenu des propos du style si tu n'arrives pas à comprendre ça, je ne peux vraiment rien pour toi.

Il a quand même décidé, après une leçon qui s'était très bien déroulée malgré des conditions difficiles (nuit, circulation dense), de me présenter à l'examen sous réserve que je prenne encore une dizaine d'heures supplémentaires avant (finalement je n'en ai pas eu autant parce que la neige a forcé l'auto-école a annuler une leçon, le ). Mais même pas une demi-heure avant l'examen, pendant la dernière leçon d'une heure qui est plutôt destinée à « chauffer » le candidat et à le mettre en confiance en circulant dans le coin où aura lieu l'épreuve, il m'a deux fois pilé la voiture et passé un savon parce que je ne prenais pas suffisamment de marge pour m'écarter d'une voiture mal garée à droite. (Et ce genre de savon de dernière minute, limite humiliant, avec pour témoins les deux autres candidats à l'examen le même jour que je transportais comme passagers, ce n'est vraiment pas un truc pour mettre en confiance. L'une de ces deux candidats m'a d'ailleurs dit qu'elle avait été un peu choquée par l'attitude du moniteur à ce moment.)

Il y a des choses qui ne sont évidentes qu'a posteriori. J'aurais sans doute dû demander à changer de moniteur, pour avoir quelqu'un qui m'engueule moins. (Et en fait, lui-même aurait sans doute dû me le conseiller, plutôt que rester sur des formules comme je ne peux vraiment rien pour toi, et surtout, se rendre compte que m'engueuler était contre-productif.) D'un autre côté, il avait aussi des qualités que j'appréciais : non seulement je me sentais vraiment en sécurité et en confiance dans sa maîtrise du véhicule (j'ai eu plusieurs fois l'occasion de constater sa capacité à rattraper des erreurs graves de ma part), mais par ailleurs il me faisait partager ses observations, toujours très pertinente, sur les autres usagers de la route (tu as remarqué combien celui-là était agressif ?, celui-là il est pressé mais pas méchant, celle-là elle est complètement dans sa bulle) ; et j'espère, même si je n'en suis pas complètement persuadé, que ça m'a un peu aidé à combattre mon super-pouvoir d'inobservation. Mais une je me rends compte surtout maintenant que c'est fini à quel point cette formation m'a pesé, usé et stressé (les engueulades n'y sont pas pour rien, mais ça aussi c'est quelque chose que je ne perçois clairement qu'après coup).

Ceci étant, je ne veux surtout pas jeter la pierre à mon moniteur. D'abord parce que je comprends que ça soit difficile de gérer quelqu'un qui fait des erreurs répétées et parfois vraiment dangereuses. (Et en tant qu'enseignant je sympathise avec la difficulté de faire passer un message à un élève qui « ne veut pas » comprendre.) Mais aussi parce que, à un certain niveau, c'est le résultat qui compte, et il vaut indubitablement mieux se faire engueuler en leçon que d'avoir un accident après. Simplement, dans mon cas, je pense que c'était quand même contre-productif.

Le fait d'avoir fait un grand nombre d'heures, en tout cas, n'est pas en soi une mauvaise chose. (Je l'avais clairement dit au début : j'assume que ça puisse durer longtemps.) S'il m'a fallu beaucoup de temps pour surmonter très partiellement mes super-pouvoirs d'inobservation, d'indécision et de panique, en revanche, pendant ce temps, j'ai pu beaucoup améliorer ma pratique de la mécanique, et c'est au moins vrai que passer les vitesses, revenir au patinage, ou autres éléments de ce genre, ne me posent plus aucun problème.

Le stress

C'est quelque chose de vraiment bizarre. Fondamentalement je m'en foutais pas mal de passer le permis : je l'ai fait un peu sur la pression de mon entourage (mon poussinet, ma maman…), un peu parce que me sentant vieillir je me disais que si j'attendais plus longtemps je n'y arriverais vraiment jamais, un peu parce que mon école va déménager à Saclay dans 1½ ans, mais bon, aucune raison impérative, et je ne peux pas dire que ma motivation crevait le plafond. J'ai procrastiné assez longtemps pour présenter le code ; et quand j'ai finalement passé cet examen théorique, je n'étais absolument pas stressé, ni pour l'examen lui-même ni pour les résultats (alors que ce n'était pas du tout évident que je l'aurais vu le caractère très mystérieux des questions et mes résultats aléatoires sur les sites de préparation).

Et là, pour l'épreuve pratique, j'ai passé toute la semaine à angoisser comme un fou (et j'ai de nouveau stressé pour les résultats). Merci au passage à l'hydroxyzine pour m'avoir permis de dormir quand même, et au propranolol pour m'avoir évité les crises de tachycardie. Mais pourquoi ? Je sais que je suis d'un naturel hyper anxieux, mais c'est un peu mystérieux, quand même, que ça me mette dans un état de panique de passer un truc dont, fondamentalement, j'ai l'impression de me foutre pas mal. J'ai plusieurs hypothèses mais aucune n'est vraiment satisfaisante : notamment, le trac à l'idée que quelqu'un que je ne connais pas voie mes erreurs (et que je sois possiblement humilié), mais ça m'explique pas l'angoisse au moment des résultats ; ou la peur des coûts irrécupérables (sous la forme : maintenant que j'ai souffert pour passer ce permis, je n'ai pas envie que ça soit en vain).

C'est d'autant plus idiot que c'est un examen particulièrement facile à repasser (pour un examen universitaire il faut généralement attendre l'année suivante, là c'est possible sous un délai assez court, quelques mois dans le pire cas), les frais sont négligeables, et il n'y a pas de limite sur le nombre de passages (au bout de cinq échecs on doit repasser le code, mais cette partie-là est tellement facile à repasser, et pour le coup il n'y a aucune limite, que c'est presque insignifiant). Mais j'étais peut-être victime du méta-stress (i.e. : je stresse tellement cette fois-ci, je n'ai pas envie d'échouer et de devoir recommencer, ce qui me ferait stresser à nouveau) ; ou peut-être que le fait que je passe à un endroit notoirement « facile » (cf. ci-dessous) me rendait d'autant plus anxieux de ne pas gâcher cette chance.

Généralités sur l'examen

Pour ceux qui n'ont pas passé le permis, en France, et encore, récemment, voici une description détaillé du déroulement de l'épreuve pratique (pour le permis B) :

L'auto-école du candidat fournit la voiture à doubles commandes (donc celle sur laquelle on a appris à conduire, heureusement) ; l'inspecteur (officiellement appelé expert) prend place siège passager avant (avec les doubles commandes), le moniteur accompagnateur s'asseoit à l'arrière et prendra lui-même des notes (mais ne doit, évidemment, pas dire un mot). L'inspecteur commence par vérifier l'identité du candidat et contrôler le dossier administratif (notamment l'attestation de réussite au code, qu'il a déjà), puis il rappelle les consignes générales de l'épreuve. Il est censé procéder à un test de vue en demandant de lire une plaque d'immatriculation à une vingtaine(?) de mètres, mais souvent il omet cette formalité et je n'y ai pas eu droit. L'épreuve dure officiellement 32 minutes, dont 7 minutes de vérifications et questions, et 25 minutes de conduite effective : en fait, cette durée est très approximative, mais elle explique les heures bizarres comme 14h02.

L'inspecteur donne des instructions comme à gauche, à droite, tout droit, ou bien suivez Trouducul-du-Monde ; s'il ne dit rien, c'est soit que c'est tout droit, soit que la réglementation ne laisse qu'une seule possibilité (et ça fait partie de l'épreuve de le détecter assez tôt et de clignoter si nécessaire) ; il peut aussi dire quelque chose comme tournez à droite dès que possible (ce qui suggère que la première à droite sera peut-être interdite, mais pas forcément) ; en revanche, il ne donnera pas d'instruction contredisant explicitement la réglementation. L'épreuve doit autant que possible faire intervenir différents types de conditions (circulation urbaine d'une part, routes hors agglomération ou autoroutes de l'autre). Au moins une partie de l'épreuve est une « conduite autonome », c'est-à-dire que l'inspecteur aura donné des instructions comme suivez Machin, puis Truc, et il faut lire les panneaux de direction (mais il n'est évidemment pas demandé de faire plus que ça : on n'est pas censé connaître le coin, ni lire une carte, ni manipuler un GPS).

À un moment de son choix, l'inspecteur demande une manœuvre faisant intervenir une marche arrière : simple marche arrière en ligne droite, marche arrière en courbe, demi-tour, ou le plus souvent rangement en bataille ou en créneau. (Réussir cette manœuvre n'est pas obligatoire, mais ce qui est surtout vérifié est la sécurité : bien contrôler qu'on ne gêne personne, et ne pas heurter violemment le trottoir, notamment.) À un moment de son choix, mais généralement juste après la manœuvre consistant à se garer, l'inspecteur pose trois questions : celles-ci sont déterminées, selon une table connue à l'avance, par les deux derniers chiffres du totaliseur kilométrique à ce moment-là (cela joue le rôle de générateur aléatoire) ; la première question est une « vérification » intérieure (du genre : allumez le(s) feu(x) de brouillard arrière et montrez le voyant correspondant — c'est ce que j'ai eu) ou extérieure (du genre : contrôlez l'état, la propreté et le fonctionnement des feux de route), la deuxième est une question en rapport avec ce qui vient d'être contrôlé (du genre : peut-on utiliser les feux de brouillard arrière par forte pluie ?), et la troisième est une question de premiers secours (comme quels sont les signes d'un arrêt cardiaque ?). C'est un petit changement fait en 2018 (et dont je suis donc un des tout premiers à bénéficier) : auparavant, il y avait une vérification intérieure et une vérification extérieure, et la liste était nettement plus longue.

À la fin de l'épreuve (il faudra de nouveau se garer, mais l'inspecteur demandera alors généralement un stationnement en marche avant, censément plus facile), l'inspecteur rend sa pièce d'identité au candidat et passe au candidat suivant. Dans mon cas, nous étions trois candidats de la même auto-école à passer successivement avec cet inspecteur (je suis passé en premier), les candidats qui ne passaient pas attendaient donc sur le parking que celui qui passe revienne (heureusement qu'il ne pleuvait que très peu !), et tout le monde partait du même point : je ne sais pas si c'est universel ou si certains font des parcours en boucle où un candidat fait la première moitié de la boucle et un autre fait la deuxième moitié.

Les résultats sont communiqués deux jours plus tard. Jusqu'à récemment c'était par courrier, mais maintenant (que les inspecteurs ont une tablette avec eux pour évaluer les candidats) c'est un PDF qu'on obtient en ligne. Je n'y croyais pas, mais le site Web est correct : quand on passe le jeudi, on obtient bien le résultat le samedi matin (à cinq heures du matin il n'y était pas, à dix heures et demi il y était). S'il est favorable, ce PDF (imprimé !) de certificat d'examen tient lieu de permis de conduire provisoire, et donne le droit de conduire, jusqu'à réception du titre définitif (dans les quatre mois).

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(samedi)

Je suis épuisé

J'ai déjà dit plusieurs fois sur ce blog que je préférais éviter d'écrire des billets dont le seul contenu est essentiellement de dire je suis toujours vivant (et je n'ai rien d'autre à dire), mais comme cela fait vraiment longtemps que je n'ai rien écrit, je vais quand même faire une exception et signaler que je suis toujours vivant (et je n'ai pas décidé de mettre un terme à ce blog, ni quoi que ce soit de ce genre). J'ai juste été encore plus débordé que d'habitude et, en plus d'être débordé, particulièrement fatigué. C'est la raison principale pour laquelle je n'ai rien écrit ici, ni même répondu aux commentaires (dont certains sont pourtant très intéressants sur l'entrée précédente).

D'abord, il y a les ordinateurs, qui sont notoirement des monstres dévoreurs de temps : j'ai passé beaucoup de temps à faire des mises à jour et, plus après les mises à jour, à me battre contre les conséquences néfastes de celles-ci. Cela faisait un certain temps que j'accumulais de la dette technique dans l'administration de mes (trop nombreux) PC, dont certains étaient encore sous Debian GNU/Linux Jessie (aka actuellement oldstable), version carrément paléolithique, par manque de temps et de courage pour les mettre à jour vers la version Stretch (aka stable) qui est seulement mésolithique. Le problème avec cette dette technique est qu'elle a vite tendance à s'accumuler : la version 57 de Firefox était devenue essentiellement impossible à compiler sur cette version paléolithique de Debian, et c'est ce qui m'a décidé à finalement trouver le temps de migrer au moins mon PC principal à Debian 9 Stretch. La mise à jour elle-même a été longue et douloureuse, mais ce qui a surtout été long et douloureux, c'est de prendre conscience de tout ce qui a cassé d'une version à l'autre, trouver comment contourner les problèmes qui sont apparus, ou m'habituer à ce que je ne peux pas contourner. Mais je suis loin d'avoir repayé ma dette : je n'ai toujours pas trouvé le temps de m'occuper de mon Firefox, qui continue d'être coincé à la version 56 : je pourrais raconter pendant des pages (j'avais d'ailleurs commencé à le faire) à quel point je suis malheureux que Firefox ait décidé de complètement tout casser (en particulier, toutes les extensions) avec la version 57, et de se transformer en une sorte d'équivalent de Google Chrome, toujours est-il que je n'ai toujours pas trouvé le temps de m'occuper de ça, et ça m'embête parce que c'est maintenant une passoire au niveau sécurité. Et à côté de ça, il y a encore d'autres machines sur lesquelles je dois faire une mise à jour du même type, en fait une réinstallation complète, et je cherche toujours un moyen de préparer les choses un maximum à distance (il y a une machine à laquelle je n'ai pas commodément accès). Bref, je continue à crouler sous cette dette technique. Et je commence à en avoir franchement marre de la quantité de temps perdu avec toutes ces merdes.

Et là-dessus sont venus s'ajouter les deux petits cadeaux surprise du monde de l'informatique pour 2018 à savoir Meltdown et Spectre. Je ne vais pas parler du fond du problème : pour ça, je renvoie par exemple aux excellents articles d'Ars Technica, notamment ici (publié un peu avant la levée de l'embargo, donc sur informations incomplètes) et ici sur Meltdown et Spectre eux-mêmes, ici sur la réaction des différentes compagnies, ici sur l'impact des correctifs en termes de performances et ici sur d'autres problèmes liés à ces correctifs. Les pertes de performances ne sont pas franchement problématiques pour moi, mais j'ai effectivement croisé des bugs bizarres (BUG: unable to handle kernel paging request at 00007fe67e522000IP: [<ffffffff812ba451>] __rb_erase_color+0x21/0x270) depuis que j'ai un noyau censé corriger Meltdown. • Par ailleurs, je m'inquiète un peu pour la morale à plus long terme de l'histoire : c'est quelque chose de déjà bien connu en cryptographie à quel point il est difficile de faire des calculs sans fuiter de l'information par des canaux auxiliaires, mais les impératifs d'efficacité des ordinateurs semblent de plus en plus incompatibles avec la nécessité de ne pas avoir de telles fuites (l'exécution spéculative, le hyperthreading et les caches mémoire sont des concepts sur lesquels les mots fuite d'information semblent écrits en néon clignotant : on découvrira certainement plein d'autres vulnérabilités du même genre) ; je me demande même s'il ne faut pas passer à des modèles d'ordinateurs où on étiquetterait les régions de mémoire qui contiennent une information secrète (ou dépendant d'une quelconque manière d'une donnée secrète), ce qui invaliderait tout ce qui est cache ou exécution spéculative, et il faudrait apprendre à manipuler le plus possible des données complètement publiques ; je me demande aussi si le concept de machine virtuelle ne doit pas être complètement abandonné, parce qu'on n'arrivera jamais à se débarrasser de ce genre de fuites. • Mais bon, à part ça, à mon niveau personnel, ce qui me fait rager c'est aussi une bête question de timing : juste avant la levée de l'embargo sur ces trous, au moment où les rumeurs circulaient qu'il y avait un problème grave dans les processeurs Intel pour lequel Windows et Linux avaient fait passer des patchs correctifs aussi discrètement que possible, et même que ces patchs avaient été backportés à des versions stables de Linux, je me suis dit, du coup, je vais immédiatement mettre à jour mes noyaux, comme ça je gagnerai un peu de temps — que nenni, je ne sais pas où ces patchs avaient atterri, mais en tout cas pas dans les versions que j'ai compilées et installées alors que les rumeurs à leur sujet circulaient déjà partout sur Internet. Bref, encore du temps perdu dont je n'avais pas besoin.

Zut, j'ai de nouveau ranté sur les ordinateurs, ce qui est sans doute encore plus inintéressant que si j'avais juste écrit je suis toujours vivant. Mais ils ne sont pas ma seule cause de fatigue ou de manque de temps. Je continue à prendre des leçons de conduite, avec une impression pénible de tourner en rond, même s'il y a eu des progrès (très lents : j'en suis maintenant à 62 heures de conduite) et qu'il commence à devenir envisageable que je passe le permis dans pas trop longtemps. J'ai aussi un peu l'impression de me noyer sous le poids de mes enseignements et d'un emploi du temps passablement merdique. (En tout cas, je consomme des recharges pour feutres à une vitesse hallucinante, et je me suis fait une petite tendinite au bras droit en écrivant au tableau blanc.) Et je passe beaucoup de temps au lit parce que je ne dors pas très bien.

Le truc avec le temps c'est qu'il se fragmente mal : on peut facilement se retrouver avec plein de petits bouts de temps libre, mais ces petits bouts sont inutilisables parce que chacun est trop court pour faire quelque chose de productif (si je veux réfléchis sereinement à un problème de maths, il me faut une journée calme, même si je ne vais pas passer toute la journée concentré : je déteste commencer à penser à une chose et devoir m'interrompre pour passer à une autre ; pour rédiger quelque chose, et même pour répondre à un mail non complètement évident, il me faut aussi une plage assez longue). Bref, je me retrouve à la fois à être débordé et à m'ennuyer, comme je me retrouve à la fois à faire de l'insomnie et à dormir trop, et tout ça est pénible.

Il est aussi probable que la météo inlassablement pourrie, qui fait se succéder jour après jour de pluie ponctuée par les tempêtes Carmen, Eleanor et David (dans cet ordre, si j'ai bien suivi — ça a l'air embrouillé) n'aide pas franchement à me donner de l'énergie. Peut-être que je manque de vitamine D.

Toujours est-il que je promets d'œuvrer à un retour à la normale de ce blog quand j'aurai moins l'impression d'être fatigué. En attendant, je profite du fait que j'écris ceci pour faire un lien vers cette sorte de blog, A piece of a larger me, tenu de façon originale sur GitHub, qu'une connaissance (qui souhaite rester anonyme), a lancé, et qui contient le genre de réflexions un peu longues qui pourraient intéresser les gens qui me lisent. (C'est en français, malgré le titre.)

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(dimanche)

Je re-regarde différentes adaptations du Christmas Carol

L'approche de Noël m'a fait revenir à l'esprit un de ces souvenirs confus dans lesquels la réalité se retrouve mélangée à toutes sortes d'éléments déformés ou carrément inventés. Le souvenir dont il est question, en l'occurrence, c'est que, pendant l'année que j'ai passée à Toronto quand j'avais huit ans (soit 1984–1985), j'ai vu à la télé une adaptation du Christmas Carol de Dickens, et que je l'ai tellement aimée que j'ai réussi à la revoir plusieurs fois ; mais une fois, ils en ont diffusé une version, en noir et blanc, différente de la version en couleur dont j'avais l'habitude, et j'étais tout contrarié parce que ce n'était pas exactement celle que je voulais voir : notamment, l'esprit des Noëls passés ne correspondait pas à la vision que je m'en étais faite à travers l'adaptation que j'avais vue en premier.

Peut-être devrais-je résumer très brièvement la fable (au risque de spoiler complètement, mais honnêtement, je pense que ça n'a aucune importance) vu que les francophones ne sont peut-être pas très familiers avec. Il s'agit de l'histoire d'un vieil avare aigri, Ebenezer Scrooge, particulièrement acariâtre en la saison des fêtes, auquel rendent visite trois esprits, l'esprit des Noëls passés, puis l'esprit du Noël présent et enfin l'esprit des Noëls à venir, qui viennent le racheter : ils lui font voir plusieurs scènes du passé, du présent et de l'avenir pour le convaincre qu'il a été plus ouvert et généreux autrefois, que d'autres gens sont heureux à Noël, et que s'il ne change pas son attitude il mourra seul et détesté ; et suite à ces visites, Scrooge s'amende et devient bon et charitable. Cette histoire a particulièrement marqué la culture anglo-saxonne à différents niveaux : scrooge est devenu un terme général pour un avare (ou l'objet de toutes sortes de références, par exemple le nom de l'oncle de Donald Duck, celui qu'on traduit par Picsou en français, est Scrooge McDuck) ; et la représentation de l'esprit du Noël présent (tel qu'il apparaît dans une gravure qui accompagne l'édition de 1843 du roman de Dickens, et cette image a été ensuite reprise dans les adaptations cinématographiques ou télévisuelles) a certainement beaucoup influencé l'iconographie du Père Noël, au moins à l'époque où il s'habillait encore en vert et pas en rouge. À cause de cette célébrité, on se doute bien, du coup, qu'il y a eu toutes sortes d'aptations de l'histoire.

Heureusement, à l'époque d'Internet, il n'est pas très difficile de retrouver les seules adaptations qui peuvent coller avec mon souvenir : la version que j'avais aimée quand j'étais petit était forcément celle de 1984 par Clive Donner avec George C. Scott dans le rôle de Scrooge, et celle que je n'avais pas aimé parce que ce n'était pas exactement la même était celle de 1951 par Brian Desmond Hurst avec Alastair Sim dans le rôle de Scrooge. Il n'est pas clair comment je peux avoir vu plusieurs fois celle de 1984, mais il n'y a guère de doute que c'était bien celle-là.

J'ai revu les deux versions successivement, et je ne peux pas vraiment dire que ça ait autant réveillé de souvenirs que ce que j'espérais. Je me souvenais bien de l'histoire, mais il est impossible de dire si c'était un souvenir de telle ou telle adaptation ou simplement du livre de Dickens lui-même (que j'ai lu quelque part dans les 30 dernières années). En revanche, regarder deux films qui se correspondent presque scène pour scène a quelque chose qui plaît à mon sens de la symétrie ; je ne sais pas si je pousserai jusqu'à regarder une ou plusieurs des autres adaptations qui ont été faites (depuis 1984, notamment) de la même histoire, mais heureusement d'autres que moi s'y sont attelés, par exemple ici ou .

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(lundi)

Je voyage plus en une semaine que d'ordinaire en un an

C'est un fait que, contrairement à mon poussinet qui est tout le temps par monts et par vaux, je n'aime vraiment pas voyager. (Je n'aime pas préparer mes sacs et m'arracher les cheveux à me demander ce que je dois emporter. Je n'aime pas porter mes sacs qui sont toujours trop lourds. Je n'aime pas me rendre compte que j'ai oublié d'emporter des choses — au hasard, un anti-moustique parce que je pensais qu'il n'y aurait pas de moustiques. Je n'aime pas ne pas avoir toutes les choses que j'ai l'habitude de trouver à portée de main chez moi. J'angoisse si je vais dans un pays dont je ne parle pas la langue. Je n'aime pas me retrouver entassé dans des moyens de transport ou courir d'un moyen de transport à un autre ou au contraire poireauter pour une n-ième correspondance. Je n'aime pas le moment où, après avoir rendu la chambre d'hôtel mais avant de repartir, on n'a plus vraiment d'endroit où se poser ou aller aux toilettes. Je stresse à l'idée de retrouver mon chez-moi cambriolé en mon absence ou ayant subi un dégât des eaux. J'aime aussi peu ranger mes affaires une fois rentré que les préparer pour partir. Et ce que je déteste peut-être par-dessus tout, c'est le nombre de choses que je dois faire et qui s'accumulent pendant que je suis en déplacement, ce qui fait qu'en rentrant j'ai une surcharge de stress qui s'ajoute à celui du voyage lui-même.) C'est un peu dommage, parce que s'il y avait un téléporteur qui me permette d'aller n'importe où instantanément et de rentrer dormir chez moi, j'aurais plaisir à aller visiter toutes sortes de villes dans le monde. Toujours est-il qu'en général, je voyage très peu.

Mais la semaine dernière, j'ai vraiment fait exception à mes habitudes.

D'abord mon poussinet et moi sommes allés à Florence comme je l'ai raconté. Comme mon poussinet travaille dans le métier, nous avons pris le train pour y aller : et pour que le voyage soit plus beau, nous sommes passés par Zürich et Milan. Ça représente environ 11 heures de train (12 heures de porte à porte), mais finalement, je crois que je préfère passer plein de temps dans un train confortable où je peux me dégourdir les jambes que faire le trajet dans un avion bondé où je n'ose pas bouger le bras de peur de gêner la personne à côté. Ça permet de profiter de l'escale à Zürich pour acheter du bon chocolat suisse. Et il faut reconnaître que les paysages suisses (entre Zürich et le tunnel du Gothard, ou même les rives du lac de Lugano vues la nuit) sont effectivement magnifiques. Et puis tant qu'à voyager quand on n'aime pas voyager, autant voyager dans les meilleures conditions, donc nous avions pris des billets pour la classe Executive de la Frecciarossa (le train à grande vitesse reliant Turin à Naples), dont les fauteuils sont confortables (même s'ils font un peu penser au trône de Palpatine réinventé pour un banquier aux dents longues) et où on nous sert un repas à la place (avec une vraie nappe et des vrais couverts, pas un plateau en plastique) ; comme nous étions les deux seuls dans le wagon, c'était d'ailleurs un chouïa embarrassant.

À Florence, l'hôtel nous avait installés dans une suite assez impressionnante : je ne sais pas si c'est parce qu'ils voulaient se faire pardonner un minuscule cafouillage à notre arrivée (notre chambre initialement prévue n'était pas disponible, ils nous ont mis ailleurs) ou le désagrément causé par les moustiques ou le bruit de la rue, toujours est-il que nous avons eu droit à une chambre à mezzanine avec trois lits doubles, un canapé, une belle table, de grandes armoires, etc.

Si quelqu'un se demande comment un enseignant-chercheur français fait pour se faire rembourser la classe Executive des trains italiens ou une suite de luxe à Florence, la réponse est… qu'il ne le fait pas. Mes voyages professionnels finissent toujours pas sortir de ma poche quand je suis mis face à l'enfer administratif de remplir un ordre de mission à faire signer par douze personnes, d'expliquer sur quelle ligne de budget il faut tirer (je n'en ai aucune idée), de chercher à négocier le droit de me faire rembourser un billet de seconde si je voyage en première, ou de m'entendre dire que comme on est en décembre les comptes de l'année sont clos et que je devais m'y prendre trois mois à l'avance : au bout d'un moment, j'abandonne, et maintenant j'abandonne avant même de commencer, c'est plus simple et ça m'évite d'ajouter encore des tracas au voyage que je trouve déjà assez stressant. Je crois, en fait, que sur les rares déplacements professionnels que j'ai faits, les seuls où j'ai effectivement obtenu un remboursement étaient toujours des voyages à l'étranger payés par les gens qui me recevaient et qui, eux, semblaient capables de contourner tous ces obstacles. Toujours est-il qu'on ne peut pas m'accuser de dilapider en voyages l'argent du contribuable français. En l'occurrence, c'est surtout l'argent du poussinet qui a été dilapidé.

Nous sommes rentrés de Florence, mercredi (), en avion. Le vol lui-même est court, mais j'ai poireauté vraiment longtemps à l'aéroport (parce que mon poussinet, qui prenait un vol plus tôt que moi — il partait pour Londres — avait reçu une annonce selon laquelle il pouvait y avoir des problèmes à la sécurité et qu'on lui recommandait d'arriver très en avance, ce qui, finalement, était une fausse alerte). Au moins, après les Alpes vue du train à l'aller, j'ai pu admirer les Alpes depuis les airs au retour, juste un peu avant le coucher du soleil, c'était très beau.

Vendredi (), nouvel aller-retour en train, cette fois pour Montpellier (donc 6h45min de train, aller-retour), pour aller un enterrement. Ce n'était évidemment pas prévu, mais on peut au moins se consoler que ça ne nous ait pas forcé à annuler quoi que ce soit.

Et samedi (), c'est pour Nice que nous sommes partis : mon poussinet voulait prendre le dernier iDTGV (le tout dernier : la marque cesse d'exister), donc il avait prévu de longue date d'aller passer la nuit à Nice, point d'arrivée de cette dernière rame. Manque de chance pour lui, les gens d'iDTGV avaient aussi prévu de faire la fête pour la dernière rame, mais ils avaient choisi celle qui allait dans l'autre sens : Nice→Paris à peu près au même moment ; donc nous n'avons pas eu droit aux ballons et autres goodies dans une voiture-bar spécialement décorée. Juste à passer 5h35min dans un train de plus en plus vide et de plus en plus tristounet, à faire les mots fléchés du magazine iDTGV (vraiment trop faciles) et ceux du Figaro abandonné par un autre passager (vraiment trop durs : hommes des cavernes en 12 lettres = poitrinaires, c'est limite pervers).

Mais pour consoler son copain qui n'aime pas voyager, mon poussinet nous avait réservé une suite (cette fois c'était prévu au programme, pas comme à Florence) de luxe, vue mer, à l'hôtel Negresco sur la promenade des Anglais. C'est bien la première fois que je loge dans une chambre d'hôtel qui fait deux fois la superficie de notre appartement parisien ; avec deux salles de bain (deux baignoires plus une douche, quatre lavabos, deux toilettes et un bidet), un canapé, quatre ou cinq fauteuils, un lit gigantesque avec cinq oreillers ; et une déco Louis XVI. (Et puis on peut toujours se dire que peut-être Grace Kelly ou Salvador Dalí ont dormi dans ce lit.) Mes photos ne sont pas en ligne, d'ailleurs peut-être que je ne les y mettrai pas vu qu'elles ne sont pas très réussies, mais celle-ci et celle-ci sur le site de l'hôtel le sont, et proviennent visiblement de la suite où nous étions. La suite en question était affichée à 2900€ la nuit (c'est-à-dire que c'est le prix maximal qu'ils peuvent pratiquer ; je suppose qu'il est rarement atteint), nous l'avons eue environ à 1/6 de ce prix, ça reste raide, mais il faut bien célébrer le dernier iDTGV !

Et ce n'est pas que la chambre qui était impressionnante : la déco de l'hôtel en général est assez stupéfiante, comme leur salon royal, où personne ne semble oser s'asseoir probablement en pensant que c'est plus un musée qu'un lobby d'hôtel.

En revanche, pour la vue sur la mer, c'était un peu raté : samedi soir quand nous sommes arrivés il faisait nuit depuis longtemps, et dimanche, il a fait un temps de chien à Nice toute la journée. Autant à Florence quelques jours avant il faisait glacial mais très beau, autant à Nice il faisait froid et moche. Le genre de pluie qui tombe toute la journée et qui semble vous geler jusqu'à la moelle des os. Du coup, la vue sur la mer n'était pas terrible, et, après une petite promenade, nous nous sommes réfugiés dans l'après-midi chez un copain pour nous sécher et nous n'avons essentiellement rien vu de la ville.

Au moment de repartir, comme les intempéries ne touchaient pas que Nice mais une bonne partie de l'Europe (l'aéroport d'Ajaccio a été complètement fermé, Heathrow était en pagaille, etc.), notre vol de retour a eu du retard. Heureusement ce n'était « que » 1h30min de retard, mais j'ai quand même eu l'occasion de plus visiter l'aéroport de Nice que ce que je souhaitais, et en rentrant, de moins dormir que je l'espérais. Il semble que plus tard l'aéroport de Nice ait été complètement fermé lui aussi, donc finalement, nous avons eu plutôt de la chance.

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(dimanche)

Encore une période de stress

Je suis d'un naturel extrêmement anxieux et angoissé (je suis d'ailleurs toujours étonné du fait que beaucoup de gens m'ont dit que je donnais plutôt l'impression contraire : je ne comprends pas ce qui peut expliquer que je projette une impression calme et détendue). Mais ce n'est pas uniforme dans le temps : il y a des périodes du jour, de la semaine et de l'année où je suis beaucoup plus stressé que d'autres. Par exemple, le dimanche soir ou la période de rentrée scolaire : pourtant, ce n'est pas comme si j'avais un boulot terriblement anxiogène, mais je crois que c'est plutôt tout changement de rythme qui me stresse, ou, pour ce qui concerne la rentrée, la fin de l'été au sens astronomique et météorologique qui fait ça. Tout ça n'est pas nouveau.

Et en ce moment, ça ne va vraiment pas bien sur ce plan. Or je ne comprends même pas vraiment quelles sont les choses qui m'angoissent. Une partie est peut-être due à mes leçons de conduite, mais ça ne doit pas être tout : c'est déjà peut-être plus l'angoisse de mal dormir avant une leçon le matin qui me stresse la veille au soir. Mais j'ai des pics d'anxiété à des moments que je n'explique pas du tout. Certes, ça reste un peu plus étalé dans le temps que les crises d'angoisse que j'avais faites il y a quelques années. Mais je devrais peut-être essayer de me faire represcrire de l'hydroxyzine, un antihistaminique avec des effets anxiolytiques qui m'avait fait du bien à ce moment-là (qui a l'avantage de faciliter le sommeil, mais l'inconvénient d'avoir une demi-vie désagréablement longue si on ne veut pas être somnolent toute la journée).

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(mercredi)

Je continue à apprendre à conduire (et me découvre des super-pouvoirs)

Je continue à prendre des leçons de conduite, et, franchement, ça ne se passe pas bien.

Par rapport à mon précédent post (et 10 heures de conduite plus tard, c'est-à-dire 20h au total, le minimum légalement exigible mais ça ne signifie rien), la difficulté a un peu changé, mais je ne suis pas pour autant persuadé qu'elle soit franchement moindre. Je me sens moins débordé par l'aspect purement mécanique, c'est-à-dire quand il s'agit de démarrer (y compris en côte), passer les vitesses (dans les deux sens) et m'arrêter ; ce qui ne veut pas dire que je ne fasse pas parfois très mal les choses (comme trop freiner ou pas assez), mais enfin, quelque chose est assurément rentré. Cependant, le fait que ces difficultés se lèvent révèle, par contraste, que d'autres sont plus profondes. (Et suggère aussi que la stratégie consistant à dire finalement, tant pis pour cet art foncièrement idiot d'apprendre à passer les vitesses : je vais passer le permis sur une automatique n'est peut-être pas opportune, même si je garde cette possibilité dans un coin de l'esprit.) Par exemple, mon moniteur observe toujours régulièrement que je me place mal ou que je me dévie, notamment parce que j'ai le regard trop court, parce que je fixe des choses que je veux éviter au lieu de fixer l'endroit où je veux aller. Mais bon, ça c'est sans doute corrigeable, et s'agissant du placement, vu le nombre d'autres usagers mal placés qu'il me signale (et qui ont, il faut croire, réussi à obtenir leur permis…), je ne suis pas le seul à avoir du mal : il faut dire que le marquage est particulièrement merdique autour de Paris, avec un nombre de voies parfois tout à fait incertain ou qui n'arrête pas de changer.

En revanche, d'autres difficultés sont probablement plus particulières à moi, et semblent consterner mon moniteur. (Il me sert des remarques du genre un gamin de huit ans sur son vélo arrive à faire ça : si tu ne t'en sors pas, je ne peux vraiment rien pour toi — et même si je comprends l'idée d'engueuler lors des erreurs pour qu'elles « rentrent » bien, je ne suis pas complètement convaincu de la pertinence pédagogique de ce genre de formulation.) À cette occasion, je me découvre trois super-pouvoirs fort nuisibles quand il s'agit de conduire :

  1. L'inobservation : j'avais déjà mentionné mon talent pour ne pas voir les choses qui sont juste sous mon nez (ou plutôt, comme le souligne la citation de Sherlock Holmes que je ne reproduis pas, pour ne pas observer les choses que je vois). De façon générale, je comprends très bien le mécanisme : je me concentre sur une aspect de ce que je vois (sur une difficulté présente, à venir, ou même passée), et je ne perçois plus le reste. C'est l'astuce la plus utilisée par les magiciens de spectacle, c'est le sujet d'une célèbre expérience de psychologie ; c'est aussi une des raisons pour lesquelles je suis épouvantablement nul aux échecs (du genre : je me concentre tellement fort sur la pièce adverse qui menace ma dame que je ne vois pas le pion qui menace mon cavalier). Mais quand j'arrive à ne plus voir un feu rouge alors qu'il n'y a rien d'autre à voir dans le coin, on peut vraiment se poser des questions. En tout état de cause, je me demande comment on peut s'affranchir d'un super-pouvoir aussi puissant en un petit nombre de dizaine d'heures de leçons.
  2. L'indécision : c'est une surréaction à l'auto-analyse du point précédent : je sais que je suis capable de rater les choses les plus « évidentes », donc j'ai toujours peur de ne pas avoir vu quelque chose. D'où une tendance à rouler trop lentement, que mon moniteur décrit comme carrément dangereuse parce qu'elle donne des signaux contradictoires (il veut se garer ?) ou parce qu'il faut vraiment y aller (pour dépasser un obstacle bloquant une voie d'une rue à deux voies, par exemple, il ne s'agit pas de ralentir).
  3. La panique inopportune : conséquence des deux points précédents, et déclenchée par la moindre petite erreur (par exemple, de manipulation mécanique), avec pour conséquence que je perds tous mes moyens et que je ne sais plus du tout ce que je fais.

Mon moniteur se plaint surtout de mon incohérence, qui est une conséquence de ce qui précède : rouler lentement quand il n'y a pas de raison à cause du point (2), ou trop vite parce que je n'ai pas remarqué quelque chose à cause du point (1), ou faire n'importe quoi à cause du (3).

(Je peux sans doute ajouter la suranalyse dans mes super-pouvoirs.)

Je ne sais pas non plus où j'en suis dans la formation. Mon livret d'apprentissage, édité par les Éditions Nationales du Permis de Conduire, est divisé en quatre grands chapitres (1 Maîtriser le maniement du véhicule dans un trafic faible ou nul, 2 Appréhender la route et circuler dans des conditions normales, 3 Circuler dans des conditions difficiles et partager la route avec les autres usagers, et 4 Pratiquer une conduite autonome, sûre et économique), eux-mêmes divisés en 9+7+9+7 compétences respectivement (1A à 1I, 2A à 2G, 3A à 3I et 4A à 4G ; par exemple : 1E = je sais doser l'accélération et le freinage à diverses allures et 2F = je sais franchir les carrefours à sens giratoire et les ronds-points et 3E = je sais m'insérer sur une voie rapide, y circuler et en sortir). Certaines compétences sont à leur tour divisées en sous-compétences : il y a 14+10+10+7 items au total, présentés sous forme de cases à cocher. Mon moniteur fait un trait dans une case quand la (sous-)compétence a été abordée, une croix quand elle a été enseignée, mais il a aussi parlé de noircir la case si la notion a été assimilée (ou quelque chose comme ça), et alors il n'a pas l'air de considérer que j'aie assimilé quoi que ce soit : pour l'instant, il a fait des croix dans 12 des 14 cases du chapitre 1 (et des traits dans les deux autres), rien de plus. Selon la manière dont on extrapole, ça laisse prévoir un nombre d'heures de formation élevé ou carrément délirant. Mais bon, tous les items ne se valent pas : le chapitre 4 a l'air complètement pipo ou vraiment facile (lire une carte routière, je pense que ça ne me pose pas trop de problème), mon moniteur semble suggérer que les chapitres 2 et 3 seront difficiles, mais je ne sais pas vraiment comment il compte les enseigner (2D = je sais tourner à droite et à gauche en agglomération, par exemple : on devinera aisément que j'ai déjà tourné à doite et à gauche !). Et évidemment, l'auto-école a intérêt à vendre le plus d'heures de formation possible (à la fois pour empocher l'argent et pour pouvoir déclarer un bon taux de réussite en première présentation).

Personnellement, ce qui me pose problème, ce n'est pas tant le prix des leçons que la difficulté à les placer dans la semaine (pour l'instant ça va, je n'ai pas de cours à donner, mais à partir de novembre ça deviendra beaucoup plus compliqué), et le stress engendré (que ce soit à me demander comment je peux avoir fait telle ou telle connerie, ou à me faire engueuler, ce n'est pas franchement plaisant, sans même parler du risque d'accident).

Ajout : pour la conclusion de mes aventures de permis de conduire, c'est .

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(vendredi)

Ruxor apprend (péniblement) à conduire

Ayant obtenu le code le mois dernier, je profite du fait que je n'ai pas de cours à donner pour quelque temps pour prendre des cours de conduite. Je ne peux pas dire, après 10 heures de leçons (plus 3 heures sur simulateur) que je sois franchement enthousiasmé par l'expérience. Ni le moniteur par mes progrès : La formation sera longue…

Il trouve notamment que je suis trop crispé sur le volant, ce qu'il interprète comme une forme de peur. Je ne dis pas qu'il ait tout à fait tort (la voiture individuelle est certainement un moyen de transport passablement dangereux, mais enfin, je suis déjà monté dans les voitures de gens conduisant plutôt dangereusement, je n'étais pas recroquevillé de terreur, il n'y a pas de raison que je n'arrive pas, à terme, à être plus prudent qu'eux, et en tout cas, pour l'instant, je suis avec quelqu'un qui est bon pour rattraper les erreurs[#]) ; mais ce que je ressens surtout, c'est l'impression d'être débordé par les choses qui demandent mon attention en même temps, ne serait-ce que le nombre d'étapes pour faire des choses aussi débiles que démarrer ou s'arrêter (sans caler[#2]…) sur une voiture à conduite manuelle.

Ce n'est pas que ce soit difficile, mais j'ai un peu l'impression de jouer à un jeu comme Jacques a dit : du genre avant de prononcer une phrase qui commence par une consonne, vous devez lever le bras droit, à chaque fois que vous utilisez le mot le vous devez claquer des doigts, et tous les sept mots exactement vous devez taper du pied : ceci étant, racontez-moi vos vacances (mais pourquoi allez-vous si lentement ?) — oui, merci, je crois que j'ai compris et retenu les règles (celles auxquelles j'ai eu droit pour l'instant, du moins), mais avant d'en faire un automatisme, avant de me les approprier[#3], comme dit mon moniteur, il me faudra effectivement du temps. Je comprends pourquoi ce n'est pas une bonne idée d'attendre 40+ ans pour ça. Et je comprends aussi pourquoi les Américains n'aiment pas les boîtes de vitesse manuelles et les embrayages. Sans même parler des règles de la circulation à respecter en même temps, et de tous les gens à surveiller autour : je suis très mauvais pour le multitâche, et si je perds le fil, j'ai tendance à ne plus du tout savoir où j'en suis et à faire vraiment n'importe quoi, ce qui est une très mauvaise idée en voiture.

Le simulateur devrait permettre d'acquérir ces automatismes par la répétition d'exercices faciles. Mais le simulateur ne sanctionne pas certaines mauvaises pratiques (il ne vérifie pas qu'on tient le volant correctement, qu'on garde le pied sur le frein à l'arrêt, ce genre de choses), et mon moniteur n'a pas l'air convaincu par son utilité.

Bon, après, mon moniteur a aussi l'air de penser que le seul vrai permis de conduire est celui qu'on obtient à Paris (où la route n'arrête pas de changer de direction et de largeur, où les gens arrivent dans tous les sens, où il y a tellement d'inspecteurs à l'examen qu'on ne peut pas bachoter selon les habitudes de chacun, etc.) ; en tout cas, il n'a pas l'air de penser grand bien de celui qu'on obtient en des plus petites villes en France ni dans certains autres pays.

(Je n'attends pas non plus avec impatience la voiture qui se conduit toute seule : vu le niveau désastreux de la sécurité informatique en général, elle sera certainement moins dangereuse qu'une voiture conduite par un humain… jusqu'au jour où un pirate russe prendra le contrôle de 100000 voitures simultanément dans le monde et les enverra toutes foncer n'importe où, et en comparaison les guignols de terroristes qui font peur à faire ça un par un ils paraîtront bien anodins. L'avenir ne m'enthousiasme donc pas trop.)

En attendant, ce qui est sûr, c'est que je connais maintenant très bien le parking du cimetière de Chevilly-Larue pour en avoir fait plein de fois le tour (et il a l'air très populaire auprès des auto-écoles, vu que nous n'étions pas les seuls).

Ajout : pour la suite de mes aventures de permis de conduire, c'est ici et .

[#] Ce qui m'amène d'ailleurs à me demander comment on forme les moniteurs d'auto-école : est-ce qu'ils ont des leçons pratiques où un méta-moniteur s'asseoit à la place de l'élève (i.e., du conducteur) et fait volontairement des erreurs de débutant pour vérifier que le moniteur arrive à les rattraper à temps ? Et du coup, comment forme-t-on les méta-moniteurs (et ainsi de suite, comme le fameux problème de la construction des grues de chantier) ? Que de questions sans réponse !

[#2] Mon problème à ce stade, ce n'est pas tellement que je cale, c'est plutôt que je suis tellement précautionneux lorsque je relâche l'embrayage pour ne pas caler en démarrant que le chauffeur derrière moi s'énerve et me double dangereusement.

[#3] Déjà, juste la façon dont on me dit que je dois manier le volant dans les tournants importants (genre, à angle droit) ne me semble pas du tout naturelle : à part qu'il ne faut pas que je sois crispé, on m'apprend qu'il faut chevaucher les mains, moi je trouverais beaucoup naturel de les faire glisser — rien que ça, ça me mobilise de l'espace mental pour rien.

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(dimanche)

La petite place qui réapparaît dans mes rêves

J'ai déjà plusieurs fois parlé sur ce blog des thèmes qui reviennent régulièrement dans mes rêves — par exemple ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici — je ne pensais pas en avoir écrit autant, d'ailleurs, et je devrais peut-être créer une catégorie juste pour ça ; mais quand les gens se mettent à raconter leurs rêves, c'est en général signe qu'il vaut mieux s'enfuir, donc si vous voulez fuir, cliquez ici. Mais autant les thèmes récurrents existent sans l'ombre d'un doute, autant c'est un mystère pour moi de savoir si les éléments récurrents existent.

Pour être plus précis, ça m'arrive souvent de faire un rêve dont je pense (pendant que je suis en train de rêver) que c'est la suite d'un autre rêve, dont j'ai un souvenir relativement précis, ou simplement qu'un élément particulier est déjà apparu ; mais plus d'une fois, une fois réveillé et une fois sorti de cette phase où tout ce que j'ai pensé en rêve continue à me sembler vrai ou intéressant, j'ai eu des raisons de mettre ce souvenir en doute : l'« autre rêve » n'avait jamais existé, ou bien était inventé en même temps que le rêve qui croyait lui faire référence, ou peut-être en était une autre partie, bref, le souvenir lui-même me semblait falsifié. Ou en tout cas, je le soupçonnait de l'être ; a contrario, je n'ai jamais eu de certitude ni même de très forte présomption qu'un souvenir du genre « j'ai déjà rêvé ça » était correct (ceci étant, je n'ai de preuve ni dans un sens ni dans un autre : forcément, c'est très difficile d'avoir une preuve qu'on n'a pas rêvé quelque chose, à part peut-être en s'appuyant sur un principe de causalité, et ce n'est pas non plus très fréquent, à moins de tout noter, qu'on puisse avoir une preuve d'avoir déjà rêvé quelque chose). Bien sûr, ça m'est arrivé de refaire plusieurs fois un rêve d'une chose réelle, ou de faire plusieurs rêves qui se ressemblent, mais retrouver dans un rêve un élément extrait d'un rêve passé, je ne suis pas sûr que ça arrive vraiment, et surtout, même si ça devait arriver, le fait de m'en souvenir dans le rêve ne fait que rendre la chose plus suspecte.

Mais voici quelque chose qui est à la frontière ténue entre le thème récurrent et l'élément récurrent : il y a, dans plusieurs de mes rêves, une petite place à Paris, une place d'aménagement récent et d'architecture moderne, où j'aime bien aller me poser, une place très tranquille, presque cachée, un peu encaissée, en bas de plusieurs rues dont elle fait des sortes d'impasses ; cette place est située non loin d'un quartier d'immeubles modernes ; j'ai parfois du mal à la retrouver. Les thèmes généraux dans tout ça sont des thèmes fréquents de mes rêves (voir notamment les thèmes que je qualifie de promenade à moitié oubliée et de ville art nouveau dans cette entrée) ; et il y a des éléments assez évidents de la vie réelle : je pense par exemple à cette place réelle pas loin de chez moi (qui fait tellement « petit village » qu'on a du mal à croire qu'elle soit en plein Paris), je pense au nouveau quartier Clichy-Batignolles et à celui autour de Tolbiac (et un de ses squares), je pense au genre de parcs que j'aime visiter, peut-être même à ceux que j'aime imaginer, je pense à toutes sortes de promenades que j'ai faites dans Paris et où j'ai pu prendre plaisir à découvrir des nouveaux endroits surtout quand ils semblent un peu cachés.

Néanmoins, cette petite place à laquelle j'ai rêvé trois ou quatre fois (si j'en crois mes souvenirs qui sont peut-être faux !) ne combine pas que des thèmes oniriques généraux et des éléments de la réalité : elle a aussi des caractéristiques assez bien définies comme un mur de pierre qui la ferme sur une bonne partie de son périmètre, un tout petit jardin en son centre, et une atmosphère que j'ai du mal à décrire parce qu'on ne décrit pas facilement un rêve, mais qui est néanmoins plutôt précise dans ma tête.

Et c'est assez désolant, parce que maintenant que cette petite place existe dans ma tête, je suis tout triste qu'elle n'existe pas dans la réalité et que je ne puisse pas aller m'y asseoir pour lire un jour de beau temps.

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(lundi)

Chips, bonbons et autres tentations

Il y a un corollaire de la loi de Murphy qui dit que plus un aliment est bon au goût plus on peut être sûr qu'il est mauvais pour la santé. C'est certainement exagéré (et difficilement explicable du point de vue de l'évolution, même en tenant compte du décalage entre l'environnement du chasseur-cueilleur et l'époque contemporaine), mais en ce qui me concerne, il y a incontestablement des aliments qui me font instantanément oublier la prescription évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé que le gouvernement français fait mettre sur les pubs alimentaires. À savoir, les cochonneries salées et sucrées que sont les chips et autres biscuits apéritif d'une part et les bonbons de l'autre.

Dans les deux cas, il ne faut surtout pas que je commence : plus j'en mange, plus j'ai envie d'en manger. Et ça s'applique à tout un spectre de cochonneries salées et sucrées : des produits au goût complètement chimique pleins de glutamate (j'adore le glutamate et le goût umami) ou style fraises tagada, jusqu'aux biscuits artisanaux au gouda vieux vendus à un prix exorbitant par des marques pour bobos avec des noms comme Machin et Augustel ou aux bonbons fabriqués selon une recette traditionnelle vieille de 300 ans — tout ça est kif-kif pour moi. Quand on me met devant une buffet apéro, je commence par manger à un rythme raisonnable, au bout d'une dizaine de minutes je mange aussi vite que la bienséance le permet, et encore un peu plus tard, je finis par jeter la bienséance par la fenêtre et me goinfrer aussi vite que mes mains peuvent porter les cochonneries salées ou sucrées à ma bouche. Après chaque AG des copropriétaires de notre immeuble, par exemple, une de mes voisines prépare des feuilletés au fromage pour tout le monde, et je crois que je dois en manger les trois quarts à moi seul.

L'ennui n'est pas que ça fait grossir (je n'ai pas trop de problèmes de ce côté-là). L'ennui est que quand je me goinfre comme ça, la punition ne se fait pas tarder. S'agissant des bonbons, surtout les trucs bien chimiques que fait Haribo, j'en mange de plus en plus jusqu'à ce que, tout d'un coup, je sois complètement écœuré et que j'aie, de surcroît, de terribles aigreur d'estomac. S'agissant des chips, c'est plutôt mes intestins qui me rappellent à l'ordre ; et j'ai l'impression que ça empire avec les années : maintenant je ne peux plus en manger plus que quelques poignées sans que ça me fasse l'effet d'un litre de jus de pruneaux.

C'est d'ailleurs assez mystérieux : j'ai testé chacun des ingrédients d'un paquet de chips séparément, aucun n'a d'effet particulier sur ma digestion. Je n'ai pas de problème avec les pommes de terre, même frites dans de l'huile et salées, ni avec l'huile elle-même, ni avec le sel, ni avec le glutamate, ni avec aucun des allergènes classiques dont on pourrait trouver des traces dans les chips, par exemple je mange sans problème du beurre d'arachide à la petite cuiller, donc je ne sais pas ce qui peut provoquer un problème spécifique avec les chips ; on m'a fait toutes sortes de suggestions idiotes, comme une intolérance au gluten (franchement, je le saurais), mais je ne trouve rien qui tienne debout. Toujours est-il que je dois maintenant éviter les chips. Et ça me rend très malheureux.

Parce qu'on pourrait croire que la tentation se dissipe avec le temps, mais il n'en est rien. À chaque fois que je passe au rayon des biscuits pour apéritif de mon supermarché, ou à côté d'un vendeur dans la rue à l'étal rempli de bonbons, je pleure intérieurement de devoir me priver de ces plaisirs que je n'arrive pas à consommer raisonnablement. Je ne sais pas ce qui est le pire : pour ce qui est du sucré, mon poussinet, qui ne partage pas mon addiction, n'arrive pas à comprendre que je sois tenté, et ne compatit donc guère ; pour ce qui est des chips, il aime lui aussi beaucoup, et n'a pas de scrupule à manger sous mon nez des trucs que je suis bien triste de ne pas pouvoir digérer.

Heureusement, j'arrive encore à profiter des biscuits au fromage sans en tomber malade, ou, s'agissant du sucré, du chocolat (j'en suis aussi fou, mais je finis par ne plus en vouloir avant d'être complètement écœuré). Et je pense qu'il vaut mieux que j'évite d'essayer n'importe quelle substance ayant un effet addictif, si déjà le sucré et le salé me font perdre la mesure.

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(vendredi)

Rhume et aphtes

J'ai plutôt eu moins de rhumes ces dernières années qu'il y a plus longtemps où c'était carrément une blague récurrente sur ce blog, mais là j'en ai quand même attrapé un gros, qui est tout juste en train de finir, mais qui m'aura empêché de bien profiter des premières journées de temps vraiment printanier à Paris.

Or il y a un truc qui, chez moi, a presque toujours accompagné les rhumes : c'est qu'à peu près au moment où le rhume finit, j'ai des aphtes qui apparaissent dans la bouche. Ça n'a pas l'air d'être un truc médicalement très documenté, en tout cas, Internet n'a pas l'air de répertorier de documentation au sujet d'une telle corrélation.

(Je remarque en passant que l'anglais n'a pas vraiment de mot pour aphte. Wikipédia parle juste de mouth ulcer ; le mot aphtha semble exister [avec une ‘h’ de plus en anglais qu'en français comme beaucoup d'autres bout de mots venant d'un phi-thêta grec, par exemple ophtalmo- en français contre ophthalmo- en anglais], mais n'est quasiment pas utilisé ; on trouve aussi canker sore, qui est furieusement imprécis. Je trouve ce genre de situation vraiment agaçante. Vous saviez que l'anglais n'a pas non plus de bon terme pour dire peluche ?)

Je peux évidemment imaginer plein de raisons qui expliqueraient ou participeraient à une telle corrélation :

  • Une attaque directe par le virus du rhume de la muqueuse de la bouche. (Après tout, s'il peut donner des maux de gorge très localisés — et ça m'arrive, quoique plutôt en début de rhume — je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas causer des aphtes.)
  • Une infection bactérienne secondaire. (Ça ne collerait pas trop avec le fait que, généralement, ces aphtes disparaissent tout seuls en un jour ou deux.)
  • Le fait que, ayant le nez bouché, je me retrouve souvent à dormir une nuit ou deux en respirant par la bouche, ce qui assèche celle-ci.
  • Le fait que, pour fluidifier la charge de mon nez et/ou de mes bronches, je prends parfois de l'acétylcystéine, qui comme mucolytique peut avoir tendance à causer des ulcères ou des inflammations des muqueuses. Explication séduisante, sauf que ma tendance à avoir des aphtes après les rhumes est beaucoup plus ancienne que mon utilisation d'acétylcystéine.
  • Effet secondaire d'un autre médicament ? Bon, je ne prends pas grand-chose, en fait.
  • Pur effet nocébo, par habitude du fait que les rhumes me causent des aphtes ?

Je ne suis pas médecin, ces hypothèses sont peut-être stupides.

Toujours est-il que ce coup-ci j'ai attrapé un aphte vraiment très pénible, sur la joue gauche juste en face des dernières molaires supérieures ; et que contrairement à l'habitude, il n'a pas l'air de vouloir partir rapidement (ça fait maintenant quatre jours qu'il est installé). Normalement mes aphtes partent presque magiquement quand je mets du pyralvex (autre truc dont on ne sait pas bien pourquoi ça marche, d'ailleurs : c'est de l'acide salicylique et de la rhubarbe), mais là, rien n'y fait.

Et du coup, j'ai le plus grand mal à manger. L'aphte lui-même n'est pas trop douloureux quand je ne fais rien, mais dès que je mâche, il me lance un peu comme une rage de dents. C'est fou comme il suffit d'un tout petit rien pour me gâcher quelque chose que je prends normalement beaucoup de plaisir à faire (bien manger).

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(vendredi)

J'aime avoir l'illusion du choix du café

J'ai commencé à boire du café en 1993 pour une raison idiote : plusieurs de nos profs avaient emmené notre classe en voyage en Grèce (j'étais en première à l'époque — pour les non-Français, ça désigne l'avant-dernière année du lycée), nous avons parcouru tous les sites touristiques incontournables en quelque chose comme une semaine, du coup l'agenda était plutôt serré, nous devions nous lever tôt pour monter dans le car qui nous emmènerait de, disons, Delphes à Olympie, et évidemment, la veille au soir, nous étions restés très tard à jouer aux cartes, à bavarder et à refaire le monde comme on fait à cet âge-là ; bref, je manquais de sommeil, et puisque nous étions à l'hôtel, le matin nous avions du café sur la table, et j'ai décidé d'essayer ; j'ai trouvé ça plutôt infect, mais avec assez de sucre dedans, ça passait, et ça m'aidait à lutter contre le sommeil, ou du moins je l'imaginais. Peut-être aussi que c'était une façon pour moi de me sentir adulte : je ne bois pas d'alcool, je n'ai jamais aimé ça, il est possible que j'aie, à cette époque, reporté sur le café l'idée que certains se font de l'alcool comme la « boisson des adultes » (qu'il faut faire semblant d'aimer ?). Bon, j'avais des idées bizarres quand j'avais seize ans : j'ai aussi passé un bon bout de ce voyage en Grèce à chercher dans les boutiques de souvenirs pour touristes une réplique d'un casque de guerrier spartiate (pourtant c'était avant que le film le plus homoérotique de l'Univers ne sublime et ne popularise l'esthétique du beau lacédémonien au torse impeccablement dessiné et inexplicablement laissé sans protection) ; comme le faux casque était un peu trop cher, je suis juste rentré avec un buste de Socrate (en stuc) ; cet épisode m'a d'ailleurs inspiré plus tard, mais je digresse. Je n'ai toujours pas de casque spartiate (ni le physique qui va avec), mais je continue à boire du café.

Je ne me souviens pas à partir de quand je me suis mis à le faire régulièrement, cependant. Toujours est-il que ça fait partie de la culture des mathématiciens. À propos de Pál Erdős par exemple (qui buvait du café un peu comme Balzac), son collègue et ami Alfréd Rényi a lancé l'aphorisme :

A mathematician is a device for turning coffee into theorems.

— ce à quoi une blague de matheux à peine moins célèbre que l'aphorisme de départ (et que j'ai d'ailleurs déjà racontée) ajoute :

A comathematician is a device for turning cotheorems into ffee.

(La blague est que dans beaucoup de contextes mathématiques, si on a un machin f:XY on peut avoir une sorte de dual, ou d'adjoint, ou de co-machin f*:Y*X* — et là ça tombe particulièrement bien parce qu'un co-coffee ce serait logiquement un ffee.)

Je me souvent demande si le thé ne servirait pas à produire des définitions, le déca des conjectures, le maté des lemmes, le chocolat chaud des corollaires, et le coca-cola des algorithmes.

Mais plus sérieusement, les matheux ont effectivement tendance à boire du café ou du thé comme certains artistes sont censés fumer des psychotropes. En fait, ce n'est pas tellement pour le café lui-même que pour l'occasion de bavarder entre collègues : le thé et les petits gateaux, ou bien le café et la tablette de chocolat, fournissent le prétexte idéal pour se rassembler, prendre une craie et se poser mutuellement des questions amusantes ou instructives. Béla Bollobás a même écrit un livre dont le sous-titre est Coffee Time in Memphis où il rassemble un certain nombre de problèmes à partager autour d'un café et d'un tableau noir. L'intérêt du café n'est donc pas tant le breuvage consommé que la conversation qui l'accompagne.

Toujours est-il que je me suis mis à aimer boire du café. Je ne sais pas vraiment si je me suis mis à aimer le café, mais je me suis mis à aimer le fait de le boire. Même, par extension, quand je n'ai pas quelqu'un avec qui parler de maths quand je bois mon café. Je n'en prends généralement qu'un par jour, après le déjeuner (si j'ai vraiment envie d'un second café, je prends généralement un déca, sauf si je lutte contre le sommeil mais ça reste exceptionnel). Je le bois lentement, soit en discutant de maths rigolotes (cf. ci-dessus), soit en regardant les gens passer dans la rue, soit en lisant un livre, en tout cas en faisant une pause et en essayant de mettre tous mes tracas de côté. Le café du midi est devenu, un peu le symétrique du sommeil, une respiration importante dans ma journée, un petit rituel auquel je tiens énormément. (Par ailleurs, je n'en bois jamais chez moi : je n'ai pas de machine à café chez moi, et d'ailleurs guère de place pour en mettre une ; ça fait partie du rituel d'en boire à l'extérieur.)

Mais quel café ? Je ne suis pas très difficile : comme je l'ai raconté plus haut, quand j'ai commencé à boire du café, je n'aimais pas ça du tout, je mettais plein de sucre pour faire passer le mauvais goût ; maintenant, je continue à sucrer mon café (moins) sauf quand je le prends en même temps que mon dessert, et je ne sais pas vraiment si j'aime le goût du café, ou seulement l'acte d'en boire. Et je n'ai certainement pas la prétention d'être un connaisseur : je peux détecter qu'il est plus ou moins sucré, ou plus ou moins dilué (je l'aime modérément serré, i.e., à peu près ce que les Français appellent un espresso, et qui pour les Italiens serait plutôt un lungo), mais je pense que mon discernement s'arrête là, si on me faisait goûter plusieurs crus différents à l'aveugle, je serais probablement incapable de les différencier.

Pourtant, j'aime quand même avoir le choix. C'est assez paradoxal : c'est une boisson dont je ne raffole pas tant que ça, mais que j'aime néanmoins boire, et dont je ne sais pas vraiment reconnaître les nuances du goût, mais sur laquelle je veux néanmoins avoir un choix à faire. J'aime qu'on me propose le choix entre un arabica du Guatémala et un autre d'Éthiopie, même si ce choix est purement placébo et peut-être qu'on me donnera exactement la même chose au final : le café est un rituel qui me plaît et le fait de choisir l'origine du grain rend ce rituel encore plus magique.

Et bizarrement, s'il est facile de trouver à Paris de quoi satisfaire le désir d'un bobo/hipster qui voudrait le choix entre des dizaines ou des centaines de variétés de thé, si possible chères, c'est nettement plus difficile pour ce qui est du café. Sans aller chercher le kopi luwak qui est digéré par des chats musqués au lieu d'être torréfié (merci, mais ça ne me tente pas spécialement, le caca de civette), j'aime avoir l'illusion de choisir entre de nombreuses options. En fait, si, on trouve pas mal de torréfacteurs qui proposent un grand nombre de provenances différentes, mais la plupart d'entre eux ne proposent pas de service sur place, ce que je recherche. J'ai bien trouvé la chaîne Cofféa, ainsi que le café Verlet (rue Saint-Honoré), et dans une certaine mesure les cafés Malongo (le choix est plus limité), mais je ne comprends pas bien pourquoi le créneau n'est pas plus exploité.

Je pense notamment à Nespresso. Ils ont des points de vente partout, mais à ma connaissance, à de très rares exceptions près, ces points de vente ne font que de la vente à emporter : on peut acheter des capsules et des machines, et peut-être rencontrer George Clooney par hasard, mais pas déguster sur place. J'ai du mal à comprendre que l'idée ne leur soit pas venue qu'avant d'acheter des capsules rouges, vertes ou bleues, les gens auront peut-être envie de les essayer, et que ça peut être une pub formidable que de proposer d'essayer un café préparé à la perfection par les soins de la marque elle-même. J'ai écrit de très rares exceptions, parce que j'en connais une : il existe un Nespresso Café à Londres, dans la City, à peu près ici je crois (Google Street View n'est pas à jour), sur lequel mon poussinet et moi sommes tombé par sérendipité en flânant dans le coin (je nie préventivement tout lien avec la City de Londres). On peut y consommer sur place, donc, des cafés de la marque : exactement le genre de choses que je cherche, sauf que je ne suis pas souvent à Londres. Je ne sais pas si c'est le seul Nespresso Café au monde : le fait est que ce n'est pas facile de chercher Nespresso Café dans Google tout en excluant les résultats concernant le café Nespresso.

Bon, en attendant, la cantine de mon école propose un choix assez varié de capsules (ce n'est pas du Nespresso mais un des zillions de systèmes concurrents et non-interopérables ; encore que celui-là, comme un collègue me l'a appris, est un système ouvert, ce qui est bien). Mais le week-end, quand je mange dehors avec mon poussinet, je n'ai souvent qu'un seul choix. Un drame, dont il faut que je m'empresse de me plaindre en environ 1500 mots sur mon blog. Dont acte.

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(dimanche)

Introspection, et « marcellisme »

Je me suis livré à quelques séances d'introspection pour essayer de comprendre pour quelle raison la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine m'affectait tant. Je ne vais pas revenir sur la politique, mais parler un peu au niveau émotionnel.

Il est vrai que cette nouvelle tombe à un moment où j'ai l'impression d'être harcelé par toutes sortes de tracas et d'inquiétudes. Rien de grave !, mais une accumulation de mille et un petits embêtements ou causes de contrariété qui, à force, finissent par me peser. Comme tracas momentanés, il y a par exemple ce souci mathématique qui m'a donné un certain chagrin, ma tentative pour m'inscrire au permis de conduire qui est toujours dans les limbes, il a une fuite d'eau au sous-sol de notre immeuble juste ne-dessous de notre appartement et dont on ne trouve pas la source, il y a mon nouvel ordinateur dont je ne suis décidément pas content ; comme causes de fatigue passagère il y a notamment des travaux (plus un rhume qui finit tout juste), et il y a le temps pourri de ce début de novembre, les journées qui raccourcissent et le passage à l'heure d'hiver qui me dépriment un peu chaque année ; j'ai aussi des inquiétudes à plus long terme (concernant, par exemple, l'évolution de l'établissement où j'enseigne — je ne vais pas en parler ici parce qu'il est, paraît-il, mal vu de dire publiquement du mal de sa hiérarchie), mais je ne vais pas m'étaler à ce sujet. Ce ne sont que quelques exemples, qui montrent que je me fatigue facilement de plein de petits riens : mais peut-être finalement que ce qui me pèse est que je n'arrive pas vraiment à me rappeler à quand remonte la dernière fois que j'ai reçu une vraie bonne nouvelle ou simplement ce que j'avais appelé autrefois une potentitialité (heureuse). (Le mieux qui me vienne à l'esprit est que quand j'ai vu mon dentiste récemment, il m'a dit que je n'avais pas de nouvelle carie, et c'est peut-être bien la première fois que ça se produit au cours des quelques dernières années.)

Mais il y a autre chose dont je me suis rendu compte en repensant à la manière dont j'avais ressenti la campagne électorale américaine, c'est l'importance d'un sentiment un peu confus mais que je ressens en général de façon très forte. Je ne sais pas quel nom donner à ce sentiment qui mériterait certainement une entrée dans le Dictionary of Obscure Sorrows, mais si je dois le définir en une phrase, ce serait quelque chose comme ceci :

Une fois que le match est joué, les points gagnés ou perdus pendant le jeu perdent toute signification.

Ce n'est pas très clair ? Je vais essayer d'expliciter. Il s'agit d'une forme d'espoir déçu, mais c'est un peu plus spécifique que ça : la sensation d'amertume provoquée par le souvenir de succès initiaux rendus vains ou caducs par un échec final. Imaginez que vous jouez à un jeu dans lequel vous espérez la victoire (ou celle de votre équipe, ou celle d'une équipe dont vous êtes le supporter) : des éléments de progrès dans le jeu, par exemple un point marqué par vous ou votre équipe, ou la réussite d'un but intermédiaire, la victoire à une bataille, l'avancement de votre personnage, ce genre de choses, vous causent une certaine satisfaction. Soit parce qu'ils font espérer en une victoire finale qu'ils montrent plus probable, soit parce qu'ils sont des victoires partielles. Mais voilà que survient une défaite définitive, irréversible et irrécupérable : tous les espoirs soulevés par ces réussites intermédiaires sont déçus, les victoires elles-mêmes sont rendues caduques et perdent toute valeur. Et leur souvenir devient alors d'autant plus amer qu'ils avaient nourri des espoirs ou une satisfaction maintenant douchés.

Ce sentiment existe dans toutes sortes de circonstances, et à toutes sortes de degrés. C'est le sentiment de l'empereur Auguste et de sa sœur Octavia quand ils repensent à la carrière prometteuse de Marcellus (le fils d'Octavia, donc le neveu d'Auguste) interrompue brutalement par sa mort — sentiment traduit par Virgile dans une célèbre phrase du livre VI de l'Énéide, Heu, miserande puer, si qua fata aspera rumpas, / Tu Marcellus eris ! (Hélas, malheureux enfant, si tu peux rompre ton destin cruel, / Tu seras Marcellus !). Ingres en a même tiré un tableau où on voit Octavie s'évanouir sous l'effet de ce sentiment, que je pourrais donc appeler marcellisme.

C'est le sentiment, par exemple, de l'entrepreneur dont l'entreprise connaît des succès initiaux dont il se réjouit, mais finit par faire faillite pour une raison stupide. Et celui d'un candidat à une élection qui, après avoir perdue celle-ci, repense avec amertume à la satisfaction que lui donnaient des sondages initiaux favorables. C'est le sentiment d'un « libéral » américain qui aurait été heureux d'apprendre la mort du juge Antonin Scalia (ce n'est sans doute pas bien de se réjouir de la mort de quelqu'un, mais parfois c'est vraiment difficile de ne pas le faire) et qui y repenserait maintenant.

Une variante de ce sentiment, beaucoup plus forte (mais sans doute proche de celle qu'aurait pu ressentir la sœur d'Auguste) se rapporte à la mort d'un être cher lorsqu'un repense à quelque chose qu'on prévoyait de faire avec lui. Je pense par exemple à une scène, sans doute un mélange de fictions que j'ai lues ou vues et peut-être de témoignages que j'ai entendus, où une personne attend l'arrivée d'un être cher pour lui faire une surprise, peut-être le demander en mariage ou souhaiter son anniversaire, et plutôt que l'être attendu, ce qui arrive est l'annonce qu'il vient de décéder. Il s'agit là de la forme la plus perçante du « marcellisme ». (La simple idée de cette scène, même ainsi rendue générique et dépouillée de tout détail, me fend le cœur.)

Bien sûr, le sentiment peut avoir un pendant heureux, et qui a certains points communs avec la forme malheureuse dont je parle ci-dessus : le soulagement de se rendre compte que toutes sortes de défaites intermédiaires ou de pronostics funestes sont, finalement, annulés. Il doit aussi exister une forme neutre lorsque quelque chose tourne de manière totalement différente de ce que les signes préliminaires laissaient penser, sans que ce soit classable sur une échelle de bien en mal (mais je ne sais pas si cela provoque vraiment un sentiment particulier à part la surprise).

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(lundi)

Comment convaincre le cerveau d'ignorer un bruit ?

L'immeuble jouxtant le mien est en travaux, depuis un mois, et pour encore au moins trois mois. D'après le permis, ils refont la façade sur la rue et rajoutent un étage : ce ne sont pas des travaux légers, même si pour l'instant je ne comprends pas à quoi ils jouent. On entend essentiellement des coups de marteau et surtout des sons qui ressemblent à une perceuse. Si nos immeubles ne partagent pas de mur, ils se touchent : la position de mon appartement, donnant sur cour et non immédiatement contigu à l'immeuble en travaux, me protège un peu des bruits, mais ils sont tout de même assez forts. Plus exactement, il y a d'occasionnels bruits forts et beaucoup de bruits très atténués, probablement parce que parfois ils attaquent le mur touchant notre immeuble et parfois non. Par ailleurs, je ne peux pas trop mettre des bouchons dans les oreilles (disons que ça doit rester exceptionnel), parce que j'ai le conduit auditif facilement irrité et le cérumen qui s'accumule très vite.

Les bruits commencent aléatoirement entre 8h et 9h30, et durent jusque vers 11h : je ne sais pas si c'est parce qu'ils font une longue pause déjeuner, ou parce qu'ils passent ensuite à quelque chose d'autre que je n'entends pas. Peut-être qu'il y a aussi des bruits dans l'après-midi, mais je ne suis pas là pour vérifier et en tout cas il n'y en a plus quand je rentre chez moi (même quand je rentre tôt). Et c'est, bien sûr, tous les jours du lundi au vendredi (y compris le pont du 1er novembre).

Ce n'est pas tellement problématique d'être réveillé à 8h : ce qui l'est, c'est que l'idée que je serai forcément réveillé entre 8h et 9h30 m'empêche de bien dormir (j'avais essayé d'expliquer ça ici, ainsi que dans le 6º et sans doute quantité d'autres fois sur ce blog). C'est-à-dire que dès que je suis réveillé pour n'importe quelle raison pendant la nuit, je commence à me dire il ne faut surtout pas que je fasse de l'insomnie maintenant, parce que ces foutus travaux vont me réveiller de toute façon que j'aie dormi ou non, et du coup ça me stresse et je fais effectivement de l'insomnie, et c'est un cercle vicieux.

Ce qui se passe donc typiquement en ce moment est que je me couche tôt (entre 22h et 23h), je fais une grosse insomnie pendant la nuit (typiquement vers 3h du matin) en stressant parce que les bruits de travaux vont me réveiller et que je n'aurai pas assez dormi, les bruits de travaux me réveillent effectivement vers 8h30 (disons), je reste quand même au lit parce que je suis complètement crevé, mais je n'arrive pas à dormir, je somnole juste, et quand les bruits cessent enfin vers 11h, je me dis qu'il est quand même trop tard pour me rendormir, et je me lève enfin. Ayant perdu quelque chose comme douze heures au lit mais n'ayant dormi que six ou sept heures de ce temps, je suis crevé toute la journée. Et du coup je me couche tôt, et le cycle recommence. Ce n'est pas systématiquement comme ça, mais c'est tout de même très fréquent. Cela n'aide pas qu'en ce moment mon poussinet ait un rhume, ce qui a pour effet qu'il dort mal lui aussi, et fait du bruit pendant la nuit. Le passage à l'heure d'hiver pourrait aider, mais en fait il me perturbe plus qu'autre chose, et me stresse encore plus, ne serait-ce que parce que le passage à l'heure d'hiver me déprime toujours.

Et il n'y a pas que le sommeil qui pose problème : même si je suis levé, j'aime rester le matin chez moi (quand je n'ai pas de cours à donner) pour lire des articles de maths ou réfléchir à des problèmes dans une ambiance différente de celle de mon bureau. Il va de soi qu'avoir des bruits de perceuse toutes les minutes n'aide pas vraiment à la concentration.

Je me dis que ce qu'il faut que j'arrive à faire, c'est convaincre mon cerveau… Bon, c'est un peu bizarre d'écrire convaincre mon cerveau, parce que je ne sais pas ce que c'est que moi à part mon cerveau, mais disons, convaincre la partie de mon cerveau qui est responsable d'endormir et de réveiller le tout, si tant est qu'une telle partie existe, et/ou la partie responsable de l'audition. Convaince mon cerveau, donc, d'ignorer ces bruits. Qui ne sont pas si forts que ça, finalement : je conçois qu'il y ait des sons qui soient impossibles à ignorer, mais ceux qui me réveillent actuellement n'en font probablement pas partie.

Après tout, il y a bien des bruits que j'ai réussi à apprendre à ignorer. Il y a deux-trois ans, par exemple, mon poussinet et moi avions commencé à être gênés par nos voisins d'à côté, quand ils prennent leur petit-déjeuner dans leur cuisine, qui est immédiatement adjacente à notre chambre : nous n'avons pas bien compris ce qui s'était passé, mais il semble qu'ils n'avaient rien changé à leurs habitudes, nous avions simplement cessé, sans qu'on sache au juste pourquoi, d'ignorer un bruit que nous ignorions depuis longtemps (au point de ne même plus nous rendre compte de son existence), et depuis, nous avons réappris à ignorer ce bruit et il ne nous dérange plus du tout. D'ailleurs, ces mêmes voisins ont plus tard acheté un mixeur à smoothie (ou quelque chose comme ça) qui fait un bruit proche d'une perceuse et dont ils se servent pendant leur petit-déjeuner, au début il nous réveillait, et nous avons fini par réussir à l'oublier lui aussi : à part si je suis réveillé pile au moment où ils s'en servent, je ne l'entends plus du tout. Les bruits de travaux actuels sont un peu plus forts et beaucoup plus persistants que le bruit de ce mixeur, mais je n'exclus pas que je puisse réussir à les faire disparaître mentalement.

Seulement, c'est un peu comme le défi : essayez de passer cinq minutes sans penser au pape en maillot de bain — essayer de se convaincre de ne pas penser à quelque chose, de faire comme si ce quelque chose n'existait pas, c'est très difficile.

J'ai quand même une idée. J'ai écrit ci-dessus que lorsque les bruits de travaux commencent, je reste au lit à somnoler parce que je suis trop fatigué pour me lever : ce n'est pas la seule raison. En fait, je reste aussi au lit à somnoler et à repenser à mes rêves dans le but d'essayer de persuader mon cerveau d'associer les bruits de travaux à l'idée « je peux rester au lit à somnoler » et surtout pas « je dois me lever maintenant ». Peut-être que si je continue comme ça assez longtemps, mon cerveau finira par capter le message et à ne plus considérer ces bruits comme une agression extérieure mais comme un son presque relaxant, ou en tout cas, comme pas spécialement stressant. Je pense que c'est comme ça que j'ai réussi à m'habituer au mixeur des voisins.

Je ne sais pas si cette stratégie fonctionnera, mais ce qui est sûr, c'est qu'en ce moment, je n'arrive pas à faire grand-chose de mes journées, je suis tout le temps fatigué, et du coup, les mails auxquels je dois répondre, les tâches administratives que je dois remplir, les calculs que je dois faire, les courses ou les tâches ménagères, tout cela a tendance à s'accumuler, et je ne sais pas ce que ça donnera au bout de quatre mois de travaux ou plus.

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(mercredi)

Hadwiger-Nelson et autres malheurs

Les oulipiens ont inventé le concept du plagiat par anticipation, il faut peut-être que j'explore la manière dont il s'applique aux mathématiques. Pour une fois je vais raconter mes malheurs à ce sujet. Mais il faut d'abord que je donne le contexte.

J'ai déjà parlé du problème de Hadwiger-Nelson, cette question ouverte célèbre qui consiste à déterminer le nombre minimum de couleurs qu'il faut pour colorier le plan de façon que deux points situés à distance 1 (unité fixée quelconque) n'aient jamais la même couleur : on sait seulement que la réponse (i.e., le nombre chromatique du plan pour la relation être-à-distance-un) est entre 4 et 7 ; et je qualifie volontiers ça de problème ouvert le plus embarrassant des mathématiques, parce que vraiment tout le monde peut comprendre l'énoncé, un lycéen peut retrouver les bornes que je viens de donner et on n'a pas fait de progrès par rapport à ça. On peut, en revanche, essayer de changer un peu la question pour faire du progrès sur un terrain adjacent.

Vers avril 2012, j'ai réfléchi avec quelques collègues à de telles questions adjacentes (par exemple, savoir si on peut calculer d'autres invariants intéressants du graphe des points du plan avec la relation être-à-distance-un, comme sa capacité de Shannon — enfin, celle de son complémentaire, parce qu'un des collègues en question a des conventions opposées à tout le monde, et des bons arguments pour les défendre), mais nous n'avons pas trouvé grand-chose d'intéressant. • Comme je parlais du problème en question à mon poussinet, il m'a demandé ce qu'on savait du nombre chromatique pour des points à coordonnées rationnelles (i.e., le nombre minimum de couleurs qu'il faut pour colorier l'ensemble ℚ² des points à coordonnées rationnelles du plan, de façon que deux points situés à distance 1 n'aient jamais la même couleur). J'ai trouvé la solution à cette question-là (2 couleurs sont suffisantes — et évidemment nécessaires), et je l'ai exposée à mes collègues ; l'un d'eux a rapidement repéré que ce fait était déjà bien connu (le résultat est dû à un Douglas Woodall, en 1973). J'ai fait remarquer que les mêmes techniques permettaient de montrer des choses sur d'autres corps, par exemple ℚ(√3) (le corps des nombres de la forme a+b√3, où a et b sont rationnels) pour lesquel le nombre chromatique du plan vaut exactement 3, et cela a suscité un intérêt modéré.

Je suis alors tombé sur le livre d'Alexander Soifer, The Mathematical Coloring Book (publié en 2009), presque entièrement consacré au problème de Hadwiger-Nelson. Ce livre signale le résultat de Woodall (le nombre chromatique du plan à coordonnées dans ℚ vaut 2) et quelques unes de ses variations, et mentionne explicitement comme problème ouvert de trouver des nombres chromatiques d'autres corps, par exemple ℚ(√2). Je me suis rendu compte que je savais aussi calculer la réponse pour ℚ(√2) (c'est un peu plus compliqué que pour ℚ(√3)), et du coup que ça valait peut-être la peine de rédiger tout ça.

Les choses ont un peu traîné, mais j'ai mis sur l'arXiv une petite note contenant ces résultats et quelques faits liés que j'ai trouvé à dire sur le problème. Je pense qu'elle est facile à lire.

Je pense que les trois angoisses majeures du mathématicien quand il a obtenu son résultat sont : (1) de trouver une erreur dans sa démonstration, voire un contre-exemple à l'énoncé, (2) de trouver que le résultat est, en fait, quasiment trivial (i.e., au contraire du (1), trouver une démonstration « trop simple » de l'énoncé), et (3) d'apprendre que tout a déjà été fait avant. S'agissant du (1), j'ai passé (je passe toujours) un temps fou à relire, re-relire, et re-re-relire mes démonstrations, et j'ai atteint un niveau raisonnable de certitude qu'elles étaient correctes, même si je n'ai pas pu persuader qui que ce soit d'y jeter un coup d'œil. S'agissant du (2), l'angoisse est largement neutralisée quand il s'agit d'un problème ouvert répertorié (c'est notamment à ça qu'il sert de répertorier les problèmes ouverts). Restait l'angoisse numéro (3). J'ai écrit à Soifer (l'auteur du bouquin sur le sujet) pour lui demander si la question était toujours ouverte depuis 2009, mais il ne m'a pas répondu (je ne peux pas lui en tenir rigueur, je suis le premier à ne pas répondre à mes mails). J'ai cherché comme j'ai pu dans les bases de données de publications mathématiques et dans Google tout ce qui pouvait tourner autour de Hadwiger-Nelson ou tout ce qui citait le livre de Soifer ou quelques publications-clés, et je n'ai rien trouvé. En fait, presque personne ne semble faire quoi que ce soit au sujet du problème de Hadwiger-Nelson, donc je me suis dit que c'était certainement bon.

Finalement, j'ai soumis ma note à un journal en octobre dernier. Ils l'ont gardé plutôt longtemps (octobre à juillet), et je me suis dit que c'était sans doute un bon signe : si on rejette un article par manque d'intérêt, d'habitude, on le fait rapidement, alors que si on prend le temps de rentrer dans les détails mathématiques, c'est certainement que l'article est jugé assez intéressant, or je ne craignais pas trop qu'on y trouvât des fautes.

J'ai reçu hier le rapport : il commence plutôt bien, mais in cauda venenum : il m'apprend à la fin que l'immense majorité des résultats que je croyais avoir obtenus figurent déjà dans une note non publiée (et pas non plus mise sur l'arXiv, seulement sur la page personnelle de son auteur) d'un certain Eric Moorhouse de l'Université du Wyoming. Et ce Moorhouse a une très nette antériorité, puisque la version actuelle de sa note est datée de 2010 et qu'on trouve même des traces d'une version de 1999 qui contient aussi les résultats essentiels. Cette note m'avait échappé sans doute parce qu'elle n'utilise nulle part le terme Hadwiger-Nelson, et apparemment elle (ou en tout cas, sa version de 1999) avait aussi échappé à Soifer quand il a écrit son livre.

Et il n'y a pas que les résultats qui sont proches : les techniques que j'ai mises en œuvre sont quasiment identiques à celles de Moorhouse (je ne peux même pas espérer parler de démonstrations alternatives). Même la question que je soulève de savoir si le nombre chromatique de ℂ² pour la relation (xx′)² + (yy′)² = 1 est finie, est déjà dans l'article antérieur. J'ai bel et bien été « plagié par anticipation » ! Plus sérieusement, je suis dans une situation vraiment embarrassante, parce qu'on pourrait m'accuser de plagiat ; le rapporteur qui a lu ma note a eu l'intelligence de deviner que ce n'était pas le cas (et il l'écrit clairement à l'éditeur), mais je me méfierai à l'avenir avant d'accuser qui que ce soit de plagiat, parce que je me rends compte à quel point ça peut arriver facilement.

Il y a bien quelques bouts restants dans ma note qui ne sont pas contenus dans ce qu'a fait Moorhouse (pour ceux qui veulent regarder, les §2–4 sont essentiellement incluses dans son travail, sauf peut-être la borne inférieure de la proposition 4.6, mais ce n'est pas franchement passionnant, et les §5–7 partent un peu dans une autre direction), mais je vois mal comment ils pourraient être publiés, ne serait-ce que par manque de cohérence : ce sont des petites remarques éparses qui n'ont plus aucun fil conducteur. (La réponse de l'éditeur du journal auquel j'avais soumis l'article ne ferme pas complètement la porte à cette possibilité, mais il demande des révisions substantielles qui ont l'air difficiles à mener.) À vrai dire, j'espérais beaucoup pouvoir profiter de la publication de cette note pour attirer l'attention sur le problème de Hadwiger-Nelson minkowskien (=lorentzien), i.e., pour la métrique de Minkowski (ℝ² pour la relation (tt′)² − (zz′)² = 1), et sur le fait que je ne sais même pas si le nombre chromatique est fini. Mais ça ne se fait pas de publier un article avec des questions, il faut qu'il y ait des résultats nouveaux pour servir de prétexte à poser des questions. C'est vraiment triste.

En fait, je suis même assez effondré, parce que j'avais investi pas mal de temps, pas tant dans les résultats eux-mêmes mais dans la rédaction de cette note, que j'espérais rendre aussi jolie que possible.

J'ai écrit à Moorhouse pour lui faire part de mon embarras, lui présenter mes excuses d'avoir mis sur l'arXiv comme mien des résultats qu'il avait obtenus avant, et demander s'il accepterait de faire une publication jointe, mais je ne vois pas vraiment pourquoi il accepterait (par ailleurs, je ne sais pas s'il est encore actif, ou s'il lit son mail, ou s'il y répond).

Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive de retomber sur des résultats déjà connus, en fait, ou quelque mésaventure du genre — même si c'est la première fois que c'est aussi flagrant. Deux fois pendant ma thèse, d'autres mathématiciens ont obtenu des résultats beaucoup plus forts que les miens et quasiment simultanément (là, j'avais techniquement l'antériorité, mais quand elle se joue à très très peu, ce n'est pas forcément évident pour les journaux et relecteurs, et ça a quelque chose d'un peu absurde de se retrouver à citer un article postérieur qui fait que l'article qu'on écrit n'a déjà plus aucun intérêt). Et je ne compte pas le nombre de concepts que j'ai « découverts » pour apprendre que j'étais né trop tard dans un monde déjà trop vieux : par exemple, en 2001, j'ai « découvert » les séries de Hahn, j'étais tout excité de comprendre qu'elles formaient un corps algébriquement clos, et on m'a fait savoir que j'arrivais à peu près un siècle trop tard. J'ai aussi trouvé plein de choses sur la multiplication de nim avant de découvrir que Lenstra était passé avant, etc. Ce genre de choses arrive à tout mathématicien, mais la multiplicité des cas qui m'ont touché commence à me rendre parano. Pourtant, je cherche à m'écarter des sentiers battus.

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(mercredi)

Je revois The Last Unicorn

Ce soir j'ai revu le dessin animé The Last Unicorn que j'ai vu quand j'étais petit (je crois que c'était avec ma classe — j'étais probablement en CM1 ou CM2, en tout cas à l'école primaire, probablement pas très longtemps après sa sortie). Entre temps, il y a une dizaine d'années, j'ai lu le livre dont il est tiré — je l'avais raconté sur ce blog à l'époque. Aussi bien le livre que le film sont assez étranges : l'histoire est souvent très enfantine, mais elle n'a pas la morale simpliste des contes pour enfants, il n'y a pas vraiment de gentils et de méchants, les motivations des personnages sont difficiles à comprendre, on ne sait pas s'il faut comprendre le tout comme une sorte d'allégorie, de récit symbolique ou codé, une poésie surréaliste, ou encore autre chose, bref, on ne sait pas sur quel pied danser. Le film lui aussi semble changer sans arrêt d'avis sur le registre sur lequel il faut le comprendre, et il y a des passages vraiment bizarres, dérangeants ou inquiétants. La page que je viens de lier décrit ainsi le Taureau de Feu du dessin animé : Pure unadulterated nightmare fuel. This is the kind of thing that makes your stomach drop and gives an ill-prepared child a lifelong complex. You simply can't watch this movie and not be scared of The Red Bull. The Red Bull is fear. De fait, je crois que cette image m'avait beaucoup impressionné quand j'avais vu ce film, et peut-être bien que j'en ai fait quelques cauchemars. (En plus, rien que la traduction française Taureau de Feu, ça fait plus peur que l'anglais Red Bull, même sans compter que maintenant Red Bull est un soda.)

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(jeudi)

De l'identification de souvenirs enfouis

C'est un trope abusé de mauvais films entre la science-fiction et l'espionnage qu'un personnage a vécu quelque chose d'Abominable ou d'Affreusement Secret dans sa jeunesse et que ses souvenirs ont été effacés ou refoulés ou quelque chose du genre. Ce cliché est particulièrement pénible sur le plan artistique (je déteste ces films où le héros va faire un rêve, présenté sous forme de flashs décousus, dont on doit comprendre qu'il apporte des bribes d'information sur quelque chose d'important sur son identité), et en plus il est essentiellement basé sur un mythe, à savoir, qu'on a tendance à supprimer inconsciemment les souvenirs particulièrement traumatiques. Le problème avec la mémoire incertaine est plutôt qu'on a tendance à fabriquer des faux souvenirs, ou à en déformer des vrais, et qu'on ne sait plus démêler le vrai du faux. J'ai déjà parlé de mon impression de voyager entre univers parallèles, mais elle est particulièrement marquée quand je retourne à des endroits où j'ai été par le passé et où je m'énerve de voir que les choses ne collent pas avec mon souvenir (est-ce que l'endroit a changé pendant ce temps ? me suis-je mal rappelé comment les choses étaient ? ou, hypothèse beaucoup plus crédible, suis-je passé dans un monde parallèle ?).

Par exemple, il y a quelques jours, comme mon poussinet et moi nous promenions dans le coin, j'ai voulu retracer un chemin que j'ai suivi plusieurs fois en 1996 : je passais les concours des ENS, dont les écrits avaient lieu au parc floral de Paris (dans le bois de Vincennes), ma maman m'avait trouvé un logement au Centre International de Séjour de Paris (avenue Maurice Ravel), et je faisais le matin un trajet pour aller de l'un à l'autre, passant en-dessous du périph', à travers un petit bout de Saint-Mandé et à côté du lac du même nom jusqu'au château de Vincennes ; mais quand j'ai cherché à retrouver le chemin exact que je suivais, toutes sortes de petites incohérences se sont manifestées entre mon souvenir des lieux et la réalité. (Il est vrai que je faisais ce chemin, il y a vingt ans, le matin à la fin du printemps, et que j'ai cherché à le retrouver le soir à la fin de l'automne : ceci peut beaucoup affecter l'apparence de cerains endroits.) • D'autres cas du même genre se sont présentés quand je suis allé voir mon Poussinet à Toronto en 2007 et que j'ai voulu retrouver toutes sortes d'endroits dont je me souvenais de mes passages précédents dans cette ville (souvenirs souvent mélangés entre eux, notamment pour ce qui est de leur ordre) : j'ai pu retrouver un bon nombre de choses, mais il y a des choses qui restent mystérieuses pour moi, notamment le chemin d'une promenade que je faisais régulièrement avec mon père en '84–'85 et dont je sais parfaitement bien où elle commençait mais que je n'ai réussi à retracer que jusqu'à un certain point après quoi mes souvenirs ne collaient vraiment plus avec la réalité.

En fait, ma tendance à revenir sur des lieux où j'ai marché autrefois et à chercher à replacer les endroits est tellement marquée que je fais régulièrement des rêves à ce sujet : des rêves dans lesquels je cherche à retrouver un endroit où j'ai pu aller ou une promenade que j'ai pu faire ; seulement, dans le rêve, tout est imaginaire : je ne rêve pas que je cherche à retrouver une promenade bien précise qui aurait pu exister en réalité, je rêve que j'ai un souvenir vague, et ce souvenir est lui-même imaginaire ! (Zut, j'en ai déjà parlé.)

Parfois, un peu comme le héros hypothétique du mauvais film que j'évoque ci-dessus, il me revient des flashs de souvenirs extrêmement précis sur lesquels je vais ensuite chercher désespérément à retrouver une date, un lieu, une circonstance. Récemment, alors que je parcourais des articles Wikipédia sur les expositions universelles (j'ai déjà dit qu'elles pouvaient me fasciner, et mon poussinet m'a offert un beau livre sur celle de Paris en 1900), j'ai été frappé par le souvenir incroyablement précis d'avoir été à celle de 1986 à Vancouver (Expo 86), et même d'avoir échangé quelques mots avec le robot mascotte de l'exposition, Ernie, et d'être revenu avec un paquet de cartes à jouer miniatures en souvenir, dont le dos représentait un des logos de l'exposition (Ernie en jetpack). Un souvenir aussi extrêmement précis peut-il être faux ? Il n'est pas invraisemblable, mon grand-père paternel habitait Vancouver et nous aurions pu aller lui rendre visite cette année-là, mais ma mère m'assure que, d'après les carnets qu'elle tient, ce n'est pas le cas. Peut-être suis-je aller à Vancouver plus tard et qu'il restait des choses de l'exposition, mais il me semble qu'à part de grandes structures on démonte rapidement les expositions universelles, et en tout cas on ne garde pas leur mascotte et on ne continue pas à faire des jeux de cartes à leur effigie, donc je ne sais pas trop quoi penser. Il faudrait retrouver ce jeu de cartes pour savoir si je ne délire pas, mais les chances sont assez minces avec tout ce qui a été jeté.

C'est entre autres pour m'éviter de m'arracher ainsi les cheveux que je tiens maintenant (et depuis 2001) un journal factuel assez précis de tout ce que je fais, jour par jour : ce n'est pas toujours évident de rechercher quelque chose dedans si je ne sais plus la date, mais au moins y a-t-il un espoir.

J'avais un souvenir précis qui me hantait depuis longtemps, et qui était à l'origine, je pense, ou en tout cas qui a pu nourrir, mes rêves de labyrinthes : je me revois avec mes parents en train de visiter une maison bizarre, gigantesque et dont la plupart des pièces sont dénuées de fenêtres, éclairée surtout en rouge, et qui est une sorte de musée d'objets hétéroclites et insensés, dont peut-être des poupées — je me rappelle une visite qui me semblait interminable, où le guide nous faisait traverser pièce après pièce, selon un chemin qui tournait dans tous les sens, et je commençais à me demander s'il y avait une sortie, et si cette maison avait une fin.

J'ai posé la question à mes parents : ma mère se souvenait vaguement de quelque chose de semblable, et associait ça à une visite que nous aurions faite à une tante de mon père qui habitait du côté de Madison, Wisconsin (son mari était avocat — argh, j'ai un avocat américain dans ma famille), et nous aurions pu aller voir un musée dans le coin. J'ai parcouru beaucoup de descriptions de musées à Madison ou dans les environs sans réussir à trouver quoi que ce soit qui colle, et comme je ne savais pas quoi googler vu que mes souvenirs étaient très vagues, je n'ai jamais réussi à mettre le doigt dessus.

Et tout d'un coup, tout à l'heure, j'ai eu la clé de l'énigme en regardant une vidéo YouTube d'un canal consacré à des endroits bizarres sur la Terre et aux surprises de la géographie : je suis quasiment certain que la maison labyrinthique de mon souvenir est la House on the Rock, une expérimentation artistico-architecturale à la décoration kitsch et tordue, située à une centaine de kilomètres de Madison, et dont les images renvoyées par Google collent parfaitement avec celles dans ma mémoire, notamment les poupées un peu effrayantes, les instruments musicaux bizarres et les nombreuses pièces sans fenêtres organisées selon un plan labyrinthique. Quelle satisfaction d'avoir enfin réussi à replacer un souvenir tellement flou !

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(samedi)

Tout va bien pour moi

Puisque j'ai reçu des messages de quelques personnes s'inquiétant pour moi après les événements d'hier soir à Paris, il est peut-être utile que je précise que ni moi ni mon poussinet (ni, pour autant que je sache pour l'instant, personne que je connaisse) ne faisons partie des victimes. Pour ne pas céder à la terreur, nous avons tenu à passer notre samedi normalement (manger au restaurant, nous promener), ou du moins aussi normalement que possible étant donné que les cinémas sont fermés, comme les parcs et jardins, et beaucoup de commerces.

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(lundi)

La malédiction de la lecture en diagonale

Déjà il y a douze ans, je me plaignais d'avoir trop tendance à lire en diagonale et d'avoir le plus grand mal à me forcer à faire attention à chaque mot individuel d'un texte d'une certaine longueur. Et le problème n'était pas neuf : déjà quand j'étais tout juste entré à l'ENS, je lisais la feuille de chou hebdomadaire des élèves en quelques secondes alors que j'avais un copain qui y passait tout le dîner, et qui me prouvait après coup que je n'avais rien lu, rien compris et rien retenu (et je m'émerveillais qu'il eût réussi à extraire du contenu de ce qui m'avait semblé complètement vide). Il y a quelques années, des nouvelles ont circulé que l'Internet était en train de reconfigurer le cerveau des internautes et que nous perdions la capacité à faire attention aux choses : je ne sais pas ce que ces articles disaient au juste, parce que je les ai lus en diagonale. ☺️ Mais je suis prêt à croire que ma tendance à lire en diagonale ait été accentuée, et soit encore accentuée, par la quantité phénoménale d'informations qu'Internet me présente quotidiennement et dont je préfère parcourir beaucoup en diagonale que le dixième en profondeur.

C'est ironique quand je suis moi-même du genre à écrire des montagnes de texte, que je n'aurais pas le temps de lire moi-même si je n'en étais pas l'auteur. (Je fais cependant des efforts pour rendre mes textes aussi compatibles que possible avec la lecture en diagonale. En fait, non : j'aimerais bien faire de tels efforts, mais je ne sais pas vraiment comment m'y prendre, et je pense que ce que je fais est un échec complet. D'ailleurs, cette parenthèse est sans doute l'exemple parfait de ce qu'il ne faut pas faire pour rendre un texte facile à lire en diagonale. ☹️) En vérité, je n'arrive même pas à relire mes propres textes : si j'essaie de me relire, mon cerveau passe en mode « ah oui, je sais ce que ce paragraphe dit » et je saute à travers ce que j'ai écrit à la vitesse de l'éclair, en lisant ce que je crois avoir voulu écrire et pas ce que j'ai réellement écrit. Du coup, toutes les fautes de frappe, d'orthographe, de grammaire et de syntaxe, même les plus énormes, me sont totalement invisibles, même si je relis vingt fois. Y compris des ruptures de construction qui font que le texte ne veut rien dire : cela arrive fréquemment quand je déplace un morceau de texte — un mot, un complément, une proposition, un bout de phrase ou plus — d'un endroit à un autre, et que je délimite mal mon couper-coller, déplaçant ou supprimant parfois un mot de plus que je le voulais, ou entraînant des incohérences grammaticales (langue à la con que le français qui peut obliger à revoir énormément d'accords parce que j'aurais remplacé, par exemple, le fait par l'idée : on peut être sûr que je vais en oublier).

La seule façon que je trouve encore de me forcer à tout lire, c'est de lire à voix haute. (Et encore, l'idéal serait sans doute de lire à voix haute, de m'enregistrer, et de réécouter ce que je dis, histoire que ma concentration ne soit pas détournée sur la prononciation.) Je fais ça pour mes fragments littéraires gratuits, mais cela consomme un temps énorme. Ce que je ne sais vraiment pas faire du tout, c'est placer le curseur à un point intermédiaire entre la lecture en diagonale qui est devenue mon habitude et la lecture à haute voix.

Pour ce qui est des mathématiques, notamment des démonstrations mathématiques, le mieux que j'aie trouvé est de me forcer, si j'ai un doute, à réexpliquer l'argument de la démonstration ou du bout de démonstration que je viens de lire. Mais ceci repose sur le fait que dans une démonstration mathématique, seule importe la correction du raisonnement (à la limite, si j'ai lu en diagonale et trouvé une autre démonstration du théorème énoncé — ce qui, avouons-le, est fort peu probable — ce n'est pas grave). Pour une définition, la lecture en diagonale peut être très dangereuse, comme quand je me rends compte dix pages plus loin que je n'avais pas fait attention au fait que le bazqux était supposé localement frobniquable dans la définition d'un foobar bleuté (et que j'avais juste cru lire frobniquable).

Et ne parlons pas de la situation hautement embarrassante et mainte fois vécue où j'accuse quelqu'un de dire n'importe quoi, ou d'oublier de tenir compte quelque chose d'essentiel dans un raisonnement, ou quelque chose du genre, et qu'on me fait remarquer que j'ai terriblement mal lu ce à quoi je réponds.

Ajout () : Cette vidéo propose une solution intéressante au problème de la lecture en diagonale (et de la pensée trop rapide en général) : utiliser une police de caractères plus difficile à lire. Il faudra que je voie si ça marche pour m'aider à repérer les fautes de frappe. • Voir aussi : Diemand-Yauman, Oppenheimer & Vaughan, Fortune favors the bold (and the italicized): effects of disfluency on educational outcomes, Cognition 118 (2011), 111–115.

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(mercredi)

Mes douleurs mystérieuses à la tête

Dans la série Les passionnantes aventures de Ruxor hypocondriaque, je vous avais parlé de mon cœur, maintenant je vais vous parler de ma tête.

J'ai toujours eu (depuis que je suis petit) des maux de têtes en tous genres, jamais très douloureux (sauf les deux fois où j'ai fait une migraine ophtalmique), ni même terriblement fréquents, mais en revanche assez impressionnants par leur diversité : j'ai eu des maux de tête pulsatiles, des maux de tête sourds et constants, des maux de tête localisés, des maux de tête généralisés, j'ai l'impression d'avoir essayé tout un menu de maux de têtes différents. Globalement j'en ai plutôt moins que quand j'étais ado.

Mais il y a une sorte qui est apparue plutôt récemment et que je trouve assez mystérieuse, ce sont les maux de tête extérieurs au crâne, c'est-à-dire, au niveau du cuir chevelu.

Cela commence par une douleur assez soudaine et qui semble intérieure au crâne, mais très localisée dans celui-ci, et au bout de quelques heures ou peut-être d'une journée l'origine de la douleur apparaît clairement comme extérieure au crâne. Cela peut être à n'importe quel endroit sous les cheveux ou parfois au niveau du front. Parfois, mais pas toujours, il y a une petite bosse sensible au toucher qui apparaît sous la peau, de quelques millimètres de diamètre (et je suis sûr que je ne me suis pas cogné). Il n'y a pas de changement de couleur de la peau. La douleur est normalement, en intensité et en qualité, intermédiaire entre celle provoquée par un hématome et un bouton infecté : parfois elle est plus forte, et en tout cas elle a tendance à venir par à-coups qui durent quelques secondes et sont séparés de plusieurs dizaines de secondes ou minutes. Cela provoque chez moi l'envie très forte d'appuyer sur l'endroit douloureux ou de le masser — mais je ne sais pas si c'est une bonne idée. Parfois j'ai deux ou trois points douloureux de la sorte, proches les uns des autres, qui apparaissent en même temps.

Normalement cela passe en un jour ou deux, mais j'ai une douleur de ce genre qui dure depuis ce week-end et qui a plutôt empiré depuis hier et qui m'a réveillé plusieurs fois cette nuit. C'est loin d'être insupportable, mais ça me gêne vraiment pour me concentrer, un peu comme si quelqu'un me pinçait de façon répétée.

(Peut-être que c'est mon stress des derniers jours qui joue ?)

Ceci me fait penser, d'ailleurs, que mon généraliste / médecin traitant a cessé d'exercer (plus exactement, il s'est vendu au côté obscur de la médecine en devenant expert pour une compagnie d'assurance). Il faut donc que j'en trouve un autre dans le coin. Ce qui n'est pas évident, un hypocondriaque ayant besoin d'un médecin qui le comprenne, c'est-à-dire qui sache être rassurant sans être méprisant, qui écoute ses doléances sans y croire automatiquement mais sans non plus les ignorer. Mon généraliste a une remplaçante officielle, mais la seule fois que je l'ai vue (elle le remplaçait temporairement, pour l'été), elle a clairement montré qu'elle n'avait pas ces qualités.

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(dimanche)

Comment m'éviter de dormir sur le dos ?

Je suis infiniment fatigué en ce moment. Nerveusement avant tout, parce que l'été n'a rien eu de reposant, j'ai l'impression de n'avoir fait que rattraper des affaires en regard et gérer des ennuis qui me tombaient dessus ; et les quelques jours où j'ai voyagé m'ont encore plus fatigué (je trouve les déplacements terriblement stressants, j'aurais besoin de temps pour décomprimer un peu après, mais je ne l'ai pas eu). Et surtout, j'attaque une rentrée compliquée — mon emploi du temps est désastreux, je dois faire avec des horaires irréguliers et malcommodes et pas la moindre possibilité de souffler un peu avant Noël (où je devrai de nouveau affronter un voyage fatigant). Un nombre terrifiant de gens comptent sur moi pour faire des choses diverses et variées, dont je n'aurai évidemment pas le temps de mener à bien le quart, (parfois j'ai presque l'impression d'être harcelé), et dès que c'est moi qui essaie de demander quelque chose à d'autres, soit je n'arrive pas à me décharger comme je le voudrais, soit je passe encore plus de temps à demander (ou à trouver à qui demander) que je n'en passerais à faire les choses moi-même. Bref, je suis débordé et épuisé, et bien seul avec mes tracas.

Mais je suis aussi fatigué physiquement, ce qui n'aide pas. Mon poussinet se contente de me dire si tu es fatigué, il faut te coucher à chaque fois que je me plains d'être à bout, ce en quoi il n'a peut-être pas tord, mais je dors déjà beaucoup (ce qui n'aide pas à faire des choses dans la journée et à être moins débordé, bien sûr).

Un aspect du problème est certainement que je respire mal pendant la nuit (j'ai probablement une forme mineure d'apnée du sommeil), dès que je me mets sur le dos. Mon poussinet — du moins s'il se trouve être réveillé — me pousse régulièrement pendant la nuit pour me mettre sur le côté, mais parfois je suis très entêté à dormir sur le dos et à ronfler voire m'étouffer. Il a aussi souvent essayé de me bloquer avec une peluche, mais je la repousse sans ménagement.

Je pourrais essayer, par exemple, de dormir avec un sac à dos (en essayant de mettre quelque chose dans le sac à dos pour que ce soit juste assez inconfortable pour que je ne sois pas tenté de dormir sur le dos, mais pas assez pour me faire mal), mais j'ai peur que ça m'empêche purement et simplement de dormir. L'ennui c'est que, si je dors bien sur le côté, j'éprouve régulièrement le besoin de changer de côté au cours de la nuit (selon la manière dont mes narines se bouchent), c'est probablement au cours de ces changements de côté pas bien achevés que je me retrouve sur le dos : il faut que j'invente une façon de m'empêcher de me mettre sur le dos qui ne m'empêche pas pour autant de passer du côté gauche au côté droit ou inversement, et là je manque d'idée. (Certes, on peut changer de côté en basculant sur le ventre plutôt que sur le dos, mais c'est beaucoup moins naturel vu que quand je suis allongé sur le côté gauche je suis aussi décalé vers la droite de l'oreiller et vice versa.)

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(jeudi)

Mes douleurs cardiaques imaginaires

Ça fait un moment (au moins deux ou trois jours ?) que je n'ai pas évoqué un chapitre de ma vie de Ruxor hypocondriaque[#]. Je vais peut-être en profiter pour raconter un peu mes douleurs imaginaires au cœur.

Elles ont commencé quand j'avais environ 12 ans, et à l'époque on m'a expliqué que c'est certainement des douleurs intercostales, pas de raison de s'inquiéter : et il est sans doute vrai qu'il n'y a pas de raison de s'inquiéter, mais il ne s'agit certainement pas de douleurs intercostales.

Il n'est évidemment pas facile de décrire la nature d'une douleur. Disons que celles-ci sont modérées : la sensation est plus inconfortable que vraiment gênante, parfois très légère, mais elle est néanmoins parfaitement distincte ; elles surviennent et disparaissent assez soudainement, sur des intervalles pouvant varier entre quelques minutes et quelques heures, avec une fréquence et une durée moyenne très variables (j'ai des épisodes où j'en ai tous les jours, et je peux ensuite ne plus en avoir pendant des mois), peut-être un peu plus souvent la nuit ; je n'ai pas réussi à corréler ça avec quoi que ce soit (ni mon activité physique, ni mon alimentation, ni mon niveau d'anxiété, ni quoi que ce soit d'autre). La douleur ne change guère avec la position, elle augmente peut-être quand j'inspire mais ce n'est pas certain. La sensation est située dans la région générale du cœur, centrées un peu en-dessous du sein gauche, mais de façon plutôt diffuse ; la douleur n'irradie pas du tout dans le bras, le cou ni la machoire. La qualité de ces douleurs évoque plus une courbature, ou une sensation de fatigue musculaire, à la limite une légère sensation d'oppression, qu'un « poing de côté ». (De fait, il m'est arrivé d'avoir des courbatures aux pectoraux, et la ressemblance est assez forte, sauf que bien sûr les courbatures aux pectoraux touchent normalement les deux côtés symétriquement, et sont moins profondes.)

Je n'éprouve aucune gêne respiratoire pendant ces épisodes, ni aucune fatigue générale particulière. (La réaction un peu instinctive que j'ai pour tenter de les soulager est de souffler profondément, mais je ne peux certainement pas dire que j'étouffe.) Mon pouls n'est pas non plus affecté, sauf évidemment si je me mets à angoisser. Ma tension est normale (en général, ma tension tourne autour de 125mmHg/70mmHg, elle varie assez facilement, mais pas spécialement plus pendant ces épisodes qu'autre chose).

Vers mai 2003, j'ai eu des passages plus forts que d'habitude, et qui m'ont réveillé plusieurs jours de suite : j'ai consulté un généraliste, qui n'a pas du tout eu l'air affolé, il m'a dit essentiellement « c'est l'angoisse » ; mais comme il m'a diagnostiqué un petit souffle au cœur (1/6), il m'a adressé à un cardiologue pour faire une échographie cardiaque. Comme plus tard j'ai fait plusieurs épisodes de tachycardie assez importante (mais a priori totalement décorrélés des problèmes dont je parle ici, et certainement causés par une angoisse auto-amplifiée), je suis effectivement allé voir un cardiologue. Je lui ai plus parlé de la tachycardie que de ces douleurs qui duraient depuis 15 ans, mais je les ai au moins un peu évoquées. Il m'a fait un ECG et une échographie cardiaque, tous normaux, il a juste été assez étonné de la facilité avec laquelle mon rythme cardiaque s'élève à la moindre anxiété ; il m'a aussi affirmé que le léger souffle diagnostiqué par le généraliste était simplement le son du flux turbulent de mon sang à travers mes artères et pas le reflet d'une valvulopathie (je dois dire que je ne trouve pas ça spécialement rassurant que le nombre de Reynolds de mon aorte soit particulièrement élevé, mais passons).

Bref, avec tout ça, je prends des quantités homéopathiques de propranolol pour éviter les crises de tachycardies, mais les douleurs que je ressens depuis que je suis ado, elles, persistent. (On m'a proposé de prendre du magnésium, ce qui est une façon de dire « ce n'est rien, prenez un placébo », en tout cas ça n'a pas aidé.)

Alors je veux bien croire qu'il n'y a rien de grave, à la limite je ne me plains même pas des douleurs elles-mêmes, qui ne sont pas franchement gênantes, au pire elles me réveillent un peu ou m'empêchent de m'endormir ou encore me causent des cauchemars dans lesquels je fais une crise cardiaque. Mais je trouve l'explication « c'est l'angoisse » fort peu satisfaisante : certes, je suis hyper-ultra-anxieux de façon générale, mais les douleurs dont je parle ne se produisent pas spécialement aux moments où je le suis le plus. D'ailleurs, il y a d'autres symptômes que je ressens et pour lesquels on m'a dit, après examens, « c'est juste l'angoisse », par exemple une sensation d'essoufflement (léger mais net), qui n'est corrélée ni à mon impression d'angoisse ni aux douleurs dont je parle ici : pourquoi l'angoisse provoquerait-elle parfois le symptôme X et parfois le symptôme Y ? C'est peut-être vrai, mais ça ne satisfait pas mon esprit scientifique.

[#] Rendez-vous compte : mon poussinet a eu la grippe la semaine dernière, et je ne l'ai même pas attrapée !

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(lundi)

Le mystère de mes voisins qui font du bruit à 6h

J'ai la malchance d'être très sensible au bruit quand il s'agit de dormir (parmi les différentes difficultés de mon sommeil), et comme j'ai le conduit auditif assez facilement irrité et le cérumen qui fait facilement des bouchons, je ne peux que très peu utiliser des protections auditives. Heureusement, l'immeuble où mon poussinet et moi habitons est relativement bien insonorisé et nous ne sommes guère gênés par nos voisins (qui par ailleurs sont plutôt âgés, donc pas trop le genre à écouter de la musique à fond pendant toute la nuit). Du moins c'est ce que je trouvais jusqu'à récemment, parce qu'il semble, depuis quelques semaines ou quelques mois, qu'il y ait eu un changement que je ne m'explique pas.

Nous entendons maintenant assez souvent des bruits de pas appuyés, des râclements comme des objets lourds ou des meubles qu'on traîne ainsi que des claquements de portes. Ils ne sont pas extrêmement forts, mais ils ont surtout ceci d'agaçant qu'ils durent très longtemps (parfois plus de deux heures de remue-ménage, or j'ai du mal à comprendre qu'on passe deux heures presque tous les jours à ranger son appartement ou à passer l'aspirateur), et surtout, ils commencent très tôt — à six heures du matin avec une grande ponctualité.

Déterminer l'origine d'un bruit est très difficile. Nous avons commencé par croire qu'il s'agissait des voisins du dessus (qui avaient emménagé récemment, donc qui étaient des suspects idéaux) : après leur avoir écrit une lettre restée sans effets, nous sommes allés frapper chez eux à 6h pour demander s'ils pouvaient faire moins de bruit, et ils nous ont expliqué qu'ils n'y étaient pour rien parce qu'ils dormaient. Nous nous sommes donc confondus en excuses, et nous en sommes restés au même point. Nous avons ensuite demandé à nos voisins d'à côté s'ils avaient changé quelque chose à leurs habitudes (ils sont là depuis longtemps et ne nous ont jamais dérangés ; il est vrai qu'ils se lèvent tôt, si j'en crois la lumière), mais ils nous ont assuré que non. Par ailleurs, personne d'autre que nous ne semble avoir remarqué un tel bruit, encore moins un changement soudain. J'ai mis un petit mot sur le tableau d'affichage des parties communes demandant si quelqu'un aurait une idée, mais sans succès (on m'a, il est vrai, fait remarquer que le bruit pouvait venir du dehors : ce n'est pas invraisemblable mais la nature des bruits me laisse plutôt penser à quelqu'un dans l'immeuble). La nuit dernière j'ai remarqué que la lumière était allumée à 6h (quand le bruit a commencé) trois étages au-dessus de chez nous, et comme le nom sur la porte est différent de celui sur la boîte aux lettres il est possible que ce soit un nouveau venu, mais j'ai un peu du mal à croire que nous soyons sérieusement gênés à travers trois étages.

Il est vrai que rien n'est sûr. Ces bruits pouvaient très bien exister depuis longtemps et ne s'être mis à me déranger que récemment, parce que j'aurais été particulièrement stressé ou parce que mes phases de sommeil auraient rendu plus facile un réveil vers 6h. Il se pourrait bien qu'il n'y ait pas qu'un seul voisin impliqué (peut-être que nos voisins d'à côté font un peu de bruit vers 6h, puis que ceux du dessus prennent le relai à 7h et que ce soit cette combinaison qui soit nouvelle). L'incertitude rend l'enquête beaucoup plus difficile. Toujours est-il que c'est une source de fatigue dont je pouvais bien me passer.

Un autre mystère auditif de notre immeuble, qui personnellement ne m'embête pas du tout mais apparemment trouble le sommeil de plusieurs de mes copropriétaires, concerne le bruit des impulsions électriques. Il faut savoir qu'EDF envoie à certaines heures sur le secteur une série d'impulsions électriques à 175Hz (2V) en plus de la tension nominale à 50Hz (plus exactement, jusqu'à 41 impulsions de 1s, séparées par des intervalles de 1.5s, codant une trame de 40 bits ; cette trame étant répétée plusieurs fois), ce qu'on appelle des impulsions « Pulsadis », qui servent à transmettre certaines informations notamment sur le passage heures pleines / heures creuses. Le mystère dans notre immeuble est que nous entendons ce signal, sous forme d'un bourdonnement sourd à certaines heures. Il n'y a aucun doute qu'il s'agit bien du signal Pulsadis, puisque mon poussinet est parvenu à décoder les trames à l'oreille (et que le son colle bien avec du 175Hz), mais le mystère est de savoir comment ce signal censément électrique devient audible ! Nous avons un transformateur EDF de quartier dans notre sous-sol, mais il semble que le bruit ne vienne pas directement de là (le signal doit venir de là puisque c'est sans doute le transformateur qui émet les impulsions à partir d'une commande de plus haut niveau, mais ce n'est pas directement lui qui rend ce signal audible) ; il y a probablement un rapport avec la ventilation de l'immeuble, peut-être un effet d'orgue, mais en tout cas le mystère n'est pas résolu et certains de mes voisins trouvent ce son vraiment gênant.

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(mardi)

Le coût des changements de contexte mentaux

Le cerveau a ses propres rythmes. Quand je réfléchis à un problème, quel qu'il soit, et notamment mathématique, j'ai besoin d'un certain temps pour entrer en matière (appréhender le problème, me familiariser avec ce dont il est question, visualiser la situation), après quoi je peux y réfléchir constructivement pendant un certain temps, puis je fatigue et je m'en lasse. Mais même le fait de me dessaisir d'un problème a un certain coût : une fois qu'il s'est présenté à moi, je ne peux pas simplement l'oublier, j'ai besoin d'une forme de « clôture » intellectuelle — qui ne coïncide pas forcément avec la résolution du problème, mais au fait d'avoir l'impression d'en avoir fait le tour, de ne plus pouvoir améliorer ma compréhension, d'avoir dit tout ce que je savais dire. (Je peux très bien ne pas réussir à dormir parce que je n'ai pas « fini de réfléchir » à quelque chose.) Tout ceci impose des rythmes assez délicats, et le fait de me forcer à faire un « changement de contexte » mental, c'est-à-dire à laisser de côté un problème pour passer à un autre (sans pour autant oublier complètement le premier, que je reprendrai plus tard) me semble extrêmement coûteux (en temps ou en énergie intellectuelle).

C'est d'ailleurs une raison pour laquelle je n'assiste pas à énormément de séminaires : ce n'est pas qu'ils ne m'intéressent pas, mais souvent qu'ils m'intéressent trop : je vais commencer à réfléchir à ce que l'orateur raconte (ou, le plus souvent, à ce qu'il raconte pendant l'introduction avant de rentrer dans ses propres travaux, parce qu'il faut bien admettre que c'est souvent le plus intéressant en fait) et je risque de m'énerver pendant le séminaire lui-même « eh, je n'ai pas encore eu le temps de digérer intellectuellement l'énoncé précédent » parce que le rythme imposé est forcément rapide, et après coup perdre encore beaucoup de temps à réfléchir à ce qui aura été dit. (Et si plusieurs exposés se suivent, c'est encore pire, parce que j'ai énormément de mal à entrer dans le deuxième alors que je suis encore en train de réfléchir au premier, et ainsi de suite.)

Malheureusement, les rythmes auxquels je dois me soumettre ne sont pas forcément ceux que je voudrais, que ce soit à cause de mes enseignements, des disponibilités des collègues, des séminaires aux horaires fixés, ou même de mes propres rythmes de sommeil qui ne coïncident pas forcément avec ceux de ma pensée.

Hier matin j'ai enseigné un cours de cryptanalyse, ce qui m'a mis dans l'esprit toutes sortes de problèmes à ce sujet, qui ont été un peu brutalement remplacés l'après-midi par un problème informatique (très concret), ce matin je me suis rendu compte que je ne comprenais pas quelque chose en algèbre générale que j'ai donc dû approfondir jusqu'à ce qu'un collègue et son thésard viennent me proposer de discuter sur une question autour de certaines courbes de Shimura, demain matin je dois encadrer un TP sur les expressions rationnelles puis faire un cours sur les grammaires hors-contexte que je dois donc rafraîchir à mon esprit, après quoi je reprendrai sans doute la discussion avec mes collègues, puis jeudi matin j'encadre un nouveau TP et l'après-midi je dois faire passer un oral pour un cours d'algèbre (donc préparer des questions appropriées), et vendredi, après une séance d'un séminaire si j'en ai le courage (peu probable), ce sera à la cohomologie étale qu'il faudra que j'aie l'esprit pour continuer la rédaction avec un collègue d'un article sur le sujet (qui n'en finit pas de se finir). Chacun de ces sujets m'intéresse et je ne peux même pas dire que le rythme de passage de l'un à l'autre soit trop lent ou trop rapide, mais le fait est que ce n'est pas vraiment moi qui les contrôle, et c'est ça qui me semble très fatigant.

Je ne sais pas si c'est moi qui suis bizarre, en tout cas je ne crois pas avoir entendu d'autres chercheurs se plaindre de la difficulté à « changer de contexte », ou s'exclamer ce problème pourrait m'intéresser, mais je n'ai pas la force ou la mémoire à court terme pour créer un nouveau processus mental pour y réfléchir ! (bref, resource overflow).

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(jeudi)

Pourquoi les rhumes me font-ils tant d'effet ?

Non seulement j'attrape énormément[#] de rhumes (cette fois c'est le troisième en trois mois — voir ici et — ce qui est tout de même assez exceptionnel même pour moi), mais en plus ils me font un effet terrible. En l'occurrence, il n'y a pas que le climat abominable de Londres, c'est mon poussinet qui me l'a refilé : sur lui, ça a juste causé une journée d'éternuements répétés et une petite fatigue et c'était fini ; alors que moi, je viens de me réveiller avec un mal de tête horrible, j'ai juste la force de consulter mes mails et de me traîner jusqu'à la pharmacie pour refaire provision de sérum physiologique, après quoi je vais sans doute passer la journée à dormir (ou en tout cas à ne rien faire — ce qui est un peu problématique vu que j'ai des millions de choses à faire, justement). Mais je voudrais bien une explication un peu scientifique à cette différence : mon système immunitaire est-il partiulièrement mauvais pour combattre les rhumes ? (et si c'est le cas, pourquoi ?), ou mauvais tout court ? ou est-ce qu'au contraire mon corps surréagit ? Et y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire à part souffrir et râler sur mon blog ?

((Ceci me fait penser qu'hier j'ai assisté à la triste scène d'une dame en train de se faire embobiner par un charlatan qui se présentait comme une sorte de guérisseur. Je ne sais pas au juste de quel mal physique ou psychique la dame souffrait, mais le discours du type en face, qui lui proposait de commencer par un cours de respiration — la première étape de sa série des trois B : Bien respirer, Bien manger, Bien vivre — pour la modeste somme de 150€ parce qu'il ne court pas après l'argent mais il est quand même docteur vous comprenez, qui lui promettait qu'elle serait une rebelle, mais une rebelle de l'action et pas une rebelle de la réaction, et qui était convaincu que il n'y a pas de hasard[#2], vous m'avez rencontré pour une raison, et moi je sais quelle est cette raison, faisait hurler toutes les sirènes dans ma tête. Je me suis un peu senti coupable de non-assistance à personne en danger de ne pas intervenir pour dénoncer toutes ces sornettes, mais j'ai un peu trop peur de la confrontation pour ça.))

[#] Ce qui a souvent conduit des gens à me soutenir que mes rhumes seraient en fait des allergies. (Je le mentionne, parce que je sens que sinon quelqu'un va dire exactement ça dans les commentaires.) Il est possible que je sois un peu allergique sans le savoir. Mais le fait que mes rhumes aient surtout lieu en hiver, qu'ils suivent une évolution claire et régulière (picotement à l'arrière-gorge → fatigue et nez bouché → toux), et surtout, que je puisse souvent identifier quelqu'un qui me l'a passé, plaide bien pour le fait qu'il s'agit d'infections.

[#2] J'étais à deux doigts d'écrire que la phrase le hasard n'existe pas est le signe infaillible du charlatan, et puis je me suis rappelé que j'avais récemment posté ceci. Ahem.

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(samedi)

Les nombreux troubles de mon sommeil

Je suis hypocondriaque et donc, j'ai un sommeil d'hypocondriaque. Petite liste des choses qui m'empêchent de bien dormir et dont, si aucune n'est vraiment grave, l'accumulation n'est pas négligeable :

  • 1º Je suis somnambule. Ce n'est que très léger, heureusement, et ne se produit qu'en début de nuit, en prenant la forme de confusions nocturnes où je me demi-réveille en ne sachant plus où je suis (comme en écho à des situations où, étant petit, je m'étais endormi dans une chambre peu familière ayant mal repéré les environs, et, étant réveillé, avais paniqué en cherchant la lumière).
  • 2º Je suis frileux et transpire facilement, de sorte que le juste équilibre est délicat à trouver. Ce n'est pas spécifique à la nuit, mais c'est surtout la nuit que c'est gênant. Je dors donc avec trois couettes, chacune assez légère, ce qui permet facilement d'en enlever une ou deux. Il m'est arrivé de transpirer et d'avoir froid en même temps, auquel cas je ne sais plus quoi faire. Par ailleurs, transpirer déshydrate, donc je me réveille parfois parce que j'ai soif.
  • 3º Je vais cinquante fois aux toilettes, probablement parce que je ne supporte pas que ma vessie ne soit pas parfaitement vide pour m'endormir : du coup, si je bois un verre d'eau pendant la nuit (cf. le point précédent), il faudra que je me relève N fois au cours de la demi-heure qui suit pour éliminer cette eau jusqu'à la dernière goutte. (En bon hypocondriaque, je suis allé voir un médecin pour vérifier que je n'avais pas un problème à la prostate ou à la vessie, et il semble que non.)
  • 4º Je me retourne beaucoup dans mon lit. Bon, là, ce n'est pas moi qui suis gêné, c'est plutôt mon poussinet. Surtout dans un lit double : pour cette raison, nous préférons de beaucoup des lits jumeaux où chacun a sa propre couette et on ne doit pas se battre. Mais même quand je suis seul, ça me gêne un peu, parce que mes couettes tombent facilement à force que je m'agite, et alors je me retrouve à avoir froid.
  • 5º Je ne peux dormir que sur le côté. Sur le dos, je ronfle. Me mettre sur le ventre m'est très agréable pour m'endormir (ça m'aide à me détendre et à trouver Morphée), mais il faut absolument que je me mette sur le côté avant d'être vraiment endormi sans quoi je me réveille cinq minutes plus tard en étouffant. Sur le côté, donc. Mais il y a autre chose : si j'ai une narine bouchée (i.e., quasiment tout le temps), je dois absolument dormir avec cette narine en haut — pour aider à la déboucher, mais c'est devenu une habitude tellement forte que je n'arrive plus à faire autrement — et si elle reste bouchée, alors je me retrouve coincé sur le même côté sans pouvoir me retourner, et je finis par ne plus pouvoir dormir, c'est assez pervers.
  • 6º Les réveils m'empêchent de dormir. C'est le but, dira-t-on — mais je veux dire, même avant qu'ils sonnent. Plus exactement, je ne peux m'endormir correctement que si les deux conditions sont réunies : (a) il n'y a pas de raison de penser que je serai réveillé dans les trois heures qui suivent, et (b) il n'y a pas de raison de penser que je serai réveillé avant d'avoir dormi huit heures (y comprises les heures que j'ai déjà dormies, bien sûr), même en tenant compte d'une heure d'insomnie probable. Donc si je mets mon réveil pour, disons, 8h, il faudra que je me couche vers 23h (pas tant que j'aie vraiment besoin de 8 heures de sommeil, mais si je suis certain de ne pas les avoir, ça m'empêche de dormir !), et si je me réveille après 5h je ne pourrai pas me rendormir.
  • 7º Je suis sensible aux bruits. Enfin, ça dépend lesquels : les bruits mécaniques, dans une mesure raisonnable (pas une perceuse…), ne m'embêtent pas trop, contrairement à mon poussinet qui s'agace du clic du thermostat du radiateur de notre salle de bains ; en revanche, si j'entends de la musique ou une conversation de chez les voisins, et dans une moindre mesure des bruits de pas, je ne dormirai pas (et pour ce qui est d'être gêné par la musique, je m'aperçois que j'ai l'ouïe très fine). Par chance, nous habitons dans un immeuble des années '90, donc bien insonorisé, et nos voisins sont pour la grande majorité des couples bourgeois pas trop jeunes (et sans enfants, ou dont les enfants ont déjà quitté l'appartement des parents) et qui ne font donc que très peu de bruit de toute façon : chez nous, je suis donc très rarement gêné. (Par ailleurs, si les bruits me gênent pour m'endormir, ils ne me réveillent pas trop facilement — de nouveau, perceuses exceptées. La lumière, pour sa part, me gêne relativement peu, même pour m'endormir — sans doute parce qu'étant ado je dormais parfois toute une matinée, volets ouverts, avec le soleil en plein visage.)
  • 8º Je fais des insomnies, même une fois pris en compte tous les autres facteurs qui peuvent m'empêcher de dormir : disons que tout tracas un peu envahissant tournera facilement en boucle dans ma tête et m'empêchera de m'évader.
  • 9º Je ronfle un peu. Heureusement, ce n'est que sur le dos, ça ne se produit pas trop souvent, et ce n'est pas énorme, mais mon poussinet doit parfois me pousser pour me remettre sur le côté (heureusement aussi, ça ne me réveille généralement pas) ; la situation est d'ailleurs tout à fait symétrique entre nous. Quand il n'est pas là ou n'est pas réveillé, c'est plus ennuyeux, parce que mon propre ronflement me gêne souvent la nuit (il apparaît dans mes rêves sous forme d'un bruit obsédant, et ensuite je sens bien que j'ai mal dormi).
  • 10º Je fais de l'apnée du sommeil. Si je m'endors sur le ventre, c'est systématique, mais j'ai l'impression que, depuis récemment, c'est en train de se manifester aussi sur le dos et peut-être même — ce qui serait beaucoup plus problématique — sur le côté : je me réveille en légère asphyxie parce que ma gorge est trop reculée, et je dois prendre une soudaine respiration. L'ampleur du phénomène n'est pas claire : que je m'en souvienne n'est pas fréquent, mais je ne sais évidemment pas combien de fois ça se produit aussi sans que j'en aie conscience (mais peut-être que le fait que je sois hypocondriaque et que j'aie peur de faire de l'apnée du sommeil m'aide à ne pas oublier quand ça se produit !). Je compte consulter à ce sujet, mais quand je lis les traitements utilisés je suis un peu inquiet : ça me semble absolument impossible que je puisse dormir avec un dispositif dans la bouche pour retenir mon palais, ou avec un masque respirateur.
  • 11º J'ai le nez encombré : indépendamment de questions d'apnée du sommeil, je respire plutôt mal parce que j'ai le nez qui se charge facilement quand je suis allongé. Je ne sais pas si c'est une sorte d'allergie ou un problème mécanique d'évacuation des mucosités. Quand les choses vont bien, ça se limite à une narine, et il suffit que je dorme avec celle-ci au-dessus pour qu'elle se dégage (c'est alors l'autre qui se bouche, et je me retourne) ; mais si les choses vont moins bien, la même narine peut rester bouchée très longtemps, et alors il me sera impossible de dormir tant que la situation ne sera pas réglée ; ou encore, il arrive que l'autre narine soit elle-même un peu bouchée (hors des jours où j'ai un rhume, les deux ne sont jamais complètement bloquées). Je mets du sérum physiologique chaque soir avant de me coucher (une unidose par narine) et j'ai du Septéal pour déboucher pendant la nuit si nécessaire, mais parfois ça ne suffit pas.
  • 12º J'ai besoin de beaucoup de sommeil. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai pris l'habitude de dormir beaucoup, ou parce que je ne respire pas bien, ou simplement parce que je suis comme ça, mais le fait certain est que je ne me réveille pas spontanément avant… tard (or mettre un réveil est une mauvaise idée). Ceci étant, je ne parle qu'en moyenne : ponctuellement, je tiens mieux une nuit courte que mon poussinet, qui a vraiment besoin de ses huit heures chaque nuit.

Chacun de ces points est plutôt mineur, et même quand on les met tous ensemble, je ne dors pas si mal que ça (en tout cas, il y a des gens qui sont beaucoup plus à plaindre que moi à ce chapitre), je m'endors relativement facilement, et s'il est vrai que je me réveille presque systématiquement pendant la nuit, lorsqu'il n'y a pas un réveil pour me perturber, je me rendors généralement assez bien, et la dernière partie de mes nuits, où je fais beaucoup de rêves, est vraiment agréable.

Je me demande, cependant, comment ça va évoluer en vieillissant, ou quand je tomberais malade : parce que des tracas mineurs un jour peuvent devenir beaucoup plus gênants combinés à d'autres circonstances.

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(dimanche)

Nouvelle expérience en snowboard

[Photo de moi à la montagne][Photo de moi tenant un snowboard]J'avais essayé le snowboard l'an dernier en prenant juste une heure de cours (pas franchement un succès : mon poussinet s'était fait mal au poignet et un vautour nous avait tourné autour de la tête). Pas assez pour apprendre vraiment quoi que ce soit mais assez pour se faire une petite idée et décider que ça devrait me plaire. Cette année (après avoir changé d'avis sur le pied à mettre en avant), j'ai été un peu plus persévérant : nous avons repris deux heures de cours le mois dernier à Métabief, et en avons de nouveau fait — par nous-même — ce week-end à Termignon-Val-Cenis (les photos ci-dessus sont géolocalisées pour ceux qui veulent voir précisément où nous étions).

[Armure de protection]Comme je suis du genre angoissé, j'avais acheté plein de protections : des protège-poignets (à mettre entre les sous-gants et les gants), des protège-genoux et un casque en guise de bonnet (plus le masque de ski, évidemment). Très encombrant : ça me donnait un peu l'impression d'être un casseur de manifestant (cf. photo), mais au moins je me sentais rassuré. Et malgré les remarques ironiques de mon poussinet je ne pense pas que ç'ait été inutile : c'est justement quand on est débutant qu'on en a le plus besoin, et de fait, je suis tombé un nombre incalculable de fois sur les genoux et les poignets, et j'ai fait une fois un vol plané qui a terminé par un beau choc à la tête.

J'ai, donc, surtout commencé par beaucoup tomber. Notamment parce que je n'arrivais pas correctement à tourner vers la gauche.

Il faut dire que le snowboard étant fondamentalement asymétrique (sauf s'il s'agit d'un non-directionnel, c'est-à-dire que les deux bouts peuvent servir d'avant, mais je ne sais pas pourquoi ça a l'air d'être rare), on peut tout à fait ne pas être aussi à l'aise dans un sens que dans l'autre. Faire face à la pente (où on voit naturellement où on va) semble beaucoup plus naturel et confortable que faire dos à la pente (où il faudra regarder par-dessus son épaule). Et comme j'ai choisi finalement de mettre le pied droit à l'avant (« goofy ») — parce que c'est comme ça que je me positionne naturellement pour glisser sur de la glace — quand je fais face à la pente c'est pour descendre un peu vers la droite alors que quand je fais dos à la pente c'est pour descendre un peu vers la gauche (qui est alors, pour moi, la droite). Du coup je suis plus à l'aise sur une piste qui descend en tournant dans le sens des aiguilles d'une montre autour de la montagne (parce que je peux rester face à la pente et déraper gentiment vers la droite) que le contraire.

Évidemment, dès que la piste est un peu autre chose qu'une oblique régulière, il faut alterner entre ces deux positions (face à la pente et dos à la pente), et c'est surtout là que c'est délicat : j'ai assez vite maîtrisé le principe du virage qui passe de « dos à la pente » à « face à la pente » (virage côté dos, ou heelside[#], qui pour moi est vers la droite), mais dans l'autre sens (virage côté face, toeside) je me plantais absolument systématiquement. Et du coup je maudissais les lacets vers la gauche et je me retrouvais souvent comme un idiot au bord droit de la piste, sans savoir quoi faire ensuite. J'ai poussé une quantité de jurons en hurlant qui ont provoqué une certaine hilarité chez les autres skieurs. Ou alors je descendais simplement en dérapage (face à la pente) sans aller ni vers la gauche ni vers la droite, ce qui est un un peu l'équivalent pour le snowboard du chasse-neige du skieur débutant.

Le problème semble être que quand je faisais un virage toeside, ça prenait trop de temps dans la direction de la ligne de pente, je me retrouvais toujours à aller trop vite et je ne savais plus contrôler : soit je fonçais dans le talus soit je dérapais trop et je partais en marche arrière — et la tentation était grande de simplement se pencher en avant jusqu'à tomber sur la piste pour s'arrêter à grand renfort de frottement sur les genoux. À la limite j'arrivais à déraper dos à la pente (vers l'arrière, donc), mais pas me lancer et à contrôler ma vitesse dans cette position.

Et tout d'un coup (après deux heures hier et trois aujourd'hui à me manger des talus et à tomber sur les genoux), j'ai eu un déclic et j'ai « compris le truc ». Mais le plus frustrant, c'est que je ne sais pas ce que j'ai compris exactement, et je ne suis pas capable de le réexpliquer. Tout ce que je sais c'est que mon poussinet a insisté pour que je pratique le dérapage et l'avancée dos à la pente et l'arrêt dans cette position, et j'ai arrêté de foncer dans les talus et j'ai réussi à déraper correctement, et finalement à tourner vers la gauche.

Ce qui est vraiment dommage, c'est qu'à ce point, où enfin je commençais à pouvoir enchaîner des virages sans tomber, et surtout à prendre plaisir à surfer, quand j'ai pu prendre un bout de piste rouge, mes jambes étaient tellement fatiguées (et surtout le muscle fessier de la jambe arrière=gauche), tellement fatiguées de toutes ces pentes descendues à 1km/h en dérapant lentement à force de me crisper, que je n'en pouvais plus, et nous avons dû mettre fin à notre expérience.

Je réessaierai certainement l'an prochain, mais je ne sais pas si je me rappellerai le « truc » que j'ai fini par comprendre ou s'il faudra de nouveau passer des heures à mordre la neige avait de pouvoir contrôler ma trajectoire.

[#] Certains utilisent aussi les termes frontside et backside, mais j'ai l'impression de comprendre qu'il y a une grande confusion à ce sujet, certains les utilisant pour exactement le contraire de ce que d'autres font, donc autant éviter !

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(lundi)

Nouvelles de saison

Quelle meilleure façon de commencer l'année que par un gros rhume ? (Ou une mini-grippe, ce n'est pas clair. J'ai mal à la tête, je suis très fatigué, et j'ai la gorge chargée ; j'ai alternativement très froid et très chaud, mais je n'ai que très peu de fièvre ; j'ai des courbatures mais elles sont localisées, c'est probablement des restes d'une séance de muscu un peu trop intense.) D'ordinaire je fais plutôt ça en décembre, mais janvier n'est pas mal non plus. xkcd a très bien décrit ce à quoi je passe mon temps.

La dernière saison de House MD passe à partir de demain soir à la télé, ce sera parfait pour l'apprécier.

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(lundi)

Stress maladif saisonnier

La rentrée et son déferlement de stress (ce n'est pas un hasard si ce post vient un an après celui-ci). J'ai un emploi du temps d'enseignement passablement lourd jusqu'à mi-novembre, avec tous ces cours généraux qui se concentrent en début d'année (David, tu veux bien faire un cours expliquant toute la crypto en quatre heures pour le master TrucMuche de Paris 42 ? — Oui, pas de problème), et notamment un cours d'Analyse que je fais pour la première année et dont je ne sais pas pourquoi je l'ai accepté parce que je suis nul en Analyse et que du coup je dois le préparer un peu sérieusement. (Quand je vois la fatigue que je ressens après trois heures de cours, je dois dire que j'admire comme des véritables héros les profs de lycée qui non seulement endurent un rythme très lourd toute l'année mais en plus ont souvent face à eux des élèves véritablement hostiles et pas seulement indifférents.) Un entretien d'évaluation annuel où il va de nouveau falloir que je défende mon choix de ne pas publier des merdes pour faire du chiffre (i.e., on va me dire que je ne fais rien depuis des années). Et des tracasseries administratives (il y a eu des conflits d'emploi du temps à régler, mais surtout je n'ai pas de nouvelles de mon détachement, ce qui fait que depuis le 1er septembre je suis dans les limbes administratifs).

Le fait est que je somatise. J'ai la tension qui frôle les 15/8 (c'est uniquement l'adrénaline, je ne suis pas « intrinsèquement » hypertendu) et j'ai fait plusieurs petits craquages nerveux. (Ce qui rend peut-être la chose pire, d'ailleurs, c'est qu'en-dehors de certains moments précis, je donne l'apparence d'être plutôt calme : je peux dire je suis hyper stressé, surtout en ce moment et les gens, en fait, ne me croient pas.) Mon poussinet me pousse à aller voir un médecin, mais si on me mettait en arrêt maladie ça ne ferait que repousser les problèmes de quelques jours (et sans doute les empirer s'il faut se demander comment je peux me faire remplacer pour tel ou tel cours, sans compter la culpabilisation insidieuse qu'on fait facilement autour de ça) ; peut-être le médecin du travail de mon École.

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(samedi)

Ruxor et le poussinet

Photos prises cet après-midi à la Gay Pride Marche des Fiertés par quelqu'un qui a dû nous trouver trop mœugnons :

[Moi tenant mon poussinet dans mes bras][Mon poussinet et moi nous embrassant]

(En fait, il n'était pas prévu que nous y allassions. Mais j'ai attrapé un méga rhume carabiné qui nous a fait renoncer à un petit voyage ce week-end. Donc nous sommes restés à Paris regarder défiler les jolis garçons et les gentilles filles.)

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(samedi)

Des nouvelles de mon œil

Je suis finalement allé voir un dermatologue pour la petite lésion à ma paupière (en médecine de ville parce qu'obtenir un rendez-vous au service de dermatologie « pavillon Tarnier » de Cochin prend trois mois, et il faut une première consultation avant toute intervention ; je me suis adressé au même spécialiste qui m'avait traité un grain de beauté en 2003, et qui m'avait fait une bonne impression[#], d'ailleurs confirmée cette fois-ci). Apparemment, donc, c'était une verrue que j'avais, et il l'a traitée sans difficulté, et sans bistouri, en la brûlant à l'azote liquide (il m'a prévenu que pendant dix-quinze jours ma paupière aurait un aspect un peu effrayant) ; et les autres petites lésions que j'ai au visage sont sans rapport, ce sont des adénomes sébacés, disgracieux mais d'aucune importance médicale (il m'a traité deux ou trois des plus gros).

Ce qui m'impressionne avec la dermatologie, c'est qu'il y a un zillion de trucs différents possibles, chacun pouvant prendre un zillion d'aspects, mais, en fait, avec énormément de ressemblance entre certains aspects de X et certains aspects de Y pour à peu près n'importe quelle paire (X,Y), et malgré ça les spécialistes arrivent généralement à faire un diagnostic en un coup d'œil. (Mais pas tous les médecins, apparemment, puisque mon généraliste ne savait visiblement pas quoi dire, là.)

[#] Puisque je le recommande autant donner son nom : il s'agit du Docteur Raoul Triller, 36 ave. Hoche (Paris 8e).

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(samedi)

Où Ruxor s'inquiète pour son œil

[Mon œil droit]Depuis environ dix-douze ans, j'ai une sorte de nævus, de kyste ou de petite verrue sur le bord de la paupière inférieure de l'œil droit. Je ne sais pas comment cette tumeur a décidé de pousser là, je n'avais rien quand j'étais petit. Mais bon, elle n'était pas gênante non plus, à part un peu quand je pleure (ou que je mets des goutte dans mon œil) car elle doit émettre des sécrétions grasses qui me piquent un peu. Bref. Mais très récemment (deux-trois jours), elle a changé d'aspect, développant elle-même en son bord une petite protubérance d'aspect fort vilain, et un peu noire (ça ne se voit pas vraiment bien sur la photo ci-contre, où on a l'impression que c'est juste le bord qui est un peu plus foncé, mais en fait la couleur noirâtre est plutôt vers l'arrière). Comme en plus elle me gratte un peu plus que d'habitude, tout ceci fait hurler mes alarmes d'hypocondriaque[#] (même si mon poussinet me fait remarquer que la partie altérée est vraiment minuscule), et je vais vouloir la faire opérer le plus vite possible. D'ailleurs j'ai pris rendez-vous lundi chez mon généraliste pour lui demander conseil (qui va-t-on voir dans ce cas-là, quel est le degré d'urgence…).

Je l'ignorais[#2], mais il semble que les paupières relèvent de l'ophtalmologie et non de la dermatologie. Un dermatologue (qui avait pratiqué l'exérèse d'un grain de beauté au menton qui me gênait quand je me rasais) m'avait pourtant assuré qu'il pourrait m'enlever cette chose (je parle de la tumeur, pas de la paupière) si je le voulais. D'un autre côté, il l'avait mentionnée en me demandant qu'est-ce que vous avez à la paupière ?, à quoi j'ai eu envie de lui répondre que c'était plutôt à lui de me le dire que le contraire.

En tout cas, l'idée de voir passer un bistouri à quelques millimètres de mon globe oculaire me réjouit fort peu, mais il va bien falloir s'y résoudre.

Ajout () : Mon généraliste m'a conseillé de voir un dermatologue (il m'a suggéré de m'adresser au pavillon Tarnier, qui est une annexe de Cochin), plutôt qu'un ophtalmologiste, parce qu'il pense que c'est lié à une autre petite lésion que j'ai à la joue du même côté. En tout cas il m'a dit de le faire enlever sans trop tarder. (Et comme il n'a pas voulu se mouiller et a utilisé le mot lésion dans sa lettre au dermatologue, je ne sais toujours pas de quoi il s'agit.)

[#] D'ailleurs, je viens de faire un cauchemar dans lequel une araignée venimeuse entrait dans mes vêtements : et je pense que c'est lié.

[#2] Je ne connaissais pas non plus le mot palpébral.

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(jeudi)

The Life and Times of Altcee

Comme promis dans l'entrée précédente où je raconte la manière dont ce texte a été récupéré, voici

The Life and Times of Altcee
(being the true and marvelous story of the life of a young guileless boy growing up in a small destitute village under the stern sway of a wicked father, told in the most plain and simple prose without the use of cliché or exaggeration)

écrit vers 1988–1990 par un auteur anonyme dont on ne sait pas bien comment son œuvre s'est retrouvée sur les disquettes de mon père. Il n'y a là que sept très courts chapitres (un peu à la manière de mes fragments littéraires gratuits) et le titre prometteur d'un huitième mais je ne crois pas que le texte ait jamais été plus long.

Le sarcasme paternel mériterait sans doute quelques explications, parce que c'est plein de références à des événements me concernant, explications que je ne suis malheureusement plus trop capable de fournir, ayant oublié les événements en question ; je ne peux, par exemple, que conjecturer que j'avais dû poser un jour six francs sur le coffre dans l'entrée chez mes parents, que mon père aurait empochés sans y réfléchir, et que j'ai été très en colère de cette disparition ; je ne me rappelle plus bien non plus si je faisais des histoires quand on me demandait d'aller acheter le pain, j'imagine que je n'aimais pas trop ça, mais je ne sais pas si c'était une occurrence unique (mon père étant parfaitement capable de se moquer de moi pendant quinze ans après) ou quelque chose de plus fréquent. Je sais aussi que je refusais catégoriquement de participer au ramassage des feuilles mortes dans le jardin, et qu'en représaille mon père avait décidé de ne plus me faire de cadeaux de Noël. Concernant le chapitre 4 (à mon avis le plus drôle), il est vrai que j'étais — et que je suis encore — fort grincheux concernant le bruit que les voisins pouvaient faire à la moindre fête, et mon père trouvait que si j'avais déjà une mentalité de vieux pépé grincheux à treize ans ça n'allait pas s'améliorer.

Le nom du héros, Altcee, vient de ce que mon père m'appelait tellement souvent crétin qu'il disait qu'il lui fallait définir un racourci clavier pour ce mot, par exemple Alt-C (pour the C-word), donc, Altcé ou Altcee.

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(lundi)

J'essaie (très timidement) le surf

Dans le genre vacances tranquilles, on peut dire que mon poussinet et moi faisons très fort : sur cinq jours passés à la montagne, on aura fait des sports de glisse pendant… une heure. (Parce que le premier jour on a juste le temps d'arriver et de s'installer tranquillement, le deuxième jour il y a des choses à faire à la maison et des cartes postales à envoyer, le troisième jour le poussinet doit travailler à écrire l'introduction d'un article parce que ses co-auteurs s'impatientent, le quatrième jour on arrive à sortir l'après-midi après s'être levés à 10h, et le cinquième jour il faut plier bagages.) Bon, nous avons pour excuse des températures de −20°C qui ne donnent pas trop envie de sortir malgré le soleil magnifique et la neige abondante. Et comme la maison appartient à mes beaux-parents, nous ne payons pas de location rubis sur l'ongle. Mais même moi qui suis le roi des casaniers je dois reconnaître que c'est dommage.

[Photo de moi tenant un snowboard]La condition que j'avais posée pour venir à la montagne était : cette année, on fait du surf. Parce que le ski, même si je ne suis pas mauvais, je trouve ça un peu ennuyeux, en fait : c'est plus rigolo de débuter et de passer tout le temps sur les fesses. Et le snowboard c'est sexy, les gens qui en font sont souvent des jolis garçons (enfin, en tout cas, ce sont souvent des djeunz, j'ai l'impression qu'il y a plus de garçons que de filles, et mon poussinet et moi aimons bien le style vestimentaire qui va avec). Bref, nous avons pris un cours d'une heure auprès de l'école du ski français, le moniteur nous a assuré que c'était un sport où on progresse très vite surtout si on a déjà l'habitude du ski, et effectivement en quelques montées et descentes du tier-fesse et de la piste pour débutants (dont la neige était d'ailleurs très collante à cause du froid), on a pu voir un peu l'idée.

Le truc perturbant c'est qu'on ne peut pas freiner sans tourner ; et que si on freine trop fort, on peut se retrouver à avoir trop tourné et du coup à repartir en sens inverse, auquel cas c'est la chute assurée. C'est aussi bizarre que l'engin soit chiral, ou plus exactement que la fixation le soit : il faut choisir quel pied on mettra devant, sachant qu'on s'appuie sur celui-là mais qu'on contrôle avec le pied arrière ; mon poussinet et moi avons choisi la position gauche-à-l'avant (est-ce un message politique ?) mais mon poussinet, qui est gaucher, aurait en fait sans doute dû prendre l'autre. En tout cas, il a fait une chute assez méchante sur la neige bien dure et s'est fait très mal au poignet (droit), ce qui a mis un terme à notre peu téméraire expérience.

Sur une note différente, nous avons pu admirer de très près un gypaète (ou du moins c'est ainsi qu'on nous a identifié ce grozoizo) qui est venu longuement tournoyer au-dessus de la piste. Hum, peut-être que ce n'est pas un très bon signe d'avoir un vautour qui tournoie autour de nos têtes alors qu'on fait un sport dangereux, en fait. 😲

Bon, l'an prochain, mon poussinet et moi essaierons sans doute plus sérieusement (peut-être d'arriver à faire vraiment cinq jours de surf, du style chaque fois une heure de cours puis quelques heures par nous-mêmes).

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(lundi)

Musculation et futilité

Pour la quatrième fois consécutive, j'ai déboursé une somme ridiculement élevée (et qui augmente, d'ailleurs, nettement plus vite que l'inflation ; cette année j'ai eu de la chance, je suis arrivé la veille de la révision des tarifs, et je n'ai craché « que » 840€) pour m'inscrire au Club Med Gym afin d'y faire de la muscu.

C'est donc l'occasion de me demander pourquoi au juste je fais ça, et affronter mes contradictions à ce sujet. Enfin, affronter, peut-être pas, mais au moins contempler.

La première année je n'ai quasiment pas profité de cette inscription payée à prix d'or. Mais à partir de fin 2009 (environ), j'ai été raisonnablement sérieux (raisonnablement sérieux, ça veut dire quelque chose comme 3–4 séances chaque semaine, d'à peu près une heure, et en me fatiguant vraiment). Et je ne sais pas, en fait, pourquoi je le fais. Certainement pas pour la santé : je soupçonne que c'est même vaguement néfaste, et que si je voulais m'occuper de ma santé je devrais plutôt faire du cardio-training (j'ai à peu près autant d'endurance qu'un muon : 2.2µs) et pas de la muscu. Pas non plus pour regarder des jolis garçons : même si la faune dans une salle de muscu est à 95% masculine et respire la testostérone, en vérité elle n'est pas très intéressante du point de vue esthétique.

Pour soigner mon apparence, alors ? La différence (par rapport à il y a deux ans) est certaine si je me regarde nu dans un miroir, et c'est sûr que ce n'est pas désagréable. Mais les gens qui me voient nu ne sont pas très nombreux : il y a mon poussinet, qui s'en fout… et c'est tout. Comme je n'ai pas l'habitude de mettre des vêtements hyper moulants (au contraire, je porte plutôt du baggy), à part les quelques jours de l'été où j'aurai un débardeur, personne ne remarquera si j'ai des bras musclés ou encore moins des tablettes de chocolat. (Et même les quelques jours de l'été où je suis peu couvert, on va surtout voir que je suis blanc comme une endive.) De toute façon, j'ai un squelette à la carrure d'apparence chétive ; de toute façon je n'ai sans doute pas un métabolisme à prendre beaucoup de muscle ; et de toute façon je n'ai pas le temps d'y passer ma vie comme les gros bourrins qui ont l'air d'être toujours là quelle que soit l'heure à laquelle je puisse aller à la salle de muscu. Donc même si j'ai une petite satisfaction intérieure à constater que sur l'échelle impitoyable du curseur placé sur le tas de fonte (si certains se demandaient de quoi parlait ce fragment, vous avez la réponse…) je suis en fait plutôt dans les meilleurs, je n'ai aucune chance d'approcher le niveau de ces gros bourrins. Parce qu'il y a vraiment des gens qui prennent ça avec un sérieux impressionnant quand ils discutent de leur programme, quand ils parlent de phase de séchage ou de prise de poids, de la différence entre tel ou tel mouvement, on ne peut qu'admirer tant de science (même si, à vrai dire, je suis un peu sceptique quant aux fondements scientifiques de tous ces préceptes ; je crois que c'est juste le temps qu'ils y passent qui explique tout).

Il y a sans doute le fait de taper dans mes complexes d'ado moche et nul en sport, et qui m'autoconvainquais que je n'aimais pas le sport et que c'était un truc à la con. (Pardon, j'ai eu une discussion interminable avec un ami sur la question de savoir si la musculation peut être considérée comme un sport. Je corrige donc virtuellement sport en activité physique ou sportive dans ce qui précède.) Je voudrais me prouver à moi-même que je peux ne pas être malingre toute ma vie.

Mais finalement, je pense que c'est un exercice de futilité absurde. Soulever un poids et le reposer, recommencer, recommencer, recommencer, et compter les ordinaux, ça fait penser à quelque chose :

Je laisse Sisyphe au bas de la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni fertile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme. Il faut imaginer Sisyphe heureux.

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(jeudi)

Mon autobiographie « informatique »

Puisqu'en réponse à la note en bas de texte de l'entrée précédente on me dit que ce n'est pas problématique de parler sur un blog de ce dont tout le monde parle déjà, la mort d'un grand génie de l'informatique, si on en parle d'un point de vue personnel, je me lance, profitant d'un peu de calme avant que, sans doute, tous les journaux en fassent leur une et que M. Obama prononce un discours saluant un grand visionnaire américain qui a changé le monde, puisqu'il n'y a aucun doute que le langage C et le système Unix ont eu beaucoup plus d'importance et d'influence que les produits Apple.

Bref, voici une petite histoire (que je recopie très largement d'un truc posté ailleurs il y a quelques années) de la façon dont j'ai été mis en contact avec l'informatique en général, et avec Unix en particulier (bon, le rapport avec Unix est très ténu, c'est juste un prétexte pour poster ça) :

Un jour, je pense que c'était en '81, donc j'avais juste cinq ans, mon père m'a emmené avec lui à l'IHP (à l'époque ça hébergeait divers labos qui devaient dépendre administrativement de Paris VI, et notamment celui où mon père bossait depuis sa thèse, à une brève excursion à Luminy près). Il devait parler avec quelqu'un donc on m'a laissé dans la grande salle commune (donnant sur la rue Pierre et Marie Curie — mais de toute façon tout l'intérieur a été complètement transformé maintenant, il n'y a plus rien de ce qui était là autrefois). Il y avait un PET de Commodore, alors on m'a dit de faire joujou avec l'ordinateur. Mon père a parlé pendant très longtemps, et s'est rendu compte qu'il m'avait complètement oublié : un peu inquiet, il est venu me retrouver, et moi je n'avais pas vu le temps passer, j'avais pianoté sur le clavier pendant des heures. Pour éviter qu'on me prenne pour un génie précoce, je précise que je ne savais à peine lire, et je ne me suis sûrement pas mis à programmer : j'ai juste joué à regarder ce que les touches pouvaient produire comme effet, à déplacer le curseur et à afficher des choses partout sur l'écran. Il faut dire que le clavier du PET avait quelque chose du Space Cadet, il y avait toutes sortes de choses qu'une même touche pouvait produire, et notamment des petits dessins (block drawing, je veux dire) sous les touches.

Cette révélation du premier contact avec l'informatique a eu pour conséquence que mon père a décidé d'acheter un micro-ordinateur (pour moi et lui, ma mère n'étant absolument pas intéressée — mais pour moi il estimait que ce serait un bon achat éducatif). Il a dû passer un bon moment à prospecter et à discuter avec moi pour savoir ce qu'on allait acheter. En attendant j'ai dû revenir plusieurs fois sur le PET de l'IHP pour programmer mes premiers trucs en BASIC — à peu près du niveau de 10 PRINT "BONJOUR"␊20 GOTO 10 ou des choses de ce style.

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(lundi)

Nouvelles en vrac

  • Je commençais à trouver bizarre de ne recevoir aucune information concernant ma carte bancaire que j'ai perdue : j'avais immédiatement fait opposition par téléphone et, le lendemain, envoyé une lettre à mon agence pour (1) confirmer l'opposition et (2) demander que la nouvelle carte soit envoyée dans une autre agence ; une semaine plus tard, pas d'avis de mise à disposition de carte, pas de code qui arrive, rien. J'appelle un conseiller qui m'explique candidement que, non, aucune demande de nouvelle carte n'a été reçue pour moi : apparemment, le fait de faire opposition sur une carte et de demander que la nouvelle soit envoyée à tel endroit ne constitue pas une demande implicite de nouvelle carte. J'ai un peu l'impression de parler à des logiciens ! Bon, maintenant la demande a été faite, je suppose qu'ils vont trouver moyen d'oublier ma demande de réexpédition, et qu'entre temps le transfert d'agence va faire effet, et que ça va tout embrouiller. Face à tant de nullité, je me prépare donc mentalement à rester des mois sans carte.
  • Devant les manœuvres sournoises de la météo qui est passée presque du jour au lendemain du mois de juin au mois de novembre, mon corps a réagi comme il en a l'habitude : en me gratifiant d'un rhume carabiné. Si j'ai de la chance, je vais donc passer environ dix jours à grelotter et à me sentir épuisé dès que je soulève le petit doigt. Si j'ai moins de chance, ce sera comme l'an dernier où ça a duré des mois. Mais généralement, quand j'ai un rhume, le pire n'est pas tant les symptômes du rhume, le pire est la quantité de choses que je n'ai plus l'énergie de faire parce que je me sens complètement flagada. (Et loi de Murphy aidant, c'est bien sûr le moment que choisissent plein de gens pour me proposer des activités auxquelles j'aimerais participer.)
  • Dans la catégorie des petits tracas de santé, depuis quelques mois, mes gencives sont en train de se rétracter, surtout au niveau des canines (me transformerais-je en vampire ?), qui deviennent sensibles au froid et au chaud. Mon dentiste, qui y a vu l'effet d'un brossage trop agressif, m'a seulement conseillé de faire plus attention en me lavant les dents, mais j'ai beau le faire avec un soin infini, toujours de la gencive vers la dent, avec une brosse à dent souple et un dentifrice spécial gencives sensibles, j'ai beau ne plus jamais me faire saignoter en me brossant (alors qu'autrefois ça m'arrivait assez souvent), le problème persiste et semble même s'accélérer. De même que j'aimerais bien savoir comment j'ai pu vivre 25 ans sans avoir une seule carie et tout d'un coup m'en découvrir avec une régularité effrayante, j'aimerais bien comprendre comment ce problème peut apparaître aussi soudainement.

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(dimanche)

Anxiété maladive

Mes lecteurs réguliers doivent déjà savoir que je suis pathologiquement hyperanxieux : je fais occasionnellement des crises d'angoisses et des troubles mineurs du rythme cardiaque (tachycardie, extrasystoles) d'origine à coup sûr psychosomatique (de même, ma tension de base est bonne, mais elle monte très facilement) ; et comme je suis gravement hypocondriaque, ça n'aide pas. On m'a prescrit de l'Atarax pour les crises d'angoisse, et du propranolol pour éviter la tachycardie. Ça marche assez bien : j'ai réduit la dose de propranolol à 10mg/jour au coucher (le cardiologue m'avait initialement prescrit 60mg/jour en trois prises), et je ne prends l'Atarax qu'assez rarement et en quantités faibles (6mg, ce qui nécessite d'ailleurs de couper les comprimés plus que ce qui est prévu) ; je compte surtout, en fait, sur la puissance de l'effet placébo. Et je prends des tisanes, j'essaie de me détendre en écoutant de la musique douce… Les crises d'angoisse et la tachycardie sont assez bien sous contrôle, en fait.

Mais j'ai dans les prochains jours quelque chose qui m'angoisse et me met en colère à la fois (pour des raisons évidentes, je préfère rester totalement vague sur ce dont il s'agit). De façon totalement irrationnelle, bien sûr, mais néanmoins incontrôlable. La réaction psychologique que j'ai est maladive, mais la réaction physiologique n'est pas moins pathologique en elle-même : il suffit que je pense à cet événement (notamment la nuit) pour que je sente une véritable bouffée de chaleur, à tel point que je me mets à transpirer de tout mon corps. (Je ne sais pas si c'est ce que ressentent des femmes au moment de la ménopause, mais en tout cas c'est très déplaisant.) Le propranolol n'a pas l'air d'avoir beaucoup d'effet contre ça, bizarrement. J'ai l'impression que c'est une nouvelle forme d'anxiété ou d'hyperexcitation que je ne connaissais pas encore bien.

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(mardi)

Retour de Cologne

Mon poussinet et moi sommes rentrés hier soir de Cologne, où nous avons passé un week-end étendu. Je raconterai sans doute plus de détails plus tard (là j'écris de façon très pressée), mais nous avons beaucoup aimé.

Nous n'avons pas choisi Cologne pour ses vieilles pierres (et, de fait, à ce rayon, nous avons juste fait un tour de la cathédrale au pas de course, le reste ayant de toute façon été à peu près totalement détruit pendant la guerre), mais pour voir une ville jeune et vivante, et parfois décrite comme la capitale gay de l'Allemagne. De fait, ce que j'aime bien trouver dans une ville, ce sont des rues piétonnes commerçantes et animées. (Si on se demande quel genre de commerces je peux trouver à Cologne et pas à Paris, deux exemples seraient un magasin entier de Gummibärchen, ou un supermaché gay où je puisse trouver des BD de Ralf König en VO.) Comme la ville n'est qu'à trois heures de Paris en Thalys (et les billets ne nous ont rien coûté parce que mon poussinet avait des points de fidélité à dépenser), c'était une destination assez évidente. (En revanche, les jours n'étaient pas forcément un choix idéal, parce que le dimanche — encore plus qu'en France — tout ce qui n'est pas commerce d'alimentation est fermé ; mais nous nous sommes rattrapés sur le musée du chocolat.)

Par ailleurs, comme je me déplace aussi pour la bonne chère, on n'a pas mal mangé à Cologne (et pas que des Gummibärchen), malgré la réputation qu'a la cuisine allemande d'être grasse et lourde et dont je n'ai absolument pas testé la véracité pour l'instant. (J'ai juste pu, une fois de plus, m'énerver contre l'impossibilité d'obtenir de l'eau plate à table. Ne pas boire de bière est un handicap certain à Cologne.) Il y a aussi plein d'endroits sympa pour prendre un goûter. Accessoirement, notre hôtel (un bête Mercure) avait le buffet de petit-déjeuner le plus extraordinairement fourni que j'aie jamais vu.

Et mon allemand à l'oral est décidément lamentable, malgré tous les efforts que prodiguait mon poussinet pour me pousser à le pratiquer (va expliquer à la réception qu'il y a une fuite d'eau dans la clim qui a provoqué l'effondrement d'une dalle du faux plafond — ben voyons).

Ah, et j'ai réussi l'exploit d'attraper un coup de soleil malgré la météo pourrie.

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(mercredi)

Je n'ai pas les épaules symétriques

J'ai dans le dos une région ingrattable. C'est-à-dire que quelles que soient les contorsions que je fasse, si ça me démange dans ce coin (en gros, sur l'omoplate gauche), je ne peux pas me gratter, sauf à prendre un accessoire[#] ou à appeler un poussinet à l'aide.

La faute en est à mon épaule droite. Je ne sais pas comment ça se fait, mais j'ai beaucoup moins de mobilité dans le bras droit que dans le bras gauche. Avec mon bras gauche, pas de problème : si je mets ma main gauche contre mon dos (à plat, ouverte, dos contre dos, paume vers l'extérieur), je peux sans problème plier le coude pour remonter, plier le poignet pour remonter encore un peu, et atteindre presque n'importe quel point de la moitié droite de mon dos (et ceux qui sont vraiment trop haut pour y arriver comme ça, je peux les atteindre en passant mon bras gauche par au-dessus de mon épaule droite et en descendant : les deux régions se recouvrent et il ne me manque rien). Avec mon bras droit, c'est une autre histoire : si je mets ma main droite contre mon dos, mon épaule se positionne différemment, et pas moyen de plier le coude, ni même le poignet, sans me faire mal à l'épaule : le plus haut que je puisse toucher est un ou deux centimètres au-dessous de mon omoplate gauche (alors qu'avec la main gauche je peux remonter presque jusqu'en haut de ma colonne vertébrale). Je ne peux donc me gratter le haut du côté gauche du dos qu'en passant ma main droite par-dessus mon épaule gauche et en descendant jusqu'au point où je m'étrangle : ça n'arrive pas jusqu'à la base de l'omoplate, et j'ai donc des régions ingrattables.

Bref, mes épaules ne fonctionnent pas de la même façon. Je m'en rends compte de façon frappante si je me tiens poing contre poing dans le dos (c'est-à-dire, les deux mains fermées en poing, paume vers l'extérieur, l'une contre l'autre au niveau de la colonne vertébrale) : quand je fais ça, mon épaule droite est positionnée nettement plus en avant que mon épaule gauche, et d'ailleurs je sens que ça tire déjà un peu. (Je précise que quand je me tiens normalement il n'y a pas de différence.)

C'est sans doute aussi l'explication que je peux sans problème enfiler un sac à dos en passant d'abord le bras droit et ensuite le bras gauche, mais beaucoup plus difficilement dans l'autre sens.[#2]

Je me demande si je suis irrémédiablement foutu comme ça, ou s'il y aurait moyen d'assouplir gentiment mon épaule droite pour lui apprendre à faire comme la gauche.

[#] Idéalement, ce genre de baguettes, qui ressemble un peu à un sceptre, avec une main au bout, et qui sert à se gratter le dos. Je ne sais pas où ça peut se trouver.

[#2] Je ne sais pas comment font habituellement les droitiers. L'inconvénient de passer le bras droit en premier, c'est que le poignet gauche a tendance à râcler un peu contre la lanière gauche du sac, ce qui n'est pas grave sauf si on porte une montre au poignet (gauche, comme c'est habituellement le cas pour les droitiers). J'ai déjà pété un bracelet de montre en faisant ça.

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(mardi)

Utilikilt

J'aime beaucoup les kilts, je trouve ça à la fois sexy à regarder et confortable à porter. Mais il y a deux problèmes : le premier, c'est que comme tout un tas de choses qui touchent de trop près à un héritage culturel, les gens ont plein d'idées sur l'importance de l'authenticité. S'agissant des kilts, ces idées seraient : qu'il ne faut rien porter dessous, ou qu'on doit porter le tartan de son clan — et par conséquence qu'on ne doit pas porter le kilt si on n'est pas écossais/irlandais/gallois —, ce qui d'ailleurs n'est même pas une tradition historique exacte, comme le kilt lui-même d'ailleurs, ça semble faire partie de ces traditions qui sont apparues aussi soudainement que la parution de Waverley. Mais j'ai déjà exprimé ce que je pense de la quête de l''« authenticité », donc passons. Toujours est-il que si on porte un jean personne ne veut que vous soyez un mineur californien alors que si on porte un kilt on est censé être écossais : c'est assez idiot.

Problème nº2 : les kilts n'ont pas de poche. Ça c'est vraiment embêtant. Moi je me balade avec tout un matériel de survie quand je vais n'importe où (un psychanalyste m'a dit — la seule fois de ma vie où j'ai parlé avec un psychanalyste dans l'exercice de ses fonctions — que c'était probablement parce que mes parents n'avaient pas bien rempli leur rôle que je me sentais obligé d'avoir plein d'objets rassurants avec moi partout où je vais — authentique). Même si je fais au minimum, il y a au moins mon portefeuille, mon porte-monnaie, mon téléphone mobile, mes clés et un paquet de mouchoirs ; je n'aime pas mettre ça dans mon blouson parce que je m'en défais plus facilement, et d'ailleurs en été je n'en ai pas du tout. Bon ben pour transporter des objets, quand on a un kilt, on est censé (pour faire « authentique ») utiliser un sporran : eh bien ces trucs sont minuscules, malcommodes, et quand on marche avec ils rebondissent à chaque pas et ils ont l'air spécialement conçus pour (a) taper dans les couilles du porteur et (b) faire du bruit et attirer tout le voisinage sur le fait qu'on se balade en kilt (et qu'on se fait broyer les couilles).

[Digression :] En fait, si on veut attirer l'attention, le kilt ne marche pas si bien que ça. Ce qui marche beaucoup mieux, et qui souffre exactement des mêmes défauts que je viens de signaler (la difficulté d'atteindre l'authenticité, et le manque cruel de poches), c'est la toge romaine. J'en ai porté une, une fois (ça avait été super dur de trouver une description précise et fiable de comment le tissu devait être coupé et comment il fallait le plier), et je peux témoigner que les gens vous regardent vraiment bizarrement. Et par ailleurs c'est complètement merdique parce que non seulement on n'a pas la moindre poche mais en plus la toge monopolise complètement un bras qui aurait pu, sait-on jamais, servir à quelque chose d'autre qu'à porter un foutu pli de la chose. On voit que c'était un vêtement porté par des gens riches qui avaient des esclaves pour leur éviter de se servir de leurs mains. Ah, et puis ça se défait dès qu'on fait trois pas (enfin, ça c'est peut-être parce que ma toge n'était pas dans le bon tissu ou simplement parce que je ne suis pas né dans une famille de ces gens riches qui n'avaient rien de mieux à faire qu'apprendre les déclinaisons et à porter la toge). Mais je reviens au kilt.

J'en avais déjà un (un noir, pour éviter l'épineux problème de trouver un tartan approprié et « authentique »), acheté ainsi que le sporran et le ghillie shirt qui vont avec sur ce site. C'est joli, mais comme je viens de l'expliquer c'est fort peu pratique, donc je ne le mets jamais.

Heureusement, les Américains sont venus à la rescousse du kilt comme ils étaient venus à la rescousse de la pizza (i.e., pendant que les Italiens se disputent pour savoir si c'est permis de mettre des champignons sur une pizza, eux n'ont aucun problème à y mettre des ananas ou du poulet « à la thaïlandaise »).

La rescousse prend la forme d'une compagnie appelée Utilikilts et qui a comme le Bauhaus adopté la devise de Louis Sullivan : Form follows function. Pas de souci d'authenticité et, par contre, de vraies poches. Et ce n'est pas moins sexy qu'un kilt original si on arrive à croiser les bras en prenant un air féroce. Mais en contrepartie, c'est vendu à un prix corsé (et rendu encore plus exorbitant par le fait qu'UPS prend, en plus du prix du transport, une demi-dizaine de frais de dossiers différents pour la présentation aux douanes). Hélas, aucune compagnie européenne ne fait de truc semblable (peut-être par peur du courroux des Écossais). Bon ben j'ai fini par craquer et en acheter un.

Et je dois reconnaître que, sauf vice caché, je n'ai pas été trompé sur la marchandise : la coupe est (une fois suivies leurs instructions précises sur la façon de mesurer la taille) parfaite, ça tombe bien, c'est agréable à porter, et les poches sont bien faites (elles sont spacieuses et largement séparées du kilt, et pourtant elles ne s'agitent pas quand on marche comme le ferait un sporran). Globalement je suis content de l'achat, et contrairement au kilt que j'avais déjà, celui-là je risque de le porter plus souvent que jamais.

(Photos à venir si je trouve quelqu'un pour en prendre.)

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(lundi)

Plouf dans la Garonne

J'étais à Bordeaux ce week-end, et j'ai vu quelqu'un se jeter dans la Garonne.

Plus précisément, c'était samedi (2011-07-09) vers 17:30+0200, sur le pont de Pierre. Mon poussinet et moi traversions le fleuve pour aller voir quelque chose rive droite, nous avons remarqué un mec (d'une vingtaine d'années, type arabe, en survêtement, look un peu « racaille ») qui, vers le début du pont (et côté amont — le trottoir aval est en travaux), se penchait vers les berges comme s'il regardait quelque chose. Mon poussinet a remarqué qu'il décalait dangereusement son centre de gravité, et nous avons continué. Un peu plus loin (un peu avant le milieu du pont), j'ai voulu prendre mon poussinet en photo avec mon téléphone, j'ai commencé à cadrer, et le mec d'avant s'est approché de moi, a fait un signe en direction de mon téléphone que j'ai vaguement interprété comme signifiant qu'il voulait nous prendre en photo ou que je le prenne en photo ou quelque chose comme ça (et en tout cas j'ai imaginé qu'il ne parlait pas français parce qu'il n'a rien dit), et aussitôt après il est monté debout sur le parapet. Le temps que je me retourne vers mon poussinet, ce dernier a dit quelque chose comme « mais il est fou, il va tomber », je me retourne de nouveau et le type avait disparu, et mon poussinet et d'autres passants ont commencé à crier qu'il était tombé. (Plus tard, l'un d'eux a même dit qu'il l'avait vu faire un saut périlleux. Moi je n'ai pas vu la chute.) Nous nous sommes rués vers le côté aval (il fallait passer des barrières de chantier) pendant qu'un des autres passants appelait les pompiers et décrivait l'endroit. Le mec faisait des mouvements de crawl en direction de la rive gauche, ce n'était pas très clair s'il nageait mal ou si le courant était simplement trop fort (ça c'est certainement vrai, mais ce n'était pas clair si en plus il nageait mal). Quelqu'un a essayé de lui crier de ne pas lutter et de plutôt se laisser emporter. De fait, on a vu la tête du type descendre sous l'eau un certain nombre de fois et on s'est dit qu'il se noyait. Les pompiers sont arrivés vite (c'est plus le coup de fil qui était long à faire), au début nous avons cru qu'ils venaient du mauvais côté (rive droite), mais c'est qu'ils allaient prendre un bateau de ce côté-là. Le mec a fini par atteindre la rive exactement ici (juste en amont d'une espèce de structure en béton dont je ne sais pas la fonction ; il a donc fait ~280m en ligne droite), mais il ne bougeait plus. Les pompiers sont arrivés à la fois en bateau par le fleuve et en camion rive gauche, ils l'ont transporté en bateau jusqu'à un débarcadère un peu en aval ; mon poussinet et moi sommes allés voir si le mec était bien vivant (oui), et si la police voulait des témoignages (ils ont juste noté les coordonnées de celui qui avait appelé les pompiers et ont posé quelques questions au groupe des témoins, pour clarifier notamment que le type avait sauté côté amont/sud du pont, et aussi qu'il était habillé quand il a sauté — parce qu'apparemment les pompiers l'ont retrouvé nu, et personne n'a été capable de dire quand et comment ses vêtements se sont dématérialisés).

Toute la scène était un peu surréaliste. Je ne sais pas pourquoi le mec a sauté, et je suppose que je n'aurai pas le fin mot de l'histoire (à moins de lire Sud-Ouest édition de Bordeaux, colonne des chiens écrasés aujourd'hui, mais je ne trouve rien sur leur site Web concernant ce fait divers). Je suis convaincu que ce n'était pas une tentative de suicide mais un défi stupide (le geste qu'il m'a fait voulait sans doute attirer mon attention sur son exploit à venir, surtout s'il a bien fait un plongeon en saut périlleux, et ensuite il a dû retirer ses vêtements pour mieux nager), dont il n'avait pas mesuré le danger (outre que le courant était vraiment très fort et qu'il a failli se noyer, il aurait pu s'écraser contre une des piles du pont ; pas sûr que ce soit une bonne idée de boire la tasse dans l'eau très boueuse de la Garonne).

Mais une chose que je trouve intéressante, c'est la difficulté de faire un témoignage précis. J'ai essayé, ci-dessus, mais je suis sûr que j'ai déformé les faits et interpolé des choses qui ne sont pas exactement ce que j'ai vu. Même sur une trame aussi simple (un mec se jette à l'eau et nage jusqu'à la rive, épuisé), les quelques témoins que nous étions, et qui avons discuté pendant que les pompiers s'affairaient autour du noyé, avions une vision différente, voire contradictoire, de certains détails (combien de temps était-il resté debout sur le rebord du pont ? comment avait-il plongé ? avait-il fait un signe ?). C'est dire si, dans une enquête criminelle où de plus les témoins sont souvent impliqués émotionnellement, les témoignages doivent être pris avec des pincettes.

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(mardi)

Vacances à Oléron

Je reviens d'une semaine de vacances[#] avec mes parents et mon poussinet. Enfin, ce n'est pas vrai, je suis rentré dimanche soir : c'est fou le nombre de choses que j'ai à faire en rentrant de vacances, et le temps que ça prend.

Nous étions sur l'île d'Oléron, heureusement juste avant le début de l'invasion touristique, et nous avons passé notre temps à farniente (et pas à nous baigner ni à faire de la planche à voile[#2]). Mes parents ont tenté sans succès de retrouver l'endroit où mon père avait passé du temps sur cette île il y a quarante ou cinquante ans (les souvenirs de mon père sont toujours d'un très grand flou donc ce n'était pas facile), mon poussinet et moi à dormir, à nous balader, à chercher des jolis garçons à regarder (guère de succès) et à pester contre la 3G qui ne passe pas. Ah, et mon poussinet et ma maman ont fait plein de parties de Scrabble®, aussi, et ma maman nous a préparé plein de repas délicieux.

Le principal point d'intérêt était le petit phare de Chassiron (ici), que nous avons visité de jour (ce qui m'a permis de confirmer que j'ai le vertige même en haut d'une ridicule quarantaine de mètres, si je suis dehors et que le vent souffle) et admiré de nuit (c'est assez féerique, un phare allumé vu d'en bas — et c'est amusant qu'il est difficile de compter le nombre de faisceaux régulièrement espacés). Du coup, mon poussinet et moi avons lu plein de choses sur Wikipédia sur les phares (entre autres celui d'Ar-Men, dont l'article Wikipédia, au style inimitablement pittoresque, raconte qu'il ne devait pas être rigolo à gardienner, c'est le moins qu'on puisse dire — il y a de jolies vidéos de ce phare et d'autres sur le Web, mais malheureusement aucune photo de l'intérieur, ce qui est dommage parce que ça n'a pas l'air trop visitable et qu'après la lecture de l'article on voudrait bien voir comment c'est dedans). Et sur les îles, aussi. Résultat, mon poussinet s'est mis en tête la lubie d'aller une semaine (hors saison) sur l'Île de Sein, j'espère que cette idée va lui passer.

Bon, le truc inutile en pleine mer près d'Oléron, ce n'est pas un phare, c'est le fort Boyard, que nous avons fait une minuscule croisière en mer pour aller regarder (ainsi très brièvement que l'île d'Aix). S'il y a une chose qui est impressionnante avec ce phare, c'est bien la longueur et le niveau hallucinant de détail de l'article Wikipédia sur le jeu télévisé qui s'y déroule.

[#] Je suis notoirement diacopéphobe (c'est comme ça qu'on dit ?), donc c'était un compromis âprement négocié entre les différentes parties.

[#2] Apparemment c'est une activité fréquente dans le coin. Ou faut-il maintenant dire windsurfing ? J'étais tombé un jour dans je ne sais plus quel journal gratuit sur un article comparant le windsurfing et le kitesurfing (avec une inteview du champion je-ne-sais-quoi de l'un de ces deux trucs, qui expliquait la supériorité de son truc sur l'autre des deux trucs) qui ne prenait même pas la peine d'expliquer ce que signifiaient au juste ces deux termes hautement confusants pour le philistin que je suis (un kite désignant un cerf-volant, à ma connaissance un cerf-volant ça vole grâce au vent, donc on ne peut pas dire que la distinction saute aux yeux). Après coup, j'ai plus ou moins compris que le windsurfing doit être ce qu'un péquenot comme moi appelle la planche à voile et que le kitesurfing doit être un truc où la voile est séparée de la planche et prend plus ou moins une gueule de cerf-volant que le cerfvolantplanchiste tient au bout d'une corde.

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(lundi)

J'aimerais savoir comment mon cerveau marche

Certes, je suppose que tout le monde aimerait savoir comment son cerveau marche — ou, en fait, peut-être que non parce que ce serait trop effrayant. (Souvent, je me sers joyeusement de quelque chose, notamment en informatique, jusqu'à ce que j'apprenne comment ça fonctionne et que je découvre ainsi avec horreur que c'est contraire à tous les principes de bonne conception, et que rien qu'à entendre le principe je devine une pléthore de bugs, et du coup je ne veux plus m'en servir. Sans doute une raison de ne pas apprendre la médecine quand on est geek perfectionniste : la conception du machin est à chier. Bon, c'est vrai que mon cerveau ne me sert pas trop.)

Non, plus sérieusement, je veux dire que j'ai une impression introspective de pouvoir identifier des processus cognitifs récurrents, et je serais curieux de savoir s'ils correspondent réellement à l'activation d'un groupe de neurones localisable. Des sensations, par exemple — mais par sensation, je veux parler de quelque chose de beaucoup plus précis que, disons, la peur : j'identifie déjà un assez grand nombre de peurs bien distinctes.

Par exemple il y a la peur provoquée par une sensation de mystère inquiétant et qui dont je me demande s'il n'a pas une composante surnaturelle, comme une peur ancienne et ancestrale devant l'inconnu qui apparaît essentiellement, mais difficilement, quand je lis de la fiction et nettement plus souvent dans mes cauchemars (zut, en relisant cette entrée, je me rends compte que je radote vraiment) ; quand j'étais petit, je l'appelais la peur surnaturelle ; cette peur précise ne provoque pas une accélération de mon rythme cardiaque mais des frissons glacés. Je suis vraiment tenté de penser qu'il y a un groupe de neurones très ciblé qui s'active quand j'ai cette peur. Je pourrais aussi mentionner la peur provoquée par la prise de conscience du fait que je suis mortel et que l'Univers cessera d'exister avec ma mort, qui viendra inéluctablement (je ne dis pas juste la peur de la mort, parce que ce n'est pas du tout la même que celle que je vais ressentir si quelqu'un commence à me courir après en essayant de me tuer), qui semblerait presque être une sorte de garde-fou placé là par l'évolution pour éviter que les créatures devenues trop intelligentes raisonnent contre leur propre survie. S'agissant de ces deux exemples, d'ailleurs, j'aurais vaguement envie de prendre un gamma-knife et de blaster les neurones en question. 👿

Mais sinon, il y a le sentiment que j'éprouve quand on évoque, notamment de façon inattendue ou en faisant une connexion qui me surprend et me plaît, mais avec quelque solennité, quelque chose ou quelqu'un envers quoi j'ai un profond respect, et qui s'accompagnerait volontiers d'une musique d'Elgar : ma description est totalement grotesque, parce que je ne sais pas quels mots mettre dessus (disons que c'est le sentiment du respect majestueux), mais ce sentiment chez moi est très précis et très fort, et il me met à coup sûr les larmes aux yeux. (Dans la fiction, c'est le sentiment que j'éprouve quand le chevalier inconnu s'avère être Richard Cœur-de-Lion ou dans ce genre de scène.)

Il y a aussi le sentiment émanant de la contemplation de la beauté en mathématiques, mais là je suis moins sûr de sa constance : mon appréciation de la beauté combinatoire des corps finis est-elle la même que mon appréciation de la grandeur des tours d'ordinaux ? Je ne sais pas.

J'aurais bien envie de passer dans un appareil à IRM fonctionnelle en activant toutes sortes de ces processus cognitifs (du moins ceux que je peux activer à la demande, ce qui n'est pas le cas de tous) pour savoir où ils se positionnent dans mon cortex (et peut-être découvrir que je suis bien naïf et que j'ai totalement tort de penser que ce sont des choses localisées et constantes). Malheureusement, l'IRM fonctionnelle est bien trop coûteuse pour qu'on puisse s'en servir pour faire joujou.

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(samedi)

Ma TORANT-list s'allonge

Mon problème récurrent, sur ce blog, est que je ne sais pas écrire des entrées courtes. Je conçois l'intérêt du microblogging pour les gens qui sont placés au premier rang de l'actualité et qui vont tweeter quelque chose comme Monsieur Ben Laden était mon voisin, et il est en train de se faire descendre, mais pour ma part, je suis plutôt le dernier au courant de tout, donc si je peux apporter quelque chose à mes lecteurs, ce n'est pas une information brève et percutante, c'est plutôt la logorrhée qui me tient lieu de réflexion — autrement dit, je sais ranter (pérorer ? blablater ? épiloguer ?). Je ne vois pas l'intérêt d'écrire des entrées du style ce soir, j'ai mangé du poisson meunière (même si c'est vrai et c'est bon) ou je viens de compiler un Linux 2.6.38.5 (là, ce n'est pas vrai, mais je devrais sans doute) et autres facebookeries ; et je ne suis pas non plus doué pour les phrases concises et percutantes.

L'ennui, c'est que ranter prend du temps.

Et donc régulièrement, quand il me vient à l'esprit une idée de sujet sur lequel je pourrais étaler ici ma sagesse incommensurable, je n'ai pas le temps de le faire (et en fait, quand je parle de temps, c'est souvent plutôt que je suis trop fatigué, ou pas dans le bon état d'esprit, ou que je sais que je serai interrompu, ce genre de choses) ; et je me contente donc d'inscrire cette idée dans ce que j'appelle mentalement mon vivier à mèmes, mais que je devrais plutôt qualifier de TORANT-list. Parfois, quand je trouve le temps d'écrire quelque chose, je pioche là-dedans ; mais en fait, j'en retire beaucoup moins de choses que je n'y mets, parce que la motivation à écrire un rant décroît très rapidement avec le temps depuis lequel l'idée m'est passée par la tête. (J'ai aussi le problème que je ne sais pas comment entrer en matière : c'est con, mais ça me bloque souvent — j'aime bien commencer mes entrées par une connexion avec le présent, et si cette connexion manque, j'ai l'impression de ressortir un poisson pas frais de mon frigo.) Cette liste des entrées de ce blog que je n'ai pas écrites commence donc à devenir démesurément longue, et d'ailleurs je ne sais plus trop ce que je suis censé raconter sur certains sujets.

(Et encore, tous ces problèmes ne sont rien par rapport aux problèmes analogues que j'ai avec mes fragments littéraires gratuits, où il me faut vraiment trouver le bon état d'esprit, le bon moment pour pouvoir en écrire, et c'est aussi beaucoup plus long. Cela fait très longtemps que je n'en ai pas écrit, ça me manque beaucoup, et si vous voulez blâmer quelqu'un, je vais dire que c'est la faute de mon poussinet. ☺️)

Voici la liste, dans l'ordre vaguement chronologique de quand l'idée m'est venue, de choses sur lesquelles je compte écrire une entrée Un Jour Peut-Être :

  • L'indiscernabilité en mathématiques. (Ou : qu'est-ce que cela signifie — philosophiquement — que deux objets mathématiques sont le même ? Notamment si l'objet est unique à isomorphisme près, mais pas à isomorphisme unique près.)
  • Quelque chose sur les réseaux euclidiens dans le plan. (Et le rapport avec les courbes elliptiques, la multiplication complexe, et l'exemple du nombre exp(π√163).)
  • Mes douleurs cardiaques imaginaires, un chapitre dans la vie d'un hypocondriaque. [Fait : 2014-02-27#2195]
  • Pourquoi je suis pro-nucléaire, ou plutôt anti-anti-nucléaire, pour des raisons écologistes, et sans doute plus encore depuis qu'on nous bassine au sujet de la centrale de Fukushima. Pourquoi il faut absolument développer un réacteur au thorium. Et pourquoi j'ai envie de donner des baffes aux imbéciles qui ont décidé d'interdire certains types d'ampoules en Europe. [Partiellement fait : 2011-06-06#1895 ; et refait : 2022-05-25#2719]
  • La métaphysique totipsiste. [Fait au passage : 2015-11-05#2334 ; voir aussi ce fil Twitter]
  • Les subtilités de l'abiogenèse vue du point de vue ergodique. (Ou : du point de vue ergodique, si la vie apparaît et se maintient, c'est qu'un tas aléatoire des bons atomes est déjà vivant — commenter cette affirmation.)
  • Mon étonnement devant le fait que la philologie fonctionne. (C'est extraordinaire que les anglais se soient mis collectivement à prononcer [ɛ] ce qu'ils prononçaient [aː].)
  • Les subtilités de l'ordre alphabétique. [Enfin, je ne sais vraiment plus ce que je voulais en dire.]
  • Serait-il possible à l'algorithme de suggestion de YouTube/Amazon/quidlibet de devenir vraiment bon au lieu de suggérer bêtement vous aimerez X parce que vous avez aimé Y ?
  • La manière dont la collectivité fait des choix de groupes dans lesquels on se retrouve ensuite coincés. Pourquoi c'est une forme de dépendance collective, et en quoi ça invalide (ou non) l'idée que chacun est libre de ses propres choix.
  • Tenter de vulgariser le corps à un élément. [Fait : 2018-09-06#2551]
  • Pourquoi certains deviennent enragés au sujet de l'apparition de leur nom sur le Web (et s'imaginent qu'ils ont le droit moral ou légal de vous faire effacer la simple mention de celui-ci). [Fait : 2012-11-03#2087]
  • On ne devrait pas avoir le droit de vendre du matériel informatique ou électronique qui soit « briquable » de façon irréversible en flashant un firmware corrompu ou malicieux (il devrait toujours y avoir un moyen simple de revenir à un firmware valable). [Fait : 2016-09-22#2396]
  • Quand la segmentation du marché est-elle une bonne chose ?
  • Les choix qu'une société ou un pays fait de ses formes légales (constitutionnelles, mais aussi, e.g., droit civil vs. common law) sont-ils vraiment un choix de cette société ou le simple résultat du hasard ? [Plus ou moins fait : 2011-06-12#1896]
  • Quand la protestation et les manifestations deviennent une forme de course aux armements.
  • Pourquoi le rêve de la conquête spatiale est naïf (et celui de terraformer une planète encore plus). [Plus ou moins fait : 2014-04-15#2199]
  • Le risque que les économistes optimisent les mauvaises fonctions.
  • Vulgariser quelques trucs pour manipuler les puissances de 10.
  • Il y a des sujets mathématiques dont j'aimerais avoir quelqu'un avec qui parler.
  • Qui a programmé l'interface utilisateur de mon réveil ? (Et comment a-t-il pu être aussi mauvais ?) [Fait : 2012-09-26#2074]
  • Les affiches de jeux vidéos qui me donnent envie de les voir comme films.
  • Quelles sont toutes les manières dont une substance peut être interdite ? (Interdite à l'achat, à la vente, à la détention, à la consommation, à la production, à l'importation, à l'exportation… quelles combinaisons sont possibles, et avec quels exemples ?) [Vaguement fait : 2017-07-09#2448]
  • Le petit jeu étrange de la diplomatie : et qui en a inventé les règles, et comment pourrait-on les changer ? [Rant déjà un peu fait ici.]
  • La manipulation exacte des images vectorielles (e.g., écrasement de transparences superposées) et la géométrie algébrique réelle.
  • Pourquoi les nombres premiers fascinent les mathématiciens amateurs ? [Vaguement fait : 2018-06-14#2527]
  • Les objets mathématiques qui me fascinent. [Fait et même refait : 2012-09-23#2072, 2015-05-07#2296 et 2015-12-11#2341]
  • Qu'est-ce que l'identité (légale, etc.) d'une personne, et comment peut-on la prouver ?
  • Pollution de l'espace Wifi. Ou : Free et compagnie me font chier.
  • La courbe algébrique donnée par la caustique d'une réfraction plane.
  • Comment faire un cours d'introduction à la géométrie algébrique ? [Fait : 2011-05-15#1882]
  • Le vocabulaire allemand que j'ai appris grâce à Ralf König. [Fait indirectement : 2011-09-06#1927]
  • Pourquoi les gens croient-ils à cette dichotomie selon laquelle l'orientation sexuelle serait soit un choix soit génétique (je crois que ce n'est ni l'un ni l'autre). [Fait : 2011-08-24#1924.]
  • Pourquoi notre peur de la mort résulte de notre perception du temps (on ne devrait pas en avoir plus peur que de la naissance ou de l'extrémité gauche de notre corps).
  • La manie des entreprises de tout sous-traiter.
  • La manie des entreprises de créer des filiales pour se défausser de ses responsabilités.
  • Le bon Isaac Asimov par rapport, disons, à Frank Herbert. [Plus ou moins fait : 2016-04-15#2365]
  • Mon obsession de la préservation de l'information. [Très vaguement fait : 2011-09-14#1937]
  • L'accusation politique d'être libéral en France, et celle d'être socialiste aux États-Unis.
  • Les causes principales d'homophobie par ignorance, et comment on pourrait y répondre.
  • Pourquoi communiquons-nous ? (Résumer notamment les idées de mon collègue Jean-Louis Dessalles.) [Très vaguement fait : 2015-11-23#2339]
  • Comment a-t-on pu inventer une technologie aussi merdique et foirogène que le Wifi ?
  • Les technologies qui me donnent envie de les utiliser, juste pour jouer avec. [Fait : 2011-06-05#1894.]
  • Pourquoi les Français sont-ils désespérément incapables de faire une file unique ? [Fait : 2019-04-08#2589.]
  • Pourquoi certains domaines des maths ressemblent-ils à un labyrinthe de petits théorèmes tordus, tous semblables, et comment éviter cela ? [Fait sur un exemple : 2012-10-25#2084.]
  • …ou, inversement, comment répondre à toutes les questions qui surviennent « naturellement » dans un domaine.
  • Le mythe que la bisexualité n'existe pas, contre le mythe que tout le monde est bisexuel. [Fait en passant : 2011-08-24#1924 ; voir aussi 2023-03-24#2745.]
  • Le mythe que le succès est reproductible (pire : qu'il est mérité ou prévisible). [Fait : 2011-06-24#1898.]
  • Réencodages et transcodages, le problème du round-trip, et le théorème de Cantor-Schröder-Bernstein. [Vaguement fait : 2014-11-10#2246]
  • Faudrait-il écrire une nouvelle déclaration des droits de l'homme ? Et comment ?
  • Vaut-il mieux que les programmes soient uniformes à travers les OS, ou que les OS soient uniformes à travers les programmes ?
  • Ce que je pense de Bitcoin (pas trop de bien), du point de vue économique et du point de vue de la sécurité contre les DoS. [Fait : 2011-05-16#1883.]
  • Pourquoi je continue à préférer les écrans CRT. [Fait : 2012-08-24#2064.]

(J'ai pas mal hésité à publier cette liste, parce que beaucoup de ces formulations lapidaires peuvent donner une impression complètement fausse sur le problème dont je voudrais parler, et plus encore sur ce que serait ma position. Gare à ne pas imaginer des choses, donc !)

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(dimanche)

Huitième blogoversaire

Ce blog a aujourd'hui huit ans, donc joyeux blogoversaire à moi. Je continue tout doucement (mais alors tout doucement) à lui écrire un nouveau moteur — j'espérais vaguement pouvoir lui en faire un cadeau aujourd'hui, mais ce sera pour plus tard. Je vais essayer de quand même me dépêcher pour que ce soit prêt avant que le grand cycle cosmique de l'Internet fasse que Facebook tombe à l'abandon et que les gens se rappellent qu'il existe un Web au-delà, et qu'on peut même y raconter sa vie, si, si.

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(vendredi)

Quelques résultats scientifiques

J'évoquais hier le fait que je travaillais sur deux questions à la fois : voici que ces deux questions se sont reliées de façon inattendue, chacune apportant la solution de l'autre. À savoir :

  • l'hypothèse de Riemann est indécidable (dans ZFC et dans des systèmes beaucoup plus forts, devrais-je préciser), et
  • il existe un algorithme en temps polynomial pour factoriser les entiers (mais la complexité de cet algorithme n'est pas démontrable dans ZFC).

L'idée-clé de la démonstration du premier fait est d'associer à chaque zéro de la fonction zêta une démonstration dans un certain système formel 魚 (un peu compliqué à définir) : si le zéro ne se trouve pas sur l'axe critique, la démonstration prouvera ⊥ (i.e., une contradiction) dans ce système formel 魚 ; a contrario, si une contradiction se trouve, alors on peut l'utiliser pour produire des zéros non situés sur l'axe critique. Donc, l'hypothèse de Riemann équivaut à la consistance du système formel en question. Encore faut-il pouvoir en dire quelque chose ! C'est là qu'intervient le second point : ce système formel peut se voir, en fait, comme lié un protocole cryptographique 𓆛 (là aussi, les détails sont un peu compliqués) tel que prouver la sécurité du protocole 𓆛 revienne exactement à prouver la contradiction du système formel 魚. Or il est relativement facile de ramener la sécurité du protocole 𓆛 à la difficulté de la factorisation des entiers. Reste la dernière pièce du puzzle : ce protocole peut se voir comme un jeu à deux joueurs et, interprété dans le cadre de la théorie des jeux à la Conway, il définit naturellement un ordinal, qui se décrit comme l'écrasement d'un certain grand cardinal que j'appelle icthy un (c'est le premier d'une famille infinie), et qui mesure précisément la force du système formel 魚. Tout tombe donc dans ZFC augmenté de l'hypothèse le cardinal icthy un existe, et si on croit à cette hypothèse, les résultats ci-dessus sont démontrés.

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(jeudi)

Débordement de contexte mentaux

Je pense à trop de choses à la fois, et ça me fatigue.

Je veux dire, scientifiquement. Je travaille sur deux questions à la fois (qui d'ailleurs n'avancent pas, justement parce que je m'éparpille), je donne ceux cours très différents en ce moment (et même si le niveau intellectuel d'un cours en première année d'école d'ingénieur ne vole pas très haut, ça me fait quand même fatalement réfléchir à des questions autour des sujets que j'enseigne, surtout qu'il y a un de ces cours que je fais pour la première fois) sans compter un autre qui arrive et que je dois réorganiser par rapport à l'an dernier, je travaille avec un ami à écrire un livre (sur la théorie de Galois), et par-dessus le marché il y a ces histoires de trous noirs qui m'obsèdent en ce moment. Voilà donc au moins six choses différentes sur lesquelles je réfléchis en parallèle, juste pour ce qui est des maths (parce qu'évidemment, il y a aussi plein d'autres choses allant de ce que je vais manger ce soir à comment faire marcher WebGL sur mon Firefox 4, qui n'ont rien à voir, mais qui ne demandent pas énormément de présence d'esprit), et auxquelles s'ajoutent encore plein de petites questions de maths qui vont et qui viennent un peu tout le temps.

Cela fait trop de contextes mentaux : chacune de ces choses demande que je retienne où j'en suis dans ma réflexion (ou que je sache le retrouver), cela monopolise plus de mémoire et de neurones que les connaissances brutes qui sont associées. Dans une analogie informatique-geek, on pourrait dire que j'ai un load average d'au moins 6, et que mon scheduler a un peu du mal avec ça, parce que mon cerveau n'est pas vraiment multi-core (je ne suis pas schizophrène) : les changements de contexte prennent du temps parce que les caches se font invalider (ou peut-être est-ce une mémoire plus lente, même, qui sature : j'écris des gribouillis de notes sur papier pour me rappeler d'où j'en suis, autrement dit, je swappe).

Il y a des gens qui n'ont pas de mal avec ça, ils sont contexte-agiles. Moi j'y arrive très difficilement. C'est la raison pour laquelle mon intérêt à tendance à se focaliser sur une question, à s'obséder pour elle, même, jusqu'à ce que je la lâche, ce qui se fait normalement après avoir écrit une trace de mes pensées pour pouvoir revenir vers elle longtemps après si je dois m'y réintéresser. Je n'aime pas être forcé à naviguer entre plusieurs questions. (En ce sens, être examinateur à l'épreuve de TIPE a été très chaud, parce qu'il fallait dix fois par jour changer de sujet du tout au tout.)

Demain, il y a un séminaire auquel je n'assisterai pas : je ne veux pas ajouter encore d'autres contextes mentaux, fût-ce temporairement le temps d'un exposé. Dans une période plus calme, c'est plutôt intéressant, mais là, vraiment, non.

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(jeudi)

Nouveau téléphone, HTC Desire Z

Récemment j'ai installé CyanogenMod (la version communautaire d'Android) sur mon téléphone HTC Dream (aka G1, aka, dans mon cas, Google Dev Phone). Comme je le racontais, cela marche pas mal si ce n'est que c'est plus lent (sauf le navigateur, qui est nettement plus rapide). Il y a cependant une chose que j'ai mis un moment à constater, c'est que la batterie s'use beaucoup plus vite depuis ce passage. J'ai fini par en avoir marre et par m'acheter un nouveau téléphone, un HTC Desire Z, ce qui m'a motivé étant la découverte du fait qu'il était possible d'en acheter en France avec un clavier QWERTY (j'aime avoir un vrai clavier physique sur mon téléphone vu que je m'en sers surtout comme terminal et navigateur Web, d'où mon intérêt pour le Desire Z, et j'exècre les claviers AZERTY). Je l'ai reçu hier. Pour l'instant, il est encore un peu trop tôt pour dire si j'en suis content, mais ça a l'air plutôt bien parti : il est tellement plus rapide que l'ancien, l'autonomie a l'air bien meilleure (indépendamment du problème spécifique au passage à Cyanogen), l'écran est plus grand et plus confortable, le GPS semble marcher du tonnerre, le clavier est certes moins bon mais néanmoins supportable et le téléphone dans son ensemble est plus léger et moins encombrant.

Ce qui ne veut pas dire que je n'aie pas rencontré de difficultés pour créer l'environnement que je veux.

Le téléphone venait avec un Android préinstallé, bien sûr : une version propriétaire (⇒modifiée) d'Android par HTC. A priori elle n'avait pas l'air mal (en tout cas, c'est très joli), et j'ai envisagé de la garder. Ce qui m'exaspère un peu, cependant, c'est les efforts que ces gens déploient pour que le propriétaire du téléphone n'ait pas le contrôle de ce qu'il a acheté : il faut donc faire toutes sortes de singeries (expliquées ici et dans le cas de ce téléphone précis) pour en acquérir le contrôle complet, i.e., devenir root dessus. Je ne comprends vraiment pas pourquoi le fabricant joue à brimer ses clients de la sorte (éventuellement les opérateurs de téléphonie mobile, je peux le comprendre, pour éviter qu'on fasse un usage abusif de leurs réseaux, mais là j'ai acheté ce téléphone nu). Mais ce qui m'a fait vraiment craquer, c'est quand une mise à jour fournie par HTC m'a obligé à recommencer ces efforts. Et surtout, il ne s'est pas contenté de me dé-root-er, il m'a aussi cassé le Wifi (et je suis certain que ce n'est pas la faute de mes manips précédentes : je ne suis pas le seul, c'est bel et bien HTC qui a distribué une mise à jour qui casse le Wifi ; en fait, l'erreur est très conne, ils ont distribué un pilote Wifi sous forme de module compilé pour une version du noyau, et un noyau d'une version probablement compatible mais néanmoins différente — le module est estampillé pour 2.6.32.21-g540976a alors que le noyau est étiqueté comme un 2.6.32.21-gd2764ed — du coup, le module refuse de s'insérer, et j'ai corrigé le problème en modifiant le numéro magique de version, mais je me demande bien comment une erreur aussi idiote est possible, et surtout, ça m'a décidé à abandonner cette version d'Android).

J'ai donc mis un CyanogenMod 7.0.0-RC2 dessus. J'ai eu un problème mystérieux avec le GPS (initialement il ne marchait pas du tout, ne détectait aucun satellite, et même l'icône indiquant son fonctionnement ne s'allumait pas : exactement comme décrit dans ce thread) ; je l'ai résolu en rebootant sur le système propriétaire de HTC, en faisant fonctionner le GPS dessous, et en revenant à Cyanogen. Ce n'est peut-être pas vraiment ça qui a joué, en fait, je n'y comprends pas grand-chose. C'est d'ailleurs quelque chose d'assez pénible, avec l'écosystème Android : quand on rencontre un problème, on tombe sur des tonnes de mauvais webforum où le problème est discuté et où des gens proposent des solutions qui tiennent plus de la magie noire que d'autre chose (poser le téléphone par terre, télécharger l'application Voodoo Doll, tourner trois fois autour…), probablement sans rien comprendre à ce qu'ils disent ni chercher vraiment à analyser le problème (voici un exemple assez caractéristique sur lequel je suis tombé en cherchant à comprendre mon problème de GPS).

Autre problème : le clavier du téléphone n'avait pas certains caractères pourtant dans ASCII tout ce qu'il y a de plus standard : les symboles ‘<’ et ‘>’ (inférieur et supérieur), les crochets ‘[’ et ‘]’, les accolades ‘{’ et ‘}’, le backquote ou accent grave ‘`’, le backslash ‘\’, le pipe ou barre verticale ‘|’, et l'accent circonflexe ‘^’. Je suppose que pour les gens qui veulent juste taper des SMS, ce n'est pas bien grave (si on a besoin de taper ponctuellement un tel caractère, on peut le chercher dans une application ad hoc ; d'ailleurs, vous ai-je parlé de celle que j'avais écrite ?). Mais comme l'éditeur que j'utilise (Emacs) a plein de racourcis basés sur ces caractères, j'en ai absolument besoin. Heureusement, il y a deux ou trois touches inutiles sur le clavier, et des combinaisons de modificateurs qui ne servent pas, et il est possible (en fouillant un peu dans la doc) de modifier le mapping clavier, ce que j'ai fait (en suivant cet exemple).

J'ai donné mon ancien téléphone à mon poussinet (qui s'était fait voler le sien), pour pouvoir communiquer avec lui par Google Talk, ce qui est bien pratique.

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(jeudi)

AG de copropriétaires

Une assemblée de copropriétaires, c'est l'occasion annuelle de s'engueuler entre adultes consentants. Il faut dire que j'ai de la chance : l'appartement que je partage avec mon poussinet (et dont je suis propriétaire) est dans un petit immeuble, où il y a beaucoup plus de propriétaires que de locataires (donc les gens connaissent l'immeuble et ses problèmes), les gens s'entendent globalement bien (entre parisiens bobos-intellos-vaguement-écolos-dans-un-quartier-branchouille), et donc il y a peu de disputes. Depuis l'an dernier, nous fonctionnons avec un syndic bénévole (une des copropriétaires se charge de tout, elle doit y dépenser une énergie incroyable, et ça se passe beaucoup mieux qu'avec le syndic professionnel que nous avions avant, qui était certes vaguement compétent mais très cher et impossible à remuer).

Malgré cette chance, on arrive à trouver des sujets de discorde. Avant-hier, il y a d'abord eu la question des jardins privatifs. Ceci me concerne, parce que mon appartement, comme les deux autres situés au rez-de-chaussée côté cour, a un jardinet (le mien est vide de végétation, il n'y a que du gravier blanc parce que c'est plus lumineux — qualité appréciable vu que nous sommes contre un mur aveugle — et plus facile à entretenir, mais il arrive que des plantes indésirables se mettent à y pousser, comme récemment un paulownia). Le règlement de copropriété est très obscur sur la question de savoir qui doit payer pour l'entretien des plantes qui séparent ou bordent les jardins, comme les haies de thuyas qui encadrent le mien, ou le paulownia (le père de celui qui a commencé à prendre ses aises chez moi) planté dès la construction de l'immeuble dans un coin de cette cour. Jusqu'à présent, la copropriété prenait en charge l'entretien de ces plantes. Un copropriétaire du 5e étage, trouvant que c'était injuste de payer pour quelque chose dont il ne profitait pas, avec l'appui du syndic bénévole et sans doute d'une majorité de copropriétaire, a voulu éclaircir les choses et proposer une règle déterminant l'affectation des charges (quelque chose du type : l'entretien des plantes hautes ou grimpantes est à la charge de la copropriété, celle des haies et arbustes à celle des propriétaires des appartements du rez-de-jardin). Une dame que j'appellerai Mme M (et qui habite à un étage intermédiaire, mais qui a vue sur les jardins) a fait valoir que c'était un état d'esprit déplorable que de ne vouloir payer que pour ce dont on profite immédiatement, et que le fait qu'il y ait des jardins dans l'immeuble était un point positif pour l'immeuble qui profitait à tous. Quelqu'un d'autre a suggéré que la règle pourrait être que les plantes qui faisaient initialement partie de la conception de l'immeuble (ce qui inclut, donc, les haies) pourraient être entretenues par la copropriété, et les autres être à la charge de ceux qui les ont plantées. Ces différents points de vue me semblent tous assez valables, et pas forcément contradictoires, mais la discussion, sans vraiment s'envenimer, est partie dans un chaos complet, où on ne savait plus du tout qui défendait quoi, ou pourquoi un argument était avancé. De surcroît, Mme M a observé que la résolution entraînait un changement de répartition des charges et devait donc être approuvé à l'unanimité, alors que le syndic était d'avis qu'il s'agissait d'une simple clarification du règlement de copropriété jugé obscur, ce qui pouvait passer à la majorité des deux tiers. Finalement, une proposition (proche de la proposition initiale) a été mise aux voix avec la condition des 2/3, je me suis abstenu (ignorant, d'ailleurs, que cela revenait exactement au même que de voter contre), et la proposition a été rejetée (de justesse). Du coup, on aura la même discussion incompréhensible l'an prochain.

Un autre point de discorde a été atteint lors de l'élection du conseil syndical : quand Mme M a annoncé qu'elle se représentait, un des copropriétaires qui assiste le syndic bénévole (au début il était lui aussi syndic, mais on a appris qu'une règle idiote impose l'unicité du syndic, donc il ne l'est plus officiellement) a annoncé que si elle était élue, lui-même se retirerait complètement. (C'est que Mme M est un peu procédurière : personnellement je trouve que ça peut avoir du bon d'avoir quelqu'un comme ça, mais ce n'est sans doute pas toujours facile à supporter.) Du coup, ça a jeté un froid, et plus personne ne voulait se présenter. Heureusement, Mme M a retiré sa candidature, et d'autres se sont présentés : y compris mon poussinet, après une discussion pour savoir s'il en avait le droit (il n'est pas copropriétaire, mais nous sommes PACSés : le syndic a déclaré qu'elle considérait comme évident que c'était possible, personne n'a fait d'objection, et il a été élu). Globalement, les gens du conseil syndical me semblent tous être très bien, et Mme M n'avait finalement pas l'air fâchée, donc les choses se terminent au mieux.

Il y a tout de même des choses regrettables dans cette copropriété : par exemple, la répartition des charges se fait sur deux clés, une clé principale pour les charges ordinaires, et une clé séparée pour tout ce qui touche à l'ascenseur (et sur laquelle les copropriétaires des étages supérieurs paient évidemment plus : moi qui suis au rez-de-chaussée je n'en supporte qu'une proportion symbolique) ; en revanche, le même système de clé séparée n'est pas appliqué pour ce qui est du parking : les appartements, caves et places de parking sont tous comptés comme des tantièmes généraux, et l'entretien du parking ou toutes les dépences qui y touchent sont prises sur la clé générale. Ainsi, quelques personnes qui ne sont propriétaires que d'une place de parking ne paient quasiment rien, même de ce qui touche au parking (puisque le nombre de tantièmes d'une place de parking et minuscule face au nombre de tantième d'un appartement). Pourtant, comme la décision de changer la répartition des charges doit se faire (cf. ci-dessus) à l'unanimité des copropriétaires, on peut être certain que cela ne changera jamais : ceux qui ont une place de parking ont un droit de véto sur une telle mesure.

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(jeudi)

Retour de la montagne

La famille de ma mère a un appartement (il doit être en indivision entre mes deux tantes, ma mère, et mon cousin aîné, je suppose) à Métabief (Doubs), dans le Jura, et c'est là que j'ai pris mes vacances la semaine dernière, hors congés scolaires parce qu'il y a beaucoup plus de difficulté à réserver cet appartement pendant les vacances officielles. Mon poussinet me pressait pour y aller et, pour ma part, ça faisait presque vingt ans que je n'y avais pas été (et d'ailleurs, même si l'appartement lui-même m'était tout de même familier, je n'ai rien reconnu du village. Nous n'avons bien sûr pas eu de neige, bien que mon poussinet l'espérât jusqu'au dernier moment (au point de nous faire transporter de très encombrantes tenues de sports d'hiver qui ne nous ont servi à rien) : pas de ski cette année, donc (en fait, si nous en avions eu, j'aurais plutôt voulu essayer d'apprendre le snowboard). En vérité, il faisait même dans la journée un temps tel qu'on se serait cru en avril (si ce n'est que la température tombait pas mal pendant la nuit), et nous nous sommes promenés tranquillement, ce qui a certainement fait du bien à mon père qui ne marche plus beaucoup : notamment le long des falaises du point culminant local, jusqu'au lac de Saint-Point où nous avons mangé dans un restaurant où il était de tradition de manger chaque fois que j'allais avec mes parents à Métabief (et où, cette fois, nous avons eu la chance de pouvoir manger parce que nous sommes arrivés à 13h30 pile et qu'on nous avait prévenus que c'était le dernier délai possible), et autour du coin. [Ces différents liens pointent vers des fichiers KML, à ouvrir avec Google Earth ou dans Google Maps : pour ce dernier, il suffit de copier l'adresse du lien, celle en http://www.madore.org/…kml, dans la barre de recherche de Google Maps, c'est assez impressionnant à quel point ça marche bien : je regrette juste de ne pas avoir réussi à lui interdire d'afficher tous les points de parcours par défaut : il faut décocher points si on veut voir quelque chose, au moins dans Google Maps.] Ceci étant, le fait d'enregistrer le parcours de ces promenades a aussi un coût : mon GPS est tombé et l'écran s'est cassé (apparemment à 2011-02-07T13:37+0100 et ici) ; pourtant j'avais mis la dragonne, mais apparemment pas assez serrée, et il n'a pas chu de haut.

À part ça, en bon citadin aigri, je m'étonne (et me lamente) toujours de constater à quel point il est difficile de vivre sans voiture quand on est en-dehors d'une grosse ville : quasiment aucun transports en commun (et encore, nous étions chanceux, il y avait bien quelques cars TER par jour pour aller d'un endroit à un autre, par exempel de Frasne à Métabief, que nous étions apparemment les seuls à utiliser), supermarchés et autres commerces rares et mal placés, ou chers (nous avions le choix entre une supérette minuscule et très chère, mais juste à côté de l'appartement, ou un supermarché raisonnable mais situé à trois bons quarts d'heure de marche), ce qui fait toujours un choc quand on vit normalement à cinq minutes d'un gros supermarché très bien fourni.

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(mercredi)

Avis d'absence

Je pars une semaine avec mon poussinet et mon papa.

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(samedi)

Que demanderiez-vous au génie des langues ?

En fouillant dans votre genier, vous trouvez une vieille lampe à huile poussiéreuse. Lorsque vous la frottez pour la nettoyer, un génie en sort. Ce n'est pas un génie très puissant : le seul vœu qu'il peut exaucer est celui de parler parfaitement une langue étrangère. Par ailleurs, le génie ne sait pas très bien combien de fois il pourra le réaliser, mais ce sera quelque part entre 1 et 15.

Autrement dit, vous devez lister 15 langues qui existent ou ont existé (y compris des langues inventées, des dialectes, états historiques, voire des accents précis si vous voulez griller une cartouche avec ça), et le génie vous rendra capable de parler (et comprendre, mais aussi lire et écrire) les n premières d'entre elles, sans que vous sachiez à l'avance combien (l'intérêt de cette hypothèse est d'obliger à faire un ordre de préférence ; si cela a une importance pour votre réponse, vous pouvez considérer que n est uniformément réparti entre 1 et 15 inclus). Vous maîtriserez ces langues aussi parfaitement que si vous les aviez apprises dès la naissance.

Évidemment, vous pouvez demander une langue que vous connaissez déjà partiellement, mais en ce faisant vous gâchez peut-être un peu le vœu en question (une meilleure stratégie est peut-être de citer une langue proche mais différente, en se disant que parler parfaitement cette langue proche vous aidera à la fois pour améliorer la langue que vous connaissez parfaitement et pour en avoir une de plus dans la liste) ; de même, il est peut-être du gâchis d'utiliser un vœu pour maîtriser une langue facile à apprendre à partir de celles déjà connues de vous (et de celles plus haut dans la liste).

Personnellement, je considère que je parle français et anglais, et je pense que mon choix serait quelque chose comme :

  1. L'arabe classique. Parce que j'ai essayé d'en apprendre un peu, mais que j'ai abandonné et que je le regrette. L'arabe classique parce que la grammaire semble en être la plus intéressante (lire : compliquée), parce que ça permet d'écouter ʾal-Ǧazīraẗ ou de lire les Mille et Une Nuits en VO, et j'imagine que si on le connaît il est ensuite plus facile d'apprendre tel ou tel arabe vernaculaire que dans le sens contraire. Bref, s'il y avait une langue que je devrais apprendre d'un coup de baguette magique (et d'autant plus que je ne trouve pas le temps ou pas la motivation suffisante pour l'apprendre par des moyens moins magiques), ce serait celle-là.
  2. Le chinois mandarin. Je n'éprouve pas la fascination pour la culture chinoise qui semble être devenue courante, mais une langue parlée par plus d'un milliard de personnes est indubitablement une langue très importante, et quand elle a en plus une littérature immense et un système d'écriture aussi vaste, elle ne pouvait pas ne pas figurer en bonne place.
  3. Le russe. Une langue que j'ai un peu apprise au lycée et que j'ai ensuite soigneusement oubliée : que je connais suffisamment bien pour savoir à quel point cela demanderait un effort démesuré de ma part pour atteindre le niveau nécessaire pour lire ce que j'aimerais pouvoir lire dans cette langue (ah, Pouchkine… ah, Lermontov…). Bon, eh puis quelqu'un qui saurait parler l'anglais, le français, le chinois, le russe et l'arabe (fût-il classique) est quand même bien équipé pour parler avec une bonne partie de la planète : j'écarte l'espagnol parce que ce serait griller un vœu magique avec une langue décidément trop facile, et je passe à des choses qui me sembleraient plus rigolotes.
  4. Le suédois. Que je mets plus haut que l'allemand, par exemple, parce que je parle déjà un peu l'allemand. Tant qu'à apprendre une langue nordique, autant que ce soit la plus parlée. Au fait, je vous ai déjà dit que j'adorais ce webcomic ?
  5. Le grec classique (dialecte attique). La langue (aussi apprise autrefois et soigneusement oubliée depuis) avec laquelle j'aimerais pouvoir frimer entre toutes. En plus, le génie me donnerait exactement la bonne prononciation utilisée à Athènes en 405 avant l'ère commune.
  6. Le japonais. Je ne sais pas bien où le placer sur la liste, mais il devrait certainement y être, avec les autres langues que j'ai fait une tentative pitoyable pour apprendre et que j'ai abandonnées parce que je n'ai aucune volonté.
  7. Le sanskrit classique. Pour l'intérêt philologique (encore qu'à ce compte-là la forme védique est certainement préférable à la forme classique), mais aussi parce que parler couramment sanskrit, c'est quand même ultimement barbot. Alors tant qu'à choisir une langue indienne, autant que ce soit celle-là.
  8. Le gaélique irlandais. Je n'en connais rigoureusement rien, mais les langues celtiques ont l'air d'avoir de très jolies sonorités, et tant qu'à en connaître une, autant que ce soit celle qui est une langue officielle de l'Union européenne.
  9. L'italien. C'est délicat de décider où mettre une langue que j'arrive à peu près à lire et à comprendre quand elle est parlée lentement alors que je ne l'ai jamais apprise. C'est encore plus délicat de décider si je mettrais l'italien ou l'espagnol (les deux, je trouverais ça vraiment bête) : l'espagnol est indiscutablement plus utile, mais je trouve quand même l'italien plus joli. Bon, les génies dans les bouteilles, ils sont là pour faire plaisir, pas pour être utiles, donc disons l'italien.
  10. L'allemand. Une langue que je fais semblant de ne pas devoir mettre beaucoup plus haut sur la liste sous prétexte que je la connais déjà un peu, mais après mon voyage à Berlin l'été dernier je devrais être plus modeste à ce sujet.
  11. L'anglo-saxon. D'intérêt essentiellement philologique (même si, là aussi, c'est certainement assez barbot de parler couramment l'anglo-saxon) : il n'y a pas grand-chose que je voudrais lire dans cette langue (la seule chose que tout le monde connaît, c'est Beowulf, et, franchement, c'est plutôt chiant, même s'il faut avouer que ça sonne bien). Mais je ne vais pas mettre l'anglais dans la liste, alors s'il y a quelque chose qui m'aide à mieux le parler et qui soit quand même intéressant en soi, j'imagine que c'est l'ancien anglais.
  12. Le latin classique (tel que parlé dans la haute société romaine en l'an 27 avant l'ère commune). Que je mets si bas parce que c'est désespérément banal, de parler latin. À ce stade-là, je me dis que si je suis arrivé aussi loin dans la liste, j'ai eu bien de la chance avec mon génie, et je peux arrêter les langues qui servent essentiellement à frimer (certes, je pouvais citer l'ancien égyptien, mais ce que j'en ai appris m'a surtout semblé ennuyeux, en fait). Donc je finis en mettant trois langues choisies simplement pour le fait d'être aussi différentes que possibles entre elles et de toutes les précédentes (afin de m'ouvrir l'esprit au sens sapirwhorfien), en étant parlées par un nombre raisonnable de gens dans le monde (et aussi, en France) :
  13. Le turc.
  14. Le tamoul.
  15. Le wolof.

Maintenant, je n'ai plus qu'à trouver le génie. En attendant, j'attends les réponses de mes lecteurs (en commentaire ou sur votre propre blog si vous en avez un).

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(vendredi)

Le 21 janvier dans la vie de Ruxor

Le 21 janvier, je ne porte pas le deuil de Louis XVI, ni celui de Lénine. Mais qu'est-ce que je fais ?

Aujourd'hui, vendredi 21 janvier 2011, j'ai assisté à des exposés pour les journées du GdR IM (je ne sais pas exactement ce que c'est qu'un GdR, ni à quoi il sert autrement qu'à me spammer, mais au moins les exposés étaient-ils intéressants), à Jussieu.

Il y a un an, jeudi 21 janvier 2010, j'ai fait le point sur mes connaissances en calculabilité supérieure. Le soir, mon poussinet et moi avons regardé le film Le sens de la vie pour 9.99$ sur DVD.

Il y a deux ans, mercredi 21 janvier 2009, j'ai fait passer des oraux de rattrapage d'un de mes cours à l'ENST. Le soir, mes amis du nanar-club et (mon poussinet et) moi avons pris l'apéro et avons regardé le film When Dinosaurs Ruled the Earth.

Il y a trois ans, lundi 21 janvier 2008, mon poussinet et moi avons cherché, lors d'une promenade vespérale, à traverser la Seine par le pont du boulevard Poniatowski de façon à nous rendre à Bercy-Village, et avons découvert que c'était quasiment impossible (j'ignore si la situation a changé depuis ; je pense que non, même si c'est prévu à terme).

Il y a quatre ans, dimanche 21 janvier 2007, j'ai regardé la télé (l'émission Arrêt sur images, puis la semaine des Guignols et le Zapping de Canal+) ; ensuite, j'ai travaillé sur des articles que j'essayais de déchiffrer, et le soir, mon poussinet et moi avons dîné au restaurant Dino Pasta e Fagioli di Lucca, rue Claude Bernard (que je recommande au passage à tous ceux qui aiment la bonne cuisine italienne) et nous avons regardé le film Sommersturm (que je recommande au passage à tous les garçons qui aiment les garçons) sur DVD.

Il y a cinq ans, samedi 21 janvier 2006, j'ai fait une razzia à la librairie Gibert Joseph (j'y ai acheté : Ada, or Ardor de Nabokov, The Handmaid's Tale de Margaret Atwood, The Line of Beauty de Hollinghurst, Breakfast of Champions de Kurt Vonnegut, Jr., Sur l'antisémitisme de Hannah Arendt, Introduction à la théorie des groupes de Lie de Roger Godement, et Les caves du Vatican d'André Gide). Puis j'ai voulu aller voir Brokeback Mountain au cinéma (le Mk2 Odéon), mais la queue m'en a découragé. À la place, j'ai passé un certain temps à lire et comprendre la démonstration du fait que le A-module A n'est pas projectif dès que A est un anneau (commutatif) noethérien non artinien. Le soir, j'ai dîné dans un restaurant de crêpes et de fondues avec une douzaine de normaliens.

Il y a six ans, vendredi 21 janvier 2005, j'ai organisé un écrit blanc d'agreg à l'ENS : je me suis levé à 6h45 du matin pour déposer le sujet et je suis passé chercher les copies dans la soirée (les préparationnaires choisissaient quand ils voulaient faire le sujet, normalement pendant 6 heures d'affilée). Le soir, j'ai écouter un ami raconter toutes sortes de choses sur les Lisp-machines.

Il y a sept ans, mercredi 21 janvier 2004, j'ai appris des choses sur les variétés toriques dans le livre de Fulton à ce sujet. Le soir, je suis allé chez mes parents, qui avaient des problèmes avec leur ligne ADSL (et parce que le lendemain, un de mes bons amis allait soutenir sa thèse à Polytechnique) : je n'ai pas eu de succès auprès du service technique Wanadoo.

Il y a huit ans, mardi 21 janvier 2003, je n'ai pas fait grand-chose. Le soir, j'ai regardé sur Arte un documentaire sur le système carcéral américain.

Il y a neuf ans, lundi 21 janvier 2002, j'ai aussi dîné avec une douzaine d'amis normaliens, et nous avons discuté (de vive voix, puis aussi informatiquement, via IRC) de toutes sortes de choses entre l'introduction de la monnaie en euros et une amie qui avait des problèmes affectifs compliqués™.

Il y a dix ans, dimanche 21 janvier 2001, j'ai aussi regardé à la télé la semaine des Guignols. Puis le soir j'ai envoyé un mail à un un co-thésard (et co-bureau à Orsay), un grand et beau blond dont j'étais désespérément amoureux, pour lui déclarer très stupidement ma flamme, ce qui devait me valoir le plus cuisant et douloureux râteau de ma vie.

Je n'ai malheureusement pas de note précise de ce que j'ai fait les 24 occurrences précédent du 21 janvier de ma vie, parce que ma manie obsessionnelle compulsive de tenir un journal de ce qui m'arrive n'a commencé qu'avec le 3e millénaire. Je suppose que je pourrais reconstituer des choses sur les quatre précédents 21 janvier à partir de mes archives de mail, mais pour aller encore plus vieux ce serait difficile. All those moments have been lost in time… like tears in rain…

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(mercredi)

Gro-Tsen et ses petites contrariétés

  • Notre chauffe-eau est réparé. Mais le plombier m'a escroqué dans les grandes largeurs (j'étais prêt à me laisser escroquer dans les petites largeurs, mais quand mon poussinet m'a lu le montant du devis par téléphone, j'ai mal entendu et j'ai donné mon accord parce que j'avais compris quelque chose de seulement moyennement exorbitant alors que c'était vraiment exorbitant) ; c'est d'autant plus idiot que mon poussinet aurait certainement su faire la manip lui-même. Nous allons tâcher de faire des économies ces prochains mois pour compenser un peu ça.
  • …C'était bien la résistance qui s'était percée. C'est d'autant plus mystérieux que le chauffe-eau n'était pas vieux et encore peu entartré.
  • Un de mes disques durs est mort, probablement à cause de la coupure d'électricité elle-même consécutive à la mort du chauffe-eau. Grâce à la magie du RAID, je n'ai perdu aucune donnée, mais je me suis fait bien peur parce que j'avais cru que plusieurs disques mouraient en même temps (ce qui aurait été beaucoup plus embêtant, puisque le RAID5 ne me protège que contre un seul défaut ; on a tendance à imaginer que plusieurs disques mourant en même temps est extrêmement improbable, mais ce ne l'est pas tant que ça : ce ne sont pas des événements indépendants, et la même cause — comme un chauffe-eau qui rend l'âme et qui provoque une coupure de courant — peut provoquer plusieurs défauts).
  • Ma santé est maintenant dans un état stable : je fais de la sinusite la nuit, je me réveille avec l'impression d'être très enrhumé et j'ai mal à la tête, et au cours de la journée ça se dissipe et le soir je me sens bien (néanmoins, je suis très fatigué, et j'ai une toux grasse légère mais continue). Je suis allé voir un ORL, qui m'a à peine examiné ; il m'a prescrit un traitement à base d'aérosol (esssentiellement un corticoïde), même s'il a reconnu que mes analyses sanguines ne favorisaient pas la piste allergique. (En plus, je ne suis pas du genre allergique, et dormir dans un autre lit n'a rien changé.) Si cela ne s'améliore pas d'ici une semaine, je dois faire une radio un scanner des sinus.
  • …[Ajouté ()] Mais j'ai quand même tendance à croire que j'ai toujours une infection bactérienne. J'ai oublié de signaler au médecin que j'avais toujours des ganglions un peu enflés, comme j'ai oublié de lui signaler que ma toux était grasse (je n'arrête pas d'oublier de dire des choses quand je vais voir un médecin, à chaque fois je m'en veux en sortant). Et ce soir j'ai mal à la gorge, même si je n'ai plus mal aux sinus. Bref, j'ai l'impression de tourner en rond. Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas me faire tousser dans une boîte et essayer de cultiver un peu les bactéries qui en ressortiraient.
  • …Par contre, le traitement par aérosol a quelque chose de rigolo (il m'a fallu louer un appareil en pharmacie, ça fait une sorte de brouillard de petites goutelettes de produit, c'est étrange mais pas déplaisant à respirer) ; mais qu'est-ce que c'est long à préparer !, il y a quantité de pièces à mettre les unes dans les autres dans le nébuliseur (et à laver à chaque fois), deux tuyaux à brancher sur l'appareil, trois substances à mélanger… et ça encombre beaucoup, aussi. Malheureux les gens qui doivent faire ça chaque jour de leur vie !
  • Je suis allé un peu aux Sage Days à Orsay : c'était sympa, mais j'en ressors un peu déçu parce que le programme était chamboulé et que je n'ai pas pu entendre ce pour quoi j'étais surtout venu. Je crois aussi que le niveau de familiarité avec Sage supposé des participants était assez mal défini. J'ai néanmoins appris quelques choses. (Par ailleurs, il y avait un orateur qui parlait avec un accent québecois tellement joli que j'aurais pu venir rien que pour l'écouter.)

Bref, pas de grosse contrariété, mais pas mal de petites, et au final cela fait quand même beaucoup de temps perdu (et pas mal d'argent aussi). J'ai l'impression de courir dans tous les sens et de ne plus savoir où donner de la tête.

J'ai quand même trouvé le temps de finir de lire un des deux livres que je lisais en ce moment, celui de Wells sur les accents de l'anglais (enfin, je n'ai fini que le volume 1, mais je l'ai vraiment lu de bout en bout : je ne vais probablement pas en faire autant des volumes 2 et 3). Si et quand je serai moins débordé, j'essaierai d'en tirer quelques choses à raconter sur ce blog (mais moins techniques que la dernière fois où visiblement personne n'avait été intéressé ; je raconterai plutôt ce qui distingue substantiellement les accents britanniques et américains, ou comment classifier les voyelles en anglais).

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(dimanche)

L'étincelle qui fait déborder le chauffe-eau

J'avais déjà raconté qu'un de mes sujets de cauchemar récurrents c'est celui où j'essaie d'allumer une lampe, et celle-ci fonctionne mal ou ne fonctionne pas du tout, et je veux de la lumière et je panique. Je me suis réveillé la nuit dernière, après avoir regardé Shutter Island hier soir (qui n'est pas spécialement un film rassurant pour les angoisses de ce genre), je me sentais bien malade, fébrile et désorienté, j'ai voulu prendre un verre d'eau dans la salle de bain et mesurer ma température : pas moyen d'allumer la lumière de la salle de bain. J'essaie l'autre lumière : pas mieux. En fait, j'étais dans l'obscurité totale : coupure de courant. J'arrive à attraper la lampe torche qui est posée sur ma table de nuit pour voir ce qui se passe, mais la lampe torche elle-même (qui est un truc chinois acheté à vil prix sur dealextreme.com) s'est mise à vaciller. À ce moment-là, j'ai un peu paniqué et craqué nerveusement. (Pendant ce temps, mon poussinet dormait du sommeil du juste et du non-tracassé.)

En fait, c'est notre disjoncteur qui avait disjoncté. J'ai essayé de le réenclencher, mais il saute immédiatement. Je pense que c'est le différentiel (ce n'est pas très clair sur notre tableau électrique, mais le disjoncteur combine le général et le différentiel de 500mA en un seul interrupteur). Si je coupe le circuit du chauffe-eau, je peux remettre le courant. (J'ai ensuite passé une heure à vérifier que l'ordinateur n'avait pas souffert de l'opération.)

J'imagine que c'est la résistance du chauffe-eau qui est percée et qui fait une fuite de courant vers la cuve. On savait déjà qu'elle était entartrée, au bruit qu'elle fait en chauffant ; néanmoins, comme ce chauffe-eau n'a même pas cinq ans, je me sens un peu floué qu'il faille déjà en changer la résistance (voire, toute la bête).

Je vais aller habiter un petit moment chez mes parents à Orsay. (Comme je comptais assister à cette conférence, ce n'est pas forcément mal.) Reste que si ça avait pu tomber à un moment où je n'étais pas malade, ça m'aurait arrangé. À ce sujet, j'ai rendez-vous chez un ORL lundi (et j'ai aussi des résultats d'analyses sanguines, qui sont normales).

Je me sens très las.

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(jeudi)

Re-re-chute ?

(Résumé des épisodes précédents ici.)

Ayant fini lundi (et scrupuleusement suivi tout du long !) le traitement de huit jours à la ciprofloxacine que le médecin m'avait prescrit, je pensais en avoir fini avec cette infection persistante. Le week-end dernier j'allais bien (et les quelques jours précédents étaient plutôt bons aussi), et jusqu'à hier encore je me considérais comme guéri. Mais ce matin, je me suis réveillé avec le picotement dans l'arrière-gorge qui caractérise chez moi les débuts de rhume, et dans lequel, ici, je vois le signe d'une rechute possible ; et il ne semble pas disposé à disparaître : j'ai cet après-midi le nez bien chargé, je respire difficilement et je suis très fatigué. Je garde un peu d'espoir que ce soit une fausse alerte, mais je ne compte pas trop dessus.

Je ne comprends vraiment pas ce qui m'arrive. Visiblement mes bactéries répondent aux antibiotiques, puisque j'ai été au moins provisoirement guéri par la clarithromycine début décembre (mais j'ai fait une rechute au bout de trois-quatre semaines), et tout récemment par de la ciprofloxacine (mais rechute, si c'en est une, au bout de 48 heures). Sont-ce des bactéries différentes ?, mais si oui, pourquoi suis-je aussi souvent infecté ? Ou bien est-ce la même qui persiste ?, mais alors quel peut être le réservoir ? Devrais-je retourner voir mon médecin tout de suite, ou attendre que la rechute se confirme ? Je ne sais ni quoi faire ni quoi penser. Je suis complètement désemparé.

Et surtout, j'ai le moral qui vient de tomber dans les talons (référence xkcd obligatoire à ce sujet) : je pensais, ça y est, je vais de nouveau bien, je vais pouvoir mettre derrière moi cet épisode à la con, rattraper le temps perdu (que ce soit au boulot ou dans plein de choses, jusqu'à la muscu que j'étais trop fatigué pour faire), et vlan… Je suis fatigué et déprimé.

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(mardi)

Deux livres

J'ai tout récemment commencé la lecture de deux livres que je crois déjà pouvoir recommander (il s'agit de nonfiction — comment diable est-on censé traduire ça en français ? — et du genre qu'on n'a pas spécialement de raison de lire dans l'ordre, donc je ne les « finirai » peut-être pas vraiment, ou pas clairement, ce qui m'incite d'autant plus à ne pas attendre ce moment hypothétique pour donner mon avis).

Le premier (que j'ai trouvé en flânant chez W. H. Smith dimanche soir) s'appelle The Evolution of God (ISBN 978-0-349-12246-5[#]), de Robert Wright. Il s'agit d'un essai sur l'évolution[#2] des trois grandes religions monothéistes, du concept de Dieu dans celles-ci, et de leurs croyances de façon plus générale. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre d'histoire, mais plutôt d'un livre à thèse, à mi-chemin entre l'histoire (de la pensée) et la philosophie (de la religion), écrit par un auteur qui est probablement athée, ou agnostique entre l'athéisme et le déisme sans confession ; les idées qu'il expose paraîtront probablement choquantes à un Juif, Chrétien ou Musulman très traditionnel, mais ne sont pas une attaque aussi frontale que celles de Dawkins dans The God Delusion : pourtant, je pense qu'elles sont bien plus « dangereuses » pour ces religions, parce qu'elles explorent la façon dont celles-ci sont nées et dont leurs préceptes n'ont pas toujours été les mêmes.

Wright consacre un chapitre aux religions naissantes, un au monothéisme juif, un à l'invention du christianisme, un à l'islam, et un qui semble plus général et plus philosophique sur l'avenir des religions. Je n'ai pour l'instant lu que le passage sur le christianisme (j'ai commencé par là) et le début de celui sur le judaïsme, mais ce que j'ai lu m'a beaucoup intéressé, et j'ai trouvé le point de vue de l'auteur assez séduisant.

Concernant le christianisme, Wright cherche à reconstituer quelles ont pu être les croyances du Jésus historique (sur le compte duquel il expose quelque chose de pas incohérent avec ce que je proposais ici et , d'ailleurs, même s'il ne s'intéresse pas tant au personnage qu'à ses idées) et comment elles ont ensuite été revues par les évangélistes et par Paul de Tarse (aka Saint Paul). Il est assez convainquant, par exemple, lorsqu'il explique que Jésus, dans le courant millénariste/messianique juif, ne promettait certainement pas un paradis céleste et après la mort mais la venue du Royaume de Dieu de son vivant (ou en tout cas du vivant de ses disciples : cf. Marc 9:1) et sur Terre ; et que cette promesse a été revue et corrigée (en faveur d'un paradis plus céleste, après la mort, et d'un Royaume de Dieu plus symbolique) après évidemment le décès du prédicateur et après que le Royaume de Dieu tardait décidément à se réaliser. Il est aussi convainquant quand il défend l'idée que Jésus ne prêchait certainement pas l'amour universel et l'égalité entre les hommes, mais mettait clairement les Juifs en premier dans le Royaume de Dieu, les Gentils n'ayant leur place que comme serviteurs qui ramassent les miettes (cf. Marc 7:25–29), et que l'idée n'est venue aux Chrétiens que quand ils (notamment Paul de Tarse) ont voulu cimenter cette religion et l'exporter aux non-Juifs. Je ne rends cependant pas justice à Wright en résumant ces thèses de façon aussi succincte. Je souligne que l'évolution qu'il trace est celle des idées des premiers Chrétiens : il ne s'aventure pas dans, par exemple, dans la théologie au Moyen-Âge, et évoque à peine le Concile de Nicée — ce n'est pas le sujet qui le préoccupe.

Concernant le judaïsme, son intérêt est d'étudier la façon dont le royaume d'Israël est passé du polythéisme à la monolâtrie puis au monothéisme, en inventant un dieu unique qui réalise la synthèse entre des divinités telles que El et Baʿal (l'un ayant défini le dieu de la bible tel qu'il est quand il est nommé sous ce même nom, l'autre ayant influencé sa version sous le nom de Yhwh). Là aussi, je trouve qu'il défend bien ses idées, par exemple quand il signale le parallèle entre l'assemblée des dieux évoquée au Psaume 82 (81 en grec) et le conseil des dieux que préside le dieu El. J'attends de finir ce chapitre et de lire celui sur l'islam pour me prononcer plus complètement.

[#] Une question qui me tracasse depuis un moment : quel lien « canonique » utiliser quand je parle d'un livre ? Je n'aime pas trop en fournir un vers Amazon ou un autre vendeur de ce genre, parce que je n'ai pas de raison de leur faire de la pub ; il n'y a pas toujours de site Web officiel du livre, et même s'il y en a un j'ai peur que ce genre de site soit moins pérenne que mon blog ou que l'ISBN ; je fournis généralement un lien vers le gadget-à-ISBN de Wikipédia, mais je ne trouve pas celu-ci très pratique. Que faire, alors ? Je me pose aussi un peu la même question pour les films, d'ailleurs : jusqu'à présent j'ai adopté la politique de faire toujours des liens vers leur entrée dans IMDB, mais je commence à me dire que ce n'est pas forcément le plus neutre.

[#2] J'imagine que le mot est choisi à dessein comme clin d'œil aux cinglés qui rejettent les théories fondamentales de la biologie pour des raisons religieuses.

L'autre livre (que j'ai reçu ce matin) n'a aucun rapport : il s'agit d'un traité en trois volumes sur la prononciation de l'anglais et de ses accents, Accents of English de J. C. Wells (ISBN 978-0-521-29719-6 pour le volume 1, 978-0-521-28540-7 pour le volume 2, et 978-0-521-28541-4 pour le volume 3). Ceux qui pensent que le sujet est aride se trompent !

Je connaissais déjà J. C. Wells parce qu'il est aussi l'auteur de l'excellent Longman Pronunciation Dictionary (ISBN 978-1-4058-8118-0 pour la 3e édition), que je recommande également très vivement (c'est le seul dictionnaire que je connaisse à donner fiablement la prononciation britannique et américaine, en l'occurrence en alphabet phonétique, ainsi que de nombreuses variantes, et des statistiques de préférences dans les cas où il y a des doutes). Néanmoins, ce Pronunciation Dictionary reste limité à la Received Pronunciation anglaise et à la prononciation américaine synthétique connue sous le nom de General American. Son livre Accents of English ne se limite pas à ça : il décrit soigneusement les différents accents britanniques (dans le volume 2), mais aussi (dans le volume 3), les différents accents américains, canadiens, australien, néo-zélandais, sud-africain, indiens[#3] et plus.

Il serait facile de rendre la chose complètement illisible : devant la masse de voyelles de l'anglais, et la masse d'accents qui existent, on a vite fait de se perdre. Ce qui est remarquable avec le livre de Wells, tel qu'il m'apparaît après un examen encore peu approfondi, c'est qu'il arrive à faire la synthèse d'une masse de faits disparates de façon qu'on s'y retrouve. Chose que je n'ai probablement pas réussi à faire dans une entrée récente de ce blog, qui ne parlait pourtant que d'un tout petit groupe de voyelles !

Le volume 1 est introductif et peut se suffire à lui-même : il présente la problématique générale, évoque la définition de ce qu'est un accent et la manière dont ils diffèrent, puis il décrit les accents standards Received Pronunciation et General American et la façon dont ils diffèrent, la phonémique (notamment des voyelles) et l'évolution historique. Je pense que ce livre est très précieux pour quiconque s'intéresse à la phonétique et veut apprendre à « parler l'anglais correctement » (quoi que correctement veuille dire). Les volumes 2 et 3 décrivent ensuite en détail les accents anglais de différentes parties du monde, comme je l'ai expliqué, avec toujours beaucoup de soin (par exemple j'y trouve une explication très claire et soigneuse du fameux Canadian rising qui fait que les Américains croient souvent, complètement à tort, que les Canadiens prononcent about comme ils disent a boot).

[#3] Je mets des pluriels un peu au hasard, puisqu'il n'est pas clair ce que signifie le fait d'avoir un ou plusieurs accents dans un pays. Mais dans sa section consacrée au Canada, Wells consacre une sous-section particulière à Terre-Neuve, alors que pour ce qui est de l'Australie, s'il mentionne évidemment des différences, il ne distingue pas une région particulière.

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(dimanche)

De quel côté dormir ?

Je ne peux dormir que sur le côté. Si je m'endors sur le dos, soit je commence à ronfler (et je dors alors mal et me lève avec une gêne désagréable dans la gorge), soit je me réveille avec la sensation d'étouffer. Je trouve agréable de me mettre sur le ventre au moment où je me couche, mais si je m'endors de la sorte, je me réveille aussi parce que je m'étouffe, ou bien parce que j'ai coupé la circulation dans un bras ou dans une main. Bref, il n'y a que sur le côté que ça marche. Et encore : toutes les quelques minutes j'éprouve le besoin impérieux de changer de côté (je ne saurais pas dire ce qui le cause au juste, mais heureusement il se synchronise généralement bien avec le fait qu'une de mes narines soit bouchée — c'est alors elle qui se retrouve en haut).

Je me demande bien comment je ferai si un jour une blessure ou un autre obstacle quelconque m'empêche de dormir de la seule façon qui marche.

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(lundi)

Ciprofloxacine

Pour soigner mon infection persistante, mon médecin m'a prescrit de la ciprofloxacine. La liste des contre-indications est assez terrifiante. Certes, c'est le cas pour à peu près n'importe quel médicament qui n'est pas un pur placébo, mais là c'est vraiment le niveau au-dessus : Dans de rares cas, des réactions et des chocs d'origine allergique pouvant mettre en jeu la vie sont observés, et cela dès la première prise ; le traitement par ciprofloxacine doit alors être arrêté immédiatement et un traitement adapté doit être mis en route ; Manifestations cutanées : […] exceptionnellement : nodules rouges et douloureux situés sous la peau, éruption de papules rouges (lésions de la peau en relief, de taille variable), qui peuvent s'étendre et confluer, lésions sévères de la peau à l'aspect de cloques et de bulles sur le corps (syndrome de Lyell et de Stevens Johnson) ; Modifications du bilan sanguin : […] exceptionnellement : diminution de tous les éléments du sang (globules rouges, globules blancs, plaquettes), appauvrissement de la moelle osseuse en cellules sanguines pouvant menacer la vie ; Manifestations hépatiques : […] exceptionnellement : hépatite et destruction du foie pouvant mettre la vie en jeu. Eh bien ! L'essentiel des avertissements, cependant, concerne le tendon d'Achille. Pour ne pas paniquer les hypocondriaques comme moi, ce serait quand même bien d'avoir une idée de la fréquence de ces différents effets indésirables exceptionnels.

Heureusement, j'ai déjà pris de la ciprofloxacine par le passé, dans une aventure un peu étrange (où j'étais censé avoir une septicémie causée par une klebsielle alors que, dans les faits, je me sentais tout à fait guéri), et je n'ai pas eu d'effet secondaire indésirable.

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(dimanche)

La complainte du Ruxor malade

Vous en avez marre de m'entendre tout le temps parler de mon rhume infini qui dure depuis six semaines maintenant ? Moi aussi, j'en ai marre. Rassurez-vous, quand il sera fini, j'arrêterai d'en parler. En attendant, il faut bien que je me défoule quelque part, et ce blog sert aussi à ça.

(Résumé des épisodes précédents : j'ai eu un énorme rhume fin novembre, avec une toux bien grasse et bien verte et une sinusite terrible. Mon généraliste m'a donné de la clarithromycine (je suis éventuellement allergique à la pénicilline) et un traitement symptomatique, les choses se sont nettement améliorées, mais j'ai passé tout le mois de décembre à être crevé et à toussoter. La semaine dernière, rechute ou nouvelle infection, je ne sais pas, mais j'étais encore plus crevé et fébrile. Je suis retourné voir mon médecin, qui a estimé que cette fois c'était viral, et ne m'a donc donné que des placébos. Puis j'ai eu un petit passage angineux. Dernière évolution : les symptômes ont de nouveau changé, et je suis revenu exactement au point de départ, c'est-à-dire le rhume énorme avec une toux bien grasse et bien verte et une sinusite terrible. J'essaierai demain de voir mon médecin ou un autre, peut-être me donnera-t-il de nouveau des antibiotiques : je ne suis pas trop fan de leur abus, mais enfin, au bout de six semaines d'infection il faut peut-être faire quelque chose.)

Le jour ça va à peu près, surtout le soir où je finis par me sentir presque bien. Mais dès que je suis couché, c'est la catastrophe, et je n'arrive guère à dormir que quatre heures d'affilée avant que mes sinus (et/ou ma gorge déséchée) me hurlent que je dois me réveiller. À ce moment-là, je dois accomplir le Rituel, qui consiste à :

  • (commencer par boire plusieurs verres d'eau, parce que je suis complètement déshydraté, puis)
  • me moucher copieusement, en faisant très attention à ne pas me faire saigner (succès pas du tout garanti),
  • prendre 500mg de paracétamol, histoire de calmer un peu la douleur,
  • croquer un peu de vitamine C, mon placébo préféré,
  • prendre un sachet d'acétylcystéine pour aider à fluidifier mes sécrétions nasales et bronchiques,
  • parfois, me laver les sinus avec du sérum physiologique (l'ennui, c'est que j'ai l'impression que ça fait du bien à moyen terme mais qu'à court terme ça empire plutôt les choses),
  • une ou deux fois par jour (et si j'ai réussi à ne pas me faire saigner en me mouchant), faire une pulvérisation de corticoïde pour soulager l'inflammation, et
  • finir par une inhalation de Balsolène, pour calmer mes sinus dans l'immédiat.

Je ne suis pas vraiment convaincu que quoi que ce soit ait le moindre effet, en fait, mais à force d'être debout pour pratiquer ce Rituel, mes sinus se sont un peu dégagés et je peux soit me recoucher pour quelques heures soit vaquer à mes activités pour la journée, qui consistent à poster sur mon blog des conneries comme celle-ci parce que je n'ai pas la force de sortir et de faire autre chose.

En fait, ce dont je me plains, ce n'est pas tellement d'être enrhumé en soi (même dans ma vie bien douillette, j'ai connu pire condition), c'est que je ne peux absolument rien faire, je n'ai absolument pas la force de sortir pour faire plus que quelques courses, et le reste du temps je glandouille devant mon ordinateur et j'écris des longues entrées sans intérêt ici. Comme je ne peux pas dormir correctement, j'ai des horaires complètement bizarres, je n'arrive pas à manger correctement, et ça fait bien une semaine que je n'ai pas vu le soleil : ça ne doit pas trop aider à guérir, ça, et ça fait un joli cercle vicieux. Mais surtout, je suis complètement écœuré parce que j'avais prévu de faire des choses pendant ces vacances, et elles ont complètement passé sans que j'aie eu une seule journée utilisable.

Quelle façon de commencer la nouvelle année…

Mise à jour : on m'a prescrit de la ciprofloxacine, cf. l'entrée suivante.

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(samedi)

Cousins, cousines

[Photo des moi et mes cousins en 1976]

Légende : Moi dans les bras de mon cousin aîné ; à gauche, notre grand-mère (maintenant décédée) ; à droite, ma mère (en rouge) et une de mes tantes. Devant, mes trois cousines, une amie, et mon autre cousin.

Ce Noël, mon poussinet a pu faire connaissance de ma famille plus éloignée que mes parents, c'est-à-dire, de mes tantes et de quelques uns de mes cousins et petit-cousins.

Comme j'ai grandi sans frère ou sœur, mes cousins germains sont ceux que j'ai de plus proches dans ma génération. Du côté de mon père, qui a une sœur et un frère, j'ai un cousin (le fils de ma tante) et une cousine (la fille de mon oncle), qui habitent au Canada (et, s'agissant de ma cousine, pas à l'endroit le plus accessible, à 7835km de chez moi), tous deux plus âgés que moi, et que je n'ai pas vus depuis respectivement quinze et vingt-cinq ans environ. Du côté de ma mère, qui a un frère (décédé avant ma naissance) et deux sœurs, qui ont eu respectivement un fils, deux filles, et une fille et un fils, si bien que j'ai deux cousins et trois cousines, là aussi tous plus âgés que moi (mon cousin aîné a dix-huit ans de plus que moi). Ceci sans compter trois cousines par alliance (c'est-à-dire des demi-sœurs de mes cousins ou cousines). Nous, c'est-à-dire cinq des six petits-enfants de ma grand-mère (et de mon grand-père, mais celui-ci est mort avant la naissance d'aucun de nous) nous retrouvions à Noël et en d'autres occasions, et comme j'étais le plus jeune j'étais aussi le plus gâté. Maintenant, comme les gens suivent généralement la politique de passer un Noël sur deux dans leur famille et un Noël sur deux dans celle de leur conjoint, je vois certains de mes cousins plutôt un an sur deux (et d'autres carrément moins souvent).

Ensuite, mes cousins ont commencé à avoir des enfants, et là l'arbre généalogique (ou plutôt, la liste des prénoms) est devenu trop compliqué pour ma petite mémoire. Si je ne me trompe pas, j'ai deux petits-cousins du côté de mon père, qui ont sept et treize ans, et onze ou douze petits-cousins ou petites-cousines du côté de ma mère, qui ont entre cinq et vingt ans. J'écris petit-cousin pour le lien familial entre un individu et l'enfant de son cousin germain, mais je crois que le français n'est pas très systématique là-dessus : certains parlent de neveu à la mode de Bretagne, et d'autres de cousin issu de germain (i.e., fils ou fille du cousin germain), mais ce terme est parfois utilisé pour désigner des cousins ayant des arrière-grands-parents communs, donc c'est ambigu ; par ailleurs, je ne sais pas comment on devrait désigner les petits-enfants d'un cousin germain (la logique voudrait dire les arrière-petits-cousins, mais ça sonne bizarrement parce que ça laisse penser qu'il y aurait trois générations d'écart). L'anglais est beaucoup plus logique : deux cousins sont désignés comme first cousin, second cousin, third cousin, etc., selon le nombre de générations qu'il faut remonter (pour le plus proche des deux cousins) pour retrouver un ancêtre commun : s'il s'agit d'un ou d'un couple de grands-parents on parle de first cousins (des cousins germains, donc), pour des arrière-grands-parents de second cousin, etc. (et bien sûr, s'il s'agit d'un ou d'un couple de parents on parle de siblings) ; quant au nombre de générations d'écart, il est indiqué par once removed, twice removed, etc. Mes petits-cousins sont donc mes first cousins once removed, et le terme est symétrique en anglais, donc je suis aussi leur first cousins once removed (grand-cousin) ; des enfants qu'ils auraient seraient mes first cousins twice removed ; quant à mes différents petits-cousins, quand ils ne sont pas plus près, ils sont second cousins les uns par rapport aux autres (en français, des cousins issus de germains, ou issus de deux germains, le terme n'est pas clair), et moi-même je crois que j'ai, au Canada, un nombre assez important de second cousins dont j'ignore absolument tout.

L'arbre généalogique fournit une structure combinatoire sur laquelle beaucoup de lexicologie ou de protomathématiques ont pu être faites ; à commencer par définir des termes pour toutes sortes de liens familiaux. Deux individus partageant un seul parent s'appellent demi-frères ou demi-sœurs : lorsque le parent partagé est le père, on parle de demi-frères ou demi-sœurs consanguins (de l'idée traditionnellement sexiste que le sang vient du père), lorsque c'est la mère, utérins ; je ne sais pas si on doit parler de demi-cousins pour les enfants de demi-frères et demi-sœurs. S'agissant de cousins germains, on peut distinguer ceux qui sont croisés (enfants d'un frère et d'une sœur) et ceux qui sont parallèles (enfants de deux frères, auquel cas on peut les qualifier [parallèles] consanguins/patrilinéaires, ou de deux sœurs, auquel cas on peut les dire [parallèles] utérins/matrilinéaires). Pour ma part, parmi mes sept cousin(e)s germains, j'ai deux cousins croisés, un cousin parallèle (matrilinéaire) et quatre cousines parallèles (trois matrilinéaires et une patrilinéaire). Certains liens familiaux n'existent que de façon rare : par exemple, des cousins doubles, c'est-à-dire doublement parallèles (lorsque les deux pères sont frères et les deux mères sont sœurs), ou doublement croisés (lorsque le père de chacun est frère de la mère de l'autre). Plus tordu : si le père de X est aussi le grand-père paternel de Y et que la mère de Y est aussi la grand-mère maternelle de X (notez qu'il n'y a aucun inceste dans l'histoire, au sens où personne n'a eu d'enfant avec quelqu'un de visiblement apparenté, même s'il y a un très bizarre recouvrement entre générations), cela fait que X et Y peuvent être chacun le demi-oncle (ou la demi-tante) de l'autre : j'imagine que ce cas de figure a bien dû se produire au moins une fois dans l'histoire de l'humanité.

Cela ressemble à un petit jeu amusant, mais les anthropologues nous apprennent il y a des cultures qui prennent cela très au sérieux, pour ce qui est de définir les tabous sur l'inceste et autres règles sur le mariage : voyez ce site-ci, par exemple (que j'avais déjà signalé en parlant de sujets vaguement semblables). Un règle qui revient assez souvent, cependant, est que le mariage entre cousin et cousine est tabou s'il s'agit de cousins parallèles et encouragé s'il s'agit de cousins croisés (mais bon, il y aussi d'autres cultures où le mariage entre cousins parallèles est, au contraire, encouragé). C'est assez surprenant pour nous qui n'avons pas l'habitude de faire la différence ; mais même en latin, une langue pas trop éloignée de nous, on distingue l'oncle paternel (patruus) de l'oncle maternel (avunculus), la tante paternelle (amita) de la tante maternelle (matertera), et les différents sortes de cousins (les enfants du patruus, donc les cousins parallèles patrilinéaires, sont les patrueles ; les enfants de l'avunculus, donc les cousins croisés du côté de la mère, sont les consobrini ; les enfants de l'amita, donc les cousins croisés du côté de la mère, sont les amitini ; et les enfants de la matertera, donc les cousins parallèles matrilinéaires, sont les matrueles).

Puis-je définir mathématiquement une notion de degré de consanguinité ? Ce n'est pas évident si on veut que ça marche même si l'arbre généalogique contient des choses vraiment bizarres comme de l'inceste ou des chevauchements de générations (cf. mon exemple antérieur). Voici une tentative pour formaliser quelque chose qui marche absolument dans tous les cas :

On suppose que X et Y sont deux individus à comparer. Chacun est à l'origine d'un arbre binaire (de ses ancêtres) dont les arêtes sont étiquetées par ♂ (père) et ♀ (mère) : si s est une chaîne formée de ces deux symboles, et Z un individu, je note s(Z) l'ancêtre correspondant de Z, défini par le fait que ♂(Z) est le père de Z, ♀(Z) est sa mère, et pour l'ordre de lecture s1(s2(Z)) = s1s2(Z) (par exemple, ♂♀♀(Z) désigne l'arrière-grand-père qui est le père de la grand-mère maternelle). Je désignerai aussi par ℓ(s) la longueur de s, c'est-à-dire le nombre de générations désignées. La chaîne de longueur vide existe (et renvoie à l'individu lui-même).

Je définis alors la consanguinité absolue entre X et Y comme la moitié de la somme sur tous les couples de chaînes binaires (s,s′) telles que s(X)=s′(Y) de la quantité 2−(ℓ(s)+ℓ(s′)). Remarquer que cette quantité peut très bien être supérieure à 1. Je définis l'autoconsanguinité de Z comme étant la consanguinité absolue entre Z et lui-même : comme la somme ci-dessus comporte au moins les couples (s,s′) avec s=s′, elle vaut au moins 1 ; et si l'arbre généalogique de Z ne comporte pas de surprise (ce qui est forcément faux si on va assez loin, mais on aura souvent envie de faire semblant), alors l'autoconsanguinité vaut 1. Enfin, la consanguinité (normalisée) de X et Y sera le rapport de leur consanguinité absolue sur la moyenne géométrique de leurs deux autoconsanguinités ; et le degré de séparation consanguine entre X et Y sera l'opposé du log base 2 de cette consanguinité normalisée.

Lorsque des informations manquent sur l'arbre généalogique, on fera l'hypothèse qu'il est sans surprise (c'est-à-dire, libre : les seules relations entre les s(Z) sont celles qui sont connues). On pourra vérifier, pour aider à simplifier les calculs, que dès lors qu'on a trouvé un (s,s′) tel que s(X)=s′(Y), alors ½ fois la somme des 2−(ℓ(ts)+ℓ(ts′))=2−(ℓ(s)+ℓ(s′)+2ℓ(t)) pour tous les t (de longueur ≥0) possibles vaut justement 2−(ℓ(s)+ℓ(s′)) (i.e., le facteur ½ a disparu). Donc, dans les cas simples, pour calculer la consanguinité on peut se contenter de sommer les 2−(ℓ(s)+ℓ(s′)) sur les couples (s,s′) « minimaux » tels que s(X)=s′(Y).

Exemples :

  • Si X et Y sont frères/sœurs (germains, quoi) et qu'il n'y a pas d'autoconsanguinité, la consanguinité entre eux vaut ½ fois la somme des 4−ℓ(s) sur tous les s tels que ℓ(s)>0, car seuls existent les termes où s=s′ (c'est l'hypothèse d'absence d'autoconsanguinité) ; comme le nombre de s à valeur de ℓ(s) donnée est 2, on trouve ½ fois la somme des 2−ℓ pour tous les ℓ>0, autrement dit la consanguinité vaut ½, donc le degré de séparation est 1.
  • De même : entre un parent et son enfant, la consanguinité vaut ½ (le degré de séparation est 1). Entre un grand-parent et son petit-enfant, la consanguinité vaut ¼ (le degré de séparation vaut 2). Entre oncle et neveu, on a également ¼ donc un degré 2. Entre demi-frères, la consanguinité vaut toujours ¼ (dans la formule de calcul simplifié, on a un unique couple (s,s′) « minimal » tel que s(X)=s′(Y), avec 2−(ℓ(s)+ℓ(s′))=¼). Entre cousins germains, le degré est 3 : ce serait 4 pour des demi-cousins germains, 2 pour des doubles cousins germains, et 4−log2(3)≅2.42 pour des cousins germains-et-demi. Le grand-cousin et le petit-cousin (first cousins once removed) sont à un degré 4 l'un de l'autre. Des cousins issus de [deux] germains (second cousins) sont à un degré 5. ((Notons que la terminologie française est généralement de les dire aux sixième degré, la différence provient du fait que la terminologie française ignore le fait qu'ils ont deux arrière-grands-parents en commun, alors que mon calcul tient compte de ce fait : des demi-cousins issus de germains sont au degré 6 avec ma définition.))
  • Avec un peu d'inceste, les calculs se compliquent. L'enfant d'un frère et d'une sœur a une autoconsanguinité de 5/4 ; deux enfants différents de cette même union incestueuse ont une consanguinité absolue de 3/4, donc normalisée de 3/5, ce qui diminue leur degré de séparation à ∼0.74 ; si ces deux enfants ont eux-mêmes des enfants (avec des individus sans autre parenté), chacun d'entre eux aura une autoconsanguinité de 17/16, et deux tels cousins l'un par rapport à l'autre une consanguinité absolue de 5/32, donc normalisée de 5/34, et leur degré de séparation est donc de ∼2.77. L'enfant de deux cousins germains a une autoconsanguinité de 9/8, deux tels enfants ont l'un par rapport à l'autre une consanguinité de 5/8, donc normalisée de 5/9, ce qui crée entre eux un degré de séparation de ∼0.85.
  • Dans l'exemple que j'ai donné plus haut de deux personnes X et Y qui seraient chacun l'oncle de l'autre (mais sans inceste), la consanguinité entre eux vaut ½, c'est-à-dire qu'ils sont à degré 1 (comme le sont deux germains, ou un parent de son enfant, alors qu'ils ne sont rien de tout ça).
  • Ajouté () : Un voyageur dans le temps qui arrive à être son propre père a une autoconsanguinité de 3. S'il est seulement son propre grand-père, il a une autoconsanguinité de 5/3.

Je devrais étudier d'un peu plus près les propriétés mathématiques de ce bazar, mais je clos ma digression.

La photo ci-dessus a été prise il y a trente-quatre ans. C'est apparemment la durée d'une génération dans ma famille, puisque ma mère n'est pas loin d'avoir l'âge de ma grand-mère sur cette photo (et ma tante a un peu plus), et plusieurs de mes cousin(e)s ont des enfants qui ont à peu près le même âge qu'ils/elles avaient en 1976. Ce qui est étonnant, aussi, c'est de voir à quel point certaines personnes changent et d'autres non. On a retrouvé une vidéo prise du Noël 1983 dans ma famille (les couleurs sont épouvantables mais le son est assez bon) : j'ai été frappé de constater que vingt-sept ans plus tard, une de mes tantes (celle qui n'est pas sur la photo ci-dessus) et deux de mes cousines n'avaient quasiment pas changé (même si, certes, on voit que ces dernières n'ont plus quinze ans).

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(mardi)

Fatigue hivernale, suite

Je croyais que mon rhume qui dure depuis un mois était enfin fini, malgré la fatigue rémanente, mais voilà que soit j'ai fait une rechute soit j'ai chopé un nouveau rhume. Me voilà de nouveau dans un état fébrile, crevé et avec mal à la tête et aux sinus.

J'en ai marre de ce temps pourri.

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(lundi)

Mon poussinet s'est fait voler son téléphone

Mon poussinet s'est fait voler son téléphone (et environ cinq euros en espèces qui étaient dans son portefeuille) alors qu'il dormait dans le train. Il pensait depuis un moment s'en acheter un nouveau, donc ce n'est pas bien grave, mais tout de même, d'ici là, je ne pourrai plus communiquer avec lui par Google Talk. ☹️ Et c'est un peu trop tôt pour acheter un truc avec la toute nouvelle version d'Android.

Quelques ajouts () :

  • On lui a volé l'argent dans son portefeuille, mais pas le portefeuille lui-même. C'est un peu surprenant (même si, effectivement, rien d'autre n'aurait pu être vraiment intéressant pour le voleur, on aurait pu croire que c'était plus simple pour ce dernier de tout voler).
  • Voler un téléphone dans un train est une idée excessivement stupide, en fait. Si mon poussinet s'était réveillé avant l'arrivée et si le mec ne pensait pas à éteindre immédiatement le téléphone, on aurait pu demander à un autre passager d'appeler le mobile, et ainsi détecter où ça sonne (quitte à prévenir le contrôleur, et un passager dans chaque voiture, de façon à localiser le voleur, qui ne pouvait pas fuir).
  • De toute façon, voler un téléphone est rarement vraiment utile : la personne volée fait opposition immédiatement sur la ligne (bien avant que le voleur ait le temps de faire sauter le code d'accès) et aussi sur l'IMEI du téléphone. Il y a sans doute moyen de forcer le téléphone à prendre un autre IMEI ou de le revendre à l'étranger, mais ça ne doit vraiment pas rapporter beaucoup par rapport à la difficulté de la chose.
  • Mon poussinet a fait opposition sur sa carte de crédit, par peur que le voleur ait recopié le numéro. À la limite, c'est la chose la plus intelligente à voler : prendre juste le numéro de carte, faire un gros achat avec, en le faisant livrer à un complice qui a un alibi (et peut-être aussi un autre achat livré à quelqu'un de complètement aléatoire). La personne volée ne s'apercevra du vol que plus tard (et de toute façon, c'est la banque qui devra payer). Mais je doute que les gens aient tant de sophistication.
  • Le PV de la plainte que mon poussinet a déposée au commissariat est bourré de fautes d'orthographe. Vraiment bourré. Mais le plus étonnant, c'est que même l'en-tête du papier indique qu'il s'agit du commisariat, sic, du XIIIe arrondissement.

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(lundi)

La touche à droite du N de on clavier est cassée

Elle arche un peu aléatoireent, donc si dans les quelques prochaines entrées vous e voyez utiliser des ots un peu ystérieux, vous saurez que c'est ça. (Déjà que le Z arche très al… ais c'est vrai que le Z est substantielleent oins utile que la preière lettre de on no de faille.)

(Il s'agit bien de la touche à droite du N : j'utilise un clavier QWERTY ; si j'étais sur un AZERTY, cette touche ferait une virgule, et la lettre qui e anque se trouverait à droite du L.)

J'ai coandé un nouveau clavier sur le site de Logitech. Contraireent à la dernière fois, il seble que j'aie pu deander un QWERTY, justeent.

Mise à jour () : J'ai reçu mon nouveau clavier. Le confort des touches n'est pas mal, et il est relativement silencieux (peut-être un peu moins que le précédent, mais moins aigu aussi). Il a le gros avantage d'être un vrai QWERTY-US (mieux : international, ce qui fait que j'ai quand même une touche entre le Z et le shift de gauche). Un inconvénient sur la disposition des touches, cependant : il n'a que deux touches entre la barre d'espace et le control de droite, et notamment la touche que j'utilise comme touche compose n'est pas exactement à l'endroit auquel je suis habitué — mais je pense que je m'y ferai sans trop de mal.

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(vendredi)

Fatigue hivernale

Mon rhume interminable s'en va très très très doucement, je ne tousse presque plus, mais j'ai quand même de temps en temps à râcler ma gorge et, surtout, je continue d'être très fatigué. Il faut dire que le temps n'aide vraiment pas, et je commence à trouver sérieusement déprimant le manque de soleil et cette espèce de chape de plomb glaciale, mi-nuageuse mi-brumeuse, qui nous sert de ciel en ce moment.

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(vendredi)

Dr. Seuss surgit de ma mémoire

Je butinais au hasard sur le Web quand je tombe sur une page parlant du Dr. Seuss. Le nom me dit vaguement quelque chose, qui était-il, déjà ? Un auteur de livres pour enfants, ou quelque chose comme ça ? (Un pédiatre ? Non, je confonds avec le Dr. Spock, là. Qu'il ne faut lui-même pas confondre avec Mr. Spock.) Wikipédia me confirme que Dr. Seuss est le nom de plume de Theodor Geisel, écrivain mais aussi dessinateur de livres pour enfants ; mais quand je regarde le genre de dessins qu'il fait, ça réveille des neurones dans les couches bien profondes de ma mémoire. Oui, oui, j'ai déjà vu ce personnage qui ressemble à un chat allongé… Il me revient à l'esprit une histoire de ville où on n'a presque pas de soucis, sauf que la clé pour y rentrer a été perdue… Après plein de recherches Google, je finis par déduire que j'ai dû lire I Had Trouble in Getting to Solla Sollew (le nom de la ville ne me dit rien, mais le résumé ne laisse aucun doute). Où et comment ai-je pu lire ça ? Cette fois Google ne m'aidera pas, il n'indexe pas (encore ?) mes propres neurones, mais à force de me creuser les méninges, je crois que j'ai retrouvé : c'était chez des amis, qui avaient (ont ?) une grande maison de vacances aux alentours de Bandol et qui la prêtaient parfois à mes parents pour les vacances, et je dormais dans la chambre d'un de leurs fils et je pense que c'est là que j'ai trouvé ce livre. Au demeurant, les dessins sont assez mignons.

C'est assez amusant comme ce genre de souvenirs très flous peut tout d'un coup remonter à la surface avec une netteté surprenante, à la faveur d'une invocation complètement inattendue.

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(mercredi)

La suite du rhume de la mort qui tue

Dix jours que ça dure, et je commence à trouver que c'est vraiment long ! Certes, je vais mieux, j'ai les bronches beaucoup moins chargées, je ne crache plus des glaires ou en tout cas plus de vertes et grasses (donc les antibiotiques ont peut-être été efficaces — mais on m'en a prescrit pour cinq jours et c'est fini), et j'ai le nez beaucoup moins chargé, je respire librement quand je dors, c'est un vrai soulagement ; mais je continue à tousser beaucoup pendant la nuit et à renifler un peu tout le temps, et j'ai les oreilles qui se bouchent tout le temps ; et surtout, je suis vraiment fatigué. Accessoirement, les antibiotiques ont pas mal perturbé ma digestion.

Est-ce que je devrais retourner voir un médecin, ou bien considérer que comme ça semble en train de passer je devrais juste attendre ?

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(jeudi)

Le retour du rhume de la mort qui tue

Normalement je suis plutôt abonné aux rhumes, mais les quelques derniers étaient plutôt des rhumounets de rien du tout, il faut que je remonte à il y a quatre ans pour en retrouver un vraiment sérieux. Mais là j'ai l'impression que je suis en train de rattraper quatre ans de rhumes en une seule fois. Ça a commencé dimanche par une très grande fatigue puis une belle bronchite, la nuit dernière j'ai cru me noyer sous des torrents de morve et je n'ai quasiment pas dormi. Aujourd'hui me voilà avec les sinus enflammés de toute cette activité, et une toux bien grasse. Je me soigne au paracétamol (et un peu d'aspirine pour varier de temps en temps), à l'acétylcystéine, à la vitamine C pour l'effet placebo, au sérum physiologique pour me laver les sinus, et aux inhalations de Balsolène. Et en restant au chaud chez moi.

Mise à jour () : Ça ne va pas mieux. Je suis allé chez le médecin ce soir, qui m'a prescrit (en plus du paracétamol et de l'acétylcystéine que je prenais déjà) un antibiotique des fois que ce serait bactérien, et un corticoïde pour soulager mes sinus en feu. On verra si ça fait de l'effet, mais en attendant je suis incroyablement faible — après avoir dormi douze heures et passé la journée à comater, je suis déjà complètement crevé. Et en plus, voilà que je me mets à avoir mal à l'estomac.

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(mercredi)

Encore des thèmes oniriques

J'avais évoqué jadis quelques uns des thèmes récurrents de mes rêves. Il m'en est revenu à l'esprit quelques autres, qui sont plutôt transparents mais néanmoins assez caractéristiques.

  • Les volcans. Il y a assez souvent des éruptions volcaniques dans mes rêves. (Quand je dis souvent, ça ne veut pas dire toutes les nuits, ni même toutes les semaines, bien sûr, et même une fois par mois me semblerait très exagéré en tout cas dans les rêves que je me rappelle, mais ça arrive quand même avec une certaine régularité, d'autant plus fréquente que je n'ai le souvenir d'aucun rêve d'innondation, de cyclone, d'incendie d'origine non-volcanique, de tremblement de terre sans volcanisme associé, ou d'aucune autre catastrophe naturelle.) J'avais sans doute été terrifié, quand j'étais petit, quand on m'avait appris des choses sur le volcanisme. Je me souviens notamment d'une histoire d'un fermier dans je ne sais quel pays qui avait un jour remarqué que son foin était chaud, et quelques jours plus tard sa maison avait été détruite — ça m'avait beaucoup marqué (et de fait, je rêvais souvent que ma maison était détruite par un volcan). D'un autre côté, les éruptions volcaniques dans mes rêves ne sont pas si effrayantes que ça, ou, du moins, j'arrive toujours à m'enfuir à temps et parfois même à triompher en les regardant de loin. Rien à voir, donc, avec les cauchemars qui me font vraiment peur (et qui tournent généralement autour du surnaturel).
  • La radioactivité. Quand j'étais petit, j'en rêvais vraiment souvent, et maintenant plus du tout. Je ne sais pas si on m'avait fait peur avec les dangers de la radioactivité comme on m'avait fait peur avec ceux du volcanisme, mais c'était vraiment un thème récurrent, qui prenait la forme d'une sorte de poison invisible qui contamine les personnes et les lieux. Souvent, par exemple, je rêvais que ma maison était devenue radioactive, et je devais absolument y aller pour faire quelque chose… Il est possible que des récits des liquidateurs de Tchernobyl m'aient frappé, mais je suis quasiment sûr que je faisais ce genre de rêves avant. Et ils ont complètement disparu.
  • L'électricité. Quand je dis l'électricité, il faut imaginer une version à l'esthétique un peu steampunk de gros transformateurs, de bobines de Tesla ou de choses de ce genre. En général, l'idée du rêve est qu'il faut passer à travers un de ces assemblages (qui grésillent et crépitent), ou bien il faut y faire quelque chose, en évitant de se faire électrocuter. Mais contrairement aux rêves de volcan (où l'éruption a bien lieu) ou de radioactivité (ou la contamination est certaine), dans les rêves d'électricité, je ne me fais jamais électrocuter, et tout se passe toujours bien. En fait, ce sont des rêves globalement plutôt agréables.
  • Le vertige. Dans la vraie vie j'ai très facilement le vertige (je peux monter en haut d'un escabeau, mais pas à la cathédrale de Strasbourg), et ce n'est pas spécialement agréable. Dans les rêves, bizarrement, ça l'est. (Ceci étant, même éveillé j'aime bien regarder des vidéos comme celle-ci ou celle-là ou encore cette troisième.)
  • Les constructions qui s'effondrent. C'est souvent associé au vertige, mais néanmoins différent. Je rêve de structures qui, pour des raisons inexpliquées, sont construites au sommet de tours ou sur des piliers démesurés (j'ai par exemple rêvé d'une gare de train en haut d'une tour ; mais généralement il s'agit plutôt de maisons ou de choses comme ça) : et ces structures sont vieilles ou abandonnées (de nouveau avec parfois un petit cachet steampunk), sont en train de s'effondrer ou menacent de s'effondrer au moindre mouvement. Et je dois y faire quelque chose, comme récupérer un objet ou actionner un mécanisme.

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(lundi)

Bêta-bloquant

Mon cardiologue (que je suis allé voir pour des problèmes de tachycardie et de palpitations — apparemment je fais parfois des extrasystoles bigéminées, mais il n'a pas l'air de trouver ça grave, et il semble que ce soit dû au stress) a jugé qu'il serait peut-être bien de traiter un peu mon anxiété, et les manifestations physiologiques qui l'accompagnent. Non pas avec un anxiolytique mais plutôt avec un bêta-bloquant, en l'occurrence le propranolol à petites doses. On va faire un essai pendant un mois, pour voir comment je réagis, mais sur la description qu'il m'en a faite, ça a l'air d'être vraiment ce qu'il me faut.

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(mardi)

Mon royaume pour une pendule qui marche !

Plein d'appareils électroniques (du magnétoscope au four à micro-ondes en passant par le téléphone sans fil, la station météo et que sais-je encore) viennent avec une horloge interne, et affichent l'heure de façon bien visible. Ça part d'une bonne intention, mais c'est plutôt une source d'emmerdes. Non seulement ça veut dire que deux fois par an il faut passer par tous ces appareils et se rappeler comment on est censé les régler (et c'est parfois extrêmement peu intuitif, comme pour mon autotensiomètre), mais en plus, même en-dehors des changements d'heure, ces maudits trucs ne sont jamais foutus de rester à l'heure : le pire chez moi est le four à micro-ondes qui prend quelque chose comme dix minutes d'avance par mois, mais même les trucs censés se mettre à l'heure automatiquement ne le font pas toujours correctement (ma station météo censément radio-contrôlée ne capte pas bien le signal car mon appartement est au fond d'une cour, et parfois elle se décale d'une ou deux heures ; et mon poussinet et moi nous sommes tout juste débarrassé d'un décodeur TNT qui trouvait inexplicablement le moyen de se régler chaque nuit à une heure de retard en été et deux en hiver — non, ce n'est pas le temps universel, c'est exactement le contraire, je ne sais vraiment pas comment c'est possible — plus quelques minutes un peu aléatoirement). La seule chose qui soit vraiment et fiablement à l'heure, chez moi, c'est mon ordinateur (lui il obtient l'heure par réseau), mais même s'il affiche l'heure en haut de mon bureau, je ne suis pas dessus 24h sur 24 (contrairement aux rumeurs à ce sujet), et l'écran s'éteint au bout d'un certain temps.

On a beau savoir que les choses ne sont pas à l'heure, on finit toujours pas se laisser piéger et par les croire, ou au moins par s'énerver en se demandant quelle heure est-il au juste ? où y a-t-il une vraie pendule qui donne la bonne heure, dans cette foutue maison ?

Un jour j'assumerai la geekitude ultime et je m'achèterai une horloge atomique. (J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles on peut trouver des horloges à rubidium pour moins d'un demi-millier d'euros, mais je ne sais pas où.)

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(samedi)

Les robots de chez spartoo.com

A priori, le site marchand spartoo.com (ils vendent des chaussures, et quelques vêtements) est bien conçu, leur catalogue est intéressant (à mes yeux au moins), et leurs prix sont compétitifs. Ils livrent rapidement, et il est très simple et gratuit de faire un retour si on s'est par exemple trompé de pointure (on imprime une étiquette qu'on colle sur le colis, et on le dépose dans un relais Kiala, c'est-à-dire un réseau de commerçants qui font du dépôt et de la livraison de colis). Tout cela est fort attractif.

Quand ça marche. Parce que le problème avec les mécaniques bien huilées, c'est que quand il y a un problème, il devient impossible de faire quelque chose. J'avais commandé, le 30 août, une paire de chaussure Nike (Air Force 1 Mid, 315123-003) de couleur noire. Le 2 septembre (quand je vous dis que c'est rapide !), la commande m'est livrée. Problème : elle m'est arrivée bleue. La couleur bleue n'étant pas dans le catalogue de spartoo.com, je soupçonne une erreur dans les stocks. De fait, la boîte est correctement étiquetée par Nike (ces andouilles ne disent pas blue, ils disent varsity royal, ce qui est quand même le nom de couleur le plus grotesquement pompeux qui soit, mais bon, au moins le numéro de référence est clair, c'est 315123-400 alors que sur ma facture c'est 315123-003).

Pas de problème, il suffit de retourner la chose et de demander un nouvel article. Le formulaire de retour a même une case le produit m'est bien arrivé, mais ce n'était pas la couleur commandée, que je coche, et il y a un champ pour entrer plus d'explications. Je dépose donc (toujours le 2 septembre) mon colis correctement étiqueté chez une imprimerie pas loin de chez moi qui fait relais Kiala, et j'attends des nouvelles. Le lendemain je reçois un mail m'annonçant que mon retour est accepté.

Le 8 septembre (mercredi dernier), nouvelle livraison, en remplacement. Très bien, mais c'est toujours exactement la même chose : la chaussure est obstinément bleue, et porte obstinément le numéro 315123-400. Cette fois, en plus de faire un retour, j'écris au service clientèle (enfin, j'écris à une de ces adresses associées à un prénom féminin évocateur par lesquelles spartoo.com écrit à ses clients, et qui sont, probablement, toutes exactement la même chose) un mail détaillé expliquant la situation, avec toutes les références : je reçois un mail automatisé m'informant qu'un ticket de demande de renseignement est ouvert. Bon, ce n'est pas une demande de renseignement, mais on peut au moins espérer qu'ils les lisent. Pour plus de précaution, je colle sur la boîte des chaussures que je retourne un post-it sur lequel j'attire de façon très visible l'attention sur le problème (Vous avez une erreur dans vos stocks : ceci est la référence Nike 315123-400 (bleue), j'avais commandé la 315123-003 (noire)).

Aucune réaction du service client, bien sûr, sauf les mails complètement automatisés me signalant que mon retour est accepté, qu'une nouvelle commande est en préparation (c'est Amélie qui signe les mails relatifs aux colis, et Adriana qui signe ceux concernant les commandes : pourquoi ai-je l'impression que ces personnes n'existent pas ?). Et ce matin (11 septembre, donc), nouvelle livraison. La chaussure persiste à être bleue. Je me demande si je n'ai pas reçu exactement la même, d'ailleurs (j'aurais peut-être dû mettre un lapin blanc invisible dans la boîte que je retournais, pour le savoir) ; après tout, ils ne doivent pas avoir tant de paires que ça, pour un modèle précis et une pointure précise.

J'ai hésité à être taquin et obstiné, et à continuer les retours avec demande d'échange pour voir combien de temps ça pourrait durer avant que quelqu'un se rende compte de la situation. Après tout, même si visiblement les frais de personnel doivent être très réduits puisque tout a l'air totalement automatisé, il faut au moins qu'ils paient à chaque fois une livraison par Colissimo, qui aurait fini par représenter plus que le prix de la chaussure, et en tout cas certainement plus que leur marge dessus. Mais bon, je veux quand même revoir mon argent, à défaut de chaussures de la bonne couleur : je fais donc un retour contre remboursement. (En ayant quand même la conscience de décrire, de nouveau, sur un post-it sur la boîte, quel est le problème, et en le signalant de nouveau au service clientèle.) J'irai acheter cette paire de chaussures dans une vraie boutique[#] dans la vraie vie.

Reste que j'ai perdu du temps, vraiment inutilement, avec cette connerie, ne serait-ce qu'à fermer des boîtes, à coller des étiquettes, à déposer des colis dans des relais, et à rédiger des mails au service clientèle qui ne les lira apparemment jamais. Et eux ont perdu de l'argent aussi. Ça laisse surtout un goût amer à cause de l'impossibilité de contacter un humain : il y a probablement quelqu'un chez spartoo.com qui serait content d'entendre mon histoire[#2], mais je n'ai aucune façon de le contacter (mes mails partent directement à la poubelle, et mes post-its sur les boîtes certainement aussi vu que le magasinier qui les reçoit n'y est pour rien et ne peut rien y faire). Et il y a probablement quelqu'un qui chausse aussi du 44 qui aura envie d'acheter la même paire de chaussures que moi et qui subira la même surprise.

Mise à jour () : Ils m'ont téléphoné pour s'excuser, expliquer un peu ce qui s'est passé (il y a eu une erreur entre la référence qu'ils ont photographiée et enregistrée sur le catalogue et celle qu'ils ont commandée à Nike), et m'offrir un bon de réduction pour mes prochains achats chez eux.

[#] C'est ce que j'aurais dû faire dès le début, me dites-vous ? Pas clair : si j'ai commandé chez spartoo.com, c'est justement suite à l'agacement du service chez une boutique Foot Locker : j'ai montré un modèle exposé (et en promotion) en demandant à l'essayer en 43 (selon les marques, je chausse entre 42 et 46), j'attends cinq minutes qu'on me l'apporte, je l'essaie, il est trop petit, et je me rends compte que par ailleurs ce n'est pas exactement le modèle que j'avais demandé. J'attire l'attention sur ce fait (la différence entre les modèles n'était vraiment pas évidente, et la vendeuse n'en avait apparemment pas du tout pris conscience), et je demande à voir l'autre, et en 44 : de nouveau cinq minutes passent, et on m'apporte bien du 44, mais toujours du mauvais modèle. Cette fois, je n'essaie pas les chaussures, j'insiste pour voir le modèle que j'avais montré et pas celui d'à-côté, et on me répond, avec le ton de la plus parfaite évidence, qu'il n'y en a plus. Je suis parti un peu furieux et en oubliant que comme le modèle exposé (celui que je voulais) était à ma pointure, je pouvais au moins exiger d'avoir la paire de démonstration.

[#2] Bien sûr que le risque de faire ce genre d'erreurs est un coût parfaitement assumé par le marchand, eu égard aux économies de personnel qu'il permet de faire. Mais là l'absurdité est poussée jusqu'à un point vraiment extrême.

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(lundi)

Ça n'aura pas tenu longtemps

J'ai vu mon dentiste cet après-midi pour ma dent cassée : il m'a recommandé de poser un onlay en céramique (pour 380€, ce qui, en matière de soins dentaires, est une bouchée de pain). Il a pris l'empreinte pour la transmettre à son prothésiste, et il a posé un pansement temporaire (je ne sais pas ce que c'était exactement, une sorte de composite j'imagine ; en tout cas, c'est dur et grisâtre) pour éviter que la dent se casse encore plus.

Ça c'était à 15h. À 21h le pansement était déjà tombé : j'ai mangé un petit peu de chocolat (même pas particulièrement dur ni sorti du frigo) et je n'ai pas fait suffisamment attention, ou pas réussi, à ne manger que du côté droit.

Pfff… C'est ce que je déteste avec la chirurgie dentaire : à chaque fois, je vais de complication en complication. (Pareil quand on me préparait la seule couronne que j'aie : la dent temporaire qu'avait mise la dentiste — quelqu'un d'autre que celui que je vais voir maintenant — était tombée en à peu près 24h. Je sais que c'est temporaire, mais c'était quand même censé durer un peu plus longtemps que ça.)

Je suis censé ne manger que des bouillons pendant dix jours, ou quoi ?

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(mercredi)

Encore une dent cassée

Ce n'est peut-être pas une nouvelle dent qui vient de casser, en fait, mais peut-être déjà la même que la dernière fois (la 26 ou la 27, je ne suis pas très sûr) : en tout cas, elle était déjà réparée avec du composite, et c'est plus le composite que la dent elle-même qui a cassé. (La dent était très mal en point, il faut croire : sa situation n'a peut-être pas du tout empiré, en fait.)

Mais ça se produit toujours au pire moment possible. Mon dentiste ne peut pas me prendre avant lundi, à cause du rush de la rentrée. Je ne sais pas si je dois craindre que la dent parte en mille morceaux d'ici là. D'un autre côté, elle ne me fait pas mal, donc mon poussinet me suggère d'attendre lundi.

Il existait autrefois un service d'urgences dentaires et stomatologiques boulevard de Port-Royal : il semble qu'ils aient disparu. (Leur répondeur suggère de s'adresser à un cabinet de stomatologues dans le 9e.) Sinon, il y a les urgences dentaires de la Pitié, mais je pense que c'est pour les gens qui ont vraiment mal.

Je ne sais pas si ça vaut la peine de chercher quelque chose en urgence d'ici là : si de toute façon la dent a de fortes chances de se faire arracher, dévitaliser, couronner, ou tronçonner d'une autre manière barbare, ça ne sert pas forcément à grand-chose de la colmater avant. Soupir…

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(dimanche)

Les cheveux très courts, ça plaît plus

En complément du fait que les cheveux longs ne semblent vraiment pas plaire aux homos, la contraposée semble vraie : mon poussinet s'est rasé les cheveux à zéro (en finissant au rasoir, donc c'est vraiment à zéro), et l'effet a été stupéfiant si on en juge par le nombre de regards très manifestement intéressés qu'il a attirés quand nous nous sommes promenés ensuite dans le Marais (et ce n'est certainement pas moi qui les causais, et avec juste quelques centimètres de cheveux il ne provoque vraiment pas les mêmes réactions non plus). Si j'étais un peu jaloux je l'aurais ramené à la maison immédiatement. ☺️

Et on doit reconnaître que c'est vrai, il est très sexy comme ça, mon poussinet. Ce qui est rageant, quelque part, c'est qu'on ne saurait pas dire pourquoi, au juste. Je ne crois pas que ce soit, par exemple, le fantasme du skinhead qui joue, parce que ce n'est vraiment pas son look — j'ai bien essayé de le persuader d'essayer de porter treillis et rangers, mais il n'a pas voulu en entendre parler… J'avais entendu la théorie que les cheveux rasés font paraître plus jeune (ce qui est possible, mais je n'en suis pas complètement convaincu non plus) parce qu'ils évoquent la tête d'un bébé (là je n'y crois vraiment pas, surtout quand on voit la racine des poils).

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(mardi)

Phases du sommeil

Je suis un lève-tard (à tel point que mes heures de coucher et lever ont tendance à se décaler progressivement sur la journée, jusqu'à atteindre le point où ça devient vraiment ridicule, je me ressaisis et je fais un effort, et ça recommence — c'est un petit peu énervant). Mais je peine à comprendre pourquoi : pourquoi est-ce que, au moment où je devrais me coucher, même si je me sens vaguement fatigué, le lit n'a pas vraiment d'attrait pour moi, je préférerais continuer à faire n'importe quelle connerie pour perdre mon temps, alors que, le matin (enfin, matin, ce qui en tient lieu), au contraire, je tiens tellement à rester au lit ?

Je viens seulement de faire le lien avec un autre phénomène, dont j'avais pourtant conscience depuis longtemps : c'est que mon sommeil n'est pas du tout homogène. Au début de la nuit (enfin, dans les premières heures après mon coucher), mon sommeil est profond, mais agité, et presque pénible : j'ai parfois du mal à m'endormir, mais quand je le fais, c'est comme une masse, et si je me réveille, je suis complètement assommé, j'ai les idées confuses, je titube si je me lève, je fais des rêves qui tournent parfois à la panique, je suis un peu somnambule, je transpire beaucoup, j'ai des confusions nocturnes et des crises d'angoisse. Bref, tout cela n'est pas très plaisant. Pendant la fin de mon sommeil, en revanche, dormir devient un vrai plaisir : je fais rêve sur rêve, et ce sont des rêves généralement agréables, où j'explore de vastes labyrinthes, j'accomplis des quêtes cosmiques, je vole, je suis magicien, et, globalement, je m'amuse beaucoup. Si je suis réveillé, je peux continuer mon rêve de façon semi-consciente, en le modelant pour qu'il me plaise encore plus, et cela m'aide à tomber dans un autre rêve qui me plaise. Bref, tout cela est un grand plaisir, et j'ai généralement envie d'en profiter le plus possible.

Dit comme ça, le lien est complètement évident, et je ne comprends pas qu'il ait pu m'échapper aussi longtemps : cela explique de façon tout à fait claire pourquoi je n'aime pas me coucher mais que je n'aime pas non plus me lever.

Or cette différence entre le début et la fin du sommeil ne m'est certainement pas particulière : il me semble qu'il est bien établi qu'on fait beaucoup plus de rêves agréables, qu'on a beaucoup plus de sommeil paradoxal vers la fin de la nuit. Évidemment, ce n'est pas très rationnel de vouloir se coucher plus tard (je ne vais pas éviter les périodes de sommeil profond et un peu désagréable, au mieux les repousser), et je suppose que tout le monde a toujours un peu envie de se lever plus tard, mais j'ai quand même du mal à comprendre les lève-tôt. Est-ce que leurs rêves sont moins intéressants ?

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(mercredi)

Compte-rendu de voyage à Berlin

Je prends le temps, parmi les mille et une choses qui réclament urgemment mon attention au retour de vacances, pour raconter un peu comment celles-ci se sont passées. Sans ordre ni logique, cependant :

  • Neuf jours, ce n'est vraiment pas assez pour visiter correctement Berlin. En tout cas, pas si on se lève tous les jours à midi. 😐 Ou pas si on ne veut pas visiter les musées au pas de course. Ou pas si on aime bien se promener à pied, mais que les pieds, au bout d'un moment, estiment qu'ils ont assez marché. Du coup, mon poussinet et moi avons tiré un trait sur plein de choses habituellement jugées indispensables : le musée du Pergamon (enfin, ça c'était en partie à cause d'une confusion sur ses horaires), le chateau de Charlottenburg, et Potsdam (ce n'est pas à Berlin, bien sûr, mais on aurait certainement pu penser à y aller). Et certainement plein d'autres choses. On a quand même vu un certain nombre de musées : le musée de la RDA, le musée du mur, le deutsches historisches Museum (l'idée étant que tant qu'à venir à Berlin, autant voir des musées qui parlent de Berlin et de l'Allemagne, plutôt que des antiquités grecques ou étrusques, aussi remarquables fussent-elles) ; le musée allemand des techniques (où mon poussinet a pu regarder plein de porno pour poussinet, c'est-à-dire des trains) ; et le schwules Museum (schwul=pédé ; more about that later).
  • Plutôt que visiter des musées, nous avons préféré nous promener et prendre la température des quartiers. Plusieurs choses m'ont frappé : essentiellement, combien la capitale allemande est étendue, peu dense, et surtout inégalement animée. La plupart des villes que je connais, et certainement Paris, ont une structure un peu en oignon, avec des quartiers centraux très denses, et des couches concentriques de moins en moins peuplées et fréquentées, couches qui sont, sinon circulaires, du moins plus ou moins convexes. Berlin n'est pas du tout comme ça : on peut être à deux pas d'un endroit très animé (comme Alexanderplatz, la Potsdamer Platz ou le Kurfürstendamm, et avoir l'impression d'être dans une banlieue très lointaine, avec des terrains vagues et quasiment personne dans les rues — et encore deux pas plus loin, on peut revenir dans un endroit très vivant. C'est très déroutant quand on essaie, comme moi, de se faire une idée du visage de la ville en marchant un peu au hasard dans les directions qui ont l'air sympa : en voulant aller au Kurfürstendamm (la rue commerçante la plus célèbre de Berlin-Ouest) nous avons commencé par passer par la Kurfürstenstraße qui (comme son nom peut le laisser penser) est immédiatement adjacente, et nous nous disions que nous nous étions forcément trompés, qu'on était au milieu de nulle part, que ça ne pouvait pas être par là.
  • Nous logions à Berlin-Est, à deux pas de la célèbre tour de télé (où nous ne sommes pas montés) et de la non moins célèbre Alexanderplatz (que nous avons traversée dans tous les sens). Je dis Berlin-Est, parce que j'ai l'impression que la division de la ville pendant trente ans explique en partie le phénomène que j'évoque ci-dessus que les quartiers animés ne sont pas adjacents les uns avec les autres ; ceci dit, c'est loin de tout expliquer, d'une part parce que Berlin a de toute façon changé depuis 1989 (il faut vraiment consulter une carte pour savoir où le mur pouvait passer) et d'autre part parce qu'on a cette impression qu'il n'y avait vraiment rien à Berlin-Ouest tant la majorité des choses intéressantes semble être à l'Est.
  • Notre hôtel était dans le genre plutôt luxueux (et à la limite de nos moyens, en fait, mais c'était un peu notre voyage de PACS, et nous avions un peu d'aide de papa-maman ; et en fait, globalement, à Berlin, les prix ne sont vraiment pas chers par rapport à ce qu'ils seraient dans d'autres grandes capitales) : il est situé à l'emplacement de l'ancien hôtel emblématique de la RDA, sur une rue portant le nom d'un socialiste suffisamment consensuel pour ne pas avoir été débaptisée. Le gadget de l'hôtel, maintenant, c'était un aquarium de 1000m³ dans le lobby, où circulent plein de poissons exotiques très jolis, et que plein de touristes viennent admirer (les visiteurs circulent dans un ascenseur à l'intérieur de l'aquarium, qui est en forme de double cylindre, alors que les clients de l'hôtel le voient de l'extérieur). [Ajout () : Douze ans plus tard, cet aquarium vient d'exploser.]
  • Pour la téléphonie mobile, nous avons pris des cartes prépayées (+pack Internet) chez l'opérateur (nouveau venu) O2, et donc eu pendant dix jours des numéros allemands, de façon à pouvoir bénéficier du confort « Internet (surtout Wikipédia et Google Maps) vraiment partout dans la poche » auquel nous sommes devenus complètement accros, sans avoir à payer les tarifs scandaleusement exorbitants que les opérateurs de téléphonie mobile pratiquent pour ls connexions de donnée en roaming (on en est au point où ne serait-ce que pour deux jours à l'étranger il me semble globalement avantageux de prendre une carte prépayée). Notre première idée avait été d'aller voir chez T-Mobile, mais leur offre était vraiment pourrie (celle qui semblait la plus intéressante pour nous était, en fait, une carte SIM pour clé 3G, et le vendeur m'a soutenu obstinément qu'elle ne permettait pas de faire des appels vocaux — ce qui est complètement faux — et en plus il leur a fallu quelque chose comme douze heures pour activer la ligne). Sinon, de façon générale, pour les informations à ce sujet pour les gens qui voyagent n'importe où dans le monde, je transmets le conseil qu'on m'a donné de consulter ce site, qui est tout à fait excellent. (Ah, et pour ce qui est d'avoir accès aux cartes de ville avant ou à défaut d'avoir une connexion de données, on m'a signalé le programme MapDroyd pour Android, qui semble bien utile.)
  • Les transports en commun berlinois sont pratiques et rapides, mais la clarté des indications laisse parfois franchement à désirer : la distinction entre S-Bahn et U-Bahn est un peu gratuite (comme celle entre RER/Transilien et Métro à Paris), d'autant que les S-Bahn sont parfois souterrains et les U-Bahn parfois aériens, les lignes sont numérotées dans deux séries de chiffres qui se recoupent, et le fléchage pour passer d'un réseau à l'autre dans les stations n'est pas hyper évident.
  • Les rues sont (parfois ? toujours ?) numérotées différemment d'en France, les numéros étant consécutifs d'un côté de la rue, et repartent ensuite dans l'autre sens de l'autre côté.
  • On peut vraiment manger pour pas cher à Berlin. Le plat emblématique de la ville est le Currywurst (une saucisse à la sauce au curry ; éventuellement mit Pommes, c'est-à-dire, avec des frites), ce n'est pas mauvais mais je m'en lasserais vite ; par contre, un truc qui présente à la fois une grande variété et un excellent rapport qualité-prix, ce sont les traiteurs asiatiques sur le mode du fast-food, notamment les Asia Gourmet (c'est une chaîne internationale, mais il n'y en a pas à Paris, que je sache). Pour un truc un peu plus allemand, il y a plein d'endroits où on peut manger des assiettes de salades certainement plus diététiques que le Currywurst, et à des prix également imbattables.
  • Là où les restaurateurs rattrapent le prix très bas du manger, c'est sur les boissons. Et vraiment le truc que je n'aime pas du tout avec l'Allemagne, c'est qu'il est en gros impossible dans un restaurant de demander une carafe d'eau (du robinet, je veux dire : Leitungswasser ou Hahnenwasser en allemand) : pas que nous ayons vraiment essayé, mais c'est évident que personne n'en prend. On en vient à se demander si les Allemands sont au courant que ce qui circule dans les canalisations d'eau est potable. En recherchant sur Internet plus de précisions sur cette question, je suis tombé sur ce post du blog (en allemand) d'un Allemand expatrié en Suisse, où on apprend notamment que même en Suisse allémanique la situation est bien différente. (J'ai aussi bookmarké quelques pages de discussion qui montrent que les Allemands n'ont pas l'air de savoir, ou pas l'air d'accord entre eux à ce sujet, si c'est correct de demander de l'eau du robinet au restaurant : celui-ci, celui-là, et aussi cette page de conseils, semblent plutôt dire que oui, mais avec énormément de réserve.)
  • Les Berlinois ont l'air de consommer pas mal de cafés et chocolats glacés (Eiskaffee et Eisschokolade), qui ressemblent un peu, mais pas tout à fait, à un mélange entre les cafés et chocolats liégeois, et les cafés frappés, qu'on trouve en France. En tout cas, ça m'a bien plu. Sinon, nous avons mangé pas mal (et ramené quelques paquets) de Gummibärchen, surtout que j'ai appris par un numéro de Karambolage (j'ai déjà dit que j'étais fan de Karambolage ?) que les oursons Haribo qu'on achète en France ne sont que de très pâles imitations des vrais que l'on trouve en Allemagne.
  • Je n'ai pas compris si les cartes bancaires allemandes sont maintenant avec puce, et si oui si le système de puce est compatible avec le système français : en tout cas, je n'ai payé que deux-trois fois avec ma carte bancaire (en France je paie quasiment tout comme ça), parce qu'une fois on m'a demandé mon code et une signature, et les autres fois une signature — je trouve ça pénible, alors je me suis rabattu sur les espèces. J'ai aussi l'impression qu'il y a moins de distributeurs de billets à Berlin qu'à Paris (et ils ne donnent pas de ticket, ce qui est gravement pénible), et ils ont l'air plus uniformisés derrière le logo EC (electronic cash) qu'en France derrière la Carte Bleue ou Visa, mais bon, je ne comprends de toute façon rien au système bancaire et aux relations entre tous ces sigles et organismes.
  • Nous avons cherché le ou les quartier(s) gay à Berlin. Il y en a un qui est facile à trouver, et hautement visible, et très sympa, il est situé à Schöneberg aux alentours de Nollendorfplatz. Il semblerait qu'il y ait aussi des choses à Prenzlauer Berg, mais on n'a pas trouvé grand-chose en errant au hasard, et les rares choses qu'on a effectivement trouvées étaient désespérément désertes. Même remarque du côté de Kreuzberg, où on a quand même pu visiter le Schwules Museum, un musée consacrée à l'homosexualité en Allemagne (essentiellement, le très long combat pour obtenir l'abolition du §175 du code pénal prussien) et à des expositions thématiques — dont une en ce moment consacré à Ralf König, duquel je suis complètement et inconditionnellement fan, ça tombe bien.
  • Parmi les choses particulières que nous avons visitées, faites ou vues :
    • Le toit du Bundestag. Il y a un restaurant au sommet (très cher, mais carrément bon), où mon poussinet m'a invité pour mon anniversaire, et qui offre l'avantage d'éviter la queue pour monter au toit (les gens qui ont une réservation montent avec les handicapés, en fait, en priorité sur tout le monde). La coupole est assez spectaculaire, pas seulement par la vue qu'elle offre sur la ville, mais aussi par son architecture en elle-même ; et on peut voir directement, en bas, la salle plénière du parlement. Soit dit en passant, les bâtiments de la chancellerie, juste en face du Bundestag, ont l'air très intéressants aussi, mais malheureusement ils ne se visitent pas (à moins d'avoir un contact avec Mme Merkel ?… sinon, ils faisaient une journée porte ouverte, mais c'était après notre départ).
    • La gare centrale (Hauptbahnhof). Elle est toute nouvelle, et organisée de façon assez originale (en forme de croix, mais les voies nord-sud sont en sous-sol, mais les voies est-ouest sont carrément au 2e étage), avec une architecture moderne et vraiment intéressante, un toit tout en verre et d'immenses espaces à l'intérieur qui donnent un peu le vertige.
    • Le Sony dome, une sorte de gigantesque chapiteau de cirque, à deux pas de la Potsdamer Platz, qui abrite un certain nombre de restaurants et brasseries, des cinémas, boutiques, etc., et qui la nuit est éclairé de couleurs changeantes.
    • L'ancien aéroport de Tempelhof, qui est maintenant abandonné comme aéroport, et complètement désert, mais, bizarrement, les bâtiments ne sont pas tout fermés. (Il doit encore vaguement servir de lieu pour des tournages ou des réunions ou quelque chose comme ça. Pendant que nous y sommes passés, il y avait le tournage d'une sorte de clip, ou de scène de film, sur le tarmac.) Moi je trouvais ça un peu creepy (voire carrément effrayant), en fait, un bâtiment aussi gigantesque et tout vide, donc je n'ai pas osé trop m'aventurer dedans, mais mon poussinet est allé faire de l'exploration urbaine, et a réussi à entrer dans l'ancien hall des départs par une porte inexplicablement laissée ouverte.
    • Le mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, une sorte de labyrinthe de stèles de béton, sans aucune inscription, à deux pas de la porte de Brandebourg, vraiment saisissant. Juste en face, mais pas évident à trouver, il y a un petit mémorial aux victimes homosexuelles du régime nazi.
    • Le Tiergarten, où il est agréable de se promener. Malheureusement, la colonne de la victoire (Siegessäule), qui est au centre, était fermée pour rénovation, donc nous n'avons pas pu y monter. Et nous sommes allés voir le zoo lui-même, mais il n'est pas vraiment passionnant (d'ailleurs, c'est toujours un peu tristounet, un zoo, les animaux ont l'air d'avoir si peu de place…) ; la chose la plus intéressante, j'ai trouvé que c'était les hippopotames, parce qu'ils se sont arrangés pour qu'on puisse bien les voir sous l'eau en même temps qu'en-dehors.
    • Dans le quartier homo près de Nollendorfplatz : un « supermarché homo » (c'est-à-dire essentiellement une librairie) Bruno's (comme Bruno Gmünder), un café d'où on peut regarder les jolis garçons passer, plusieurs bars dont un avec backroom (mais la clientèle n'était pas super intéressante), un magasin de surplus militaire qui assumait ouvertement le côté fétichiste…
    • Le quartier Hackescher Markt, tout près de notre hôtel, est très intéressant pour la nourriture. Il y a notamment les Hackescher Höfe, un système de petites cours intérieures qui communiquent entre elles, et qui sont jolies à visiter.
    • Le KaDeWe (Kaufhaus des Westens = supermarché de l'Ouest), une copie conforme des galeries Lafayette, mais à l'architecture plus labyrinthique, le temple de la consommation où, paraît-il, les allemands de l'Est avant 1989 rêvaient d'aller. Globalement, tout le quartier (de Berlin-Ouest, donc) entre là et le Kurfürstendamm est très commerçant au sens corporate, par opposition à d'autres quartiers commerçants qui ont beaucoup plus de petits commerces.
    • Il faut que je fasse une mention spéciale d'un adorable petit café-restaurant situé sur la Knesebeckstraße (côté est), appelé Cafe Bistro, où la cuisine était aussi délicieuse qu'inventive, et pas chère du tout. (Par contre, la carte était manuscrite, et remplie de termes que je n'arrivais ni à déchiffrer ni à décoder, donc on a plus ou moins commandé au hasard.)
  • Comme je le craignais, mon allemand est pas mal parti aux oubliettes. Déjà traduire pour mon poussinet les panneaux explicatifs dans les musées était hautement laborieux, comprendre ce que les gens disaient l'était encore plus. (Notamment, j'ai eu une expérience déplaisante dans une boutique T-Mobile, pour essayer de faire comprendre que, oui, je voulais bien acheter une carte SIM pour clé 3G pour mettre dans un téléphone mobile, et que j'étais presque sûr que c'était normal et que ça permettrait (contrairement aux affirmations du vendeur) de passer des appels vocaux. Il faut dire que le vendeur ne faisait absolument aucun effort ni pour se montrer aimable ni pour parler plus distinctement voyant que je maîtrisais mal l'allemand.) Heureusement, j'ai pu mettre sur mon téléphone un dictionnaire allemand↔anglais très pratique pour Android (cherchez QuickDic German Dictionary dans le marché), c'est beaucoup plus commode que de sortir à chaque fois mon dictionnaire de mon sac et de trouver laborieusement le mot dans l'ordre alphabétique. J'ai aussi (re)trouvé une motivation très forte pour bosser mon allemand : c'est de lire les BD de Ralf König en VO (j'y arrive, mais à grand renfort de dictionnaire ; ceci dit, ça permet d'apprendre plein de mots cochons très importants).
  • Décidément, je n'ai pas réussi à trouver moyen de contacter un vrai Berlinois pour lier connaissance (et qui accepterait de jouer un petit peu au guide touristique), malgré des tentatives pour exploiter plusieurs sites qu'on m'avait conseillés, essentiellement couchsurfing.org (pour trouver des gens qui ont le goût de l'hospitalité) et gayromeo.com (pour rencontrer d'autres garçons qui aiment les garçons) ; en fait, un problème c'est que les gens partent en vacances sans indiquer qu'ils sont partis, et qu'à la fin on en a un peu marre de contacter les gens un par uns pour s'entendre répondre qu'ils ne sont pas là — et si on essaie de passer des annonces collectives, personne ne les lit. Peut-être que je m'y suis mal pris. Bref, le seul Berlinois avec lequel on a pu converser quelques minutes, c'est un garçon rencontré dans un bar gay : comme j'étais en train de baver devant lui et qu'il était visiblement tout seul, mon poussinet m'a exhorté à aller lui parler, puis, comme j'étais trop timide pour ça, il est allé le voir et lui a expliqué que son copain (moi, quoi) le trouvait très mignon mais n'osait pas lui parler ; bon, le garçon en question (qui se prénommait Jan) a répondu que je n'étais pas son type (à cause des cheveux longs, bien sûr), et par ailleurs il n'était seul que parce qu'il attendait un rencart qui se faisait attendre — mais ça nous a au moins permis de discuter un tout petit peu. (Sinon, les trois autres personnes avec qui on a vraiment bavardé, pendant ce voyage, étaient des Américains…)
  • Dans l'ensemble, je crois que je trouve les Allemands plus mignons que les Français (le poussinet et moi ne manquons pas de nous signaler l'un à l'autre les jolis garçons que nous croisons, et là ça n'arrêtait pas, à tel point qu'on a décidé de relever un peu les exigences sur ce qui mérite d'être signalé, pour ne pas interrompre tout le temps notre conversation avec nos petits codes). C'est peut-être simplement un effet du dépaysement (j'ai l'impression qu'à chaque fois que je me déplace ça me fait un peu cet effet, et je doute que les Parisiens soient le sommet de la laideur terrestre) ou de la proverbiale herbe plus verte de l'autre côté du proverbial Rhin. Ou c'est peut-être que j'ai effectivement une préférence, certes pas exclusive, pour les blondinous aux yeux bleus (je pensais que c'était un peu un mythe que les Allemands sont blonds aux yeux bleus, mais, de fait, alors qu'en France il est très rare que je croise des gens plus blonds que moi, à Berlin j'en ai vu un certain nombre). Peut-être que l'an prochain le poussinet et moi irons vérifier cette hypothèse du côté de Stockholm.
  • Les corneilles berlinoises ne sont pas comme les corneilles parisiennes : elles ont le dos gris (mais la tête noire) alors que les corneilles parisiennes sont toutes noires. Il doit s'agir de Corvus corone à Paris et de Corvus cornix à Berlin. Par ailleurs, toujours au rayon de l'ornithologie, il y a beaucoup moins de pigeons (Columba livia) à Berlin qu'à Paris.
  • Ah, et il faut bien que je finisse en parlant des trains : on a fait le voyage, dans un train de la Deutsche Bahn, en compartiment de luxe (c'est-à-dire avec WC et douche dans la chambre). Même si je dors très mal dans les trains quoi qu'on fasse, c'est une expérience intéressante (certes un peu onéreuse, mais pas tant que ça quand on compte qu'elle comprend une nuit d'hôtel). Mais finalement, ce qui est le plus agréable, c'est encore la voiture-restaurant : parce que les trains de la Deutsche Bahn, ils ont une vraie voiture-restaurant — même si on va commander soi-même, ensuite on mange à une vraie table, assis sur des vraies chaises, et dans de la vraie vaisselle, pas comme dans les voitures-bar des TGV français. C'est aussi moins exorbitant au niveau prix, d'ailleurs.

Voilà, j'oublie certainement encore plein de choses que je pourrais raconter, mais ça commence à faire assez long comme ça. Il y a un tas de photos (de très mauvaise qualité…) qui viendront éventuellement plus tard.

Maintenant, il faut que je revoie Der Himmel über Berlin, Good bye, Lenin!, le documentaire Un Mur à Berlin

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(dimanche)

M. Inquiet

Dans la série des livres pour enfants Monsieur (Mr. Men en VO) écrite par Roger Hargreaves, et qui me plaisait beaucoup quand j'étais petit, mon poussinet m'a offert M. Inquiet. Les premières pages sont exactement une description de moi : Pauvre monsieur Inquiet ! Il était continuellement, perpétuellement inquiet. Quand il pleuvait, monsieur Inquiet se demandait s'il n'y avait pas de fuites dans le toit de sa maison. Quand il ne pleuvait pas, monsieur Inquiet se demandait si les fleurs n'allaient pas se faner. Quand il partait faire ses commissions, il se demandait si ce n'était pas l'heure de fermeture des magasins. Quand il trouvait les magasins ouverts, il se demandait s'il aurait assez d'argent pour payer ses achats. Quand il rentrait chez lui, il se demandait s'il n'avait pas oublié quelque chose. Ou s'il n'avait pas perdu quelque chose en chemin. Quand il avait vérifié qu'il n'avait rien oublié et qu'il n'avait rien perdu, il se demandait s'il n'avait pas acheté trop de choses. Et puis il se demandait où il allait ranger toutes ses provisions. Il n'en finissait pas de s'inquiéter. Pauvre monsieur Inquiet ! C'est tout moi (même si je me serais plutôt appelé M. Anxieux que M. Inquiet).

Mais, dans le livre, M. Inquiet rencontre un gentil magicien qui lui épargne tout un tas de tracas. Si c'est prophétique, voilà une bonne nouvelle, mais, tout de même, cela m'inquiète : et si le magicien ne me reconnaît pas ? Et si je le rate parce je n'ai pas pris le bon chemin ? Comment savoir ?

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(jeudi)

Où sont les homos aux cheveux longs ?

Un des problèmes avec les clichés, c'est qu'on marche souvent sur des œufs quand on veut les combattre : d'une part, parce qu'on est obligé de leur donner voix pour les combattre (et donc de s'entendre répondre : ah mais non, personne ne croit ça ! ce n'est pas ça du tout !), d'autre part parce qu'un cliché fait souvent référence à d'autres clichés (et eux-mêmes, et ainsi de suite en s'insérant dans toute une Weltanschauung d'idées reçues), enfin simplement parce que la seconde loi de Newton prévoit qu'à tout cliché il correspond un contre-cliché qui n'est pas forcément plus reluisant ou plus correct. (Heureusement et hélas, la réalité est tout en nuances ; et une nuance subtile, ce n'est pas la hache bénie +3 qu'on voudrait pour démolir les clichés et enfoncer les portes ouvertes.)

Prenons l'idée suivante : les hommes homosexuels sont souvent efféminés. S'il y a un préjugé véhiculé par la société, une forme d'homophobie, qui m'a gêné dans la construction de mon identité, qui m'a blessé profondément, et je me répète en le disant, c'est bien celle-là. (Je ne dis pas que l'idée l'homosexualité est une abomination ne m'aurait pas plus blessé, évidemment !, mais j'ai eu la chance de grandir dans un environnement extrêmement protégé contre une haine frontale.) J'ai su relativement tôt que j'étais attiré par les garçons (vers 13 ans, je sais qu'il y a des gens qui s'en rendent compte beaucoup plus jeunes — mais il y en a aussi qui le découvrent très tard), et je n'ai pas spécialement eu de réticence à me l'admettre : mais l'identification de cette attirance avec l'étiquette homosexualité a été beaucoup moins évidente parce que l'idée qu'on me présentait de cette étiquette (un on indistinct qui désigne la socété encore à la fin des années '80, je suppose) était quelque chose comme le rôle de Michel Serrault dans La Cage aux folles, quelque chose avec quoi je n'arrivais pas du tout à m'identifier. Jamais je n'aurais eu l'idée de porter une robe ou de jouer à la poupée. Et si je me masturbais en regardant des icônes de masculinité qu'on pouvait trouver dans les magazines pour ado que je lisais, j'étais trop innocent pour m'imaginer faire l'amour avec eux — je fantasmais plutôt sur le fait d'être eux. Mais je digresse.

Pour revenir à ce cliché, le problème est qu'à vouloir le combattre, on s'expose à autant de chausse-trapes qu'il y a de réponses évidentes au cri du cœur mais ce n'est pas vrai du tout ! — par exemple, à se faire qualifier de misogyne (c'est vrai, c'est quoi le problème, à être efféminé ?), « follophobe », voire transphobe… On s'expose à présenter une vision de la masculinité pas moins caricaturale que la vision de l'homosexualité qu'on veut dénoncer (et à être très embarrassé, en fait, pour répondre à la question : c'est quoi, au juste, être efféminé ? et le contraire ?). On s'expose à ouvrir la porte à plein d'autres clichés (du style : d'abord, il y a plein d'homos dans l'arméeah, et depuis quand est-ce que l'armée est la négation de la féminité ? merci pour les femmes militaires). Soit dit en passant, pour une définition de la masculinité qui dépasse un peu les clichés pour arriver au stade ô combien exigeant de la nuance et de la subtilité, je recommande la lecture de l'excellent livre d'Élisabeth Badinter, XY — de l'identité masculine.

Pour continuer à rabâcher les choses que j'ai déjà dites cent fois, ma théorie est que le cliché en question est un biais d'observation : à la fois du fait qu'on identifie plus facilement quelqu'un comme homo quand justement il se conforme à ce cliché, et inversement qu'il soit plus difficile de s'assumer ouvertement comme homo quand on ne s'y conforme pas du tout (là aussi, insérer d'évidents contre-clichés sur les mecs de banlieue et les militaires qui n'assument pas). Plus, évidemment, un effet d'émulation (pour les gens qui veulent s'afficher comme manifestement homos, c'est plus évident de se conformer aux clichés pré-établis), et l'effet des médias, notamment la présentation de l'homosexualité au cinéma.

Ce n'est pas tellement le côté efféminé, en fait : c'est surtout que le spectre des types, de codes de conduite ou vestimentaires, sur lesquels on peut coller l'étiquette mec homo est incroyablement réduit. En fait, à Paris, on a parfois l'impression qu'il y en a exactement deux : le look branchouille style je-m'habille-au-BHV-homme (qui serait le efféminé du cliché précédent), et le look clientèle-du-Cox (tout le contraire de efféminé) ; certes, il y a des sous-types et peut-être un ou deux cas hybrides (style sportif-soigné-propre-sur-lui, ou qui-essaie-de-se-faire-passer-pour-une-racaille-mais-sans-grand-succès), mais ça reste ridiculement étroit. Le titre de cette entrée souligne un point anecdotique, mais néanmoins illustratif : je n'ai jamais rencontré (ni en réalité, ni même en fiction, d'ailleurs) un seul mec ouvertement/ostensiblement homo, à part moi, qui ait les cheveux longs.

La vérité derrière le fait que je dis tout ça, en faisant passer ça pour de la socio vachement sophistiquée (mais mon lectorat n'est pas dupe), est juste que je suis terriblement frustré. ☺️ Frustré, parce que les mecs de mes fantasmes vestimentaires — le skater, le punk, le un-peu-goth-mais-pas-trop, ou d'ailleurs parfois le look acheté au Vieux Campeur — ils ne rentrent pas du tout dans ce spectre. Alors je ne vois jamais deux jolis garçons au look urban grunge ou jah-jah se faire des bisous dans la rue : ça me frustre. Et tant que je serai frustré comme ça, je prends sur moi de m'habiller comme j'aimerais le voir et de faire des bisous à mon poussinet dans la rue : peut-être qu'à force, ça prendra. Et sinon, j'ai au moins la satisfaction de faire quelque chose d'inhabituel.

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(dimanche)

Prévision de voyage à Berlin

Le poussinet et moi partirons dans deux semaines pour dix jours à Berlin (du 2010-07-30 au 2010-08-09, en train évidemment, CO2 et passion de poussinet obligent). Je préviens en avance, comme ça, si quelqu'un me voit par hasard à Berlin, il pourra m'identifier. ☺️

Je suis d'ailleurs déjà en train d'angoisser en me rendant compte que mon niveau d'allemand a l'air d'être vraiment parti dans les toilettes (et ce n'est pas comme le ski, les langues, ça s'oublie vraiment) : du coup, j'essaie de me persuader de faire une révision intensive. Bon, d'accord, les Berlinois parlent certainement tous l'anglais, mais ce serait vraiment trop la honte d'en arriver là. (Pour mon poussinet, le problème est différent : il n'a jamais appris l'allemand, donc il n'a pas de scrupule à avoir.)

Si quelqu'un a des suggestions de choses à voir (pas complètement évidentes, i.e., pas déjà contenues dans tous les guides touristiques imaginables), qu'il n'hésite pas à les donner en commentaire.

Sinon, je me disais : tiens, on pourrait essayer de profiter de ce voyage pour faire des rencontres — essayer de mettre à profiter le pouvoir censément extraordinaire de rassembler les gens des réseaux sociaux, visagelivres et autres webforums en ligne, mettre une petite annonce ou quelque chose comme ça de façon à trouver un(e) Berlinois(e) avec qui nous pourrions sympathiser et qui serait prêt(e) à nous faire un peu visiter la ville. Peut-être plutôt (mais pas forcément) un homo d'à peu près nos âges, ou ayant d'autres points communs avec nous. OK, l'idée est excellente, mais par où commencer ? Sur le Web on trouve facilement des myriades de forums désertés (genre, ça), le référencement d'un webforum par les moteurs de recherche n'a pas l'air vraiment corrélé à sa fréquentation ou à sa vivacité : je suis globalement peu convaincu par l'utilité du Web social pour rencontrer des gens qu'on ne connaît pas déjà (sauf peut-être s'il s'agissait d'un but explicitement matrimonial, ce qui n'est pas le cas). Ah, peut-être que ce site Web est un bon point de départ.

(Ouais, c'est un peu con, c'est juste en même temps que les Gay Games à Cologne.)

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(lundi)

Ruxor et le poussinet visitent Strasbourg

Strasbourg était une des villes où j'avais candidaté comme maître de conférences il y a trois ans (argh, déjà ?), et qui m'avait fait une impression très agréable. (J'aime les centre-villes piétonniers et commerçants, pittoresques et ombragés, et c'est exactement ça.) Comme mon poussinet est fou de trains, c'était une destination tentante pour une escapade d'un week-end par le TGV Est. Escapade un petit peu contrariée par la chaleur insupportable (surtout samedi) et par mes crises d'angoisse qui continuent (moins intenses, mais pas vraiment moins fréquentes), mais néanmoins fort plaisante.

Nous avons surtout bien mangé : samedi midi à La Corde à Linge, place Benjamin Zix (filet de cabillaud et crumble aux amandes avec sauce au Riesling, accompagné d'un peu de choucroute au goût presque sucré, et en dessert un assortiment de glaces, notamment au yaourt et à la violette, avec de la chantilly et des chamallows, ce n'était pas très léger mais c'était un régal), samedi soir au Caveau Gurtlerhoft, place de la Cathédrale (tarte aux oignons, poulet au Riesling et Spätzle, que j'ai malheureusement eu du mal à finir parce qu'une crise d'angoisse m'a noué l'estomac), et même dimanche midi dans un restaurant (Le Pilier des Anges, rue mercière) qui de loin faisait un peu piège à touristes mais où finalement j'ai mangé une bonne flammekueche pour pas cher. Comme le poussinet et moi ne buvons pas d'alcool, on n'a pas profité des bières d'Alsace, ni de ses vins (autrement qu'en sauce), mais c'était déjà très intéressant.

Nous nous sommes aussi beaucoup promenés, sur la Grande Île et en-dehors. Je n'avais encore jamais vu le bâtiment du parlement européen, notamment, et je dois dire que c'est vraiment très impressionnant : les photos ne rendent pas du tout compte à quel point ce bâtiment est colossal. Je ne savais pas non plus que le siège du Conseil de l'Europe était immédiatement à côté (juste de l'autre côté d'un de ces nombreux bras de la rivière Ill qui sillonnent Strasbourg), ainsi que la Cour européenne des Droits de l'Homme. Nous n'avons fait qu'admirer tout ça de l'extérieur, bien sûr (je ne sais pas si le vulgum pecus a le droit d'y mettre les pieds, mais de toute façon c'était un dimanche, et d'ailleurs il n'y avait pas un chat en vue). Par contre, quelque chose qu'on peut visiter à proximité, c'est le parc de l'Orangerie, un jardin à l'anglaise (qui m'a fait penser aux Buttes-Chaumont à Paris ou, encore plus, au Englischer Garten de Munich) délicieusement aménagé et vraiment joli. Et nous avons pu y constater qu'il y a effectivement des cigognes en Alsace, ce n'est pas une blague.

Dans le centre-ville, rien que de très classique : nous avons visité la cathédrale, qui est frappante pas tellement par sa hauteur[#] (même s'il paraît qu'elle est restée l'édifice le plus haut du monde de l'achèvement de sa flèche jusqu'en 1874) mais surtout par son aspect tout en dentelle de pierre et presque labyrinthique ; j'ai vu la fameuse horloge astronomique que j'avais ratée la dernière fois, et nous avons cherché à monter sur la plate-forme, mais j'ai eu le vertige donc le poussinet y est allé seul. Nous avons aussi visité le musée historique de la ville de Strasbourg, où on nous a fait la faveur de nous laisser entrer gratuitement parce que nous sommes arrivés juste avant la fermeture. Mais nous avons surtout marché au hasard dans les petites rues piétonnes du centre-ville, et sur les berges de la rivière. Et nous avons fait un pèlerinage au premier restaurant MacDonald's ouvert en France (en 1979, il y a même une plaque pour le signaler).

Beaucoup de touristes allemands, ou en tout cas beaucoup plus qu'à Paris et probablement plus que d'Américains, et tous les commerçants avaient l'air de bien parler l'allemand. Nettement plus de supporters de l'Espagne que des Pays-Bas en ce jour de la finale de la Coupe du monde. Enfin, nous avons cherché sans succès des traces d'une vie gay strasbourgeoise.

(À part ça, c'est mon poussinet qui a pris les photos, je rajouterai peut-être un lien vers son album Picasa s'il les met en ligne.)

[#] L'hôtel où nous logions (L'Hôtel de l'Europe, rue du Fossé des Tanneurs, on peut difficilement faire plus central, et je le recommande au passage), a d'ailleurs dans son lobby une réplique de la cathédrale, faite dans la même pierre, qui est intéressante à voir en elle-même.

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(lundi)

Crises d'angoisse

Je suis d'un naturel anxieux. Maladivement anxieux, même : la moindre contrariété, la moindre mauvaise nouvelle, me mettent dans un état d'agitation tel que je peux en perdre le sommeil (surtout si la contrariété arrive le soir, ou si j'attends quelque chose d'angoissant pour le lendemain). Ajoutez à cela que je suis notoirement hypocondriaque : j'ai fait par le passé des crises de tachycardie nocturnes qui se sont, après examen, avérées être uniquement dues à l'angoisse, et qui ont quasiment complètement disparu maintenant que j'ai dérangé un cardiologue pour être convaincu que mon cœur était en bonne santé ; je me réveille parfois en sursaut panique (la cause la plus fréquente étant simplement que je m'endors sur un de mes bras et que l'engourdissement finit par percer mon sommeil) ; il suffit qu'un médecin me prenne la tension pour que celle-ci (qui est de base autour de 115\70mmHg) monte à un point qu'on me demande si je fais de l'hypertension. Même mon cardiologue a été impressionné par mon niveau d'anxiété.

Malgré cela (et malgré ma tendance à me plaindre au sujet de mon sommeil), en général, je ne dors pas du tout mal : notamment, quand je n'ai pas de raison de mettre un réveil pour le lendemain, et que je n'ai pas de souci immédiat, je m'endors plutôt sans problème. Et je n'avais jamais fait de réelle crise d'angoisse, le genre qui tourne à la panique, jusqu'à maintenant. Mais depuis dix jours, j'en ai fait plusieurs, plus ou moins aiguës.

Je ne sais pas pourquoi ça me prend maintenant. J'ai fait passer ces dernières deux semaines, comme les trois années précédentes, des oraux (de TIPE) pour le concours des ENS, ce qui est à la fois fatigant et stressant, mais ce n'est pas la première fois, justement, et je ne vois pas ce qu'il y aurait de différent cette année. Il est aussi vrai qu'il y a des soucis dans notre appartement (un volet coincé et, surtout, une fuite d'eau chez les voisins d'au-dessus dont le syndic ne trouve pas bien la source), et dernièrement que mon père a un problème de santé. Tout ceci doit peut-être jouer.

Vendredi (), j'ai eu la première crise, la plus forte. J'étais en train de déjeuner dans un restaurant avec un collègue et j'ai commencé à me sentir mal : j'ai eu un moment d'étourdissement ou de vertige passager, et aussi une sensation d'engourdissement dans la main droite (de l'auriculaire au poignet). Au début je me suis dit que ce n'était rien, mais ça s'est reproduit plusieurs fois, de plus en plus fort : à un moment j'ai eu une sensation de froid glacial dans tout le corps et l'impression d'étouffer, et même quand c'est passé j'avais l'estomac complètement noué et je ne pouvais plus rien avaler, et l'impression d'avoir la main engourdie était de plus en plus forte. Je me suis dit qu'en marchant ça irait peut-être mieux, alors nous avons quitté le restaurant, mais mon oppression a plutôt empiré, et en plus j'avais l'impression d'avoir la bouche complètement sèche. J'ai fini par faire appeler les pompiers (et par me faire remplacer au concours).

Les pompiers ont été laissés perplexes par les symptômes (ils ne sont pas médecins, bien sûr, ils ont une sorte de grand cahier avec plein de conditions « si symptôme + symptôme + symptôme alors faire ceci »). Ils m'ont mis sous O2 et, après consultation avec leur médecin, emmené aux urgences de Cochin. Quand j'étais allongé dans le véhicule des pompiers je me suis mis à aller un peu mieux, sauf un moment où j'ai eu une douleur terrible à l'arrière de la tête, comme si elle allait exploser, mais qui est passée en quelques minutes.

Aux urgences, évidemment, j'ai attendu très longtemps avant de voir quelqu'un, et pendant ce temps ça allait mieux, sauf pour la sensation de bouche sèche et l'engourdissement dans la main droite (et un peu la gauche aussi). Un externe m'a fait un examen neurologique (c'est-à-dire en gros il passe un crayon sur le chemin de différents nerfs à gauche et à droite du corps et demande si on ressent la même chose), complètement normal. Puis j'ai vu (très brièvement) le médecin en charge, qui m'a expliqué qu'ils pensaient en gros que c'était une crise d'angoisse aiguë et que mes symptômes n'étaient pas bien inquiétants, sauf peut-être l'engourdissement à la main et la douleur à la tête quand j'étais avec les pompiers : à cause de ça, ils m'ont fait passer un scanner et un ECG pour être sûrs. Les deux étaient complètement normaux, donc on m'a relâché, en me conseillant quand même de consulter un neurologue mais pas de façon urgente. (Sur le compte-rendu hospitalier ils ont marqué : hypothèses : épilepsie partielle ou crise d'angoisse aiguë.)

La nuit qui a suivi, j'ai très mal dormi. Les suivantes, ça allait, mais je me suis quand même réveillé à chaque fois dans les deux heures suivant mon coucher avec une sensation de fourmillement dans le bras droit et la main (plutôt du côté de l'annulaire cette fois). Le jour, pas de problème. Il faut dire que j'avais trois jours de pause au milieu des oraux (dimanche, lundi, mardi).

La nuit de mardi () à mercredi () a été vraiment horrible : j'ai eu beau me coucher à 22h pour me lever à 7h, j'ai dormi à peine cinq heures, en me réveillant sans arrêt en panique, sans raison précise, juste avec une impression de nervosité extrême. J'avais aussi des spasmes un peu partout, surtout dans le biceps droit. Enfin, j'ai réussi à atteindre un sommeil à peu près convenable vers 6h du matin, mais à cause du réveil il n'a vraiment pas duré longtemps.

Du coup, mercredi, j'étais dans un sale état ; le matin, j'ai encore à peu près tenu le coup, mais j'étais complètement zombie, à la fois mort de fatigue et hyper-tendu (comme si je n'avais pas dormi depuis quatre jours et que j'avais pris douze tasses de café pour me tenir éveillé), et le midi j'ai eu du mal à avaler quoi que ce soit parce que j'avais l'estomac complètement noué. De nouveau, j'ai dû demander à être remplacé, et je suis allé à l'infirmerie de l'ENS (cette fois j'avais quand même compris qu'il ne fallait pas déranger les pompiers). Là, j'ai pu me détendre un peu, et l'infirmière m'a recommandé un médecin (qui, de surcroît, a l'habitude des normaliens).

Le médecin avait l'air de bien comprendre ce genre de symptômes, et de bien connaître les gens angoissés comme moi, il m'a dit que je devais être surmené ; il m'a prescrit de l'Atarax et des placébos (Euphytose, magnésium), une prise de sang pour vérifier que je n'ai pas de problème à la thyroïde, et surtout de me reposer.

Depuis, les oraux sont finis, mais j'ai encore fait deux ou trois petites crises (essentiellement la nuit), moins importantes, mais pendant lesquelles je me sens tout agité et tout tremblant (sans pour autant être capable de trouver raison précise à mon angoisse), parfois avec de petits spasmes et globalement un état qui correspond assez bien à la description de certains sympômes mineurs faite dans cet article ou celui-ci ; donc, même à mon niveau d'hypocondrie, j'arrive à peu près à me convaincre que je ne souffre pas d'un problème réellement médical (neurologique, par exemple), et j'imagine que je vais finir par faire disparaître ces crises comme j'ai fait disparaître celles de tachycardie. En attendant, ça reste assez gênant.

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(vendredi)

Mon volet est vrillé

Dans la série Les petits tracas de la vie qui ont le don de m'énerver au plus haut point, le volet roulant de la porte-fenêtre de mon salon ne descend plus : la partie droite descend correctement, mais la partie gauche bloque au bout d'une dizaine de centimètres quand on tourne la manivelle. Comme le guide n'a pas l'air de bloquer, j'imagine que le problème vient d'une lame vrillée (et mes efforts pour insister n'ont pas dû améliorer les choses).

Le problème est surtout que d'accéder à ce truc pour le réparer doit être une horreur. Dans le meilleur des cas, il va falloir déplacer la moitié des meubles de l'appartement, ouvrir le caisson contenant le store (et mettre en ce faisant une poussière noire partout), et décoincer la lame. Dans un cas un peu moins meilleur, il va falloir le changer — ce n'est pas le prix qui me chagrine mais la quantité d'emmerdes qui va avec une telle opération. (Question subsidiaire, comment on trouve quelqu'un qui ne soit pas un escroc ? Je n'ai jamais réussi à résoudre ce problème pour les plombiers, alors j'imagine que pour les réparateurs de volets roulants ce n'est pas mieux.) Quant au pire cas, on essaie de ne pas y penser.

En attendant, j'ai plein de bestioles qui rentrent dans l'appartement. (La porte-fenêtre est entrouverte pour laisser passer le câble entre les deux blocs de clim.)

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(mardi)

Ruxor et le poussinet font les courses

Le contexte : nous nous apprêtons à aller chez des amis pour un apéro dinatoire où chacun est censé apporter quelque chose à manger (surtout sans se concerter entre nous, c'est plus rigolo). Comme d'habitude, nous nous y sommes pris à la dernière minute, donc nous voilà chez Tang frères (ouvert le dimanche) en train de chercher ce qu'on pourrait bien apporter.

Poussinet
Oh, une pastèque ! Si on prenait une pastèque ?
Ruxor
Mais non, c'est ridicule, voyons. Ça fait beaucoup trop, et d'ailleurs… Oh, des physalis ! Si on prenait des physalis ?
Poussinet
Mais on ne les mangera jamais. Tiens, si on prenait un durion ?
Ruxor
C'est une blague, j'espère ?… Oh, des boissons aux goûts rigolo… tiens, on va prendre de la boisson à l'aloe vera… j'en prends une grosse bouteille ?
Poussinet
Tiens, prends une canette de jus de grenade, et peut-être un jus de tamarin. Oh, et une canette de jus de coco, aussi. Tu regardes quoi ?
Ruxor
Il me semble qu'il y avait des choses intéressantes dans les biscuits apéritif.
Poussinet
Tu ne crois pas qu'on a déjà assez de choses, comme ça ? On devrait s'en tenir là… Oh, du beef jerky ! Prenons du beef jerky !

…Et ainsi de suite. Chacun de nous n'en fait qu'à sa guise, prend n'importe quoi sur un coup de tête, et se moque des coups de tête de l'autre. Globalement, les choses se passent mieux quand je fais les courses tout seul… enfin, se passent mieux pour moi. ☺️

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(jeudi)

Ma collection de (zéro) sphères

Je fais collection de sphères. (Il se trouve que ma collection est actuellement réduite à zéro éléments : en bon mathématicien, je n'ai peur ni du nombre zéro ni de l'ensemble vide, donc je n'hésite pas à appeler quand même ça une collection : si je trouvais une sphère qui me plaise, je n'hésiterais pas à l'ajouter à ma collection.) Je veux dire, d'objets à symétrie sphérique[#], boules ou sphères, aussi parfaites que possibles (et idéalement d'une taille d'environ 3cm à 25cm de diamètre).

Un exemple de porno pour sphérophile, ce sont les gyroscopes de la mission Gravity Probe B, avec une erreur relative de 2×10−7, les objets les plus parfaitement sphériques[#2] créés par l'homme, peut-être même de tout l'Univers (étoiles à neutron exceptées). Actuellement concurrentes en sphéricité, et probablement meilleures à l'avenir, il y a les sphères en silicium du projet Avogadro, dont le but est de créer, puis de peser (de façon à redéfinir le kilogramme en utilisant le nombre d'Avogadro) une sphère, taillée dans un monocristal de silicium, d'environ 93.6mm de diamètre avec une précision de un atome sur la sphéricité, soit une erreur relative de mieux que 10−8. De quoi vous donner un sphèregasme !

Mais sans aller jusqu'à ce niveau de perfection, on peut trouver des sphères intéressantes en silicium, en quartz, ou d'en d'autres matériaux (et jusqu'à des sphères en plastique transparent avec lesquelles certains cirqueux/danseurs s'amusent à une sorte de Glasperlenspiel — je ne sais pas comment ça s'appelle). Il s'en vend même sur eBay ou ailleurs. Malheureusement, c'est fort cher ; on peut aussi trouver des sphères de quartz (boules de cristal) vendues chez des occultistes, mais je n'aime pas trop l'idée de donner de l'argent à ces gens-là (j'ai dépensé assez chez eux en tarots divinatoires pour pouvoir inventer le jeu d'Arcanoïd). Voilà pourquoi ma collection de sphères est actuellement vide.

[#] Normalement, là, un petit facétieux devrait me faire remarquer que l'ensemble vide est un objet à symétrie sphérique, donc que je peux l'ajouter à ma collection, qui devient donc non-vide. J'ajoute donc le critère que ma collection est composée de sphères de diamètre strictement positif.

[#2] Hélas, l'expérience a été en partie un échec car, si la symétrie mécanique des sphères était quasiment parfaite, il n'en allait pas de même de la symétrie électrique, et il s'est avéré qu'elles avaient un léger moment dipolaire électrostatique — juste suffisant pour que le champ magnétique leur applique un moment environ comparable à l'effet Lense-Thirring qui était un des effets qu'on cherchait à mesurer (l'autre, l'effet de Sitter a été mesuré fiablement, mais il était beaucoup moins difficile et déjà beaucoup mieux confirmé expérimentalement).

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(mercredi)

Bloguer est plus dur que microbloguer

J'ai déjà dû signaler ce phénomène (qui a un rapport subtil avec celui de l'autruche), mais il ne cesse de m'étonner par sa force psychologique : plus on retarde quelque chose, plus il devient difficile de s'y mettre, et ceci est particulièrement vrai quand il s'agit, par exemple, de répondre à un mail (plus j'attends pour répondre, plus je me dis que je dois faire une réponse à la hauteur de cette attente, une réponse dont la longueur ou la qualité justifie que j'aie attendu autant de temps, et moins il devient probable que je fasse cette réponse), mais aussi, je m'en aperçois, quand il s'agit d'écrire dans mon blog.

C'est complètement stupide : le lecteur doit considérer, même si ce n'est pas vrai, l'apparition d'entrées dans un blog comme un phénomène poissonnien[#] — le temps écoulé depuis la dernière entrée ne donnant aucune information sur le temps à attendre avant la prochaine, ni sur la longueur de celle-ci. Mais je n'arrive pas à m'en défaire. Je n'ai pas écrit depuis deux semaines : j'ai du mal à m'y remettre en écrivant une entrée, par exemple, pour dire, de but en blanc, j'aime la musique du film La Révolution française. C'est sans doute pour ça que je ne sais pas écrire des entrées courtes, même quand j'en ai de la matière (j'ai emménagé dans mon nouveau bureau ; j'ai commencé à enseigner un cours de géométrie algébrique ; mon poussinet s'est coupé les cheveux ; c'est absolument scandaleux qu'on ne sache pas si déterminer si une suite récurrente rationnelle s'annule est un problème décidable ou non ; le brunch au Café Léa en bas de la rue Claude Bernard est très bon ; j'aimerais acheter de l'eau lourde pour en faire des glaçons qui coulent, mais à 70$ les 100g ça fait cher du glaçon ; Randall Munroe me pique mes idées).

Je comprends de mieux en mieux que les sites de microblogging fonctionnent si bien. Il faut peut-être que je me trouve une solution dans ce sens.

[#] Dédicace en passant à mon poussinet, qui aime beaucoup signaler (et parfois à tort, à mon avis) que telle ou telle chose est probablement un phénomène poissonnien.

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(jeudi)

Je programme pour Android

Comme finalement je trouve que le Java n'est pas un langage trop mal, et que j'avais par ailleurs depuis longtemps envie de programmer quelque chose pour Android, j'ai écrit un petit programme pour réparer une lacune qui m'agaçait : une liste des caractères Unicode avec quelques possibilités primitives de recherche et de saisie des caractères (pour pouvoir les copier-coller ensuite ailleurs). Vous pouvez la télécharger sur le marché Android (cherchez Unicode Map) ou depuis un ordinateur via le lien précédent. Vous pouvez aussi me faire part de vos suggestions d'amélioration, je promets de les ignorer très soigneusement ☺️ (sauf peut-être si elles sont accompagnées d'un patch ou d'une proposition de git pull). Vous pouvez également me dessiner une icône qui soit moins complètement pourrie que celle que j'ai « dessinée » en dix secondes en découvrant qu'il était obligatoire d'en avoir une.

C'est d'ailleurs impressionnant le nombre de sites Web qui répercutent l'arrivée d'une nouvelle application Android (et j'imagine que pour iPhone c'est environ 1000 fois ça) : pour une application que j'ai mise sur le marché avant-hier, il y a déjà plein de listings (automatiquement générés) qui sont indicés par Google et qui en parlent (en parlent veut dire, évidemment, ont recopié le petit blabla que j'ai écrit en cinq secondes — encore moins que l'icône — dans le formulaire d'upload). Ça semble surtout là pour combler ce manque qui me semble insupportable et criant : Google n'a prévu aucun listing Web officiel des applications Android, ce que je ne comprends pas du tout (ça ressemble à une tactique d'Apple, mais à la sauce Google) ; je comprends éventuellement qu'ils ne prévoient aucun moyen de télécharger l'application autrement qu'en passant par leur application de marché sur le téléphone, mais pourquoi ne même pas avoir un mécanisme de recherche via le Web et des pages fixes rappelant les informations basiques sur l'application ? ça n'a pas de sens. Et c'est clairement intentionnel : quand on regarde la page Web du marché, on voit que tout a été fait exprès pour éviter les liens Web. Je ne comprends pas. (Et je comprends d'autant moins que, du coup, plein d'autres gens s'engouffrent dans la brèche, justement.)

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(lundi)

Mon bureau déménage

Aujourd'hui, j'ai fait mes cartons : je quitte mon bureau de la rue Dareau où je m'étais installé il y a deux ans et demi (déjà ‽) pour en rejoindre un autre, rue Barrault, plus près de chez moi mais, en contrepartie, plus petit (ou peut-être plus grand, mais que je partagerai avec un collègue alors que jusqu'à présent j'étais seul). En fait, tous les gens de mon département qui étaient comme moi rue Dareau déménagent, mais les autres vont avenue d'Italie dans des locaux neufs : moi je profite de ce déménagement collectif pour rejoindre les collègues les plus proches de mes thématiques (disons, les plus matheux-algébristes qu'il y ait à Telecom). A priori, ce nouveau bureau est lui-même temporaire : je devrais de nouveau déménager (mais dans le même couloir !) quand des travaux auront rendu des locaux plus beaux — et tout cela en attente d'un hypothétique futur déménagement à Palaiseau en 2012 2014 2015 2020 2070.

Toujours est-il que je n'aime pas faire les cartons, parce que ça oblige à ranger tout le foutoir qui s'est étalé sur le bureau et à décider ce qu'on veut mettre où, à trier les 1001 articles qu'on a imprimés (ah, je lirai ça sans doute un jour, refrain connu) pour essayer de les organiser d'une manière ou d'une autre, et à se rendre compte qu'on a vraiment trop de livres (j'en ai fait trois et demi cartons bien pleins, à raison d'environ 40 livres par carton). Et on angoisse que les livres puissent être abîmés, que les affaires puissent se perdre (surtout quand tout le monde va avenue d'Italie et que je suis le seul à partir rue Barrault !).

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(lundi)

Petit voyage à Bordeaux

J'ai pris mes vacances à contretemps du calendrier scolaire[#] et suis allé passer trois jours à Bordeaux la semaine dernière, histoire de voir comment mon poussinet y est installé (verdict : c'est petit, mais cozy), et de visiter un peu cette ville que je n'avais jamais vue que quelques heures (j'étais passé en coup de vent pour candidater sur un poste à l'université de Bordeaux I). Eh bien, si on aime les belles pierres et les demeures de riches marchands, c'est une ville intéressante ; j'ai surtout aimé la rue Sainte-Catherine (c'est quelque chose qui manque vraiment, à Paris, une rue commerçante animée et piétonne) et les petites places comme celle-ci, celle-là, cette troisième ou cette quatrième (j'aime bien les places petites mais cozy, et ça non plus il n'y en a pas énormément à Paris).

En revanche, ce n'est pas la peine d'aller voir de l'autre côté de la Garonne pour voir s'il y a des choses intéressantes rive droite : il y a certes un jardin botanique pas trop mal (quoique manquant cruellement d'ombre quand on est un blondinet à la peau claire), mais ce n'est vraiment pas très animé. Et il faut du temps pour la traverser, la Garonne, quand on est un Parisien habitué à ce que les ponts fassent 150m à tout casser et qu'il y en ait tous les autant.

[#] Et du volcan islandais dont je suis fier de pouvoir dire que j'arrive à prononcer le nom. (Pas qu'on ait voyagé en avion — mon poussinet est fou de trains — mais je n'aime pas quand les trains sont bondés.)

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(samedi)

La Loi du Sommeil de David

J'avais déjà constaté ça empiriquement depuis bien longtemps, mais je crois avoir réussi à dégager assez précisément la façon dont fonctionne mon sommeil. En général, je dors plutôt bien. C'est-à-dire, si j'ai un lit raisonnablement confortable et que je n'ai pas de besoin particulier de me réveiller, je fais de bonnes nuits, j'ai besoin de sept ou huit heures de sommeil mais je peux me contenter d'un peu moins sans être trop dérangé, bref, tout va bien. Le problème, c'est la règle suivante, qui est un peu hallucinante :

Loi du Sommeil de David : Si, à un moment donné, je suis réveillé, et qu'il est prévisible que je doive me lever dans moins de x heures (c'est-à-dire, que je ne pourrai plus dormir après), alors j'ai beaucoup de mal à m'endormir ; ici, x dépend du temps que j'ai déjà dormi, mais il est toujours compris entre 3½ (quand j'ai déjà dormi) et 9 (quand je n'ai pas dormi).

Autrement dit, si je me couche, disons, à 1h du matin, et que je n'ai pas de raison particulière de mettre un réveil, alors je me lèverai typiquement vers 8h ou 9h du matin. En revanche, si, toujours en me couchant à 1h du matin, je sais que je devrai me lever à 8h, même si sept heures de sommeil a priori me suffisent, cela me stressera si bien que j'aurai énormément de mal à m'endormir, je n'y arriverai que vers 2h ou 3h du matin et, du coup, je n'aurai effectivement pas assez dormi. Ceci ne dépend pas de la façon dont je serai réveillé (par un réveil, par mon poussinet qui me fait des bisous dans le cou, ou par n'importe quel autre moyen) : ce qui m'empêche de dormir est la certitude que je devrai être réveillé, pas la façon dont je le serai. Pas non plus le fait que je serai réveillé : si, par exemple, je me couche à 1h et que mon poussinet doit partir à 6h du matin pour prendre son train pour Bordeaux[#] et que je sais qu'il me réveillera en partant, si je sais que je peux dormir autant que je veux ensuite, ça ne pose pas de problème : le poussinet me réveille, mais je ne dois pas me lever, donc je n'angoisse pas, donc je dors quand même bien (et je peux très bien dormir de 1h à 6h et de 6h30 à 8h et être raisonnablement frais à 8h). Par contre, si le poussinet doit partir à 6h et que moi je dois me lever à 9h, c'est une catastrophe : quand le poussinet me réveille à 6h, il reste moins de 3½ heures pendant lesquelles je peux dormir, donc je n'y arrive pas, donc je me réveille, de fait à 6h, et comme la loi ci-dessus s'applique récursivement, finalement, il faudrait que je me couche à 21h pour avoir un sommeil correct.

Tout cela est terriblement contrariant, et le poussinet se moque de moi, mais je n'ai pas trouvé de moyen d'éviter le phénomène : dès que je sais que je dois me lever à une certaine heure, ma capacité à me rendormir rapidement après un petit réveil accidentel est anéantie. J'ai de la chance d'avoir un travail où les horaires sont très flexibles ! Il n'y a que les jours où à la fois j'ai un cours le matin et où le poussinet doit prendre un train encore plus tôt, qui posent vraiment problème. Néanmoins, ce matin, nous devions nous lever à une heure plus que décente, mais j'ai été réveillé successivement par le facteur qui livrait un colis, par un voisin qui jouait de la perceuse, par le chat d'un autre voisin qui miaulait à notre porte, et par un coup de téléphone publicitaire : si à chaque fois la certitude de devoir me lever prochainement ne m'avait pas empêché de me rendormir rapidement, j'aurais passé une nuit bien meilleure.

[#] Pour ceux qui s'inquiéteraient pour lui : le poussinet, lui, il dormira dans le train, il y arrive très bien. La règle du sommeil du poussinet est qu'il a besoin de 8h de sommeil, mais qu'il peut les prendre n'importe comment et n'importe quand. C'est plus simple !

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(dimanche)

Pourquoi je ne sais pas écrire des entrées courtes ?

Je ne comprends pas comment les gens arrivent à twitter. Enfin, peut-être que je comprends comment on peut faire des posts de taille SMS : ce sont plutôt les blogueurs qui arrivent régulièrement à écrire des entrées d'environ 200 mots qui m'impressionnent. Moi, à chaque fois que je me lance sur un sujet, j'en écris des tartines[#]. Même quand je commence en me disant, bon, vraiment, sur ce sujet-là, je n'ai pas énormément de choses à dire. Surtout quand je commence mon entrée par je vais essayer de dire un mot rapide sur <telle ou telle chose>, sorte d'incantation propitiatoire que je finis en règle général par retirer quand je me rends compte qu'elle est devenue totalement ridicule. Et pourtant, je n'ai pas l'impression de délayer. Et pourtant, je n'étais pas mauvais à l'épreuve de résumé en français au lycée (d'ailleurs, je me faisais un point d'honneur de toujours produire le nombre exact de mots demandé, sans jamais taper dans la marge ni dans un sens ni dans l'autre : si on peut faire N mots à 10% près, ce n'est pas beaucoup plus dur de faire N mots exactement).

Du coup, évidemment, je poste peu : quand je commence à écrire quelque chose, je sais que presque toujours il me faudra des heures pour finir. Du coup, aussi, j'ai un backlog énorme d'idées que je me dis qu'il faut que je développe un jour, voire d'entrées commencées et jamais finies.

Il y a au moins une raison que je comprends : j'ai du mal à entrer en matière ou à passer d'une partie à une autre. Je suis beaucoup plus efficace quand il s'agit de répondre à ce que quelqu'un à dit que quand il s'agit de dire quelque chose moi-même (où je me sens obligé de situer le problème, de rappeler plein de choses à son sujet, etc, de ménager des transitions…).

[#] Sauf pour mes fragments littéraires gratuits, qui ont effectivement tendance à être courts, mais qui n'en sont pas moins longs à écrire (je peux passer facilement une nuit entière sur deux paragraphes).

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(mercredi)

The colors of the rainbow, so pretty in the sky

Ruxor et le poussinet ont le plaisir de vous faire part de leur PACS, enregistré en grande solennité dans l'ambiance chaleureuse et conviviale du greffe du tribunal d'instance du 13e arrondissement de Paris.

Sérieusement, je n'ai pas souvent vu des endroits aussi glauques et sinistres que le hall d'entrée de ce tribunal d'instance : imaginez une porte d'entrée comme dans une église, qui débouche sur un immense escalier éclairé par deux néons blafards en fin de vie, d'où on peut accéder à un couloir très étroit et haut, lui aussi éclairé de par des néons blafards (quoiqu'en meilleur état), flanqué de banquettes, et dont la seule ouverture transparente est un hygiaphone (je pensais que ça n'existait plus depuis vingt ans) pour parler à un guichetier. Quant à la solennité : on donne tout un tas de papiers au guichetier (celui qui parle par hygiaphone), il vous donne un rendez-vous environ une semaine plus tard, et une semaine plus tard on rencontre la greffière (qui, au moins, est aimable et a un bureau moins sinistre que le couloir qui y mène) qui appose un tampon et une signature sur la convention qu'on avait déposée. Voilà, on est PACSés.

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(vendredi)

J'en ai marre de voyager entre Univers parallèles

J'ai pris conscience que je naviguais entre des Univers parallèles en regardant attentivement la rue Mouffetard : au 51 de la rue il y a un magasin qui vend des conneries du genre souvenirs pour touristes, oreillers à l'effigie de Claude François ou autres cadeaux pour des amis particulièrement détestés. Une des décorations de ce magasin est une vache volante (un gadget qu'on accroche au plafond et qui fait des tours en battant des ailes : même un maître zen formé dans les meilleurs temples shaolin doit perdre son sang-froid en cinq minutes à le regarder tournoyer, ce qui prouve que les vendeurs de cette boutique ne peuvent pas etre complètement humains).

Sauf qu'un jour je suis passé devant ce magasin et ce n'était plus une vache volante qui était là, c'était un cochon volant. Un petit détail, certes, mais le petit défaut qui trahit l'existence de la Matrice : quelqu'un avait remplacé l'Univers d'où je venais par quelque chose de beaucoup plus bizarre et de plus inexplicable.

Depuis je fais très attention, et je me suis rendu compte que les petits hommes verts (ou peut-être des gros monstres violets, je ne sais pas) n'arrêtent pas de changer l'Univers dans lequel je vis. Cela se manifeste souvent par les choses les plus insignifiantes et les plus enrageantes. Cela ne concerne pas toujours l'informatique, mais c'est tout de même le plus fréquent. Une chose qu'ils aiment bien faire, c'est censurer Internet : une page Web peut disparaître sans laisser de traces, tout laisse à penser qu'elle n'a jamais existé (et de fait, dans l'Univers où je me trouve, elle n'a jamais existé, alors que dans l'Univers dont je viens, je suis certain que j'avais vu une telle page par le passé). Un exemple idiot : dans l'Univers parallèle où j'ai grandi, il existait un mot, logon, qui désigne une quantité d'information égale à la quantité qu'on peut stocker dans un bit (c'est-à-dire, celle dans laquelle on utilise le log base 2 pour calculer la quantité d'information) ; dans cet Univers-ci, personne n'a jamais entendu parler de logon, on parle simplement de bits d'information. Perturbant. Un autre exemple : dans le monde parallèle d'où je viens, mon fournisseur d'accès avait une page Web où il recensait les anomalies récentes sur son réseau ; je me suis rendu compte lors d'une anomalie récente que non seulement cette page n'existait pas, mais que personne dans cet Univers ne l'avait jamais vue. Dans le monde parallèle d'où je viens, il y avait une version 2.5 de Thunderbird, sortie il y a environ un an les versions 2.0 et 3.0 (cette dernière vient de sortir) : dans ce monde-ci, elle n'a jamais existé.

Bon, trêve de plaisanterie, c'est étonnant la facilité avec laquelle on se persuade de quelque chose qui n'a jamais été le cas. (Ce n'est pas la seule explication possible, d'ailleurs : dans le cas du cochon volant, j'ai constaté après coup qu'il y avait tout simplement bien deux gadgets différents mais semblables, l'un représentant un cochon et l'autre une vache…) Et depuis que j'ai commencé à y faire attention, j'en vois vraiment tout le temps.

Un jour je vais finir par me retrouver dans un Univers parallèle où Isabelle de Castille n'aura jamais été convaincue de l'intérêt de financer la mission de Christophe Colomb de trouver une route vers les Indes par l'ouest, et où le Nouveau monde aura été découvert par Amerigo Vespucci ; j'imagine que dans cet Univers parallèle le continent porterait du coup un nom comme Amérique, et là je saurai qu'il y a vraiment quelque chose qui ne va pas.

Ajout : webcomic pertinent.

Ajout 2 () : Le terme psychiatrique standard est confabulation ; mais l'« explication » avec des univers parallèles, que je ne suis apparemment pas le premier à « découvrir », traîne sur Internet, et il y a des gens qui, au moins quand il s'agit d'un phénomène collectif, appellent ça le Mandela Effect (parce qu'ils viennent d'un monde parallèle où Mandela est mort en prison dans les années '80) : voir notamment ici, ici (un peu clickbaitesque, mais bon…) ou enfin cette vidéo qui reprend les mêmes exemples. (Et bien sûr, on peut aussi faire référence au Tlön de Borges.)

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(dimanche)

Le petit bonnet rouge

Il fut un temps où je parlais plus souvent sur ce blog de mes expérimentations vestimentaires (genre, ou ), c'est-à-dire ma façon de mélanger n'importe quoi jusqu'à satisfaire — en me regardant dans un miroir — mon attirance instinctive pour la provocation involontaire (ou pour le ridicule), mon sens esthétique d'ado post-attardé et décalé, ou mon goût de chiottes notoire en matière de garçons (le poussinet ne doit pas se sentir vexé, ce n'est pas systématique).

Récemment je me suis acheté le livre Dictionnaire du look (Une nouvelle science du jeune) de Géraldine de Margerie et Olivier Marty (éditions Laffont) (présenté ici) : c'est un inventaire assez éclectique et disparate de tout un tas de looks de djeunz ou de moins djeunz (bcbg, bling-bling, bobo, caillera, fluokid, metalleux, modasse, punk à chien, skateur, teuffeur…), tentant parfois de présenter les modes de vies de tribus urbaines. Ce n'est pas très sérieux, mais c'est justement rigolo parce que ça ne se prend pas au sérieux. Par contre, on peut regretter que le choix des looks traités manque un peu de cohérence ou d'exhaustivité, au moins superficielle (pourquoi, par exemple, ne pas avoir consacré un chapitre aux gothiques alors qu'il y en a un pour les plus spécifiques gothic lolitas ?).

Mais j'ai au moins apprécié qu'ils proposent un nom pour un look dont je me suis souvent demandé comment l'appeler : ces jeunes dreadlockés bohême, vaguement néohippies ou cirqueux, en pantalon bouffant, vieux pull, keffieh et parfois bonnet péruvien, qu'on imagine facilement arpentant, pétard à la bouche, les couloirs d'un hypothétique cours de médiation culturelle à Paris VIII. (Mon poussinet les appelle les je-vais-sauver-le-monde.) Le dictionnaire en question les nomme les Jah-Jah : même si une recherche Google images ne confirme pas trop la popularité du terme, il a le mérite d'être assez inambigu.

Mon look actuel n'est pas recensé, évidemment. Pour ceux qui veulent l'imaginer (non, je n'ai pas de photos, il faudra que je propose au poussinet d'en prendre), je peux le décrire façon magazine de mode et avec des liens[#] puisque j'ai quasiment tout acheté en ligne. Le Ruxor, donc, porte un hoodie DC Shoes noir avec logo blanc au ventre[#2], un pendentif dent en acier Oxbow (au-dessus du sweat), un blouson en cuir Schott[#3] à capuche avec logo au dos, un treillis camouflage de surplus[#4] militaire (armée française) et ceinture assortie (ou bien, certains jours, un jean baggy non marqué), des baskets « street » DC Shoes ou Rip Curl[#5] et des mitaines en cuir portées sur des sous-gants en soie noirs Go Sport[#6][#7]. Les tee-shirts (généralement plusieurs épaisseurs, le Ruxor étant frileux) varient évidemment beaucoup. Mais l'accessoire vraiment unique pour parfaire la Ruxor touch et s'habiller en rouge et noir, accessoire fort approprié en cette saison de saturnales, c'est le bonnet rouge (mais alors vraiment rouge vif, uni : en fait, c'est un bonnet de pompier[#8]), à porter bien enfoncé sur la tête (en laissant juste dépasser une ou deux mèches dans le cou), et avec un air gentiment niais. Le bonnet rouge permet qu'on me repère de loin (pratique quand le poussinet s'est attardé pour faire une bêtise, et se demande où je suis passé), ou d'attirer le regard. D'ailleurs, hier, à la Fnac, je me suis fait draguer[#9] par un djeunz habillé assez comme moi (treillis, chaussures de skate, hoodie sur les épaules et pendentif au cou) mais qui n'avait pas un joli bonnet rouge comme le mien : je suis sûr que c'est ça qui l'a rendu envieux !

[#] Liens qui seront inévitablement cassés dans trois mois, puisque les gens qui tiennent des sites marchands tels que ceux-ci n'ont pas encore compris l'avantage qu'il pouvait y avoir pour eux à ne pas casser leurs URL à chaque refonte du site.

[#2] Le logo me vaut d'ailleurs un certain nombre de questions (les gens qui ne connaissent pas lisent souvent DG et demandent par exemple si c'est Dolce & Gabbana : décidément, non, par contre, il y a une ressemblance indéniable avec le logo Chanel).

[#3] Tiens, il est nettement plus cher que quand je l'ai acheté, celui-là.

[#4] Ce n'est pas par ce site-là que je l'ai acheté, mais le principe d'un article réglementaire doit être qu'il ne varie pas beaucoup.

[#5] Ce modèle précis n'a plus l'air d'exister.

[#6] Article que je renonce à trouver sur le site Web de la marque Go Sport, vu combien celui-ci est mal organisé (les articles ne semblent trouvables que dans le rayon d'un certain — et unique — sport, et je ne sais pas quel serait le sport dont des sous-gants en soie seraient un accessoire).

[#7] Je suis content de la trouvaille de porter des sous-gants en soie sous des mitaines : quand il ne fait pas atrocement froid, c'est un bon compromis pour se protéger les mains tout en gardant une certaine dextérité et sensibilité digitale.

[#8] Enfin, paraît-il ! Je n'ai en fait jamais vu un pompier porter un pareil bonnet. Mais au moins c'est la couleur emblématique rutilante.

[#9] Le poussinet et moi ne nous privons pas de mater copieusement (et de nous signaler mutuellement) les jolis garçons que nous croisons, et il y a sans doute du vrai dans l'idée que les homos sont sans doute les seuls à le remarquer — ou en tout cas, à comprendre pourquoi on les regarde. Le mec en question, j'ai commencé à le regarder par les pieds (parce que je regardais d'abord des livres situés au niveau du sol), j'ai remonté le regard parce que le look me plaisait, et le temps que j'arrive à la tête et que je m'aperçoive qu'il n'était pas mal du tout, il avait bien vu que je le zyeutais : il me souriait copieusement, et il a engagé la conversation. Ce sur quoi j'ai fui dare-dare, parce que (malgré mon bonnet rouge) je suis timide comme un écureuil bleu. Quand je lui raconte ce genre de choses, mon poussinet rigole gentiment de moi.

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(mercredi)

Lave-linge kaputt

Ce matin[#], mon poussinet veut faire une lessive : le lave-linge ne répond pas (aucune lumière ne s'allume, rien du tout). Panique à bord ! Le poussinet commence à vérifier la prise et les fusibles, mais je me rends compte qu'en fait c'était juste le couvercle qui était mal fermé. Ouf.

Sauf que deux lessives plus tard, en début de cycle d'essorage, on entend un grand POUF, et on sent une odeur de caoutchouc brûlé dans toute la cuisine. Cette fois, le lave-linge est réellement mort (et un fusible de 20A avec lui), après environ dix ans de plus ou moins bons et raisonnablement loyaux services. Je suis estomaqué de la coïncidence — le matin on pense ce serait horrible que la machine à laver tombe en panne et le soir c'est une réalité —, mais je ne vois vraiment pas quel lien de cause à effet il pourrait y avoir.

Le problème n'est pas tant qu'un lave-linge-combiné-séchant coûte cher (ça a plutôt baissé en prix depuis dix ans). C'est plutôt qu'un 30 décembre on ne va pas obtenir une livraison avant une semaine et qu'on a besoin de faire des lessives avant (et que le lavomatic, c'est vraiment une perte de temps vu qu'il faut rester tout le temps surveiller qu'on ne se fait pas voler). Mais c'est surtout que, vue la façon dont les meubles de notre cuisine sont encastrés, bouger quoi que ce soit ressemble à un jeu de sōkoban (il faut commencer par retirer le frigo, puis tirer la machine à laver, puis déplacer le meuble adjacent au frigo, pour pouvoir enfin bouger latéralement la machine à laver…) : ce n'est pas seulement compliqué, c'est fatigant et on risque sans arrêt de casser plein de choses. On a même cru un instant qu'il faudrait démonter des placards posés au mur depuis l'installation de la machine.

Mon poussinet, qui aime bien jouer au MacGyver, démonte tout en me jurant mais si, c'est certainement un truc évident qui a grillé, et ça doit se remplacer facilement (tu parles, il ne retrouve même pas quelles vis vont en face de quels trous quand il s'agit de remonter ce qu'il a défait), puis on peut quand même faire appel à un réparateur (sauf que là c'est pas une semaine sans lave-linge qu'il faudra tenir, c'est un mois). Je finis par le convaincre que, non, le plus raisonnable est vraiment de mettre l'appareil cassé aux encombrants (en espérant qu'ils contactent Emmaüs pour voir si ça peut être sauvé) et d'en racheter un neuf. Miraculeusement, la mairie de Paris peut enlever l'ancienne machine un 31 décembre, et Darty me propose une livraison pour dimanche. Et aussi, heureusement que nous habitons au rez-de-chaussée.

Par contre, entre temps, on abîme le pas de la porte en jouant à déplacer le frigo, on découvre une fuite dans une gaine de l'immeuble qui passe dans le coin de notre cuisine, le poussinet finit sa lessive dans la baignoire et attrape des ampoules aux mains et son linge déteint, etc. Les contrariétés ne viennent jamais seules ! (Le POUF s'est produit à 21h, il est maintenant 1h30 du matin, et on n'a toujours pas fini de s'occuper des conséquences indirectes de cette panne.)

[#] Plus exactement, vers 14h du matin.

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(lundi)

Confusion nocturne

Je me réveille assez souvent pendant la première partie de la nuit (c'est-à-dire, très grossièrement, dans les 3h après m'être endormi) en étant complètement désorienté par exemple quant à l'endroit où je me trouve. Généralement cela fait suite à un rêve, ou une sorte de rêve.

Un thème commun de ce rêve, par exemple, serait que je suis entré dans un endroit plus ou moins labyrinthique et que je ne sais plus en sortir ou que je suis enfermé (les psychanalystes de comptoir auraient certainement beaucoup à dire sur ces thèmes-là !). Ou encore je rêve que quelqu'un a éteint la lumière alors que je suis dans un endroit qui m'est très peu familier et que je veux en sortir mais que je ne sais plus bien où est la sortie ni où est la lumière (ou même je rêve que je me suis endormi dans une maison que je ne connais pas, et que je me réveille et que je ne sais plus où sont les toilettes) : dans ces derniers cas, le rêve touche de très près à la réalité, et même lorsque, dans la réalité, je suis simplement chez moi, je me réveille complètement perdu. (Et parfois, je cherche la lumière une fois réveillé, justement je ne la trouve pas, ce qui alimente encore le même rêve.) Parfois aussi je fais un peu de somnambulisme et je me mets dans un état semi-endormi à chercher la sortie du labyrinthe de mes rêves[#]. J'en ai déjà parlé.

Ma confusion ne concerne pas forcément l'endroit où je suis. Parfois je me réveille en disant quelque chose de complètement incompréhensible (enfin, cela devait probablement être compréhensible si on connaissait le rêve qui précédait, mais moi-même je l'oublie très rapidement). Je réveille de temps en temps mon poussinet, comme ça, qui ne comprend pas plus que moi ce qui lui arrive. D'ailleurs, la même chose lui arrive aussi (mais plus rarement, je crois, et je ne crois pas qu'il ait jamais cette sensation d'être perdu).

Ce qui est bizarre, c'est que ça n'arrive presque que dans les premières heures du sommeil. Quand la nuit est bien plus avancée, je peux faire rêve sur rêve (et il m'arrive là aussi de rêver de labyrinthes, même s'ils prennent une forme assez différente) et même si on me réveille au cours de ceux-ci, je n'ai peut-être pas l'esprit complètement frais, mais je n'ai pas cette confusion caractéristique des débuts de nuit.

[#] Il m'est arrivé d'appeler au secours, cependant, quand j'étais plus petit, notamment quand j'étais vraiment dans un endroit que je ne connaissais pas et que je n'avais pas repéré les lieux. La panique de ne retrouver ni la porte de sortie de la pièce, ni l'interrupteur de lumière, pouvait être vraiment terrible.

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(lundi)

Provoquer des rencontres

Ce week-end, j'ai mis en contact deux amis que je connaissais séparément, en espérant qu'ils sympathisent. Chose qui n'a rien de remarquable (sauf à la rigueur le fait que ces deux amis habitent à 8977km(±2km) de chez moi à vol d'oiseau) ; mais, finalement, je n'ai pas souvent l'occasion de le faire : beaucoup de mes amis se connaissent déjà entre eux, ou quand ce n'est pas le cas, il est souvent soit peu souhaitable (humeurs probablement incompatibles, centres d'intérêts trop disjoints) soit probablement difficile (connaissance limitée à un cadre restreint, emplois du temps difficiles à concilier) de les amener à se rencontrer. C'est dommage.

Je pense pourtant que je devrais — et qu'en général « on » devrait — faire des efforts pour rassembler des gens qu'on connaît et qui auraient des chances de pouvoir s'entendre, voire devenir amis (ou, pourquoi pas, plus) si affinités : on s'extasie sur des sites web de réseaux sociaux (le plus récemment Facebook, même si celui-ci exploite en vérité assez peu la notion d'ami d'ami), mais dans la vraie vie j'ai l'impression qu'on explore assez peu qui nos amis d'amis et amis d'amis d'amis peuvent nous amener à rencontrer[#].

Il y a déjà assez longtemps, j'avais proposé un système pyramidal consistant, pour résumer, à inviter à dîner six amis qui (autant que possible) ne se connaissent pas les uns les autres, afin qu'ils se rencontrent et lient connaissance, puis leur demander que chacun reproduise le schéma (en plaçant celui qui les a invités au préalable dans la liste des convives) — et ainsi de suite récursivement. Comme beaucoup d'idées que j'ai eues, je me sens idiot de ne jamais l'avoir mise en pratique ; je devrais y reréfléchir ou, au moins, rédiger proprement des « règles » d'un tel système de rencontres et lui donner un nom accrocheur, après tout ça pourrait être un mème à succès[#2].

[#] Sauf peut-être quand il s'agit d'obtenir une faveur (le piston social) : c'est sans doute utile d'apprendre à cette occasion qu'on a forcément un ami qui connaît un proche de tel ou tel ministre, mais il y a beaucoup d'autres gens intéressants dans la vie que des proches de ministres.

[#2] Il y a des petits jeux du même genre avec des livres, par exemple (comme des chaînes, où on reçoit un livre qu'on est invité à lire et à donner à quelqu'un d'autre après avoir inscrit son nom dedans), qui ne sont pas moins sympathiques.

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(samedi)

« Kiss-in », la Défense, musée de l'informatique

Cet après-midi, mon poussinet et moi nous sommes fait des bisous en public. C'est pas que ça nous arrive rarement, mais là c'était appuyé, et organisé : à 16h, place Carrée du Forum des Halles (et au même moment dans d'autres villes de France), plein de couples de garçons, et plein de couples de filles, et aussi des couples garçon+fille, se embrassés sous les regards généralement curieux, souvent amusés, parfois hostiles, de la foule de passants du samedi après-midi, et aussi de beaucoup de gens qui visiblement avaient eu vent de l'événement mais qui n'y participaient pas (je ne comprends pas bien pourquoi : homos célibataires ? hétéros qui n'osaient pas participer ? curieux qui se demandaient pourquoi tant de gens se rassemblaient là ?). À la fin, il y a eu des applaudissements assez appuyés. Je ne sais pas si ça fait beaucoup progresser la lutte contre l'homophobie, mais c'était amusant.


[L'Arche de la Défense][Le parvis de la Défense]Après ça, nous avons profité de la ligne 1 pour aller à la Défense. C'est idiot : ce n'est vraiment pas loin de Paris, mais je n'y suis quasiment jamais allé, et pourtant, ça vaut la peine, parce que c'est un endroit finalement assez agréable (bien aménagé pour le piéton) et architecturalement intéressant (il y a quelques horreurs, certes, mais la composition d'ensemble me plaît).

Nous sommes allés visiter le musée de l'Informatique au toit de la Grande Arche. Ce n'est pas bien grand (c'est même tout petit), mais leurs collections sont tout de même intéressantes pour qui aime les ordinateurs plus ou moins vieux ; par contre, elles manquent vraiment d'organisation, il y a un sens de la visite marqué, mais il ne respecte que très approximativement l'ordre chronologique, on repasse aléatoirement des années '80 à la carte perforée. Et les explications sur les caractéristiques des machines exposées sont un peu sommaires. En ce moment, ils ont une exposition sur le Macintosh, qui expose (quasiment tous ?) les modèles du précurseur (le Lisa) au présent, en passant par le tout premier Mac, le iMac, mais aussi le NeXT : cette exposition est beaucoup mieux organisée, pour le coup.

Par contre, le toit de la Grande Arche n'est guère intéressant pour ce qui est de la vue (bizarrement, elle est presque meilleure depuis la base). Il n'y a que la montée en ascenseur qui vaille le coup de ce point de vue-là. À condition de ne pas avoir le vertige comme moi.

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(jeudi)

Le poussinet intermittent

Mon poussinet part demain (à l'aube) pour Bordeaux, où il va commencer une thèse. C'est-à-dire que désormais (ou en tout cas, prochainement) il habitera une partie de la semaine en Aquitaine et une partie de la semaine en Île-de-France (quelle partie exactement, cela reste à déterminer avec l'usage et les besoins de sa recherche !). On se demande comment ça va se passer pour nous d'être célibataires à mi-temps… Mais même si c'est a priori pour trois ans, finalement je suis moins inquiet que quand il était parti au Canada : l'idée de ne pas le voir pendant longtemps était beaucoup plus pénible que l'idée de le voir moins souvent. Après, le temps nous dira comment ça se passera. En attendant, mon poussinet s'est armé d'une clé 3G et de son fidèle téléphone Android : les moyens de communication ne nous manqueront pas.

De leur côté, mes parents partent aussi bientôt, mais dans leur cas c'est pour quelques vacances au Canada (pour y voir là-bas ma famille — c'est-à-dire la famille de mon père).

(Et hop, cinq entrées pour le même jour. Je crois que je n'avais encore jamais fait ça.)

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(jeudi)

L'esprit d'autruche

Quand je me trouve dans une situation où je n'ai pas fait quelque chose que j'aurais dû, il m'arrive d'avoir une réaction d'autruche. C'est-à-dire, ne plus réagir, et occulter mentalement la question en espérant que « personne ne remarque ». C'est complètement idiot et puéril, mais c'est souvent plus fort que moi. Par exemple c'est souvent le cas pour ce qui est de répondre à un mail : quelqu'un m'envoie un mail, pour une raison ou une autre je ne réponds pas immédiatement, je laisse traîner, et plus je traîne plus je me sens mal à l'aise à l'idée de répondre, donc moins il est probable que je finisse par le faire. Mais en plus, cette attitude idiote peut faire que je vais éviter la personne concernée (de peur qu'elle évoque le sujet), ou que je ne la contacte pas pour tout autre chose. Et il n'y a pas que les mails qui sont concernés par ce phénomène — ça peut devenir une vraie maladie.

D'où les deux graves questions que je me pose : comment faire pour l'éviter (préventivement) et comment guérir le phénomène une fois qu'il s'est installé ? La réponse évidente, c'est de l'ignorer (puisque c'est quelque chose d'auto-entretenu) — mais l'expérience montre que ce n'est pas si facile !

Une autre questio, car je ne suis sans doute pas le seul à souffrir de ce phénomène, c'est comment organiser mes interactions avec d'autres pour leur éviter cet effet autruche.

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(jeudi)

Le Adidas Team Force est-il en voie de disparition ?

Après je ne sais combien de tentatives, j'avais fini par trouver un parfum dont j'étais content : Adidas Team Force, à la fois comme gel douche, déodorant bille, déodorant spray et eau de toilette. Globalement je n'aime pas trop les eaux de toilette « de marque » (c'est-à-dire vendues en parfumerie : Calvin Klein, Hugo Boss, Ralph Lauren, ce genre-là), je trouve que ce sont des odeurs trop marquées, j'aime porter quelque chose de plus basique (ou peut-être de plus jeune, je ne sais pas comment dire, et en tout cas moins cher). Donc a priori plutôt du côté de chez Adidas ou Airness ou Axe. (D'accord, c'est sans doute aussi un peu un truc d'homo : Adidas et Airness, ce sont des marques très nettement homo-érotiques, non ? 😉) Mais même de ce côté-là, je suis loin d'être content de tout. Bref, la série Team Force d'Adidas avait fini par me donner satisfaction.

Et voilà qu'Adidas a l'air d'être en train de la supprimer ! En tout cas, les déodorants (bille et spray) ne se trouvent plus ni dans mon Champion Carrefour local ni dans un ou deux Monoprix que j'ai essayés, l'eau de toilette à peu près non plus, et je me demande si le gel douche ne va pas subir le même sort.

C'est con, mais j'ai fini par associer mentalement assez fortement cette odeur à moi-même, ça m'embête vraiment si elle disparaît.

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(mercredi)

La mythomanie en exercice

J'ai cette théorie selon laquelle les gens mythomanes ne sont (généralement) pas des gens qui inventent des choses fausses mais qui savent raconter des choses vraies en les présentant de façon qu'on les trouve beaucoup plus remarquables qu'elles ne le sont vraiment. (Comme l'a écrit Asimov et que j'aime bien le citer : The closer to the truth, the better the lie, and the truth itself, when it can be used, is the best lie.)

Chacune des affirmations suivantes me concernant est rigoureusement exacte (en tout cas, pour autant que je sache). Pourtant, aucune n'est remarquable : soit elles omettent des précisions qui font que, bien que vraies, elles n'ont pas le sens qu'on pourrait leur prêter, soit elles sont simplement formulées de façon gratuitement sensationnaliste, et certaines sont même vraiment tirées par les cheveux (bien que techniquement vraies).

  • J'ai déjeuné au restaurant de l'Assemblée nationale, et j'ai été reçu dans le salons privés de la présidence du Sénat.
  • J'ai rencontré un ancien Premier ministre du général de Gaulle.
  • À une certaine époque, ma mère serrait régulièrement la main de Jacques Chirac.
  • Mon père a été en tête-à-tête avec la reine d'Angleterre, qui l'a salué.
  • J'ai échangé des mails avec l'inventeur d'Internet.
  • J'ai parlé avec Stephen Hawking.
  • Un article sur moi est paru dans Le Parisien, et j'ai fait l'objet d'un reportage télé.
  • J'ai discuté avec un membre de l'Opus Dei ouvertement homosexuel.
  • Un de mes amis d'enfance a été tué dans un attentat.
  • J'ai circulé dans la rue à Paris en toge romaine.
  • J'ai été pris en photo, entièrement nu, dans une salle de cours, à l'ENS, et de même dans le lycée de Nogent-sur-Marne.
  • J'ai fait cadeau à un ami d'un rubis d'une dizaine de carats.
  • J'ai eu un découvert d'environ 60000€ pendant à peu près une semaine sur mon compte en banque, et je n'ai pas payé d'intérêts.
  • Je suis l'arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-petit-thésard de Lagrange.
  • Victor Hugo était le cousin germain de mon arrière-arrière-(arrière?)-grand-père ; et l'arrière-grand-mère de Napoléon est mon ancêtre.
  • Je porte le nom d'un chevalier de la table ronde.
  • J'ai fait l'objet d'un culte religieux.
  • J'ai reçu des menaces de mort.
  • Je suis l'objet d'un article d'une encyclopédie très consultée.
  • Le guide Who's Who m'a demandé l'autorisation d'ajouter une entrée sur moi.
  • J'ai récemment passé un bon nombre d'heures en compagnie du beau-frère d'Ewan McGregor à interviewer de jeunes talents.
  • J'ai été le petit ami de la petite-nièce (ou arrière-petite-nièce, ou arrière-petite-cousine, je ne sais plus exactement) du maréchal Leclerc.

Je dois pouvoir en sortir un certain nombre d'autres mais, surtout, je suis sûr qu'à peu près n'importe qui doit pouvoir trouver des choses de ce genre (et, de fait, je connais des gens qui se sont livrés au même exercice, et avec un succès assez étonnant).

Je ne crois pas que je donnerai la clé des mystères (ou en tout cas, pas de tous — parce que certains ont déjà été éclaircis sur ce blog), parce que c'est un peu comme un tour de magie : quand on connaît le truc, c'est désespérément banal et inintéressant.

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(mardi)

Vacances

Comme chaque année depuis quelques unes (années), je vais passer quelques jours en montagne où j'y retrouve mon poussinet (et je vais essayer de calmer mes nerfs après la perte d'une de mes machines — celle, regulus.xn--kwg.net, qui me servait à recevoir mes mails : ça ne veut pas dire que mon mail ne marche plus, mais j'ai perdu beaucoup de temps dans l'opération).

En attendant, je mentionne une webbédé sur laquelle je suis tombé (et qu'on m'avait en fait certainement déjà signalée à plusieurs reprises, et que j'avais dû à chaque fois oublier ou avoir la flemme d'aller voir, shame on me), parce que ce que j'en ai lu pour l'instant me semble vraiment excellent : Khaos Komix. Ce n'est pas vraiment un webcomic, plutôt une histoire qui se suit (ou des histoires qui se suivent et se répondent), et, oui, ça intéressera surtout les homos, mais les histoires sont toute mignonnes et j'aime beaucoup le dessin — disons même que je trouve très sexys la plupart des garçons qui apparaissent. (Message personnel : je pense que ça plaira à mon poussinet, qui est cependant vivement invité à lire ses articles en priorité😉)

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(vendredi)

Flûtes en série

[Peluches jouant de la flûte à bec]Quand j'étais petit, mes parents (enfin, surtout ma maman) m'ont fait suivre des cours de flûte à bec. (C'est d'ailleurs sans doute pour ça que je manie si bien le pipo maintenant.) Leur raisonnement était sans doute que, comme j'étais (étais ?) du genre pénible et flemmard, c'était l'instrument le plus facile à me faire avaler (façon de parler), et pour passer la pilule ils m'ont mis dans une petite école de musique sans prétentions et pas un conservatoire (ça c'était certainement un bon choix). En fait, la flûte était probablement un mauvais calcul : d'une part, le répertoire de la flûte à bec, pour quiconque n'est pas mordu de musique baroque, est, pardonnez-moi le terme, prodigieusement chiant : ce ne sont que gigues, gavottes, bourrées, menuets, gaillardes, rondeaux, pavanes, sarabandes, passacailles, courantes (quand je disais que c'était chiant — OK, je sors) et autres danses baroques au nom rébarbatif. Jamais le moindre air mémorisable ou connu (je crois que le seul morceau qui m'ait vraiment plu de mes années de flûte, c'était un ensemble de variations sur Greensleeves). Certes, j'imagine que le problème est un peu le même (mutatis mutandis, c'est-à-dire en remplaçant les danses baroques par je ne sais quoi) avec n'importe quel instrument autre que le piano ou le chant (si on considère le chant comme un instrument), puisque aucun des thèmes célèbres qui peuvent nous flotter dans la tête n'a été écrit pour un instrument seul sauf l'un de ces deux-là, et puisque les gens ont une répugnance assez idiote à faire jouer sur un instrument Y ce qui était prévu pour un instrument X. Mais je m'égare. Toujours est-il que j'ai abandonné l'étude de l'instrument quand j'ai eu l'impression de trop tourner en rond. Et l'autre problème avec la flûte, c'est que quand quelqu'un vous demande et tu as appris à jouer d'un instrument de musique ? et que vous lui répondez la flûte à bec, il ricane en disant je ne voulais pas dire au collège et vous êtes obligé de lui expliquer que, si, si, vous avez bouffé des gigues-gavottes-bourrées-menuets ad nauseam — bref, c'est socialement handicapant. Peut-être parce que les musiciens ont ce petit côté snob qui veut que quelqu'un qui joue sur un instrument en plastique qui a coûté 30€ à tout casser, et qui a une tessiture minable de deux octaves et un ton, il ne mérite guère de considération.

[Comparaisons de tailles de flûtes à bec]Mais il y a une chose qui me fascinait (quand j'étais gamin, et encore maintenant), avec la flûte, c'était qu'il y en avait plusieurs modèles, tous avec exactement le même doigté à transposition près : en descendant alternativement d'une quarte et d'une quinte, la sopranino (en fa), la soprano (en do), l'alto (en fa), la ténor[#] (en do), la basse (en fa) et la grande basse (en do) ; et, si on va chercher des choses ésotériques, il y a même la garklein (en do) au-dessus de la sopranino, et la contrebasse ou plus loin en-dessous de la grande basse. Ça a quelque chose de profondément satisfaisant pour l'esprit d'un matheux ou d'un geek (et probablement de beaucoup de gens, en fait), cette idée d'une famille d'instruments qui fonctionnent tout pareil en changeant juste la note de base. Il y a bien sûr beaucoup d'instruments qui fonctionnent comme ça, c'est même très commun. Mais à part l'exemple évident, quoique imparfait, du violon, de l'alto, du violoncelle et de la contrebasse[#2], dans la plupart des autres exemples qui viennent à l'esprit un des modèles s'est nettement imposé par rapport aux autres : un saxophone soprano, une clarinette alto ou un hautbois d'amour, c'est un petit peu inhabituel — en tout cas, je ne crois pas en avoir croisé autrement qu'en photo. On me rétorquera que la flûte à bec soprano est elle aussi plus commune que les autres (on en trouvera dans n'importe quel supermarché), à cause de son usage scolaire[#3], mais d'une part c'est récent (on me souffle 1979 pour l'introduction de cours de flûte à bec au collège en France) et d'autre part les flûtes autres que soprano restent très courantes, c'est juste que la soprano est extraordinairement courante. Mais je m'égare.

J'ai joué de la flûte soprano et alto quand j'étais petit, et je n'avais jamais eu que ces deux modèles. J'ai bien parfois tenu les parties pour ténor dans des morceaux (gigues-gavottes-bourrées-menuets), mais notre prof de flûte me prêtait alors la ténor pour l'occasion et si je devais la répéter chez moi je la répétais sur une soprano[#4]. J'ai peut-être brièvement joué sur une basse, mais guère. Quant à la sopranino, elle était inconnue au bataillon[#5] (il paraît qu'elle sert surtout dans des œuvres orchestrales). Bref, je n'avais même pas eu la satisfaction mentale d'avoir un jeu raisonnablement complet.

Alors j'ai décidé l'autre jour que, flûte à la fin !, je pouvais bien remplir ce rêve de gamin : je me suis acheté une sopranino, une soprano, une alto et une ténor (du même fabricant, et autant que possible du même modèle, toujours pour la satisfaction intellectuelle d'avoir une série cohérente). Il faut bien profiter du fait que la flûte à bec est le seul instrument (à part l'harmonica ?) pour lequel on puisse avoir quelque chose de convenable pour un prix complètement dérisoire. Je n'ai pas pris de basse parce que c'est quand même un peu cher et très encombrant[#6], ni de garklein parce que j'avais oublié que ça existait. Mon but n'est certainement pas de me remettre à l'étude de la flûte. Plutôt de flûtoter comme on peut pianoter, c'est-à-dire, jouer des airs qui me passent par la tête (parce que ce sont des mélodies connues, des thèmes que j'essaie d'identifier, n'importe quoi de ce genre) et certainement pas des morceaux composés pour flûte (gigues-gavottes-bourrées-menuets !). Les voisins vont me haïr (mais pas tant que ça : les notes aiguës passent mal à travers les murs, et notre immeuble est bien insonorisé, et de toute façon je m'en lasserai vite).

Par contre, il y a une chose qui m'intrigue nettement : c'est pourquoi les flûtes ne sont pas des images homothétiques les unes des autres. L'espacement entre les trois derniers trous est le même sur ma ténor que sur l'alto : pas dans les mêmes proportions, mais bien le même dans l'absolu.

[#] Le Club Contexte souligne que, malgré les ressemblances de nom avec les noms des registres pour de chant, ils ne collent pas du tout : la flûte à bec ténor a approximativement la tessiture d'une voix humaine soprane, la grande basse a approximativement la tessiture d'une voix humaine ténor, etc. (La flûte à bec sopranino monte une bonne octave au-dessus des très hautes notes des voix sopranes dans les opéras italiens.) Globalement, les flûtes à bec sont une octave plus haut que ce que leur nom semble indiquer, et par ailleurs — et le Club Contexte jubile — on les note généralement une octave plus bas que le son qu'elles produisent, ce qui alimente la confusion.

[#2] Il y a des trous dans cette liste : s'il existe un instrument qui joue comme un violon mais pile une octave plus bas, cet instrument doit être passablement rare. Et de toute façon la contrebasse est un intrus puisque ses cordes sont normalement accordées par quartes et non par quintes.

[#3] Pourquoi précisément la soprano ? Manifestement la ténor (ou a fortiori n'importe quoi de plus gros) est trop grosse pour des doigts d'enfants, trop encombrante pour un cartable, et trop chère pour un instrument que tous les collégiens achèteraient en masse : donc le choix était entre la sopranino, la soprano et l'alto. Peut-être que le choix a été fait car on préférait une flûte en do (mais il n'y a pas de raison, en fait, comme les partitions à la flûte sont toujours marquées telles que jouées, le doigté en do n'a rien de plus « fondamental » que le doigté en fa si on va n'en apprendre qu'un) ; ou peut-être que la sopranino risquait d'être trop stridente (je frissonne à l'idée d'une classe entière jouant — mal — sur une sopranino) et l'alto encore un peu trop grosse ou encombrante.

[#4] La soprano et la ténor ayant le même doigté (celui des flûtes en do, si on a bien suivi). En fait, mon cerveau avait un peu du mal avec ça, parce qu'à force de jouer sur la soprano et l'alto, il avait câblé : grosse flûte entre les mains ⇒ jouer les doigtés de la flûte en fa. Du coup j'avais du mal sur une ténor.

[#5] C'est dommage, parce que je la trouve vraiment adorable, la sopranino : elle a quelque chose d'un petit jouet miniature qui la rend irrésistible. Et son son n'est pas aussi perçant qu'on pourrait le craindre !

[#6] Les instruments à vent sont forcément, à hauteur donnée, beaucoup plus encombrants que ceux à corde, puisque le son voyage plus vite dans un solide que dans l'air : or la taille de l'instrument est grosso modo corrélée à la longueur d'onde — quoique avec des subtilités comme pour savoir si on produit un nœud ou un ventre d'onde aux extrémités —, alors qu'on perçoit le son par sa fréquence. Une flûte à bec basse n'est pas si grave que ça : mais elle fait un mètre de long.

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(samedi)

Quelques mots en bref

Je fais passer cette année encore des oraux de TIPE (de maths) du concours des ENS : ce sera un peu plus léger qu'en 2008 ou 2007 (mon co-examinateur a demandé à avoir moins d'heures pour des raisons personnelles, donc c'est l'autre jury qui prend la charge en plus), mais c'est quand même fatigant. Par chance, cette année, j'avais justement un jour de libre entre les oraux (qui ont lieu même le week-end) en ce dernier samedi de juin, donc j'ai pu aller à la gay pride marche des fiertés avec mon poussinet (qui, pour sa part, sortait tout juste d'un torticolis très torticolesque[#]). Et nous avons photographié plein de garçons mignons, mais je ne sais pas si les photos, prises par téléphone, rendront très bien.

Parce que j'ai un nouveau téléphone : non, pas celui dont je parlais il y a quelques jours (un HTC Touch dont mon papa ne voulait plus, et qui s'est avéré franchement insupportable à l'usage) mais un vraiment nouveau, un Android Developer Phone[#2] (je suis donc enregistré comme développeur Android, mazette !). Je dirai plus dans une (voire, des) entrées ultérieures ce que je trouve bien et pas bien avec ce gadget, mais c'est sûr que pour un geek c'est vraiment intéressant comme jouet. Je pense que je vais faire un peu de programmation Java cet été !

[#] À ce sujet, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'adore cette photo d'un cochon d'Inde avec un torticolis. On trouve vraiment tout, sur le Web.

[#2] Le cours du dollar par rapport à l'euro est assez bas pour qu'il soit vraiment intéressant d'acheter ça : même en comptant les frais de port et de douane, ça revient finalement moins cher qu'un téléphone sensiblement équivalent, mais verrouillé, acheté en France. (L'intérêt principal du developer phone est qu'il est complètement déverrouillé.) Par ailleurs, la livraison a été très rapide (moins de 48h entre la commande en ligne et la réception du paquet, qui venait de l'Illinois, je trouve que c'est assez fort).

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(lundi)

Daisy, la peluche anti-stress

[Photo de peluche]Je voulais vérifier que j'arrivais à transférer des données depuis mon téléphone à la con (ce qui, soit dit en passant, marche assez mal), alors j'ai pris une photo de la peluche que je n'avais pas encore montrée sur ce blog : je vous présente Daisy, la vache-bouboule anti-stress et anti-anxiété (ici sur un lit chez mes parents).

Le jour (entre août et octobre 2007, je ne sais plus exactement quand) où mon poussinet est rentré en me disant qu'il avait acheté une nouvelle peluche, j'ai fait une mine sceptique ; et puis il m'a montré cette bestiole toute souriante et j'ai immédiatement craqué.

Voilà, c'était l'entrée pour perdre le vague semblant de sérieux qu'il pouvait rester à ma réputation. ☺️

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(mercredi)

Mon nouveau téléphone (ou presque — ou pas)

J'ai déjà dû raconter que mon père est dans le genre technogadgetophile impulsif qui achète tout ce qui lui passe sous les yeux (comme en témoignent chez mes parent les tiroirs entiers remplis de webcams). Il y a un certain temps, il s'était acheté un téléphone à écran tactile, que j'avais pris de loin pour un iPhone (mon père m'en avait fait une description confuse) et qui est en fait un HTC Touch. Il a ensuite décidé qu'il n'en voulait plus (notamment à cause de l'autonomie exécrable et de problèmes d'utilisabilité). Comme mon propre téléphone mobile, nettement moins sophistiqué, commençait à devenir franchement inutilisable à force de touches qui se mettaient à marcher de moins en moins (comme la touche flèche haut, ce qui est gênant), je me suis dit qu'un mauvais téléphone à écran tactile vaudrait toujours mieux qu'un téléphone basique dont le clavier est mourant, et j'ai récupéré la bestiole (que mon poussinet a trouvé pour moi comment désimlocker).

Je ne dirai pas que j'y ai perdu au change, ce truc a bien quelques fonctions intéressantes (pouvoir gérer le Wifi, ce n'est pas mal, et puis le navigateur Web, fût-il Pocket IE, est toujours plus pratique que ce que j'avais sur le précédent). Mais question ergonomie, j'ai rarement vu quelque chose d'aussi pourri : outre que le principe même de l'écran tactile me semble assez agaçant (je ne sais pas pourquoi les gens trouvent ça génial), comment peut-on aimer ce Windows Mobile ? Toutes les options de configuration sont cachées dans un labyrinthe d'icônes et d'onglets organisés sans aucune logique, il a fallu à mon poussinet et à moi un temps fou pour deviner où entrer les paramètres de connexion de données GPRS/Edge, ou encore comment choisir ou activer une connexion Wifi. Tout est, évidemment, en français-mal-traduit et il n'y a aucun moyen de changer de langue (la première chose que je fais sur un téléphone, normalement, c'est le mettre en anglais où au moins on a l'impression de ne pas avoir affaire à des bribes de phrases mises côte à côte par quelqu'un dont la langue maternelle était sans doute le klingon).

Mais le pire, ce sont les méthodes d'entrée (c'est-à-dire, comment taper des SMS, par exemple, ou toute forme de texte) : le téléphone en propose six, toutes plus pourries les unes que les autres. L'une fait apparaître en bas de l'écran un clavier imitant la disposition d'un clavier d'ordinateur : ça me conviendrait à peu près, si ce n'est que le clavier est azerty, et qu'il n'y a apparemment aucun moyen d'en changer la langue — outre que je déteste en soi le layout azerty (sur les ordinateurs, je tape toujours en qwerty US), je n'ai vraiment pas envie de faire un shift pour taper le moindre chiffre. Une autre fait apparaître un clavier touch (je ne sais pas ce que c'est censé vouloir dire : c'est eux qui disent ça) qui imite encore la disposition d'un clavier d'ordinateur mais où, cette fois, les touches sont regroupées deux par deux — on a le choix entre appuyer deux fois sur la touche pour choisir la deuxième lettre ou bien utiliser un dictionnaire du style T9 ; cette fois, on peut le mettre en qwerty, mais malheureusement uniquement avec un dictionnaire anglais (or mes SMS, pour leur immense majorité, sont écrits en français). Une troisième méthode d'entrée fait apparaître un pavé semblable aux touches numériques d'un téléphone mobile non tactile : là aussi, on peut entrer une lettre en répétant la pression sur une touche ou en utilisant un dictionnaire T9 — c'est encore ce que j'ai trouvé le moins mauvais. Les trois autres méthodes d'entrée m'ont l'air absolument identiques : elles se basent sur la reconnaissance de caractères tracés au stylet sur l'écran tactile (je ne sais pas s'il y en a trois pour faire joli, ou parce qu'il y a des différences subtiles dans la forme des lettres à tracer ou dans la façon dont on est censé s'en servir). Ce truc est à peu près inutilisable : on perd son temps à refaire douze fois le dessin de la lettre avant que le mobile accepte de reconnaître celle qu'on voulait (et il décide de reconnaître une lettre dès qu'on lâche le stylet, alors je ne comprends même pas comment on est censé arriver à dessiner, disons, un ‘D’ : il me reconnaît à chaque fois les lettre ‘LY’, la première pour la barre verticale et la seconde pour le ventre du ‘D’).

Mon poussinet, qui a, lui, un HTC Magic (et ça ça a l'air plutôt bien, comme téléphone), se moque de moi.

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(samedi)

De la liberté de s'habiller comme on veut

Ma mère me dit que je m'habille comme un ado attardé et que ça ne fait vraiment pas sérieux. Elle a complètement raison — et c'est sans doute parce que je suis un ado attardé[#] — mais je ne vois pas le problème avec ça. Au contraire : j'aime l'idée de perturber ceux qui jugent les gens à leurs habits. Accusation dont je plaide moi-même complètement coupable : le jour où je vois dans le métro un type que son look qualifie subliminalement de racaille de banlieue sortir et se mettre à lire une édition (bilingue…) de la Guerre civile de Lucain[#2] ou un goth avec des piercings partout un exemplaire de Linux Magazine, je tomberai un peu des nues — et en même temps je jubilerai de savoir qu'on ne vit pas encore dans un monde où les gens rentrent sagement dans les petits cases où ils ont l'air de devoir rentrer.

Pour le prouver, et pour revendiquer ma liberté, j'ai essayé toutes sortes de looks que j'avais simplement envie d'essayer pour voir comment on me regarde ou comment je me vois moi-même : jean baggy DC shoes tee-shirt Quiksilver ; pantalon noir à lanières tee-shirt tribal poignets de force ; survêtement Umbro baskets casquette tout en blanc ; crâne rasé treillis bombers ; ou encore, kilt et ghillie shirt (d'ailleurs, j'aime bien le kilt, c'est juste dommage qu'il n'y ait pas de poches et que le sporran censé les remplacer soit vraiment trop petit) ; ou enfin, toge romaine (là les gens vous regardent vraiment bizarrement) ; ou toutes sortes de mélanges éclectiques de tout ça. Si on me demande pourquoi je porte ça, je dénonce l'inanité de la question : parce que c'est interdit par la loi d'être nu en public.

Or s'habiller comme on veut est une liberté difficile à prendre. J'ai tendance à considérer que la cravate est le symbole le plus crétin d'oppression vestimentaire qui puisse exister (si on on excepte ceux qui apprécient sincèrement de la porter — car évidemment ils existent — c'est tout de même l'accessoire vestimentaire le plus ridicule de l'univers, qui ne sert absolument à rien, ne recouvre rien, ne protège rien, et pourtant il y a des gens qui y sont astreints et qui risqueraient de sérieux ennuis professionnels à l'enlever). Heureusement, j'ai un métier dans lequel on n'a pas à porter de cravate, et si le dress-code du chercheur ressemble à jean délavé et pull informe, on peut néanmoins se permettre d'en dévier significativement (témoin un éminent professeur de l'ENS de Lyon qui, la dernière fois que je l'ai vu, portait une lavallière). Je me permets le style ado attardé, mais je ne me permettrais pas tout ce que je me suis permis dans la rue. Et plus on prend de l'âge et un soupçon de respectabilité plus il est difficile de se permettre de s'habiller comme on veut : bienheureux les adolescents s'ils connaissaient leur bonheur !

En tout cas, je trouve un peu affligeante l'uniformité vestimentaire qu'on peut voir, par exemple, dans le Marais : il y a dix-douze ans c'était cheveux ras doc martens, jean et bombers, maintenant c'est le look vintage branchouille chic vendu au BHV Homme qui domine tout, toujours est-il que c'est triste.

[#] Par ailleurs, comme les ados sont fauchés, c'est très économique de s'habiller comme eux. ☺️

[#2] Je dois avouer que je n'ai pas encore vu exactement ça. Mais c'est tout de même « inspiré de faits réels » (disons je me souviens d'avoir dans le métro vu ce livre lu par quelqu'un dont je ne me rappelle plus exactement à quoi il ressemblait mais je sais que c'était vraiment tout le contraire de l'image qu'on peut se former d'un agrégatif de lettres classiques ; maintenant, c'est difficile de savoir si c'est sur les habits des gens dans le métro ou sur la poésie de Lucain qu'on a des préjugés, finalement).

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(mercredi)

Joyeux anniversaire, ma thèse

Ma soutenance de thèse, c'était il y a quatre ans déjà. D'accord, c'est un peu moins important que l'invention d'Internet, mais c'est plus récent aussi.

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(vendredi)

J'aime le café et regarder les gens passer

Le titre de cette entrée est ridicule, mais c'est la vérité : c'est une des choses que j'aime énormément faire quand j'ai du temps libre, prendre un café (de préférence juste après le déjeuner) à un endroit où on peut voir la rue, et le savourer en regardant les gens qui passent. Il y a ceux qui ont une tête amusante à voir, d'autres dont les habits surprennent, et il y a quantité de petites saynètes à contempler. Parfois, mon poussinet et moi nous amusons à essayer de deviner le métier de chaque personne qui passe — on ne saura jamais combien on est à côté de la plaque, mais c'est certainement rigolo de constater que nous tombons souvent d'accord.

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(samedi)

J'ai une tête de fan d'AC/DC, moi ?

Dans le train entre Chambéry et Lyon il y avait un groupe de trois djeunz pas méchants mais un peu remuants. L'un était un skinhead avec la tenue qui va avec (treillis-rangers-à-lacets-blancs-bombers), un autre était plutôt dans le genre métalleux, et le troisième (plus jeune que les autres) faisait juste lycéen endormi — endormi dans le sens presque en coma éthylique, en fait, et du coup il était moins remuant que les deux autres (pas que ceux-ci fussent sobres !). Comme je portais moi-même un treillis et des chaussures de chantier (qu'on peut prendre pour des rangers), ils (les deux pas encore trop endormis) sont venus discuter avec moi. J'ai donc appris que c'étaient des fans d'AC/DC qui allaient à Paris pour un concert au palais de Bercy : ils tenaient absolument à savoir si j'en étais moi aussi un, et ils étaient persuadés que oui, et que j'allais forcément au même endroit qu'eux ; personnellement, je ne connais pas trop la sociologie du fan typique d'AC/DC, mais si j'en juge par leur look à eux, et si on veut absolument que l'habit fasse le moine, ça ne doit pas être trop le genre à porter les cheveux longs, un blouson de ski rouge vif et un tee-shirt Rip Curl. 'Fin bref… Ils m'ont demandé ce que j'écoutais comme musique (la question que je déteste), j'ai esquivé la question, mais le fait que je ne réponde même pas le nom d'un groupe de métal les a désopilés, ils m'ont proposé de boire un coup avec eux, et quand j'ai dit que je ne buvais pas ils ont eu l'air de me considérer comme complètement irrémédiable et ils ont laissé tomber.

Peu de temps après, une jeune femme visiblement dérangée par leurs braillements est venue s'asseoir dans mon compartiment. Moi à ce moment-là je faisais joujou avec mon GPS pour enregistrer le parcours du train : elle m'a demandé ce que c'était, et je crois que je suis passé pour complètement irrémédiable auprès d'elle aussi.

Dans le TGV de Lyon à Paris, je me suis retrouvé de nouveau dans le même wagon la même voiture que les trois djeunz AC/DC. Là ils ont vraiment emmerdé le monde parce qu'ils se sont mis à vomir. Du coup, il y a encore deux jeunes filles qui, pour les fuir, sont venues s'installer à côté de moi (note pour les mecs hétéros, donc : si vous voulez que des jeunes femmes s'assoient à côté de vous dans le train, arrangez-vous pour être dans la même voiture que des skins bourrés et pour avoir l'air moins lourd qu'eux). Ensuite, je ne sais pas ce qui s'est passé, ils sont sortis pour aller au bar du train, puis un contrôleur et une contrôleuse sont venus dans notre voiture regarder le vomi, et enfin les djeunz sont revenus et ils se sont complètement tenus à carreau pour le reste du trajet.

Au moment où je sortais du train, un autre passager m'a demandé : Vous aussi, vous allez écouter AC/DC ?

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(jeudi)

Impressions du ski après 18 ans sans en faire

Si je compte bien, la dernière fois que j'ai fait du ski, c'était à l'hiver 1990–1991 (dans la petite station jurassienne de Métabief, où la famille de ma mère a un appartement ; j'y étais d'ailleurs avec ma cousine et nous avons essayé le monoski, dont la difficulté un peu gratuite ne nous avait finalement pas trop convaincus). Mon poussinet m'ayant persuadé de réessayer, je me demandais quel serait mon niveau : est-ce que je me retrouverais à faire du chasse-neige pour descendre les pistes vertes ? Peut-être que je l'espérais, en fait, comme prétexte pour essayer autre chose (comme le surf/snowboard, il paraît que ça s'apprend plus facilement ; ou simplement, diront les mauvaises langues qui me connaissent, pour ne rien faire du tout). Beaucoup de gens m'ont dit ah, mais ça ne s'oublie pas ! (ma maman, maman Mouton, et jusqu'à la dame qui m'a loué les skis) : je me demande d'où tous ces gens tirent leur savoir parce que, franchement, des gens qui font du ski un peu correctement, puis qui arrêtent complètement pendant au moins 15 ans, et qui réessayent ensuite, il ne doit pas y en avoir des masses. En plus, les skis ont changé depuis le temps : maintenant ils sont plus courts et ils ont une forme différente (qualifiée de parabolique, même si je ne vois pas bien où est la parabole).

Ceci étant, je dois reconnaître qu'ils n'avaient pas trop tort : si j'ai oublié beaucoup de choses apprises consciemment (par exemple, comment prendre les remontées mécaniques), il m'est resté des réflexes que je ne pensais plus avoir. Donc je savais encore tourner, m'arrêter en dérapant, bref, les mouvements de base qui font qu'au final je n'étais pas toujours parmi les plus mauvais (même parmi les djeunz qui ont l'air de trouver que c'est une façon de se la péter que de plaisanter à l'idée de prendre une piste qui ne soit pas au moins rouge). Et je continue à ne pas savoir à quoi mes bâtons sont censés servir. Il y a pourtant des choses qui ne sont plus comme quand j'avais quinze ans : d'une, j'ai beaucoup plus facilement le vertige (heureusement pas trop sur les télésièges, mais sur les pistes je devais parfois m'arrêter pour une raison qui n'ait rien à voir avec la difficulté technique). De deux, j'ai beaucoup moins de force dans les jambes (par rapport à mon poids), ce qui m'interdit de dépasser une vitesse modérée de peur de perdre la stabilité de mes skis (surtout le gauche) : mon poussinet refuse d'ailleurs de me croire et prétend que je suis juste trop peureux ou trop flemmard pour aller plus vite.

Mais surtout, ce qui a changé, c'est que je n'arrive plus à trouver ça grisant en soi, de skier : si autrefois j'ai pu trouver jouissif de descendre les murs tout schuss, ou (comme mon poussinet semble aimer) batifoler dans les champs de bosses, l'idée de convertir de l'énergie cinétique en frottements sur neige m'amuse beaucoup moins maintenant. L'intérêt est plutôt de pouvoir regarder le paysage #1 (celui où on espère apercevoir un lagopède alpin, mais ça ne nous est pas arrivé) et le paysage #2 (celui constitué des jolis garçons au look sexy, surtout du côté des surfers). Or le paysage #1 ne bouge pas, et le paysage #2 se voit mieux si on prend le temps de s'arrêter pour le regarder passer (d'autant que ça évite les accidents) ; bon, il est vrai qu'il peut y avoir motivation à aller un peu vite pour le rattraper ensuite (et le poussinet et moi nous sommes pas mal débrouillés, en somme, entre nos petits codes pour nous signaler le paysage, et notre façon d'alterner entre le dépasser puis de le laisser nous dépasser — après, peut-être qu'ils pensaient exactement la même chose de nous 😉).

Sinon, un autre intérêt est la conversation du poussinet qui, après s'être découvert une passion de geek pour les remontées mécaniques, m'explique à chaque télésiège que celui-ci est un des seuls débrayables construits par cette compagnie ou que celui-là est un fixe dont le moteur et les pylônes sont prévus pour qu'il puisse être converti en débrayable un jour (mais ça n'arrivera pas), et à chaque téléski quelle est la différence entre un lâcher sous poulie et un lâcher sous pylone ou pourquoi on ne peut pas faire deux virages de sens contraires sur un téléski, et encore toutes sortes d'autres choses que je vivais sans la joie de savoir.

Bon, et enfin, une chose qui ne risquait pas de changer en quinze-vingt ans, c'est qu'il faut une quantité invraisemblable d'accessoires à la con pour faire du ski, et qu'ils sont parfois plus embêtants qu'autre chose (entre les gants et les sous-gants quand il s'agit d'attraper un mouchoir parce qu'on a le nez qui coule, ou encore le masque qui fait tout voir d'une couleur ambrée — mais pourquoi diable ne font-ils pas des masques qui atténuent la lumière visible uniformément, donc de couleur grise dans le visibile et opaque dans l'ultraviolet ? pourquoi faut-il que tout devienne jaune ?).

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(vendredi)

Mais où mon inconscient va-t-il chercher tout ça ?

Dans un rêve, la nuit dernière, j'ai entendu la phrase suivante (imaginez-la prononcée sur un ton de documentaire sur Arte) : Jusque récemment, les œuvres pour piano de Brahms étaient considérées comme injouables par un seul pianiste, et les éditeurs de partitions y ajoutaient donc des annotations pour indiquer comment les jouer à quatre mains ; ces indications ne sont plus portées maintenant, à l'exception d'une seule, en forme d'abeille, placée au-dessus d'un accord pour signaler qu'il rompt la cadence. (Pendant ce temps défilent des images de partitions musicales avec des annotations un peu étranges, finissant par un zoom sur quelque chose qui ressemble plus au hiéroglyphe du scarabée qu'à une abeille.)

Mais comment est-ce que j'ai pu imaginer ce truc ? Peut-être un lointain souvenir de cette célèbre partition rigolote ? Mais tout de même, j'ai rarement fait un rêve dans lequel figurait une idée aussi précise, cohérente, raisonnable, et naturellement complètement fausse.

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(samedi)

De la difficulté d'acheter des lacets

Régulièrement je suis confronté à la difficulté d'acheter les objets les plus anodins, et je tombe souvent des nues de voir à quel point les choses les plus banales peuvent être introuvables. Le dernier épisode de cette saga, donc, concerne l'achat d'une paire de lacets : des lacets coaxiaux (j'utilise ce mot, qui visiblement n'est pas le bon, parce que je ne sais pas comment on est censé dire ; je m'explique).

J'ai une paire de chaussures de sécurité (des chaussures de chantier, si on veut) Caterpillar — d'un modèle très proche ou identique à celui-ci mais peu importe. Je trouve ça très agréable à porter, surtout par temps pourri.

Elles ont des lacets très épais que j'aurais envie de qualifier de coaxiaux ou gainés (mais visiblement aucun de ces termes n'est le bon ou, en tout cas, ils ne sont compris par personne) : c'est-à-dire que ce sont des lacets tubulaires (sans doute en nylon/polyester) à section circulaire, sauf que dans cette gaine il y a un lacet intérieur, lui aussi à section circulaire, mais probablement plein, et plus fin. Les deux parties sont indépendantes, reliées seulement extrémités. (Vraisemblablement c'est fait pour que la gaine extérieure protège le lacet intérieur de l'usure.) Ils sont longs de 150cm et noirs, mais ça ce n'est pas très important, ce qui est vraiment difficile à trouver c'est la largeur et la structure coaxiale.

Or un de ces lacets a cassé (au niveau de la gaine extérieure), et je cherche à le remplacer, à l'identique parce que des lacets plus fins ne se nouent pas de façon aussi confortable. Je n'aurais pas imaginé une seule seconde que ce pût être aussi difficile de trouver une paire de lacets ! J'ai cherché partout : mon Champion local, un cordonnier, un Go Sport (sur la recommandation du cordonnier), au Vieux Campeur… et même une boutique de vêtements de chantier où ils vendent des chaussures de ce genre mais apparemment pas les lacets qui vont avec. Non seulement personne n'a des lacets comme ça, mais quand je cherche on me regarde comme si je demandais un dé-ψ-onduleur métatronique à polarité inversée pour ma navette spatiale ! Pourtant, les chaussures elles-mêmes, elles ne sont ni rares ni difficiles à trouver.

Même son de cloche sur Internet : de toute façon, sur Google, chercher lacets chaussures Caterpillar est forcément compris comme chaussures à lacets Caterpillar, et quelle que soit la façon dont je varie ma recherche je n'ai trouvé personne qui vende des lacets en ligne avec un choix qui ne soit pas ridicule.

Ce serait tout de même crétin que je doive racheter une paire juste pour avoir de nouveaux lacets !

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(samedi)

Essayons de hacker Amazon.co.uk et la poste anglaise

Je viens de lancer une petite expérience : que se passe-t-il si on commande quelque chose chez Amazon.co.uk qui n'a pas le droit d'être livré en France et qu'on indique comme adresse de livraison

David A. Madore
11 rue Simonet
F75013 Paris FRANCE - ignore following lines
None, XY0 0AA
United Kingdom

Alors, arrivera ou arrivera pas ? Je n'aurais pas pris le risque pour l'Eee PC, mais là il s'agit d'un clavier à environ £9, ce ne sera pas catastrophique si ce truc n'arrive jamais nulle part (ou si on me fait payer une amende pour le défaut de frais de port). Pour le code postal, j'ai choisi celui-là grâce à l'aide de Wikipédia : Within Royal Mail, outward codes beginning XY are used internally as routing codes to route mis-addressed mail, and to route international outbound mail. (Ce que j'espère est que chez Amazon personne ne se rende compte de rien vu que tout est automatisé au possible, et qu'une fois le paquet arrivé dans les mains de Royal Mail l'adresse bizarre force un humain à la lire, à comprendre ce qui se passe, et à agir intelligemment.)

Mais sinon, je veux bien savoir comment on est censé se procurer, en France, un clavier QWERTY (US ou GB, pas espagnol, hein) plat USB filaire (et avec un vrai pavé numérique, trois touches entre la barre d'espace et le control de droite, et surtout un vrai pavé de flèches surmonté d'un rectangle 3(horiz.)×2(vert.) de touches insert/home/pageup et delete/end/pagedown — je précise ça pour exclure certains modèles de chez Logitech ou Labtec qui sont des horreurs). Je crois que je sais remplir toute combinaison de toutes ces contraintes sauf une, mais pas toutes à la fois. ☹️

Mise à jour : Ça n'a pas marché, probablement parce que l'objet n'était pas vendu directement par Amazon mais par une « boutique » d'Amazon qui doit traiter les choses de façon moins automatisée. On m'a prélevé le prix de l'article, puis immédiatement remboursé avec comme explication qu'ils ne livrent pas en France (et j'ai perdu 0.03€ dans l'opération).

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(vendredi)

Péripéties médicales avec une Klebsiella

Acte I

Mercredi matin il y a neuf jours (le 2008-08-27, donc), alors que j'étais de passage chez mes parents à Orsay, je me suis réveillé tôt avec un mal au ventre, qui n'a cessé d'empirer, évoluant vers une sensation de brûlure à l'estomac, accompagnée de nausées, puis de vomissements (si ce n'est que je n'avais pas grand-chose à vomir). J'ai passé la journée, une bouillotte sur le ventre, à me shooter au paracétamol. Le soir j'ai cru que j'allais un peu mieux et j'ai pris un léger bouillon et un fruit, mais mon état s'est de nouveau détériorié, mes vomissements se sont intensifiés, j'ai fait de la fièvre (38.6°C malgré le paracétamol) avec des frissons, et j'ai eu un énorme mal de tête (comme l'impression que ma tête était une grosse cloche et que mon pouls donnait des coups dedans à 100 battements par minute).

Je suis tout sauf héroïque face à la douleur (on le sait déjà), donc j'ai persuadé mon père de me conduire — vers 2h du matin le 28 — aux urgences de l'hôpital d'Orsay (je voulais initialement appeler SOS médecins, mais apparemment ça n'existe pas aussi loin qu'Orsay). Là j'ai été très bien reçu par une infirmière et un externe pas trop débordés et très gentils, on m'a mis sous perfusion pour me réhydrater et m'injecter du Primpéran et plus de paracétamol (et encore autre chose que j'oublie) et on a lancé quelques analyses. Les premiers résultats étaient normaux et je me sentais mieux, donc on m'a fait sortir vers 4h30 et je suis rentré chez moi avec une ordonnance symptomatique (sans antibiotiques, car a priori il se semblait agir d'une gastro-entérite virale). J'ai passé encore une journée peu agréable jeudi, et j'ai pu manger un peu le soir ; vendredi j'étais toujours un peu barbouillé, mais rapidement je me suis estimé guéri (et je suis rentré chez moi à Paris).

Acte II

Lundi 1er dans l'après-midi (alors que j'allais désormais parfaitement bien, et c'est toujours le cas) je reçois un coup de fil du service des urgences d'Orsay où je m'étais présenté, m'avertissant qu'une des hémocultures qu'on m'avait faites (c'est-à-dire des prélèvements sanguins qu'on met en culture pour détecter des bactéries) était retournée positive : on m'a trouvé une bactérie du genre Klebsiella dans le sang. (Enfin, je donne le nom, mais pour réussir à décoder ce que j'ai entendu par téléphone, il m'a fallu du temps à Googlifier des choses comme clef de ciel.) On me demande donc de revenir à l'hôpital pour analyses complémentaires — et éventuellement pour être mis sous antibiotiques. J'explique que je vais bien et que je n'ai pas vraiment envie de revenir à Orsay pour ça : on me suggère alors de me présenter aux urgences de l'hôpital le plus proche de chez moi, auquel ils faxeront le dossier.

Les urgences de la Pitié, vers 18h, si on n'est pas in articulo mortis, ça doit vouloir dire trois heures d'attente au bas mot avant d'avoir la moindre chance de voir un médecin. Je me suis donc dit que, pour épargner mon temps comme celui du personnel, je pourrais y revenir à une heure plus creuse : je m'y suis donc pointé à 3h du matin (le mardi 2 septembre, si vous suivez bien), et effectivement il n'y avait plus personne. Là, on m'a fait savoir, en gros, que je n'avais rien à y faire : que mon cas n'était pas urgent puisque visiblement je n'étais pas malade, qu'on ne pouvait rien pour moi sans les résultats des analyses, que ce n'était pas à eux de demander celles-ci à l'hôpital d'Orsay et que d'ailleurs à 3h du matin ce serait impossible (j'ai rétorqué que c'était un service d'urgences et qu'il tournait 24h/24h, labo compris, mais on ne m'a pas écouté), bref, que je n'avais pas à être là. J'ai répondu que, d'accord, j'étais désolé de faire perdre du temps à tout le monde parce qu'on m'avait expressément recommandé d'aller aux urgences de l'hôpital le plus proche, et que je voulais bien, moi, me présenter en médecine de ville ou bien à un autre service de l'hôpital, juste qu'on me dise quoi faire. On m'a alors renvoyé sur le service des maladies infectieuses (…parasitaires, tropicales et de santé publique), service du professeur Bricaire, dans le même hôpital.

Le lendemain (enfin, toujours le mardi 2), j'ai pris rendez-vous auprès du service en question : le plus tôt possible étant le vendredi 5 au matin — soit. Je demande le numéro de fax du service, qui fut apparemment difficile à retrouver, mais que j'ai obtenu. J'ai ensuite appelé l'hôpital d'Orsay pour leur demander d'envoyer les résultats des analyses au service des maladies infectieuses de la Pitié, à l'attention du médecin dont on m'avait donné le nom pour le rendez-vous.

Acte III

Ce matin j'arrive au rendez-vous (pile à l'heure) et voilà, évidemment, que personne n'a entendu parler de moi au service des maladies infectieuses. J'imagine que ce qui s'est passé est que la difficulté à trouver le numéro de fax a fait oublier le rendez-vous lui-même à la personne qui devait l'inscrire dans les registres, ou quelque chose comme ça. J'offre comme indice de ma bonne foi le fait que je connaisse le nom du médecin qui devait me recevoir. On finit par ajouter mon nom sur les listes et par me faire patienter. Heureusement, les fax de l'hôpital d'Orsay, eux, étaient bien arrivés.

Le médecin que j'ai enfin pu voir, et à laquelle j'ai fait subir le récit de mes aventures jusqu'à présent, m'a concédé que c'était une drôle d'histoire. D'après elle, normalement, une infection bactérienne de ce genre ne se guérit pas toute seule, donc il est bizarre que j'aille bien. J'ai demandé si un faux positif était possible, mais elle ne semblait pas y croire. Et elle prétend que l'hôpital d'Orsay n'aurait pas dû me laisser sortir. Bref, elle m'a mis sous antibiotiques : comme j'ai déjà fait par le passé une allergie à l'amoxicilline, elle m'a prescrit de la ciprofloxacine (j'ai de la chance, d'après l'antibiogramme réalisé à Orsay, la bactérie est sensible à tous les antibiotiques testés), à des doses néanmoins diminuées puisque je n'ai pas de symptômes. Et je dois reprendre rendez-vous une fois le traitement fini pour faire des nouvelles analyses (y compris pour contrôler la glycémie, qui était apparemment trop élevée dans les premières analyses, même si je n'étais pas vraiment à jeun), puis une troisième fois pour l'analyse des résultats.

À suivre, donc…

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(dimanche)

Je reprends l'arabe

Je me remets à ma tentative d'apprendre un peu d'arabe, interrompue par deux semaines de concours (ce qui n'est pas peu vu que ça ne fait que deux mois que j'ai commencé à étudier cette langue…). J'en suis à la leçon 36 sur les 77 que compte la méthode : cela ressemble à presque la moitié, mais en fait cette impression est trompeuse parce que j'ai l'impression que la difficulté des leçons croît très vite, du coup j'ai vaguement le sentiment de me faire arnaquer. Plein de points de grammaire sont renvoyés à une hypothétique explication ultérieure avec des encouragements conciliants (ne vous en préoccupez pas pour l'instant — soit, mais du coup c'est plus lourd à apprendre si on ne connaît pas la règle). Et surtout, j'ai l'impression qu'une difficulté majeure de la langue — celle des pluriels, qui ne suivent aucune logique — est complètement glissée sous le tapis avec la recommandation apprenez bien chaque mot avec son pluriel : moui, moi je veux bien, mais encore faut-il que je puisse le savoir, le pluriel en question, or le lexique en fin de volume a l'air de ne pas les donner systématiquement, ni de renvoyer chaque pluriel à son singulier, pas plus que le petit dictionnaire (pas terriblement bien fait) que je me suis acheté. Par exemple, je ne sais toujours pas quel est le (masculin) pluriel d'un adjectif aussi commun que جَمِيلٌ (qui signifie beau et qui est un des rares adjectifs que je connaisse), donc c'est mal parti pour apprendre chaque mot avec son pluriel.

Peut-être que je m'y prends mal, mais cette langue est quand même terriblement décourageante.

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(mercredi)

Disparition temporaire

À partir de vendredi (après-demain), je rempile pour faire passer des oraux de TIPE aux ENS, avec comme l'an dernier un planning bien chargé (80 oraux à faire passer en 9 jours[#] répartis sur deux semaines), donc je vais un peu disparaître pendant cette période qui sera assurément fatigante.

Je m'abstiens évidemment de faire des remarques sur le fond de l'épreuve : pour cela, on pourra voir le rapport que nous avions écrit. Sur la forme, comme l'an dernier, il y a(ura) le sentiment excitant mais frustrant de voir 80 sujets scientifiques souvent intéressants passer à toute vitesse et de n'avoir qu'un temps très limité à pouvoir consacrer à chacun ; et c'est en fait très angoissant de se demander vais-je trouver des questions intéressantes à poser sur ce sujet[#2] : il est vraiment dommage qu'on ne puisse avoir les dossiers que si peu de temps à l'avance, mais le calendrier du concours est incroyablement serré.

[#] Y compris le samedi 28 juin — dommage pour la gay pride. ☹️

[#2] Les examinateurs des oraux autres que TIPE peuvent choisir assez librement ce qu'ils vont poser comme questions : nous nous devons faire avec le sujet que le candidat a choisi, ce qui rend l'exercice très dur pour nous (même en étant deux examinateurs, c'est impossible d'avoir une culture qui recouvre toutes les mathématiques).

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(mardi)

Essayons d'apprendre un peu d'arabe

Je suis un grand fan de la méthode Assimil, pas forcément que je la trouve excellente dans l'absolu, mais il me semble qu'elle convient très bien à quelqu'un qui, comme moi, a une mémoire essentiellement auditive[#] : la meilleure façon d'apprendre une langue serait donc bien d'écouter des phrases prononcées dans cette langue, en en comprenant le sens, en cherchant juste à activer les connexions neuronales entre les deux, jusqu'à ce que « ça rentre ». Et je pense qu'en allant au bout d'une méthode Assimil avec beaucoup de régularité, on doit arriver à un niveau pas complètement ridicule dans une langue donnée : c'est là que ça pèche, bien sûr, parce que je n'arrive pas à garder une motivation suffisante pour maintenir la régularité. Il faut y passer une bonne demi-heure par jour (et encore, je pense que c'est une minoration, parce que le temps de bien réécouter la leçon de la veille, écouter trois ou quatre fois la leçon du jour, s'exercer un peu à l'écriture, faire les exercices, préécouter la leçon du lendemain, trente minutes sont déjà justes), et, mine de rien, ce n'est pas facile à trouver.

En 2001, je n'étais arrivé qu'à la douzième[#2] leçon de l'Assimil hongrois — il est vrai que c'était un crash-course puisque je partais une semaine à Budapest et que je voulais au moins pouvoir prononcer correctement Nem beszélek magyarul![#3][#4] avant de partir, ce qui est tout de même un niveau qu'on dépasse à la 12e leçon. Il y a deux ans j'avais poussé un peu plus loin pour le japonais, en allant jusqu'à la 29e leçon (j'avais fait un an d'étude du japonais en grand débutant à l'ENS mais je n'avais strictement rien retenu). À la limite, qu'il ne m'en reste consciemment rien n'a aucune importance : mon but n'était pas vraiment d'apprendre du hongrois, respectivement du japonais, mais de me faire une représentation mentale de ces langues, d'assimiler un peu de leur structure (voire d'assouplir mes propres mécanismes de pensée). Bref, de transformer quelque chose de complètement opaque en quelque chose de certes toujours opaque mais où je peux imaginer de progresser.

Là je me suis acheté l'Assimil arabe[#5]. Pourquoi l'arabe ? Peut-être parce que je m'efforce à trouver des langues aussi éloignées que possible les unes des autres (auquel cas il faudrait sans doute que je programme ensuite le tamoul, le chinois et le swahili), de façon à avoir une petite image de la forteresse de Babel. Peut-être parce que c'est une langue importante parlée en France (mais l'argument est un peu pipo : l'arabe parlé en France est dialectal, et a priori ce n'est pas spécialement celui-là que je vais/veux apprendre). Ou peut-être parce que l'écriture en est absolument fascinante. Toujours est-il que je ne pense pas sérieusement arriver à un stade où je pourrais lire quoi que ce soit d'intéressant[#6], encore moins comprendre la langue parlée, mais l'idée est juste de picorer quelques notions sur comment l'arabe fonctionne, et de voir si ma patience va cette fois au-delà de la 29e leçon (en ce moment j'en suis à la 3e, où on voit des phrases aussi passionnantes que دَخَلَ الْوَلَدُ وَ دَرَسَl'enfant est entré et il a étudié).

[#] Et dont l'apprentissage des langues reste quelque chose de complètement théorique vu que je n'ai aucune intention de voyager pour essayer de m'en servir. C'est vrai que je suis un cas un peu spécial.

[#2] Pour comparaison, le nombre total de leçons d'une méthode Assimil a l'air de tourner entre 75 et 100 en général (mais en fait on est censé faire deux vagues d'apprentissage, ce qui veut dire qu'ils estiment qu'il faudra environ cinq ou six mois pour atteindre le niveau qu'ils proposent).

[#3] Je ne parle pas hongrois !

[#4] Mon directeur de thèse (qui partait au même congrès à Budapest) s'est mis au hongrois au même moment, et avec la même méthode, mais il a eu plus de persévérance que moi et il semble que maintenant il ne baragouine pas trop mal la langue.

[#5] Chose amusante, ils ont retiré du titre leur célèbre marque de fabrique : sans peine (même si la collection s'appelle encore ainsi). Est-ce qu'ils n'osent plus dire que c'est le cas ? Ou est-ce qu'ils sont tombés victimes de la fameuse blague :
— Il paraît que vous avez appris à jouer du violon en cinq leçons faciles.
— Oui, c'était les neuf mille neuf cent quatre-vingt-quinze suivantes qui étaient difficiles.

[#6] Surtout que l'arabe a (comme l'hébreu ou d'autres langues de la même famille) ce défaut pour les débutants que — à part pour écrire le Coran ou des textes poétiques — on n'y note normalement pas les voyelles brèves. Donc à moins de connaître la langue, celui qui aurait juste appris l'alphabet ne peut même pas prononcer un texte écrit. D'ailleurs, l'égyptien ancien — j'en ai fait un peu — est dans le même cas, sauf que, là, personne ne sait quelles sont les bonnes voyelles sauf dans un petit nombre de mots, donc on prononce tout ‘e’.

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(dimanche)

J'achète mes lunettes sur Internet

Étant très myope (−9 dioptries sur le contre-axe à l'œil droit), j'ai besoin de lunettes à verres amincis, voire ultra-amincis (disons, avec un indice de réfraction autour de 1.75). En France, de telles lunettes coûtent cher : on peut compter sur un gros 300€ la paire, au moins. Certains opticiens proposent deux paires pour le même prix (si on demande exactement les mêmes verres, voire la même monture), mais presque toujours on voit que cette offre est limitée aux verres non amincis (ou pas trop amincis) ou encore aux vergences dans un certain intervalle, ou encore aux non-astigmates — toujours est-il que je suis hors course. Mon père s'est récemment fait réaliser des lunettes tarif sécu, mais, là aussi, il ne faut pas compter sur des verres amincis.

[Deux paires de lunettes]La raison pour laquelle c'est aussi cher est simplement que les opticiens prennent une marge énorme (c'est aussi la raison pour laquelle ils peuvent se permettre de faire des offres deux-pour-le-prix-d'une, voire trois-pour-un-pouillème-de-plus aussi facilement). Heureusement, pour les gens qui comme moi ne tiennent pas à passer des heures à choisir leur monture, qui n'ont pas peur de recopier eux-mêmes les nombres de l'ordonnance et de mesurer la distance pupillaire, et qui achètent volontiers en ligne, il y a une solution bien pratique : les opticiens de Hong Kong !

On trouve en effet des sites Web sur lesquels acheter une paire de lunette qui sera réalisée à Hong Kong à un prix défiant toute concurrence : les deux paires de lunettes photographiées ci-dessus m'ont coûté 61.41€ pour la verte (qui a des verres amincis en polycarbonate, d'indice de réfraction 1.67) et 94.50€ pour la rouge (qui a des verres ultra-amincis minéraux, d'indice de réfraction 1.80) que j'ai achetée après m'être assurée que la première paire était satisfaisante. Précisons que ces prix incluent les frais de port et les frais de change prélevés par ma banque. Et la qualité est irréprochable : les cadres sont confortables et solides (c'est du titane), les verres n'ont pas un défaut, le traitement anti-reflet est bon, bref, je suis complètement satisfait. J'aurais également pu faire réaliser des solaires, y compris auto-obscurcissantes ou avec dégradé, des verres teintés de plusieurs couleurs amusantes, ou avec un revêtement métalisé.

Le site que j'ai choisi d'utiliser s'appelle Optical4Less, parce que c'est le seul que j'ai trouvé qui proposait effectivement les verres minéraux d'indice 1.80 (il paraît que la vente de tels verres est interdite aux États-Unis, soit dit en passant ; en France, on en trouve évidemment, mais cher) ; pour ceux que ça intéresse, c'est aussi apparemment le seul qui permet d'ajouter une correction prismatique. En contrepartie, leur choix de montures est un peu restreint : mais pour ce qui me concernait, ça allait très bien. Sinon, le méta-site GlassyEyes.com propose un certain nombre d'autres liens et des comparatifs et revues entre différents sites : 39DollarGlasses.com et EyeBuyDirect.com m'avaient l'air assez bien et assez professionnels, mais je ne garantis évidemment rien.

Pour le choix de la monture, on ne peut évidemment pas essayer : il y a la possibilité d'utiliser une petite application Flash (ou Java, je ne sais plus) pour voir les lunettes sur une photo de soi, mais, évidemment, ce n'est pas aussi bien que d'essayer en vrai. Ceci dit, je trouve que pour ce prix on peut se permettre de prendre un peu de risques — au pire ça fera une paire de rechange. Pour entrer les caractéristiques des verres, il suffit de savoir lire ce que l'ophtalmo a écrit (certes, vues les pattes de mouches de certains médecins, ce n'est pas forcément une mission facile) : la façon de noter les caractéristiques est apparemment standardisée[#] dans le monde entier, et on donne toujours l'œil droit (oculus dexter) en premier et l'œil gauche (oculus sinister) ensuite.

Il y a une chose que l'ophtalmo ne mesure pas, cependant (mais je suppose qu'il peut le faire si on lui demande), c'est la distance pupillaire. C'est quelque chose de très important, qu'il faut mesurer soigneusement, au millimètre près (voire au demi-millimètre près), si on veut que les lunettes aillent bien : il s'agit de la distance entre les centres des pupilles des deux yeux, donc entre les centres optiques des verres des lunettes (au moins pour la vision de loin ; pour la vision de près, les choses seront plus compliquées !). Pour bien la mesurer, je recommande la procédure suivante : se tenir debout devant un miroir plan vertical en faisant bien face au miroir, avec un feutre non-permanent dans la main et les anciennes lunettes sur le nez. Cacher son œil gauche avec un carton (c'est mieux que de le fermer, ça assurera qu'on ne changera pas de direction de regard), regarder dans le miroir le reflet de l'œil droit bien en face : faire un petit point avec le feutre sur le miroir et sur les anciennes lunettes. Le point doit être parfaitement au centre de l'œil. Puis, surtout sans bouger la tête (on s'en assurera en vérifiant que le point sur le miroir est toujours bien centré), cacher l'œil droit au lieu du gauche et recommencer la procédure (faire un point sur le miroir et un sur ses lunettes, au centre de l'œil gauche). Ensuite, prendre une règle et vérifier que la distance entre les points sur le miroir est exactement la même que sur les lunettes : c'est la distance optique recherchée. Si on ne trouve pas la même mesure, effacer les points et recommencer : j'aurais tendance à dire que la mesure sur le miroir est meilleure, mais il vaut mieux perdre du temps que de risquer d'avoir une mauvaise valeur. Pour tous les cas compliqués, je suppose qu'il vaut mieux demander à l'ophtalmo de faire la mesure. D'autres conseils sont donnés ici.

Une autre chose à savoir, c'est si la monture sera de la bonne taille : pour ça, il faut mesurer les dimensions de son ancienne paire et chercher une paire qui ait à peu près les mêmes. On trouvera par exemple sur cette page une explication de ce que les mesures signifient (la moins évidente étant temple length, qui désigne la longueur du bras, mesurée projetée sur son axe). Si on a un doute sur le fait qu'un cadre convienne, Optical4Less propose la possibilité d'entrer les mesures de la monture antérieure et ils choisiront une paire proche qui convienne : c'est ce que j'ai fait pour ma première paire. Mais globalement, la commande est vraiment facile[#2] à faire.

[L'emballage des lunettes]Pour le paiement, j'utilise pour ma part des numéros de carte de crédit à usage unique fournis par ma banque, donc je n'ai pas eu à m'inquiéter, mais je crois qu'on peut de toute façon avoir confiance (l'opticien ne voit pas le numéro de la carte, c'est une banque de Hong Kong qui sécurise le paiement). Quant à la livraison, elle a pris quatre semaines : ça arrive dans un tout petit paquet avec des jolis timbres de la poste de Hong Kong et qui contient juste les lunettes dans un étui basique.

[#] On donne la partie sphérique, qui est en fait la vergence selon l'axe dont la direction est indiquée (s'il y a astigmatisme) en degrés par rapport à l'horizontale, plus la partie cylindique, qui est la vergence à ajouter (algébriquement, bien sûr) selon le contre-axe c'est-à-dire la direction perpendiculaire à l'axe. Par exemple, à l'œil droit, j'ai −8.25(−0.75@130°), ce qui veut dire −8.25 dioptries sur l'axe à 130° et −9.00 dioptries sur le contre-axe à 40°. Cela pourrait aussi bien s'écrire −9.00(+0.75@40°).

[#2] Lors de ma seconde commande, j'ai eu un tout petit problème avec le site Web de Optical4Less, qui ne m'affichait pas le bouton pour continuer la commande. Je suppose que ce problème a été corrigé depuis, mais s'il ne l'a pas été c'est facile d'utilise le DOM inspector de Firefox pour rendre visible le bouton qui était simplement caché (et non absent).

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(mardi)

Séparation

Jean-Gustave et moi avons finalement décidé de nous séparer : c'est ainsi que je révèle le nom de celui que je ne voulais qu'appeler mon copain en même temps qu'il ne l'est plus. Précisons que c'est d'un accord commun que nous mettons un terme à notre relation : nous avons échangé plusieurs SMS pour négocier les conditions de cette rupture, et nous restons en très bons termes (d'ailleurs son avocat vient de m'annoncer qu'il me laissait 48h de rallonge pour évacuer l'appartement). Cela valait sans doute mieux : j'avoue ne jamais avoir réussi à bien partager sa passion pour la philatélie et pour Claude François, tandis que pour sa part il n'a pas pu dépasser sa phobie des ordinateurs.

Bref, une page se tourne. J'ai voulu l'annoncer ici sobrement.

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(lundi)

Thèmes musicaux

Il y a des airs qui m'amènent encore les larmes aux yeux même si je les ai entendus mille fois — même si je les écoute en boucle. En ce moment, par exemple, l'Hymne d'Opéra Sauvage de Vangelis. En général, il s'agit de tubes (le genre de musique qu'on ne peut pas admettre aimer dès qu'on est face à quelqu'un d'un tant soit peu snob) : Greensleeves, le choral Ein feste Burg ist unser Gott, n'importe quelle composition sur la succession d'accord du Canon de Pachelbel, etc. Finalement, ce ne sont pas forcément les musiques que je préfère, ce ne sont certainement pas celles que je trouve les plus parfaites, mais ce sont celles qui parlent le plus directement à mon système limbique.

Normalement je suis d'avis que le succès — dans tous les domaines mais surtout dans les domaines artistiques — est dû au hasard et à l'accumulation d'effets de bouche-à-oreille, guère au talent (un certain nombre d'études tendent à me donner raison). Mais parfois il faut admettre qu'il y a vraiment quelque chose : comme le roi Édouard VII l'avait prédit à Elgar en entendant l'air de la première marche Pomp and Circumstance, certains airs sont nés pour faire le tour du monde.

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(vendredi)

Pendant ce temps…

Je suis un peu attristé de constater que je ne trouve plus guère le loisir d'écrire dans ce blog que le week-end. En fait, ce n'est pas seulement que je manque de temps : on peut très bien tenir un journal bien vivant en y consacrant peu de temps, pour peu qu'on soit prêt à écrire des entrées brèves — mais j'ai une certaine répugnance à ça, que je ne saurais pas bien expliquer, disons que j'éprouve le besoin d'élaborer ce que j'écris. Peut-être qu'au lieu de tenir un blog je devrais carrément écrire des essais : comme ça j'aurais l'assurance absolue que personne ne les lirait. ☺️ L'ennui, en tout cas, c'est que les textes longs (et les essais à plus forte raison), c'est non seulement long à lire mais aussi à écrire (je tape vite, mais que la densité de bêtises que j'écris ne vous fasse pas penser que je réfléchis vite !). Quant aux fragments littéraires gratuits que j'aime écrire — que j'ai soif d'écrire — ils prennent encore plus de temps.

Je peux quand même raconter que j'ai reçu les microfiches de ma thèse : en effet, toutes les thèses françaises sont reproduites à l'Atelier National de Reproduction des Thèses de Grenoble (Université Pierre Mendès-France) ou Lille (Université Charles de Gaulle : on remarquera le choix judicieux des universités qui équilibre les tendances politiques — dans mon cas c'était Grenoble), sous forme de microfiches, pour être ensuite distribué dans un certain nombre de bibliothèques universitaires. Un format un peu obsolète, les microfiches, diront les moqueurs, mais qui résiste apparemment mieux au temps que les formats numériques (par ailleurs, le dépôt électronique sur thèses-en-ligne est aussi presque obligatoire maintenant). Réduction d'un facteur linéaire de 60 environ, ce qui permet de faire tenir 28×18=504 pages A4 sur une petite fiche A6 : du coup, mon mien mémoire ne prend même pas le cinquième de la fiche, c'est assez embarrassant quand on se dit que c'est là le résultat de quatre-cinq ans de travail ! (Certes, sur le disque dur c'est encore plus petit.) Enfin, voilà, j'en ai reçu cinq exemplaires, je me demande bien ce que je peux en faire.

J'ai aussi reçu[#] ce matin un stéthoscope électronique que j'avais commandé (j'ai un léger souffle au cœur que je veux entendre par moi-même, notamment parce qu'il semble qu'il varie un peu ; aussi parce que j'ai parfois l'impression d'avoir des anomalies dans le battement, et je veux pouvoir les enregistrer histoire de faire la part d'hypocondrie et de réalité. A priori il suffit de relier le stéthoscope (qui a une sortie jack) à mon Eee PC et d'enregistrer : naïve idée, cependant, car le diable est dans les détails, et entre les niveaux d'amplification à une demi-douzaine d'endroits et l'Eee PC qui marche carrément mal depuis que je l'ai passé sous Debian (du style le son qui ne marche plus après une mise en veille), l'affaire est loin d'être conclue. Mais le son du stéthoscope lui-même est vraiment excellent.

[#] Avec des droits de douane qui n'ont pour une fois atteint que 35% du prix de la marchandise. D'habitude j'en ai plutôt pour 150%. Ce qui est rigolo avec les frais de douane c'est que c'est complètement aléatoire et arbitraire.

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(vendredi)

Le durion, la mer, la boussole d'or, la trigo et l'Eee PC

Hier soir à une petite soirée, un ami avait apporté — rapporté de Malaisie plus exactement — des bonbons au durion. Ce fruit à l'odeur très forte a l'air assez extraordinaire en ce qu'il y a des gens qui en sont fous alors que d'autres trouvent que ça sent les pieds, le vomi, le camembert cru à point avec des nuances d'ananas et d'ail (sic), ou encore des excréments de porc, de thérébenthine et d'oignons, le tout garni par une vieille chaussette (re-sic !). En faire des bonbons peut rappeler le sketch crunchy frog des Monty Pythons, mais apparemment les Malais aiment vraiment ça. Bon, mes amis étaient plutôt de l'avis des vieilles chaussettes — moi je n'ai pas eu le courage de goûter, mais une chose m'a vivement frappé, c'est que l'odeur des bonbons quand quelqu'un en mangeait était exactement le parfum très caractéristique d'un médicament (probablement un antibiotique) qu'on m'avait donné un jour quand j'étais petit. (Une odeur si particulière et si marquante que je m'en souviens plus de vingt ans après et pendant longtemps elle a été associée dans mon esprit au médicament « typique ».) Je trouve ça très mystérieux, parce que je ne peux pas imaginer qu'on ait voulu parfumer un médicament pour enfants au durion : c'était sans doute censé être un arôme de fraise (un autre ami qui avait le même souvenir que moi disait qu'il se rappelait que c'était un sirop ou bien une poudre rose vif). Pour un peu, je lancerais un appel à témoins !

Ajout () : fil Twitter sur ce sujet.

J'ai de nouveau vu la mer, mardi, mais cette fois-ci c'était la Manche (à Calais, par ici).

Comme je n'ai pas trouvé mauvais le film qui en a été récemment tiré, j'ai entamé la lecture de la trilogie His Dark Materials de Philip Pullman qui, bien que destinée aux adolescents, a de quoi intéresser les adultes. « Localement » je trouve ça bien écrit et maîtrisé, mais j'ai tendance à penser (sans être encore arrivé jusqu'au bout pour juger vraiment) que l'auteur accumule vraiment trop de péripéties et de rebondissements dans tous les sens qui ajoutent au nœud de l'intrigue de façon artificielle.

Quelqu'un a corrigé tout récemment une erreur (de signe dans une formule) que j'avais introduite (bien évidemment involontairement !) dans la Wikipédia de langue française il y a trois ans. Si j'étais un de ces journalistes français qui se font un sport de taper sur Wikipédia à tout propos (surtout quand ils ne comprennent rien à ses principes), je me moquerais de cette encyclopédie qui met trois ans à vérifier une formule qu'on trouve dans n'importe quel précis de trigonométrie sphérique ; comme il se trouve, j'ai plutôt envie de me cacher sous le tapis.

J'ai passé mon Eee PC sous Debian parce que j'avais besoin de faire un peu plus de configuration que ce que la Xandros (pour laquelle je n'ai pas accès aux dépôts) me permettait — notamment recompiler mes propres noyaux (or la seule version que je puisse faire marcher du driver wifi a une API incompatible avec ce que certains programmes de la Xandros supposaient). Depuis, plein de petits détails me posent des problèmes (le Wifi décide parfois aléatoirement de ne plus fonctionner, et il n'aime vraiment pas les mises en veille, le touchpad se met parfois sans aucune raison visible à avoir une sensibilité extrêmement mal réglée, le gestionnaire réseau me redemande des clés que je lui ai déjà données, ce genre de choses) : je pense que j'arriverai à les résoudre à terme, mais ça prendra beaucoup de temps. Je déconseille donc fortement la manœuvre (peut-être que j'aurais dû préférer Ubuntu à Debian, en tout cas vraiment la Debian testing mérite son nom).

Pour ce qui est de mon idée de mettre Wikipédia sur une clé USB, j'ai résolu que la bonne façon de faire était de construire un SquashFS à partir des dumps statiques : en éliminant les pages de discussion, les pages utilisateur, etc., et en utilisant la compression LZMA (une des raisons pour lesquelles j'ai dû recompiler un noyau sur mon Eee), on descend ainsi à 6.1Go pour la Wikipédia de langue anglaise et 2.0Go pour celle de langue française… malheureusement un chouïa trop pour les mettre ensemble sur une clé de 8Go (qui ne font pas 8Go mais plutôt de l'ordre de 8 milliards d'octets soit 7.5Go), mais je pourrai mettre l'anglaise sur une clé et la française sur le disque.

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(lundi)

Θάλασσα! Θάλασσα!

[La Méditerranée vue depuis les calanques]Aujourd'hui, j'ai revu la mer. Ici, précisément. Ça n'a rien de remarquable si ce n'est que (1) ça faisait, si je ne m'abuse, neuf ans jour pour jour que je n'avais pas vu la mer (sauf depuis un avion mais bon… disons alors que ça faisait neuf ans et quelques jours que je n'avais pas touché la mer) et que (2) la dernière fois était pile au même endroit (et à la même occasion : une conférence au CIRM). C'est même le souvenir de cet endroit précis qui m'avait inspiré ce texte.

Je peux même faire mieux qu'un simple lien vers Google local : si vous avec Google Earth, ce fichier KML devrait pouvoir se charger dedans (faire quelque chose comme open file — je ne l'ai pas sous la main pour vérifier) et montrer exactement la promenade que j'ai faite aujourd'hui (exceptés les derniers mètres, où j'ai rangé mon GPS dans ma poche pour des questions d'équilibre). On n'arrête pas le progrès.

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(jeudi)

Thèmes oniriques

Je ne crois guère aux théories freudiennes sur les rêves, ou en tout cas à l'idée que ceux-ci véhiculent des messages refoulés sous forme cachée : le plus souvent, j'arrive à en déchiffrer une bonne partie (je m'étais déjà livré ici à l'exercice) et ce sont de simples associations d'idées un peu fumeuses. Il y a cependant certains thèmes qui, en revenant souvent, doivent nous renseigner sur des peurs ou des désirs dont nous n'avons pas toujours directement conscience ; cela n'implique pas nécessairement un codage compliqué : par exemple, j'ai souvent rêvé (cf. aussi ici) que je passais un examen, que le temps arrivait à la fin et que je n'avais encore rien écrit parce que j'avais perdu mon temps à recommencer sans cesse la même chose — c'est une angoisse assez transparente.

Pour ce qui me concerne, il y a quelques motifs que j'ai remarqués comme récurant fréquemment dans mon sommeil :

  • Celui qui est peut-être le plus particulier, c'est celui de la lumière faible : je rêve que je suis chez moi ou dans un endroit familier, il fait noir ou sombre, je veux allumer la lumière, et celle-ci est étonnamment sombre (imaginez une lampe incandescente sur variateur avec le variateur pratiquement à sa position minimale), alors j'essaie d'autres lampes mais toutes produisent le même effet (ou ne s'allument carrément pas). Au bout d'un moment, souvent, je panique et je me réveille (mais pas toujours, et parfois ce n'est pas vraiment angoissant). Je ne crois pas que rien de tel me soit arrivé dans la vraie vie (sauf peut-être cette petite péripétie, mais rien d'angoissant, et je faisais le rêve depuis bien plus tôt).
  • J'ai des tendances somnambules légères, qui se manifestent presque toujours de la même façon : je rêve que je suis dans un endroit qui ne m'est pas familier, et au moins une des trois choses suivantes se produit : (i) je suis perdu, (ii) il fait totalement noir, ou (le plus souvent) (iii) je suis emprisonné. Typiquement, je pourrais rêver que je suis entré dans un sous-sol, un coffre-fort, un placard, que sais-je, et que la porte s'est fermée derrière moi, et que pour l'ouvrir il me faudrait voir ce que je fais mais je suis dans l'obscurité totale ; ou bien que je suis entré dans une grotte et que la lumière s'est éteinte et que je suis perdu. C'est en tentant de m'échapper quand même que je me réveille à moitié seulement et que je commence à errer dans ma chambre (une fois je suis vraiment entré dans mon placard comme ça, en cherchant la sortie de je ne sais quel rêve).
  • Toujours au rayon des labyrinthes, il m'arrive fréquemment de rêver de vastes dédales inexplorés : mais cette fois-ci plus comme un rêve agréable (ou prometteur et excitant) que comme un cauchemar (cela peut faire un peu peur tout de même, mais pas de la même façon). Je rêve, par exemple, que j'apprends qu'un endroit que j'ai l'habitude de fréquenter possède des souterrains immenses, dont certaines parties n'auraient jamais été explorées par l'homme (même si elles sont en béton : ne pas chercher la logique, c'est un rêve !). Généralement, dans le rêve, je n'en vois que l'ouverture qui donne sur des tunnels à perte de vue et qui à la fois m'effraient et me donnent envie de m'y aventurer. Ce ne sont pas forcément des endroits totalement inexplorés, cependant, et pas non plus forcément des sous-sols (je rêve aussi assez souvent de hautes tours comportant des milliers d'étages).
  • Un peu lié au rêve des labyrinthes, il y a mes rêves de métro. Ne riez pas : c'est un des thèmes très fréquents de mes rêves (bon, la réalité fait coucou à ce niveau-là, mais je faisais ce rêve depuis bien longtemps). L'argument est généralement que le réseau du métro a été modifié ou n'est pas ce que j'attends, et en général c'est plutôt un plaisir, un étonnement ou éventuellement un ennui (mais jamais une angoisse) de découvrir ces changements. Parfois je tombe sur des résidus d'infrastructures anciennes ou inachevées, ou des choses plus mystérieuses (et ça peut alors rejoindre le côté labyrinthe-inexploré du point précédent).
  • Un thème que j'ai plus de mal à définir exactement, mais qui revient assez souvent et parfois de façon très nette, c'est celui du grand final cosmique : il faut imaginer un cadre un peu comme dans un jeu d'aventure, de rôle (type fantastique), où on a des instructions un peu compliquées à suivre, des éléments disparates à rassembler, pour gagner, pour activer une sorte de dispositif qui demande des circonstances très précises (du style : lorsque se produit une certaine syzygie astronomique, réussir à regrouper à un endroit précis aux connotations mystiques un certain nombre d'objets magiques, ce qui va déclencher quelque chose de titanesque). Peut-être que mon inspiration, ici, vient du film Dark Crystal, qui m'avait énormément marqué quand j'étais petit. Ça peut se combiner avec l'aspect labyrinthe, vu que parfois un élément déclencheur pour « gagner » consiste à trouver un endroit donné dans le labyrinthe. Malheureusement, ce que je gagne, le plus souvent, c'est de me réveiller (et je suis déçu, alors, de ne pas voir le monde merveilleux auquel je devais pouvoir accéder en accomplissant le rituel) : mais il m'est arrivé de continuer à rêver, et d'accéder ainsi à une phase totalement différente de rêve. Cette nuit, par exemple, j'ai rêvé que je devais résoudre une sorte de casse-tête cosmique (trois cubes emboîtés dont je devais changer l'ordre — tâche impossible en apparence — pour réveiller d'anciens dieux).
  • Enfin, je peux mentionner un thème qui se rapproche du « rêve lucide », c'est-à-dire quand je commence à prendre contrôle de ce qui m'arrive dans mes rêves, et c'est généralement assez agréable comme sensation : c'est typiquement un rêve qui commence par un certain nombre de malheurs et tout d'un coup je me rebelle et je dispose alors de pouvoirs extraordinaires (parfois la conscience de rêver est totalement explicite et je dis clairement à un personnage qui veut me faire du mal qu'il n'est qu'un personnage de mon rêve, mais le plus souvent c'est juste que je me découvre une sorte de don de Jedi ou d'archimage et je balaie une attaque d'un revers de main).

En revanche, je ne fais que rarement le rêve souvent décrit comme le plus fréquent de tous, celui de pouvoir voler (ça m'est bien arrivé une ou deux fois, mais beaucoup moins que les thèmes que j'ai cités ci-dessus).

Also, Herr Professor Freud, bin ich verrückt?

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(vendredi)

Déménagement

Aujourd'hui j'ai fait mes cartons : j'ai rassemblé tous les livres et l'essentiel des papiers[#] qui s'étaient accumulés[#2] dans mon bureau au 45 rue d'Ulm et je les ai entassés dans cinq cartons (de petit volume mais très lourd poids). Lesquels seront transportés au 37–39 rue Dareau dans environ une semaine. J'ai un peu peur qu'ils soient abîmés pendant l'opération : il faut dire que j'y tiens beaucoup, à mes livres de maths. J'en ai profité pour trier un peu mes papiers (comme les je-ne-sais-combien de lettres d'universités qui me disent que ma candidature n'a pas été retenue pour le poste truc-chose, ou les arrêtés divers et variés que le ministère m'envoie avec amour[#3]).

Avec toutes les choses que j'ai eu à faire cette semaine, j'ai un petit peu fait connaissance de mes nouveaux collègues, mais je n'ai guère eu le temps de visiter l'école (je n'ai même pas encore mis les pieds en bibliothèque, par exemple). J'ai quand même découvert la cantine, qui est assez semblable à celle d'où je viens mais un peu moins chère (pour moi) et avec une plus jolie vue (sur la vallée de la Bièvre ☺️). Ça reste un peu labyrinthique à mes yeux : je me demande combien de temps il faudra pour que je connaisse tous les recoins comme je connais ceux de l'ENS. Je n'ai pas encore cherché à savoir pour les heures d'accès. Et je n'ai pas encore vraiment vu à quoi ressemblaient les élèves (pour l'instant, ils sont en train de s'intégrer).


Aucun rapport : je suis tombé (via Boing Boing) sur cet essai très intéressant à lire (quoique brouillon) sur l'évolution de l'esthétique du Web. Que vous vous souveniez ou non (et avec nostalgie ?) des années '90, de leur choix douteux de polices et de couleurs, et du bienvenue sur ma home page avec fond étoilé et bouton en construction jaune et noir, ça vaut la peine de regarder ce truc. L'histoire de l'informatique ce n'est pas qu'une histoire des logiciels et des standards, c'est aussi une histoire des coutumes !


[#] Enfin, ceux qui ne sont pas partis à la poubelle, parce que j'ai fait un carton-poubelle à peu près aussi rempli que les autres.

[#2] C'est fou la quantité de choses qu'on peut accumuler en trois ans… bon, le papier ça ne me surprend pas trop, mais les livres, quand je pense qu'il a fallu les acheter ça me fait un peu peur d'en voir le nombre. (Ils n'ont pas été achetés en trois ans, cependant : ma phrase est peut-être mal formulée, ils ont été accumulés dans mon bureau en trois ans et achetés sur une douzaine d'années.)

[#3] Le suivi de ma situation d'agrégé est assez amusant : de 1998 (date à laquelle j'ai passé l'agreg) à 2000 (où j'ai quitté l'ENS) j'étais en report de nomination, de 2000 à 2003 (monitorat à Orsay) j'étais stagiaire en congé spécial, de 2003 à 2004 (ATER à Orsay) j'étais titulaire détaché à l'Université de Paris-Sud XI, de 2004 à 2007 j'étais affecté hors académie à l'ENS, et maintenant je suis de nouveau détaché, cette fois auprès du GET. Chacun de ces changements de situation m'a valu au moins un arrêté ministériel nominatif.

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(lundi)

Prise de fonctions

Voilà, j'ai signé mon contrat, et j'ai pris possession de mon bureau : ce dernier n'est pas aussi grand que celui à l'ENS mais il est plus confortable. Je ne suis — au moins temporairement — pas sur le site principal rue Barrault, mais sur une annexe rue Dareau (à 800m de là à vol d'oiseau, soit quelque chose comme 1200m de chez moi). Le Club Contexte félicite d'ailleurs l'École d'avoir des locaux rue [baʀo] et d'autres rue [daʀo], ça aide vraiment bien à comprendre. 😕 Toujours est-il que de ma fenêtre je vois passer les trains du RER B, c'est rigolo. Ah, et il y a les plaisirs du geek à être dans une grande école de télécommunications : on a de l'IPv6 natif au bureau (2001:660:330f::/48) et un serveur NTP de strate 1. ☺️

Plus sérieusement, dans l'immédiat je n'ai guère de charge d'enseignement donc je vais pouvoir me concentrer sur ma recherche, et avant tout sur le fait de bien comprendre l'état de l'art en ce qui concerne les applications de la géométrie algébrique à la crypto.

PS : Mon nom apparaît déjà dans la page Web du département. Pas mal.

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(dimanche)

David fatigué

J'ai fini hier soir de faire passer les TIPE : j'en aurai vu 81 (chacun durant 40–45 minutes) répartis sur neuf jours d'interrogation entre le 2007-06-30 et le 2007-07-14 (oui, on fait passer des oraux le 14 juillet). Je ne ferai évidemment pas ici de commentaire sur le fond (j'essaierai d'écrire dans le rapport du jury pour l'épreuve toutes mes observations générales, notamment sur les défauts communs que j'ai constatés) ; mais du point de vue de l'examinateur, le fait que les candidats soient interrogés sur le sujet de leur choix rend cette épreuve à la fois très difficile et très enrichissante. Nul ne pouvant être spécialiste de tout, même à deux dans le sous-jury il y avait parfois beaucoup de travail pour nous afin d'être parfaitement au point ; et j'ai apprécié d'avoir pris mon portable dans la salle d'examen pour pouvoir non seulement taper mes observations en direct mais aussi avoir ainsi virtuellement accès à une plus grande bibliothèque mathématique ou scientifique que je n'aurais pu transporter sous forme de papier. Et c'est assurément aussi très fatigant (j'admire, du coup, le courage de l'examinateur de l'oral de maths spécifique Ulm, qui a vu 120 candidats chacun pendant une heure) : je ne suis pas fâché d'en avoir fini.

Il me reste maintenant à m'occuper de quantité de choses que j'ai laissées de côté, faute de temps, pendant ces deux semaines. J'ai un nombre faramineux de mails à traiter (auxquels je ne pourrai pas tous répondre), un article à référer qui va être un gros travail, beaucoup de questions mathématiques à étudier[#]… Et toujours de la paperasse. Je vais quand même prendre le temps de me reposer, parce que mes nerfs en ont vraiment besoin. Hier soir j'ai regardé les feux d'artifices depuis les toits du département de biologie de l'École. Je regrette d'ailleurs que la cour d'honneur (dite cour aux Ernests) de l'ENS ne soit pas encore revenue à son état normal (il faudra, apparemment, attendre la rentrée : mais moi je ne serai plus là), parce que j'avais beaucoup aimé, l'an dernier, d'y passer du temps à profiter du soleil, lire, et bavarder avec des amis.

Sinon, c'est demain matin que mon copain rentre enfin du Canada.

Question technique, enfin : je suis encore en train de m'apprêter à migrer ce site vers une « Dédibox », mais pour l'instant je suis bloqué par le fait que ce nouvel hébergeur potentiel n'aime pas le nom de domaine xn--kwg.net (j'ai signalé le bug, on verra s'il sera corrigé — mais il faut admettre que ce genre d'ânerie incite très peu à la confiance).

[#] Pour le boulot ou pour le plaisir. À ce sujet, nous avons eu mercredi à l'École un séminaire par John McKay (célèbre pour avoir remarqué que 196884 = 1 + 196883 ☺️) sur le monstrueux clair de lune (Monstrous Moonshine) : faites-moi penser à en dire un mot, parce que j'ai trouvé ça très intéressant (même si parfois ça ressemblait plus à de la magie noire qu'à des mathématiques).

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(mardi)

Une page se tourne

Maintenant c'est officiel :

Monsieur et Cher Collègue,

Suite à votre audition le 26 juin 2007 par la Commission de recrutement pour un emploi d'enseignant-chercheur à l'ENST en « Cryptographie », j'ai le plaisir de vous faire savoir que vous avez été classé premier.

Vous voudrez bien prendre contact avec […] afin de mettre en œuvre votre recrutement.

En vous félicitant pour ce succès, je vous prie de croire, Monsieur et Cher Collègue, en l'expression de mes salutations les meilleures.

Je quitte donc l'ENS l'an prochain pour devenir maître de conférences à l'ENST (je gagne une lettre de plus, quoi, et je me rapproche un peu de chez moi).

Avec un double défi : celui de faire de la recherche qui soit intéressante et de haut niveau à la fois mathématiquement et informatiquement. Informatiquement parce qu'on m'a recruté pour faire de la crypto et que je compte bien honorer ce devoir. Et mathématiquement parce qu'être mathématicien est mon rêve d'enfant et que je ne le lâcherai pas.

Mais on ne quitte pas sans une larme à l'œil un endroit qu'on a fréquenté assidûment pendant onze ans. Madame notre Directrice organisait justement aujourd'hui un pot pour le départ de ceux qui s'en vont (principalement des élèves, bien sûr, ceux de la promotion 2003, et j'en connais aussi beaucoup de cette année-là, qui commencent une thèse ou deviennent enseignants du secondaire), l'occasion de nous dire que nous serions toujours les bienvenus. Ça tombe bien, j'ai un copain dans cette École et il y a une bibliothèque de maths extrêmement bien fournie donc j'y serai sans doute encore souvent.


Comme une bonne nouvelle ne vient pas seule, j'apprends que le Bulletin de la Société Mathématique de France engage enfin la publication d'un article que j'y avais soumis en août 2004, et qui avait été accepté en janvier 2005. Les mathématiques ne sont pas trop pressées, mais trois ans c'est tout de même exceptionnellement long : la raison en est apparemment des difficultés techniques liées à une réorganisation de la chaîne de production du journal. J'espère tout de même que la revue sera datée de 2006, parce que sinon on risque de dire que le résultat de Madore (2007) a été ultérieurement généralisé par Hassett et Tschinkel (2006), ce qui me rend quand même un peu ridicule dans l'affaire.


Sinon, cela n'a pas de rapport, mais je viens de tomber sur une jolie suite d'entiers assez naturelle qui ne figurait pas encore dans l'encyclopédie des suites d'entiers de Sloane : j'ai donc proposé son ajout. J'espère qu'elle sera acceptée, parce que c'est quelque chose dont je suis assez fier que d'avoir fait rajouter quelques suites dans cette fabuleuse mine de numérologie scientifique (en l'occurrence, A033623, A046873, A051917 et A100002[#]).

Je propose donc cette nouvelle suite comme une énigme mathématique du jour (mais je serais vraiment très impressionné si quelqu'un la résolvait avant que la suite passe dans le Sloane) :

1, 1, 2, 10, 64, 596, 8056, 130432, 2534960, 59822884, 1718480368, 56754444440

Deux indications, tout de même, pour que ce ne soit pas complètement infaisable : premièrement, ça a un rapport avec les tableaux de Young (ou avec les représentations du groupe symétrique 𝔖n sur n objets), deuxièmement on peut considérer que c'est la continuation logique de A000041, A000085 et A000142.

Pour savoir la réponse, il suffira d'attendre que la suite soit ajoutée à l'encyclopédie…

[#] La A100002, d'ailleurs, malgré sa très grande simplicité (son mode de construction est tout à fait explicable à un enfant), a eu l'honneur d'attirer un peu sérieusement l'attention de Neil Sloane lui-même : je suppose que c'est pour ça qu'elle a eu droit à un numéro aussi spécial. Et par ailleurs elle produit une musique vraiment très intéressante.

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(dimanche)

Déjà un an de bonheur

[Deux peluches]Ça fait aujourd'hui un an que nous sommes ensemble, et même si je regrette que quatre de ces douze mois aient été passés à longue distance (mais le compteur a dépassé les 80%, youpi !), je continue à voir des petits cœurs et des petites étoiles partout. Mais comme il paraît que je suis ennuyeux à trop dire que je suis amoureux, je vais éviter de trop me répéter.

Quelle chance j'ai, cependant, d'avoir grandi à une époque, dans un pays et dans un milieu tels que je n'ai pas une seule fois eu à souffir de l'homophobie ! Certes Paris n'est pas encore tout à fait au niveau de Toronto[#] ; mais si je ne fais normalement pas de bisous à mon copain dans la rue c'est plus par pudeur générale que spécialement parce que nous sommes deux garçons. Certes, j'ai attendu l'âge de 22 ans[#2] avant de dire que j'étais homo ; mais quand je l'ai fait je n'ai recueilli que des réactions positives (au sens large, tout de même 😉). Tellement de chance, en fait, que j'ai tendance à prendre ça pour acquis, alors que ce ne l'est pas forcément pour tout le monde : même à l'ENS, où la tolérance et la visibilité homosexuelle sont, disons, visibles[#3], il y en a toujours qui ont beaucoup de difficulté à s'assumer. (Et si j'ai des exemples en tête, c'est aussi parce que j'ai parfois pu faire un peu pour aider dans ce sens certaines des personnes concernées.)

[#] Les paris sont ouverts pour savoir en quelle année (≥2012, manifestement) les mariages des couples de même sexe seront reconnus en France… Je ne suis pas spécialement un militant de cette cause, mais je suis persuadé qu'elle finira par s'imposer comme une évidence : la question est, combien de temps on peut refuser de voir l'évidence.

[#2] Soit quelque chose comme 8–9 ans « dans le placard » : mais maintenant j'en ai passé à peu près autant « en-dehors ».

[#3] Grâces soient rendues au très sérieux club Chaises longues et Journalisme d'investigation (et à son fondateur, le mystérieux M), le mensuel Têtu est maintenant déposé régulièrement dans la K-fêt des élèves, ainsi que d'autres monuments au prix Pulitzer : Gala, L'Équipe, Jeune & Jolie et l'incontournable Journal de Mickey. Car à Normale Sup` nous sommes tolérants de tous les modes de vie et toutes les sexualités… et nous apprécions l'humour glacé et sophistiqué du 5824e degré.

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(vendredi)

J'ai été fragmentifié

L'autre jour je suis tombé (dans la librairie Les Mots à la bouche, mais peu importe) sur le Manuscrit trouvé à Saragosse de Jean Potocki, dans la collection L'Imaginaire de Gallimard (le roman étant vendu avec le DVD d'une adaptation cinématographique). Un livre dont je pensais depuis longtemps que je devais le lire — c'est un grand classique de la littérature fantastique, après tout, à la fois récit initiatique et roman picaresque, avec une structure qui n'est pas sans rappeler les Mille et une nuits (notamment par la manière d'imbriquer des récits les uns dans les autres : les personnages n'arrêtent pas de rencontrer d'autres personnages qui leur racontent leur histoire dans laquelle, à leur tour, ils rencontrent d'autres personnages, etc.), et il se trouve que j'ai beaucoup aimé les différentes traductions que j'ai lues des Mille et une nuits.

Bref, j'ai acheté ça, j'ai sauté la préface (personne ne lit jamais les préfaces, pas vrai ? elles servent uniquement à faire croire que le livre est plus gros qu'il ne l'est vraiment, donc à impressionner plus les gens quand on dit qu'on l'a lu) et j'ai attaqué directement l'histoire — qui est organisée sous forme de journées (donc décidément il y a de l'inspiration des Mille et une nuits). Il y est question de brigands, de revenants et de cabalistes, et j'ai vite été captivé ; en fait, l'histoire-cadre (je veux dire, celle dans laquelle les autres s'imbriquent) fait apparaître un certain mystère dont on a hâte de savoir la clé : le héros est-il le jeu d'une machination ? est-il maudit ? possédé ? le met-on à l'épreuve ? et si oui, que doit-il faire ? Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, mais, décidément, je voulais savoir le fin mot de l'intrigue.

Et voilà que ça se termine en queue de poisson.

Mécontent, je commence à faire un peu plus attention aux notes de l'éditeur et à essayer de lire la préface — je dis essayer parce qu'elle semble avoir été écrite de façon à être incompréhensible par quiconque n'est pas déjà parfaitement au courant des péripéties qu'a traversé le véritable manuscrit du Manuscrit trouvé à Saragosse (qui n'a pas été trouvé à Saragosse). Sans doute parce que personne ne lit les préfaces (ou alors pour savoir que Potocki s'est suicidé avec le couvercle de sa théière).

Voici ce que j'ai fini par comprendre : le roman a été écrit en français mais, du vivant de Potocki, n'en a été publié (aux alentours de 1810 sous le nom des Dix Journées de la vie d'Alphonse van Worden) que le début ; à part cette édition publiée, on ne dispose que de quelques fragments épars, plus une mauvaise traduction polonaise (réalisée de façon posthume, en 1847, à partir d'un original maintenant disparu). Et le volume que j'ai acheté ne donne que le texte dont on dispose en français : donc si je veux lire la suite, il faudra acheter une (re)traduction de la version polonaise (Rękopis znaleziony w Saragossie) — heureusement, cela existe.

Pour résumer : j'ai été pris au piège que j'aime moi-même tendre à mes lecteurs.

Pour me venger, je pense que les deux prochains fragments que je publierai seront les deux premiers chapitres d'un roman que j'ai commencé et jamais continué.

[Ajout () : J'ai fini par avoir le fin mot de l'histoire en lisant l'intégralité du Manuscrit.]

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(samedi)

Rêves

Hier soir j'ai rêvé que je revenais dans le passé — ou dans un simili-passé — vaguement moyenâgeux, avec un groupe de scientifiques et d'ingénieurs. Et notre « but » (s'agissait-il d'une émission de télé-réalité ?) était de reconstituer autant que possible la technologie moderne à partir des moyens du bord (c'est-à-dire une petite communauté disposant des outils et connaissances de l'époque). Le rêve était bizarre comme souvent les rêves le sont, et partait rapidement dans des directions scientifiquement pas très correctes (je me rappelle notamment que nous faisions l'électrolyse d'un gros bac d'eau salée pour générer du courant). Mais c'est une question intéressante : en partant de rien ou presque comme moyens mais de toutes les connaissances théoriques et pratiques possibles, combien de personnes et combien de temps faut-il pour atteindre tel ou tel but concret ? (Je pourrais proposer un ordinateur, mais ce serait un peu méchant, quand même.)

Je suppose qu'un des éléments qui ont pu me faire avoir ce rêve est que j'ai réfléchi (et parlé à plusieurs personnes) des connaissances scientifiques que j'aimerais que le citoyen moyen comprenne, et qui, malheureusement, semblent lui échapper totalement. (À titre d'exemple, on pourrait espérer que les gens comprennent un tout petit peu ce qu'est que l'énergie : par exemple, j'ai trouvé plusieurs personnes qui avaient du mal à comprendre que, l'hiver, quand on se chauffe au chauffage électrique thermostaté, ce n'est presque pas un gâchis d'énergie de laisser toutes les lumières allumées. Ou la conservation du carbone : il y a des gens qui s'imaginent que les plantes font magiquement disparaitre le CO2 de l'atmosphère, et ne comprennent pas que cette disparition correspond précisément à l'augmentation de la biomasse, donc qu'une forêt n'absorbe du CO2 que dans la mesure où elle augmente. J'ai tout plein de petits exemples aussi idiots que ces deux-là.)

Plus loin dans le même rêve, je parlais d'Unicode : c'était totalement incongru, parce que dans un rêve où il était question de rois et de dragons (et aussi d'une incompréhensible histoire de moulins à eau qui allaient s'effondrer) je me mets à donner une explication très précise de l'utilisation des combinants et des formes canoniques de décomposition dans Unicode. Explication non seulement très précise mais aussi parfaitement correcte pour autant que je me rappelle. Et ça finissait dans un jardin où poussaient des caractères combinants. C'est mignon, les rêves.

Aucun rapport, mais ce soir, avec des amis, nous avons regardé quelques épisodes d'une série documentaire scientifique surprenante, The Future Is Wild, qui spécule sur ce que pourrait être l'avenir des espèces animales (et végétales) sur Terre après la disparition de l'Homme (dans 5, 100 et 200 millions d'années, et en tenant compte de changements climatiques et géologiques plausibles), montrant en images de synthèse tout un tas d'espèces imaginées. Il y a l'air d'avoir des trouvailles assez géniales là-dedans.

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(mercredi)

Célébrité de la semaine

Ciel ! Mon voisin de bureau (pour quelques jours) est Pierre Deligne ! je ne vais vraiment pas oser lui parler.

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(mercredi)

Auditions, suite

Suite de mes résultats : je n'ai pas été classé à Strasbourg ; à Rennes, je suis 2e mais, de nouveau, les chances que celui qui est devant moi aille ailleurs sont très faibles. Je suis encore auditionné mardi après-midi (le 22) à Télécom Paris [cet endroit n'est pas répertorié sur le site Opération Postes, sans doute parce que son ministère de tutelle est le ministère de l'Industrie] et mercredi matin (le 23) à Bordeaux ; sinon, je ne sais pas encore si Paris VIII m'auditionne.

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(samedi)

Photos du touriste

Voilà, j'ai fait en quatre jours plus de tourisme que je ne fais normalement en une année (et je pourrais presque en dire autant sur la lecture vu que j'ai passé mes seize heures de train à bouquiner, ce qui m'a permis de lire deux romans[#]).

Mes photos sont en ligne ici. Enfin, c'est surtout Strasbourg qu'on y verra, puisque mes passages à Rennes et Lyon ont été en coup de vent, alors que pour Strasbourg, vue la durée du trajet[#2], j'ai passé la nuit là-bas ; mais il y a aussi que j'ai déjà un peu visité Rennes et Lyon alors que c'était la première fois de ma vie (je crois) que je mettais les pieds à Strasbourg. Laquelle me fait une très bonne impression, d'ailleurs : moderne et pittoresque à la fois, et faisant une belle part aux piétons et vélos ; j'ai aussi une bonne impression de Rennes et Lyon, du reste.

Un résultat est déjà tombé, celui de l'ENS Lyon (de mon audition de jeudi, donc), où je suis classé 2e — je l'ai appris cinq minutes avant mon audition de ce matin à Strasbourg, d'ailleurs, par quelqu'un qui en a parlé tout haut dans un couloir. J'en suis très agréablement surpris[#3], même s'il y a peu de chances que celle qui est devant moi[#4] préfère aller ailleurs.

[#] L'Immeuble Yacoubian [عمارة يعقوبيان, mais je ne lis pas l'arabe] d'Alaa El Aswany [علاء الأسوانى] d'une part, et d'autre part Specimen Days de Michael Cunningham. Je les avais offerts à ma mère pour Noël, faut bien que j'en profite un peu aussi. ☺️ Et comme elle j'ai pensé du bien du premier et j'ai été très déçu par le second, surtout en comparaison de The Hours (du même auteur).

[#2] Le TGV Est va représenter un énorme changement. Pas seulement dans le temps de trajet, d'ailleurs : les trains Corail que j'ai pris en allant à et en revenant de Strasbourg avaient 30 et 10 minutes de retard respectivement, alors que les TGV m'ont l'air globalement bien à l'heure ; et pour ce qui est de l'aménagement intérieur aussi : dans mon train au retour de Strasbourg, qui était à moitié Deutsche Bahn puisque venant de Munich, quand je suis passé de la moitié Corail à la moitié DB pour me dégourdir les jambes, j'ai eu l'impression d'être passé de la 4e à la 1re classe…

[#3] En fait, je pensais n'avoir aucune chance à Lyon, j'y allais plus pour l'entraînement et parce qu'il est intéressant d'expliquer ce qu'on fait à des gens qui viennent d'autres branches des maths. Ils posent d'ailleurs des questions qui montrent qu'ils écoutent attentivement et s'intéressent vraiment à ce qu'on raconte.

[#4] Que je connais bien. D'ailleurs, je dînais avec elle hier soir… Je suis nul, hein : je dîne avec mes concurrents et je ne mets même pas de poison dans leur verre ! ☺️

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(samedi)

Voyage, voyage…

Mes billets de train pour me rendre à mes auditions sont achetés : 333€ tout rond (hum, ce que c'est de ne pas avoir de réduction 12–25 ou autre gadget de ce genre) en trois parts à peu près égales, qui me permettront donc de comparer, pendant ces seize et quelques heures de trajet, le réseau TGV Atlantique au départ de la gare Montparnasse (mercredi), le réseau TGV Sud-Est au départ de la gare de Lyon (jeudi) et le réseau TGVCorail Est au départ de la gare de l'Est (vendredi–samedi).

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(jeudi)

Auditions à venir

  • Mercredi 9 mai, 15h30 → Rennes 1
  • Jeudi 10 mai 16h → ENS Lyon
  • Samedi 12 mai 9h40 → Strasbourg (Louis Pasteur)

J'ai de la chance : non seulement il n'y a pas de conflit (ils essaient de les éviter, bien sûr, mais ce n'est pas toujours possible), ni de conflit avec mon TD du vendredi matin, mais en plus les deux premiers sont à des moments franchement commodes. Strasbourg est un peu plus ennuyeux (je vais devoir y passer la nuit de vendredi à samedi) mais c'est loin d'être ingérable.

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(mardi)

Joyeux blogoversaire à moi !

Well, if there's a bright centre to the Internet, you're on the blog that it's farthest from.

[De nouveau, je n'ai pas besoin de dire d'où sort la citation ; hélas, je ne suis même pas la premier à avoir l'idée de l'appliquer à ce contexte : c'est le problème d'être arrivé trop tard dans un monde trop vieux.]

Hop, une pensée émue pour le jour où j'ai commencé ce blog, il y a quatre ans. Taratata, je peux me proclamer un des pionniers[#] de la blogosphère francophone (oui, souvenez-vous, en 2003 la petite sœur de tout le monde n'avait pas déjà un skyblog, puisque les skyblogs n'existaient pas). J'aimerais en faire un résumé par phases, mais il faut bien admettre que ce n'est pas facile, tout ça manque quand même de cohérence. Quand je relis des entrées passées, je me souviens les avoir écrites, mais l'ordre me paraît souvent bizarre (tiens, cette entrée, ça fait déjà trois ans que je l'ai écrite ? je croyais que c'était il y a trois semaines ! ah, et celle-là j'aurais dit que c'était super vieux, elle date de seulement deux mois… — ça n'a rien de spécifique à ce blog, bien sûr, c'est toujours le cas quand je repense à des choses passées, la séquence des événements est toute chamboulée par mon souvenir). Peut-être que quand je serai vieux et célèbre[#2], mes exégètes nombreux et bardés de diplômes définiront ma période bleue et ma période rose, et quand mon blog sera publié en Pléiade avec des notes un des commentaires sur celle-ci expliquera ce que je ne sais pas vous expliquer maintenant, mais en attendant je vais me coucher.

[#] Ah, pour être pionnier dans quelque chose, il faut que quelqu'un vous ait vu et vous ait imité ? Zut. Ben tant pis, alors.

[#2] Quoi, je ne suis pas crédible ? Quoi, la page parlant de moi a été retirée de la Wikipédia francophone ? Mais euh, d'abord.

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(dimanche)

Peur, incertitude, doute

J'ai complètement craqué vendredi soir : pour aucune raison de plus qu'un malentendu idiot, j'ai paniqué de ne pas avoir de nouvelles de mon copain parti pour le week-end à New York. Il est vrai que je suis assez fragilisé nerveusement en ce moment, mais c'est certainement la plus grosse crise de nerfs que j'aie jamais piquée… Donc je comprends maintenant clairement le sens des vers[#] :

Un songe, un rien, tout lui fait peur
Quand il s'agit de ce qu'il aime.

Bon, excusez-moi si je suis pénible avec mes trucs d'amoureux transi, c'est encore tout nouveau pour moi — à trente ans, ce n'est pas trop tôt — alors je fais ma bluette d'adolescent attardé, et bientôt si vous êtes sages je m'enregistrerai chantant, d'une voix de midinette,

La solitudine fra noi
Questo silenzio dentro me
E l'inquietudine di vivere
La vita senza te

Ti prego aspettami perché
Non posso stare senza te
Non è possibile dividere
La storia di noi due

(Les stagiaires de Google rigolent !)

✯ Bon, je digresse, parce que ce n'est pas du tout de vie sentimentale que je voulais parler quand j'ai intitulé cette entrée : peur, incertitude, doute. Mais bien d'avenir scientifique.

Je ne parle pas uniquement du mien. Il se trouve que par ma profession et ma position à la fois je suis un observateur (tristement) privilégié du spleen des jeunes mathématiciens, voire jeunes scientifiques en général, français : je parle de jeunes qui auraient dû être promis à une brillante carrière au service de la Science avec un grand ‘S’ et qui abandonnent avant même de l'entamer parce que l'horizon est si sombre qu'ils ne se sentent pas le courage d'entamer une bataille tellement désespérée. Vraiment, les mathématiques françaises, en tout cas les mathématiques pures, et peut-être en fait toutes les sciences qui ne sont pas directement applicables, sont en train de mourir, privées de leurs forces vives, par faute de postes. (J'insiste sur les postes, car ce n'est pas tellement d'argent qu'on manque : comme il est toujours plus facile de débloquer de l'argent que des postes, c'est ce qu'on fait de temps en temps, et cet argent sert entre autres à créer des emplois précaires qui ne font que prolonger la galère des jeunes chercheurs.)

Il est tentant de penser que si on donne n postes et qu'on met un jury de spécialistes pour déterminer à qui ils vont aller, on récupérera les n meilleurs à la sortie : c'est faux pour plein de raisons (la première étant que meilleurs n'a pas de sens et que, quand bien même il en a, il ne peut se déterminer qu'avec énormément de recul, et que le jury est humain donc faillible), et ce n'est même pas forcément souhaitable (au risque de choquer, le but des mathématiques n'est pas uniquement de produire des théorèmes, par exemple, je l'ai déjà dit), mais, surtout, si n est trop petit, une bonne partie des meilleurs va de toute façon abandonner avant même d'arriver à l'étape où ils seraient confrontés à la sélection. C'est ce que j'observe. Peur, incertitude, doute. Et ça me fait mal au cœur de voir ça.

Il est certainement difficile de défendre l'utilité du métier de mathématicien (pourquoi chercher le secret des étoiles ?), mais quand je vois des gens me dire qu'ils vont devenir (ou sont devenus) traders, ou des métiers de ce genre (se vendre au Grand Capital personnifié par la banque est assez commun dans le cas présent), qu'ils gagnent largement plus dès leur embauche qu'un chercheur en fin de carrière et qu'ils considèrent ça comme un échec et qu'ils ne voient pas en quoi ils sont plus utiles dans ce métier-là que dans celui qu'ils auraient voulu, eh bien je trouve qu'il y a quelque chose qui cloche.

[#] Ce qui est bien avec Internet, c'est qu'on n'a plus besoin de préciser les auteurs des citations, ceux qui ne trouvent pas peuvent toujours demander au Grand Oracle Omniscient Gardien du Livre de l'Entendement. Un ami avait même trouvé une expression pour traduire ça : les stagiaires de Google rigolent (l'idée sous-jacente étant d'imaginer que Google emploie des stagiaires pour regarder toutes les requêtes qui passent et dès que quelqu'un fait une référence qu'il n'explique pas, ces stagiaires la voient passer et s'en amusent).

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(jeudi)

CNRS → pas la peine d'insister

Ça n'a rien d'une surprise, mais les résultats (encore officieux) du CNRS sont tombés tout à l'heure, et je ne suis pas admissible (ni classé). Bon, je commence à avoir l'habitude, et par ailleurs quand on voit qui d'autre ils n'ont pas pris, on ne peut pas dire que ce soit déshonorant. Mais j'aurais quand même mieux fait de ne pas écouter les gens qui m'ont soufflé que j'avais peut-être une chance, et éviter de perdre mon temps à candidater (ne serait-ce que pour rester un peu plus longtemps à Toronto…).

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(mercredi)

44.6%

Non, 44.6%, ce n'est pas le score de Ségolène Royal au second tour : [Compte à rebours]c'est l'avancement du temps avant le retour de mon copain. Ce n'est pas un nombre spécialement remarquable, 44.6, mais je commence vraiment à trouver le temps carrément long (oui, je l'ai vu il y a à peine plus d'une semaine, mais malgré — ou peut-être à cause de ça — il me manque déjà énormément), alors le fait de n'avoir même pas atteint 50 sur le retour-o-mètre est un peu dur, là.

[Canards en plastique]C'est fascinant comme le fait d'être en couple me semble complètement naturel. Il n'y a même pas un an j'ai pu me croire plutôt solitaire, trop jaloux de ma liberté, ou simplement pas fait pour les relations stables : je ne sais pas si je dois dire que je m'étais trompé dans ma perception de moi-même ou si j'ai changé, mais me voilà devenu ce que certains appellent un Putain de Romantique de Merde. (J'ai pourtant l'impression que la transformation dans l'autre sens est plus commune.) Et je suis loin de m'en plaindre : si j'en suis actuellement à compter les heures et à m'inquiéter à tout propos de savoir si mon poussinet[#] va bien (mon tempérament anxieux, lui, il n'est pas près de changer), c'est toujours beaucoup mieux que de déprimer épisodiquement comme je faisais avant. Je suis extraordinairement plus heureux que par le passé (et j'aimerais proposer ce bonheur en signe d'espoir à ceux qui pensent tristement que leur soif d'affection n'aura pas de fin, comme j'ai pu le croire et en souffrir) ; néanmoins, le manque n'en est pas moins réel, presque comme le manque d'une partie de moi-même, surtout la nuit dans le lit.

Encore deux mois et demi à tenir, pfff…

(Ils sont tout meugnons, hein, mes mini canards de bain ?)

[#] Non, ce n'est pas comme ça que je l'appelle. Mais les mots doux que nous nous échangeons, je préfère les garder pour nous, justement.

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(mardi)

Photos de Toronto

J'ai fait[#] une petite sélection de photos de mon voyage à Toronto (215 photos et 8 petits films, pour être précis).

Il y a aussi une galerie un peu plus complète (i.e., comportant une trentaine de photos et une demie-douzaine de petits films que je n'ai pas voulu rendre publics) : ceux qui me connaissent personnellement et que ça intéresse, n'hésitez pas à m'en demander l'adresse.

[#] Après m'être pas mal battu pour réussir à avoir un affichage correct de la date des photos (c'est-à-dire heure locale + fuseau horaire).

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(lundi)

Audition CNRS

J'ai passé mon audition CNRS ce matin, qui s'est bien passé (en cinq minutes, j'ai réussi à énoncer un résultat que j'ai démontré assez récemment), ce qui ne veut rien dire puisque c'est un exercice purement formel. Enfin, si, ça veut dire que je n'ai pas dormi de la nuit et que du coup je suis hors d'état de faire quoi que ce soit d'utile aujourd'hui.

Les sous-jurys ont des noms rigolos : celui devant lequel je suis passé s'appelait mathématiques déterministes et aléatoires, et il y en avait d'autres avec pour noms mathématiques pures et appliquées et mathématiques discrètes et continues (et sans doute encore d'autres). Apparemment le truc est qu'ils sont obligés de donner un nom qui ne soit pas un simple numéro, mais ils ne veulent exclure aucun domaine des mathématiques dans aucun titre, alors ils utilisent toutes sortes de divisions en deux antonymes (il y avait peut-être aussi mathématiques finies et infinies, mathématiques des petites et grandes dimensions, etc.).

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(samedi)

Quelques râleries et quelques idées

Tout à fait en vrac :

☛ J'aimerais bien qu'on m'explique pourquoi quand on va dans un minable MacDo on a droit au Wifi gratuit illimité (pour le prix d'un quelconque MacChose, donc autour de 2€) alors que dans un aéroport, auquel on a payé quand même significativement plus qu'un Big Mac, non. Quelqu'un peut m'expliquer ça ? Je suis le seul à trouver que c'est puant de mesquinerie de la part des aéroports ? (J'aurais pu penser que c'était une radinerie française, mais, non, à Montréal et Toronto c'est pareil.) Remarquez que tous les gens passant à proximité du MacDo peuvent profiter du Wifi de celui-ci, alors que pour l'aéroport il est quand même plus rare de passer par là par hasard (celui qui veut faire le voyage jusque loin à l'extérieur de la ville juste pour le Wifi, quelque part, il mérite qu'on le lui donne). Ce n'est pas de payer qui me gêne (je veux dire, s'il fallait augmenter epsilonesquement la taxe d'aéroport pour avoir le Wifi gratuit partout, je trouverais ça normal), mais payer à la minute et devoir donner un numéro de carte bancaire, c'est vraiment plus que pénible.

☛ Au chapitre des prix des communications : de Montréal j'ai voulu appeler mon copain — qui a un téléphone mobile à Toronto — pour lui dire que j'étais bien arrivé. Je mets un quarter (25¢) dans une cabine téléphonique publique, je compose le numéro, et elle me dit que je devrai rajouter… 3.65$ pour une communication de 1 minute. Allô ‽‽‽ 3.80$ pour une minute ‽ Je paie largement moins cher pour l'appeler de France ! Personne n'a été capable de m'expliquer ce tarif délirant. (Je crois que les tarifs des communications sont en train de suivre le même chemin que ceux des vols d'avion, c'est-à-dire le chemin de l'incompréhensibilité la plus totale.)

☛ Mon appareil photo numérique a une notion de fuseau horaire : quand je suis parti il m'a suffi de lui dire que j'allais à Toronto (et que c'était l'heure d'été là-bas aussi — il est normal qu'il ne sache pas les règles pour ça vu qu'elles changent tout le temps) et il était à la bonne heure. C'est une très bonne chose. Hélas, il ne semble pas enregistrer cette information dans les photos qu'on prend ! (Par exemple, dans les données Exif, il y a une heure indiquée, mais les imbéciles qui ont écrit cette norme n'ont pas jugé bon de prévoir de mention de fuseau horaire, ni même, d'ailleurs, de préciser clairement si le temps indiqué doit être le temps universel ou l'heure locale.) Or moi j'ai envie que mes photos soient toujours triées chronologiquement (ce qui implique de leur associer le temps universel de prise, puisque j'ai pu prendre des photos dans l'avion avant et après avoir changé le fuseau donc l'heure locale fera un saut brutal en arrière), mais que l'heure montrée par un logiciel quelconque d'affichage soit l'heure locale (+ indication explicite du fuseau, d'ailleurs) parce que si une photo a été prise à 22:00−0400 à Toronto j'ai envie de voir affiché 22:00−0400 et certainement pas 04:00+0200 sous prétexte que je la regarde en France. Combien de temps faudra-t-il avant que les gens comprennent qu'une indication de temps doit toujours[#] comprendre une heure et un fuseau horaire ?

D'ailleurs, je m'étonne que les appareils photos ne soient pas plus couramment équippés d'un récepteur GPS pour pouvoir plus facilement enregistrer le temps universel (au moins Exif prévoit-il un champ GPSTimeStamp pour l'heure GPS !), et évidemment la position des photos ⇒ on pourrait les localiser automatiquement sur des sites comme Panoramio et naviguer dans ses propres photos par espace aussi bien que par temps.

[#] Bon, en fait, il faut prévoir plusieurs cas : soit on a une heure locale et une indication de fuseau (ou, de façon équivalente, un temps universel et une indication de fuseau), soit on a un temps universel mais pas de fuseau naturellement associé (par exemple, pour un phénomène astronomique), soit dans de rares cas on a uniquement l'heure locale sans connaître le fuseau ou sans que le fuseau ait vraiment de sens. Le dernier cas pose évidemment problème pour trier par ordre chronologique, le mieux étant sans doute de considérer artificiellement pour les besoins du tri que c'est dans le fuseau local courant.


Un peu d'élection présidentielle française, maintenant :

☛ Mes pronostics de victoire soufflés par mon pipotron intégré (je ne parle pas de souhaits, hein, uniquement de pronostics) : je 69% de chances à Nicolas Sarkozy, 22% à Ségolène Royal, 9% à François Bayrou. Largement moins de 1% à n'importe quel autre candidat. Ce n'est pas trop loin de la cote que donnent les bookmakers anglais (et ils sont normalement un bien meilleur indicateur que n'importe quel sondage : surprenant que les journalistes français ne s'en soient pas encore rendu compte). Je maintiens ma prévision de cohabitation possible même si j'en diminue la probabilité vu que le PS fait apparemment tout ce qu'il peut pour s'assurer de perdre les législatives s'il perd la présidentielle (et à force d'essayer très fort, il va finir par y arriver, c'est sûr : leur intérêt naturel était de minimiser l'importance de la présidentielle et de répéter le mot législatives aux électeurs, et il a fait exactement le contraire).

☛ On ne dira jamais assez les aberrations causées par le mode de scrutin (majoritaire à deux tours). La seule chose qui va compter vraiment, demain, c'est qui arrive deuxième. Avec pour conséquence que si les partisans de Ségolène Royal, respectivement François Bayrou, ont intérêt à voter pour Ségolène Royal, respectivement François Bayrou, ceux qui veulent voir Nicolas Sarkozy avoir le plus de chances de triompher doivent naturellement voter pour… Ségolène Royal ou Jean-Marie Le Pen ! (Puisque Sarkozy sera de toute façon au second tour, ce qui importe pour eux est de lui donner un adversaire qu'il a le plus de chance d'arriver à battre : donc soit renforcer Ségolène Royal si François Bayrou est une menace, soit renforcer Jean-Marie Le Pen si c'est Royal qui est une menace. Enfin, tout ça à condition que cette stratégie ne soit pas trop répandue : la stratégie que tous les partisans de Sarkozy devraient appliquer c'est de voter pour ce dernier avec une probabilité de 85% environ et pour Le Pen avec une probabilité de 15% environ, ce qui garantirait à peu près à coup sûr d'éviter que Bayrou soit au second tour.) Je ne sais pas si les électeurs sont trop peu calculateurs pour concevoir ce genre de tactique ou s'ils ont la candeur de penser que le vote a une portée symbolique et qu'ils refusent de donner leur voix à un candidat qu'ils détestent juste pour maximiser les chances de celui qu'ils préfèrent : sans doute un peu des deux. En tout cas, aucun homme politique n'aurait le courage d'expliciter ce genre de tactique : c'est peut-être à leur honneur, mais ça signifie qu'on s'interdit aussi le débat sur les inconvénients du système électoral appliqué.

Pour ma part, j'essaie de voter de façon complètement calculatrice et totalement dénuée d'idéalisme ou de symbolisme (c'est-à-dire que j'essaie d'évaluer froidement, avec toutes les données que j'ai à ma disposition, l'espérance d'amélioration, pour ma définition du bien, apportée par chaque vote en tenant compte uniquement des conséquences qu'il aura, pas d'un idéal que j'aurais).

☛ Il y a tellement de gens qui disent qu'ils n'aiment aucun candidat et qu'ils ont de la répugnance à choisir le moins pire (alors qu'ils verraient bien, disent-ils, qui serait le pire) que j'ai envie de proposer, pour montrer un peu le ridicule de la chose, de faire une élection présidentielle à l'envers. Autrement dit, on vote pour le candidat qu'on aime le moins, les deux qui ont le moins de voix passent au second tour et de nouveau on vote pour celui qu'on aime le moins et c'est celui qui a le moins de voix qui est élu. C'est tout à fait dans l'air du temps : voter pour le candidat qu'on veut éliminer, tout ça tout ça. Et ce serait complètement grotesque, c'est sûr, mais certainement amusant.

☛ J'aurais aimé regarder tous les spots de campagne parce que j'aime bien regarder la façon dont les hommes politiques font leur communication (et je trouve même qu'ils dégagent parfois une poésie intéressante). Il semble que ces spots soient , mais je ne suis pas sûr que la liste soit complètement totalement et absolument exhaustive. Malheureusement c'est un peu long. À défaut j'aurais aimé trouver un site un tant soit peu officiel qui les recense tous avec leur durée et la transcription du texte. Apparemment ça n'existe pas. Pire encore, les spots ont semble-t-il été retirés du site de France Télévisions sous prétexte que la campagne officielle est fermée : c'est ahurissant d'être abruti à ce point.


☛ Aucun rapport avec le schmilblick : que se passe-t-il si quelqu'un porte plainte contre l'Église catholique romaine pour discrimination à l'embauche parce qu'elle refuse d'ordonner les femmes ?

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(jeudi)

De retour de Toronto

Je ne sais pas trop comment organiser cette entrée, parce que j'aurais plein de choses à raconter mais je suis vraiment trop fatigué pour tout dire… [Deux peluches]Ce qui est sûr, c'est que je ne regrette pas d'être parti, et que je reviens plus amoureux que jamais — ça va être long d'attendre encore trois mois que mon copain rentre pour de bon : même si les adieux hier soir à l'aéroport de Toronto n'ont pas été aussi difficiles qu'il y a deux mois à Roissy, les retrouvailles ont été trop courtes à mes yeux.

Cela faisait six ans que je n'avais pas pris l'avion et douze ans que je n'avais pas traversé l'Atlantique. L'avion, j'avais oublié à quel point c'était fatigant : je suis décidément incapable d'y dormir (non pas à cause du bruit ni de la lumière, mais à cause de la position) ; par contre, le décalage horaire n'a pas l'air spécialement dur à vivre (je veux dire que si j'avais pu dormir dans l'avion je tiendrais bien le coup, dans les deux sens).

[Toronto]Toronto, j'y ai vécu un an en '84–'85, un mois à l'été '88, et une semaine à l'été '95. Les souvenirs de ces trois séjours sont complètement mélangés dans ma tête (et, bien sûr, les années passant, il en sera de même de mes souvenirs de 2007). Par conséquent, plutôt que vraiment visiter la ville, je cherchais à retrouver ce que je me rappelais, à faire coller ma mémoire à la réalité, à localiser une image parfois très incertaine, une idée vague, une impression : et, dix ou vingt ans plus tard, ce n'est pas évident. Difficile de savoir quand les choses ont changé ou quand mes souvenirs sont faux : il y a des mystères que je n'ai pas pu résoudre (par exemple, le chemin précis que suivait la promenade que mon père et moi avions l'habitude de faire dans la Don Valley) — mais, dans l'ensemble, je ne m'en suis pas si mal tiré (j'ai bien réussi à retrouver une boutique d'objets scientifiques que j'aimais quand j'étais petit, alors que je n'en connaissais plus ni le nom ni l'endroit ni la disposition exacte).

Certaines choses sont définitivement devenues du passé et c'est dommage, comme le planétarium du centre ville qui n'existe plus (et j'y suis allé, faut-il croire, peu de temps avant sa fermeture). Plus triste à mes yeux, le musée des sciences, qui a joué un rôle important dans mon éveil à la science, a essentiellement cessé d'être un musée de sciences pour devenir une attraction pour gamins : un grand nombre des expositions ou articles que j'ai connus (le film Powers of Ten, en gros toute la section astronomie, une démonstration avec des lasers, les gouttes d'eau vues au stroboscope, le couloir sans écho…) ont apparemment disparu et il y a à la place toutes sortes de jeux prétendument scientifiques pour les enfants (je ne peux pas juger, les adultes n'ont pas le droit d'aller à certains endroits) ; en tout cas, ce musée n'a plus le moindre intérêt si on a plus de, disons, 14 ans, alors qu'il en avait autrefois (quand moi-même je n'avais pas 14 ans !).

Autrement, ce qui m'a frappé, peut-être plus cette fois qu'auparavant, c'est à quel point la ville est grande : le downtown où se trouvent les buildings, ou toute la région qu'on peut espérer connaître, est perdu au cœur d'un sprawl interminable (une trentaine de kilomètres de diamètre) de petites maisons ou d'immeubles très largement espacés. On peut trouver, en plein milieu de la ville (je pense à la vallée du Don), de vastes paysages qui ressemblent furieusement à de la campagne !

Dans le downtown lui-même, des passages piétons souterrains entre buildings forment un gigantesque complexe de centre commerciaux reliés entre eux, le PATH. En '95, mon père s'était moqué de moi parce que j'avais passé tout mon temps à Toronto à visiter les centres commerciaux, mais, à bien y réfléchir, ce n'est pas absurde : c'est une des attractions de la ville comme la tour la plus haute du monde (laquelle n'en revient pas, d'ailleurs, d'avoir toujours ce titre trente ans après sa construction alors qu'elle espérait ne le garder que quelques années… mais elle va sans doute le perdre dans un an ou deux). Ah, et puis, comme la ville aime apparemment les superlatifs, il y a une librairie qui se prétend aussi (de façon très certainement pipo) la plus grande du monde.

Pour ce qui est de l'aspect multiculturel (parce que dans le rayon des superlatifs il y a des gens pour prétendre que Toronto est la ville la plus ethniquement diverse du monde), je ne suis pas terriblement impressionné — disons que ça ne me semble pas sensiblement plus varié que Paris, peut-être même moins — mais il est vrai que ça a un côté plus institutionnel, avec des quartiers où les noms des rues sont aussi donnés en chinois, ce genre de choses. Et le fait est qu'on trouve facilement de la nourriture de toutes origines. Globalement, à Toronto, on mange bien (même s'il m'a semblé discerner une tendance à favoriser ce qui est un peu gras et lourd).

On voit très peu de gens obèses dans la rue. Peut-être est-ce le climat qui aide à brûler les graisses ? Mais globalement, l'impression est que les Canadiens, sans être extrêmement différents de leurs voisins du sud, savent rester plus modérés ou — qu'on me pardonne le terme — civilisés : ce ne sont pas des fanatiques religieux, ils ont un embryon de sécurité sociale, ils reconnaissent le mariage des couples de même sexe, ils ne tiennent pas à tout prix à pouvoir porter une arme (pour tuer tout le monde dans les campus universitaires, ahem), ils ne s'imaginent pas que faire la guerre en Iraq aidera à lutter contre le terrorisme, et pour les poids et mesures ils utilisent même le système métrique dont toute la Terre a très compris l'avantage sauf un certain pays d'irréductibles. Je ne prétends pas que les Canadiens n'ont aucun des défauts des Étatsuniens, hein : ils persistent eux aussi à ne pas faire figurer les taxes dans les prix (ni le service au restaurant, ce qui fait qu'on doit en permanence se balader avec une calculatrice pour ajouter 15% à la somme qu'on vous indique, et je trouve ça vraiment stupide et insupportable). Et quand ils racontent leur vie (en anglais), un mot sur deux qu'ils prononcent est like (en entendant certaines personnes, c'est à tel point que je me dis qu'il serait plus efficace de sous-entendre ce mot à chaque fois qu'il est possible, et de dire explicitement unlike si on ne veut pas le dire !). Ah, et ils ne tiennent pas les portes pour ceux qui passent après : c'est bizarre, parce que généralement ils sont nettement plus polis et serviables que les Français, mais ça, apparemment, ça ne leur vient pas à l'idée que c'est une bonne idée de regarder quand on traverse une porte s'il n'y a pas quelqu'un juste derrière. Sinon, il y a quelques petites différences rigolotes avec les États-Unis, comme le fait qu'au lieu d'aller chez Wal★Mart et Starbucks on peut aller chez Loblaw et Second Cup, dont vous n'avez probablement jamais entendu parler si vous n'êtes pas allé au Canada.

Et le climat, bien sûr, qui est merdique. Enfin, là, je suis aigri parce qu'il a fait un temps glacial pendant toute la semaine que j'étais là et que le jour où je repars il se met à faire beau.

Revenir de vacances, en tout cas, ce n'est pas bien agréable : on est assailli par des centaines de mails qui réclament une attention urgente, par des tâches domestiques de tous genres (laver tous les vêtements sales qu'on rapporte, trier le courrier postal, remplir le frigo qui est vide…), d'autres bureaucratiques et d'autres informatiques (comme s'occuper de l'ordinateur nº2177335616 dont un disque dur a eu des ratés). Et écrire une entrée dans le blog, évidemment. 😉 Est-ce que le monde ne peut vraiment pas tourner tout seul pendant une semaine sans que je sois là pour le pousser ?

Des photos viendront prochainement illustrer tout ça (pas le dernier paragraphe, quand même). Enfin, sans doute. Sinon, comme souvenir, je rapporte un maillot des Maple Leafs.

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(lundi)

Photos d'avant de partir

Histoire de faire le plein de printemps avant une semaine d'hiver, j'ai fait une promenade à Paris dont je ramène plein de photos absolument sans intérêt. (Le but de la chose, on l'aura compris, est plutôt de tester un générateur d'album parce que je ramènerai sans doute plein d'images de Toronto. BINS, en l'occurrence : je n'en suis pas du tout content, mais c'est le mieux que j'aie trouvé pour l'instant ; du coup, si d'autres gens peuvent suggérer des programmes qui génèrent des pages statiques de ce genre — pas de PHP — je suis intéressé. Sinon, petite pensée pour la prochaine fois que j'achète un appareil photo numérique : avoir un capteur gravimétrique, ce serait vraiment pratique.)

Hélas, un lundi de Pâques, impossible d'acheter de la lecture pour les huit heures d'avion qui m'attendent, et encore moins une paire de gants chauds. Tous les commerces sont ouverts sauf ceux où on voudrait aller.


Petite scène observée rue des Archives : un pédé promène son chien, une sorte de caniche, et croise un autre pédé qui fait la même chose. Les deux chiens commencent à se flairer avec intérêt à un endroit que la pudeur interdit de nommer. Les deux propriétaires s'en amusent. L'un précise, en montrant son animal : C'est une fille. L'autre, en désignant le sien : Elle aussi.

Il l'avait bien dit : quand on est élevé par des homos, on le devient soi-même. CQFD 😉

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(dimanche)

Préparatifs de départ

Je crois que ça va être un peu dur de passer de ça à ça. Brrr… Surtout que mon copain me dit innocemment que le chauffage ne marche plus là où on va habiter.

Mon vol décole mardi à 10h30 heure de Paris (et je fais escale à Montréal avant d'arriver à Toronto à 15h18 heure locale).

Ai-je bien fait tout ce que je devais faire avant le départ ? (Zut, par exemple, il y a un recommandé que je ne suis pas allé chercher à la poste, maintenant c'est trop tard, et le délai de garde expire pendant que je serai à Toronto.) Ne vais-je pas oublier d'emporter des choses importantes ? Devrais-je prendre mon portable avec moi ? (Et s'il se fait voler ? Et si les douanes m'embêtent ?) Devrais-je prendre un seul ou deux sacs en cabine (apparemment on a le droit à deux si l'un est, justement, un portable, mais je serais vraiment trop embêté si cette règle était fausse) ? À quelle heure devrais-je me réveiller ? Arriverai-je à dormir dans l'avion ? Bref : je suis stressé.

Mais bon, ce n'est pas grave, dans cinquante heures et quelques je serai beaucoup moins stressé et beaucoup plus heureux.


Aucun rapport, mais c'est aujourd'hui mon deuxième anniversaire de soutenance.

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(jeudi)

Envoi des dossiers

Ça y est, mes neuf enveloppes ont été postées ! Elles pesaient au total 2.75kg représentant quelque chose comme 30m² de papier et ça m'a coûté 48.60€ à expédier. Que j'aurais pu faire payer à l'ENS, bien sûr, mais la hâte de me débarrasser de ces enveloppes qui brûlent les doigts a fait que j'ai préféré faire la queue à la poste pour les déposer moi-même plutôt qu'attendre demain pour les confier au service courrier de l'École. Et si c'était fastidieux de remplir les bordereaux d'envoi recommandé je plains les employés de la poste du 5e qui doivent en traiter un nombre invraisemblable parce que, apparemment, j'étais loin d'être le seul à déposer des dossiers universitaires, aujourd'hui (et la guichetière m'a demandé si c'était bien demain la date limite, l'air de dire qu'ils allaient en recevoir des tonnes, du coup). Le Monsieur après moi devait en avoir quelque chose comme 30 (il s'apprêtait d'ailleurs à les envoyer en courrier simple mais je lui ai fait remarquer que, à ma connaissance, il fallait un recommandé).

(En fait, je vais peut-être même en envoyer un dixième, de dossier, pour faire bon compte. Après tout, mieux vaut donner du travail aux rapporteurs et les laisser décider si mon profil leur convient plutôt que de m'écarter d'office.)

Prochaine étape dans mon périple des candidatures : le 23 avril, audition pour le CNRS.

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(mardi)

Dossiers, candidatures et paperasses

D'ici vendredi je dois avoir fait le choix définitif, entre les postes parus au JO (ceux qui me concernent sont ceux de la 25e section), des endroits où je vais me porter candidat, et avoir posté les dossiers en question. Bon, cette année le choix a été moins difficile que l'an dernier. En revanche, ce qui n'a pas changé et ne cesse de m'étonner, c'est à quel point ces dossiers sont pénibles à remplir : et je ne parle pas du contenu scientifique, je parle de la paperasse administrative.

Je dois préparer neuf grandes enveloppes (correspondant à treize postes, parce qu'il y a des postes qui ont le même profil alors heureusement on n'a pas à doubler tout le dossier), chacune contenant deux petites enveloppes identiques avec toutes sortes de choses dedans. Chaque enveloppe, grande ou petite, doit contenir, entre autres, une copie d'un accusé de réception de candidature électronique que je dois signer : rien que ça, ça veut dire que j'ai dû vingt-sept fois (27=9×(1+2), vous suivez ?) écrire fait à Paris le 27 mars 2007 et signer : ben rien que ça, on en a bien marre quand on arrive à la 27e feuille. Écrire les choses qu'il faut sur les enveloppes, c'est encore pire.

Et je ne parle pas du papier gâché : 16 pages de CV (ou plus si j'y ajoute mon résumé de thèse intégral) reproduites en 27 exemplaires, plus 10 pages de rapports de thèse en 18 exemplaires… au final il va falloir compter plus de 350 feuilles de papier A4, et 36 enveloppes, dans ces dossiers. Je ne sais pas combien de candidats, comme moi, en pondent, mais au CNRS nous sommes 225 à concourir, donc si tous ces gens postulent aussi à l'Université ça fait 75000 feuilles de papier envoyées… juste pour les maths, et peut-être deux millions pour l'ensemble des candidatures comme maîtres de confs (je ne compte pas les professeurs, là). Est-il vraiment indispensable de faire transiter deux millions de bouts d'arbres morts pour des dossiers qui pourraient aussi bien être complètement électroniques comme c'est le cas, justement, au CNRS ?

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(Thursday)

Permission to travel granted

[Traduction française ci-dessous.]

[Passports]It's official now: having successfully answered such difficult questions as What is your name?, What is your quest? and Where was your great-grandmother born?, I can proudly claim the right to be a lumberjack or taunt King Arthur with an outrageous accent.

Seriously, both passports were delivered quickly and are very nice to look at: they have all sorts of colorful holograms on page two, background watermarks on all pages and other presumably very advanced anti-piracy features which I can't show you because I'm sure if I do as much as put a photo of the inside on this blog I'll spend the rest of my life rotting in jail. (That, and the fact that my ID photo looks really awful.) The French one has more bells and whistles because it has an RFID chip inside which conclusively guarantees the end of my privacy wherever I carry it, and also it has everything inside written in eleven languages; but the Canadian one has this very nice letter by the Minister of Foreign Affairs of Canada, in the name of Her Majesty the Queen, requesting all those whom it may concern to allow the bearer to pass freely without let or hindrance. Both have a spiffy golden coat of arms on the front cover and I notice that Canada's now bears the motto desiderantes meliorem patriam which wasn't there on my previous Canadian passport (ah, indeed, it was added in '94). Oh, and while I'm at it, I was shocked to find out that no portrait of Her Majesty the Queen is displayed in the Canadian embassy in Paris (though there is one of the Lieutenant-General and one of the Prime Minister).

Whatever. The good news is that I'm leaving for Toronto on April 10–19 since I was able to find a flight (for less than 650€)—and a week's free time.

[French translation of the above.]

C'est officiel : ayant répondu avec succès à des questions très difficiles comme Quel est votre nom ?, Quelle est votre quête ? et Où est née votre arrière-grand-mère ?, je peux fièrement revendiquer le droit d'adopter un castor ou de me moquer du roi Arthur avec un accent ridicule.

Sérieusement, les deux passeports m'ont été remis rapidement et sont très jolis à regarder : ils ont toutes sortes d'hologrammes colorés en page deux, des empreintes de fond sur toutes les pages et d'autres mesures certainement très avancées contre le piratage que je ne peux pas vous montrer parce que je suis sûr que si je me risque à mettre une photo de l'intérieur dans ce blog je passerai le reste de ma vie à pourir en prison. (Ça, et le fait que ma photo d'identité a vraiment une sale gueule.) Le français a plus de gadgets sophistiqués puisqu'il a une puce RFID à l'intérieur qui garantit de façon concluante la fin de ma vie privée partout où je le porterai, et il a aussi tout écrit en onze langues ; mais le canadien a cette jolie lettre du ministre des Affaires étrangères du Canada, au nom de Sa Majesté la Reine, priant les autorités intéressées de bien vouloir accorder libre passage au titulaire de ce passeport. Tous les deux ont d'étincelantes armoiries dorées sur la couverture et je remarque que celles du Canada portent maintenant la devise desiderantes meliorem patriam qui n'était pas là sur mon précédent passeport canadien (ah, effectivement, elle a été ajoutée en '94). Ah, à ce propos, j'ai été choqué de voir qu'il n'y a pas de portrait de Sa Majesté la Reine affiché dans l'ambassade canadienne à Paris (alors qu'il y en a un du Lieutenant-Général et un du Premier ministre).

Bref. La bonne nouvelle, c'est surtout que je pars à Toronto les 10–19 avril puisque j'ai réussi à trouver un vol (à moins de 650€) — et une semaine de temps libre.

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(mardi)

Suis-je vraiment canadien ?

Le fait de chercher à remplir les formalités pour un passeport m'a fait me poser la question de savoir si j'étais vraiment canadien. Après examen, il semble que la réponse (au moins en un sens légal, je ne vais pas réfléchir au sens plus vaste parce que je l'ai déjà fait) soit positive, mais j'ai eu un doute.

Il y a des pays dont le droit de la nationalité relève exclusivement du droit du sang : on est citoyen de ce pays lorsqu'on a un parent qui l'est, et y naître n'apporte aucun droit à la citoyenneté. Le Canada est dans l'extrême inverse, c'est-à-dire que c'est le droit du sol qui importe avant tout. Quiconque naît au Canada (sauf un fils de diplomates) est canadien ; et il suffit de passer trois ans au Canada comme résident permanent pour pouvoir être naturalisé. En revanche, le fils d'un Canadien ne l'est pas automatiquement : avant février '77, il fallait faire un enregistrement de la naissance à l'étranger (ce que mes parents ont fait), et encore, peut-être fallait-il que spécifiquement le père soit canadien. Depuis février '77, c'est automatique ; mais quelqu'un qui est Canadien de deuxième génération à naître à l'étranger perd la nationalité canadienne à 28 ans s'il n'a pas, auparavant, fait une démarche pour la conserver, qui implique d'avoir habité un certain temps au Canada. Comme autre preuve d'attachement au droit du sol, on peut mentionner le fait qu'avant '67 le fait de passer dix ans à l'étranger vous faisait perdre la citoyenneté canadienne (et jusqu'à '77 le fait d'acquérir une autre nationalité, mais ça ce n'est plus vraiment une question de sol/sang).

Je me demande si ces règles conduisent à créer des apatrides ; on peut supposer que non, il y a probablement des exceptions visant à empêcher ça (exceptions que les articles Wikipédia, ici et , où j'ai lu ces règles, ne mentionnent cependant pas). En tout cas, ça doit être un imbroglio juridique assez pénible d'être, disons, petit-fils de Canadiens installés durablement en Suisse.

Toujours est-il que je passe entre ces diverses restrictions, donc apparemment je suis bien canadien. Le contraire n'aurait pas été une catastrophe (je peux bien aller passer une semaine à Toronto sans être canadien), mais tout de même passablement vexant vu qu'on m'a quand même fait chanter O Canada! We stand on guard for thee! tous les matins d'école pendant un an. (Bon, après ça, on nous faisait réciter une prière, ce qui ne manqua pas de scandaliser ma maman vu que j'allais, après tout, dans une école publique.)

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(dimanche)

Les passeports, quelle folie

Comme il n'aura pas échappé à certains lecteurs de mon blog, je voudrais partir une semaine à Toronto, histoire de retrouver mon copain un peu plus tôt que son retour définitif, et aussi de revoir Toronto. Cela devrait se faire vers la dernière semaine d'avril si tout se passe bien (ce dont je commence à douter, hélas).

La première nécessité, pour voyager, c'est d'obtenir un passeport (actuellement je n'en ai pas). Là où j'ai de la chance, c'est que j'ai à la fois la nationalité canadienne et la nationalité française, donc j'ai deux chances au lieu d'une seule d'arriver à obtenir un passeport à temps.

Soit dit en passant, je ne sais pas du tout ce qui est le mieux. Par exemple, si j'ai les deux, serait-il légitime de faire le voyage France→Canada avec un passeport canadien et le Canada→France avec un passeport français ? Il y a des gens qui m'ont dit qu'il était de toute façon interdit d'avoir deux passeports : mais dans ce cas je me demande ce qu'on est censé faire, vu que, après tout, si je veux demander à entrer en France, je dois bien prouver que je peux y résider, et je ne vois pas comment faire autrement qu'en prouvant que je suis Français (mais me laisseraient-ils entrer avec une simple carte d'identité ?)… Le Canada n'est pas trop pénible au niveau des visas, donc je pourrais y entrer avec un passeport français, mais si ce n'était pas le cas, je serais bien obligé d'avoir une preuve de nationalité des deux pays pour pouvoir entrer dans chacun.

Je regarde les formulaires à remplir et les pièces à fournir dans les deux cas, et je tombe à la renverse devant la stupidité des exigences aussi bien de la France que du Canada. Je me dis vraiment que j'aimerais savoir qui est la personne qui a le pouvoir de décider de ce genre de conditions grotesques (et surtout, comment on pourrait la chasser de son poste et la remplacer par quelqu'un de moins fou). Récapitulons :

  • Dans les deux cas, il me faut des photos, évidemment. Les crétins qui fixent les règles ont inventé toutes sortes de conditions idiotes que doivent vérifier ces photos et, naturellement, elles ne sont pas les mêmes pour le Canada (photos 50mm×70mm) et pour la France (photos 35mm×45mm). J'aime.
  • La France demande un acte de naissance original. Ça c'est le genre de choses qui me semblent le plus aberrant : ce n'est pas à moi de servir de messager entre l'administration française et l'administration française, bordel de merde ! Si la France veut un acte de naissance original, pourquoi elle ne se le demande pas à elle-même, enfin ??? (Quitte à me faire payer les frais de dossier, soit.) Je ne comprends décidément pas ce genre de mesures : le commissariat n'est pas foutu d'écrire à la mairie, si je lui dis où et quand je suis né ? (Mise à jour : En fait, la demande d'extrait d'acte de naissance peut se faire en ligne, ce qui est quand même bien pratique.)
  • La France demande aussi… un acte de naissance de ma mère (pour prouver que je suis français) ! Heureusement que ma mère est vivante, sinon je me demande comment je serais censé produire ça.
  • La France me demande mon précédent passeport. Ça c'est aussi très ennuyeux, parce que je ne sais pas si je l'ai perdu ou pas. J'ai eu un passeport français il y a très longtemps (délivré en '90 ou '91, très probablement, puisque je m'en suis servi pour aller en Russie en février '91), il est périmé depuis belle lurette, et je ne sais pas du tout ce qu'il est devenu. Je peux certainement faire une déclaration de perte, mais comme je ne sais ni quand il a été perdu ni comment ni n'en suis vraiment sûr, ça sent un peu la fausse déclaration. Je peux aussi essayer de dire que c'est une première demande, mais ils risquent de ne pas aimer, si c'est faux.
  • Le Canada, lui aussi, me demande une preuve de nationalité. Par chance, j'ai ça : un certificat de citoyenneté canadienne et de naissance à l'étranger (de validité perpétuelle ; je n'ose imaginer ce qui se passerait si je perdais ce document, qui serait certainement impossible à refaire). Eux n'ont pas l'air de trop s'intéresser à mes anciens passeports (dommage, parce que j'aurais pu en fournir un) s'ils sont plus vieux que cinq ans.
  • Là où c'est plus ennuyeux, c'est que le Canada demande des pièces d'identité supplémentaires. La notice explicative précise : Les pièces d'identité supplémentaires doivent être valides, doivent avoir été délivrées par des autorités compétentes fédérales, provinciales, ou municipales, au Canada, ou autre pièce d'identité équivalente, et doivent inclure le nom et la signature du titulaire. (Suivent des exemples qui ne peuvent en aucun cas me concerner.) Ce n'est pas du tout clair si une pièce d'identité française peut faire l'affaire ! Bon, la version anglaise du document est un tout petit peu moins incompréhensible : Supplemementary documentation must be valid, must be issued by a federal, provincial or municipal authority in Canada, or local equivalent, and must include the bearer's name and signature. (On se dit que or local equivalent doit permettre la pièce d'identité française.) N'empêche que j'aimerais bien en avoir le cœur net (⇒appeler l'ambassade du Canada pour savoir ⇒perdre des heures au téléphone).
  • Mais le plus succulent est pour la fin. Le Canada tient non seulement à ce que je fournisse l'adresse et les coordonnées de deux personnes qui ne soient pas de ma famille et me connaissent personnellement depuis au moins deux ans (Joël, j'ai mis ton nom, j'espère que ça ne t'embête pas), mais aussi à ce que propose un répondant (en anglais ils disent guarantor) pour certifier les renseignements que je fournis (et témoigner que les photos sont bien de moi), qui lui aussi me connaisse personnellement depuis au moins deux ans, qui doit être avocat, notaire, dentiste, médecin, juge, magistrat, agent de police, maire, notaire public ou signataire autorisé d'une banque. Bigre ! Il y a vingt ans les professeurs d'université étaient sur la liste, mais ils ont été retirés, donc c'est assez ennuyeux. Par chance, ma cousine est médecin (ils ne disent pas que ça ne doit pas être un membre de la famille), donc je vais pouvoir lui demander ce service. Mais sinon, ce serait bien ennuyeux.

Que de soucis ! (Il faut par ailleurs aussi compter des frais pour fabriquer le passeport : 60€ pour la France et 100$ pour le Canada. Au moins ce n'est pas gigantesque.) Heureusement, le Canada promet de fabriquer le passeport en normalement deux semaines, alors que pour la France il paraît que c'est plutôt six que deux.

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(mardi)

Une conférence qui tombe à point ?

Et si j'essayais d'aller  ?

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(dimanche)

Toronto, c'est loin

Toronto, c'est loin (6020km de chez moi, pour être précis), et cinq mois c'est long (146 jours, en fait). C'est la distance et le temps par lesquels je vais être séparé de mon amour, qui part en stage la semaine prochaine.

J'avoue que j'ai peur. Peur de la façon dont lui et moi allons vivre cette durée ; peur de perdre cette joie qui éclaire ma vie depuis huit mois ; peur à cause de cette prophétie ; peur que nous devenions fâchés ou distants l'un de l'autre ; peur que les choses ne soient plus pareilles. Peur de ne plus savoir gérer ma solitude sans le soutien d'une caresse réconfortante, sans l'étreinte d'un bras que j'aime.

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ?

J'essaierai de lui rendre visite à mi-parcours, vers le mois d'avril, si j'arrive à prendre des vacances (ce qui n'est pas gagné pour toutes sortes de raisons), ce qui serait l'occasion de revoir Toronto ; mais j'ai peur de ne pas y arriver. Je vais repasser cette année un concours qui, l'an dernier, m'avait conduit au bord du craquage nerveux et qui ne devrait pas être moins stressant cette fois-ci : j'ai peur que ce moment-là soit particulièrement éprouvant. Je devrais aussi quitter, cet été, l'endroit où j'ai passé des jours si heureux (et dont la destruction des lieux symboliques sonne à mes oreilles comme un étrange avertissement) ; que j'aie ou non le droit de vivre encore dans la ville que j'aime avant tout dépendra des jugements impénétrables des commissions de spécialistes qui examineront mon dossier scientifique. J'ai peur.

Mais bon, mon amour et moi avons échangé quelques gages de notre souvenir et témoignages de notre affection, je suis rassuré qu'il sera bien accueilli là où il va et que tout va bien se passer. Malgré ma peur, je suis confiant.

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(lundi)

Accident de travail

Zut, je me suis coupé en froissant un papier (sur lequel j'avais écrit des calculs faux) pour le mettre à la poubelle. Comme quoi la vie du mathématicien est pleine de dangers. (Et je ne vous parle pas de la poussière de craie qui salit, du café[#] qui tache et des autres inconvénients directement liés à nos outils de travail indispensables.)

[#] Voyez ici pour plus d'explications.

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(vendredi)

Portrait robot

[Portrait robot]Ce site (en Flash) permet de réaliser des portraits robots (c'est très rigolo) : on se rend compte que c'est vraiment très difficile d'en produire un qui ressemble… J'ai essayé d'en pondre un de moi-même, ça donne l'image ci-contre, qui n'est pas complètement sans rapport avec moi, mais on a quand même l'impression que ça pourrait être n'importe qui.

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(lundi)

Google Earth et les souvenirs de Toronto

J'ai installé Google Earth (la version aux stéroïdes de Google Maps), un peu par désœuvrement. Comme mon copain part bientôt à Toronto, j'y ai pointé la souris, histoire de lui montrer quelques-unes des choses qu'il y a à voir dans une ville où j'ai passé du temps et que j'ai beaucoup aimée. Il faut dire que Google Earth n'est pas mal du tout, pour visiter virtuellement un endroit, parce qu'on n'a pas seulement des vues aériennes mais aussi des photos au sol que des gens ont pu prendre, ou encore des liens vers des articles Wikipédia, etc. Par exemple, j'ai pu lui « montrer » l'hôtel de ville de Toronto, endroit qui me plaît particulièrement.

Puis c'est devenu un petit jeu, pour moi, de voir ce que j'arrive à reconstituer, comme ça, à partir de souvenirs lointains et nébuleux. J'ai vécu un an ici (je ne suis pas complètement sûr de la maison, mais je suis sûr de la rue), en '84–'85, alors que j'allais à l'école . Puis j'y suis retourné à l'été '88, pour un mois — je ne sais plus où j'habitais mais c'était sans doute quelque part dans ce coin. Je retrouve aussi les endroits où j'aimais aller, comme ce musée ou celui-ci, le grand centre commercial, le quartier chinois, etc. La dernière fois que j'ai été à Toronto, c'était à l'été '95, je logeais en auberge de jeunesse dans ce coin-là approximativement.

Voilà qui me donnerait envie de voyager. Quel dommage que traverser l'atlantique soit devenu une opération aussi compliquée.

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(dimanche)

Dissertations

Au lycée je n'étais pas spécialement bon en dissertation (que ce soit en français ou en philo). J'avais l'impression que mon prof de philo de terminale mettait des bien ou des mal dit ou d'autres annotations pipo dans les marges de mes copies sans même les lire, et au final foutait aléatoirement la note 12, 13, 14 ou rarement 15. À la fin je m'amusais, j'inventais des citations dénuées de sens d'un auteur inexistant (Edgar Kampfenberg) qui reprenaient vaguement les mots du sujet pour les saupoudrer n'importe où dans le raisonnement (il faut veiller à ne pas devenir esclaves de notre liberté, il faut concevoir la réalité de la conception artistique comme une possibilité de libération, etc.).

Au bac j'ai eu 19 : le sujet était connaît-on la vie ou connaît-on le vivant et j'ai essentiellement repris plein d'arguments (notamment sur la difficulté à définir la vie en général) tirés de Le Hasard et la Nécessité de Jacques Monod que j'avais justement lu peu de temps avant et que j'avais énormément aimé. Mais bon, je ne sais pas dans quelle mesure je suis tombé sur un correcteur particulièrement bien luné : je n'ai pas l'impression que ma copie avait quoi que ce soit de brillant à part montrer que je connaissais les mots holisme et réductionnisme pour les plaquer sur ma thèse et mon antithèse, et que j'avais quelques citations à saupoudrer çà et là.

En sup je ne me rappelle pas avoir fait de dissertation. J'y suis revenu en spé, en me disant je n'en ai rien à foutre, de toute façon les matières littéraires comptent peanuts, j'ai juste envie de m'amuser. Le premier sujet de l'année portait sur Les Villes tentaculaires de Verhaeren et demandait :

La poésie sera de la raison chantée, écrivait Lamartine en <telle année> : pensez-vous que cette définition caractérise l'inspiration de Verhaeren dans l'oeuvre inscrite à votre programme ?

Bon, alors Verhaeren c'est pas vraiment bandant, et c'est même plutôt gnian-gnian, comme littérature. Mais comme j'avais envie de m'amuser, j'ai balancé toute la sauce que je pouvais, j'ai fait les comparaisons les plus grotesques que je pouvais, sur la base d'un parallèle saugrenu entre la dualité Brahms (la musique pour elle-même) / Wagner (la musique dans le cadre du Gesamtkunstwerk) en musique et Théophile Gautier / Émile Verhaeren en poésie, en faisait les comparaisons les plus gratuites que je pouvais : avec Virgile qui commence son Énéide par arma virumque cano — vous voyez le rapport avec la raison chantée, n'est-ce pas ; avec Dante qui, ensuite, prenait Virgile pour guide dans sa traversée des enfers en lui annonçant tu duca, tu signore e tu maestro (le but étant aussi de me la péter en citant le plus de langues différentes possibles, donc évidemment j'ai aussi trouvé moyen de citer Pushkine en russe, Goethe et Stefan Zweig en allemand et Homère en grec) ; avec Elgar dont la musique de pompe et de circonstance ne pouvaient pas ne pas rappeler Verhaeren ; avec Wagner dont je trouvais des savants rappels des titres de la Tétralogie dans les poèmes de Verhaeren ; et je ne sais plus qui encore. Et je concluais sur les mots : Et Stefan Zweig s'est suicidé en 1942. (ça devait avoir un rapport avec le fait que Zweig était un grand admirateur de Verhaeren, mais c'était surtout un cheveu sur la soupe).

Le prof a trouvé ça admirable et m'a mis 18. Pour un truc que j'avais conçu comme du pur pipo et de l'étalage de savoir totalement sans rapport avec le schmilblick, j'ai trouvé ça fort bien payé donc je me suis dit que la dissertation, maintenant, ce serait comme ça. Le prof de philo[#] résistait un peu mieux que le prof de français à ce traitement, mais, globalement, j'avais des bonnes notes en spé en sortant des trucs gratuits et absurdes (et pour corser le jeu, nous convenions de rajouter des phrases aléatoires dans nos dissertations : par exemple une fois les derniers mots de ma conclusion étaient automorphisme involutif de corps suite à un défi stupide).

Au concours, le sujet nous demandait de commenter une phrase d'Alain au sujet de la ville,

Ici gouvernent le fer et le charbon, signes de l'orgueil et de l'enfer. C'est le règne de la force, assis sur la nature décomposée.

en nous appuyant sur les trois oeuvres de notre programme (Les Villes tentaculaires de Verhaeren, L'Emploi du temps de Butor et Dans la jungle des villes de Brecht). Comme il était Notoirement Très Mal de faire un plan avec pour parties (1) Verhaeren, (2) Butor et (3) Brecht (ou toute permutation de ceux-ci), j'ai fait un plan (1) le fer et le charbon, (2) l'orgueil et l'enfer et (3) le règne de la force assis sur la nature décomposée. Si, si. Enfin, je ne l'ai pas annoncé de façon aussi odieusement visible, mais c'était l'idée. Et j'ai suivi la même technique je balance toute la sauce de pipo que j'ai que j'avais suivie en spé.

J'ai eu 15. Au début j'ai cru que c'était une note plutôt moyenne, et que les profs d'Ulm (enfin, je ne sais pas qui, exactement, corrige les copies de français des concours scientifiques) avaient été moins dupes de mon pipo que ceux que j'avais en spé, mais on m'a dit après (je n'ai pas vérifié dans le rapport du jury) que 15 est vraiment une très bonne note. Allez savoir.

Bon, je ne sais pas quelle est la morale de tout ça. En revanche, il est certain que je n'en tire pas un grand respect pour le sérieux intellectuel de cet exercice formel qu'est la dissertation ou sur la manière dont il est corrigé. S'il s'agit de me dire que je ne m'exprime pas totalement comme un pied et que j'ai une certaine aptitude à jeter la poudre aux yeux, je veux bien : mais pour ce qui est du fond de mes dissertations, je suis assez bien placé pour revendiquer que, le plus souvent, il était absolument vide : ça a bien mieux marché quand j'ai considéré ça comme un exercice de style que quand j'essayais d'y mettre un peu de contenu.

[#] À cette époque au moins, à Louis le Grand, dans les spés scientifiques, le cours de lettres était traité par un prof de français et un prof de philo, histoire de nous donner un double point de vue sur les oeuvres à notre programme.

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(samedi)

Naughty & Dotty

[Deux peluches]Mon copain m'avait offert pour Noël une peluche de chat Naughty Naughty Pets (techniquement il s'appelle Marty Cohen, mais moi je l'appelle juste Naughty). Alors moi, en retour, je lui ai donné une peluche de vache placide et débonnaire, Dotty (la vache à pois). Voilà que nos peluches sympathisent sur l'oreiller.

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(mercredi)

Encore un peu d'hypocondrie

Suite des aventures du David Madore hypocondriaque… J'ai encore ajouté, ces derniers jours, une nouvelle variante à mon vaste répertoire[#] de troubles du sommeil : je me suis réveillé, complètement en nage, avec une sensation d'oppression au niveau du cœur et l'impression de manquer d'air. Et le battement du cœur qui, au lieu de faire lub-dub comme il est censé, sonnait plutôt comme fff-dub. Et une fois de plus j'ai dérangé un médecin pour rien, un cardiologue cette fois-ci, qui m'a osculté (résultat : j'ai bien un petit souffle systolique, sans doute une toute petite malformation congénitale de la valve mitrale, qui peut être la cause de mes crises de tachycardie), m'a fait un ECG (résultat : complètement normal[#2]), et a conclu que toute mon histoire n'avait rien d'inquiétant ; il m'a quand même prescrit une prise de sang et va me faire une échographie cardiaque.

Alors, d'accord, je veux bien que ma vie ne soit pas en danger, tout ça tout ça. N'empêche que c'est rudement pénible d'être réveillé comme ça régulièrement par des crises de toutes sortes. Je suis peut-être convaincu d'être hypocondriaque, mais (1) ça n'aide pas vraiment à trouver ça moins désagréable, et (2) j'en ai vraiment marre de ces signes qui jouent au loup, parce que quand j'aurai vraiment une maladie grave je ne verrai pas forcément la différence.

Je vais quand même faire une expérience : la prochaine fois que mon pouls bat de façon anormale, je l'enregistre avec un micro, et je fais sur ordinateur une analyse du signal — au moins j'aurai le cœur net, c'est le cas de le dire, quant au fait qu'il y ait ou non une différence ou si c'est juste dans ma tête.

Et je continue à militer pour l'instauration d'un numéro d'appel d'urgence 24h/24, SOS hypocondriaques. Si j'étais la reine d'Angleterre, j'aurais un médecin personnel, mais ce n'est pas le cas, zut.

[#] Précédents épisodes, par exemple, ici, , , , et . C'est impressionnant à quel point je me répète, d'une part, mais aussi à quel point j'arrive à trouver de subtiles différences d'une fois sur l'autre.

[#2] Naïvement j'aurais trouvé que le V1 faisait vraiment n'importe quoi, mais bon.

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(lundi)

Rentrée, TNT, jeux, promeneurs, flèches, blog

Je suis retourné au boulot aujourd'hui, avec le sentiment d'avoir un million de choses à faire. Il faudrait peut-être que j'arrête de culpabiliser ou de stresser de ne pas m'employer assez, parce qu'en fait je crois que ce n'est pas une question de temps passé mais plutôt d'organisation. Notamment, j'ai un problème sérieux de « fragmentation » du temps : je me retrouve sans arrêt avec des petits morceaux de temps (qu'on m'excuse l'expression) dans lesquels je n'arrive pas à faire quoi que ce soit d'utile parce qu'ils sont trop courts, et que je suis donc forcé de perdre. Je ne sais pas comment les gens qui ne souffrent pas de ce problème s'arrangent pour éviter ça ! Je crois qu'il y a des gens qui en profitent pour lire : mais j'ai du mal, personnellement, à entrer et sortir d'un livre aussi rapidement.


Quelques nouveautés chez moi : mon copain m'a ramené un décodeur TNT — en fait, je regarde rarement la télévision, mais ça m'arrive quand même de temps en temps (par exemple pendant les petits fragments de temps à tuer que je mentionne ci-dessus), et je ne suis pas mécontent d'avoir ainsi un peu plus de choix. J'ai aussi commandé une mise à jour de ma ligne ADSL pour passer en ADSL2+ (actuellement j'ai un abonnement à débit plus bas et prix plus élevé, ce qui n'est pas forcément idéal), donc je vais probablement, un jour prochain, devoir faire un peu sans Internet à la maison, le temps que le dégroupage soit effectué.


Dans la catégorie voyage vers le passé, j'ai récemment rejoué un peu au jeu King's Quest (le premier), qui m'avait tant captivé quand j'étais petit (c'est quasiment la première chose que j'ai faite avec un ordinateur, jouer à King's Quest). Ça n'a pas été évident de trouver un interpréteur capable de faire tourner les fichiers de données (il y a au moins deux versions du jeu, la version AGI que j'ai connue, et la version SCI qui correspond à un remake de 1990 : les deux formats ont des interpréteurs qui existent sous Linux, mais certains ne marchent pas suffisamment pour qu'on puisse finir le jeu). Mais c'était amusant de refaire un tour là-dedans. J'en ai profité pour mettre une carte, et des screenshots comparés, sur la Wikipédia (anglophone, cette fois, en espérant qu'ils seront moins maniaques).


Ce genre de choses me fait penser qu'il serait bien de créer un petit méta-moteur permettant facilement de concevoir des jeux d'aventure. Le compilateur Inform s'approche assez de cette idée (en tout cas telle que je la conçois), mais ses gros défauts sont que (1) il n'est pas libre et (2) il compile du code pour une machine virtuelle complètement obsolète, la Zork-machine. C'est dommage.


Aucun rapport. L'autre jour, alors que je dînais avec mon copain dans un restaurant japonais de la rue de Choisy, nous avons vu passer des gens qui venaient de la direction de la place d'Italie et qui allaient vers le boulevard Masséna. Pas que ces gens eussent quoi que ce soit de remarquable (ils pouvaient être des touristes, ou quelque chose comme ça), mais il y en avait beaucoup : pendant tout notre repas, ils n'ont pas arrêté de défiler, généralement par petits paquets d'une douzaine ou d'une vingtaine, parfois plus, parfois moins ; difficile d'expliquer ce qui nous a fait prendre conscience que tous ces gens étaient ensemble, mais c'était assez clair. Ça rappelait un peu la promenade en rollers à travers Paris du vendredi soir, sauf que là c'étaient des gens à pied. En sortant, nous étions curieux et nous les avons suivis : apparemment ils rejoignaient des dizaines de cars parqués au niveau de la porte d'Ivry. Nous n'avons pas vraiment eu le fin mot de l'énigme, à part que c'étaient apparemment des marcheurs genre randonneurs (l'un d'eux nous a dit être Belge et faire partie d'une association appelée Les Godillots, mais il semble que ce soit une toute petite association, et certainement pas la seule derrière cet événement).


Encore aucun rapport. Je me suis rendu compte soudainement, hier, que le concept de flèche était un des éléments culturels non évidents les mieux partagés au monde. C'est quelque chose qui peut paraître tellement bête que ça ne nous saute plus aux yeux, mais il n'y a, finalement, aucun rapport intrinsèque entre un trait orné de deux autres petits traits à une extrémité, stylisant une flèche (le projectile), et le fait d'indiquer une direction. Je crois que ça doit être compris dans tous les pays du monde, quasiment par tout le monde (sauf peut-être quelques tribus reculées ayant eu vraiment très peu de contact avec la civilisation globale) : et pourtant, je pense que ce n'est pas si vieux que ça, d'utiliser ce symbole, surtout sous une forme aussi hautement simplifiée (je crois qu'on a commencé par utiliser des dessins beaucoup plus figuratifs, soit de flèches soit de mains qui pointent, pour évoluer vers les formes plus épurées qu'on connaît maintenant). Je serais curieux d'en savoir plus (malheureusement, Wikipédia ne dit rien, pour une fois) sur la manière dont ce symbole s'est imposé.


Je remarque que j'ai tendance en ce moment à faire des entrées dans ce blog qui sont rares mais plutôt longues et composées de tout un tas de petits paragraphes sans aucun lien, ou presque, entre eux. Je n'en suis pas très content : je devrais m'efforcer, pour ce genre de petites réflexions à ¤0.02, de faire une entrée séparée à chaque fois, ça me permettrait de garder une fréquence raisonnable et une séparation des sujets. Après tout, il n'y a pas de taille minimale pour une entrée de blog.

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(lundi)

Dites un nombre, n'importe quel nombre…

J'imagine que je ne suis pas le seul auquel cette nouvelle année fait l'effet de James Bond, le retour. Heureusement, Wikipédia est là pour nous rappeler des choses plus sérieuses, par exemple qu'aujourd'hui si nous étions Américains nous porterions à 27 le nombre d'étoiles sur le drapeau de l'Union européenne (qui, en fait, en comporte, et en a toujours comporté, 12 — peut-être parce que ce serait trop cher de tous les refaire à chaque fois qu'on s'étend un peu plus vers l'est). On y apprend aussi que 2007 est l'année internationale polaire et l'année internationale de l'héliophysique ; Google en sait plus et j'y vois que 2007 semble aussi être l'année internationale : de la planète Terre, du dauphin, de solidarité avec le peuple sahraoui, du football africain, et d'encore quantité de choses. Ça va être dur, pour cette pauvre petite jeune de porter tellement de fardeaux. Question numérologie, en revanche, 2007 a l'air d'être un nombre singulièrement peu intéressant. Wikipédia, en bon dépositaire de toute la science du monde, peut aussi nous dire plein de choses intéressantes sur le mois de janvier, y compris le fait qu'il est dédié au dieu Janus et que c'est depuis ~153 qu'il commence l'année, tradition qui a été perdue puis retrouvée plus tard (vers le XVIe siècle). Bref.

J'ai passé le réveillon avec des amis dans un obscur (mais sans doute charmant au demeurant) village au voisinage d'Orléans. À partir de demain, je vais passer quelques jours dans ma belle-famille du côté d'Arras : on en profitera pour faire un tour à Lille, que je ne connais pas du tout et qui vaut certainement la peine d'être visitée. J'essaie de lire Twelfth Night d'ici le 5. J'ai pris des bonnes résolutions, mais je ne les dirai pas de peur qu'on me fasse remarquer, dès la semaine prochaine, que je ne les suis déjà plus. ☺️

Tout ceci étant dit, bonne année à tous. Et rappelez-vous : soyez optimistes.

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(jeudi)

Vacances, nostalgie, calculatrices, Tera, Wikipédia, etc.

L'effet typique des vacances, et ça ne rate pas cette fois-ci, c'est que plein de choses que j'avais remises à plus tard en me disant je le ferai pendant les vacances me retombent dessus à ce moment-là, en plus de diverses occasions sociales de la période (des gens à voir, des choses à faire), bref, ce n'est pas forcément de tout repos. Mais bon, le vrai problème c'est que je me dis je suis en vacances, je ne fais rien et, du coup, ça s'accumule.

Mais parlons d'autre chose. Ces derniers jours, j'ai eu une phase nostalgie informatique. Ça a commencé quand je suis tombé sur un émulateur de la calculatrice TI-92, une calculatrice que j'ai utilisée pendant un temps. Par association d'idées, j'en ai trouvé un autre pour la HP-48, la calculatrice que j'avais en prépa. J'ai toujours été fasciné par les émulateurs, et ceux-ci sont particulièrement soignés (pour la HP-49, il n'y a pas d'aussi jolie chose, même si on nous en promet un jour pour la 49g+ — en attendant, il faut se contenter de ce truc moche pour la 49). D'une part je trouve ça mignon tout plein, d'avoir une calculatrice émulée sur le bureau de l'ordinateur (le plus mignon, en fait, c'est quand elle s'« éteint » pour économiser ses « piles ») ; d'autre part, c'est utile, parce que, finalement, je n'ai pas vraiment d'équivalent sous la forme d'un programme natif (le plus souvent, quand je veux faire des calculs, j'utilise dc ou carrément Pari/GP).

[Splash Screen de Tera (1986)]Après une phase émulateurs de calculatrices, je me suis rappelé que j'avais aussi un émulateur de PC, le fabuleux QEMU, et là j'ai commencé à essayer de repêcher des vieux trucs de l'époque du MS-DOS. [Quelques monstres de Tera]Notamment, un jeu de mon enfance, dont je m'étais brusquement souvenu il y a quelque temps et dont vous voyez ci-contre quelques écrans (tirés de la séquence d'introduction, mais très caractéristiques du jeu) illustrant, notamment par quelques monstres qu'on peut être amené à y combattre, le niveau fulgurant et la perspective fabuleuse des graphismes de l'année 1986 bénie soit sa mémoire. Tellement plus poétique que ce qu'on fait de nos jours.

Dans la foulée, je me suis dit que j'allais mettre une ou deux capture d'écran (en tout cas moins que je n'en présente ici) sur l'article Wikipédia.

Évidemment il s'agit de contenus en théorie sous droit d'auteur (jusqu'en 2056, même, sans compter que la durée du copyright sera étendue plusieurs fois d'ici là). Enfin, ce n'est pas complètement sûr, puisque la compagnie Loriciels n'existe plus : il faudrait voir les termes de sa liquidation, mais il est effectivement probable que les droits aient été transférés en bloc ; en revanche, il est complètement certain que celui qui les détient (1) n'en a aucune idée (le jeu était confidentiel déjà en 1986 et la compagnie a disparu), (2) même s'il le sait, n'en a rien à foutre (un jeu de ce niveau, vingt ans après, on ne cherche plus trop à le protéger) et (3) même s'il en avait quoi que ce soit à foutre, n'irait quand même pas protester pour trois malheureuses captures d'écran. Quand bien même il aurait la folie de se plaindre et, au lieu de simplement demander que les images soient retirées, porter l'affaire devant les tribunaux, il serait amusant de prétendre à un quelconque préjudice du fait de la diffusion de ces images — qui, de toute façon, est à mon avis parfaitement légale sous l'application de la loi stipulant que lorsque l'œuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire […] sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l'auteur et la source […] les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d'information de l'œuvre à laquelle elles sont incorporées. Après tant de qualifications, je ne risque pas grand-chose en affichant ça sur mon blog.

Mais sur Wikipédia, qui ne connaît pas la nuance, les images en question ont été effacées en quelques heures : des gens ont en effet décidé que le fair use n'y avait pas droit de cité. Je ne sais pas pour ce qui est du cas général (fair use n'existe pas en droit français ou d'autres pays francophones, mais le droit de citation existe clairement, et pourtant Wikipédia-fr ne propose pas d'invoquer ça quand on uploade une image), mais dans le cas des captures d'écrans de vieux jeux vidéos, c'est vraiment d'une connerie inimaginable. Je ne veux pas me battre contre des moulins à vent et les fanatiques de tous poils, cependant : donc je jette l'éponge, et j'arrête de contribuer à la Wikipédia francophone.

Quoi d'autre ? Aujourd'hui j'ai rencontré un industriel qui cherche à recruter un géomètre algébriste (ce ne sera pas moi, mais je vais peut-être lui souffler quelques noms) : c'est tellement inhabituel que j'en suis assez scié. Aujourd'hui, aussi, je me suis acheté un nouveau modem ADSL (compatible ADSL2+, pour pouvoir passer à un abonnement à la fois plus rapide et moins cher), un Netgear DM111P : au bout du compte, je le trouve très satisfaisant, mais j'ai quand même passé plusieurs heures avant de lui faire faire exactement ce que je voulais : je ne veux pas qu'il fasse la négociation PPP, je veux qu'il la laisse à mon odinateur et qu'il se contente de transmettre des paquets PPPoE : l'option de configuration pour faire ça, c'est RFC2684 bridging (j'ai beau lire la RFC en question, je ne vois vraiment pas le rapport), et ce n'était évidemment expliqué nulle part.

Toujours sans aucun rapport, il y a deux films qui sortent prochainement, Apocalypto et La Môme, dont l'affiche a ceci de commun qu'elle présente un personnage (probablement le personnage central ou éponyme du film) au centre en contre-jour. Je les ai vues, tout à l'heure, l'une à côté de l'autre, et l'effet était involontairement comique. Je me demande si les publicitaires ont prévu des mécanismes pour éviter, en général, que deux publicités placées de façon adjacentes (dans le temps ou dans l'espace) produisent un effet trop désastreux. Ah, et, sinon, un autre film qui vient de sortir (en France), c'est la suite du plus extraordinaire nanar de tous les temps ; je sais que c'est une qualification qu'on est souvent tenté de donner, mais j'ai vu des nanars grandioses et aucun n'arrive à la cheville, en nanaritude, de ce Dünyayı kurtaran adam / Turkish Star Wars (quand je l'ai vu, toute l'assistance était pliée de rire d'un bout à l'autre). Alors je me demande ce que cette suite peut donner.

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(jeudi)

Élisabeth IV

J'ai donné un exposé de maths, aujourd'hui, devant une assistance un peu inhabituelle pour moi puisqu'il s'agissait essentiellement de spécialistes d'informatique, de théoriciens du codage, du signal et des réseaux : parler de géométrie algébrique ou arithmétique de façon tout à fait accessible — et pourtant intéressante — pour le non spécialiste, c'est un défi amusant, et où j'espère n'avoir pas totalement échoué, dans cette introduction aux surfaces cubiques. J'ai cependant passé très longtemps, ces derniers jours, à préparer cet exposé : pas faute de bien connaître le sujet, mais pour trouver comment le présenter, et dans un temps raisonnable. Peut-être que maintenant que l'exposé est prêt j'essaierai de le recycler dans un autre cadre. En tout cas j'en ai rêvé la nuit, lundi et avant-hier : c'est d'ailleurs amusant, quand on rêve qu'on va faire un exposé mathématique, de voir la part de vraies maths et de délire complet dans ce qu'on raconte.

Hier, en revanche, j'ai fait un songe tout à fait différent : sans doute influencé par un film que j'ai vu il y a quelque temps, j'ai rêvé qu'on m'apprenait que la reine Élisabeth II était morte, mais, qui plus est, depuis longtemps (depuis 1986, je crois, précisément), et que j'étais sans doute le dernier à ne pas le savoir. J'allais même vérifier sur Wikipédia que cette information était correcte, tant j'avais du mal à le croire, et elle l'était. L'actuelle reine d'Angleterre s'appelait Élisabeth IV, et elle avait quinze ans (ne cherchez pas la logique, hein !) ; je me demandais comment il se faisait que le prince Charles n'ait pas succédé, et on me répondait que personne n'avait voulu de la couronne et qu'il avait fallu faire une douzaine[#] de personnes, qui avaient toutes abdiqué, avant de trouver quelqu'un qui accepte. Et elle avait dû, à quinze ans, choisir entre devenir reine et aller à une soirée (oui, bon, c'est un rêve, quoi). La reine Élisabeth IV se promenait un peu dans son palais qui semblait très labyrinthique. Ensuite, j'ai rêvé que je me réveillais et que je racontais ce rêve dans mon blog (sauf que j'hésitais très longuement entre écrire Élisabeth avec une ‘s’ ou Elizabeth avec un ‘z’) : autant que cette partie-là du rêve soit prémonitoire, tant qu'à faire, d'où cette entrée.

Un rêve, c'est sans doute normal que ce soit plutôt surréaliste, comme ça. Un truc qui m'a fait vraiment disbeliever, ce soir, en revanche, c'est d'apprendre que l'ENS hébergeait, aujourd'hui et demain, un colloque international sur le mariage gay (gai ?), ce dont, évidemment, aucun des nombreux normaliens homos que je connais n'avait rien entendu. (Il est vrai que les titres des communications me donnent assez peu envie d'écouter, mézenfin…)

[#] En vérité, si on croit cette liste (qui me fait irrésistiblement penser à Noblesse oblige), il aurait fallu passer environ 80 personnes avant de trouver une autre Élisabeth.

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(dimanche)

Déplacements

Ce soir je suis allé revoir Le Prestige : il est rare que je retourne voir un film au cinéma (les prix sont, il faut bien le dire, assez prohibitifs, surtout quand on n'est plus étudiant), mais la constuction sophistiquée du Prestige, que j'ai énormément aimé la première fois, m'a convaincu de le revoir. Je préfère ne pas en dire plus sur ce film, s'il y a des gens qui ne l'ont pas encore vu, parce que je pense qu'on l'appréciera d'autant plus qu'on est ignorant de ce dont il est question : je me contenterai de le recommander à ceux qui aiment les intrigues compliquées et savamment construites, un peu à la façon d'Agatha Christie ou d'Isaac Asimov.

Après ça j'ai dîné dans un restaurant japonais (un faux, cette fois-ci, où on mange du sushi et où les serveurs parlent chinois), ce qui a été l'occasion pour moi, une fois de plus, de m'étonner de ce mystère profond de la vie : mais où les restaurants japonais se fournissent-ils en glace au thé vert ? J'adore ce parfum de glace, et il semble n'exister, dans cet Univers, que dans les restaurants japonais (et encore, pas tous). Je ne comprends pas pourquoi les grandes marques industrielles, comme Häagen-Dazs, Carte d'Or ou autres, n'ont pas ajouté ce goût à leur répertoire…

En attendant le métro pour rentrer, je regardais la carte du réseau : ce n'est pas comme si je ne la connaissais pas bien, j'en ai un chez moi, mais maintenant ils affichent fièrement le tramway ; comme si on n'avait pas déjà bien compris qu'il ouvrait au public dans une semaine, ce nouveau tramway figure et sur la carte du réseau métro et sur la carte du réseau bus (et aussi sur la carte d'Île-de-France). Je le prendrai peut-être pour aller au parc André Citroën ; mais ce qui me semble, à moi, autrement plus important que le tramway, c'est le fait que le métro restera bientôt ouvert une heure de plus le samedi soir (c'est enfin arrivé).

Dans le métro, je me suis étonné d'un autre des mystères profonds de l'Univers : pourquoi les publicités dans les wagons sont-elles si différentes de celles qu'on voit sur les quais (ou partout ailleurs dans la ville) ? Notamment, pourquoi y voit-on tellement d'offres pour des cours particuliers à domicile (mais il n'y a pas que ça : il y a aussi les cours d'anglais Wall Street Institute — dont je me demande ce qu'ils valent vraiment —, les dernières expositions de la Cité des Sciences, parfois des assurances du style SOS Malus, les solutions de stockage une pièce en plus, et encore quelques autres, plus la presse people sous forme de bandeaux accrochés au toit). Le marché du cours particulier doit être vraiment juteux, j'imagine. Ici il s'agissait d'une pub dont le visuel me semble particulièrement grotesque, montrant un visage qui est celui d'un enfant sur une moitié et celui de Victor Hugo âgé sur l'autre, avec un slogan pas tout à fait aussi ridicule que votre enfant aussi peut être Victor Hugo mais presque : outre que cette pub est nulle, je trouve que l'image est presque effrayante.

Je pensais me coucher tôt : en ce moment non seulement je dors beaucoup trop (jusqu'à treize heures par nuit, et après ça je suis encore fatigué), mais j'ai aussi tendance à me coucher tard. Seulement, alors que je tournais dans la rue pour rentrer chez moi, je me suis rappelé que je devais absolument faire quelque chose au bureau, ce soir impérativement. Certes, l'ENS n'est pas du tout loin de chez moi (environ 20′ de marche), mais je me serais bien passé de cet aller-retour inutile dans le froid (si j'y avais pensé plus tôt, j'aurais pu au moins sortir du métro à un arrêt plus judicieux). Je donne un séminaire jeudi après-midi et je commence déjà à paniquer parce que rien n'est prêt et que j'ai mille choses à faire d'ici là ! Et demain, j'ai encore un rendez-vous chez le dentiste, le matin qui plus est.

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(vendredi)

Pensées pendant la nuit

Je suis hypocondriaque, et j'ai d'ailleurs l'impression que cette condition a tendance à empirer avec le temps (ou alors peut-être suis-je méta-hypocondriaque ? ce serait assez typique de moi, en fait). Toujours est-il que c'est surtout la nuit que ça se manifeste, sous la forme de crises d'angoisse qui prennent des formes variées (maux de tête qui me réveillent, réveils en sursauts de terreur, crises de tachycardie ou douleurs diverses au cœur, ou simplement mal-être général et indéfinissable). Des médecins consultés au sujet de certains de ces maux m'ont diplomatiquement fait savoir que j'étais simplement angoissé, et je suis porté à les croire, mais ça ne m'aide pas tant que ça à faire disparaître ces symptômes.

Bref, je passe souvent des périodes plus ou moins longues de ma nuit à attendre, dans un état mentalement plus ou moins cohérent, de retrouver la sérénité nécessaire à me rendormir. J'ignore si c'est la proximité des phases de sommeil paradoxal qui m'y conduit, ou le stress supposé causer ces crises d'insomnie, ou quoi, mais je ressens souvent en ces moments-là une certaine fermentation des pensées (parfois à la limite du délire). Parfois j'ai des idées en ces moments-là (ou juste après le réveil) qui, sur le coup, me semblent géniales et dont je me rends compte, dans un état plus conscient et éveillé, qu'elles sont tout à fait banales ou idiotes ; parfois j'ai un rappel inopiné d'un souvenir que je n'avais pas vraiment perdu mais simplement laissé de côté et qui semble venir de façon vraiment saugrenue.

Hier ou avant-hier, pendant une période d'insomnie (à vrai dire peu inquiète), je me suis souvenu, je ne sais pourquoi, d'un jeu auquel j'avais joué il y a bien longtemps (au début des années '90, sans doute) sur mon premier PC : tout d'un coup, tout m'est revenu avec une clarté presque fulgurante, du détail des graphismes (en CGA 320×200, quatre couleurs noir-rouge-vert-jaune ou noir-magenta-cyan-blanc selon les scènes), aux méandres d'un scénario très approximatif. Il s'agissait d'un jeu sans doute écrit par deux programmeurs (français) amateurs, en Turbo-Pascal, et qui se qualifiait lui-même avec humour de superproduction en graphmodcolor (GraphColorMode étant le nom de la procédure Turbo-Pascal qui activait le mode graphique) et dont le but était de bannir d'un monde futuristico-fantastique le démon Arioch. Je suis assez scié de voir que ce jeu, pourtant hautement confidentiel, Tera, la Cité des crânes, n'est pas inconnu de notre source de wikirenseignement préférée (ceci étant, l'article en question est assez orphelin). Il va falloir que je retrouve le jeu lui-même et que je le lance dans un émulateur pour faire quelques captures d'écran.

Tout aussi récemment, j'ai eu un autre souvenir qui m'est revenu de façon inexpliquée : je me rappelle que mes parents m'ont emmené autrefois (j'avais peut-être autour de dix ans, et c'était peut-être aux États-Unis, mais tout cela est très flou) dans une sorte de musée qui était rempli de quelque chose qui m'échappe (peut-être des poupées, mais c'est vraiment très très très flou, et peut-être que je confonds avec autre chose — ou alors des chinoiseries) qui ressemblait plus à un labyrinthe qu'à un musée : il y avait un nombre faramineux de salles, sans fenêtres, et la visite guidée durait un temps invraisemblable, j'avais trouvé ça terrifiant de voir salle après salle se succéder dans ce dédale et de ne jamais en atteindre le bout. C'est bizarre, parce que c'est un souvenir qui m'a ensuite hanté dans des rêves, mais ce n'est que maintenant que je me rappelle qu'il correspond à une situation réelle (même si je suis complètement incapable de retrouver les détails — il faudra que je demande à ma maman si elle sait de quoi il peut s'agir).

De façon plus terre-à-terre, dans ces moments de demi-sommeil, j'ai toutes sortes d'idées qui me viennent à écrire dans ce blog, et le lendemain soit je suis incapable de les retrouver soit je me rends compte qu'elles n'ont guère d'intérêt. Alors pour me consoler, je fais une entrée sur mes insomnies elles-mêmes. 😐

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(lundi)

Nouvelles en bref

  • Ma dent va mieux : on vient de me retirer deux grosses caries (qui avaient évolué de façon foudroyante) sur deux dents adjacentes (la 26 et la 27). On ne sait pas encore s'il faudra dévitaliser l'une ou l'autre ou les deux (les caries étaient bien près du nerf, sans le toucher cependant), mais il y a encore une petite chance que je m'en tire bien. Je pense que je vais garder comme dentiste régulier celle qui m'a pris en urgence pour ces opérations (elle me fait très bonne impression, et son cabinet est vraiment à deux pas de chez moi). En attendant j'ai droit à un goût de clou de girofle dans tous mes aliments (goût dû au pansement que les dentistes utilisent : il paraît que le clou de girofle a des propriétés très intéressantes) ; heureusement, je ne trouve pas ça (trop) mauvais.
  • Aujourd'hui j'ai fait le garde-malade pour mon copain, qui était pris de nausées terribles. Il a été plus courageux que moi et ne s'est pas rendu aux urgences. Moi j'ai l'air malin parce que, fait exceptionnel, c'est moi qui ai « fait la cuisine » (i.e., qui ai mis les surgelés dans la poêle) pour le dîner hier soir ; si c'est une gastro-entérite, on verra demain si je suis malade à mon tour.
  • Ma recherche mathématique avance en zig-zag. Plus encore que d'habitude : je crois avoir prouvé un résultat potentiellement intéressant, je trouve une erreur, je trouve une façon de contourner ce problème, je trouve une erreur dans cette façon de contourner, etc. On ne le dit pas assez, mais c'est vraiment angoissant de parcourir une démonstration en se demandant : Tiendra ? Tiendra pas ? Surtout quand sa carrière en dépend !
  • Au rayon des divertissements, en revanche, j'ai pratiquement fini Underworld II (d'accord, je triche — mais il reste quand même beaucoup de choses intéressantes à faire). Je reste persuadé que ce jeu (et ses cousins), même une douzaine d'années après, sont encore inégalés sur le plan de la richesse du scénario et de la variété des épreuves à accomplir.
  • Cela fait longtemps que je n'ai pas écrit un fragment littéraire gratuit et ça me manque — mais je n'arrive pas à trouver le temps pour rassembler de l'inspiration et me concentrer. J'avais quelques idées qui m'étaient venues, mais elles sont pour l'essentiel parties avant que j'aie le temps de les noter.
  • J'ai décidé (entre autres pour éviter le problème signalé au point précédent…) de me promener maintenant toujours avec un mini-bloc-notes (un PDA serait plus geek, mais c'est pénible à transporter, même les plus petits), histoire de noter les idées qui me viennent, les choses que je dois faire, les recherche à faire dans Wikipédia (j'en ai déjà dit un mot) — et les prix à entrer dans Gnucash.

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(dimanche)

Encore une dent cassée

J'ai encore un bout de dent qui vient de se détacher pendant que je mangeais un biscuit. Cette fois-ci il s'agit d'une molaire de la mâchoire supérieure (côté gauche, la 26 pour être précis).

Je suis effondré.

Je vais voir si mon dentiste peut me recevoir d'urgence demain ou mardi, mais je n'ai pas d'espoir que la dent puisse être sauvée, tant le morceau qui manque est important (et ce qu'on voit n'est pas bien joli). Dans le meilleur des cas, j'imagine que ça veut dire une nouvelle couronne, i.e., encore des mois et des mois de rendez-vous fréquents chez le dentiste (sans parler du coût pharaonique des opérations). Mais surtout, ça veut dire une perte irrémédiable (une fois atteinte, la dent est morte, il n'y a plus rien à faire).

Je suis effondré, parce que je ne comprends pas ce qui se passe : il n'y a pas si longtemps je n'avais jamais eu le moindre problème aux dents (jamais une carie pendant 25 ans) ; en juin 2004, une de mes dents, qui ne m'avait jamais fait mal, a soudainement et complètement explosé (une prémolaire de la mâchoire inférieure : la 45 pour être précis), puis pendant l'été 2005 j'ai eu une carie qui a fait qu'on a dû me dévitaliser et couronner une molaire (la 36) — ça a pris à peu près tout l'hiver dernier et j'en ai abondamment parlé ici — et sa voisine (la 37) a également dû être plombée. Perdre trois dents en l'espace de trois ans c'est un rythme plus qu'effrayant. D'autant plus que ça ne fait même pas six mois que j'ai vu mon dentiste pour la dernière fois et qu'elle est censée avoir vérifié qu'il n'y avait rien comme menace urgente ! Il faut croire que je suis frappé de caries à évolution fulgurante. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir une bonne hygiène bucco-dentaire, je me brosse soigneusement les dents deux fois par jours et je ne mangue que très peu de bonbons. Et je n'ai jamais eu la moindre petite douleur à une dent quelconque (peut-être que je suis insensible, en fait). Je ne comprends pas.

Mise à jour () : J'ai trouvé une dentiste qui a bien voulu me prendre en urgence, mais comme j'ai eu le malheur de dire que j'avais un léger souffle au cœur, elle n'a pas voulu traiter la carie, elle s'est contentée de mettre un pansement provisoire et de me faire revenir sous antibiotiques. Elle a quand même fait une radio, qui montre qu'il va probablement falloir dévitaliser (donc poser une couronne) mais ce n'est pas complètement sûr non plus.

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(lundi)

Ultima Underworld II : The Labyrinth of Worlds

Je n'ai jamais été un grand fan de jeux sur ordinateur : ni quand j'étais petit ni maintenant ; et les trucs comme Kraland ou World of Warcraft (ce dernier fait des ravages chez les normaliens… quoique peut-être pas autant que dans South Park) ne m'attirent absolument pas. J'ai toujours été prodigieusement nul aux jeux d'arcade, et sans aucune patience pour les jeux de réflexion ou de stratégie : ce qui m'attirait un peu, quand même, ce sont les jeux de rôle et d'exploration, où on a une quête à remplir dans un monde à découvrir, et, parmi ceux là, il y a deux séries qui m'ont beaucoup plu, ce sont les King's Quest et les Ultima.

J'ai joué au tout premier King's Quest (jusqu'au bout, et j'étais incroyablement content quand j'ai gagné), ça a été un de mes émerveillements avec les ordinateurs ; et plus tard j'ai joué aux numéros V et VI : il faut dire qu'il y avait un effort de création vraiment impressionnant dans l'intrigue — en revanche, ils souffraient du défaut qu'on se retrouvait souvent à essayer successivement tous les objets possibles devant chaque difficulté, jusqu'à trouver celui qui marche, bref, ça devenait un peu lassant.

S'agissant des Ultima, j'ai surtout joué au VI et au VII (la première partie), ainsi qu'à Underworld : les deux premiers sont surtout impressionnants par la richesse du monde présenté, qui se laisse vraiment très longuement explorer, quant à Underworld, c'est essentiellement, je crois, le jeu qui a créé la version « moderne » de l'affichage en première personne. J'ai tellement aimé Underworld que j'ai créé un éditeur de donjon pour ce jeu et je m'amusais à inventer toutes sortes de labyrinthes diaboliques bourrés de pièges à téléportation et de mécanismes invraisemblables, ou simplement des palais soigneusement conçus que j'aimais ensuite parcourir pour admirer.

Mais il y a un jeu auquel j'ai très longtemps été frustré de ne pas avoir pu jouer, c'est Ultima Underworld II. Je ne sais plus ce qui s'est passé, au juste : un ami à moi devait l'avoir et il l'a perdu dans un crash disque ou quelque chose comme ça, si bien que je n'ai joué qu'un peu au début, juste assez pour me rendre compte que le monde était encore bien plus riche et vaste que dans le premier Underworld (et que, malheureusement, mon éditeur de donjon ne marchait plus et que je ne savais pas décoder les structures de données), mais je ne suis pas allé plus loin que ça. Ensuite, je n'ai plus eu de DOS, et j'ai plus ou moins oublié l'existence de ce jeu, mais tout en conservant le vague regret de ne pas avoir pu vraiment mettre les mains dessus. En plus, la musique (dont voici une interprétation MIDI) utilise un thème que je trouve vraiment excellent, et qui m'a trotté dans la tête pendant toutes ces années.

Eh bien j'ai fini par me prendre en main et par aller chercher sur des sites d'abandonware, où j'ai trouvé une copie du jeu en question. Un petit coup de FreeDOS et de QEMU et j'étais doté d'une machine DOS virtuelle (déjà bien plus puissante que le 486 que j'avais autour de '93) capable de faire tourner le truc. Avec le son, même (AdLib, seulement, cependant). C'est donc avec une certaine émotion que j'ai replongé dans le monde de Britannia et de l'Avatar.

Premier choc : c'est quand même moche. J'ai beau rester totalement isolé des jeux vraiment modernes (et même des premiers grands du genre, comme Myst), j'ai apparemment changé de regard en une douzaine d'années. En fait, le plus frappant, ce n'est pas tant que c'est moche mais que ça manque d'ergonomie (l'usage de la souris et du clavier est, disons, déconcertant — et pourtant Underworld m'avait semblé vraiment excellent sur cet aspect, à l'époque). Cependant, on s'y habitue, et la magie fonctionne encore. Je pense que je vais essayer de finir le jeu, ou en tout cas de l'explorer, pour purger cette frustration de n'avoir pas pu, à l'époque : probablement en trichant un peu (pour booster un peu mon personnage ou pour lire sur le Web la solution des énigmes qui me bloqueraient trop), parce que je n'ai pas envie d'y passer beaucoup de temps, mais tout de même un petit peu sérieusement.

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(lundi)

Comment bien acheter Têtu

Je me plains périodiquement que Têtu est un torchon branchouille-snob et vide de contenu. Pour être honnête, je ne sais pas s'il pourrait vraiment en être autrement : je ne suis pas certain de ce qui devrait figurer, dans le meilleur des mondes, dans un magazine gay et lesbien (enfin, s'agissant de Têtu, le et lesbien il faut le dire très très vite) qui ne soit pas totalement nul ; j'ai l'impression que Têtu eut été moins nul, mais ce n'est peut-être qu'une illusion, un souvenir faux du temps où j'étais jeune-con-et-fou (ce qui est vrai, en revanche, c'est qu'il y eut un temps où la couverture ne représentait pas systématiquement un minet à poil[#]). Il y eut même un temps où on eut vu une femme en couverture de Têtu : si, si, c'est possible : sur le nº38 (octobre 1999), par exemple. il y a une jolie photo de Christine Angot en couverture. Passons.

Pourtant, il m'arrive encore de l'acheter. Pourquoi ? À la limite, ce n'est même pas pour le lire : c'est parce qu'acheter Têtu, vu qu'il s'agit du seul magazine gay que le grand public connaît, c'est dire publiquement je suis pédé : c'est un exercice qui a du bon, de temps en temps. Pour le jeune homo ne s'assumant pas du tout que j'ai été un jour, ce fut un peu une épreuve initiatique, d'aller à un kiosque et de l'acheter. Et de se rendre compte, bien entendu, que le buraliste n'allait pas soulever un sourcil, parce qu'il n'en a vraiment rien à foutre ; il arrive cependant qu'on ait droit à un sourire complice (ou est-ce mon imagination ?). S'abonner, c'est trop facile : ce qui est intéressant c'est de l'acheter en public, et éventuellement de le lire en public. Il est à soupçonner que les évolutions de la société rendant de moins en moins difficile l'achat de Têtu (aujourd'hui ça s'achète vraiment partout, ce n'est pas du tout Le Gai Pied) sont compensées par les couvertures et les titres toujours plus aguicheurs, comme s'il fallait que l'épreuve initiatique reste de difficulté constante. 🤪 Aujourd'hui, découvrant que mon magasin Champion (qui s'est étendu récemment, j'en ai déjà dit un mot) vendait maintenant aussi la presse, j'en ai acheté un exemplaire, qui promettait de dévoiler les secrets de l'orgasme entre hommes (résultat : le caissier n'a pas soulevé un sourcil). Eh bien, c'est tout aussi vide de contenu que d'habitude.

Bref, Têtu est emblématique. C'est juste dommage que l'emblème soit aussi nul.

[#] Je dis bien à poil. On n'est pas prêt de voir un mec à poils en couverture de Têtu. ☺️

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(lundi)

De l'habitude du confort et des risques associés

[Diantre, cela faisait longtemps que je n'avais pas laissé passer autant de temps entre deux entrées de ce blog. Je pourrais dire que j'ai été débordé : ce serait un léger mensonge — en revanche, il est vrai que j'ai des journées bien remplies.]

Il y a quelque chose dont je prends fortement conscience en ce moment, c'est à quel point le confort, si c'est quelque chose d'agréable, est aussi un piège redoutable, car on prend très vite l'habitude de tout ce qui le procure et il devient, dès lors, à peu près indispensable — en ce sens que son manque se fait très cruellement ressentir.

Je pourrais multiplier les exemples dans le domaine informatique, déjà : depuis que j'ai un joli portable capable de faire du Wifi (quoique de façon parfois aléatoire, mais il semble que ce ne soit pas spécialement ma faute), je commence à trouver normal d'avoir un accès Internet partout, tout le temps, et si je me rends compte, en m'asseyant dehors pour prendre l'air, que pour une raison quelconque je n'ai pas de Wifi, je suis tout contrarié. Dans la nouvelle bibliothèque de maths de l'ENS (car depuis la rentrée la bibliothèque a déménagé dans le bâtiment nouvellement construit, qui borde la rue Rataud), chaque table est munie d'une prise Ethernet, de sorte que, même en bibliothèque, pendant que je travaille, je peux consulter une référence sur le Web, ou envoyer un mail pour poser une question mathématique, sans même avoir à me lever de ma chaise pour aller au poste de travail le plus proche. Mine de rien, ça fait gagner un peu de productivité (au hasard, tout à l'heure, pour trouver les numéros de volume aux Publications mathématiques de l'IHÉS du volume III des ÉGA, je n'ai eu qu'à aller sur Wikipédia) ; mais mine de rien, c'est aussi un petit confort auquel on prend goût et dont l'absence, un jour, sera irritante.

Mais ce n'est évidemment pas vrai qu'en informatique. À côté de chez moi, mon supermarché Champion s'est agrandi pendant l'été. La durée des travaux a été un peu pénible, parce que je ne trouvais plus rien (en fait, l'organisation des rayons changeait toutes les semaines, au fur et à mesure qu'ils réaménageaient) ; maintenant, il y a plein de nouveaux rayons et je vais pouvoir y trouver toutes sortes de choses que je devais auparavant aller chercher plus loin (exemple idiot : des slips) — eh bien je vais y prendre goût et me déclarer très fâché le jour où, inévitablement, un de ces rayons sera vide.

Et, de façon plus fondamentale, le fait d'habiter Paris, le fait de travailler à 15′ de marche de là où j'habite, le fait de pouvoir prendre tous mes repas sur mon lieu de travail, toutes ces choses sont des éléments de confort qui sont pour moi une chance exceptionnelle et dont je devrai peut-être (sans doute ?) un jour me passer. Ça me fera mal.

Ce que je ne sais décidément pas, c'est comment éviter ces écueils. On peut, évidemment, refuser tout nouvel élément de confort, mais c'est stupide (ou, en tout cas, ça défeate le purpose) : je voudrais trouver une façon de profiter, au maximum, des conforts qui s'offrent à moi sans en devenir dépendant. Je cherche encore.

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(samedi)

Money money money

J'ai l'habitude de gérer mon argent de façon très simple, mais pas très sérieuse : une fois de temps en temps je jette un coup d'œil au solde de mon compte courant (via l'interface Web proposée par ma banque), je vérifie qu'il me semble raisonnable, s'il est trop élevé je vire de l'argent vers mon compte dépôt, s'il est trop bas je fais des efforts pour limiter mes dépenses sur une période mal définie. Ça ne marche somme toute pas trop mal — sauf quand je dois faire de grosses dépenses que je n'avais pas vues venir — mais, surtout, ça ne me permet pas d'avoir la moindre idée d'où va mon argent.

Du coup, je prends une bonne résolution de rentrée : je vais tâcher de tenir désormais une comptabilité un minimum sérieuse, en utilisant le logiciel GnuCash. Lequel a le bon goût de savoir importer les formats dans lesquels ma banque me permet de télécharger les écritures sur mon compte, du coup ça me simplifie beaucoup la tâche ; il faut se familiariser avec la comptabilité en partie double, mais ce n'est pas bien difficile une fois qu'on a compris que le principe était de toujours déplacer de l'argent d'un compte à un autre (et heureusement, le manuel est bien fait). Et le programme lui-même a l'air bien pratique (jusque dans des détails comme me permettre d'utiliser le format YYYY-MM-DD que j'affectionne pour les dates, et ce, bien que je lui demande de me parler en anglais et d'utiliser l'euro comme unité de monnaie), notamment avec une organisation hiérarchique des comptes qui permet de gérer la comptabilité avec le niveau de détail qu'on souhaite. [Note : je ne prétends pas faire ces remarques comme comparaison de GnuCash avec un logiciel X ou Y : je n'en ai jamais utilisé d'autre, et je n'y compte pas, donc je ne cherche pas à savoir ce que les autres ont.] Le problème, c'est même que, là, je serais presque tenté de dépenser de l'argent juste pour le rentrer dans la comptabilité. 🤪

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(mardi)

Casse-tête

[Casse-tête emboîté]Mon petit frère m'a offert, comme cadeau d'anniversaire, un joli, et très symbolique, casse-tête : il est formé d'un signe « mars » argenté et d'un « vénus » doré, initialement emboîtés, qu'il s'agit de détacher. Très approprié, et il comptait d'ailleurs me l'offrir place des Terreaux 😉 (d'hétéros, compris ?). [Casse-tête séparé]En général je n'aime pas trop les casse-tête, mais celui-là m'a séduit par sa simplicité : pas de ficelle, pas de boule ou d'anneau ad hoc, juste deux morceaux de métal, et pas non plus de gags du genre « plein de protubérances dont l'une serait très subtilement différente »… pourtant, il faut en gros six étapes[#] de mouvement pour résoudre le puzzle, et chacune est très « pure », si j'ose dire.

Ce qui me fascine, en fait, c'est qu'on puisse inventer ce genre de trucs. Étant mathématicien, je pense à un casse-tête comme à un labyrinthe dans un espace des configurations d'assez grande dimension (en l'occurrence, six : si on fixe une des parties, l'autre a trois degrés de liberté pour le déplacement et trois pour la rotation) : ce n'est donc pas étonnant que ce soit difficile à résoudre, mais ce qui est surprenant, à mes yeux, est qu'on puisse effectivement mettre au point de tels casse-tête. Utilise-t-on des ordinateurs ? Ou est-ce entièrement conçu à la main ? Fait-on toujours appel aux mêmes astuces ou en invente-t-on de nouvelles ? De quelle marge de liberté dispose-t-on ? (J'ai l'impression que certaines anfractuosités servent deux ou trois fois au cours de la manip, du coup je m'étonne qu'on ait pu les tailler correctement.) Bref, je suis assez impressionné.

[#] Spoiler, d'ailleurs : (1) faire passer l'anneau « femelle » autour de la flèche de l'anneau mâle, (2) faire un demi-tour et revenir à la situation initiale, mais symétrique, (3) faire passer l'anneau « mâle », cette fois, autour de la croix de l'anneau femelle, (4) sortir une des branches de la croix, (5) en faisant passer l'anneau dans le creux de la croix, faire faire un demi-tour à celle-ci et (6) sortir l'autre branche de la croix.

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(jeudi)

Le chauffe-eau est mort, vive le chauffe-eau

[Chauffe-eau nouveau]Bon, voici un souci de moins : j'ai trouvé un plombier un peu moins escroc (1060€ TTC, avec un devis en bonne et due forme, pour changer mon ballon) et apparemment compétent, et j'ai maintenant un chauffe-eau neuf qui, j'espère, tiendra un petit moment.

Mais comme un souci ne part jamais sans qu'un autre le remplace, mon disque dur (enfin, un de mes très nombreux disques durs) est mourant. Pfff… va encore falloir débourser des sous rue Montgallet, et surtout, du temps pour copier les ~250Go de données. Hmmm… En fait, c'est pire, c'est peut-être deux disques durs, ou la carte mère (le contrôleur des disques). Ou quelque chose comme ça. Je ne sais pas si j'ai perdu des données, mais j'ai certainement perdu des heures. Update () : En fait, c'était apparemment juste un problème d'alim.

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(lundi)

Contrariété, anxiété, stress

[Chauffe-eau mourant]Je m'étonne moi-même de constater à quel point la contrariété peut me toucher, et à quel point je perds facilement la sérénité de l'esprit. Cette histoire de chauffe-eau, que beaucoup de gens auraient le bon sens de prendre pour un tracas mineur, m'affecte énormément : pour résumer, j'ai le choix entre accepter l'offre d'un plombier qui m'arnaque dans les grandes largeurs — j'en suis conscient et tout le monde en convient — ou bien risquer que mon ballon actuel se mette d'un instant à l'autre à fuir en grand et inonde[#][#2] l'appartement. Je fais finalement le premier choix, mais je m'en suis rendu vraiment malade : d'être réduit à une pareille impuissance parce que je ne peux pas supporter l'idée du risque ; et d'être certain que c'est la mauvaise décision (mais que l'autre décision était aussi la mauvaise).

Au-delà de cette affaire précise d'eau chaude (qui à ce stade doit lasser mes lecteurs autant qu'elle me pourrit la vie), c'est un problème d'attitude que j'ai en général face aux difficultés : au lieu de savoir les mettre de côté et ne plus y penser quand ce n'est pas nécessaire, je n'arrête pas de les ruminer, je deviens incapable de penser à autre chose, tant que ce n'est pas réglé, à moins de trouver un souci encore plus importante ou éventuellement une joie plus grande (ce qui, en ce moment, n'est pas facile). Bref, c'est un comble que malgré l'éclectisme de mes goûts j'aie tellement de mal à me changer les idées. Voici un élément important à rajouter à mon enfer et mon paradis personnels.

[#] Pourquoi est-ce soudain devenu si urgent ? D'abord parce que j'ai l'impression que son état a empiré de plus en plus vite au cours des derniers jours (cela se devine à l'apparence extérieure et aussi au bruit qu'il fait quand il chauffe ou quand on ouvre l'eau chaude). Aussi parce que je compte partir en vacances la semaine prochaine (je pourrais certes vidanger le chauffe-eau avant de partir, mais je n'oserais pas le remplir en revenant, ce qui voudrait dire vivre absolument sans eau, cf. la note suivante). Certes, c'était une erreur de ma part de laisser les choses en arriver là, mais le chauffe-eau est dans une partie du placard que je n'ouvre normalement jamais.

[#2] Une solution convenable à mes yeux aurait été de vidanger la cuve complètement et de vivre quelque temps sans eau chaude, pendant que je trouve un plombier moins vorace. Las ! les installateurs incompétents ou crétins de ma tuyauterie n'ont pas prévu de vanne permettant de couper l'arrivée d'eau à mon chauffe-eau : donc, pas moyen de le vidanger sans couper complètement l'eau dans l'appartement. (C'est d'ailleurs ridicule, il y a une vanne dans un des conduits connexes au chauffe-eau, mais elle sert à autre chose !) Je ne suis pas convaincu que simplement couper le courant et ne pas utiliser d'eau chaude me protège contre tous les risques.

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(lundi)

Prix d'un changement de chauffe-eau

La fuite est réparée (le plombier doit encore repasser pour des fignolages). Mais mon plombier vient de m'annoncer que pour changer mon chauffe-eau il me demanderait 1200€… hors taxes ! Ce prix me semble colossal — il me semble comprendre que l'objet lui-même (un cumulus 100–150L électrique de base) coûte plutôt dans les 200€, et je ne vois pas comment une ou deux journées-hommes de main d'œuvre peuvent expliquer la différence (à moins qu'un plombier gagne dans les 15000€/mois ? je pense quand même que non). Bon, je peux le débourser (et manger des patates pendant quelques mois), mais je voudrais savoir si je ne suis pas en train de me faire pigeonner complètement si j'accepte. Difficile sur le Web de trouver la moindre information… ici on trouve une vague (très vague) fourchette sur le prix de l'objet, quelques idées sur le prix de la pose, mais avec tout ça il n'est pas clair du tout si le prix demandé est raisonnable. Le problème est que je n'ai pas vraiment le temps de faire faire plein de devis.

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(dimanche)

Le jour le plus mort

Dimanche treize août : le jour le plus mort de l'année. J'écris cette entrée depuis le Starbucks de la rue des Archives, où j'espérais trouver une connexion WiFi mais apparemment l'enseigne n'est pas à la hauteur de sa réputation. Faute de quoi[#], je regarde les gens passer[#2] et la pluie tomber en buvant un chocolat viennois. (Je me croirais dans un de mes fragments.) Je ne voulais pas rester toute la journée chez moi, mais j'aurais pourtant mieux fait : il va être dur de rentrer sans être trempé. On voit marchant sous des parapluies des couples d'amoureux (hétéros ou homos), parfois je me dis qu'il faudrait que Doisneau soit là pour les photographier… je me rends compte que mon copain me manque. J'essaie de comprendre un mot à la conversation des deux japonaises derrière mois, en vain.

Ah, la pluie se calme et ma batterie se vide. Il va être temps de chercher de quoi dîner.

[#] C'est dans ces circonstances qu'on se rend compte à quel point on est terriblement dépendant d'Internet. Dans les quelques minutes depuis lesquelles j'ai allumé mon ordinateur, j'ai voulu regarder sur le Web combien de temps la pluie risquait encore de durer, récupérer un certain nombre de fichiers qui sont sur mon fixe, et encore quantité d'autres choses… pour m'apercevoir à chaque fois que, non, je ne pouvais pas, faute de connexion réseau. Devrais-je m'acheter une carte Bluetooth, pour me servir de mon mobile comme modem (lui, il a accès au Web, après tout, et j'ai un crédit invraisemblable dont je ne me sers pas sur mon compte-recharge).

[#2] Ou le contraire : je suis pour ainsi dire en vitrine.

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(jeudi)

Petites contrariétés de l'été

J'ai vraiment urgemment besoin d'un plombier : il n'y a plus seulement mon chauffe-eau (j'en ai déjà parlé) qui a besoin d'être changé parce qu'il est gravement attaqué par la rouille, il y a maintenant aussi le robinet de ma salle de bain : il s'est inexplicablement mis à fuir — par le bon côté, heureusement… je veux dire que, même fermé, il laisse passer un filet d'eau (pas énorme, certes, mais il remplit tout de même de l'ordre de 15cL en une minute, ce qui représentera 200L dans une journée, ou plus de 6m³ dans un mois ! je n'ai pas les chiffres mais ça doublerait pratiquement ma consommation). Ça doit être le joint qui est défait. <Insérer ici un rant sur le fait qu'il est complètement ridicule qu'on fasse des robinets qui n'aient pas un clapet de sécurité ou quelque chose comme ça, permettant de les fermer de façon complètement sûre.>

Deux problèmes : d'abord, trouver le moyen de faire venir un plombier alors que c'est le week-end étendu du 15 août et que je pars dans une semaine : faire établir un devis et faire la réparation elle-même, en ce temps-là, ça semble totalement impossible ! Et pourtant je ne vois pas comment je peux y couper. Deuxièmement, toruver le moyen de ne pas me faire arnaquer et payer une somme colossale malgré l'urgence et malgré mon ignorance totale des tarifs pratiqués dans ce domaine. (Tout ce que j'ai en tête, c'est l'idée que tous les plombiers sont des escrocs, ce qui est probablement faux, mais ce qui m'aide assez peu pour détecter ceux qui le sont et ceux qui ne le sont pas, surtout si je n'ai pas le temps d'en faire venir plusieurs pour des devis différents à comparer.) Que valent, par exemple, ces gens-là ? Ou ceux-ci ? Comment savoir ? Vaut-il mieux rechercher une boîte d'une certaine taille ou une petite entreprise dans le quartier ? Pourquoi ne trouvé-je aucun tarif sur le Web ?

C'est vraiment le genre de petit tracas dont je n'arrive pas à faire une montagne, et qui me pourrissent rapidement la vie.

Sans aucun rapport, mais pour ne pas me mettre de bonne humeur, il y a un routeur du côté de chez RAP (apparemment situé au niveau de l'Odéon, si j'en crois son nom) qui dysfonctionne depuis cet après-midi et qui perd autour de 20% des paquets[#] qu'il reçoit (de ma part en tout cas) : or il me sert pour me connecter à mon boulot où je reçois mes mails, que je ne peux donc lire qu'avec la plus grande difficulté. Là aussi, j'ai peur que le problème ne soit pas résolu avant un certain temps !

Mise à jour (2006-08-11T16:45+0200) : Bon, un plombier est passé (si j'en suis satisfait je recommanderai son adresse). Il n'avait pas les têtes à clapet nécessaire pour changer le robinet tout de suite (il me dit que c'est très rare que ce genre de têtes fuient), mais il m'a promis de revenir lundi midi, et pour le chauffe-eau il va me faire un devis (la cuve est percée, il faut le changer rapidement). Quant au routeur cr-odeon.rap.prd.fr, apparemment il refonctionne.

[#] J'avoue ne pas comprendre comment une défaillance d'un routeur peut perdre ~20% des paquets reçus… aussi bien un ordinateur qu'un lien physique, ça a quand même fortement tendance à fonctionner en mode tout-ou-rien.

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(dimanche)

Les entrées que je n'écris pas

OK, je plaide coupable, ça fait un moment que je n'ai rien écrit ici. Je pourrais expliquer que je suis un peu débordé, mais ce n'est pas spécialement plus vrai en ce moment que d'habitude : c'est plutôt que je passe un peu moins de temps devant des ordinateurs parce que je préfère aller dehors pour travailler en profitant du soleil radieux — or dehors (i.e., dans la cour d'honneur de l'ENS) il n'y a pas vraiment de wifi (et de toute façon je n'ai pas de portable). Peut-être que la semaine qui vient, je vais aller ailleurs, cependant, parce que l'École héberge un festival de science pour lycéens qui a trouvé malin d'installer des œuvres d'art assez hideuses[#] dans la cour en question, qui me donnent envie de fuir. Mais pas forcément devant un écran. Ah, et puis, sinon, je préfère passer mon temps libre avec mon copain qu'avec un ordinateur. Enfin, ces derniers jours, le temps que j'ai passé sur un clavier je l'ai surtout passé à faire des calculs (plus ou moins idiots d'ailleurs) et, avant ça, à m'engueuler avec mes logiciels.

Trêve de justifications foireuses, ce n'est pas mon propos : je voulais parler des entrées que je n'écris pas dans mon blog. Parce que quand il me vient une idée pour laquelle je pourrais écrire une entrée, mais que je n'en ai pas le loisir, je rajoute ça dans une liste que j'intitule vivier à mèmes en me disant que j'aurai le temps plus tard. En fait, souvent, plus tard veut dire jamais, par exemple parce que l'idée ne me semble plus si intéressante plus tard ; le pire, ce sont les fragments littéraires gratuits, là la liste des idées qui me restent à traiter est carrément impressionnante, et s'écoule très lentement (parce qu'il me faut énormément de temps pour écrire un fragment, et il est rare que j'aie et le temps et l'inspiration[#2]). Mais même pour les autres sortes d'entrées j'ai un petit stock d'idées à traiter : cela va des remarques idiotes (du style : il y un bonhomme que je croise régulièrement rue Claude Bernard et qui est le sosie de Bertrand Russell — enfin, du Bertrand Russell tel qu'il était par semple sur cette photo) à des réflexions sur moi-même (par exemple, j'aimerais écrire un portrait de moi comme mathématicien, c'est-à-dire de ma façon de percevoir les mathématiques et d'en faire) en passant par des idées que je trouve géniales (comment utiliser les aficionados de sites pornos comme vaste réservoir de coprocesseurs indiens) ou canulars (si vous êtes sages, un jour je vous parlerai du Club Contexte, qui n'est pas un canular mais je dis ça pour vous embrouiller).

Plus tard ! ☺️

[#] Il s'agit de statues intitulées passe-muraille qui représentent des bonshommes en train de traverser des portes ou des arbres ou des tables (c'est-à-dire, en gros, qu'ils ont collé des membres de mannequins sur un arbre pour donner l'impression qu'il y a quelqu'un dedans). En fait, c'est surtout moche et anxiogène (ça donne l'impression que le type est en train de se faire transpercer par un arbre plutôt que le contraire). Il y a aussi des fils rouges, façon rayons laser, qui partent des yeux du buste de Voltaire dans la cour, je ne comprends pas ce qu'ils sont censés vouloir dire mais je trouve que c'est un peu un manque de respect envers ce grand homme. Accessoirement, je ne comprends pas vraiment le rapport entre ces machins et un festival de science pour lycéens.

[#2] Réminiscence d'une vieille blague de physicien à propos des problèmes sexuels de Heisenberg qui, à chaque fois qu'il avait le temps, n'avait pas l'énergie, et à chaque fois qu'il avait la position, n'avait pas l'impulsion.

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(lundi)

Des toits aux sous-sols profonds

J'ai beau connaître maintenant plus que bien les bâtiments principaux de l'ENS (ceux du 45 rue d'Ulm), je suis très peu allé dans les bâtiments annexes. Notamment ceux de la rue Lhomond, qui abritent les laboratoires de physique, chimie et sciences de la Terre : inaugurés en 1936 et semblant avoir été préservés dans une bulle temporelle, ces bâtiments sont presque une caricature du laboratoire vieillot et poussiéreux de sciences expérimentales, avec une quantité hallucinante d'objets en tout genre dans tous les coins, énormément de choses cassées ou dont personne ne doit savoir ce qu'elles font là, des pièces de musée qui côtoient des appareils de technique de pointe (mes ces derniers ont tendance à être mis derrière des portes fermées à clé), bref, c'est assez épatant à explorer. Ce que j'ai fait cette nuit avec deux amis.

Nous sommes d'abord montés sur les toits, qui sont nettement plus hauts que ceux à côté de mon bureau, et d'où on a, donc, une bien meilleure vue. On a passé un moment, donc, (avec jumelles et pointeur laser), à tenter d'identifier ce qu'on voyait de Paris. Notamment, il y a quelque chose qu'on voit assez nettement depuis les toits de l'ENS, à peu près en direction du palais omnisports de Bercy, mais sans doute plus loin, peut-être vers Saint-Mandé ou le bois de Vincennes, qui m'intrigue beaucoup : cela ressemble à une petite montagne (je dirais presque un terril, mais en région parisienne c'est assez peu vraisemblable), avec une lumière rouge qui clignote en haut. Même après une fort longue exploration de Google Maps, je n'ai pas réussi à localiser ce truc.

Puis nous sommes descendus dans les sous-sols. Il y a un endroit quasiment mythique dans les profondeurs du département de physique (j'en ai d'ailleurs déjà parlé), c'est une petite pièce enfouie à peut-être trente-quarante mètres sous la Terre où le père Rocard faisait des expériences à l'abri des rayons cosmiques ; j'en avais entendu parler par un maître de conf' du département de physique : ces parties, où on descend par un ascenseur qui ressemble plus à un monte-charge, sont largement en-dessous du niveau des égouts, donc il y a des pompes pour faire remonter l'eau, mais l'histoire veut qu'un jour l'endroit ait été inondé, quelqu'un est descendu par le monte-charge, qui l'a noyé et il est mort, et depuis tout l'endroit a été abandonné. Toujours est-il que le passage qui y mène était mystérieusement ouvert ce soir (il est derrière une porte normalement protégée par un digicode). C'est assez impressionnant à voir : au bout d'un couloir étroit où il n'y a plus de courant depuis au moins trente ans, on tombe sur un ascenseur désaffecté et une échelle ponctuée de trois trappes séparées d'une dizaine de mètres. Moi qui ai fortement le vertige et qui n'aime trop ni les lieux trop étroits ni le noir absolu, je n'ai pas osé m'aventurer là-dedans : peut-être qu'avec un meilleur éclairage je l'aurais fait, mais avec juste une lampe de poche douteuse et un pointeur laser en cas d'urgence, j'ai préféré rester en haut pour attendre mes amis et donner l'alarme s'ils ne revenaient pas. Peut-être aussi que les histoires de cloportes gros comme la main m'ont inquiété (mais apparemment c'est des mythes, en tout cas mes amis n'en ont pas vu ; oui, oui, je sais, les cloportes sont totalement inoffensifs pour l'homme). Donc je ne peux pas rapporter comment est cet endroit qui n'a pas bougé depuis des dizaines d'années, mais indéniablement il existe. D'après un tableau à l'entrée du couloir, il semble que quelqu'un y descende environ tous les deux mois, pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème majeur.

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(vendredi)

Lettres recommandées

À quelques jours d'intervalle je reçois deux avis de lettres recommandées avec accusé de réception : l'une chez mes parents à Orsay (mais qui est adressée à moi) et l'autre chez moi. Je n'ai pas les lettres elles-mêmes, bien sûr — je n'habite plus chez mes parents et quand le facteur est passé chez moi il était trop tôt pour que je lui ouvre — donc je ne peux qu'émettre des conjectures sur leur contenu. La première, qui m'est adressée chez mes parents, pourrait provenir de ma mutuelle, à laquelle j'ai fait il y a trois mois un chèque de régularisation[#] qu'ils n'ont jamais encaissé, de sorte que j'en viens à me demander si le courrier n'est pas perdu ; mais je les ai appelés pour leur demander des précisions sur ce chèque, ils ont dit qu'ils chercheraient et me rappelleraient, mais en attendant le type au bout du fil a semblé trouver que c'était normal qu'ils mettent trois mois à encaisser un chèque de 1700€. Bon. L'autre lettre recommandée pourrait provenir d'une société de recouvrement de créances allemande, qui m'écrit depuis un moment des lettres (en allemand, pour l'instant non recommandées) pour me demander de l'argent pour une dette complètement imaginaire[#2] : pour l'instant j'ai purement et simplement ignoré leurs courriers, au motif qu'ils n'ont pas à m'écrire en allemand, encore moins pour me réclamer de l'argent que je ne dois à personne, et encore moins sans explication quelconque. (J'imagine que quelqu'un en Allemagne a trouvé mon adresse sur Internet et l'a entrée comme adresse de facturation dans un formulaire quelconque, et que ces cons ne se sont même pas demandé si c'était plausible avant de commencer à me spammer.)

Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les gens vont chercher des lettres recommandées à la poste ? Ce sont systématiquement des emmerdes, donc on a tout intérêt à les refuser ! Comme ça, celui qui l'a envoyée ne pourra pas utiliser une signature quelconque sur un recommandé comme preuve de réception.

De fait, pour la lettre reçue chez mes parents, comme je n'ai pas envie de passer deux heures juste pour aller à Orsay chercher une lettre, j'ai demandé à mes parents de remettre l'avis dans la boîte aux lettres avec la mention inconnu pas à l'adresse indiquée (pourquoi n'y a-t-il pas une case à cocher, d'ailleurs ? qu'est-ce qu'on est censé faire, normalement, dans ce cas ?). J'en profite pour envoyer une lettre à tous ceux qui étaient susceptibles de m'écrire à Orsay pour leur demander de tenir compte de mon changement d'adresse. Pour l'autre lettre, je ne sais pas encore, peut-être que je la refuserai aussi.

Mais un problème fondamental, à la base, c'est qu'on peut faire perdre un temps fou à quelqu'un en lui expédiant des lettres recommandées, et que le quelqu'un n'a pas moyen de se retourner contre l'expéditeur pour courrier abusif. Ou alors devrais-je chercher ces lettres et envoyer une facture de 150€ à chacun des expéditeurs pour frais de déplacement et de dossier ? (Facture elle-même envoyée par recommandé, évidemment…)

[#] Ils avaient oublié de me prélever mes cotisations pendant plusieurs années, et ils ont fini par me les réclamer sous forme de chèque.

[#2] Ils ne disent même pas en quoi elle consiste, ils citent juste le nom de mon créancier supposé (leur client, donc), qui est apparemment une vidéothèque à Düsseldorf dont je n'ai jamais entendu parler avant de recevoir ces courriers (au moins, du coup, je n'aurai pas de mal à prouver, le cas échéant, que je n'ai rien à voir avec ça, puisque je n'ai jamais mis les pieds à Düsseldorf). Mais jamais la moindre explication sur la dette elle-même, juste des in obiger Angelegenheit et Hauptforderung non explicités. Je trouve ça quand même d'une grossièreté incroyable de demander de l'argent à quelqu'un sans même expliquer pourquoi ! En revanche leurs lettres sont très polies et mielleuses sur la façon dont je peux échelonner les paiements ou des trucs de ce style. Mais il n'y a aucune case vous délirez, je ne vous dois pas d'argent dans les formulaires à remplir.

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(lundi)

Terreur nocturne

[Écrit à 01:40, après environ 2h de sommeil.]

Ça m'a repris cette nuit — ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé. Je pense (sans être sûr) que l'élément déclencheur doit être que je m'endors sur un membre (en l'occurrence probablement mon bras gauche), dont la circulation est donc coupée, ce qui me cause une alarme dans un sommeil très profond : je ne m'en réveille qu'à moitié, je suis totalement désorienté, je ne comprends pas ce qui m'arrive, et je me lève avec l'impression d'être en danger mais sans savoir comment ni pourquoi et avec pour toute explication un bras (ou une jambe) engourdi. Mais ce n'est pas fini : cette nuit, j'ai fait quelques pas dans mon appartement, toujours sans être bien réveillé (d'ailleurs, je ne le suis pas encore même en écrivant ces lignes), puis je me suis recouché, et ce n'est qu'encore quelques minutes plus tard, alors que j'essaie de me rendormir, que je fais une crise de tachycardie (je ne sais pas ce qui justifie ce délai : il me semble que l'adrénaline agit pourtant très très rapidement ; mais peut-être que le fait que je sois à moitié endormi tout du long joue un rôle, ou peut-être que c'est parce que je me demande ce qui s'est passé que je panique, vu que je suis encore dans un stade de semi-conscience où je ne peux rien expliquer). Ce coup-ci, je suis monté à ~200 pulsations par minute pendant ce qui m'a semblé une éternité, avant de réussir enfin à me réveiller suffisamment et à me contrôler assez pour me persuader que, non, il n'y avait rien de grave et que mon rythme cardiaque allait de lui-même redevenir normal (ce qui aide, justement, à ce qu'il le redevienne effectivement). Paradoxalement, c'est peut-être justement le fait que je me sois endormi facilement (et tranquillement, heureux) qui a rendu d'autant plus facile le fait que je me bloque sur un bras (si c'est bien ça l'aspect déclencheur) d'où ma panique. Toujours est-il que lors de ces terreurs nocturnes irrationnelles, ce qui me manque le plus est d'avoir quelqu'un à qui parler (juste le fait de prendre le téléphone en main, d'ailleurs, m'aide à me calmer). À la place, j'écris ceci dans mon blog…

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(dimanche)

Quels sont votre enfer et votre paradis personnels ?

Je n'aime pas trop, en général, les « chaînes de blogs » (où quelqu'un pose une question ou bien propose un défi que tout le monde reprend ensuite), mais voici une question qui me tient assez à cœur, donc j'invite les blogueurs qui me lisent à y répondre (et à m'envoyer un lien vers leur entrée, que je rajouterai ici — ça me fera aussi l'occasion de découvrir de nouveaux blogs) ; les non-blogueurs ont aussi le droit de répondre, bien sûr, dans les commentaires. Bref, il s'agit de répondre à ceci :

Les dieux ont préparé un enfer et un paradis à votre intention particulière : pouvez-vous décrire à quoi ils ressemblent ?

Quelques remarques sur cette question : d'abord, il n'est pas demandé d'être cohérent (par exemple, se demander ce qui se passe au bout de cent trillions d'années, et si on finit par s'ennuyer), encore moins matériellement concevable — il s'agit plutôt de se mettre dans une perspective de rêve malheureux et heureux, de présenter une vision complètement naïve et instinctive, sans trop de questions. S'agissant de l'enfer, évidemment, on peut imaginer toutes sortes de supplices particulièrement cruels, le but n'est pas de décrire le plus atroce mais celui qui vous serait propre, et peut-être faut-il s'inspirer de cette citation de Kazantzakis dans la Dernière Tentation du Christ (citation dont je rappelle que je cherche toujours l'original) : Les portes du Paradis et de l'Enfer sont côte à côte, identiques toutes les deux.

En ce qui me concerne :

Je commence par décrire mon enfer, ce que je ne peux faire qu'en termes abstraits, car il est sans cesse en mouvement : il s'agit justement de me placer dans des situations toujours différentes, désagréables sans être vraiment atroces, de sorte que je finis par m'y habituer, mais à chaque fois que je m'y habitue, précisément, je suis placé dans un endroit différent. À chaque fois que je m'attache à quelque chose ou à quelqu'un, ce quelque chose ou ce quelqu'un disparaît. Jamais on ne me renseigne sur l'avenir, de sorte que je suis toujours dans le doute sur ce qui va m'arriver, mais je me forme des espoirs qui sont sans cesse déçus. À cette peur, cette incertitude et ce doute s'ajoutent un ennui profond, viscéral, rendu d'autant plus insupportable qu'on sent qu'on devrait faire quelque chose, mais toute possibilité en est trompée, car dès que je commence à le tenter, la possibilité m'en est soustraite.

À présent voici mon paradis, présenté dans des termes beaucoup plus concrets (de façon abstraite, je l'ai déjà expliqué : le paradis, c'est les autres). Je suis dans un palais gigantesque, à la fois labyrinthique (on ne se lasse jamais de l'explorer) et pourtant familier (je m'y sens parfaitement chez moi) ; il a des portes et des fenêtres qui donnent sur toutes sortes de lieux pourtant très distants, notamment une baie vitrée au sommet d'une tour d'où on a une vue dégagée sur une ville dans laquelle je peux sortir me promener, d'autres sur des parcs, tandis qu'un autre côté donne sur une terrasse ensoleillée comme au milieu des champs de la Toscane dans un été perpétuel ; la maison héberge également une très grande bibliothèque (imaginez plutôt des livres neufs que de vieux poussiéreux), et, bien entendu, quantité de tableaux noirs pour pouvoir faire des maths 😉. Il va sans dire que le palais serait toujours parfaitement propre, et que la cuisine regorgerait des meilleurs plats, apparus de nulle part. Mais surtout, je ne suis seul que quand je veux l'être : j'ai, pour compagnie, un joli garçon que j'aime, et aussi tous mes amis et mes proches et même tous ceux que j'admire et que je veux rencontrer ; personne ne disparaît jamais (ou ne tombe malade) ni ne se fâche, et nous avons un temps infini pour deviser de toutes les choses que l'on peut savoir et de quelques autres, autour de repas délicieux. (Bizarrement, je remarque que les ordinateurs ne jouent presque aucun rôle dans mon rêve de paradis : peut-être parce qu'ils sont l'instrument du diable et n'ont donc aucune place au ciel, peut-être parce que je les conçois essentiellement comme des instruments de communication et que dans ce paradis je pourrais toujours parler aux gens face à face.)

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(mardi)

Marathon en vue

Les jours qui viennent risquent d'être furieusement chargés. Comme l'an dernier, je coordonne les soutenances d'exposés de maîtrise des élèves matheux de première année à l'ENS, donc de lundi à vendredi en huit je passerai mes journées à écouter des exposés très variés (six par jour) : c'est passionnant, mais aussi assez épuisant. Il y en a déjà deux cette semaine (mercredi et vendredi matin), auxquels il faut rajouter (jeudi après-midi) la soutenance d'un étudiant indien qui était venu chez nous dans le cadre d'un échange et à qui j'ai fait faire un peu de maths-info. Jeudi matin, j'irai sans doute assister aux délibérations (pour l'admissibilité) du concours d'entrée à l'ENS. Et vendredi après-midi, comme je l'ai déjà fait savoir (et tous ceux qui m'entourent commencent à vraiment le savoir 😉), je donne un exposé sur un résultat de Kollár (et j'ai l'impression angoissante de ne vraiment pas être assez prêt, j'ai encore plein de références à regarder de plus près). Hier soir (jusque fort tard, d'ailleurs) je mettais au point un texte explicatif (sur le polygone de Newton) pour mes agrégatifs chéris. Jeudi soir, enfin, il y a à l'École une conférence, ouverte à tous (et organisée par l'association Pollens), sur la loi sur le droit d'auteur, à laquelle parlera mon ami (et néanmoins collègue) David Monniaux : venez-y (c'est en salle Dussane, il y a projection d'un film à 20h et débat à 20h30) !

Bon, tout ça est intéressant, je ne suis pas en train de me plaindre. Mais il est quand même vrai que je fatigue facilement. Peut-être aussi qu'en ce moment je voudrais avoir un peu plus de temps pour nous.

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(samedi)

And I think to myself, what a wonderful world

Je vois des petits cœurs et des petites étoiles partout. Je vais dormir heureux, ce soir.

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(mercredi)

Amis

Un jour on m'a demandé ce que j'avais de plus précieux au monde. La réponse me semble tout à fait claire : mes amis. C'est peut-être une réponse de bisounours, mais j'y crois vraiment, et je pense que c'est une chance inouïe d'avoir des amis comme j'ai. Ça va de pair avec quelque chose d'autre : l'activité que j'aime le plus au monde, c'est converser avec des gens intéressants (parler ou les écouter parler, de tout et de rien, de science, de culture, de ragots, du temps qu'il fait, ou de beaucoup de private jokes). En ce moment, j'y passe souvent mes soirées (parce que la météo est propice au fait de passer de longs moments dehors à bavarder en profitant de la douceur du crépuscule), c'est d'ailleurs un peu problématique quand je rentre chez moi trop tard pour faire les courses, mais bon… C'est bizarre, je suis un être à la fois très timide (pour ne pas dire solitaire) par certains aspects et complètement social de l'autre (j'ai vraiment besoin de compagnie pour me sentir bien, et c'est la raison pour laquelle le mois d'août est pour moi chaque année un moment vraiment difficile à passer.

De plus, je me rends compte que, épigone revendiqué de l'éclectisme oblige, ce que j'apprécie le plus chez mes amis, c'est leur diversité. Il y a des gens qui me parlent parfois de leur meilleur ami ou, encore plus fort, de leur n-ième meilleur ami (pour n allant éventuellement loin : quelqu'un m'avait un jour parlé de son 8e meilleur ami avec un naturel confondant), comme s'ils avaient un ordre de préférence très net dans leur tête : moi, ça me semble complètement absurde — si j'ai des amis variés, c'est parce que j'apprécie la diversité de leurs caractères, de leurs qualités (et parfois même, de leurs défauts[#]), chacun m'apporte quelque chose d'irremplaçable et je ne peux pas mettre d'ordre dessus (bon, après, c'est évident qu'il y en a dont je me sens plus proche que d'autres). Un petit plaisantin me faisait remarquer, d'ailleurs, que cette vision de l'amitié pourrait se dire : in varietate concordia ; alors que d'autres bandes de potes préfèrent le e pluribus unum[#2]. 😉

Voilà. Désolé pour le ton gentiment niais, mais j'ai envie de dire, là : merci à tous (ceux qui m'entourez, et même ceux que je ne connais pas bien ou que je ne vois pas souvent), pour ce que vous êtes.

[#] J'aime bien dire, citant en cela Liz Taylor, que je me méfie des gens qui n'ont pas de défauts : souvent on découvre qu'ils ont des qualités assez pénibles. Donc tous mes amis ont des défauts (certes pas autant que moi ☺️), et je ne m'en passerais pour rien au monde.

[#2] Si par hasard il faut expliciter : in varietate concordia (unis dans la diversité) est la devise de l'Union européenne tandis que celle à laquelle elle répond manifestement, e pluribus unum (quelque chose comme de plusieurs, un seul) est (ou a été) celle des États-Unis, et est d'ailleurs explicitement utilisée par Saint Augustin (au livre IV des Confessions), pour décrire sa conception de l'amitié. Comme je ne suis pas spécialement adepte de Saint Augustin, je ne m'étonne pas de penser différemment…

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(vendredi)

La vie, c'est étonnant

On sait quelle propension j'ai à raconter ma vie (et sans doute, me fait-on remarquer, à en dire trop). Aujourd'hui, j'ai essentiellement écouté celle des autres, plusieurs personnes indépendamment (bon, mettons deux et demi) m'ayant fait l'honneur de me faire des confidences. La conclusion principale que j'en tire, c'est : persuader les gens d'être heureux, ça peut être difficile… mais qu'est-ce que c'est gratifiant ! Alors je vais me coucher, fatigué mais content, avec l'impression d'avoir peut-être un peu servi à quelque chose.

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(jeudi)

Déclaration d'impôts

Mon degré d'incompétence avec la paperasse m'impressionne… Chaque année, donc, remplir la déclaration de revenus est un calvaire. Là, j'ai réussi à franchir une première grande étape pour cette année : la génération du certificat pour la déclaration en ligne — pour cela, il fallait retrouver trois obscurs numéros (nº fiscal, nº de télédéclarant, et revenu fiscal de référence de l'année précédente) figurant parmi des centaines d'autres numéros dans les différents papiers que m'envoie l'administration fiscale. Bon, après coup je me suis rendu compte que j'avais intelligemment noté tous ces numéros sur un fichier sur mon ordinateur, mais bien sûr je n'y ai pas pensé avant, du coup j'ai perdu une heure à éplucher ces foutus papiers (et à ne pas comprendre pourquoi je ne trouvais pas mon revenu fiscal de référence sur mon avis de taxes foncières, parce que j'avais confondu avec la taxe d'habitation). L'étape suivante s'annonce plus dure : le revenu principal (mon salaire, case AJ) est évidemment prérempli, ce qui ne me sert pas à grand-chose parce qu'il est de toute façon très facile à trouver, mais il y a des cases obscures (TR, TS et CA, pour être exact) où doivent s'inscrire des revenus, très faibles, de comptes rémunérés, et les montants à faire figurer dans ces cases sont quelque part dans des courriers que ma banque m'a envoyés — chez mes parents, sinon ce ne serait pas drôle — il y a quelques mois et qui n'ont, évidemment, pas été ouverts et sont perdus sous une montagne d'autres (et apparemment ma banque n'est pas fichue de faire figurer ces chiffres sur le site Web de gestion de mes comptes par Internet, ni de la communiquer directement à l'administration fiscale). Comme chaque année, j'hésite entre partir à la recherche de ces fichus papiers ou bien simplement inscrire dans la case une majoration grossière du montant qui pourrait y être (une solution tentante, vu que je me fous assez de payer au maximum 30€ d'impôts en trop parce que j'aurais surestimé le montant en question, mais je ne peux pas faire comme ça à chaque fois).

Globalement j'ai quand même l'impression de perdre un temps fou juste pour recopier quelque chose comme cinq nombres.

En revanche, je suis vraiment très content du nouveau site de télédéclaration : autant l'an dernier j'en avais été très mécontent, autant cette année ça semble vraiment bien fait.

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(dimanche)

Ouille ! Mon épaule !

Dans la série mes petits problèmes de santé racontés sur mon blog : depuis ce matin au réveil, j'ai très mal à l'épaule (droite), à tel point que je me demande s'il n'est pas possible qu'elle soit déboîtée. Pourtant, je ne comprends pas comment j'ai pu faire un faux mouvement dans mon sommeil !

Comme la douleur devenait vraiment pénible et que je me voyais mal retourner aux urgences, je viens d'appeler SOS Médecins.

Suite : Apparemment c'est musculaire. Ah oui, vous avez un joli nœud, là… Du coup, on m'a prescrit un anti-inflammatoire, une crème myo-relaxante et des antalgiques. (N'empêche que je ne comprends pas, si c'est musculaire, pourquoi ça fait crac quand je la bouge d'avant en arrière, et le médecin n'a pas été super clair, là.)

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(mercredi)

Conversations de matheux, corps à un élément, apprentissage et petits gâteaux

Le mercredi après-midi, au département de maths de l'ENS, nous avons notre thé hebdomadaire : tout le monde (enseignants, chercheurs, invités de passage, étudiants… et quelques informaticiens déçus qu'il n'y ait rien de tel dans leur département), enfin, tous ceux qui veulent venir, se retrouve en salle Jean-Louis Verdier[#] pour partager thé[#2], jus d'orange et petits gâteaux achetés sur les fonds secrets du département (enfin, aujourd'hui, on était à court de petits gâteaux, mais normalement il y en a). Et c'est décidément un moment très convivial.

La conversation, naturellement, outre les sujets récurrents chez les normaliens[#3], tourne autour de potins et de ragots mathématiques[#4], mais aussi autour de mathématiques proprement dites, souvent de façon plus ou moins ludique. Par exemple on évoque régulièrement des résultats mathématiques qui nous semblent particulièrement surprenants, ou choquants : le fait que la somme de deux convexes du plan de frontière C a une frontière C6 mais pas C7 en général ; le fait que toute variété différentiable homéomorphe à Rn est difféomorphe à Rn sauf pour n=4 ; le fait qu'une série de distributions delta, en des points tous distincts, pondérées par des coefficients tous non nuls peut converger vers la distribution nulle ; etc. Nous avons également débattu de savoir quel style de rédaction mathématique offre la plus grande clarté (vaut-il mieux une démonstration compréhensible ligne à ligne et dont la rigueur est inattaquable mais dont on ne parvient pas à dégager les idées directrices générales, ou au contraire une démonstration qui fasse clairement ressortir les idées sous-jacentes mais demeure perfectible dans beaucoup de détails parfois fastidieux à compléter ? et comment parvenir à allier les qualités de ceux styles tout en évitant leurs défauts ?).

Aujourd'hui, nous[#5] nous sommes mis à papoter sur le corps à un élément et sur le corps résiduel des réels. Cela va sembler complètement sibyllin aux non-mathématiciens, mais il s'agit (surtout pour le premier) d'une fantaisie récurrente des algébristes (dont le statut varie, selon les circonstances, entre de la recherche sérieuse et une blague de matheux) ; la plupart des personnes ayant fait des maths au niveau du second cycle savent bien qu'un corps doit avoir au moins deux éléments (à savoir 0 et 1, qui ne coïncident que dans l'anneau nul, ce dernier n'étant pas un corps) : mais il se trouve qu'un nombre important de résultats d'algèbre ou de théorie des nombres semblent pouvoir s'expliquer, par analogie, comme si elles provenaient de l'existence d'un objet que, à l'heure actuelle, personne ne sait définir correctement (et qui n'est certainement pas un corps au sens usuel, et qui n'a probablement pas non plus un élément en aucun sens naïf[#6]) mais que suite à ces analogies on appelle corps à un élément (sur lequel, notamment, l'anneau des entiers serait une algèbre), F1. Là où il s'agit d'une blague, c'est quand on se met à explorer les analogies les plus fumeuses sur le corps à un élément, du style : comme tout corps fini, le corps à un élément à une extension de degré n, qui est le corps à 1n éléments, qui n'est bien sûr pas la même chose que le corps à un élément ; et il a un frobenius, qui est l'élévation à la puissance 1, qui n'est bien sûr pas l'identité… si vous êtes un être humain normal, donc pas un algébriste, il est sans doute naturel que vous ne trouviez pas ça drôle. 🤪 Là où c'est plus sérieux, c'est quand on espère qu'une définition rigoureuse de cet objet mystérieux permettrait de tirer correctement des analogies : notamment, l'hypothèse de Riemann (dont la tête est mise à prix) aurait des chances de pouvoir être abordée comme l'analogue des conjectures de Weil (qui, comme leur nom ne l'indique pas, sont maintenant des théorèmes) pour le spectre des entiers vu comme variété sur le corps à un élément. Malheureusement, si des définitions partielles ont été proposées pour le corps à un élément (ici et par exemple), non seulement aucune n'est complète (aucune, notamment, ne permet de donner un sens intelligent au produit tensoriel de Z avec lui-même au-dessus de F1) mais en plus elles ne sont pas d'accord entre elles. Quant au corps résiduel des réels, c'est quelque chose dans le même style… ce serait un corps fini qui aurait la bizarre propriété d'avoir une unique extension, de degré deux (le corps résiduel des complexes) qui soit algébriquement close ; là, personne n'a trop d'idée de combien d'éléments il serait censé avoir (on peut donner des arguments pour 0, 1, 2, 3, ou même 2.718… ou une infinité ; personnellement, j'ai tendance à croire qu'il a un seul élément mais dont deux sont non nuls !).

Bon, heureusement, pendant que certains mathématiciens se demandent combien d'éléments a un corps à un élément, d'autres font des choses utiles, comme se pencher sur les manières de construire un filtre à spam efficace : mes collègues statisticiens organisent à l'ENS un colloque sur les fondements mathématiques de l'apprentissage, ou comment apprendre (à un ordinateur, disons), à partir d'un échantillon de données et de réponses associées (du style, ceci est un spam, ceci n'est pas un spam — mais je ne voudrais pas donner l'idée que l'apprentissage ne sert qu'à trier le spam !), à tirer des réponses correctes sur d'autres données. Par exemple, le filtre à spam que j'utilise, qui est essentiellement un filtre bayesien avec quelques améliorations (comme je ne suis pas statisticien, je ne comprends pas grand-chose, là), a tendance à se faire avoir à cause du problème suivant : quasiment tous les mails que je reçois en anglais sont du spam, contre très peu des mails en français — du coup, au lieu d'apprendre à reconnaître le spam et le ham (= non-spam), il a surtout appris à reconnaître l'anglais du français, et quand on m'envoie un mail en anglais, très souvent il passe à la poubelle… alors je me sens assez concerné par ce genre de questions !

[#] Note mentale : il faudra créer un article Wikipédia sur Verdier.

[#2] Il est vrai que c'est plutôt le café que les matheux sont censés transformer en théorèmes, mais il faut un peu de tout : avec du thé on produit des conjectures, l'espresso donne des lemmes, le capuccino des corollaires, le jus d'orange des définitions, etc. En revanche, il faut éviter le déca : avec ça, on produit des contre-exemples — ça a la saveur d'un théorème, mais on send bien qu'il manque quelque chose. Et évidemment, le Coca-Cola, lui, donne des programmes informatiques.

[#3] Comme l'incompréhension totale devant les dernières mesures prises par les responsables hygiène et sécurité de l'établissement, ou la difficulté de trouver un quatrième partenaire pour jouer au bridge.

[#4] En cette saison de l'année, ce genre de potins prennent assurément une tournure la vie est dure, mais ce n'est pas toujours le cas. Un de mes collègues soutient bientôt sa thèse, alors on discutait de comment il faut décoder les phrases dans les rapports du jury : si c'est écrit a prouvé de bonnes qualités d'enseignant, ça veut dire qu'ils pensent que tu es un mauvais chercheur…

[#5] Nous, en l'occurrence, c'est surtout Xavier Caruso et moi. Il peut tout nier mais des gens l'ont vu.

[#6] D'ailleurs, on remarquait justement que, selon les auteurs, le corps a un élément semble avoir (au sens du nombre de points de le droite affine sur ce corps…) deux ou trois éléments. 😉 Mais si on tient absolument à avoir une réponse intuitive, l'idée serait que le corps à un élément a un 1 mais n'a pas de 0 — explication à ne pas prendre très au sérieux, cependant !

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(dimanche)

Schizophrénie légère

Non, le titre de cette entrée n'est (heureusement !) pas un diagnostic médical qu'on aurait formulé à mon sujet. C'est plutôt une impression « artistique » — si j'ose dire — d'un état mental, pas forcément désagréable, où je me trouve. L'impression d'avoir quantités d'idées, de sentiments, de mèmes, qui me tournent autour de la tête, mais où aucun ne semble s'imposer nettement. Je poursuis mentalement une de ces idées pendant quelques secondes, puis une autre, puis une autre, et je papillonne sans aller nulle part, mais sans en ressentir d'angoisse particulière pour autant. C'est un état fréquent lorsque je m'apprête (surtout le soir) à écrire une entrée dans mon blog (surtout après une pause) et que je me demande de quoi vais-je parler aujourd'hui ? — quantités d'idées se présentent à moi, puis repartent. C'est l'état de l'écrivain devant la feuille blanche, particulièrement l'adorateur de l'éclectisme. Parfois des potentialités peuvent se former dans ce magma. Dans ces cas-là, souvent, je préfère ne pas gâcher cet état et ne rien écrire (choisir une idée pour la poursuivre durablement a tendance à me faire sortir de cette sorte d'euphorie) : j'écoute des morceaux de musique variés, passant aléatoirement d'un style à un autre comme mon imagination vagabonde d'une idée à une autre.

Mais là, en fait, je crois qu'il est surtout temps de me coucher.

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(samedi)

Embellie ?

Bon, je crois que je vais mieux, notamment après avoir passé une vingtaine d'heures à dormir et m'être aéré les idées (je suis allé voir Transamerica, que j'ai trouvé très bon). J'ai aussi reçu des mails qui m'ont remonté le moral en me faisant comprendre que je ne devais vraiment pas prendre mes résultats de concours comme un désaveu de la part de la communauté mathématique.

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(vendredi)

Craquage

Après une nuit passée à alterner cauchemars et insomnies, je me dis que je suis en train de craquer complètement.

Je pense qu'un bout d'aide médicamenteuse ne serait pas inutile le temps que j'arrive à recoller un peu les morceaux : à moins d'une (improbable) amélioration rapide, je vais sans doute me mettre à la recherche d'un psychiatre compétent. En attendant, je vais au moins essayer que tout ça n'affecte pas mon travail…

P.S. : La lecture de mon blog doit être vraiment inintéressante pour plein de gens, en ce moment, surtout si on vient pour l'éclectisme habituel de mes sujets de discussion… Je vais sans doute parler encore un peu de mes échecs, histoire d'évacuer ce que j'ai à dire, et puis, promis, j'essaie de passer à autre chose et de ne pas ruminer.

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(jeudi)

ENS Lyon → merci d'avoir joué

Là je ne gagne même pas un lot de consolation : ils ne m'ont pas classé. Sans doute mon impression d'avoir assez bien réussi mon exposé était fausse, ou peut-être la commission avait-elle déjà fait son choix.

Je ne suis pas sûr de poser de nouvelles candidatures l'an prochain : je ne me sens vraiment pas capable, ni de passer un an à être sous la pression infernale de « si je ne publie pas un truc de plus, je suis foutu », ni de vivre une fois de plus un effondrement nerveux tel que je l'ai connu ces derniers jours. D'un autre côté, si je n'ai pas le droit d'être mathématicien, je ne sais pas ce que je suis capable de faire d'autre (si c'est juste pour avoir de quoi manger, je peux certainement faire prof en lycée, mais je ne sais pas si je suis mentalement capable de ne pas faire des maths).

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(mardi)

De retour de Lyon

Me voilà revenu de ma dernière audition pour cette année. Difficile, évidemment, de juger si ça s'est bien passé, mais disons au moins que je n'ai pas l'impression d'avoir fait beaucoup moins bien que ce que j'aurais pu (au moins compte tenu du fait que j'étais mort de trouille et que je n'avais dormi que trois heures la nuit précédente). L'exercice consistant à faire un exposé à la fois compréhensible pour les non spécialistes du domaine (pour leur donner quand même une idée de la portée de mes travaux) et intéressant pour les spécialistes (donc qui ne reste pas dans de vagues généralités) était assez impossible, mais je crois ne pas avoir complètement échoué pour autant. Les questions, d'ailleurs, avaient plus tendance à porter sur le contenu mathématique que lors de mes deux précédentes auditions, et c'était plutôt agréable. En somme, si on ne retient pas ma candidature, je prendrai ça comme un signe que mes thèmes de recherche ne sont pas ceux qu'ils veulent prioritairement voir développés à l'ENS Lyon et pas comme un échec personnel.

Sur le plan de l'aménagement intérieur, l'École (que je ne connaissais que très vaguement), ou au moins ce que j'ai vu du département de maths, m'a fait bonne impression, d'ailleurs : je ne saurais pas dire en quoi exactement, mais il y a un petit effet cocon assez plaisant. En revanche, ça ressemble aussi à un labyrinthe, et il faut un badge partout (j'ai dû laisser une pièce d'identité à l'entrée juste pour pouvoir franchir la porte, ce qui n'est vraiment pas le genre à Paris). Merci, au passage, à celui qui m'a aidé à retrouver mon chemin pour sortir (et pour localiser le bureau d'un ami, qui n'était cependant pas là). Et merci à Maman mouton qui m'a amené sur place dans les temps et malgré les embouteillages.

Bon, pour me remettre de ces émotions, je vais de ce pas faire quelques courses.

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(dimanche)

Lyon, dernière étape

Je passe après-demain matin mon audition à l'ENS Lyon. Ce sera la dernière pour cette année. L'originalité de cette audition, c'est notamment qu'il s'agit de la création d'une nouvelle équipe (algèbre / théorie des nombres : domaines encore non représentés à Lyon ; c'est une idée que je trouve excitante), donc il s'agit de « vendre » mon domaine de recherche à des mathématiciens spécialistes, pour la plupart, de tout autres branches : heureusement, j'ai un peu plus de temps pour ça (15′–20′) que je n'en avais à Paris VI. Hélas, j'ai peur d'être assez peu doué pour me « vendre » ; et c'est d'ailleurs un exercice hautement périlleux : parmi les capacités qui me rendraient, je pense éventuellement désirable pour la création d'une nouvelle équipe d'algébristes, il y a le fait que je connais beaucoup de gens (typiquement normaliens) un peu ou beaucoup plus jeunes que moi, dans des domaines voisins du mien ou plus éloignés, et que je m'intéresse aussi à ce que font les matheux dans les branches plus lointains, que j'arrive à tenir des conversations scientifiquement intéressantes avec eux : mais tout ça, c'est à peu près impossible à faire ressortir dans ce genre d'exposé (si je dis j'ai une grande culture mathématique, ça fait ridiculement prétentieux, par exemple). Et bien sûr, tous les candidats auditionnés sont terriblement forts. Bref, globalement, je ne dois pas trop compter sur ce poste (qui, pourtant, me plairait énormément) ; mais ce serait absurde de ne pas tenter quand même de le décrocher.

Je voyage demain, donc (mes transparents et mon pointeur laser sont prêts, mon exposé a été répété, et maman Mouton m'accueille pour la nuit de lundi à mardi — où je vais sûrement bien peu dormir à cause du stress).

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(vendredi)

Paris VI → merci d'avoir joué

Université de Paris VI, recrutement des maîtres de conférences, section 25, poste nº0971 (algèbre et arithmétique effectives), sur sept candidats auditionnés :

  1. Pierre Charollois
  2. David Madore
  3. Amaury Thuillier
  4. Gabor Wiese

Je repars avec comme cadeau de consolation un dictionnaire de poche des mathématiques… ah non, même pas. Bon, je repars avec le droit de prier pour que le Monsieur avant moi trouve très rapidement un poste payé dix fois plus, ou qu'il ne supporte pas l'idée de l'amiante de Jussieu ou quelque chose comme ça. Peu probable, quand même.

Sur l'autre poste à Jussieu, et sur le poste à Caen, je ne suis pas classé. Il me reste une audition à passer pour cette année, à l'ENS Lyon.

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(jeudi)

Les urgences (vues de l'intérieur)

Je ne sais pas ce que je m'attendais à trouver dans les urgences d'un grand hôpital, mais certainement pas ce que j'ai vu. En fait, je crois que je pensais trouver des salles d'attente bondées et vaguement crasseuses où les lits s'entassent et où on poireaute des heures pendant que les médecins et infirmiers courent dans tous les sens pour s'occuper de tout ce monde. Comme dans la série, quoi. Eh bien absolument pas. D'abord, ce n'est pas crasseux, c'est incroyablement propre : en fait, je n'ai jamais vu, nulle part, un endroit aussi impeccable que les couloirs des urgences de la Pitié-Salpêtrière ; c'est rassurant, évidemment, s'agissant d'un hôpital, mais je pouvais imaginer un bon niveau d'asepsie sans une telle propreté — apparemment les deux vont ensemble. Ensuite, ce n'était pas bondé : c'était même plutôt désert quand je me suis pointé vers 8h30, et ce n'était toujours pas très chargé quand je suis reparti vers 13h. En revanche, comme on peut le constater sur ces horaires, on attend effectivement. Beaucoup. Longtemps. Et on ne sait pas très bien quoi : tout le personnel a l'air très affairé, mais il a aussi l'air de beaucoup ignorer les patients, comme si ceux-ci étaient des spectateurs, autorisés à regarder mais sûrement pas à participer, dans leurs tâches ésotériques. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne soient pas gentils : les quatre soignants à qui j'ai principalement eu affaire étaient tout à fait amicaux et souriants. Mais affairés.

Revenons donc au début : j'ai commencé à me sentir nauséeux hier soir, et pendant que j'étais au cinéma (voir C.R.A.Z.Y. — j'essaierai d'en parler plus en détail plus tard — que du coup je n'ai pas vraiment pu apprécier) je me suis trouvé de plus en plus mal, j'ai pensé que rentrer à pied (depuis Bercy) me ferait du bien, mais ça n'a fait qu'empirer, puis j'ai commencé à vomir énormément, et du coup je n'ai à peu près pas dormi de la nuit. Comme je ne sais pas distinguer, moi, les symptômes d'une gastro-entérite de ceux d'un empoisonnement alimentaire ou de quelque chose de plus grave, je me suis dit que j'allais pointer aux urgences (où, par exemple, ils pourraient faire des analyses qu'un médecin en consultation ne pourrait pas faire). Bon, c'était peut-être exagéré (d'un autre côté, quand je vois la plupart des autres gens qui étaient là, aux urgences, je ne crois pas) mais j'avoue que je me sentais vraiment mal et que j'appréciais l'idée d'être pris en charge.

On commence donc vers 8h30. Je passe sur le premier problème qui est de trouver les urgences dans cet immense dédale qu'est la Pitié (je ne sais pas s'il y a un classement quelque part des hôpitaux par leur taille, mais il est certainement en bonne place) : en fait, une fois qu'on a la bonne idée de se rendre compte que c'est fléché au sol, c'est facile. Une fois dans le bon bâtiment, on est déjà étonné de trouver l'endroit désert (je veux dire, le hall d'accueil). On demande à être admis : mais avant cela il faut poireauter une bonne vingtaine de minutes pendant que la secrétaire (seule, appparemment, à sa machine) s'occupe de trouver le dossier informatique du Monsieur qu'une demi-douzaine de beaux pompiers musclés ont amené (le Monsieur, apparemment, est un habitué, rigolent les pompiers, mais trouver son dossier s'avère un peu compliqué puisque l'orthographe de son nom est au mieux incertaine — est-ce Caquelin, Caquelain, Caclain… ? — et que la date de naissance ne coïncide pas). Après quoi, on vous fait passer devant une infirmière (ou peut-être pas une infirmière, je ne sais pas, en fait) qui fait une première interrogation rapide sur les symptômes (et prend température, tension et pouls — seul le pouls est un peu rapide) et qui trouve manifestement très exagéré (même si elle reste impeccablement professionnelle) qu'avec un tableau comme nausées, vomissements, diarrhée on se présente aux urgences. Ce en quoi elle n'a pas forcément tort, en tout cas elle dit qu'elle va demander un avis, mais voilà que passe un grand ponte des urgences (enfin, je pense), le docteur Mohamed B. (praticien attaché de sa fonction), qui fait un grand sourire et qui dit que, évidemment qu'il faut admettre cette personne : Monsieur se présente à l'hôpital pour être soigné, Monsieur sera soigné à l'hôpital (phrase prononcée avec un brin d'humour — mais pas moqueur — et on verra dans un instant pourquoi).

Ensuite on vous fait attendre devant le poste infirmier 2, et une grosse demi-heure passe sans qu'on sache au juste à quoi on doit s'attendre. Là, une charmante jeune personne vient vous mener dans une chambre qui, ici, s'appelle un box : elle explique qu'elle s'appelle Katharina H., qu'elle est élève externe (et allemande en bourse Erasmus — mais elle parle plus que correctement le français), qu'elle va poser un certain nombre de questions et quelques examens sommaires, dont les réponses seront notées et ensuite présentées à un interne. (À ce stade-là, il est environ 9h30.) Elle, elle ne semble pas penser que ce soit absurde d'être venu aux urgences pour des nausées (ou, si elle le pense, elle le cache fort bien). L'interrogatoire est mené avec précision (on apprendra ensuite qu'elle a oublié quelques questions, comme savoir s'il y avait du sang dans mes selles), je m'efforce d'y répondre de façon claire et fonctionnelle, et toutes les réponses sont saisies dans mon dossier informatique. Puis on me laisse un moment dans le box, et l'interne arrive et se présente, il s'agit du docteur Anne L. (et elle est également tout à fait charmante) : elle me pose une ou deux questions que l'externe avait oubliées, elle conclut que tout va bien, mais elle explique qu'avant de me laisser partir elle doit faire approuver le dossier par un sénior, et qu'elle va le chercher.

Le sénior en question, c'est le docteur Mohamed B. déjà évoqué plus haut. Il se pointe et il dit que tout va bien mais que pour en être sûr on va se livrer à quelques analyses supplémentaires (i.e., une prise de sang, pour vérifier que je ne fais ni d'anémie — il paraît que j'ai le teint pâle — ni de déshydratation). En fait, on comprend vite que son idée est de profiter d'un patient sans complication particulière (moi, donc) pour se servir de moi pour permettre à une élève infirmière de s'exercer à la prise de sang et pour expliquer à l'externe comment mener l'examen neurologique sommaire qu'elle avait omis (mais que l'interne n'avait pas non plus pensé à mener). Du coup, je gagne une petite prolongation de parcours (et le droit de porter pendant un moment l'uniforme bleu ciel des patients), à laquelle je me soumets de bonne grâce (surtout que je vais y gagner un bilan sanguin, ce qui est toujours bon à prendre). Une élève infirmière, donc, me pose un cathlon, qui est un petit orifice placé dans une veine et qui sert à ne piquer qu'une fois même si on aura besoin de faire plusieurs prises de sang, une perfusion, etc. (enfin, dans mon cas, ça n'a servi à rien) : elle est plutôt timide, elle semble assez paniquée à l'idée de me faire mal, ou de mal faire, et du coup elle est d'un soin méticuleux presque maniaque pour ce qui est d'asurer l'asepsie. Mes échantillons de sang partent au laboratoire, et on me laisse seul un moment, puis le sénior revient avec l'externe (il doit être environ 11h15) et lui montre comment faire le fameux examen neurologique (genre, ensuite vous lui dites de se lever et de se tenir debout les pieds reserrés et les yeux fermés, maintenant on teste ses réflexe, là la réflexe au tendon d'Achille <bim>, là au genou <boum>, etc.), ce qui était plutôt rigolo : j'aurai pu servir à l'instruction des futurs médecins (allemands, en plus).

Ce qui est moins rigolo, c'est qu'il me faut ensuite encore poireauter plus d'une heure et demie devant le poste infirmier en attendant que mes résultats d'analyse reviennent, soient lus par l'interne (qui confirme que tout va bien et que le diagnostic est : gastro-entérite virale) et approuvés par le sénior. Mon conseil, donc, si on va aux urgences par ses propres moyens, c'est d'y apporter de quoi bouquiner, parce que même en regardant les pompiers qui amènent de temps en temps des nouveaux patients (ou, selon les goûts de chacun, les charmantes internes/externes/infirmières), on finit par s'ennuyer ferme. Il est vrai que dans la copie que j'ai reçue du dossier hospitalier il est écrit priorité 4, qui est sans doute le plus bas possible (et c'est normal, évidemment — mais je n'ai pas non plus vu de gens qui avaient vraiment l'air d'avoir besoin de soins terriblement urgents).

J'en ressors, donc, avec plein de papiers (dont le bilan sanguin et un compte-rendu très détaillé de la journée) et un petit trou dans une veine qui va me donner un joli look de junkie. Et surtout le conseil : Buvez du jus de pomme !

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(mercredi)

La nausée

J'ai la nausée comme j'ai rarement eu depuis quand j'étais petit : j'ai commencé à avoir mal au cœur vers 21h, je crois, il est maintenant 2h30 du matin et j'ai l'impression que ça va de pire en pire. Je viens de passer deux fois au vomitorium et je ne sais pas si j'en ai encore fini.

Ai-je mangé quelque chose qui ne m'allait vraiment pas (je pense que c'est ça — et je soupçonne soit les nuggets de poulet de la cantine soit un verre de jus d'orange que j'ai bu plus tard), ou est-ce la contrariété ? Ou encore, ai-je pris à tort pour un rhume quelque chose qui m'attaque également ailleurs ? Toujours est-il que c'est vraiment peu agréable.

Mise à jour () : Après quelques heures de vague sommeil entrecoupées de séances devant la cuvette des toilettes, il est possible que les vomissements soient terminés, mais le problème est maintenant surtout que je suis dévoré par la soif, et ça ne sert à rien de boire puisque mon estomac est en mode où il ne laisse décidément rien passer, même de l'eau plate.

Mise à jour () : Bon, pour ne pas prendre de risque avec ça, je vais aux urgences (de la Pitié).

Mise à jour () : J'en suis sorti. C'était un peu surréaliste, mais je raconte ça plus tard.

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(mardi)

Auditions de candidature

Mon premier jeu d'auditions est fini (suite et fin mardi prochain). Je passe donc du stade de craquage nerveux au stade de déprime avancée. Pas que ce se soit mal passé (enfin, ça ne s'est pas spécialement bien passé non plus — à vrai dire, je n'en ai aucune idée, je sais juste que j'ai été plutôt trop court, question temps, à force de m'entraîner à aller vite, mais ce n'est sans doute pas très important) : mais l'exercice — me faire connaître en 10′ alors que j'aurais eu tellement de choses à faire comprendre — est tellement absurde que c'est profondément déprimant.

Je ne tiens pas à en parler plus pour le moment, alors je vais me coucher.

(En revanche, mon rhume, lui, n'aura pas été trop gênant : c'est un rhume plutôt léger. Il y a même un soir où il m'a aidé à dormir, puisque j'étais un peu plus fatigué, du coup ; bon, en revanche, la nuit dernière, c'était gênant parce que j'avais du mal à respirer, mais de toute façon, même sans rhume, je n'aurais pas beaucoup dormi.)

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(jeudi)

Rhume

Je crois que je suis retombé malade (tiens, ça faisait un certain temps). Le timing est vraiment idéalement choisi : il y a des chances pour que le pire moment soit justement… ben dans cinq jours… c'est-à-dire quand je serai censé jouer ma carrière en dix minutes chrono.

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(mardi)

Mathématiques et compétition

Les résultats du concours du CNRS seront probablement connus d'ici un ou deux jours. Je n'ai que très peu d'espoir pour moi-même (ne serait-ce que parce que, comme m'a averti un jour mon directeur de thèse : votre thèse ne contient pas de cohomologie, et donc n'impressionnera jamais les Français), donc je ne suis pas trop stressé[#], mais cela m'offre l'occasion de réfléchir à ce système bizarre de recrutement des mathématiciens par concours.

Outre que le nombre de places est ridiculement faible eu égard au nombre de candidats (12 places pour autour de 260 candidats), je vois au moins deux problèmes graves à recruter par concours. Le premier, c'est que concours implique classement et qu'il est impossible de comparer deux candidats, étant donné qu'ils ne passent pas une épreuve mais présentent un dossier, et que le jury en est donc réduit à l'absurdité de savoir s'il vaut mieux avoir démontré le théorème foo ou le théorème bar[#2], sachant qu'en général l'un n'implique pas trivialement l'autre donc un classement ne correspond pas à un ordre logique, bref, de faire un tri plus entre les domaines de recherche qu'entre les candidats. Le second problème, encore plus grave, c'est que c'est fondamentalement contraire à l'esprit de la recherche, telle que je la conçois, que de placer les chercheurs dans une situation de compétition : le principe même de la science est d'être une collaboration entre les hommes contre, disons, globalement, l'adversité (les forces de la nature ou, dans le cas des mathématiques, la difficulté à mettre de l'ordre dans le paradis platonique). Et même si le métier du mathématicien est largement solitaire (ce en quoi il diffère radicalement de celui qui travaille dans les sciences expérimentales), il n'en demeure pas moins que nous travaillons pour une cause commune et que nous mettre en concurrence les uns avec les autres est exactement opposé à ce que nous voudrions faire.

J'ai néanmoins l'impression, pour ce que je vois d'autres branches de la science, que les mathématiques sont très gentlemanly, c'est-à-dire qu'on ne se tire pas dans les pattes (en refusant de communiquer des résultats, ou ce genre de choses), du moins beaucoup moins qu'ailleurs. C'est sans doute une des raisons qui m'ont poussé dans cette direction (après mon inclination naturelle, bien entendu) : je m'en réjouis donc. Mais même : personnellement j'ai découvert que je travaillais bien plus efficacement lorsque j'ai l'impression que ma réflexion est dénuée de tout enjeu — et surtout celui de ma carrière — lorsque je travaille, donc, gratis pro amore arithmeticæ[#3] ; je suppose que je suis loin d'être le seul dans ce cas, et, par conséquent, cela doit faire beaucoup de productivités qui sont réduites par le simple fait de placer les gens en situation de concurrence.

Je n'irais pas jusqu'à honnir celui qui travaillerait pour la gloire : je comprends que, pour certains, c'est un stimulant utile, voire nécessaire. Ce n'est pas mon cas, et je trouve que la satisfaction d'avoir démontré un théorème prime sur toute réputation qu'il peut vous valoir. (Ou, pour dire les choses autrement, si un génie pervers m'offrait le choix entre réussir par moi-même à démontrer l'hypothèse de Riemann mais devoir n'en tirer aucune gloire, ou bien en trouver une démonstration toute cuite par magie dans mon tiroir et pouvoir la publier à mon nom, je n'hésiterais pas une seconde à choisir le premier.) Je suis donc partagé quant au bon goût de nommer les théorèmes d'après les mathématiciens qui les ont trouvés — c'est une chose, d'ailleurs, que Bourbaki a toujours refusée. Et si un jour j'estime ma carrière suffisamment avancée, je pense que je ferai publiquement savoir que toutes mes publications seront désormais anonymes (ce qui ne veut pas dire que l'auteur soit totalement secret[#4], mais qu'il ne figure pas sur l'article et qu'on doive donc citer ce dernier par son simple titre) et j'inciterai d'autres à en faire de même : l'idéal étant même d'être complètement oublié sauf dans la mesure où cela aide à la recherche[#5] (par exemple, pour savoir qui est compétent pour répondre à telle ou telle question).

J'allais dire que la compétition devrait être laissée à l'esprit combatif des plus jeunes, mais même dans ce cas c'est douteux. Plutôt qu'organiser des olympiades de mathématiques, ne devrait-on pas concevoir des défis où des groupes de jeunes reçoivent des problèmes à résoudre collectivement, se les répartissent comme ils veulent, partagent leurs idées pour arriver à une solution, et sont collectivement récompensés s'ils parviennent au bout d'un nombre important de problèmes ? Car l'idée du concours, une fois qu'elle rentre dans les esprits, n'est pas si facilement délogée (ma maman, par exemple, n'a toujours pas compris que c'est une bêtise dangereuse que sa fierté maternelle d'avoir eu un petit garçon qui réussissait bien).

Hélas, mille fois hélas ! Si je dis que le concours est gravement délétère pour les mathématiques (et sans doute pour les autres sciences, même si je ne peux pas vraiment parler pour elles), je ne sais pas quoi proposer à la place. Je me suis dit un moment que ce serait peut-être un moindre mal d'avoir un examen avec un numerus clausus roulant sur plusieurs années, mais au mieux cela reviendrait au même et au pire cela conduirait à des spéculations malsaines sur qui pourrait venir les années suivantes. Je reste du moins persuadé que tant qu'à avoir des concours, il faut qu'ils soient placés relativement en amont dans la carrière (donc, si possible, avant la thèse), pour éviter que des jeunes se retrouvent devant la situation où, ah, vous avez passé dix ans de votre vie à travailler pour ça ? merci d'avoir joué, nous n'avons pas de place pour vous

[#] Ce qui m'inquiète plus, en fait, est de savoir combien de places de maîtres de conférences seront libérées par le fait que les candidats déjà admis au CNRS sont essentiellement rayés des listes.

[#2] Déjà, il est douteux que la qualité d'un mathématicien (c'est-à-dire sa capacité à faire avancer la recherche) se réduise à sa production de théorèmes (qui mesure sans doute, plutôt sa consommation de café) : c'est faire l'impasse sur sa capacité à reformuler des démonstrations qui existent déjà, à discuter avec d'autres mathématiciens pour les aider à éclaircir leurs propres idées ou leur proposer des pistes intéressantes, etc. Et bien sûr, à poser les bonnes questions : car la recherche, c'est au moins autant de poser les bonnes questions que d'y trouver la réponse.

[#3] Certains pourraient être tentés de me rétorquer que j'ai bien réussi des concours, dans ma jeunesse. En vérité, je n'ai jamais travaillé pour eux : j'ai travaillé avant, et j'ai passé ces concours pour voir ce qu'ils donnaient.

[#4] Je ne veux pas priver les historiens des mathématiques de leur travail, en le rendant impossible !

[#5] Ou à l'enseignement, d'ailleurs… un effet positif inattendu de sa relative déconsidération dans le système français est qu'il n'y a pas de compétition à ce niveau-là : enseigner, c'est vraiment se mettre dans le même camp que les autres enseignants et aussi que ceux à qui on enseigne.

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(mercredi)

Mémoire auditive, japonais, récitation

J'ai une mémoire essentiellement auditive, au moins par opposition à visuelle (je ne parle pas de mémoire conceptuelle ou procédurale). Sans avoir fait des statistiques sérieuses, j'ai l'impression que c'est relativement rare : la plupart des gens me disent, quand ils retiennent un texte par cœur, qu'ils « voient » mentalement le texte écrit, alors que moi, indiscutablement, je l'« entends ». D'autres signes sont également clairs : si on me montre brièvement un arrangement de sept signes géométriques simples (dans le genre carré / rond / triangle / croix), je ne suis pas capable de les reproduire, alors que si on prononce sept syllabes dénuées de sens, je peux sans difficulté les répéter. (Je me tiens à sept, parce que c'est généralement admis comme le nombre le plus commun de cases de stockage pour ce genre de mémoire à court terme, et d'ailleurs peut-être lié à des raisons dans la structure du cortex.) Autre exemple : je connais une cinquantaine de décimales du nombre π (normalement je n'ai pas trop « la mémoire des chiffres », là je les ai apprises quand j'étais petit et jamais oubliées depuis), mais je les retiens comme une contine : trois virgule un quatre un cinq neuf deux six cinq trois cinq, etc., et je serais incapable de prononcer les chiffres groupés diffémment (comme : trois virgule quatorze quinze quatre-vingt-douze soixante-cinq trente-cinq, etc.) ou dans une autre langue (comme : three point one four one five nine two six five three five), alors que quelqu'un qui « verrait » les chiffres défiler pourrait plus facilement les lire dans une autre langue. Accessoirement, il m'est deux fois plus difficile de retenir un zéro qu'un autre chiffre, pour la raison totalement idiote qu'en français le mot « zéro » a deux syllabes !

La chose est assez frappante comme en ce moment (depuis trois-quatre semaines) j'essaie d'apprendre le japonais avec la méthode Assimil (dont le principe, qui me semble globalement très bon, est : commencez par écouter, répéter, lire et comprendre, ne cherchez pas spécialement à apprendre le vocabulaire, essayez juste de vous familiariser avec le texte jusqu'à ce qu'il vous semble naturel, puis passez à la leçon suivante) : la compréhension à l'écoute me vient vite, je retiens énormément de bouts de phrase ou de phrases entières[#], alors que l'écriture me reste décidément opaque (je me suis forcé à apprendre à lire au moins tous les kanas — ce qui ne veut pas dire que je ne mets pas un temps considérable à en reconnaître certains — mais je ne sais même pas les retracer, et pas non plus les kanjis sauf un ou deux). Il faut dire que, là, la méthode incite à la paresse parce qu'elle transcrit systématiquement tout en rōmaji (Hepburn) : du coup, je retape les textes sur mon ordinateur pour pouvoir le relire ensuite en écriture japonaise (mais avec ruby[#2]).

Une conséquence de ma mémoire auditive, c'est que je connais pas mal de textes par cœur. Je veux dire : je ne suis pas du tout du genre à retenir des tables de capitales des pays du monde (quelle est la capitale du Bhoutan ? Timphou — etc.). En revanche, des pages célèbres, des discours, des poèmes, des chansons, oui, tout à fait. Enfin, au total, pas énormément (sans doute moins qu'un acteur qui apprendrait par cœur les répliques d'une seule pièce), mais des textes extrêmement éclectiques. Souvent je n'ai même pas fait d'effort particulier pour apprendre (un jour par exemple je me suis rendu compte que je connaissais les quatre premiers paragraphes de la déclaration d'indépendance des États-Unis alors que je n'avais pas spécialement voulu, je m'étais contenté de la lire attentivement et d'en apprécier la construction). Et j'ai aussi tendance à ne pas oublier ce que j'ai appris : c'est ainsi que je connais encore par cœur un long passage de Pouchkine en russe que javais dû apprendre en terminale, alors qu'il y a beaucoup de mots dont j'ai oublié le sens (parce que le russe, lui, je l'ai beaucoup oublié). Globalement, les choses que j'apprends sont tout de même surtout des répliques théâtrales qui me semblent particulièrement fortes ou célèbres (comme le fameux monologue de la scène 1 de l'acte III de Hamlet ou les scènes 4 et 5 de l'acte I du Cid), des poèmes que j'aime lire et réciter, et, parmi les chansons, des hymnes (on a déjà eu un exemple ici, et, de peur qu'on me prenne pour un dangereux gauchiste parce que je connais les six strophes de l'Internationale (mais en français, pas en russe), je sais aussi les hymnes nationaux anglais, allemand, américain ou canadien) et des paroles de génériques idiots et quelques tubes en tous genres — parce que c'est conçu pour rester facilement en mémoire. D'ailleurs, c'est pareil pour les vers : je crois que j'ai une affinité particulière pour la structure de l'alexandrin, et décidément les sonnets de Heredia passent mieux que de la prose ; je suppose que quelqu'un qui a une mémoire surtout visuelle n'y trouverait pas trop de différence.

Tout ceci est tragiquement inutile, évidemment. Certes, une fois j'ai pu faire impression en maudissant quelqu'un à la manière d'Agrippine (dans Britannicus) : Tes remords te suivront comme autant de furies, etc. Mais généralement on s'aperçoit assez vite que mon répertoire est, finalement, assez pauvre, et que quand je cite Faust, ce sont essentiellement toujours les mêmes vers.

(Et, non, avant que quelqu'un me pose la question, je ne fais pas de théâtre, et je n'ai pas l'intention d'en faire. Même si plein de gens me disent que je devrais.)

[#] En fait, j'avais fait un an de japonais quand j'étais élève à l'ENS : c'est-à-dire que j'avais juste assisté aux cours sans rien chercher à retenir, et évidemment, du coup, il ne m'en est rien resté, à part quelques hiraganas et une unique phrase, この 着物 は 青く ありません — mais je précise que je sais seulement la prononcer, pas l'écrire, justement. Cela signifie : ce kimono n'est pas bleu. Un peu difficile à placer dans la conversation, surtout quand c'est la seule phrase qu'on connaisse.

[#2] Et j'en profite pour déplorer le fait que Mozilla/Firefox ne gère pas du tout le ruby ; et le pire, c'est que s'il y a moyen de contourner cette limitation en faisant du CSS un peu sioux (à base de display: inline-table et autres horreurs), une obscurité dans un point de la norme CSS (sur l'existence d'une ligne de base de certaines boîtes) et un changement d'interprétation dans certaines versions du Lézard font que je n'ai absolument pas réussi à produire un document qui s'affiche correctement partout (l'alignement vertical est aléatoire).

Suite : cette entrée ultérieure est une sorte de suite, de complément ou de redite de à celle-ci (je l'ai écrite alors que j'avais plus ou moins oublié celle-ci).

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(dimanche)

Et si je me re-socialisais ?

Il y a à peu près trois ans, au moment où j'ai commencé ce blog, j'avais une certaine vie sociale : par exemple, je fréquentais une (voire deux) associations d'étudiants gays&lesbiennes, je traînais sur des canaux IRC (je veux dire, des canaux où les gens se rencontrent parfois en vrai, ils ne se contentent pas de se parler virtuellement), je lisais un bon nombre de blogs, et je sortais régulièrement (au moins pour me promener). Et puis, je ne sais pas bien comment, mais sans doute à cause de périodes de déprime que j'ai traversées, je me suis isolé de tout ça. Un des prétextes que j(e m)'avance est que « je n'ai pas le temps », mais, en fait, le temps a une bizarre propriété d'élasticité qui est que quand on arrête de faire certaines choses parce qu'on est débordé, on est toujours aussi débordé après qu'avant, donc ça doit pouvoir marcher à l'envers. Bref, en ce moment, je me trouve trop coupé du monde, il faut que je fasse un effort pour m'y replonger (au moins dans la mesure où je l'ai déjà fait par le passé).

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(lundi)

Mes petites contrariétés

Décidément, je n'ai pas de chance avec les cinémas : avant-hier je voulais voir Brokeback Mountain (à 16h15 au Mk2 Odéon) et j'ai été découragé par la longueur de la file d'attente, hier soir j'ai voulu aller à la séance de 18h45 à l'UGC Ciné-Cités des Halles de Good Night, and Good Luck mais il ne restait plus qu'une place, alors j'ai voulu revenir pour la séance de 20h40 mais je suis parti de chez moi trop tard, et comme (à la manière de Woody Allen dans Annie Hall) je ne supporte pas de rater les premières minutes d'un film au cinéma, finalement je n'ai rien vu.

Ça ne m'a pas empêché de me coucher tard, parce que mon ordinateur m'a fait des difficultés. (J'avais acheté un nouveau disque dur pour remplacer un vieux devenu trop bruyant, et j'ai eu toutes sortes de soucis avec le RAID1 logiciel, ce qui m'a bouzillé un système de fichiers XFS, si vous voulez savoir.) Bon, ce n'est pas forcément mal que je me sois couché tard.

Sauf que j'avais oublié un rendez-vous chez le dentiste, ce matin. Heureusement, me réveillant au milieu de la nuit (enfin, milieu… vers 6h30), je me suis souvenu de ce rendez-vous. Du coup j'ai mis mon réveil, et, du coup, stressé par l'idée de ne pas plus dormir, je n'ai effectivement pas plus dormi (soit un peu moins de quatre heures au total) : ce qui fait que je suis mort de fatigue, là.

Toujours pour la même dent, bien sûr : c'était la troisième (et dernière) séance pour sa dévitalisation, là. Je ne sais pas pourquoi c'est aussi long et compliqué ; et j'évite de poser des questions, parce que mon dentiste n'est pas trop prompte à donner des explications ; je sais juste que cette fois-ci elle a obturé. Ce qui m'inquiète un peu, c'est qu'elle me fait mal, maintenant, cette dent, qui est censée être dévitalisée — bon, de toute façon je revois mon dendiste dans pas longtemps (pour une petite carie dans une autre dent). Cette dévitalisation n'est, bien entendu, que le début de mes soucis sur cette dent (qui durent depuis six mois, quand même) : ensuite, il va y avoir la pose d'une couronne, ça me fait un peu peur. Pas que les opérations soient douloureuses, mais ça peut quand même être extrêmement désagréable (de maintenir la mâchoire ouverte et la langue en arrière pendant très longtemps, ou d'éviter d'avaler des produits dégueulasses, notamment de l'eau de Javel, qu'on me met dans la bouche, ou encore de sentir qu'on m'enfonce des choses dans la mâchoire et qu'on me la charcute dans tous les sens). Tiens, je n'ai pas demandé à quoi sert le machin en forme de spirale et qui fait un bruit genre glou-glou, qui est la première chose qu'on me met dans la bouche.

Sur le trajet entre le dentiste et l'ENS, j'ai été au moins réconforté de voir le beau temps[#] : décidément, c'est la météo que je préfère, quand il fait beau et froid. Pourtant, je suis frileux : mais le soleil d'hiver a un caractère vraiment agréable que n'a pas le soleil d'été.

Le soleil devrait bien se voir de mon bureau, sauf qu'en ce moment je le fuis à cause du bruit des travaux dans le couloir. On remet toute l'École aux normes de sécurité. Personnellement je juge ce genre d'opération perfaitement grotesque (qu'on construise de nouveaux bâtiments aux normes, oui, mais là, je suis persuadé que le nombre de vies statistiquement sauvées avec la somme d'argent mise dans ces travaux est au moins dix fois plus faible que si la même somme d'argent avait été donnée à un quelconque hôpital ou à une association charitative ; et je ne parle pas des règles idiotes qui interdisent maintenant de mettre des affiches dans les escaliers sous prétexte que ça peut brûler — tiens, bientôt il faudra sans doute supprimer les bibliothèques si ça continue). On a passé de bons mois sans faux plafonds, par exemple ; c'est d'ailleurs étonnant à quel point toute l'ambiance du couloir est transformée par la réapparition de ces faux plafonds. Toujours est-il que ces travaux font un bruit incroyable et que je ne peux pas travailler avec un marteau-piqueur à côté de moi, donc je vais ailleurs. Par exemple dans une salle informatique au sous-sol (dommage pour le soleil !).

Bon, finalement, je n'irai pas aux États-Unis ce printemps : en effet, les États-Unis ont des exigences sur les passeports que je ne peux pas remplir (actuellement je n'ai pas de passeport, et si je m'en fais faire un, malgré le décret à ce sujet, il ne sera pas électronique/biométrique) : du coup, il me faudrait un visa et, outre que je n'ai pas l'intention de faire des heures de queue à l'ambassade américaine, ils sont de toute façon complètement débordés et je ne pourrais pas avoir le visa à temps (surtout qu'on ne peut même pas prendre rendez-vous pour obtenir le visa avant d'avoir un passeport valable). Il resterait la possibilité de chercher à me faire faire un passeport canadien, mais je crois que c'est encore plus désespéré, là (les formalités étaient, il y a quinze ans au moins, plus délirantes que tout ce que vous pouvez imaginer, donc je doute qu'en me pointant comme une fleur à l'ambassade du Canada avec presque rien pour prouver ma nationalité canadienne, je puisse avoir le truc en six semaines). Bref, je ne vais pas me tuer à essayer de voyager quand les obstacles sont tellement énormes : tant pis pour la science américaine…

En revanche, je vais bien à Caen, vendredi : là, au moins, il ne faut pas de passeport. D'ailleurs, je dois préparer mon exposé.

[#] Occasion comme une autre pour faire un lien vers www.meteo-paris.com, que je recommanderais très vivement si ce n'était que la quantité de pub sous forme de popups et autres (il y a vraiment de tout !) est extraordinairement abusive. Faut que je trouve un moyen de désactiver complètement JavaScript quand mon navigateur va sur ce site, parce que c'est vraiment insupportable. Parlant de navigateur, d'ailleurs, faut que je décide, un de ces jours, si je laisse tomber mon très vieux Mozilla, et, si oui, pour passer à quoi (Firefox m'insupporte profondément à cause de cette connerie monumentale de barre Google séparée de la barre d'URL ; et la reprise en main de Mozilla SeaMonkey par une autre équipe ne me plaît décidément pas).

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(vendredi)

Robin des bois, et souvenirs de miroirs

Ce soir j'ai vu, avec des amis, trois films inspirés de la légende de Robin des bois : le très classique avec Errol Flynn en flamboyant technicolor, le plus récent avec Kevin Costner et la version déjantée par Mel Brooks qui parodie les deux précédents. De cette dernière, que je ne connaissais pas, il n'y a pas grand-chose à dire à part que c'est de l'humour à la Mel Brooks : donc il y a dedans le meilleur et le pire (parfois les deux à la fois) ; mais j'ai bien apprécié certains jeux de langage (ou sur les accents), des trouvailles scénaristiques (avoir fait de Frère Tuck un rabbin, ce n'était pas mal, par exemple), ou même les passages musicaux (les morceaux de rap sont vraiment excellents) et quantité de clins d'œil. L'humour évoque assez celui de Princess Bride (sans conteste un de mes films préférés : en tout cas, à voir absolument) ; d'ailleurs, parlant de Princess Bride, on me souffle que le roman est encore meilleur que le film qui en est tiré, donc il faudrait que je le lise.

Pour revenir à Robin des bois, j'ai vu les deux autres films quand j'étais petit. Celui de 1938 quand j'avais peut-être dix ans : si je suis maintenant complètement incapable de le regarder au premier degré, à l'époque j'avais été très impressionné par le coup de théâtre de Richard qui se dévoile devant Robin (et tout le monde s'agenouille ; j'avais, du coup, tenu à reprendre une scène de ce genre dans l'histoire que j'écrivais alors).

Le film de Kevin Reynold (qui est bizarre parce qu'il y a des passages qu'on doit clairement prendre au premier degré alors que la fin est à la limite aussi burlesque que Mel Brooks, et puis il y a des scènes où on ne sait vraiment pas à quel degré les voir), je l'avais vu peu de temps après sa sortie (1991) : il m'avait énormément marqué. Rien que la musique, j'en étais complètement fan (et d'ailleurs je trouve toujours qu'elle est bien, et pas seulement Everything I Do (I Do It for You)). Il y a plusieurs scènes, là aussi, qui m'avaient marqué (et inspiré, je vous laisse deviner quoi). Et puis je craquais pour les beaux yeux de Daniel Newman (cherchez pas, c'est un petit rôle) et surtout de Christian Slater.

Bizarre mythe que celui de Robin des bois dont si j'en crois Wikipédia on ne sait même pas bien quand il est apparu (et en tout cas, si le personnage a existé ce n'était pas sous le règne de Richard Ier Plantagenêt mais plus tard) et qui n'était apparemment pas au départ un personnage sympathique. Certainement Sir Walter Scott, dans Ivanhoé (encore une œuvre qui m'a marqué quand j'étais petit…) a beaucoup contribué à former l'image que nous en avons maintenant. Dans la réalité, d'ailleurs, Richard Cœur-de-Lion ne semble pas avoir été particulièrement chagriné du fait que son petit frère ait comploté contre lui en son absence ; et il ne semble pas non plus avoir été un roi exceptionnellement bon.

Un autre film classique de Robin des Bois, c'est la version de Disney, qui est vraiment bien, mais ça fait assez longtemps que je ne l'ai pas vue. Je mentionne ça surtout parce que, parlant de ce dessin animé à un ami, d'autres souvenirs me sont revenus.

Notamment, on m'a mentionné le film Bedknobs and Broomsticks (en français, L'Apprentie Sorcière), également de Disney : ça ne me disait rien jusqu'à ce qu'on me parle de la partie bedknobs du titre, des boules d'ornement sur un lit, qui, quand on les tourne, font un effet magique — et ça, tout d'un coup, ça a évoqué très fortement quelque chose en moi. Bizarre, je ne me rappelle rien de ce film (qui est, d'ailleurs, un mélange de film avec des vrais acteurs et de dessin animé) sauf ce mème-là… Est-ce que je l'ai vu, ou est-ce que je n'en ai vu qu'un extrait ? Il faudrait que je me le procure pour en avoir le cœur net.

Ce souvenir revenu inopinément en rappelle d'autres : des films ou dessins animés que j'ai vus quand j'étais petit et qui m'ont laissé des souvenirs ou des images qui remontent sans raison à la surface.

Par exemple, je me souviens avoir vu autrefois un dessin animé au graphisme assez raffiné mais très sombre dans lequel un personnage méchant (un sorcier ou une sorcière) avait un grand miroir magique ovale de hauteur d'homme (je ne parle pas de Blanche Neige, bien sûr, mais d'un film qui serait probablement sorti dans les années '80). Je ne me rappelle rien d'autre : ni le nom ou la nature du héros ni quoi que ce soit de l'histoire, juste cette image d'un grand miroir ovale au contour vaguement violet. (Peut-être que le héros était un petit animal, mais peut-être aussi que je confonds avec un autre dessin animé.) Hélas, on ne peut pas utiliser Google ou IMDB pour rechercher tous les films d'animation sortis dans les années '80 dans le genre fantastique et où apparaîtrait quelque part sur la fiche le mot miroir (et même si on pouvait, ce n'est pas sûr que ça donne des résultats intéressants, par exemple si le dessin animé était français et peu connu et qu'IMDB n'a rien dessus). Je trouve ça assez désagréable d'avoir des souvenirs orphelins, comme ça, que je ne sais pas rattacher à quoi que ce soit.

Toujours en parlant de miroirs, d'ailleurs, en voici un autre : un film ou un téléfilm (pas un dessin animé, cette fois) où il était question de magiciens dont je ne me rappelle pas grand-chose sauf un seul point — la façon de priver un magicien de ses pouvoirs était de casser un miroir pendant qu'il se regardait dedans (et peut-être même qu'un liquide vert s'écoulait alors du miroir brisé, mais peut-être que c'est moi qui extrapole sur un souvenir très flou, là). Je n'ai pas non plus le moindre souvenir de ce que ça pouvait être.

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(dimanche)

Rhume atroce

Quelle que soit l'évolution ultérieure (mais je pense que le pire est passé), ceci aura été le pire rhume que j'aie jamais eu. Je viens de passer 24 heures à dormir la plupart du temps, en me réveillant toutes les quelques heures avec l'impression de me noyer tant mon nez est congestionné. Pour me donner l'impression de faire quelque chose, je me mouche, je nettoie mes fosses nasales au sérum physiologique, je vérifie si j'ai de la fièvre (non) et je contrôle l'état de mes ganglions (bien enflés), j'alterne paracétamol et aspirine (pas terrible, l'aspirine, parce qu'ensuite j'ai tendance à saigner du nez) et un occasionnel anti-histaminique (quand ça devient vraiment trop pénible), je prends de la vitamine C et du magnésium (bonjour effet placébo), je fais éventuellement une inhalation à l'huile essentielle d'eucalyptus et au benjoin du Laos (ça c'est plutôt agréable), je bois beaucoup (et je mange un peu, aussi, parce que, mine de rien, 24h à dormir, ça creuse l'appétit), et je retourne me coucher. Je pourrais aussi bien agiter des grigris, pour tout ce que ça fait.

J'en suis au stade où je commence à tousser ce qui, suivant le tableau clinique[#] habituel de mes rhumes, veut dire que c'est à peu près fini (avec la nuance que à peu près autorise tout de même que je tousse pendant des mois), mais j'ai un peu peur de m'orienter maintenant vers une sinusite.

Sur ce, je retourne me coucher. (Je ne sais plus très bien quel jour on est, là, mais j'avais une réunion prévue lundi soir, ce qui est dommage parce que du coup je vais probablement la rater.)

[#] Il m'échappe un mot, là, je crois : quel est le terme habituel qui désigne la succession (et l'évolution) des syndromes qui constituent une maladie donnée ?

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(mardi)

Que vaut une dent ?

Suite de mes aventures dentaires

Je pensais naïvement qu'après le rendez-vous d'aujourd'hui j'en aurais enfin fini de devoir sans arrêt retourner voir le dentiste. Hélas ! Trois fois hélas ! Elle se contente de me refaire un pansement (le précédent était tombé) et m'annonce (avec quelques explications assez obscures et des dessins) que les caries étaient profondes et mal situées et que pour sauver la dent il faut la dévitaliser[#], ce qui prendra déjà au moins trois séances (elle m'a fait déjà prendre trois rendez-vous en janvier), puis poser un truc dont j'ai oublié le nom, puis une couronne encore dessus, ce qui prendra encore un temps invraisemblable et coûtera beaucoup (beaucoup !) de zorkmids.

C'est tellement décourageant, et le processus a l'air tellement long, tellement incroyablement compliqué et tellement pénible (et tellement coûteux, mais ça c'est secondaire), tout ça pour « sauver » (façon de parler) une seule dent, que je commence à me dire que ça ne vaut pas la peine. Est-ce que je ne devrais pas, simplement, me la faire arracher ? Après tout, j'ai déjà perdu une dent de l'autre côté (je ne la fais pas bridger ou quoi que ce soit), et ça n'est pas trop gênant (dans les deux cas ça ne se voit pas).

[#] Ah, this is obviously some strange use of the word sauver that I wasn't previously aware of.

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(lundi)

Quels sont mes films préférés ?

On m'a demandé d'établir une liste de mes films préférés comme j'en ai déjà fait une (par ailleurs hautement approximative) de mes livres préférés. Je me rends compte que c'est encore plus difficile pour les films que pour les livres, je ne sais pas bien pourquoi : trop de titres me viennent à l'esprit, aucun ne sort du lot de façon vraiment spectaculaire. Il y a aussi que, les livres que j'ai lus, je les ai tous (je n'emprunte jamais un livre), donc quand j'aime je vais avoir tendance à relire souvent (des passages seulement : je ne relis presque jamais un livre de la première à la dernière page — je préfère l'ouvrir au hasard et lire quelques pages, puis éventuellement me rappeler un autre passage qui m'a beaucoup plu, le relire, etc.). Les films, au contraire, il y en a beaucoup que je n'ai pas (en DVD ou autrement), et quand je revois un film, pour le coup, c'est presque toujours du début à la fin (tout le contraire des livre, donc). Donc il y a une barrière de volonté plus importante à franchir que pour les livres (disons que j'ai plus de mal à me motiver pour lire un livre une première fois que pour aller voir un film, alors que pour relire un livre ça va tout seul alors que revoir un film il faut que je sois dans le bon état d'esprit, que j'aie deux heures devant moi, etc.). Bref, je connais peut-être plus de films que de livres, mais je les connais moins bien, et ces deux facteurs contribuent à rendre le classement plus difficile.

Néanmoins, voici une tentative (l'ordre de classement est très grossier, et j'ai parfois préféré aligner plusieurs films de même genre que de chercher à établir un ordre total de préférence — et en tout cas je serais incapable de dire quel est mon film préféré) :

Bon, on va arrêter là… De toute façon, ce classement n'a guère de sens : comment pourrais-je comparer un chef d'œuvre classique comme Citizen Kane ou Blade Runner (j'ai hésité à les mettre dans la liste : mais je ne les ai vu qu'une fois, et il y a assez longtemps, donc je ne sais plus bien), ou un film culte comme l'ancienne trilogie Star Wars, que j'ai pu admirer respectivement comme chef d'œuvre ou comme film culte et trouver effectivement « à mon goût », avec un petit film sans grande prétention que j'ai trouvé absolument excellent comme c'est le cas de George Lucas in Love (probablement le film que j'ai le plus souvent revu, je dois en être à plus de vingt fois, mais il faut dire qu'il ne dure que huit minutes !). Sans parler d'un court métrage complètement obscur comme Le Cas d'O (je ne l'ai pas trouvé digne de figurer sur la liste, mais pas très loin). Et puis, il y a des films que j'aurais envie de revoir mais je ne l'ai pas fait et mon souvenir est donc flou, ce qui fait que je ne peux pas vraiment les classer, comme Long Island Expressway ou France Boutique ou encore Bullworth (je sais que j'ai vraiment adoré ce dernier quand je l'ai vu, mais c'est trop loin pour que je sache précisément si je serais encore de cet avis maintenant). D'autes, comme 8 Mile ou La Virgen de los sicarios (La Vierge des tueurs), que je ne sais pas bien juger. D'autres que j'ai appréciés quand je les ai vus, mais que je n'aurais pas envie de revoir (Charlie's Angels, par exemple : un moment très distrayant, mais c'est tout). Sans compter, enfin, tout ce que j'oublie (certainement plein de classiques du cinéma français, parce qu'ils étaient peu présents dans les diverses listes que j'ai écumées pour retrouver des titres) !

Quoi qu'il en soit, on peut prendre chacun des titres mentionnés dans cette entrée (y compris dans le paragraphe précédent) comme une recommandation de voir ce film. Et inversement, j'aimerais bien avoir une grosse base de données qui prendrait cette liste de films et me sortirait des recommandations (j'avais déjà trouvé un cite de ce genre, mais il était très orienté USA, malheureusement).

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(vendredi)

Le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard

Récemment un commentateur anonyme (enfin, je sais qui c'est, mais laissons-le rester anonyme s'il le souhaite) me donna (ou plutôt, me redonna, car je lui avais moi-même donné, un certain temps plus tôt) ce conseil : Trouve-toi une (autre) vie. Me trouver une vie (qui ne soit pas celle d'un freak) ça fait quelque temps que j'y bosse, en fait. Le problème, c'est qu'on ne trouve pas de cours de vie, ni de professeurs compétents, et qu'il y a des domaines où j'ai des années de retard : même en bossant assidûment je ne suis pas convaincu d'arriver à combler mes lacunes plus vite que les années les entassent. (Je redouble, voire retriple ou requadruple, mon adolescence, mais il y a des examens où je me fais tout le temps recaler.)

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(mercredi)

Pourquoi mon blog il est pas comme les autres ?

Cela fait maintenant plus de deux ans que je bloggue et, dans cet intervalle, la « blogosphère francophone » est vraiment devenue un phénomène de masse (disons qu'en 2003 le Français moyen ou même légèrement branché n'avait jamais entendu le mot blog, en 2005 il est vraiment passé dans le vocabulaire courant). Au centre de cette sphère, il semble y avoir un petit cercle[#] assez fermé de blogs généralement anciens tenus par des gens qui se connaissent, se lisent les uns les autres, se référencent les uns les autres, et évoquent généralement des sujets relativement semblables. Une partie significative sont homos[#2], d'ailleurs. Trouver quelques-uns de ces blogs (et donc, tous) devrait être un exercice très facile : il n'est pas nécessaire que je fournisse des exemples. Un observateur acerbe pourrait être tenté de ridiculiser le nombre d'entrées de ces blogs consacrées à la blogosphère elle-même, ses potins, ses blagues, ses mèmes qui passent d'un blog à l'autre… un peu (dirait cet observateur acerbe) comme si les célébrités du show-biz lisaient la presse people où on parle d'elles. Je ne pense pas que ce soit une critique sérieuse : c'est plutôt, en fait, un signe de santé, un indice d'émergence d'une communauté dans un sens assez fort et plutôt positif, que cette tendance à devenir réflexif, à s'observer soi-même. Mais je digresse.

Je suis moi-même, je veux dire, ce blog est, très éloigné, de ce centre lumineux de la blogosphère. Pourquoi ? Je ne sais pas. C'est étrange, finalement, parce que j'ai globalement les mêmes préoccupations, la même forme de geek-attitude, et je connais bien quelques-uns de ceux qui y sont beaucoup plus profondément. Mais la teneur ou, en tout cas, la longueur de mes entrées, est différente, ce que je serais tenté de résumer en disant que mon blog est plus chiant (et, tout simplement, plus mauvais) que ceux des autres, mais je ne sais pas pourquoi. (Et peut-être certains de mes lecteurs[#3] seront-ils tentés d'être en désaccord, mais il y a un biais évident parce qu'ils sont — justement — mes lecteurs. Mais même certains de mes amis proches qui au départ lisaient mon blog ont décroché, plus ou moins rapidement, et cela me fait très mal : si je n'arrive pas à susciter l'intérêt chez eux, où le susciterai-je ?) Zeus, même mes lecteurs sont d'un genre très différent, comme un ami (un bloggueur plus conventionnel, justement) me le faisait remarquer aujourd'hui : dans le sens positif (pour moi), le lecteur moyen du blog typique n'a pas cinq DEA et n'est pas capable de disserter de tout et de n'importe quoi ; dans le sens négatif, le lecteur moyen du blog typique n'est pas cinglé. (Avertissement : si vous vous demandez si vous êtes visé par cette dernière phrase, c'est probablement que vous ne l'êtes pas…)

Une autre remarque cruellement vraie qu'on m'a faite aujourd'hui, pour reprendre le fait qu'il y a beaucoup de « blogs gays » dans la blogosphère (francophone, c'est de celle-là que je parle, mais dans les autres aussi), c'est que le mien ne peut certainement pas passer pour tel : il n'y a quasiment pas de « contenu gay » dessus. Ce que ça veut dire, bien sûr (et c'est pour ça que c'est cruellement vrai), c'est qu'il n'y a pas de « contenu gay » dans ma vie, pour commencer : le blog n'en est que le reflet.

J'ai donc un assez triste sentiment d'échec, que ne pourra pas aténuer l'idée (réelle ou feinte) que mon blog a un intérêt différent[#4] : le fait est qu'il n'est pas ce que je voudrais qu'il fût. (Et, de nouveau, mon blog n'est en cela que le reflet de ma vie.) Et je tire mon chapeau à d'autres — qui ne le sauront pas parce qu'à deux ou trois exceptions près ils ne lisent pas mon blog.

[#] Il y a un cercle au centre de la sphère ? OK, je craque, mais il est tard, tout ça.

[#2] À moins que ce soit un biais d'observation de ma part ? Il y a sans doute de ça, mais je pense vraiment que le nombre de pédébloggueurs est une proportion plus significative du nombre de bloggueurs « en vue » (dans n'importe quel sens raisonnable) que 5% ou 10%.

[#3] En excluant les petits cons qui me lisent juste pour pouvoir poster une méchanceté sur chaque entrée. Et à qui j'ai envie de donner ce conseil amical : get a life.

[#4] Imaginer différent exactement comme dans le vocabulaire politiquement correct : on ne doit plus dire disabled mais differently abled.

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(Monday)

The Last Unicorn… and other tales

I read Peter Beagle's classic, The Last Unicorn, the other day. I can't quite make up my mind as to whether I liked it. It's a strange book: much like a fairy tale, but with a number of elements which seem alien to the “fairy tale” genre, often humorous and sometimes bordering on the satirical, or which lead (apparently) nowhere—red herrings, if you will. I mean, in a conventional fairy tale, every part of the story is supposed to belong to some kind of general pattern, it takes the plot a step toward its conclusion or something of the sort: not so in Beagle's book—most of the time the story is rambling about with no definite aim. For example, the author doesn't seem to be able to decide whether the (eponymous) unicorn is very wise or very ignorant, or very powerful or very weak: well, maybe that paradox is part of what being a unicorn entails, but really every character is like that (Schmendrick, Molly, King Haggard, Prince Lír, even the Red Bull…). On the other hand, the work is beautifully poetic, and exudes a genuine charm of naïve innocence: somewhat, but not exactly, like The King of Elfland's Daughter (another classic which I read some time ago and which it sort of reminds me of), because the language is much plainer (Lord Dunsany's verb is highly sophisticated), but more “lively” in a subtle way.

I have the dimmest memory of seeing the motion picture of The Last Unicorn when I was young (perhaps just when it was released in France). All I remember was that I had found it somewhat frightening or, at least, disturbing: I guess that King Haggard's strange sort of nihilism could have been, indeed, disturbing, and I have a vision of the Red Bull, made of flame, which must have frightened me because it is essentially the only image I can conjure. Probably my memories are quite mixed up with those of a film I saw more recently (and which is also about unicorns and vaguely in the same spirit): Legend (not a motion picture, this one, but a genuine movie, with Tom Cruise at his debuts—and Zeus was he f*cking good looking in his early twenties). There's also something of Miyazaki's magic in The Last Unicorn, so I'm not surprised to learn that the Topcraft studio, responsible for the animation in the movie, was later hired by Miyazaki to produce Nausicaä.


In a completely (completely! despite the misleading word tale) different genre, I picked up on one of my bookshelves a copy of Armistead Maupin's Tales of the City, which, I am told, is a must read for queers. But I confess finding it a bit hard to follow: not because of the English as such, but because of all the references to obscure facts of American, or, more often, Californian, San Franciscan, or even (I guess!) San-Franciscan-of-the-early-eighties culture (or all sorts of other cultural references: I found a few lines undecipherable, for example, because I didn't know what Gertrude Stein's last words were: fortunately, Google enlightened me). Or take he following excerpt:

The sun in the park was warmer now, and the birds were singing much more joyously.

Or so it seemed to Edgar.

‘Madrigal. That's lovely. Aren't there some Madrigals in Philadelphia?’

Anna shrugged. ‘This one came from Winnemucca.’

‘Oh… I don't know Nevada too well.’

‘You must've been to Winnemucca at least once. Probably when you were eighteen.’

He laughed. ‘Twenty. We were late bloomers in my family.’

‘Which one did you go to?’

‘My God! You're talking about the Paleolithic period. I couldn't remember a thing like that!’

‘It was your first time, wasn't it?’

‘Yes.’

‘Well, then you can remember it. Everybody remembers the first time.’ She blinked her eyes coaxingly, like a teacher trying to extract the multiplication tables from a shy pupil. ‘When was it—1935 or thereabouts?’

‘I guess… it was 1937. My junior year at Stanford.’

‘How did you get there?’

‘Christ… a dilapidated Olds. We drove all night until we reached this disappointing-looking cinder-block house out in the middle of the desert.’ He chuckled to himself. ‘I guess we wanted it to look like the Arabian Nights or, at least, one of those gaslight-and-red-velvet places.’

‘San Franciscans are spoiled rotten.’

He laughed. ‘Well, I felt we deserved more. The house was ridiculously tame. They even had a photo of Franklin and Eleanor in the parlor.’

‘One has to keep up appearances, doesn't one? Do you remember the name now?’

Edgar's eyebrows arched. ‘By God… the Blue Moon Lodge! I haven't thought of that in years!’

‘And the girl's name?’

‘She was hardly a girl. More like forty-five.’

—I guess one is supposed to know that Winnemucca is renowned for its brothels: I did not (I still worked it out, but I was rather baffled on first reading, especially as I tend to skim more than I really read). One is also supposed to know, of course, that an Olds is an Oldsmobile (that's something I knew: my grandfather had one) and that Franklin and Eleanor are the Roosevelts (all right, that one really wasn't hard, but it still requires an extra fraction of a second of brain activity to process). Reading this book is something of an advanced Turing test: I guess I fail because I didn't catch the pun in Sanskrit (actually, there is a mention of the Bhagavad-Gītā just before the reference to Gertrude Stein's last words).

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(vendredi)

Réveils en sursaut

Ça fait la troisième fois en assez peu de temps que je me réveille en sursaut tôt le matin (entre 6h et 7h du matin) avec un sentiment de panique inexplicable. Ce n'est pas un cauchemar : quand je me réveille d'un rêve ou d'un cauchemar, j'ai toujours au moins quelques images qui m'en restent — là rien, je me trouve juste à bondir de mon lit avec, sans savoir pourquoi, l'impression que merde, je suis en train de mourir. D'évidence, non, je ne suis pas mort : et, à part un rythme cardiaque élevé à cause de la décharge d'adrénaline (même pas une crise de tachycardie comme il m'est arrivé d'en faire — mais ça a appremment cessé) et de la transpiration parce qu'il fait trop chaud chez moi, je n'ai pas trouvé quoi que ce soit qui justifie cette alerte. Mais bon, c'est quand même inquiétant : même s'il s'avère que c'est purement dans ma tête (je sais que je suis hypocondriaque), c'est au minimum gênant puisque soit je me lève et je suis crevé toute la journée par manque de sommeil soit je me recouche et je ne me rendors qu'une heure après (il faut du temps pour éliminer l'adrénaline de la circulation sanguine) et je ne peux me lever que fort tard.

Ce matin, ça m'est arrivé et j'ai eu le souvenir nébuleux (car perdu dans les brumes de l'instant précédant immédiatement le réveil en sursaut) d'un bruit bizarre dans ma bouche (comme si je disais glop très vite — mais tout cela est très flou dans mon esprit) ; c'est peut-être une piste : il est possible que je fasse de l'apnée du sommeil et que je me réveille quand mon cerveau manque d'oxygène. Pourtant, en temps normal, je ne crois pas que je ronfle (je dors sur le côté). Une autre possibilité (plus inquiétante) est qu'il y ait un lien avec certains maux de tête qui me prennent parfois de façon très subite, vive et localisée.

Je devrais peut-être consulter. D'un autre côté, la dernière fois que je suis allé voir un généraliste, c'était pour un problème pas très différent (sauf que c'était une douleur thoracique qui me réveillait), il m'a dit que je n'avais rien et il m'a prescrit du magnésium et de l'euphytose (en clair, rien du tout).

Tant que j'y suis à parler de symptômes nocturnes, une autre chose qui se produit de temps en temps (mais là, ça fait des années — au moins dix ou quinze ans, en fait), c'est que, pendant que je suis couché mais pas encore endormi (et, bizarrement, beaucoup plus souvent quand je suis couché du côté droit que du gauche), j'ai une sorte de vertige : ça ne dure qu'une fraction de seconde, mais ça me fait l'effet d'un éclair — j'entends un son très puissant (un bourdonnement) qui n'existe évidemment que dans ma tête et mon champ visuel devient tout lumineux. Il semble que ça ne prête à aucune conséquence (là il n'y a pas de choc d'adrénaline, donc ça ne m'empêche pas de m'endormir), ça m'arrive peut-être une fois par semaine, mais c'est en tout cas assez intrigant. Je n'ai jamais ressenti rien de tel une fois debout. (Si je dormais en permanence avec un EEG, on y verrait peut-être plus clair…) Mise à jour () : ce phénomène est en fait connu et porte un nom : exploding head syndrome. Ajout () : voir aussi cette vidéo de SciShow sur un sujet proche, et qui mentionne le phénomène.

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(samedi)

Rêves

Je disais récemment que je ne rêvais jamais que j'enseignais, mais ça m'est arrivé cette nuit. En fait, le rêve était très semblable à celui dans lequel je panique de ne pas arriver à avancer un examen : je donnais un cours (ou un TD, que sais-je… ça avait l'air d'être au niveau lycée ou début de fac) et j'étais épouvantablement mauvais, je m'embrouillais, je perdais mon temps sans arriver à traiter ce que je devais traiter, et les élèves s'en allaient les uns après les autres. Bon, c'est plus vrai qu'avec l'examen parce que, si je n'ai jamais vraiment eu de problème de manque de temps pendant un examen, lorsque je donne un TD j'avance toujours très lentement (enfin, je ne peux pas vraiment dire que ça me panique non plus).

La nuit précédente, j'avais fait un autre rêve dont je me souviens, où se mêlaient des éléments aussi divers que le voyage en Inde de Joël, l'inondation de la Nouvelle-Orléans, quelques séries télévisées sur lesquelles je suis tombé en zappant, et La Planète interdite que j'ai récemment revu. Toujours est-il que ça se passait sur un des satellites d'Uranus, Miranda (mais dans mon rêve Miranda et Uranus lui-même se confondaient assez), qui abritait (sous dôme, un peu glauque, d'ailleurs) une colonie humaine dont on avait perdu trace, et que j'étais chargé de retrouver, ce qui n'avait pas été bien dur ; mais voilà qu'une terrible tempête allait dévaster la colonie (ensuite le rêve partait dans d'étranges considérations concernant les meilleurs restaurants indiens sur Miranda, et dans un dédale de petites rues). Au moins une association d'idées est transparente : Miranda est un des personnages de La Tempête de Shakespeare, dont La Planète interdite (où il est question de retrouver une expédition perdue à destination d'Altaïr) est souvent considéré comme une adaptation.

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(jeudi)

Je veux de la lumière !

Certains se rappellent peut-être mes déboires avec mes lampes halogènes : ils ne sont pas finis. Pour résumer, j'en avais une depuis longtemps qui marchait fort bien, mais un jour elle a cassé (je parle du circuit électrique dans le socle, hein, pas de l'ampoule) ; j'en ai donc racheté une autre (à un prix défiant toute concurrence), mais d'une part elle était d'une couleur horrible (je parle toujours du support, pas de l'ampoule) et d'autre part elle a cassé en quelques jours ; alors j'en ai racheté encore une autre (stupidement, du même modèle), blanche, cette fois, et elle marche encore… vaguement. Vaguement ça veut dire que l'intensité lumineuse a baissé progressivement au fil des semaines, et maintenant elle éclaire à peu près autant qu'une incandescente ordinaire de, euh, 50W à tout casser, alors que c'est une halogène de 300W. Ça doit être le variateur qui est fondamentalement buggué, mais là il est vraiment en position maximale, il n'y a pas de doute.

Demain je vais donc au BHV et je compte en revenir avec une lampe qui marche. J'aimerais bien en trouver deux, en fait, une halogène (mais une bonne, cette fois) et une lampe à diodes : je ne sais pas si c'est trouvable, pour l'instant je n'ai vu des lampes à diode que sous forme de spots muraux, jamais ajustables sur pied, je ne vois vraiment pas de raison pour ça, mézenfin… Au moins les diodes il ne devrait pas y avoir besoin de les changer tous les deux mois.

Accessoirement, je ne comprends vraiment pas comment le support d'une lampe halogène peut casser. Ce n'est qu'un unique fil électrique avec un interrupteur et un rhéostat !

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(samedi)

Quelques rêves qui me hantent

Il faut croire que j'ai dû être traumatisé par mes années de lycée, parce qu'il y a des rêves que je continue à faire alors que ça fait neuf ans que j'ai quitté le lycée (prépa comprise ; décompter deux ans pour arriver jusqu'à mes derniers examens en temps limité).

L'un de ces rêves est un cauchemar, où je suis en train de passer une épreuve écrite d'examen / de concours / de contrôle, j'arrive au bout du temps imparti et je me rends compte que je n'ai presque rien fait, je me suis empêtré dans des erreurs dès la première question, j'ai écrit des pages entières qui ne servent à rien et que j'ai rayées, et finalement j'ai perdu tout mon temps : je commence alors à paniquer en me disant que je dois vraiment faire quelque chose, plus je panique plus je perds mes moyens, je rature ma copie dans tous les sens, elle devient impossible à rendre, et finalement je me réveille en sursaut. Ce n'est pas quelque chose qui m'est arrivé en réalité (j'ai bien parfois été pressé par le temps, mais jamais jusqu'à en paniquer et perdre mes moyens).

L'autre rêve n'est pas spécialement inquiétant, c'est juste que je me figure que je suis au lycée, mais l'aspect « au lycée » se manifeste essentiellement à travers l'emploi du temps : mon rêve consiste en gros à me dire qu'aujourd'hui j'ai cours de ceci, puis de cela, et demain de ceci puis de cela… et il ne se passe pas grand-chose. Parfois je prends conscience (dans mon rêve, je veux dire) que c'est un peu ridicule de suivre des cours de maths de lycée alors que j'en sais plus que ça, mais je ne décide pas pour autant de les sécher. Enfin, ça reste assez vague.

En revanche, je ne me souviens pas avoir jamais rêvé que j'enseignais. Pourtant, la première fois que j'ai dû donner un TD, je n'ai pas dormi de la nuit tellement j'étais terrorisé. De même, j'étais terrifié la première fois que j'ai parlé dans un séminaire (et d'ailleurs, contrairement aux TD dont je n'ai vraiment plus peur, cette crainte-là ne s'est pas complètement dissipée), mais je n'ai jamais rêvé non plus que j'exposais. À l'inverse, je me souviens avoir une fois rêvé que je jouais dans une pièce de théâtre (je précise que je n'ai jamais fait de théâtre, même si beaucoup de gens m'ont affirmé que j'aurais dû) et que je ne connaissais pas du tout mon rôle (c'était même très précis puisque la pièce était Hamlet et que le rôle était celui de Bernardo, le premier personnage en scène — d'ailleurs dans mon rêve j'avais retrouvé au moins les deux ou trois premières lignes avant de faire mon trou de mémoire). Bizarre.

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(jeudi)

Le sentiment d'appartenance

J'avais déjà écrit sur un sujet proche : il est curieux de constater que malgré mon individualisme et mon indépendance revendiqués, j'éprouve un besoin indéniable d'appartenir à des groupes (je parle, là, de groupes plutôt petits — plus des « bandes » que des « communautés »), et je souffre d'une certaine manière de ne pas arriver à en trouver dans lequel je m'intègre complètement.

Disons globalement que c'est peut-être finalement un de mes loisirs préférés que de discuter avec des gens, des groupes de gens, d'à peu près n'importe quoi (ou, à défaut de parler, d'écouter parler). Tout simplement, j'aime la compagnie.

Je suis mathématicien (enfin, ce n'est pas encore acquis, on vous met tellement de bâtons dans les roues pour rentrer dans ce métier ! mais admettons que je le sois). Pourtant, je ressens beaucoup de timidité, et finalement assez peu d'affinité, par rapport aux autres matheux ; quand ils parlent de maths, je ne comprends jamais rien (je me demande toujours si c'est une impression partagée et qu'on n'ose pas le dire, ou si c'est juste moi qui suis vraiment très lent à comprendre) ; et quand ils parlent de « potins mathématiques » (du style, qui a eu un poste à quel endroit, qui a fait des progrès dans tel domaine, qui est influent, voire, qui couche avec qui) ça ne m'intéresse pas du tout (bon, a posteriori je me rends souvent compte que ça peut être dommage pour moi de ne pas plus tendre l'oreille, mais le fait est que je trouve ça plutôt ennuyeux). De toute façon, les mathématiciens ne forment pas vraiment des groupes, ils se côtoient mais ne se fréquentent pas beaucoup — ils sont assez solitaires.

Je suis geek, au moins au sens passionné d'ordinateurs (enfin, je suppose — disons que j'ai plutôt une relation d'haine-amour avec ces sales machines). Mais les geeks non plus ne forment pas vraiment des groupes. Et quand ils le font, d'ailleurs, ça a tendance à devenir limite glauque, et en tout cas tout à fait monothématique pour ce qui est de la conversation, ce que je n'aime pas du tout (une des choses qui m'insupportent le plus, ce sont les gens ou les groupes de gens capables de ne parler que d'un seul sujet).

Je suis pédé, mais je trouve de plus en plus que je n'ai rien en commun avec les autres homos (déjà assez peu avec ceux de la culture mainstream, et généralement encore beaucoup moins avec ceux qui sont fiers de dire qu'ils s'en éloignent). À commencer par le fait que je n'en connaisse aucun autre (qui se revendique ouvertement homo) qui ne soit pas en couple et qui n'ait aucune forme de vie sexuelle (et pas par choix, ni par attachement à un idéal de couple, ou quelque raison de ce genre) : mine de rien, ça fait quand même une singularité marquante (dont je me passerais bien !) qui rend un peu bizarre la fréquentation de groupes unis justement par l'orientation sexuelle ou les préférences affectives. Je crois aussi avoir assez peu de goûts en commun avec le gay le plus visible (par exemple, au niveau vestimentaire — enfin, bon, je n'ai pas de goûts tout court, en fait).

Ces temps-ci je fréquente surtout des normaliens, mais il est indéniable que la différence d'âge se fait sentir (ou alors l'idée que les élèves et les enseignants ne doivent pas se mêler ?), en tout cas il y en a qui ne m'adressent pas la parole (sans doute pour des raisons diverses, mais l'idée générale doit être que je suis un boulet qui piétine leurs plates-bandes). Heureusement j'arrive encore à y avoir un cercle d'amis très chers, mais le fait est que les gens finissent par se disperser : ce n'est pas quelque chose de durable.

Enfin, bien sûr, c'est l'idée générale : j'ai des amis auxquels je tiens beaucoup dans toutes ces catégories, ou dans plusieurs d'entre elles, ou dans d'autres. Mais la morale, c'est que parfois le critère qui constitue le groupe rend le groupe, finalement, moins intéressant. Je ne sais pas si je suis clair. Je pourrais essayer de rencontrer des gens, mettons, en jouant à des jeux de rôle (c'est un exemple arbitraire, ça marche avec n'importe quel autre jeu, ou en faisant je ne sais quel sport, ou en pratiquant d'un instrument de musique, ou n'importe quoi) : mais, finalement, ce n'est pas le jeu qui m'intéresse, ce sont les gens, et le groupe de gens est rendu en un sens moins intéressant parce qu'il est relié par quelque chose qui n'est pas mon intérêt primaire.

Un vrai maître (ou un α-mâle, comme dirait quelqu'un) constituerait ses propres bandes autour de lui par son seul charisme, et sans avoir besoin d'un prétexte fédérateur.

Hum… peut-être que je derais fonder une secte ? Argh, zut, c'est déjà fait.

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(mercredi)

Apu rhume

C'est magique, le système immunitaire. Hier soir je me suis couché avec 38.5°C de fièvre, complètement crevé, la gorge chargée, et mal au ventre, j'ai dormi comme une pierre pendant treize heures (la preuve : je n'ai pas été réveillé par les gosses d'à côté, alors que le mercredi, normalement, c'est terrible), et je me suis réveillé frais comme une rose, plus du tout de signe de maladie (enfin, je tousse encore vaguement, mais c'est plutôt par réflexe qu'autre chose — mes rhumes finissent toujours comme ça). Je suppose que pendant ces treize heures, une terrible bataille a dû se livrer dans mes entrailles, une bataille en comparaison de laquelle — en nombre de combattants, en nombre de morts — les plus sanglantes guerres de l'histoire de l'humanité ne sont rien du tout. (Enfin, je n'ai pas une idée très précise du nombre de cellules qui se font infecter et détruire lors d'un rhume typique, mais ça doit être assez colossal.)

Bon, l'aspect négatif, c'est que moi qui avais réussi à reprendre presque vaguement des horaires un peu civils, c'est de nouveau perdu. Déjà aujourd'hui j'ai raté le traditionnel thé hebdomadaire du DMA. ☹️

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(mardi)

Rhume, voisins, mai, conique, problème

C'est bizarre, les rhumes : hier je me sentais très bien, j'en concluais que mon rhume était passé, et aujourd'hui j'ai eu l'impression d'être vraiment malade — fébrile, très fatigué, vaguement nauséeux. Du coup, j'ai passé ma journée à ne rien faire. À propos, j'ai déjà dit que je hais les enfants de mes voisins, qui trouvent nécessaire de jouer en hurlant dans leur jardin où tout s'entend parfaitement depuis ma chambre à coucher ? Bon, eh bien c'est dit ; mais c'est un fait bien connu que les voisins sont une invention diabolique pour gâcher toute vie qui, sans ça, pourrait être heureuse.

Le mois de mai est fini, et le bilan n'en est franchement pas intéressant : je n'ai rien accompli de notable, et il ne m'est rien arrivé de particulièrement plaisant (ni déplaisant).

Sans suite logique, voici un joli petit problème de maths sur lequel je sèche en ce moment : soit p un nombre premier impair, et on considère un ensemble Q de cardinal p+1 de points de P2(Fp) (le plan projectif sur le corps fini Fp à p éléments), dont on suppose que trois (points de Q) quelconques ne sont jamais alignés ; peut-on conclure que Q est une conique ? J'arrive à démontrer plein de choses (par exemple à construire une dualité intéressante sur la donnée), mais absolument pas à conclure. Donc s'il y a des amateurs de jolis problèmes.

Mise à jour (2005-06-01) : La réponse est oui (c'est une conique), et c'est un théorème de Segre.

Toujours sans aucun rapport : quelqu'un écrit ce qui suit à mon propos :

Le problème majeur de David, en réalité, c'est que, tel qu'il se présente au monde, tel qu'il apparaît aux yeux de tous, même à des inconnus, il est un cerveau avant d'être une bite (resp. une Grande Puissance Émotionnelle). Et ça, ce n'est tout simplement pas attirant sexuellement (resp. sentimentalement).

La solution au problème madorien passe donc par un shutdown du cerveau — exercice extrêmement difficile, j'en conviens — pour exalter ses autres aspects.

C'est une remarque… intéressante.

Bon, j'avais d'autres choses à dire, mais ça ne me revient pas, alors شهرزاد va se coucher (pour le peu de temps que les garnements d'à côté me laissent avant de me plonger dans l'enfer de leurs cris sauvages).

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(dimanche)

Abstentionniste ! Bouh !

Je pensais vaguement ne pas aller voter, à la fois parce que je ne vois pas l'intérêt de me déplacer quand l'issue du scrutin est connue d'avance[#][#2] et parce que je trouve de plus en plus que la démocratie (aussi bien au niveau très local qu'au niveau national) ressemble à une masquarade dans laquelle je ne vois pas vraiment l'intérêt de participer. Pourtant, j'avais fini par décider de le faire, mais un concours de circonstances vraiment impressionnant m'a quand même fait abstentionniste (pour la première fois depuis mon inscription sur les listes électorales, d'ailleurs).

Première circonstance notoire : je suis (toujours) inscrit à Orsay. Mauvaise idée, parce que les lumières du progrès et de la civilisation (i.e., la fermeture[#3] des bureaux de vote à 22h, ce qui est quand même vaguement décent) n'a pas encore atteint cette barbare contrée reculée. Enfin bon, peu importe. Mes parents votent aussi là-bas (pour eux, c'est normal, ils y habitent vraiment). Comme ma mère avait affaire à Paris aujourd'hui, elle devait m'appeler pour que nous rentrions ensemble sur Orsay et allions voter ensemble. Jusque là, tout va bien. Je me suis mis à travailler, en attendant son coup de fil, et, deuxième circonstance, j'ai perdu le fil de l'heure (notamment parce que je suis malade et que ça affecte bizarrement ma conscience).

Troisième coup de malchance : ma mère avait laissé allumé son téléphone mobile (normalement elle l'éteint car elle ne s'en sert que pour appeler, pas pour recevoir) et il s'était déchargé. Or (quatrième circonstance) elle n'avait mon numéro que dans la mémoire de celui-ci, elle ne le connaissait pas par cœur parce que j'en ai changé récemment. Du coup, elle a appelé depuis une cabine mon père à Orsay pour qu'il lui dicte mon numéro de mobile. Cinquième hasard : mon père se trompe en lui dictant le numéro, ou elle entend mal, ou quelque chose comme ça. Toujours est-il qu'elle a appelé un mauvais numéro, et, sixième hasard, tombe sur un répondeur qui n'est pas le mien, mais pas de façon identifiable (ce n'est pas comme si elle était tombé sur une voix étrangère, elle aurait bien vu qu'elle n'avait pas le bon numéro, mais là, le répondeur était une annonce préenregistrée qui répète simplement le numéro appelé) ; bref, elle laisse un message, que, évidemment, je n'ai pas eu. Septième coup de malchance : je ne suis joignable à aucun autre numéro parce que je ne suis ni chez moi ni dans mon bureau (je suis descendu prendre un thé).

Ma mère finit par me joindre une fois rentrée à Orsay, où elle peut trouver le bon numéro de mon mobile. À ce moment-là, il est 18h55, donc il est encore possible pour moi, normalement sans trop de problème, de rentrer à Orsay pour voter avant 20h. Je me rends à la station Luxembourg, où j'arrive à 19h pile. Les écrans d'annonce des prochains RER indiquent le prochain à 19h15. Pas de problème, je devrais être à l'heure. Je prends mon temps pour descendre sur le quai, et je vois que je viens de rater un train (d'une demi-seconde, environ) : normal, les écrans se croient plus malin que les voyageurs et n'indiquent pas les trains déjà à quai, pour éviter que les gens courent essayer de les attraper (et se fassent du mal). Donc, j'ai raté le train de 19h à un instant près (on en est à huit, là). Et voilà que le train annoncé à 19h15 est signalé comme retardé. Un peu après il est prévu pour 19h25 (ce serait vraiment très juste pour arriver à voter, mais encore vaguement jouable, si le train va un peu plus vite pour rattraper son retard), puis il avance jusqu'à 19h20, et en fait il passe dans la station à 19h22, mais… sans prendre de voyageurs. Apparemment, il y a eu un problème technique. Évidemment, on ne nous annonce rien, pas l'ombre d'une explication ou d'une excuse. Finalement, les horaires sont réévalués et le train est prévu pour 19h30, puis pour encore un peu plus tard. Plus la peine d'attendre, j'abandonne et je quitte le quai (j'ai vaguement pensé à demander remboursement de mon billet, mais la lassitude à l'idée de devoir m'engueuler avec le guichetier m'a fait laisser tomber).

Il y a des moments où on se dit que l'Univers est ligué contre vous, et à la puissance dix, alors je crois que je ferais mieux de me coucher.

[#] Oui, oui, si tout le monde pensait pareil… — le fait est que tout le monde ne pense pas pareil et que ce n'est pas un raisonnement dont on peut croire qu'il a eu une influence notable sur un scrutin quelconque, et en l'absence de ça, il est raisonnable.

[#2] Pour prendre les choses plus au pied de la lettre, d'ailleurs, en 2005, la loi française qui dit qu'on ne peut pas publier les résultats avant la fermeture des derniers bureaux de vote n'est plus gênante, il suffit d'aller chercher sur un site Web étranger, par exemple, Suisse.

[#3] Soit dit en passant, trouver un site Web fiable indiquant exactement quels bureaux de vote ferment à quelle heure s'avère apparemment mission impossible. Le Ministère de l'Intérieur donne des horaires pour les élections de… mars 2004. Ha, ha, ha. Très drôle.

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(vendredi)

Rhume nº9961342950

Et voilà, je suis de nouveau enrhumé. (Oui, je suis au courant qu'il a fait dans les 30°C aujourd'hui. D'ailleurs, c'est intolérablement chaud. Mais ça n'a aucun rapport.) Sam, je te hais : que tous tes PDP-10 sous ITS deviennent des PC sous Windows XP !

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(jeudi)

À plume et à poil

Homonormalité organise ce soir une soirée Plumes, et j'ai eu peur, un instant, d'avoir perdu la plume mythique d'il y a trois ans. Ouf, je l'ai retrouvée (et vous savez où elle était ? euh, non, rien, en fait).

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(jeudi)

Encore des cheveux

Régulièrement sur ce blog Ruxor vous parle de ses cheveux — qui sont parmi mes pires ennemis — et ce temps est revenu. J'en ai eu marre de les avoir longs, donc, parce qu'il se remet à faire chaud et aussi parce que j'ai voulu recommencer à porter des lentilles de contact et que les cheveux qui tombent dans les lieux c'est terrible pour les lentilles (ça les contamine, même quand ils sont bien propres).

J'avais pensé me les raser complètement, ce que j'aurais fait si j'avais trouvé quelqu'un pour faire la même chose en même temps (c'est plus rigolo à deux), mais comme William est un lâcheur et un dégonflé (<pub target="membres du COF">enfin, votez quand même pour lui</pub>) c'est tombé à l'eau ; j'ai aussi vaguement pensé essayer de me faire une coupe à l'iroquoise (sachant que si ça ne rendait pas bien je pouvais toujours tout raser), mais j'ai fini par décider qu'en fait bof ça ne m'irait pas (parce que j'ai les cheveux trop fins ; c'est dommage, parce que j'aimais bien l'idée — je trouve ça mignon, une coupe à l'iroquoise).

Alors je suis bêtement allé chez le coiffeur en pestant d'avance parce que je sais que, typiquement, quand on dit très court à un coiffeur, il comprend vaguement court, et quand on dit vraiment très très très court il comprend plutôt court, d'ailleurs ça n'a pas manqué ; mais bon, peut-être que c'est normal, la coiffeuse me voyant arriver avec des cheveux qui descendent sous les épaules elle se demande si par court je veux vraiment dire court. Quoi qu'il en soit, j'avoue que le résultat[Photo de tête de David Madore] n'est pas trop catastrophique, enfin, en tout cas, j'ai eu pire. J'ai eu le bon sens cette fois d'éviter les coiffeurs à homos-branchouilles, qui savent peut-être faire des choses bien, mais pas avec mes cheveux à moi (il n'y a rien à en tirer), et qui en tout cas font payer cinq fois plus cher : je suis bêtement allé chez Saint-Algue, qui est à la coiffure ce que les cafétérias Casino sont à la haute cuisine.

Ah oui, la tradition veut aussi, quand je sors une nouvelle photo de moi que je parle aussi de colorimétrie. Hmmm… Peut-être que c'est ça, l'idée : au lieu de varier la coupe de mes cheveux, je pourrais essayer de varier la couleur — si je me les teignais ?

Sinon, à propos de pilosité (désolé), j'ai vu un de mes collègues sortir du Bears' Den, tout à l'heure, j'ai eu comme une illumination (bon sang, mais c'est bien sûr ! pourquoi je n'ai pas compris plus tôt ?).

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(samedi)

06 98 03 41 80

[English summary follows.]

Je me suis enfin décidé à me racheter un téléphone mobile (le précédent est définitivement perdu) : c'est le 06 98 03 41 80 (soit +33 6 98 03 41 80 si vous appelez de l'étranger). Je pourrais répéter presque exactement les mêmes choses que la dernière fois.

C'est encore un Nomad : comparaison rapide des tarifs faite, ce sont toujours eux les moins chers si on n'appelle jamais (ce qui est à peu près mon cas), juste pour maintenir la ligne ouverte. Le téléphone lui-même est un Sagem my C-4 (et je ne peux pas fournir de lien sur le site du fabricant parce qu'apparemment ils ne connaissent pas ce modèle — pourtant, je vous assure, j'en ai un sous les yeux !) ; j'aurais aimé pouvoir échapper à l'écran couleur et avoir en contrepartie quelque chose de plus solide ou de moins cher, mais apparemment on ne peut pas (et je n'avais pas de temps à perdre à chercher), alors tant pis, ça m'aura coûté 109€. Côté ergonomie, il n'a l'air pas trop mauvais sauf pour une chose : si je commence à composer un numéro, il apparaît un onglet store (pour stocker le numéro dans le répertoire, logique), mais si je tape dessus il ne me demande pas un nom sous lequel le stocker, il dit juste OK et apparemment il ne fait rien : il doit y avoir quelque chose que je n'ai pas compris, mais en tout cas ce n'est pas très conforme au principe de moindre surprise.

Je n'ai pas fait d'effort pour tenter de garder l'ancien numéro. En fait, c'est pire que ça, je l'ai laissé se périmer (maintenant il y a un message qui stipule que ce numéro n'existe plus), et ça c'est dommage, j'aurais voulu changer l'annonce du répondeur pour préciser mon nouveau numéro. C'est bien bête parce que sur la version imprimée de l'annuaire des élèves de l'ENS j'apparaîtrai avec cet ancien numéro.

Et évidemment, je continue à très mal capter dans mon appartement : donc il faudra toujours essayer de m'appeler au 01 45 88 39 61 avant le mobile.

Comme la dernière fois, je termine avec un fichier MP3 dont la lecture contre un combiné de téléphone fixe devrait composer le numéro : comme ça des gens vont devoir trouver un prétexte pour m'appeler pour essayer ce gadget.

[Résumé en anglais de ci-dessus.] My new cell phone number is +33 6 98 03 41 80 (same operator as previously, and the phone itself is a Sagem my C-4). Again, since cell phone coverage inside of my apartment is very poor, +33 1 45 88 39 61 is the first number to try if one wishes to reach me.

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(jeudi)

J−1

Bon, normalement mon exposé est au point (c'est-à-dire autant qu'il le sera), j'ai fait une répétition hier où je ne m'en suis pas trop mal sorti, mes transparents sont nuls mais il faudra faire avec. J'ai récupéré le dossier de soutenance au service de la scolarité (une enveloppe scellée que je dois remettre au président du jury — je me demande bien ce qu'il y a dedans[#]), j'ai récupéré les exemplaires imprimés de mon mémoire (où j'ai consciencieusement inséré une feuille d'errata) et j'en ai distribué quelques-uns. Ma mère a confirmé pour le pot (cinquante personnes). Bref : tout est prêt, et j'en suis à m'ennuyer en attendant que le temps passe.

Je serai le premier de l'année 2005 à soutenir une thèse de maths à Orsay (ben oui, les thèses se font par saison — à cause de deadlines administratives débiles —, et je suis complètement hors-saison, là). Ah, et, je me demande si tout le monde arrivera à tenir dans la salle où a lieu la soutenance

J'espère par ailleurs que l'administration n'aura pas la bêtise de me chercher des ennuis parce que sur les papiers officiels j'ai indiqué mon sujet comme étant

Hypersurfaces cubiques: équivalence rationnelle, R-équivalence, et approximation faible

alors que sur le mémoire c'est

Hypersurfaces cubiques: R-équivalence, équivalence rationnelle et approximation faible

J'ai moyennement envie de soutenir une deuxième fois sur le même sujet en permutant deux termes.

Bon, pour parler d'autre chose que de ma thèse, voici quelques pointeurs Web. Je viens de jeter un coup d'œil aux images de la dernière édition de l'IRTC, c'est-à-dire janvier-février 2005, sur le thème Out of place, et je dois dire que les lauréats sont excellents : à la fois techniquement réussis, esthétiquement intéressants, et drôles ; je conseille donc de regarder ça (de façon générale les images de l'IRTC méritent l'attention, mais cette fournée me semble vraiment bien, sans doute parce que le sujet était propice à l'inspiration). Je viens aussi de découvrir un poisson d'avril qui fera rire tous ceux qui connaissent Boing Boing : Boring Boring (A Directory of Dull Things).

Je viens aussi de découvrir un passage de la toute nouvelle version (4.1.0) du standard Unicode (béni-soit-son-nom) qui m'a fait hurler de rire :

@		Gender symbols
26A2	DOUBLED FEMALE SIGN
	= lesbianism
26A3	DOUBLED MALE SIGN
	* a glyph variant has the two circles on the same line
	= male homosexuality
26A4	INTERLOCKED FEMALE AND MALE SIGN
	* a glyph variant has the two circles on the same line
	= bisexuality
26A5	MALE AND FEMALE SIGN
	= transgendered sexuality
	= hermaphrodite (in entomology)
26A6	MALE WITH STROKE SIGN
	= transgendered sexuality
26A7	MALE WITH STROKE AND MALE AND FEMALE SIGN
	= transgendered sexuality
26A8	VERTICAL MALE WITH STROKE SIGN
	= ferrous iron sulphate (alchemy and older chemistry)
26A9	HORIZONTAL MALE WITH STROKE SIGN
	= magnesium (alchemy and older chemistry)
@		Circles
26AA	MEDIUM WHITE CIRCLE
	= asexuality, sexless, genderless
	= engaged, betrothed
	* base for male or female sign
26AB	MEDIUM BLACK CIRCLE
	* UI symbol for record function
26AC	MEDIUM SMALL WHITE CIRCLE
	= engaged, betrothed (genealogy)
	* can represent wedding ring
@		Genealogical symbols
26AD	MARRIAGE SYMBOL
	x (infinity - 221E)
26AE	DIVORCE SYMBOL
	x (infinity negated with vertical bar - 29DE)
26AF	UNMARRIED PARTNERSHIP SYMBOL
	x (double-ended multimap - 29DF)
26B0	COFFIN
	= buried (genealogy)
	x (white rectangle - 25AD)
26B1	FUNERAL URN
	= cremated (genealogy)

À quand la marche des fiertés lesbienne, gaie, bi, trans, hermaphrodite, sulfate ferreux et magnésium ? À part ça, je trouve amusant de voir le Saint Standard donner dans le politiquement correct ; ils n'ont toujours pas ajouté, d'ailleurs, le svastika dans les symboles divers (alors qu'il y a plein de croix religieuses, il y a le symbole marteau-et-faucille, le symbole peace-and-love, yin-et-yang, et plein d'autres choses de ce genre, même, très récemment, la fleur-de-lis), je me demande si c'est parce qu'ils ont peur des réactions ou simplement parce que personne n'a fait de proposition formelle. Ah, et, par ailleurs, faudrait que je me dévoue pour faire une proposition qui se tienne pour ajouter les smileys dans Unicode (je veux dire, le « répertoire standard », c'est-à-dire les smileys qu'on retrouve en commun dans énormément de systèmes de communication électronique, ceux qui servent vraiment à transmettre des informations et pas à faire de l'ASCII-art).

[#] En fait, je soupçonne quand même que ce sont les rapports. Mais comme mes rapporteurs font de toute manière partie de mon jury de soutenance, ça n'a pas énormément de sens de me donner sous enveloppe scellée à leur remettre une copie des rapports qu'ils ont eux-mêmes écrit. Et je crois qu'après la soutenance j'aurai le droit de les voir, les rapports en question.

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(vendredi)

Catastrophe !

On vient de me signaler deux problèmes graves avec ma thèse : premièrement, une erreur irrécupérable dans la deuxième partie, qui met à l'eau la totalité de celle-ci, et deuxièmement le fait que plusieurs résultats de la quatrième et cinquième parties sont des conséquences immédiates d'un résultat connu depuis longtemps (dû à Manin). Autant dire que c'est tout mon travail qui est réduit à néant. Je dois voir mon directeur de thèse tout à l'heure pour décider s'il faut annuler la soutenance et retirer le manuscrit, mais il est plus que probable que ce soit la décision prise (en une semaine, il n'est pas envisageable de refaire le travail de trois ans).

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(lundi)

Il y a des jours, comme ça

Hier soir on m'a appris qu'une des idées dans les cartons des Powers That Be était de faire passer la charge d'enseignement des maîtres de conférences dans les universités françaises à 384 heures annuelles (contre 192 actuellement, 384 étant la charge d'un professeur agrégé dans le supérieur), ce qui voudrait dire en pratique qu'ils ne feraient plus de recherche. De toute façon, la recherche fondamentale française (publique — mais la recherche fondamentale privée ça n'existe pas) a l'air destinée à mourir prochainement telles que les choses sont parties. Sale temps pour les mathématiciens purs et, pire encore, algébristes ou apparentés.

Mauvaise nouvelle suivante : le Conseil européen a adopté un texte favorable aux brevets logiciels dans l'Union, avec une entorse à la procédure (le lien précédent contient des explications très détaillées à ce sujet). L'étape suivante de la procédure de codécision est une deuxième lecture au Parlement, qui ne se fera peut-être même pas (si elle n'a pas lieu le texte est adopté) où il faudrait un vote à la majorité absolue des membres pour arrêter la procédure. Malheureusement, il est peu probable qu'on puisse faire quoi que ce soit : des lobbys très puissants et très riches veulent absolument que les brevets logiciels soient ouverts en Europe, au mépris de l'intérêt de tous les utilisateurs d'ordinateurs, et les pressions exercées sur toutes les instances dirigeantes européennes sont gigantesques, ainsi que Michel Rocard l'a exposé dans une interview au journal Le Monde (daté du 17 février).

À un niveau plus local, celui de l'ENS, il y a également des mauvaises nouvelles qui se préparent (venant de l'administration), et il semble qu'elles soient de taille. On n'en sait pas plus pour le moment (sauf un petit nombre qui sont dans le secret des dieux et qui refusent de lâcher le morceau), des choses seront révélées dans une semaine environ, mais il semble qu'on doive s'attendre au pire. Je m'abstiendrai de polémiquer plus largement contre l'administration de l'École sur un site Web qui y est hébergé, mais disons qu'on (élèves, anciens élèves, enseignants et chercheurs) a eu déjà certaines causes de mécontentement ces derniers temps.

Pour me remonter le moral, je viens de voir un téléfilm incroyablement déprimant (Résumé en bref et avec spoilers : ça commence en 1941 dans la France occupée ; Sarah est juive, elle voit toute sa famille se faire massacrer presque sous ses yeux, elle se réfugie auprès de son seul ami, Jean, dont elle est amoureuse, et elle apprend qu'il est homosexuel ; le frère de Jean, Jacques, par jalousie, fait arrêter son frère, comptant le faire relâcher immédiatement, mais Jean est accusé à tort d'avoir eu une relation avec un officier allemand, et déporté ; ensuite, Sarah voit l'amant de Jean, qui était résistant, se faire descendre, elle est recueillie par Jacques, plein de remords, qui l'épouse et lui donne un fils ; mais à la libération Jacques est accusé de collaboration et de traffic avec l'ennemi, on témoigne que c'est lui qui a fait arrêter son frère, et il se suicide en prison ; enfin, à la libération des camps, Jean revient, mais il a été torturé puis lobotomisé pour tenter de le rééduquer, et il meurt stupide peu de temps après son retour.) Le genre d'histoire qui vous remonte le moral et vous redonne la joie de vivre, quoi.

À part ça, je suis assez mécontent du TD que j'ai donné tout à l'heure (j'ai été très mou, et obscur sur plusieurs points), j'ai plein de petits changements triviaux mais pénibles à faire dans ma thèse, et j'ai encore des problèmes informatiques idiots.

Est-ce que quelqu'un pourrait me donner une bonne nouvelle, pour changer un peu ? Quelque chose qui remonte le moral ?

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(mercredi)

Argl

J'aurais dû me coucher sagement il y a cinq heures environ, mais j'ai été réquisitionné pour participer à la mise en page de ça. Comme si je n'avais pas déjà trop de boulot comme ça (mumble copies d'agreg mumble relecture de thèse mumble).

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(vendredi)

Je hais les rhumes

Je hais cette maladie stupide qui me fait passer mes journées dans un état à moitié comateux !

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(vendredi)

Cauchemar, ou : l'ouverture des portes de la peur

(Wow, j'ai trouvé un super titre si un jour je dois réaliser un film d'horreur, moi.)

J'ai fait un rêve assez mémorable, cette nuit. Mémorable d'abord par la foison des détails, des scènes et des situations qui le peuplaient (une fois dans l'onde bleue j'ai entrepris de gribouiller tout ça sur papier avant d'oublier, puis de retrouver les connexions qui se faisaient entre les mèmes dans mon cerveau, c'était assez amusant). Je ne sais pas si c'est les pages que j'ai lues d'un bouquin sur le lambda-calcul (genre, un terme du lambda-calcul est fortement normalisable si, et seulement si, il est typable dans le système D) juste avant de m'endormir qui m'ont causé une telle activité intellectuelle, mais c'était assez intense. Petit spécimen du brain dump (ce que je mets entre crochets est un commentaire fait après coup) :

canalisations d'eau qui pètent à l'ENS (mais c'est pénible à changer [sans doute une association avec ma dernière entrée ici] donc on ne va bien changer) — petit bonjour à la femme de ménage — soutenance de thèse dans un avion (le dernier jour possible ! sinon il n'aura pas son visa) par un japonais sur les obstructions [en théorie des nombres] apportées par le foncteur des droites — exposé (de thèse) très clair, on y apprend que le plan est un quasi-groupe de Lie [sans doute faut-il comprendre groupoïde de Lie, ce qui ne veut rien dire, mais il était question d'automorphismes de droites] — on voit passer dans le ciel la navette spatiale [Columbia] au décollage, et on leur fait coucou avec les mains — esprit japonais dans l'aménagement intérieur, la pièce zen sans téléphone portable — mes parents me conduisant chez des amis [les Tourniaire ?], ma mère cherche à obtenir quelque chose (rapport à son groupe de chant) — un chien et plusieurs chats [là, je pense probablement à l'écrivain France Nespo, qui s'est récemment installée dans la même rue que mes parents] — je discute avec Sally : on se tutoie ?, j'ai de très vieilles lunettes — lecture du livre [sans doute une vague association avec le Livre de Sable de Borges] dans la bibliothèque [celle qu'avait ma grand-mère, en fait] — (dans le livre :) le Christ a traversé le plan [je pense sans doute à Trois Versions de Judas de Borges et aussi à la fin étrange de The Planiverse de Dewdney] — (toujours dans le livre :) comment compter les choses (des nuits d'insomnie, les œuvres d'un auteur) ? — [là, le rêve devient cauchemar] on frappe à l'intérieur de la bibliothèque — la clé de la bibliothèque se met à tourner, mais il n'y a rien, la clé se déforme — je dis je suis entré dans le cauchemar — l'horreur se déchaîne

Je peux expliquer (au moins de façon conjecturale) la plupart des éléments qui interviennent (pas tous, cependant : je ne comprends pas comment est apparue la navette Columbia, par exemple, même si je sais pourquoi je lui fais ensuite coucou avec les mains), mais évidemment il n'est pas question que je tente cela ici (ce serait trop long, chaque élément exigeant une explicitation assez détaillée de mes mécanismes d'associations d'idées, et surtout pas très intéressant ; j'ai déjà fourni un échantillon de telles explications par le passé).

À la fin, le rêve se transforme en cauchemar. Souvent, pour moi, le passage vers le cauchemar (ou le cauchemar tout court, d'ailleurs) est caractérisé par l'apparition d'un élément surnaturel de nature que je ne peux pas maîtriser (pas n'importe quel élément surnaturel : comme beaucoup de gens, je rêve parfois que je vole, et ça n'est pas du tout un cauchemar) ; en l'occurrence : j'entends frapper à l'intérieur de la bibliothèque (qui a des portes qu'on peut fermer à clé), j'ouvre, et je ne vois rien, je referme, et les coups recommencent, puis la clé se met à tourner toute seule. (Je suppose en fait que les coups que j'entendais dans mon rêve étaient de vrais coups de marteaux donnés chez un voisin quelconque.) Cette petite scène se répète deux ou trois fois, puis je dis à haute voix (enfin, dans mon rêve — je ne sais pas si j'ai parlé dans mon sommeil) : Je suis entré dans le cauchemar. (Imaginez cette phrase prononcée comme si c'était : Vous êtes entré dans la quatrième dimension.) À ce moment-là, et c'est presque une volonté consciente de ma part (allonz-y carrément), l'horreur se déchaîne de façon caricaturale, on a une succession très rapide de scènes un peu gore, comme dans une bande-annonce de film d'horreur (de petit budget). Je pense quelque chose comme bon, ça suffit maintenant, il faudrait se réveiller — et je le fais.

Il doit y avoir un groupe de neurones, quelque part, au moins chez moi, qui est responsable des peurs les plus primales, les plus ancestrales, la peur de ce qu'on ne sait pas expliquer, la peur du noir, la peur qui n'a rien de sophistiqué mais qui n'est pas non plus la simple peur d'une menace physique (qui décharge l'adrénaline), la peur qui provoque un frisson et qui hérisse le poil. L'activité cérébrale un peu aléatoire (enfin, j'imagine) du rêve doit tomber sur cet endroit-là et l'activer. Au réveil, il est encore facilement excitable. Ainsi, même conscient et bien pénétré de l'idée que ce n'était qu'un rêve, j'arrivais facilement à trouver des idées (pas forcément présentes dans le rêve, je pense, mais d'autres idées mémétiquement proches) qui provoquaient ce genre de peur, qui me causaient ce frisson si particulier (entre autres choses, j'ai repensé à cette surprise qui m'avait vraiment eu, et visualiser mentalement l'image associée était très fort). J'avais en quelque sorte trouvé les portes de la peur, celles dont sortent les légions des terreurs nocturnes. J'ai pensé un moment les affronter, je me suis dit que ça me ferait du bien de m'en moquer, mais elles ne sont pas si faciles à exorciser, je n'ai pas réussi à chasser les spectres ou à vaincre les frissons, j'ai même dû allumer la lumière (qui mieux que toute autre chose dissipe cette sorte d'angoisse) et me résoudre à ne plus y penser, refermer les portes de la peur, faute de pouvoir les vaincre de front. Tout ce qui accompagne le rêve et l'onde bleue est facilement oublié, et j'ai de nouveau (heureusement ?) perdu le chemin de ces portes de la peur, les notes prises sur papier ne me permettent pas de les retrouver, mais je trouve fascinante l'idée qu'il y a quelque part dans mon cerveau une commande aussi précise. (Si j'avais pu faire une cartographie cérébrale à ce moment, on aurait peut-être eu la chance de la localiser de manière exacte. Ça aurait sans doute un intérêt, d'ailleurs : on détruit cette zone du cerveau, et, hop, plus jamais de cauchemars de ce genre ?)

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(samedi)

Spleen du week-end

Je déteste toujours autant les week-ends et ce sentiment d'isolement que je ressens dans un entourage déserté (peut-être d'ailleurs que c'est une bonne mesure de la manière dont on est apprécié par autrui que de considérer combien notre entourage est peuplé lorsque les gens n'ont pas de raison extérieure particulière d'être là par rapport à lorsqu'ils doivent l'être par exemple parce qu'ils sont nos collègues ; si oui, j'ai des motifs de m'inquiéter). Encore une sinistre soirée, donc, passée à essayer (sans grand succès) de bosser, autour d'un petit dîner pris dans mon bureau (je n'aime vraiment pas manger seul au restaurant, donc j'ai juste acheté un plat à mettre au micro-onde). Au moins, j'ai l'impression d'avoir un peu amélioré ma compréhension de la théorie (locale, au moins) du corps de classes, quelque chose que je suis censé connaître depuis le DEA mais que je n'ai pas encore bien assimilé (d'ailleurs, je n'ai pas vraiment résolu le problème sur lequel je réfléchissais).

En fait, je suis un peu injuste : quelques personnes ont rompu la monotonie de ma journée en échangeant quelques mots avec moi (par dialogue électronique). Qu'ils soient remerciés.

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(mardi)

Premier rhume 2004–2005

Pas de doute, je suis bien malade, mon rhume de rentrée est au rendez-vous attendu.

Mise à jour () : 38.5°C en me levant ce matin, quand même.

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(lundi)

Bilan du Méga

J'ai écrit un compte-rendu assez long sur le forum interne de l'ENS, je ne vais pas le reproduire ici parce qu'il y a toutes sortes de personnes nommées que je ne veux pas forcément impliquer (et aussi tout plein de private jokes). Je peux quand même faire quelques remarques pour ce qui me concerne plus personnellement. C'était la deuxième fois que je venais au week-end d'intégration : la première fois, donc, depuis celui que j'ai fait quand j'étais moi-même conscrit, en '96, du côté de Saint-Malo. Du point de vue « intégration », ce dernier n'avait vraiment pas fonctionné pour moi, je n'avais parlé pratiquement à personne que je ne connusse déjà — mais ce n'était pas la faute du Méga, c'était la mienne, parce que j'étais vraiment asociable (ce en quoi je me suis nettement amélioré) en plus d'être timide (là, j'ai plus légèrement progressé, mais j'ai progressé tout de même). Cette fois, j'arrivais en connaissant un peu plus de la moitié de la cinquantaine de « vieux cons » qui organisions la chose, et quatre ou cinq conscrits (sur environ deux cents) — c'est forcément moins intimidant ; je ne suis toujours pas fabuleusement doué pour faire connaissance, mais j'y suis quand même un peu arrivé (même avec quelques « vieux », d'ailleurs).

À part ça, je ne vais pas trop m'étendre sur les circonstances matérielles : la météo était bonne, l'endroit était assez joli ; le village de vacances qu'on occupait était plutôt bien (nous logions dans des mobile-homes tout à fait convenables) — sauf qu'à la fin, au moment de faire l'état des lieux, les responsables du centre, apparemment échaudés par des expériences de week-end d'intégration d'écoles d'ingénieurs, ont été invraisemblablement pénibles et pinailleurs sur l'état dans lequel ils voulaient retrouver les lieux ; et le voyage en car s'est bien passé (en plus, les chauffeurs étaient sympas) à part la dernière cinquantaine de kilomètres en revenant sur Paris où nous avons été pris dans les bouchons.

Une autre chose sur laquelle il faudra que je revienne, c'est ma place à l'ENS et la question de savoir pourquoi je m'accroche à cette École et si je devrais m'en éloigner. Disons brièvement que je considère que tant que je n'aurai pas quelque chose pour mettre à la place (un autre endroit, par exemple, où je connaîtrais une bonne centaine de personnes et où je me sentirais parfaitement à mon aise), je garde ce lien : même s'il n'est pas très sain, ça ne servirait à rien qu'à me rendre plus malheureux de le couper ou d'abandonner les amis que j'y ai. Également délicat est le problème de ce que doivent être mes rapports avec les conscrits 2004 vu que je suis passé dans l'équipe enseignante : d'un côté je me dis que tout l'intérêt de l'ENS est justement entre autres de mélanger les promotions et de ne pas former de barrière nette entre étudiants et enseignants (j'avais apprécié ça quand j'y étais moi-même), et puis après tout je me retrouve aussi à faire la prépa agreg pour certains des promos 2000 à 2003 que je connais de toute façon depuis un moment ; de l'autre côté, j'ai peur que certains petits jeunes n'aient pas la franchise de me dire, s'ils me trouvent lourd à traîner avec eux, d'arrêter de m'accrocher (j'essaie d'être réceptif aux signes dans ce sens, parce que je trouve moi-même pénibles les gens collants, mais ce n'est pas toujours évident). Au moins, le fait que ce Méga se soit très bien passé me donne bon espoir pour le reste de l'année. Et puis, il y a toujours le risque, surtout avec la réputation que j'ai, qu'on me reproche de draguer mes étudiants (en réalité, je n'ai jamais su draguer qui que ce soit, et j'ai trop perdu l'espoir pour même essayer).

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(dimanche)

Retour du Méga

C'était super, mais je suis crevé (et probablement malade : merci à Fabrice de m'avoir fait partager son rhume ☺️). Je vous raconterai tout ça plus tard.

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(jeudi)

Méga

Je disparais demain pour trois jours, histoire d'aller faire un tour à Montigny-en-Morvan (département de la Nièvre, 357 habitants au recensement de 1999) où se déroule le week-end d'intégration de l'ENS (comme moi aussi je rentre à l'ENS cette année, je me suis dit que je pourrais bien y aller).

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(mardi)

Être moi, dur métier

Alors voilà, je me casse à me créer un joli site Web professionel achement bien foutu et tout et tout, et le perfide Google décide de le classer 62e sur une recherche de mon nom, derrière des pages complètement obscures dont on se demande ce qu'elles foutent aussi haut (remarquez, 62e sur 4280, si j'en crois ce qui est annoncé, ce n'est pas mal du tout : on se demande d'ailleurs ce que peut bien être la 4280e page, mais Google refuse de le dire).

C'est vachement dangereux, le pouvoir de Google (témoin l'utilisation qui a été faite du Googlebombing à des fins politiques). Imaginez par exemple des charmants conscrits blonds (conscrits comme dans élèves de première année à l'ENS, et blonds comme dans petites têtes blondes) qui cherchent à utiliser le Grand Oracle Omniscient Gardien des Lettres Enchantées pour en savoir plus sur les enseignants de l'illustre établissement qu'ils ont préféré à la morne plaine de Palaiseau, ils cherchent quelques noms, et, hop, ils tombent sur des images que leurs yeux chastes ne sauraient voir. Hum. Ou imaginez qu'en cherchant conscrit blond on tombe sur un site à moi : ma réputation est foutue, on va m'imaginer affreux pervers chasseur de proies sans méfiance, tout ça tout ça, alors que, comme chacun le sait, je suis pur et innocent tel l'agneau qui vient de naître.

Pour remédier à ce problème, M a proposé de créer une petite étiquette à coller sur une page Web, comme on en voit tant sur le site de n'importe quel übergeek, pour dire, à côté de mon cheutemeuleu il est conforme aux standards du weuweuweu, vous pouvez le brouter comme vous voulez, vous n'aurez pas ma liberté de penser et sauvez un arbre, mangez un castor : je soutiens la réputation de David Madore. Et les gens se la disputeront, cette petite image, parce que ce sera une pièce rare à rajouter à votre collection de rubans (rouges, bleus, verts, arc-en-ciel et autres codes de couleurs compliqués).

Bon, et puis tant qu'à faire, je propose de me déclarer espèce en voie de disparition : c'est vrai, quoi, les David Alexander Madore, il n'y en a pas tant que ça, sur Terre, et comme en plus certains ne se reproduisent pas, c'est vachement menacé. L'avantage, c'est que vous prenez n'importe quelle sale bestiole, vous la déclarez en voie de disparition, et immédiatement elle devient immensément sympathique : l'ours blanc, par exemple, c'est une vraie teigne que l'ours blanc (non, la teigne n'est pas en voie de disparition, je crois, mais ça finira par venir, peut-être), ou encore le loup — il y a quelques siècles, on aurait eu du mal à trouver des gens pour s'apitoyer sur le sort des loups (ils mangent des moutons, ce sont bien des sales bêtes). Pardon, je digresse. Donc, on pourrait alerter la WWF, fonder des comités de parrainage (pour la modeste somme d'un bi-Opteron avec 8GHz de mémoire, parrainez un David Alexander Madore et offrez-lui un environnement confortable dans lequel évoluer), ce genre de choses. Fort heureusement, des amis[#] bien intentionnés, soucieux de mon image de marque et tout et tout, se sont lancés dans une vaste campagne de sensibilisation sur la condition du David Madore, en préparant la publication dans un prochain BOcal d'un grand jeu-test quel vieux con êtes-vous où je figure, en fort charmante compagnie, comme archétype (de la vieillesse et de la connerie, donc, nous disions).

Il me resterait plein de ressources, là : par exemple, me pendre, boire de la ciguë ou sauter par la fenêtre. Malheureusement, je suis une espèce protégée, donc je n'ai pas le droit. Enfin, si, sauter par la fenêtre, comme j'habite au rez-de-chaussée, j'ai le droit, mais ça ne marche pas bien. Ou sinon, m'engager dans la légion (et arrêtez de ricaner bêtement !).

Eh ben moi je dis pouêt.

[#] Comme tous les animaux en voie de disparition, j'ai énormément d'amis. J'ai aussi peu d'ennemis. Ça tombe bien, avec des amis comme ça, je n'ai pas besoin d'ennemis.

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(samedi)

Psychiatrie, psychanalyse, psychothérapie, psychologie ?

En admettant le principe que, pour espérer combattre ma dépression, je dois aller voir un psy* (je ne sais pas si c'est bien parti, parce que l'idée m'ennuie — au sens classique — plus qu'autre chose, mais bon), il me reste encore à trouver la bonne valeur de « * ». Mon ami Davide — qui fait son internat de médecine à Pavie en psychiatrie — m'a conseillé (quand je lui ai décrit mes symptômes) de m'adresser au service de psychiatrie de la Pitié-Salpêtrière. D'un côté j'ai tendance à avoir généralement confiance aux médecins (en tout cas plus qu'à des gens qui ne le seraient pas) ; de l'autre, j'ai un peu peur que la solution proposée par les psychiatres soit essentiellement à base d'antidépresseurs, ce que je veux absolument éviter. Par ailleurs, rien qu'à entrer dans un hôpital, je me sens très mal. Pour ce qui est de la psychanalyse, j'ai déjà expliqué ce que j'en pensais, et de façon générale, je me méfie des qualifications qui ne sont pas attribuées d'une façon sanctionnée par une institution que je juge assez sérieuse (comme l'Université ou la Faculté de médecine). Pas évident de savoir par où commencer.

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(vendredi)

Semaine de rentrée

Si je n'écris pas beaucoup ici ces jours-ci, ce n'est pas qu'il ne se passe pas grand-chose, au contraire : mais il est bien connu que quand on a des choses à raconter de sa vie, le temps passé à vivre ces choses fait qu'on n'a pas de temps pour les raconter (autre variante de la fameuse loi de McCain). Après la pénible période d'estivation, les activités reprennent, la vie sociale peut de nouveau exister parce que les gens reviennent, et ça me fait vraiment plaisir de revoir certains. Et en parallèle, c'est la rentrée des nouveaux (à l'ENS pour l'instant, mais j'ai d'autres cercles de fréquentations dans lesquels j'espère voir des nouveaux) que je prends également plaisir à rencontrer. Il y avait d'ailleurs tout à l'heure une soirée fort sympathique pour mélanger un peu tout ça.

Curieux à quel point je suis devenu une créature sociale (au moins pour ce qui est de mon besoin de compagnie, pas tellement pour ce qui est de la réussite effective) : il n'y a pas si longtemps (mettons, il y a quatre ans, par exemple) j'avais surtout besoin de solitude, et je n'allais dans une soirée qu'à reculons. Je ne sais pas au juste ce qui a fait que j'ai changé.

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(lundi)

Rentrée

Enfin la rentrée est là. Aujourd'hui j'ai pris possession de mon nouveau bureau à l'ENS : par rapport à ce que j'avais à Orsay (où je n'allais jamais), c'est un net progrès, ne serait-ce que parce que j'y suis seul (au moins pour l'instant) et que j'y ai un ordinateur. Jolie vue, aussi, sur le panthéon et, malheureusement, sur les travaux côté rue Rataud. Demain et après-demain les normaliens nouveaux débarquent. En attendant, je retrouve plein de gens connus et que ça me fait plaisir de revoir. (Bon, à côté de ça, mon moral n'est pas comme je le voudrais, et je recommence à déprimer sérieusement dès que je suis tout seul. Mais j'avais dit que j'éviterais d'en parler — de toute façon, il n'y a pas grand-chose à dire.) Ah, et, par ailleurs, j'ai fait quelques progrès vers la rédaction de ma thèse, ces derniers jours.

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(samedi)

MSN messenger

J'ai craqué : je me suis créé un passeport .NET pour utiliser MSN (enfin, Gaim, bien sûr, puisque je n'ai pas de quoi utiliser le vrai MSN messenger). C'est davidamadore[arobase]hotmail[point]com (mais seul l'avenir dira si je prends effectivement l'habitude de le lancer ou non).

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(mercredi)

Carte orange

Une grande victoire : après je ne sais combien d'années, j'ai enfin réussi à obtenir une carte orange et à acheter un coupon mensuel. Vous allez dire, qu'est-ce qu'il y a de difficile à aller à n'importe quel guichet RATP et demander une carte orange et un coupon mensuel (deux zones) ? Eh bien chaque mois, je prenais la résolution de le faire dès le mois suivant, et le 5 ou le 6 du mois je me rendais compte que j'avais oublié et je reportais au mois suivant… et ce, pendant des années.

À bientôt pour de nouvelles aventures de Gro-Tsen en environnement urbain.

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(mardi)

Bilan de cinq jours sans Internet

Il est indubitable que le mail (et d'autres moyens de communication électronique, je pense notamment au forum des élèves de l'ENS) est une forme de servitude. Je m'oblige à traiter de l'ordre d'une cinquantaine de mails quotidiens (spams non compris, évidemment) : cela constitue un travail de secrétariat non négligeable, et parfois je traîne vraiment les pieds à le faire. Ne pas relever mon courrier (électronique ou, d'ailleurs, postal) pendant quelques jours est donc bien reposant, et le retour à la connexion est un peu dur (il faut plusieurs heures pour vidanger la file la plus urgente). Parfois je me dis que je comprends Donald Knuth, l'auteur de TeX, qui a arrêté d'utiliser l'e-mail (même si ses raisons ne sont pas tout à fait les mêmes). D'un autre côté, le mail est un moyen de communication bigrement pratique pour rester en contact avec des gens à qui je tiens : et j'aurais tort de projeter sur le contenant l'agacement que je ressens devant certaines corvées apportées par le contenu alors même que certains courriers m'ont fait énormément plaisir à recevoir ; d'autant plus que je dénonce parfois cette erreur (ou ce que je considère comme une erreur) s'agissant du téléphone mobile[#].

Quoi qu'il en soit, une circonstance pas tout à fait élucidée[#2] a fait que la connexion n'était pas disponible là où j'étais pendant mes quelques jours passés près de Lyon : je serais le dernier à m'en plaindre, ça m'a fait de vraies vacances, et j'ai vraiment pu souffler un grand coup. Plus longtemps, l'isolement loin de l'Internet serait sans doute devenu agaçant, mais là, c'était parfait. Et surtout : j'avais sur place largement assez de gens avec qui interagir pour me sentir tout à fait à l'aise, pas besoin d'en chercher électroniquement.

[Photo de David Madore riant]Là, normalement, je devrais glisser une transition vraiment subtile pour m'amener à parler de la photo ci-contre (à droite), mais je ne trouve pas comment. Elle a été prise il y a environ deux mois (le 2004-07-04 précisément), lors du précédent séjour dans la famille de mon frangin. D'accord, il y a déjà quantité de photos de moi sur ce site, mais je prends toujours (plus ou moins mal, c'est une autre question) la pose : en voici donc une où je suis « naturel », surpris en train de rire. Enfin, je suppose : je ne me suis jamais vu rigoler moi-même (j'ai envie de dire : « heureusement »…), donc je ne peux que faire confiance à l'appareil ; ceci étant, en figeant ainsi un unique instant d'un mouvement (quoi de plus dynamique que le rire ?), je ne sais pas si l'image est plus vraie ou plus fausse que celles où on construit une figure statique. Je laisse la décision à l'œil du proverbial spectateur.

[#] J'ai moi-même refusé pendant longtemps d'avoir un mobile, considérant qu'il rendrait plus service aux autres qu'à moi, en me forçant à être toujours disponible. Mais j'ai fini par me dire que je pouvais toujours choisir de ne pas décrocher ou de ne pas l'allumer, et je m'en porte très bien. Le téléphone fixe, à la limite, m'ennuie plus, mais j'ai acquis une compétence certaine dans l'art de ne pas répondre au téléphone parce que je suis au lit ou parce que ça m'ennuie : ce n'est vraiment plus une corvée. (Pour une question de vie ou de mort, on peut toujours m'appeler obstinément plusieurs fois de suite, je finis par décrocher.)

[#2] Concours de circonstances remarquable : le même jour, un orage très violent, une manœuvre de dégroupage sur la ligne téléphonique, et la date mentionnée sur une mise en demeure suite à défaut de paiement (un règlement s'étant sans doute perdu), seraient tous les trois susceptibles d'expliquer la perte de la ligne. Impossible de tirer l'affaire au clair.

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(mercredi)

Fin du mois d'août

Je repars demain soir de Paris pour passer de nouveau quelques jours à Lyon. J'espère que ça me permettra d'éliminer une certaine quantité de stress accumulée pendant cet été (en clair : il me faut des vacances pour me remettre de mes vacances — vous saisissez ?). Peut-être aussi dire un petit coucou à mon ami Yann, qui s'installe à Lyon il a trouvé un poste au CNRS.

Je pars de Paris Gare de Lyon 2004-08-26T20:00+0200 et j'arrive à Lyon Perrache 2004-08-26T22:14+0200 ; et comme j'ai pris mon billet à la dernière minute, je voyage en première classe (mais en contrepartie je n'ai pas le droit de rater mon train — ça va, à 8h du soir je devrais être levé). Pour le retour, ce sera probablement le 31, sauf si je change mon billet d'ici là (celui-là, j'ai le droit ; en revanche, il me coûte près du double du prix de l'aller).

Et puis après, enfin la rentrée, tout ça tout ça…

PS : Il est possible que je n'aie pas du tout accès à mon mail pendant ces quelques jours. Tant pis pour ceux qui voudront m'écrire. ☺️

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(mardi)

Bilan de cinq années sans Usenet

Il y a cinq ans et quelques jours je postai un message sur Usenet qui conduisit à une petite engueulade suite à laquelle je me laissai mettre à la porte — pour cinq ans — d'Usenet (francophone au moins, parce que pour le reste je ne me suis pas privé de poster, en fait) : façon de partir drapé dans ma dignité, dirent certains, crise de paranoïa, peu importe, cet épisode peut maintenant être enterré et oublié car ces cinq ans sont passés. De toute manière, je n'ai pas l'intention de « revenir » : je n'ai eu que l'occasion de constater à quel point sur les newsgroups de la hiérarchie fr règne une ambiance bien puante (la partie la plus infecte étant la manière dont les « habitués », ou « dinosaures » / « cabalistes » / autres noms privatejokesques, bref, les petits rois des lieux, regardent les « neuneux » de haut avec gouaille en plaisantant entre eux de leur supériorité de classe et en se délectant de leur humour de potaches), ça me suffit. (Ou peut-être, diront certains, que je n'ai toujours pas digéré, même après cinq ans ? Laissons-les penser ça, ça leur fera plaisir.)

J'avoue par ailleurs que, même après tout ce temps, l'adoption d'Unicode peine encore un peu (et par ailleurs je me suis planté en écrivant le type MIME du message par où le scandale est venu, j'aurais dû mettre UTF-8 tout court et pas UNICODE-2-0-UTF-8, enfin bon). Je me demande si on se ferait encore autant engueuler en postant en UTF-8.

Mais bon, revenons à moi-même (le centre de mes préoccupations, tout ça tout ça). Qu'est-ce qui a changé depuis cinq ans ? En vrac et dans le désordre…

  • J'ai ouvert un blog. Ça vous surprend, hein ?
  • J'habite Paris. De façon permanente, je veux dire : j'ai à peu près arrêté de squatter chez mes parents tout le temps.
  • Les licornes ont arrêté de bouffer ma moquette grâce à l'Unicorn-B-Gone® que j'ai pulvérisé dans les coins.
  • J'ai changé de directeur de thèse (après un divorce par consentement mutuel avec le premier).
  • Je déprime (les jours pairs) parce que je deviens vieux (ben oui, n'ayant pas fait de voyage relativiste, j'ai cinq ans de plus qu'il y a cinq ans).
  • Je me suis fait quelques nouveaux amis. Et je me suis aussi éloigné de certains vieux amis (pas toujours volontairement).
  • J'ai reçu quelques coups de râteau supplémentaires. Et j'ai dû en envoyer, aussi, ce qui n'est guère plus plaisant.
  • J'ai assumé mon côté exhibitionniste.
  • Je ne suis plus élève de l'ENS. Euh, en fait, ça n'a pas changé grand-chose…
  • J'ai donné des TD pendant quatre ans à des étudiants de DEUG MIAS.
  • J'ai une « vraie » publication à mon nom parue dans un journal de maths.
  • J'ai une connexion Internet par ADSL (au lieu d'ISDN), une adresse IP fixe (et même une IPv6), tout ça tout ça.
  • Je connais mieux le métro de Paris.
  • J'ai perdu un petit animal que j'aimais bien.
  • Je me suis mis à aimer les moutons. Pardon, rectification, j'ai toujours aimé les moutons.
  • J'ai maintenant un petit frère (qui, pourtant, a plus de cinq ans !).
  • Et plein de choses que j'oublie, certainement…

Et du côté de ce qui n'a pas changé :

  • Je m'appelle toujours David Alexander Madore, né le 3 août 1976 à Paris (13e arrondissement). Et il faut que j'assume l'héritage encombrant des précédentes versions de ce personnage (comme celle qui s'est fait bannir d'Usenet).
  • J'aime toujours Unicode. Et je n'aime pas Usenet fr.
  • Je suis toujours désespérément célibataire.
  • Je perds décidément trop de temps devant des ordinateurs.
  • Je traîne toujours à peu près autant à l'ENS (et ça a l'air bien parti pour continuer).
  • Je ne suis pas encore docteur. Mais ça a l'air un peu mieux parti pour le devenir un jour qu'il y a cinq ans.
  • Je déprime (les jours impairs) parce que je ne m'aime pas.
  • Et bien plus de choses que je ne pourrais en énumérer…

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(mardi)

Rêves d'ascenseurs

Je fais souvent des rêves qui se passent dans des tours immenses, avec un nombre faramineux d'étages, et où se déroulent des courses-poursuites dans les ascenseurs (ou parfois aussi dans les cages d'escaliers). En général, ce ne sont pas des cauchemars, d'ailleurs (même quand je suis poursuivi, le rêve n'est pas vraiment effrayant, c'est même plutôt rigolo et ça ressemble un peu à une partie de cache-cache dans un labyrinthe en trois dimensions). Cette nuit, j'essayais de me réfugier dans un étage que mes poursuivants n'auraient pas deviné à l'avance, et c'était technique, parce qu'ils faisaient preuve de beaucoup de psychologie. Curieux.

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(lundi)

La facilité à entretenir la conversation

Mon ami italien Davide (que j'ai déjà évoqué plus d'une fois ici) vient de passer quelques jours (en vacances) à Paris. L'occasion pour lui et moi de faire plein de choses ensemble (flâner dans les rues, voir Montmartre la nuit, visiter le parc André Citroën, dîner au Loup Blanc, aller voir Tout le plaisir est pour moi au cinéma, etc.), mais surtout, de discuter de tout et de rien.

C'est une chose qui me fascine, la manière dont, selon les personnes avec qui j'essaie de parler, soit la conversation « prend », soit elle ne « prend » pas et chacun s'enferme dans le mutisme le plus désespérant. Avec Davide je n'ai vraiment aucun problème à converser pendant des heures sans grands silences gênants, sans avoir l'impression de meubler par des phrases de contenu vide, et sans que ça tourne au monologue ennuyeux de l'un ou l'autre participant. Ce n'est même pas tellement une question de centres d'intérêt communs : il est vrai qu'avec un geek unixien, par exemple, je pourrai toujours papoter à l'infini sur ma façon de faire ceci ou cela. Mais là, mon Milanais, il n'apprécie ni les maths ni l'informatique et nous n'en avons donc pas parlé du tout (pas plus, évidemment, que je ne partage avec lui certaines des private jokes que j'ai avec mes collègues normaliens ou ex-normaliens) : ça n'empêche rien, au contraire (j'aime bien pouvoir parler d'autre chose de temps en temps !). Nous n'avons pas des masses de points communs (à part être gays tous les deux, ce qui est quand même maigre). Et on a aussi évité le mode « je raconte ma vie sur les <n> derniers semaines / mois / années, pour occuper le temps ». Non, plutôt, nous avons discouru sur quantité de petites choses du quotidien qui nous entoure, de Paris, de culture, de société, que sais-je encore.

Mais alors pourquoi cela ne marche-t-il pas avec tout le monde ? Je ne sais pas. Soit il y a des gens qui sont intrinsèquement taciturnes et rêtifs à la conversation, soit c'est juste une question d'incompatibilité d'« humeur bavardante ». Mais c'est un certain mystère.

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(mercredi)

Vivement la rentrée

J'ai un peu l'impression d'être coincé dans une bulle hors du temps, le genre de choses dont on parlerait dans un mauvais téléfilm de science-fiction (en raison d'une faille spatio-temporelle, vous êtes passés dans une dimension[#] parallèle : le seul moyen de rejoindre le temps réel est de vous trouver exactement à l'endroit où la foudre frappera le plutonium avant que les Langoliers vous dévorent). L'attente m'est insupportable. Comme si le mois de septembre devait (re?)mettre en jeu tout une machine soigneusement huilée d'événements qui se sont surnaturellement figés et qu'en attendant je dois me contenter de contempler en me demandant comment ils vont évoluer (le piano, là, il va me tomber dessus, ou juste à côté ?). Oh, ce n'est pas comme si je n'avais pas des millions de choses que je pourrais faire d'ici là, mais il y en a pour lesquelles je n'y arriverais vraiment pas avant que les choses aient bougé — et pour cela, je dois attendre la rentrée (pour le meilleur ou pour le pire).

Mais en septembre, ce sera bien (tout ne sera peut-être pas parfait, mais on y honorera certainement les jardiniers — mauvaise référence, pardon) : un certain nombre de gens dans mon entourage proche vont pouvoir faire un certain nombre de choses pour un autre nombre de gens, et puis il va y avoir plein de nouvelles têtes à rencontrer, et tout et tout. Vivement ce moment !

Tiens, je ne résiste pas à recopier ce que mon dictionnaire français-anglais indique sous le mot rentrée :

La rentrée (des classes) in September each year is not only the time when French children and teachers go back to school, it is also the time when political and social life begins again after the long summer break. The expression à la rentrée is thus not restricted to an educational context, but can refer in general to the renewed activity that takes place throughout the country in the autumn.

J'allais le dire…

[#] J'aimerais savoir, d'ailleurs, qui le premier a eu cette idée saugrenue d'une dimension comme quelque chose dans laquelle on va. Comme l'espace ordinaire a trois dimensions, j'aimerais savoir dans laquelle (entre les trois — comme si cela avait un sens de les identifier précisément !) cette personne croyait être… Sans parler de la notion de dimension parallèle, un magnifique oxymore.

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(lundi)

Le petit chat est mort

La charmante petite bestiole noire et blanche à quatre pattes qui égayait la maison de mes parents de ses miaulements réclamant notre attention et notre affection, nous a quittés aujourd'hui.

Nous avions adopté Hilbert en '96 (je m'en souviens bien parce que je préparais les oraux des concours), et il avait sans doute environ un an. Il avait été sauvé de la fourrière (parce que c'était lui qui miaulait le plus fort) par une association qui stérilise des chiens et chats errants avant de les remettre en liberté (pour tenter de contrôler leur nombre sans les tuer) : la responsable de l'association s'était vite rendu compte que ce chat était tellement affectueux et avide de tendresse humaine qu'il ne pouvait pas être lâché dans la nature, donc elle avait passé une petite annonce pour le donner, et ma mère avait décidé qu'un animal très affectueux (ce n'était pas de la publicité mensongère) était ce qu'elle voulait.

Cet amour pour les humains qu'avait Hilbert, d'ailleurs, lui était bien rendu : quasiment toutes les personnes qui l'ont vu sont tombés sous son charme, même des gens a priori peu sensibles à la séduction féline, et ont admiré son caractère si amical. Parfois il était un peu « pot de colle », et rarement il brillait par son intelligence ou par son agilité, mais sa douceur et sa gentillesse étaient des qualités vraiment appréciées. Dès qu'il se sentait un peu abandonné, il poussait des miaulements déchirants : pas moyen de le laisser seul ; au moins, il sera mort bien entouré (à la différence de notre précédente chatte, que nous avions retrouvée sur le carrelage de la cuisine en revenant de chez ma tante à Noël en 1995).

Enfin voilà : il me manquera.

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(vendredi)

Remerciements

J'avais promis de ne plus parler de ma déprime d'ici que j'aille mieux. Je peux donc dire : je vais mieux. Beaucoup mieux, même. Je sais à quel point mon humeur a tendance à être cyclique, donc rien ne promet que ce soit durable, mais j'ai quand même l'impression d'avoir compris certaines des causes qui me plongeaient dans cet état (pour différentes raisons, je ne veux pas en parler plus précisément au-delà de ce que j'ai déjà dit) et de savoir un peu agir dessus. Je continue à entretenir mentalement l'idée de consulter un psy (et pourtant, je viens de revoir Annie Hall ! qui, d'ailleurs, est fabuleux pour le moral), mais il me faudra certainement longtemps pour trouver quelqu'un qui ait une chance de me convenir (quoi ? trouver un psy serait aussi dur que trouver un petit copain ? je suis mal parti). Une autre chose qui m'aide à m'en sortir et que quelques circonstances fortuites me donnent une chance, dans une certaine mesure, d'aider (peut-être pas dans des aspects très importants, mais c'est tout de même quelque chose) une personne ou deux (là non plus je ne veux pas en dire plus, mais j'avais déjà constaté qu'aider quelqu'un peut être une excellente façon de s'aider soi-même).

Enfin, en tout cas, je voudrais remercier les personnes qui m'ont apporté un soutien (ne serait-ce que par un petit mot gentil) au moment où j'en avais besoin, et entre autres (dans un ordre absolument quelconque) : Pierre, Antoine, Laurent, Adrien, Izys, Ska, Erwan, Benny, Fabrice, Jean-Louis, Lionel, Dimitri, mon petit frère Mouton, la maman de celui-ci (qui est donc un peu ma maman aussi), ma maman à moi (celle qui me supporte vaillamment depuis très bientôt 28 ans), et un certain nombre d'anonymes (ou pseudonymes) commentateurs de ce blog, plus ceux que j'oublie. Quelqu'un me demandait récemment, justement, la chose dont j'étais le plus fier dans cette vie, et je crois que j'ai eu raison de répondre : mes amis.

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(mercredi)

Quelques mécanismes de la déprime

Premier cercle vicieux : plus on déprime, plus on fatigue les gens autour de soi (à force de répéter qu'on va mal, qu'on va mal, qu'on va mal). Même si ce n'est pas vrai, on s'en persuade soi-même. D'ailleurs, on a tendance à envoyer promener les gens qui essaient vraiment d'aider. Du coup, on se retrouve d'autant plus seul. Et plus on se sent seul, plus on déprime.

Deuxième cercle vicieux : plus on est susceptible de déprimer à cause d'une mauvaise image de soi, plus cette image s'aggrave, et plus on déprime. Troisième cercle vicieux : plus on déprime, moins on est motivé pour agir (y compris pour faire des choses permettant de sortir, sinon de la dépression, au moins de l'ennui), et donc moins on a de chances de s'en sortir.

Bon, tout cela n'est pas très encourageant. J'ai fait une petite plongée introspective dans les profondeurs de ma personnalité, j'y ai trouvé des choses vraiment pas jolies à voir. Ceci dit, peut-être qu'il y a le début d'un fil qui va me conduire quelque part… À suivre, donc.

Et à part ça, je vais arrêter de parler du fait que je vais mal, jusqu'à ce que quelque chose ait changé, parce que ça n'a plus aucun intérêt.

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(mercredi)

Ce à quoi vous avez échappé (mais pas moi)

Je reprends les choses rapidement là où je les avais laissées.

Ça a commencé par un râteau, qui, vous l'aurez remarqué, est le deuxième en peu de temps ; ce qui n'empêche qu'il n'a en fait pas grand-chose à voir avec le précédent. Je n'en dirai pas beaucoup, parce que la page est déjà tournée et que je ne suis d'ailleurs pas certain que l'autre personne concernée tienne à ce que j'en dise beaucoup : disons pour différencier du cas précédent qu'il est homo (ce qui m'a permis de réviser la deuxième partie de la leçon fondamentale) et que j'avais beaucoup moins eu le temps de m'attacher émotionnellement à lui de sorte que ce coup-là était moins dur (et il n'est pas question, là, de chercher à cultiver a posteriori une relation fraternelle ; savoir ce que seront nos rapports — ou s'ils seront tout court — reste encore à déterminer).

Ce qui est dur à porter, ce n'est pas la déconvenue elle-même, c'est le profond sentiment de vide et de désespoir qui fait place ensuite. Être amoureux, c'est une situation parfois dangereuse et anxiogène, mais ça a aussi du bon, parce que ça donne un sens au temps qui passe (pas un sens à la vie — rien de si général — mais au moins un but immédiat qui n'est pas trop futile) : et quand cela cesse, on se retrouve avec un énorme trou à la place du sentiment qu'on a effacé (d'où la tentation possible de maintenir le sentiment, même désespéré — mais ici je m'en suis bien gardé). Sentiment de désespoir, aussi, parce que cela s'ajoute à une interminable série d'échecs. Je voudrais bien garder de l'espoir, parce que l'espoir est une motivation, et même si cet espoir est vain il est nécessaire pour pouvoir vivre heureux (car nous nous nourrissons d'espoir vain — c'est pourquoi même si en fin de compte tout aura été futile nous arrivons tout de même à vivre de rêves immédiats, qui ne sont pas méprisables). Je voudrais bien pouvoir me dire que j'ai, moi aussi, droit de penser qu'un jour je rencontrerai l'amour (peut-être pas l'Amour avec un grand “A” éternel et impérissable, mais au moins quelque chose de réciproque et de pas complètement fantasmé), je voudrais bien ne pas me sentir victime d'une profonde injustice du destin (surtout que je n'y vois pas de raison objective) ; mais j'ai de plus en plus de mal à y croire, et ça c'est aussi un grand vide désespérant. (Et je ne suis pas facile à tromper : si à bientôt vingt-huit ans je n'ai toujours rien trouvé, ce n'est pas pour une raison passagère ou sans importance — c'est qu'il doit y avoir un problème basique et fondamental, et c'est de fort mauvais augure.)

En cet instant, je ne suis pas vraiment déprimé : je me sens surtout « sec », si j'ose dire. Maintenant, le côté positif, c'est que j'ai quand même appris (je crois) des choses, au cours des dernières semaines, sur les relations humaines en général : rien de bien profond ou révolutionnaire, mais des choses qui se sont un peu éclaircies dans ma tête et qui pourraient me servir plus tard ; j'essaierai d'en dire plus ultérieurement.

Reprenons. J'ai passé trois-quatre jours à Lyon avec mon petit frère d'adoption et avec sa famille (qui est donc, du coup, un peu la mienne aussi). Jours qui ont été exceptionnellement heureux et m'ont permis de combler un peu, ou en tout cas de reporter, le vide que je ressentais et dont je viens de parler. Il est toujours risqué de rester lié à quelqu'un dont on a été amoureux (pour ceux qui suivent en diagonale, le petit frère d'adoption, c'est le premier des deux râteaux), mais je crois que là c'est vraiment une réussite (pour nous deux), et c'est quelque chose dont je peux me réjouir. Maintenant, ça aussi ça a un coût, forcément : c'est que le petit frère part en stage à Toulouse jusqu'à fin août, et du coup mon vide affectif me revient à la figure, avec le manque de sa présence en plus (ou en moins, je ne sais pas comment on doit dire). L'idée de partir en Allemagne m'enchantant particulièrement peu, j'ai eu un nouveau gouffre devant moi (le pire étant juste après mon retour de Lyon).

Il n'y a pas énormément à raconter de mon voyage à Göttingen proprement dit (pour le côté touristique, voyez les photos que j'y ai prises). C'était une erreur de voyager en train couchette, parce que je n'ai pratiquement pas dormi (et même si je ne suis pas claustrophobe, le sentiment qu'on a à six dans un compartiment est étouffant — heureusement, au retour j'ai été miraculeusement placé en première classe et nous n'étions que quatre). Sur place, l'hôtel était très confortable et très agréable ; je n'aime pas trop être en chambre double, mais là c'était tout à fait supportable (ce qui était potentiellement embarrassant était que mon coturne — l'autre étudiant de mon directeur de thèse, en fait — était un garçon que j'eus trouvé vraiment très séduisant autrefois, et je ne crois pas qu'il eut énormément apprécié ce fait). Le contenu scientifique de la conférence était tout à fait intéressant (surtout s'agissant des « cours » donnés par Jean-Benoît Bost, Brendan Hassett et Richard Pink, qui exposent tous les trois remarquablement bien). Mon exposé à moi s'est bien déroulé, et a semblé convaincre l'auditoire. C'était amusant de se trouver dans une ville où Gauß, Hilbert et d'autres grands mathématiciens ont passé l'essentiel de leur carrière, et qui cultive activement leur souvenir. Göttingen est d'ailleurs une petite ville allemande typique bien propre et pleine de charme. Mais à part ça, on s'y ennuie ferme, parce qu'il n'y a vraiment rien à faire. Comme peu d'efforts étaient faits dans la conférence pour que les participants se rencontrent un peu et échangent (notamment, les déjeuners n'étaient même pas pris en groupe, alors que c'était le cas de toutes les conférences de maths auxquelles j'avais jusqu'à présent assisté), chacun partait dans son coin, et s'ennuyait séparément, si j'ose dire. (Ou bien on en était réduit à regarder les matchs de l'Euro 2004, c'est dire.) Et comme en plus je ne parle pas terriblement bien l'allemand (c'est d'ailleurs effrayant de constater le peu qu'il m'en reste alors que j'ai étudié cette langue pendant neuf ans) je n'étais pas spécialement aventureux. Bref, il y a eu des moments d'un ennui mortel, surtout le dernier jour (hier) pendant les longues heures, que j'ai comptées une à une, entre la fin de la conférence et mon retour à Paris.

Ceci étant, cet ennui profond n'était paradoxalement pas forcément trop mauvais pour mon état d'esprit : je me suis ennuyé, mais je n'ai pas déprimé. Sans doute parce que l'engourdissement intellectuel, si j'ose dire, s'accompagne d'une sorte d'anesthésie des sentiments, y compris de la tristesse. Certes, mon Mouton m'a manqué (mais Paris aussi me manquait), et heureusement que nous avons pu communiquer, mais cela m'a aussi aidé à récupérer, et je n'ai pas trop souffert — si ce n'est de l'ennui.

J'ai sans doute d'autres choses à dire, mais ça attendra. Il faut quand même que je note deux points dont je me suis aperçu : premièrement, que ne pas lire mon mail toutes les cinq secondes, ça me faisait du bien, et que ce serait donc sans doute utile de m'en passer un peu, du coup (surtout quand j'ai des gens avec qui parler en vrai). Et deuxièmement, qu'écrire dans ce blog me faisait aussi du bien, parce que ça m'a manqué pendant tout ce temps ; en revanche, je crois que je ne vais pas continuer à m'imposer de faire forcément et systématiquement une entrée par jour (même si je compte bien maintenir ce rythme approximatif).

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(dimanche)

Hauts et bas

Une petite entrée en passant pour rompre le silence momentané. Je viens de rentrer de Lyon.

La bonne nouvelle, c'est que j'y ai passé quatre jours vraiment merveilleux, loin de tout souci, et complètement heureux. C'était vraiment bien, et j'en avais beaucoup besoin. Un grand merci, donc, à tous ceux que j'ai vus pendant ces quatre jours.

La moins bonne, c'est que je subis à présent le contrecoup. Si je me suis maintenant remis du deuxième râteau (si j'ose dire) de ces derniers jours, je reste avec un sentiment de vide affectif complet, je ne sais plus de quel côté trouver le commencement de l'espoir d'avoir un jour une vie affective normale — je ne vois même plus à l'horizon quelqu'un dont je pourrais être amoureux (or, quelque part, j'ai un besoin d'être amoureux). Et mon petit frère d'adoption (pour ceux qui ont besoin d'un résumé des épisodes précédents : il s'agit du Mouton — chez qui j'étais à Lyon), qui sait aussi prendre le rôle de confident quand il le faut, je ne vais peut-être plus le revoir avant septembre, et ça, ça va me faire très bizarre après l'avoir vu (pour ne pas dire : avoir passé avec lui l'essentiel de mon temps) chaque jour depuis trois semaines. Bref, je suis envahi d'une profonde sensation de solitude et d'isolement. Que ne va pas aider mon séjour dans une ville peu animée (Göttingen) d'un pays dont je connais mal la langue, entouré de gens qui me sont étrangers.

Ô divinités qui présidez aux destins des humains, est-ce que je ne pourrais pas avoir un ou deux petits miracles supplémentaires en ma faveur ?

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(dimanche)

Un sentiment de déjà vu ?

Pas besoin d'écrire une entrée aujourd'hui, elle est déjà écrite : reprenez celle-ci — mot pour mot, sans en changer une virgule.

(Non, ce n'est malheureusement pas une plaisanterie. Pour plus de renseignements, relisez cette histoire.)

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(dimanche)

Moi content

Ce soir je vais me coucher avec l'impression d'avoir fait quelque chose d'utile, et de Bien.

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(samedi)

Tachycardie et hypocondrie

J'ai encore fait un crise de tachycardie ce matin : elle a duré nettement plus longtemps que les précédentes (au bout de dix minutes j'avais toujours un pouls dans les 140 ; forcément, ça m'a inquiété encore plus, donc mon cœur a battu encore plus vite), j'ai fini par appeler le SAMU, qui après interrogatoire (mené avec compétence et efficacité — déjà c'est rassurant en soi) m'a renvoyé sur SOS médecins.

Le médecin qui est passé m'a assuré que ce n'était pas dangereux tant que mon rythme cardiaque restait bien régulier. Elle m'a prescrit un anxiolytique. Quoi, je suis anxieux, moi ?

Peut-être qu'il faudrait créer SOS hypocondriaques, en fait, pour les gens comme moi, pour éviter d'encombrer inutilement le SAMU : d'après Google, ça n'existe pas encore (dommage !).

(Et hop, encore un mot à orthographe traîtresse : c'est hypocondriaque en français, mais hypochondriac, avec un ‘h’, en anglais.)

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(mardi) · Dernier Quartier

Comment piéger un David Madore

Une façon de piéger un David Madore, c'est de lui poser une question de maths qui a l'air parfaitement innocente et qu'il va avoir envie de résoudre rapidement et élégamment, et qui en fait s'avère être un piège redoutable. Je suis capable de passer un temps invraisemblable sur certains problèmes de ce genre : en fait, c'est quasi obsessionnel — je n'arrive plus à penser à autre chose tant que je n'ai pas résolu la question ou que je ne me suis pas convaincu (parfois avec une certaine mauvaise foi, heureusement, sinon je pourrais y rester bloqué indéfiniment) que le problème n'a pas autant d'intérêt que je le pensais.

Un exemple de tel problème qui m'a bien eu il y a quelque temps était celui-ci :

Considérons un polyèdre (convexe, pas forcément régulier). Sur chaque face du polyèdre il y a une fourmi, qui parcourt les arêtes de la face en question (au rythme qu'elle veut, mais de façon continue, bien sûr ; elle a le droit de s'arrêter, de ralentir ou d'accélérer, mais pas de revenir en arrière) toujours en tournant dans le sens trigonométrique (le sens contraire des aiguilles d'une montre). On suppose qu'entre deux instants donnés, chaque fourmi a accompli un nombre entier non nul de tours (autrement dit, chaque fourmi a fait au moins un tour, dans le sens trigonométrique, de la face dont elle parcourt les arêtes, et est revenue à son point de départ, qui est quelconque). Il faut montrer que, pendant ce laps de temps entre les instants considérés, deux fourmis (au moins) se sont croisées.

Cela a l'air parfaitement innocent, mais c'est absolument diabolique. Je me suis torturé pendant des heures sans rien trouver (pourtant, ce n'étaient pas les pistes qui manquaient). Un ami a fini par trouver une démonstration, mais elle est sophistiquée et peu intuitive, et utilise le théorème de l'indice[#] de Hopf. C'est décevant, parce que le problème est compréhensible par ma maman et je voudrais une solution qui le soit aussi. Et c'est décevant parce je n'ai pas trouvé, moi. ☹️ Notons au passage que l'hypothèse que le nombre de tour de chaque fourmi est entier est indispensable.

Mais récemment, on m'a posé un problème qui me semble encore pire : son énoncé n'est peut-être pas aussi élémentaire que celui des fourmis, mais il est extrêmement naturel et semble très joli :

Trouver la dimension maximale (si elle existe, ou même simplement un majorant de la dimension) d'un espace vectoriel de matrices réelles (je veux dire, un sous-espace vectoriel des matrices n×n réelles, pour n non précisé) dans lequel la seule matrice singulière (de déterminant nul) soit la matrice nulle.

Je sèche complètement. Je suis arrivé à la conclusion, et plusieurs autres ayant réfléchi au même problème y sont parvenus indépendamment, que la dimension 8 est possible (consulter n'importe quelle introduction aux octonions pour en savoir plus), mais quant à savoir si c'est ou non le mieux possible… Je ne trouve vraiment rien. Et j'y ai passé déjà un certain nombre d'heures.

C'est dur, les maths !

(Bon, là, on va voir si les lecteurs de mon blog sont des torscheurs. À chaque fois que je parle de quelque chose, il se trouve un commentateur qui connaît parfaitement le sujet pour intervenir avec une expertise impressionnante. Voyons donc si je vais me faire ridiculiser par une résolution en trois lignes de ces deux problèmes ! En vérité, ça me plairait bien.)

[#] Il est certain, au moins, qu'il faut employer quelque part une propriété topologique de la sphère, parce que le résultat n'est pas vrai si le polyèdre a la forme d'un tore, comme on le voit assez facilement. Donc l'hypothèse de genre zéro est cruciale. Ceci étant, il devrait y avoir des façons plus simples de caractériser ce fait que le théorème de l'indice de Hopf.

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(jeudi)

Encore de nouveaux jeux de tarot

Mon intérêt pour le jeu de tarot tourne à la collectionnite (j'en ai maintenant sept) ; mais après tout, j'ai une collection impressionnante d'exemplaires de la Bible alors que je suis athée, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir une collection de tarots divinatoires sans croire à la cartomancie (j'y accorde aussi peu de crédit qu'à l'astrologie, la chiromancie, l'informatique et toutes les autres sciences occultes). Quand bien je n'aurais pas trouvé quelque chose à faire avec, ces cartes sont déjà intéressantes simplement à regarder.

Bref, après notre promenade (et après un petit-déjeuner dans une cour de l'École), Mouton et moi sommes allés à la boutique Jeux Descartes de la rue des Écoles (tiens, il me semblait qu'ils avaient leur propre site Web, autrefois ? je ne retrouve plus ça…) pour augmenter notre liste de jeux. Mouton a choisi le Black Tarot de Luis Royo (je ne l'ai pas regardé de près, mais il est dans le style gothique, vaguement érotique, et il semblait beau), tandis que j'ai préféré le Tarot Art nouveau d'Antonella Castelli (après examen des cartes, c'était un bon choix : il est effectivement bien fait surtout si, comme moi, on aime l'Art nouveau ; et puis, quand on aime bien regarder de beaux garçons, les valets du jeu, ainsi que quelques autres arcanes, ne sont pas mal du tout).

Nous en avons profité pour laisser à la boutique deux-trois exemplaires des règles d'Arcanoïd, l'idée étant qu'il doit y avoir dans cette boutique tout un tas de clients réguliers qui connaissent bien le personnel, qui aiment essayer des jeux de cartes bizarres, et qui pourraient avoir envie d'essayer celui-là. Sait-on jamais. Peut-être en feront-ils du PQ, mais ça ne coûtait rien d'essayer.

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(vendredi)

Rien d'intéressant

Ma journée d'aujourd'hui n'était pas spécialement marquante, mais néanmoins riche en petits faits globalement plutôt agréables. J'ai eu peu après mon réveil un coup de téléphone d'un lecteur ce blog (que je ne dénoncerai pas, et je n'en dirai pas plus, mais il peut le faire s'il le veut). J'ai reçu d'Amazon le DVD de Sebastiane, sans doute le seul peplum homoérotique entièrement en latin (si, si) : je suis curieux de voir ce que ça donne. J'ai réussi la cuisson la plus parfaite des œufs à la coque que j'aie jamais réussi (et j'ai mangé un pamplemousse en entrée, qui était aussi particulièrement bon). Il n'y avait pas grand monde ce soir à >Dégel! (vacances de Pâques obligent), mais c'était néanmoins bien sympathique. J'ai perdu plein de temps à créer un donjon LambdaMOO de base — plus pour comprendre le fonctionnement du système que pour vraiment en tirer quelque chose — et c'était assez rigolo (même si je suis un peu déçu par le manque de flexibilité du langage et la lourdeur de l'architecture). Enfin, j'ai reçu quatre mails (tous de la même personne, hé, hé) qui m'ont fait vraiment plaisir.

Bon, mais là il est cinq heures (classique, avec David spécialement), alors je vais me coucher.

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(jeudi)

J'arrête !

Ceci est la dernière entrée dans ce blog. Ma rencontre récente avec P., et le coup de foudre réciproque que nous avons éprouvé, vont sans doute changer ma vie : enfin je sais ce que c'est qu'un amour partagé, et je compte le vivre pleinement — or pour cela, je tire un trait sur tout un tas de « geekeries » qui se mettent en travers du chemin dont, justement, ce blog. D'ailleurs, ce journal a été essentiellement le réceptacle de mes jérémiades sur mes problèmes de cœur, donc il est d'autant plus opportun d'y mettre un terme. Pour cette raison aussi, je ne parle pas plus de P., je tairai jusqu'à son nom : ce n'est pas un secret, mais ce n'est pas ici que j'en dirai plus. Plus généralement, j'ai sacrifié trop de ma vie sur l'autel du dieu Ordinateur, et il est temps de la reprendre pour moi — et pour P.

Je vais aussi arrêter les maths. Ma thèse est un échec complet, il n'y a rien dedans, et je n'ai jamais été doué pour en faire, de toute façon j'ai depuis longtemps perdu toute motivation, il faut que cela cesse. Je vais complètement changer de domaine ; en fait, je pense essayer de vivre comme écrivain — ça ne sera sans doute pas facile, mais dans le fond l'écriture est vraiment ma passion. Un jour, dans la vie, il faut faire le choix entre la carrière trop facilement dessinée et les vrais rêves qu'on a : suivre la voie évidente est plus rapide, plus facile, plus séduisant, mais plus tard les rêves reviendront nous dire, pourquoi m'as tu abandonné ? Je ne veux pas me retrouver dans cette situation.

Et enfin, j'en ai assez de Paris. Je pars en voyage — avec P. — pour découvrir d'autres horizons et faire de nouvelles expériences. Ça commencera par un voyage en Chine cet été, je veux visiter les monastères zen (et peut-être y rester, qui sait ?) et voir comment on élève le saumon dans le Sichuan.

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(lundi)

Tu Marcellus eris

C'est bien une des premières leçons que, comme sans doute beaucoup de pédés, j'ai dû apprendre dans la vie affective : quelque chose comme 95% de la population (masculine — enfin, féminine aussi, mais c'est la première qui m'intéresse en l'occurrence) est hétérosexuelle, et le fait qu'un garçon soit joli et charmant, de compagnie agréable et amical avec moi, ne signifie pas que j'aie la moindre chance[#]. Il n'y a pas de promesse des cieux, et personne n'a jamais dit que la vie devait être juste. Depuis le temps, je l'ai bien compris, je crois, et j'ai appris à vivre avec ; reste que c'est un peu agaçant de devoir subir des piqûres de rappel de temps en temps.

Allez ! C'est le printemps ! Vive la vie !

[#] Bon, je n'ai pas de chance avec les pédés non plus, mais ça ça a été la deuxième leçon, bien plus tard, et je n'ai toujours pas fini de l'apprendre, celle-là, donc n'en parlons pas.

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(lundi)

Qu'y a-t-il dans l'œil du spectateur ?

Le Ruxor est toujours à la recherche d'un look qui lui convienne, alors, en attendant d'avoir trouvé, j'expérimente. (Ce qui est un peu un prétexte, puisque justement, ce côté éclectique-caméléon me plaît bien, le fait de changer sans arrêt, de mélanger tout et n'importe quoi pour voir ce que ça donne.) Ce qui est amusant, c'est de regarder la manière dont les gens me regardent. Hier soir et ce soir j'ai fait la même promenade dans Paris. Mais hier j'étais habillé dans le genre aussi tapiole que possible (je ne suis pas sûr d'y arriver très bien, mais enfin, je fais ce que je peux, merci à quelques boutiques utiles). Alors que ce soir c'était un genre vaguement « craignos » (relativement proche de celui que je portais l'été dernier mais en plus hivernal et plus gothique, notamment grâce à un zouli tee-shirt représentant l'allégorie de la mort, à un pantalon avec des lanières qui dépassent de partout, et une paire de rangers bien employée ; attention, il ne faut pas confondre avec le look racaille, qui est très différent). Dans les deux cas, j'attire plus les regards que si je me promène en jean-baskets, mais pas de la même façon ; simplement, je ne suis pas sûr de pouvoir décrypter les regards en question, donc finalement l'expérience n'est pas si concluante que ça pour me décider sur le genre de piste que je veux suivre.

(Je mettrais bien des photos, mais je n'ai toujours pas trouvé de solution satisfaisante pour me photographier en pied, sans l'assistance d'un tiers.)

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(lundi)

Comment échapper au cercle vicieux ?

Récapitulons. En ce moment je me lève vers 15h (d'autres pourront témoigner : ce doit être un effet particulier de cet appartement et de l'obscurité totale qui peut régner dans ma chambre que de faire qu'on se lève naturellement en milieu d'après-midi). Je n'arrive jamais à être prêt à faire quoi que ce soit en moins de quatre heures après mon lever. Donc je suis vraiment « levé » vers 19h–20h. Or à ce moment-là il est trop tard pour faire quoi que ce soit : la journée civile, pourrait-on dire, est déjà finie. Mais je ne peux pas me coucher tout de suite, parce que, n'ayant rien fait du tout, je ne dormirais pas. J'arrive à me mettre au lit (et m'endormir) vers 3h du matin (ce qui me fait 10–12 heures de sommeil par nuit en ce moment). Comment échapper à ce cycle infernal ?

Me lever plus tôt ? Il suffit que je mette un réveil à côté de moi, peu importe l'heure sur laquelle il est réglé pour sonner, pour que mon sommeil soit tout perturbé. J'ai essayé pendant une semaine (pas la semaine dernière, mais celle d'avant) de le mettre chaque matin à 10h15, dans l'espoir de finir par m'y habituer : peine perdue, le samedi j'étais tout simplement transformé en zombie par la fatigue, et j'ai jeté l'éponge. Me coucher plus tôt ? Je ne dors tout simplement pas. Avancer progressivement l'heure du réveil ? Mais ce n'est pas l'heure du réveil qui pose un problème, c'est le fait même de mettre un réveil.

J'arrive parfois, au prix d'un effort immense et coûteux, à me remettre un peu dans un rythme normal. Mais il suffit que pour une fois, après une journée fatigante et se terminant tard, je succombe à la tentation de ne pas m'imposer de me lever « tôt », pour qu'aussitôt je retombe dans le cercle vicieux.

J'en ai marre ! Qu'est-ce que je donnerais pour pouvoir me lever un matin vers 8h sans être accablé par le manque de sommeil.

Bon, demain j'ai rendez-vous pour déjeuner avec un ancien camarade de classe (pas vu depuis dix-douze ans !), il faudra bien que je réussisse un exploit…

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(lundi)

Aïe ! Mon cœur !

J'ai eu de nouveau un moment d'anxiété vers 9h ce matin, et je me suis retrouvé avec le cœur qui battait à autour de 200 pulsations par minute ; sauf que cette fois-ci je n'ai pas vraiment paniqué, donc je pense que ce n'est pas juste un effet de feedback positif (genre : je m'inquiète donc mon cœur bat plus vite, donc je m'inquiète encore plus) mais qu'il y a vraiment quelque chose de physiologique là-dessous. Le médecin avait eu beau me dire, en substance, c'est dans votre tête, je suis persuadé que ce n'est pas normal de se réveiller sans raison (fût-ce une fois tous les neuf mois) et de trouver que son rythme cardiaque monte rapidement à 200 pendant une minute ou deux. Comme le rythme était rapide mais bien régulier (pas de signe de fibrillation), je ne m'inquiète pas trop, mais je vais voir si je peux faire des examens complémentaire (à commencer par l'échographie cardiaque qu'on m'avait prescrite et que j'avais eu la flemme de faire).

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(samedi)

Pas le temps ← pourquoi ?

J'essaie d'écrire au moins une entrée par jour dans ce blog : si je ne l'ai pas fait hier (sauf pour dire que je ne le faisais pas, justement : je sais que certains sont très énervés par le je n'ai rien à dire et je le dis, mais il y a des gens qui seraient susceptibles de me croire mort si je n'écris pas à temps dans mon blog 😉), c'est parce que j'ai hébergé quelqu'un chez moi hier soir (chose que je fais rarement, pour toutes sortes de raisons, mais là je n'allais pas laisser un adorable petit pixie aux cheveux rouges à rentrer dans le froid dans le XVIe depuis le XIIIe), et je n'allais pas dire, à 4h du matin, que je comptais attendre encore une petite heure avant de me coucher, histoire de composer une entrée convenable pour mon blog. C'est bon, je suis pardonné ?

Avec des amis (de 1h à 3h du matin, donc…) j'ai regardé le film 千と千尋の神隠し (Le Voyage de Chihiro en français, Spirited Away en anglais) : c'est moi qui en avais fourni le DVD, mais je ne l'avais encore jamais regardé. Ce dessin animé est vraiment somptueux. Souvent très déroutant, parce que les choses n'ont souvent aucune logique au sens où nous y sommes habitués (et notamment la notion de « gentil » et de « méchant » est toute relative…), mais absolument magnifique.

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(jeudi)

Soirée Superficial

Soirée Superficial au Banana café. Vestiaire très cher (2×2€ pour y laisser mon manteau et mon sac, c'est mesquin), consos hors de prix. Atmosphère relativement respirable (à ma grande surprise), volume sonore presque supportable. Gogo dancers sans intérêt. Dance floor beaucoup trop petit et trop peuplé. Musique sans grand intérêt. Faune sympathique (beaucoup de gens connus de moi), jeune et plutôt jolie. Je trouve qu'Olivier est décidément très mignon (vu le nombre d'« Olivier »s que je dois connaître, pas de risque qu'on devine duquel je parle). Un gosse Américain (un dénommé Thomas, 18 ans, de San Francisco) complètement bourré (manifestement venu se saouler en Europe puisqu'il n'en a pas le droit chez lui), qui n'arrêtait pas de dire qu'il adorait les Français mais ne parlait pas un mot de français (la langue), a commencé à rouler des pelles à Sylvain, à réclamer bruyamment qu'on lui offre une vodka, et à essayer d'enrôler tout le monde dans une partouze ; quand je suis sorti (je ne suis resté que deux heures), le gérant venait de le foutre à la porte (apparemment parce qu'il s'était mis à dancer sur les tables).

Je ne sais pas pourquoi, cette soirée m'a mis de bonne humeur.

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(jeudi)

À quoi ça sert, l'intelligence ?

Qu'est-ce que c'est ?

Je ne sais pas exactement ce que c'est que l'« intelligence », mais je crois savoir la reconnaître quand je parle avec quelqu'un : il y a des gens qui ont une façon de comprendre les choses (je ne parle pas de rapidité d'esprit, parce qu'on peut avoir une intelligence profonde mais très lente) qui fait que je les classe naturellement comme « intelligents ». Ce n'est pas pareil que le niveau d'études, la culture générale, la logique (ou encore moins le talent pour les mathématiques), la facilité d'expression, la vitesse de réflexion, la capacité d'analyse ou de synthèse, ni la clarté du discours — même si ce n'est pas sans lien avec certaines de ces choses.

Je ne suis pas sûr que les tests de QI mesurent bien ce que je considère comme l'intelligence (les meilleurs semblent surtout se focaliser sur la logique, la capacité de taxonomie, ou parfois la maîtrise du langage, qui ne sont au mieux que des aspects particuliers de l'intelligence et parfois vraiment sans rapport ; les pires tests sont tellement mauvais que quand ils proposent le choix entre six réponses pour compléter une suite je peux typiquement expliquer de façon parfaitement sensée pourquoi chacune de ces réponses est valable pour des raisons extrêmement simples) ; finalement, ce que j'ai trouvé de mieux pour caractériser l'intelligence abstraite, c'est encore les problèmes de Bongard (en tant que tels, ils ne peuvent pas servir de tests d'intelligence, mais je pense qu'on pourrait créer des tests basés sur le principe des problèmes de Bongard, par exemple en proposant six images à répartir entre la gauche et la droite).

Et alors ?

Je trouve bizarre la manière dont on semble considérer que c'est une qualité individuelle positive : pour ma part, je ne vois pas pourquoi il serait plus flatteur de dire à quelqu'un tu es très intelligent que tu es très fort ou même tu es très grand, tu as les cheveux très blonds, ton nom est très haut dans l'ordre alphabétique, etc. Rien n'empêche de prendre toutes ces choses comme des compliments, évidemment, ou même de les dire comme tels, mais il n'y a pas de raison à cela non plus. Dire tu es gentil et attentionné, en revanche (et pourtant ce n'est pas très souvent utilisé comme compliment !) est clairement une marque d'appréciation, puisque la gentillesse s'exerce vis-à-vis des autres, c'est une qualité exotrope (alors que l'intelligence, la force physique, la taille, la couleur des cheveux ou la position du nom dans l'ordre alphabétique sont intrinsèques). Si quelqu'un est intelligent, grand bien — ou grand mal — lui en fasse, mais ça ne concerne pas vraiment les autres. Expérimentalement, je ne trouve même pas que la conversation (ou à plus forte raison la compagnie) des gens intelligents soit plus appréciable que celle des autres (donc ce n'est même pas la qualité exotrope ta conversation est passionnante).

La valeur sociale de l'intelligence est d'ailleurs douteuse au mieux. Je ne connais pas beaucoup de situations ou de positions où elle s'avère utile. Léonard de Vinci était sans doute quelqu'un d'extrêmement doué sur ce terrain, mais le temps des Léonards est passé, et même dans le domaine de la recherche et de la découverte il est plus besoin de méthode et de travail que d'intelligence. Pourquoi donc certains ont-ils tendance à considérer l'intelligence comme plus « noble » (si j'ose dire) que la force physique ?

Et moi ?

Il y a des gens qui m'ont qualifié d'intelligent. Pour les raisons que je viens de dire, je ne prendrais pas ça spécialement comme un compliment même si j'y croyais ; mais de toute façon je pense que c'est surtout dû à une confusion de leur part entre de la maniaquerie intellectuelle (une certaine tendance à couper les cheveux en quatre et à abuser de la taxonomie) et l'intelligence véritable. Pour ce que ça vaut, parmi les personnes les plus intelligentes que je connais (au moins si je me fie à mon propre jugement) sont Péter Horvai, Marjorie Luzet (qui prouve au passage que ça n'a pas de rapport avec les maths) et Nat Makarevitch.

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(mercredi)

Découragement

Les commentaires sur la précédente entrée me désolent (ce ne sont pas les seules choses, évidemment : ils ne sont que des gouttes d'eau de plus dans la cascade — je ne dis pas dans le vase, parce que les gouttes d'eau ne s'accumulent pas, elles coulent). Il y a vraiment des moments où je me demande pourquoi je ne tire pas un trait définitif sur toute tentative d'avoir une vie sentimentale, affective, ou sexuelle : manifestement, quelque obscure divinité dont les desseins sont impénétrables a Écrit, du fond de l'abysse, que je n'y aurais pas droit, ce n'est pas la peine d'essayer de comprendre pourquoi, je n'ai qu'à m'y plier et à laisser tomber les tentatives ridicules (aussi pitoyables que de changer de coupe de cheveux) pour faire évoluer ma situation. Arrêter de me dire homosexuel : c'est aussi prétentieux que si je me disais athlète, apparemment je suis asexuel, et mon insatisfaction vient de ma comparaison avec le milieu gay en général ou mes amis homos (comparaison qui fait que ne pas avoir eu un seul copain stable en 27 ans d'existence est, quelque part, « anormal », alors que pour les hétéros ce n'est pas franchement extraordinaire). Mais qu'est-ce que je fous à fréquenter la communauté homo, bon sang ? Plutôt couper tout lien avec elle, avec laquelle je n'ai semble-t-il aucun rapport (et parler d'autre chose dans ce blog, ça intéressera sans doute plus les lecteurs). Il y a d'autres façons de trouver le bonheur (que ce soit les mathématiques, le soleil qui brille et les oiseaux dans les arbres, ou la musique, que sais-je encore), plein de gens y trouvent d'ailleurs leur compte et puisque je suis malgré tout d'un naturel heureux, je ne devrais pas le laisser gâcher ainsi. (Et d'aucuns ne manqueront pas d'observer que je suis, d'ailleurs, terriblement prétentieux de me plaindre alors que j'ai toutes les conditions nécessaires à la félicité, quand il y a des gens qui ont de vraies raisons de se plaindre.) Comme ça je pourrai même offrir mon témoignage à une secte chrétienne fondamentaliste (voyez, j'étais homosexuel et j'étais terriblement malheureux, et j'ai décidé d'arrêter de vivre dans le péché) — ahem.

Et pourtant non. On sait tous que ce qui se cachait au fond de la boîte de Pandore…

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(mercredi)

Nouvelle coupe de cheveux ⇒ nouvelle photo

[Photo de tête de David Madore]Pour une fois, je ne vais pas me plaindre que le résultat est complètement raté.

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(vendredi)

Où l'on reparle de mon (non-)look

J'ai fait aujourd'hui des courses avec un ami — pour acheter des fringues, je veux dire. Forcément on en est venu à parler de mon look. Il faut dire que nous avons une certaine divergence de goûts puisqu'il s'habille plutôt de façon BCBG (dandy serait exagéré mais il y a un peu de ça) et que j'ai positivement horreur du style bourge, et que réciproquement il n'aime pas du tout les sweats à capuche ou les choses de ce genre et que c'est exactement ce que je porte.

Il me fait observer ceci : que ce n'est vraiment pas la peine que j'essaie de me donner un look de racaille (note : ce n'est pas exactement ce que je cherche à faire, c'est un peu plus compliqué que ça, mais ce n'est pas la question, donc admettons-le pour les besoins de l'exposé), je ne peux pas y arriver, je n'ai pas le comportement d'un mec de banlieue et je ne l'aurai jamais ; tout ce que je peux réussir (me dit-il), c'est à me rendre ridicule ou à rendre les gens complètement confused (ce qui est peut-être plus grave, en fait). Ce n'est pas la peine (m'avertit-il encore) d'essayer de paraître ce que je ne suis pas, je ferais mieux de m'occuper d'avoir l'air de ce que je suis (pas forcément tout ce que je suis, il n'est pas nécessaire de faire resortir mon côté geek), et notamment, pédé. Parce qu'en l'état on ne m'identifie pas comme pédé en me regardant (ça c'est bien possible, oui), et il peut être tout à mon avantage qu'on le fasse. Je devrais donc (me conseille-t-il pragmatiquement) essayer de suivre un peu la mode homo.

Bon, normalement j'achète des vêtements dans lesquels je me sens à l'aise. C'est le premier critère, et on m'a souvent dit de m'y tenir. Malheureusement, c'est vaguement incompatible avec le conseil précédent. Mais bon, expérimentalement, les habits dans lesquels je me sens à l'aise n'ont pas trop l'air de plaire aux autres (enfin, je n'en sais rien, en fait : à part cet unique ami qui a le bon sens de me donner des conseils, il est impossible de tirer le moindre jugement de la part des autres gens que je côtoie, ils restent obstinément évasifs).

Admettons donc que j'essaie de suivre le conseil. Je m'adresse donc à toutes les personnes de bon goût qui lisent mon blog (oui, vous, c'est à vous que je parle) pour lancer ce défi :

Relookez le Ruxor !

Vous disposez d'un budget maximum de 1000€ (tout compris, notamment le passage nécessaire chez le coiffeur) avec lequel il faut faire au mieux, c'est-à-dire faire un miracle. Comment feriez-vous (aussi précisément que possible) ? Vous pouvez répondre par mail (david[plus]www[arobase]madore[point]org) ou par les commentaires de ce blog (vous savez, le petit lien en bas à droite de chaque entrée, si, si). Je précise qu'il n'y a rien à gagner (sinon la gloire quand on me demandera comment il se fait que je sois aussi sexy et que je répondrai que c'est grâce à Untel). Attention, ce n'est pas facile : le Ruxor a une furieuse tendance à avoir l'air violemment pas naturel quand on essaie de changer sa façon de s'habiller.

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(jeudi) · Premier Quartier

Associations d'idées

Je trouve amusante la manière dont les rêves partent de souvenirs existants (et parfois oubliés), en recombinent les mèmes et obtiennent ainsi de nouvelles idées. Ce qui est épatant, c'est qu'ils ne semblent jamais pouvoir rien créer de nouveau, seulement faire du neuf avec du vieux. (Mais peut-être est-ce le cas de tout processus créatif, les mèmes n'évoluant que par lentes mutations ?)

Quoi qu'il en soit, la nuit dernière j'ai rêvé à un jeu de société, ou, en fait, deux jeux mélangés, que j'avais quand j'étais petit. L'un d'eux (qui doit s'appeler Labyrinthe ou quelque chose de ce genre) était une idée assez bien trouvée : des pions évoluent sur un plateau formé de petites plaques carrées mobiles (en fait, une sur quatre était fixe) portant des éléments de couloirs et constituant dans l'ensemble un grand labyrinthe ; le but du jeu était de récupérer un certain nombre de trésors dans ce labyrinthe (indiqués par des cartes tirées dans le paquet), et avant chaque déplacement du pion il fallait faire évoluer le plateau en poussant une colonne ou une ligne, ce qui changeait largement la configuration du dédale. L'autre jeu était une chasse au vampire, aux règles assez compliquées, sur un plateau quadrillé représentant un pays féerique avec des noms un peu inquiétants (du genre monts du loup, arbre au pendu, torrent du diable, et ainsi de suite). En réalité, j'ai assez peu joué aux jeux en question de la manière qui avait été prévue, surtout que j'arrivais rarement à rassembler plus que deux personnes susceptibles de jouer (et quand j'avais plusieurs amis ensemble chez moi, nous trouvions d'autres jeux que des jeux de société). Les plateaux dans ce genre me servaient plutôt à inventer des jeux de rôles sortant complètement du cadre imaginé par les concepteurs du terrain, et les dessins et les noms figurant sur celui-ci alimentaient mon imagination dans la création d'un topos pour l'aventure. Plus tard, c'est vraiment cette opération démiurgique, la création d'un monde, la quintessence de l'imagination, qui m'a motivé dans l'écriture de romans (l'intérêt pour la construction de l'intrigue, puis pour la langue elle-même, ne sont venus que plus tard).

J'en reviens à mon rêve. Je présentais (à des personnes non identifiées) un jeu de société, justement, dont le plateau ressemblait beaucoup aux deux jeux dont j'ai parlé. En fait, il s'agissait d'un labyrinthe mobile autour de cinq lieux cardinaux, mais dans mon esprit la nature du jeu était essentiellement un jeu de rôle (ou au moins d'aventure). Ces lieux cardinaux étaient illustrés, et il faut imaginer un type de graphisme qui ressemble à celui du jeu Vampire dont j'ai parlé mais aussi aux tableaux de la série King's Quest (je pense notamment au IV et au V, auquel j'ai longuement joué quand j'étais au lycée, et peut-être aussi au tout premier, qui a été ma première vraie plongée dans le monde de l'informatique ludique). De plus, les lieux cardinaux en question portaient des noms. Je ne me rappelle malheureusement pas les cinq noms (les souvenirs des rêves s'estompent à une vitesse impressionnante, ce qui tient sans doute à leur nature de connexion temporaire entre des souvenirs « vrais »).

Le lieu central s'appelait tout bêtement chambre centrale. Je pense que c'est le mot chambre qui m'a fait faire l'association d'idées avec cette fameuse « phrase » (si on peut dire) de l'Aiguille creuse d'Arsène Lupin (je veux dire, de Maurice Leblanc, bien sûr) : en aval d'Étretat… la chambre des Demoiselles… sous le fort de Fréfossé… l'Aiguille creuse. Ce sont ces noms à la sonorité un peu solennelle et hautement rythmique que j'ai mélangés avec toutes sortes d'associations d'idées pour former les quatre ou cinq noms de mon rêve. L'un d'eux était, je m'en souviens nettement, l'aiguille noire (imaginez un château de sorcière de conte de fées, orné de quantités d'ogives noires), et c'est ce qui m'a permis rétrospectivement de me comprendre que j'avais fait l'association d'idées avec Arsène Lupin. Un autre lieu s'appelait le fort de Malachut (je ne suis pas sûr du mot fort), et il est amusant d'expliquer comment je suis arrivé à ce mot Malachut : des associations d'idées totalement invraisemblables, des connexions bizarres qui sont faites dans mon cerveau.

L'aiguille noire, donc. Il n'y a pas si longtemps je réfléchissais à différents noms de couleurs et de produits chimiques colorés ou colorants. Notamment le bleu de méthylène et le rouge Soudan (le rouge Soudan III — je ne sais pas pourquoi ce III — est le réactif des lipides, comme je l'avais appris en cours de biologie au collège). Il m'est alors venu à l'esprit, avec une netteté incomparable, l'alexandrin suivant :

Le bleu de méthylène et le vert du Bengale.

Je ne sais pas comment je l'ai fumé (je soupçonne en fait une série hallucinante de connexions à partir de l'alexandrin de De Nerval, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie), mais il n'est assurément pas classique, ne serait-ce que parce que le terme bleu de méthylène date de la fin du XIXe siècle et surtout parce que le vert du Bengale, si j'en crois Google, ça n'a pas l'air d'être un terme qui existe. Le vert qui existe, en revanche, c'est le vert de Malachite. Ça m'a rappelé un roman d'Agatha Christie (After the Funeral) que j'avais lu assez récemment où une petite table en malachite jouait un rôle important. J'ai posé la question dans le forum des élèves de l'ENS de savoir s'il fallait préférer la prononciation [malakit] ou [malaʃit], et apparemment la première est meilleure. Mais tout près de Malachite, dans mon réseau d'idées, il y a aussi Malachie, le nom d'un des moines dans Le Nom de la rose d'Umberto Eco. Umberto Eco qui, dans Le Pendule de Foucault cite la « phrase » de l'Aiguille creuse (lors du décodage du prétendu texte des templiers). Umberto Eco dont Gérard de Nerval est un des auteurs préférés (et qui en parle longuement dans Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs que j'ai lu il n'y a pas longtemps). Et Umberto Eco qui structure aussi tout son roman (je parle toujours du Pendule de Foucault) selon l'arbre des séfirots de la kabbale ; or un des séfirots s'appelle Malchut, et Malchut, comme je l'ai récemment signalé, ce n'est pas un cocktail. Mettez tout cela ensemble et vous avez une idée de l'état de la bouillie qui me sert de cerveau, et dont est sorti ce mot bizarre, Malachut (prononcez [malakut]).

Étonnante reconstitution, n'est-ce pas ?

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(mercredi)

Tu écoutes quoi, comme musique ?

Quand on rencontre quelqu'un dont on ne sait absolument rien et qu'on cherche à engager la conversation, il y a diverses répliques toutes faites de small talk qui peuvent s'utiliser. Une des plus populaires (à part les évidences comme tu t'appelles comment ? et tu fais quoi dans la vie ?) est sans doute tu écoutes quoi, comme musique ?

En vérité, ce n'est pas ça la question. La question est plutôt, à quelle tribu appartiens-tu ? : car outre l'apparence vestimentaire, l'affirmation du ralliement à tel ou tel style de musique est une des manières dont on se colle une étiquette pour dire je suis de la tribu foo. Il est certain qu'on imaginera des choses assez différentes sur celui qui répond selon qu'il déclare préférer, au hasard, Eminem, Mylène Farmer, Céline Dion, Marilyn Manson, les Beatles, Louis Armstrong, Marlene Dietrich, Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin ou Karlheinz Stockhausen (j'ai dû oublier quelques pôles importants, sans doute ; ce serait d'ailleurs amusant de faire un sondage grandeur nature pour demander qui les gens préfèrent entre ces différents artistes et faire des statistiques là-dessus). À tel point qu'on se demande dans quel point on n'en est pas arrivé à écouter une musique pour revendiquer son identité (tribale, disais-je). Autrefois on pouvait prétendre dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es ou dis-moi ce que tu lis et je te dirai qui tu es, maintenant c'est vraiment la musique qui marque les frontières de la démosphère.

Comme d'habitude, je n'ai pas d'étiquette tribale définie, pas plus en ce qui concerne la musique que j'écoute qu'en ce qui concerne mon style vestimentaire. Jusqu'à il y a quelques années, mes goûts musicaux étaient exclusivement dans le « classique » (nom donné par convention à cette période qui ne s'étend que de Monteverdi à Debussy ou quelque chose comme ça), et mes connaissances musicales s'arrêtaient à la mort de Verdi (date emblématique : Verdi est mort en janvier 1901, quelques jours après la formidable reine Victoria, en quelque sorte le symbole de la fin du XIXe siècle), et c'est tout juste si je ne considérais pas que la musique était née le jour où un certain Ludwig van B. avait posé la plume sur ce qui allait devenir la partition de sa symphonie Héroïque. Quoi qu'il en soit, je suis revenu de ces errements de jeunesse et j'ai appris à reconnaître aussi le génie de la Star Academy. 😁 Sérieusement, je veux dire que j'ai tâché d'abandonner le snobisme à la con dans lequel je m'étais enfermé. Mais ni avant ni après je n'avais de tribu musicale : ni avant, car j'avais beau écouter « du classique », je n'étais pas capable de disserter sur les auto-plagiats de Bach, de critiquer l'interprétation de Rameau par William Christie et les Arts florissants ou d'expliquer la mesure de l'influence de Honegger dans l'œuvre de Ligeti, ce qui fait évidemment partie des rituels d'admission dans la tribu (de toute façon, je n'ai pas l'oreille absolue, donc c'est perdu d'avance), et, pire encore, je ne trouve Wagner ni divinement génial ni nul à brûler (or il faut, semble-t-il, qu'une porte soit ouverte ou fermée) ; ni après, car je ne sais décidément pas quoi répondre à la question tu écoutes quoi, comme musique ? (comme c'est dur d'être épigone de Potamon d'Alexandrie !). Bon, j'avoue : à l'instant, j'écoutais le générique de l'Île aux enfants, et ça ne se fait pas d'admettre ce genre de perversions en bonne société.

Je pourrais essayer de prendre un ton docte et répondre, ben tu vois, j'écoute de tout, j'essaie de ne pas me cataloguer, j'aime pas les étiquettes. Ce serait simplement parfaitement faux : j'aime énormément les étiquettes, et je cherche à les collectionner, et s'il y a une tribu qui m'agace, c'est celle des gens qui refusent les étiquettes (parce qu'ils se croient « plus uniques » que les autres ?).

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(mardi)

Mettons un point sur le “i” de « relation »

Je ne suis pas à la recherche de l'âme sœur (enfin, frère), ou d'un mec avec qui partager ma vie.

Si je prends la peine de le dire, c'est que pour une raison qui m'échappe, beaucoup de gens qui me connaissent semblent en être convaincus.

Quand j'essaie de rencontrer des gens, c'est soit pour être amis, soit pour coucher ensemble (ou les deux à la fois, éventuellement : je ne vois aucune raison pour laquelle ça devrait être incompatible), ou en tout cas pour faire connaissance parce que c'est toujours intéressant de lier connaissance — et j'essaie de ne pas avoir trop d'a priori sur ce que je veux avoir comme relation. Mais en tout cas l'idée de chercher à avoir une relation stable monogame fidèle exclusive tout ça tout ça n'est pas ce qui me motive (je ne dis pas non plus que j'en exclus complètement la possibilité). Il est vrai que par le passé j'ai pu tenir un discours différent.

Je ne sais pas pourquoi, beaucoup de ceux qui me connaissent semblent pourtant persuadés que c'est ça que je veux : me trouver un copain. Peut-être est-ce une projection de ce qu'ils souhaitent eux-mêmes (l'idée que l'épanouissement affectif et sexuel ne peut être pleinement satisfaisant que dans le cadre d'un couple stable est un mème très répandu). Peut-être pensent-ils que je suis un garçon sérieux (mwahahahahaha), et qu'un garçon sérieux ne peut chercher qu'une relation sérieuse. Peut-être leur est-il absolument inimaginable qu'un homo ni trop vieux ni trop moche ne puisse trouver personne avec qui baiser — c'est vrai que je suis Très Fort. (Et peut-être que je ne trouve personne avec qui baiser parce que tout le monde s'imagine que ce n'est pas ça que je cherche ?)

Globalement, ma vie n'est pas quelque chose que je cherche à partager. D'ailleurs, je ne conçois pas bien comment ça peut se partager, une vie — c'est un peu étroit pour ça, si j'ose dire. Mais enfin. De toute manière, je pense que je suis assez invivable sur le long terme, et je suis certain que je suis trop jaloux de ma liberté pour laisser quelqu'un foutre son nez dans mes affaires. Ce n'est pas tellement le point. Par ailleurs, j'ai un assez grand nombre d'amis — ou en tout cas de connaissances — qui ont tous leurs qualités propres, toutes différentes et toutes précieuses, et je ne vois absolument pas comment une seule personne pourrait se substituer à la moitié du quart du commencement de tous ces rapports humains. Ceci étant, ça n'a pas beaucoup de sens de justifier pourquoi je cherche ceci ou cela : ce n'est pas exactement une envie raisonnée.

Je ne dis pas que je cracherais sur le mec idéal si je le trouvais, évidemment. Mais le mec idéal ne se trouve pas, il se construit : deux personnes peuvent s'apprivoiser l'une l'autre, se changer chacune sous l'influence de l'autre, et se rendre compte au bout d'un temps qu'elles sont devenues quelque chose de très fort l'une pour l'autre. Je ne renie absolument pas ça. Je trouve juste que se dire au départ d'une relation qu'on veut qu'elle devienne ceci ou cela, c'est un peu inutilement orgueilleux. Notamment — mais je me suis déjà exprimé à ce sujet — je trouve que la fidélité en couple est quelque chose qui doit venir naturellement et qu'on ne doit sans doute pas chercher à s'imposer.

Alors pourquoi diable, me demanderont certains, si je cherche juste à baiser (parce que pour les amis, je suis très satisfait de ceux que j'ai, même si bien sûr je m'estime toujours prêt à m'en faire de nouveaux), ne vais-je pas dans une des nombreuses boîtes à sexe que compte la capitale française ? Tout bêtement parce que ce n'est pas du sexe furtif et anonyme que je cherche. Une comparaison rendra peut-être ma position plus claire :

Ruxor en a assez de manger tout seul, mais il ne trouve décidément personne avec qui partager ses repas. Le problème n'est pas tant qu'il fait partie des 5% de la population préférant le salé (alors que 90% préfèrent le sucré, et peut-être 5% aiment autant les deux) : il a après tout un certain nombre d'amis qui ont des goûts sans doute compatibles avec les siens. Mais il est considéré comme terriblement malpoli de demander à quelqu'un de partager sa table, et la réponse sera forcément non si des manœuvres d'approche savantes n'ont pas été employées. Déjà, il y a tous ceux qui se sont trouvé quelqu'un avec qui manger en tête-à-tête, et il serait alors inacceptable pour eux de le faire avec quelqu'un d'autre (et parfois même mal vu de dîner seul). De faire un repas en groupe entre amis, il n'est évidemment pas question : l'idée même est presque choquante. Évidemment, on peut toujours aller au restaurant, et là, il y en a pour tous les goûts, et pour tous les styles. Certainement la nourriture peut y être meilleure que ce qu'on se prépare soi-même en vitesse. Seulement, est-on vraiment moins seul quand on mange au restaurant, à la même table qu'un inconnu (ou plusieurs), que quand on le fait seul ?

D'accord, cette analogie est sans doute exagérée. (À la base, la raison principale pour laquelle je ne veux pas baiser avec un inconnu, c'est que je suis trop timide pour ça.) Je ne peux pas honnêtement dire qu'un acte sexuel soit exactement aussi anodin que celui de se nourrir. Dans les deux cas il s'agit d'accomplir socialement un acte biologique fondamental, mais il y a quand même des raisons assez naturelles pour que le sexe se fasse à deux — maintenant, il y a aussi des raisons assez naturelles pour qu'il se fasse entre un homme et une femme, alors… Ceci étant, dormir c'est aussi accomplir un acte biologique fondamental, et ce n'est vraiment pas quelque chose que j'aime faire en compagnie.

Tiens, dormir, ça c'est une idée. Je crois que je vais faire ça (et seul) au lieu de débiter des conneries plus grosses que moi.

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(samedi)

Longtemps, je me suis levé de bonne heure…

Mes journées suivent en ce moment presque toutes le même schéma : je me lève vers 16h, je n'arrive à décoller de l'ordinateur que vers 20h, le temps de courir faire des courses au Champion local, je dîne vers 22h, et si j'essaie de sortir faire quelque chose, je me rends compte qu'il n'est pas loin de 23h et qu'il n'y a pas grand-chose que je puisse faire si je veux rentrer avant le dernier métro qui est à 1h. Ensuite je n'ai plus qu'à glandouiller jusqu'à ce que le sommeil me prenne, vers 4h du matin. Je caricature, mais c'est l'idée. En tout cas, je n'arrive décidément pas à être opérationnel à une heure où les commerces sont encore ouverts, par exemple : ainsi, j'ai des draps à aller chercher au pressing depuis dix jours, mais je n'ai toujours pas réussi à y être avant sa fermeture à 19h30.

Les perturbations à ce rythme ne sont que locales : si je dois me lever tôt pour une raison impérative, je ne dors pas de la nuit qui précède, du coup je suis complètement crevé de la journée, je me couche tôt mais me réveille quand même dans l'après-midi. Si je me force à me coucher plus tôt, je ne dors vraiment pas. Même si j'arrive à m'extraire de ce cycle infernal pendant quelques jours, j'y replonge bien vite. Je m'en sens prisonnier, et c'est oppressant.

Décidément, je n'arrive pas à échapper à la recherche du temps perdu !

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(jeudi)

La normalité et l'apparence de normalité

(Puisque certains amis se moquent de moi en disant que les deux tiers des entrées de ce blog sont consacrées à mes problèmes affectifs, il faut bien que je remplisse mon quota.)

Il y a des gens qu'on appelle normaux. Enfin, je ne sais pas s'ils existent vraiment ou si c'est seulement un idéal, mais on voit assez bien ce que c'est. Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel. Et puis il y a des gens qui s'éloignent plus ou moins de cet idéal. Moi, par exemple, je dois être vraiment anormal, parce que les gens normaux ne s'intéressent pas aux subtilités du calendrier (ils savent qu'il y a une année bissextile tous les 4 ans — 2004 par exemple — et ça leur suffit), ils ne s'amusent pas, s'ils programment, à écrire des quines, ils ne jouent pas à des jeux de cartes cinglés, ils ne trippent pas sur la réflexivité de la philosophie Zen, et, de façon générale, ils ne pratiquent pas la masturbation intellectuelle ; d'ailleurs, ils n'écrivent pas non plus des blogs et ne racontent pas leur vie sur le Web.

Il y a une tendance qui voudrait faire de la normalité un défaut, ou au moins un sommet de l'ennui, et de toute idiosyncrasie qui s'éloigne de la normalité une qualité. Cette tendance est aussi absurde que celle, exactement contraire, qui voudrait condamner toute forme d'originalité. En vérité, évidemment, il n'y a rien en soi de bien ou de mal à être normal ou anormal ; certaines anomalies sont manifestement « mal » (comme le fait de se transformer à chaque pleine lune en loup-garou et d'aller égorger les passants dans la rue), d'autres sont « bien », et la grande majorité ne sont ni bien ni mal. Le culte de l'originalité pour l'originalité, quant à lui, est une parfaite idiotie.

Le fait, aussi, est qu'on a une certaine tolérance pour l'anomalie, et cette tolérance n'est pas infinie. Les particularités des gens sont parfois amusantes ou pittoresques, mais elles fatiguent aussi la tolérance qu'on peut avoir à leur égard, et, tout tolérant qu'on est, on finit par atteindre des limites et par trouver pénibles les gens dont la bizarrerie va au-delà de ces limites. À petite dose, la déviation de la normalité donne une identité aux gens, leur évite l'ennui d'être tous semblables, mais quand cette déviation devient énorme, on ne peut plus interagir convenablement (pensez aux gens qui font un jeu de mot par phrase, à ceux qui ressortent sans arrêt leur dada, à ceux qui se sentent obligés de dire la consommation par voie respiratoire de substances nicotiniques peut entraîner à terme une cessation générale des fonctions vitales là où n'importe qui dirait fumer tue, et ainsi de suite).

Bref, moi, par exemple, je dois passer pour un cinglé auprès de pas mal de gens. (Il y en a auprès de qui je passe pour un génie, aussi, ce qui est encore plus faux. À tout le moins, je dois très souvent être considéré comme un personnage pittoresque.) Sur le plan intellectuel et même, peut-être, me signale-t-on, sur le plan moral ou caractériel. Sans doute beaucoup de gens sont rebutés par mes excentricités : ça ne veut pas forcément dire qu'ils vont me fuir, mais ils vont toujours me cataloguer comme un weirdo. Ou alors c'est souvent qu'eux-mêmes sont largement déviants.

Eh bien j'en ai parfois marre d'être considéré comme une créature étrange, parce que, pour bizarre que je suis, j'ai une véritable soif de normalité. J'ai de très bons amis, qui me sont très chers, qui ont toutes sortes d'excentricités dans tous les domaines, ce n'est pas le problème. J'ai suffisamment de difficultés dans le domaine affectif pour ne pas devoir y ajouter l'éloignement causé par une anormalité excessivement visible. Parce que les extra-terrestres, on peut les trouver drôles ou pénibles, parfois on les admire, parfois on les déteste, mais on les aime rarement (à moins d'en être soi-même — or pour ma part je cherche à être aimé par des humains, pas par des extra-terrestres, surtout que ma tolérance pour la bizarrerie est nettement en-deçà de ma propre bizarrerie).

Le mot visible est important. Car au fond ce n'est pas écrit sur mon front que le standard Unicode est mon livre de chevet, je peux le cacher. Il est permis d'être aussi anormal qu'on veut, tant qu'on n'impose pas cette anormalité aux autres — tant qu'on ne leur prend pas la tête, notamment. Déjà, je suis nettement moins bizarre dans la vraie vie que je ne l'apparais sur le Web. Et je suis nettement plus normal, aussi, quand je suis entouré de gens eux-mêmes plutôt normaux. Mais apparemment pas encore assez, puisque je continue à être marginalisé — plus ou moins inconsciemment de la part du groupe — par des milieux où je cherche à m'intégrer.

Je voudrais corriger cette apparence, mais ce que j'ignore largement c'est : qu'est-ce qui trahit le plus fortement que je suis un cinglé ? Est-ce la manière dont je m'habille (ceci dit, ça change tout le temps), la manière dont je me déplace, la manière dont je parle, ce que je dis quand j'ouvre la bouche, le fait que je ne boive pas, mes goûts musicaux (ou absence thereof)… ?

[Zut, je me suis vraiment embrouillé, et je n'ai pas du tout réussi au final à dire ce que je voulais dire. Il est tard, je réessaierai une autre fois.]

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(mardi) · Premier Quartier

Hilbert est malade — Didier

Le chat de mes parents (c'est la photo de droite, hein), qui est aussi un peu le mien (à moins que ce soit le contraire ; de toute façon, un chat, ça n'appartient qu'à soi-même), est malade : il souffre d'une grave insuffisance rénale, a dit le vétérinaire. (On avait remarqué qu'il buvait énormément d'eau, alors ma mère l'a emmené faire une prise de sang.) Il est au régime sévère avec des croquettes spéciales, qu'il n'aime pas du tout, bien entendu. Il a environ neuf ans (on l'a recueilli au printemps '96, et il a alors été estimé qu'il avait à peu près un an).

Tiens, pour faire un coq-à-l'âne (ou, plus exactement, un chat-au-chien), hier soir j'ai vu Didier (d'Alain Chabat) à la télé, et je suis assez bluffé : l'idée de départ (un chien qui prend un jour corps humain) est vraiment débile, mais il a réussi a en faire quelque chose de plutôt réussi. Bon, le scénario n'est pas exceptionnel, et il est plutôt attendu ; mais le jeu d'Alain Chabat est absolument époustouflant : réussir à jouer un chien transformé en homme de façon — je n'oserais pas dire crédible — convaincante, de façon qui soit drôle sans être complètement ridicule, c'était vraiment dur — et il y est arrivé. Je lui tire mon chapeau. (À ce propos, je crois bien que j'irai voir RRRrrrr quand il sortira.)

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(samedi)

Futilités

Je me suis dit en début de soirée que j'allais sortir trouver quelque chose à faire. J'ai croisé un wandering Faré en chemin, d'ailleurs (sur la Butte aux Cailles). J'ai aussi croisé quelques milliers de gens sur la rue de Rivoli : apparemment tout le monde allait faire ses courses de fin d'année aujourd'hui (notamment tous ceux qui ont reçu de l'argent à Noël, ou ceux qui avaient des cadeaux à rapporter, que sais-je encore). Du coup j'ai fait comme les moutons autres, je suis allé m'acheter des chaussures (chez et par Quiksilver)[Paire de chaussures] — je ne suis pas sûr que c'était un achat très réfléchi, d'ailleurs, mais si je réfléchissais à ce que je fais, ça se saurait. Après le dîner j'ai voulu de nouveau aller dehors : j'avais même — ce qui est très rare — l'envie pressante de sortir (n'importe où, mais sortir). Mais il pleuvait, alors je suis resté chez moi. À la place, j'ai fait un tour sur le canal #gay de Rezosup (un réseau IRC français orienté « universités et grandes écoles »).

Si vous êtes sages, demain, pépé Ruxor vous racontera comment j'aurai rangé mon appartement, ou, ce qui est plus plausible, comment j'aurai capitulé devant l'ampleur de la tâche.

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(samedi) · Mon 10000e jouriversaire

De la décence, et de mes étudiants

Nicolas m'a fait observer, après le repas, ce soir, que s'il trouvait qu'il y avait un domaine où mon 'blog lui semblait problématique, c'est vis-à-vis de mes étudiants.

La réflexion est assez théorique, parce que je suis quasiment certain que jusqu'à présent aucun d'entre eux n'a eu l'idée de chercher « David Madore » sur le Web. C'est un peu surprenant, parce que c'est typiquement la première chose que je fais, moi, quand j'entends parler de quelqu'un, que de chercher son nom dans Google. Mais ils ont beau être nés vers '85 (c'est-à-dire que le Web est apparu quand ils entraient à l'école primaire), ils n'ont pas encore la culture d'Internet, ces étudiants, c'est bizarre. Qu'ils ne passent pas tous tout leur temps devant un écran, c'est heureux, mais que pas l'un ait eu la curiosité de faire cette recherche, c'est surprenant ; et si l'un le faisait, je suis certain que la nouvelle que le chargé de TD de maths est pédé serait immédiatement connue de tous, et que j'aurais entendu quelques ricanements idiots à ce sujet (ou alors est-ce que je sous-estime leur civilité ? j'en doute assez). Les ricanements ne me gênent pas, d'ailleurs (j'y ai déjà eu droit, des années passées), ils m'amusent plutôt, en fait ; et, quand bien même, la possibilité qu'un seul étudiant puisse apprendre la nouvelle en se disant, tiens, je ne suis pas le seul homo dans cette fac vaut bien le risque de supporter tous les ricanements du monde. Mais passons, ce n'est pas le point.

La question que je m'efforce de me poser toujours, c'est, adopté-je toujours une attitude parfaitement correcte ? Ce que j'ai raconté sur la surveillance d'examens est-il décent, par exemple ? Il ne faut pas se voiler la face (ni porter le tchador) : sur une vingtaine de garçons de dix-huit-vingt ans, il y a forcément quelques belles figures ; mes collègues hétéros ne pensent pas autrement, mutatis mutandis. Disons même qu'il y en a un ou deux dans le groupe qui sont beaux à se cogner la tête contre les murs. Mais je n'ai pas l'habitude de me branler en regardant le trombinoscope (de toute façon la qualité des photos est trop mauvaise ☺️) ; je n'ai pas l'intention de les violer ou de me livrer au moindre début de commencement de quoi que ce soit qui ressemblerait à de la drague avec chantage (d'ailleurs, je ne sais pas draguer). Et dans mon attitude envers eux je crois adopter un comportement impeccablement stoïque (autant que je puisse penser, intérieurement, rhâ, mais c'est pas possible d'être aussi beau gosse). Simplement, ici, je ne vois pas pourquoi je me priverais de faire quelques remarques comme je viens d'en faire (étant évidemment entendu que je ne donnerai pas de nom) : ceux qui lisent ceci sont a priori avertis, ils ont fait l'effort de venir jusqu'ici, etc. Suis-je néanmoins trop direct ? Je me pose la question.

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(vendredi)

Je n'ai jamais su draguer

La situation : le buffet de fin d'année d'une association étudiante gaie & lesbienne. Donc tout un tas de garçons et de filles, pour l'essentiel homos ou bis, qui bavardent bruyamment autour de paquets de chips et de bouteilles de sodas (ou de bières). Et dans le tas il y en a un — qui vient pour la première fois à l'association — que je trouve vraiment gravement mignon, dans le genre blondinet aux yeux bleus (bon, c'est peut-être vrai, en fait, que j'ai un petit faible pour les blonds). D'accord, il est polytechnicien, mais enfin, personne n'est parfait. (Hum, à ce stade-là, tous les lecteurs de mon 'blog qui se trouvaient être à ce buffet ont compris que c'est de J. que je parle. Mais je m'en fous assez, après tout.) La question à deux cents zorkmids : comment je suis censé faire passer le message qu'il ne m'est pas indifférent ? Dans un lieu anonyme (la rue, un bar, une boîte), je conçois qu'on peut faire ça par le regard, mais là, c'est quand même plus technique, vu qu'on discute déjà ensemble, et c'est assez normal de regarder son interlocuteur quand on parle. J'ai avec tout le monde à peu près le même comportement gentiment sociable et relativement loquace. Comment on est censé draguer, dans ces circonstances ? Je n'en sais rien, moi, on ne m'explique jamais rien, à moi. Et ça doit bien être possible, puisqu'il y a des gens qui ont réussi. Quand il a dit qu'il aimerait bien que quelqu'un l'héberge pour la nuit, flemme de rentrer à Palaiseau par le dernier RER, je lui ai innocemment offert de coucher chez moi, mais finalement, comme la soirée devait se prolonger en nuit blanche chez Y. et qu'il a voulu y aller, ma manœuvre innocente a échoué.

Bah, je ne suis vraiment pas doué, moi. Mais j'en ai l'habitude, ça fait 9999 jours que c'est comme ça. Je ferais mieux de vous raconter ce que sont la voûte étoilée de Zariski, la Longue Droite, et le compactifié de Stone-Čech des naturels. Au moins c'est dans mes cordes.

Tiens, dans le genre idiot, au cours de la conversation, il a été question du « Prince Albert ». J'ai été surpris de voir que pratiquement personne ne savait ce que c'était. Faisons donc l'éducation des masses : c'est un piercing au pénis, qui traverse le gland, et qui est nommé de la sorte en l'honneur du mari de la reine Victoria, Albert de Saxe-Cobourg-Gotha, cela se portait souvent à l'époque, et servait à retenir le pénis, par une petite chaîne, pour éviter qu'on pût distinguer la moindre protubérance. J'ai raconté tout ça, et j'ai sans doute rougi un peu (euphémisme : je rougis très facilement, en fait à peu près systématiquement si j'adresse la parole à plus de deux personnes), et « on » a conclu que je rougissais parce que j'avais moi-même un Prince Albert. Bon, eh bien je ne dirai pas ce qu'il en est : ceux qui veulent la réponse, vous savez ce qu'il vous reste à faire. 😉

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(jeudi)

Le porno

Je ne sais pas pourquoi, je trouve les films pornographiques fort peu excitants. D'accord, ce jugement se base sur un nombre d'observations très limité — vu le prix des productions (et vu qu'à la télé je n'ai que les chaînes hertziennes non cryptées), étant donné que je bâille d'ennui au bout de cinq-dix minutes, j'avoue que je n'ai pas tellement envie d'approfondir mon étude. Enfin, quand je dis je ne sais pas pourquoi, je peux quand même être plus précis que ça : je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à regarder deux (ou plus) mecs faire l'amour (et à plus forte raison un mec et une fille, ou deux filles) — ce qui est intéressant, c'est de le vivre, pas de le regarder. Mais bon, ça ne doit pas être une opinion trop répandue, sinon l'industrie du porno n'existerait pas.

Je ne dis pas que je ne peux pas être stimulé par des images : mais pas par juste celles d'un acte sexuel. Les images qui m'excitent ne sont pas celles qui montrent mais celles qui suggèrent. Même les images, par exemple, des célèbres et kitschissimes photographes Pierre & Gilles, me font en général plus d'effet que du porno cru : souvent derrière la plastique plus que parfaite on sent affleurer une force érotique incroyable. J'exagère : leurs images à l'esthétique onirique ne font pas non plus de bons excitants, mais entre ces extrêmes il y a de la place pour des choses très fortes. En images fixes, ce n'est pas difficile à trouver : il suffit de descendre au sous-sol des Mots à la bouche pour en trouver quantité d'exemples. Mais n'y a-t-il rien d'analogue en film ? (On croirait que non : Bel Ami, qui fait des photos fixes relativement soft, quand il prend une caméra, réalise des pornos tout à fait ordinaires, semble-t-il.) J'imagine que ce n'est pas forcément évident à produire : on sera forcément plus exigeant sur le scénario si le but du jeu n'est pas simplement d'enfiler les orgasmes que si on demande qu'ils soient entourés de — ah, euh — préliminaires plausibles. Pourtant, les films érotiques (de charme, doit-on peut-être dire) hétéros, ça existe. N'y a-t-il rien de semblable au rayon gay ?

(Pffffff… Ce que je me retrouve à raconter, moi ! Et dire que j'ai hésité entre écrire ça et raconter — avec les mains — ce que c'est que la voûte étoilée de Zariski ! Bon, ben les amateurs de maths attendront un autre jour. En plus, maintenant je vais à nouveau passer pour un romantique éperdu ou une autre sottise de ce genre. ☹️)

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(dimanche) · Premier Quartier

Festival : la fin

J'ai passé mon après-midi au Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris, comme je l'avais décidé. Un parfum nommé Saïd (à 14h15) était franchement mauvais : une sorte de souvenir de vacances interminable sur fond d'une aventure du réalisateur qui n'avait rien d'intéressante et qui ne donnait de beau rôle ni à lui ni à son amourette ; à part pour dire « le Maroc c'est beau, allez-y », ça n'avait aucun intérêt. Frisk (à 18h30) était moins mauvais, mais quand même un peu vide (comme beaucoup de films qui croient que faire trash suffit à remplir — néanmoins j'ai vu largement pire). En revanche, ce qui m'a vraiment emballé, c'était les courts métrages (à 16h30). Notamment deux films français : Far West (que j'avais déjà vu, cependant), et surtout Le Cas d'O d'Olivier Ciappa (un petit thriller comique, dont le rapport avec l'homosexualité était un peu distant, mais absolument excellent dans l'ensemble, et puis Orient est incroyablement beau gosse — dommage que l'acteur, qui était présent, ait précisé qu'il était hétéro) ; et deux films nord-américains, Straight in the Face et Target Audience, tous deux absolument hilarants ; j'ai aussi bien aimé Œdipe N+1, et Avant j'étais triste de Jean-Gabriel Périot. Bref, quasiment tout ce qui était là était entre très bon et absolument excellent (seul un tout petit métrage de cinq minutes m'a déplu, une animation de dessins de Tom de Pékin). Vraisemblablement certains de ces courts métrages sortiront dans la collection Courts mais gays (c'était déjà le cas de Far West et il est certain que ce Le Cas d'O viendra, puisque c'est Antiprod qui produisait), et je ne manquerai pas de les acheter.

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(dimanche)

Sibelius et la mémoire

Lorsque j'ai un air de musique qui me trotte dans la tête, il m'est absolument insupportable de ne pas arriver à en retrouver l'origine. J'ai failli devenir fou, par le passé, parce que j'avais un air qui me revenait obstinément à l'esprit, que je savais que je le connaissais, et que je n'arrivais pas à mettre un nom dessus. Par exemple, pendant plusieurs mois j'ai eu le thème principal — très caractéristique — du 2e mouvement (Allegro moderato) de Finlandia de Sibelius qui me passait régulièrement dans les oreilles. Finalement, quand j'ai réussi à remettre un nom dessus, complètement par chance, ç'a été une révélation ; ce n'est pas que je sois spécialement fan de Sibelius, ou de Finlandia, ou de cet air en particulier, mais à force de le chanter pour essayer de me remémorer son origine, il était devenu obsédant ; je ne sais pas comment il m'était revenu à l'esprit, vu que je n'avais pas écouté Finlandia depuis une éternité, mais c'est justement ce qui rendait l'identification très difficile.

Ça m'arrive aussi pour des citations littéraires, par exemple, ou pour un nom que je n'arrive plus à relier à quoi que ce soit (j'ai le souvenir aussi d'avoir longtemps cherché qui pouvait bien être Morris Fuller Benton avant d'arriver à me rappeler que c'était le créateur de la police Century). Mais pour tout ça j'ai un outil génial : Google. Malheureusement, si Google est parfait pour retrouver la source d'une citation ou la signification d'un nom, on n'a rien de semblable pour un air de musique.

L'autre soir ma mère m'a parlé d'un cas semblable où elle avait entendu à la radio un air célèbre qui lui trottait depuis longtemps dans la tête et qu'elle trouvait très beau, un air qui était (ou avait été) le générique d'une émission de télé. L'ennui c'est qu'elle n'arrivait déjà plus à se rappeler ni quel était cet air, ni de quel morceau il était tiré, ni quel était le compositeur, ni quelle était l'émission. Et là, chercher à retrouver un air inconnu d'un compositeur inconnu, extrait d'un morceau inconnu, ayant servi de générique à une émission inconnue, c'était mal parti. Cependant, quand je lui ai parlé de mon cas avec Finlandia, il lui a semblé que son morceau était justement de Sibelius, et par ailleurs, c'était un air joué au violon. D'autre part, en y réfléchissant, elle s'est souvenu que l'émission était Océaniques (sur Arte). Je me suis donc acheté le CD du concerto pour violon (en ré mineur opus 47) de Sibelius, et je viens seulement de l'écouter. Et dès les premières notes du premier mouvement j'ai immédiatement su que c'était bien à ça que ma mère avait pensé, parce que (même si je ne sais même plus de quoi Océaniques pouvait bien parler) mon neurone a imméditement fait la connexion avec l'émission. C'est d'ailleurs un très beau morceau que ce concerto pour violon de Sibelius ; je suis sûr de l'avoir déjà entendu (outre le générique dont j'ai parlé), probablement plusieurs fois, mais je ne sais plus quand et comment : je suis content de pouvoir mettre clairement un nom dessus.

Dans le genre recherche désespérée, je crois que le pire a été le jour où je cherchais à me rappeler le nom et l'auteur d'un livre dont je ne savais rien du sujet parce que je ne l'avais pas lu. Les seules choses que j'arrivais à me rappeler étaient d'une part que le livre contenait en un endroit une citation particulièrement célèbre (mais je ne savais plus quoi ni à quel sujet) et d'autre part qu'il avait un très vague rapport avec une Licorne. Ça n'a vraiment pas été facile de secouer les mèmes jusqu'à tout retrouver, et pourtant : le livre en question, c'est The Silver Stallion de James Branch Cabell (le rapport avec la licorne étant que celle-ci sert d'illustration sur la couverture) et la citation c'est : The optimist proclaims that we live in the best of all possible worlds; and the pessimist fears this is true.

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(jeudi)

Bulletin de santé

Je ne pense pas que ce soit la grippe ; d'ailleurs, d'après les GROG, l'activité de la grippe est encore sporadique (au moins pour la semaine dernière, 2003-W45). J'ai essentiellement un gros rhume, qui par moments se fait oublier et par moments me laisse complètement sonné.

Au moins j'ai bien dormi la nuit dernière (de 22h30 à 7h30 environ, même si je me suis levé plusieurs fois pour boire, parce que ma bouche était complètement desséchée à force de respirer par là).

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(mercredi)

Grippé ?

Je suis complètement KO, et je me sens mal. Le thermomètre indique 38.1°C — pas concluant pour savoir si c'est un rhume passager ou la grippe qui s'annonce. Je ne sais pas si c'est la fatigue qui me rend malade ou la maladie qui me rend fatigué, mais en tout cas ce n'est vraiment pas la forme.

Et pourtant demain matin je dois me lever vers 7h30 (sauf si je suis vraiment in articulo mortis), parce qu'on reçoit individuellement les étudiants de la section du DEUG MIAS pour faire le point à mi-semestre et confronter les points de vue des différents enseignants. Et ça n'a vraiment pas été facile de faire la communication entre le secrétariat (pour trouver la salle), les étudiants et les quatre chargés de TD (maths, info, physique, chimie) : ce serait vraiment embêtant si je ne venais pas.

À supposer que j'aie la grippe, je me demande si ça vaut la peine de voir un médecin, puisque de toute façon il me prescrira un traitement symptomatique assez inefficace : je peux aussi bien rester chez moi au chaud, me doper au paracétamol (plus un chouïa d'aspirine) et vitamine C, me rincer les sinus au sérum physiologique, et calmer les nausées avec du sirop nausicalm, j'ai tout ça dans mes placards. Et boire beaucoup, bien sûr.

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(jeudi)

Mon blondinet

Nous étions tous plus ou moins affalés les uns sur les autres après une soirée où on avait beaucoup rigolé ; la conversation commençait à tourner un peu à vide.

Je m'étais arrangé (sans pour autant devoir faire des efforts démesurés) pour être assis à côté de lui. Pas une beauté extraordinaire, mais un visage souriant et d'apparence plutôt jeune, une allure sportive sans excès, un look décontracté ; et un caractère ouvert, un esprit sain dans un corps sain. Il lance une petite provocation à mon intention (je ne me rappelle même plus quoi). Je réplique d'un air faussement sévère, Tu crois que tu me fais peur, blondinet ? ; pour souligner le dernier mot, je lui ébouriffe un peu les cheveux (il les a châtain clair, et en brosse) en passant la main dedans. Moqueur, il réplique exactement la même chose et fait le même geste. Tout le monde rit. Puis je m'allonge (en essayant de paraître naturel) juste contre lui.

Peu de temps après, nous sommes serrés dans les bras l'un de l'autre, en train de nous rouler une pelle.

Malheureusement, c'est seulement un rêve, que j'ai fait avant-hier soir. (Ce qui est bien quand on doit se réveiller tôt, c'est que souvent ça interrompt un rêve, et du coup on se le rappelle au lieu qu'il aille bêtement se perdre — comme la grande majorité des rêves — au pays des ampoules grillées et des phrases jamais prononcées.) La suite (ou en tout cas une autre partie, je ne sais plus bien s'il y avait une transition et ce qu'elle pouvait être) est fort différente, je fais partie d'une sorte de Ligue des gentlemen extraordinaires, et nous menons une sorte de jeu de piste, la dernière étape consistant à comprendre dans une indication énigmatique sur le temps qu'il faut remettre à l'heure les aiguilles de la grande pendule de la pièce ce qui provoque l'ouverture d'un coffre-fort dérobé dans lequel se trouve un petit récipient contenant un produit infiniment précieux, à moins que ce soit un objet magique. Bref. Mais revenons à l'autre partie.

J'avais conscience, au moment où j'embrassais mon blondinet, que ce n'était qu'un rêve et que j'allais le perdre rapidement parce qu'il n'existait pas. Ça ne m'a pas causé de déception, en fait, mais au contraire ça m'a incité à profiter d'autant mieux de l'instant présent. (Ensuite, j'ai dû rêver que je me réveillais, sans me réveiller vraiment. Ce qui n'empêche, d'ailleurs, que le blondinet en question a continué, il me semble, à apparaître dans le rêve. Enfin, tout cela est très confus comme beaucoup de rêves le sont.)

Mais je me connais : aussi détendue que soit l'atmosphère, aussi naturelle que soit la situation, j'aurais toujours un mal fou à agir comme j'ai agi dans cette bribe de rêve, à mettre ma main dans les cheveux de quelqu'un en gardant l'air décontracté ; et je dois rayonner un air de « distance » tel que personne n'ose apparemment faire pareil avec moi. C'est le genre de choses qui me laisse souvent un sentiment de solitude douceâtre après une soirée entre copains.

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(jeudi)

Suite des événements

Je tombe de sommeil. Je n'ai eu qu'environ 20h de sommeil sur les 4 dernières nuits, alors qu'il m'en faut normalement près de 10h par nuit pour me sentir en forme.

Mon directeur de thèse (que j'ai vu ce matin) n'a pas eu l'air trop inquiet par la tournure que prenaient mes calculs. Il a réussi à me persuader que c'était la peine de continuer, que j'avais des chances pas trop faibles d'arriver à un résultat intéressant, et que même si je ne désingularisais pas jusqu'au bout je pouvais peut-être obtenir un résultat en fin de compte. Bref, il m'a un peu remotivé.

Après déjeuner je suis allé au secrétariat du DEUG MIAS pour récupérer des copies d'interro à corriger, et je les ai d'ailleurs corrigées sur place (flemme de trouver un autre endroit où travailler pas trop loin sur la fac), ce qui m'a permis de bavarder un peu avec la secrétaire, qui est très gentille (et compétente — j'aimerais pouvoir dire ça de tous les secrétariats auxquels j'ai affaire). Bon, j'espère que ma correction ne se ressent pas trop du manque de sommeil, mais je crois que ça va. Le prof qui fait les cours d'amph a insisté pour faire une rotation des corrections sur cette interro (i.e. les chargés de TD ne corrigent pas leur propre groupe), ce que je trouve un peu bête (ça me semble très sain pour les partiels, mais pour les interros c'est dommage parce que ça empêche d'avoir un bon suivi du niveau de nos étudiants).

Je comptais rester sur le campus parce que l'association HBO organisait un petit buffet ce soir, mais je me suis rendu compte que j'étais vraiment trop crevé (en plus, mon sac à dos pesait une tonne vu que j'y transportais des choses à ramener de chez mes parents). Je me suis assis pour essayer de lire le début de Six promenades dans les bois du roman et d'ailleurs d'Umberto Eco, mais les mots dansaient sous mes yeux, donc j'ai vite abandonné et je suis reparti chez moi.

Le nombre de mails que j'ai en retard de réponse commence à devenir très important. C'est stressant, il suffit que j'aie pour quelques jours un débit un peu moins important, et ça s'accumule. Il faut dire aussi que ma page sur le calendrier (avec laquelle j'espérais en avoir fini) a été signalée sur une mailing-list consacrée au calendrier et que plein de gens m'ont fait des remarques intéressantes que je marque mentalement comme « il va falloir que j'y réponde quelque chose ». Tiens, il va falloir que j'écrive un petit script cgi qui affiche les calendriers lunaire et solaire d'une année quelconque, ce sera utile et agréable (surtout maintenant que j'ai pondu des noms pour les mois). Pfiou, je tiens bien ça de mon père, moi, qui nous annonce (à ma mère et moi) pour la n-ième fois que cette fois, c'est promis, il arrête de passer des nuits blanches devant son ordinateur à essayer de faire fonctionner je ne sais quel programme à la con, et qui le lendemain soir replonge dans sa drogue.

Demain je vais voir Matrix, avec une bande de copains principalement de l'ENS (enfin, des anciens de l'ENS), à la séance de 10h15 de mon cinéma préféré. (Oui, je sais, je l'ai déjà dit plein de fois.) Je me suis défendu de lire quelque critique que ce soit sur ce film.

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(mercredi)

Mes petits calculs ne marchent pas

C'est une sensation vraiment horrible que de faire des calculs avec d'abord le sentiment qu'ils marchent, que tout se comporte bien comme on s'y attend, et de se rendre compte tout d'un coup qu'on interprète mal les choses, qu'en fait rien ne va, et puis finalement qu'on ne comprend rien aux calculs qu'on était en train de faire mécaniquement, qu'ils semblent se contredire, etc.

Bref, mes éclatements ne me mènent à rien. Je les multiplie, les variables s'accumulent, les composantes s'ajoutent, et ça ne cesse jamais d'être singulier.

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(mardi)

En bref

Je n'ai dormi que 3h en tout la nuit dernière (de 22h30 à 1h puis de 7h30 à 8h). Ce que c'est que d'essayer de se recaler sur un rythme normal (mais faut bien, j'ai quelque chose de prévu chaque matin cette semaine).

Ce matin j'ai occupé tout mon TD à corriger le partiel dont j'avais corrigé les copies (mais d'un autre groupe). Je n'ai même pas pu donner leurs notes aux étudiants de mon groupe, ni leur montrer leurs copies, parce que celui qui les a corrigées ne les a pas encore transmises au secrétariat. J'ai juste la moyenne, qui est autour de 7.5 (pas fameux, ça, pas fameux).

Je suis allé voir mon père à l'hôpital. Les hôpitaux me terrifient toujours, même quand j'y vais sans être malade moi-même ; je m'y sens complètement perdu, entouré par ces indications barbares et effrayantes, genre « chirurgie viscérale » (pourquoi ont-ils mis mon père dans ce service, je n'en sais rien). En plus, celui d'Orsay est un véritable labyrinthe. J'ai trouvé mon père en compagnie de son étudiant de thèse qui, je lui en sais beaucoup gré, s'est vraiment très bien occupé de lui (il lui avait même apporté un ordinateur portable pour lui faire regarder un film des frères Marx pour le distraire). Peu de temps après ma mère nous a rejoints. Et encore peu de temps après, le médecin est arrivé et a annoncé qu'il faisait sortir mon père. Celui-ci n'a plus trop mal, mais il est assez dans les choux. Enfin, au moins il ne me fait plus la gueule.

Sur un registre plus léger, j'ai trouvé (cette nuit, pendant que j'insomnisais, puis aidé par DH pour compléter les trous) des noms à donner aux douze ou treize mois du calendrier lunaire grégorien : terminus, lipidus, vénus, ambre, pouque, jouve, tibre, claud, septil, octil, novil, décil et parfois mercuaire (en anglais, Terminus, Lipidus, Venuch, Amber, Pook, Jupe, Tibery, Claudy, Septil, Octil, Novil, Decil, Mercuary). Il y a des raisons pour tous ces noms, mais elles sont tellement idiotes et nazes que je ne sais pas si j'ose les raconter. ☺️ Nous sommes actuellement le 10 novil 2003, et ça me permet de souhaiter un bon anniversaire à Antoine, parce que même si je suis en retard d'un jour pour le calendrier solaire, je suis en avance d'un jour pour le calendrier lunaire, na.

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(lundi)

Fluctuem nec mergamur

L'euphémisme pipo, ce serait de dire que je « travaille mieux dans la contrainte ». La vérité c'est que je fais tout à la dernière minute possible parce que quand je peux faire autre chose je perds mon temps avec des conneries sans intérêt. À la dernière minute, comme pour corriger les copies, par exemple. Ou pour faire les calculs que je dois faire d'ici jeudi (pour les raconter à mon directeur de thèse, parce qu'ensuite il s'absente quelques jours). Bref, je vais avoir quelques jours complètement dingues, là, pour essayer de finir à temps tout ce que je dois finir.

Vivement le week-end ! (Et pourtant je ne dis pas souvent ça.)

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(lundi)

Mauvaises nouvelles

Je viens d'apprendre que mon père (il a 65 ans) est à l'hôpital avec une infection pulmonaire. On l'a mis sous oxygène et on le garde en observation. On n'en sait pas plus pour le moment.

Il devait partir au Bénin (où il était invité pour un colloque). Ma mère, elle, était en week-end. Heureusement l'étudiant de thèse de mon père a pris un peu les choses en main. (Mon père a d'abord cru à un rhume, mais il allait vraiment de plus en plus mal, alors il s'est rendu aux urgences.)

Mise à jour (2003-11-03T21:15+0100) : Merci de vos témoignages de sympathie. Apparemment c'est une infection virale ; il a très mal à la gorge mais son état ne semble pas critique. J'irai lui rendre visite demain.

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(jeudi)

Je veux dodo !

Il est 6h du matin (2003-10-31T06:00+0100, mais je date cette entrée du 30 parce que, justement, je n'ai pas dormi, donc c'est plutôt 2003-10-30T30:00+0100) et je voudrais bien dormir. Seulement, si je me couche maintenant, je me lèverai vers 15h : or je dois absolument aller à la fac (à Orsay, je veux dire) le matin, pour remplir un papier qu'une secrétaire a oublié de me faire signer et pour récupérer les copies du partiel de DEUG que je dois corriger pour le début de la semaine prochaine. Je préfère encore ne pas me coucher que faire une « nuit » de deux ou trois heures. L'ennui, c'est que je ne pense qu'à dormir : je n'arrive plus à faire quoi que ce soit, là ; raconter des bêtises (comme ceci) sur mon 'blog, ça va encore, même écrire un truc sur le calendrier (mais c'est pour ça que je suis encore debout à cette heure-ci !) ça va aussi parce que ça ne demande pas vraiment d'effort intellectuel tant que je continue sur ma lancée. Mais les cinquante mille choses que je devrais faire depuis longtemps (genre, traiter mes mails en retard), je suis incapable de les faire, là ; je n'aurais même pas le courage de faire la vaisselle. Pfiou. Je voudrais dormir.

Alors je vais faire un aller-retour Orsay au pas de course, ce qui va me prendre trois heures à peu près, et puis je vais rentrer et me coucher illico, pour me réveiller à je ne sais quelle heure. Quelle connerie !

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(mercredi)

Pathétique !

Is this the author of the 'blog that launched a thousand comments?

Nul — c'est ce que j'ai été. Absolument pathétique.

Je ne sais plus qui faisait cette remarque qu'il ne fallait peut-être pas essayer de rencontrer dans la Vraie Vie® les gens qu'on connaît virtuellement (notamment ceux dont on lit le 'blog) parce qu'on ne peut être que déçu : j'avais été assez agacé de cette remarque, parce que, pour moi, rencontrer des gens en vrai est une source d'énergie dont je ne peux pas me passer, mais je la comprends mieux maintenant. Enfin, je ne sais pas ce qu'ont pensé de moi les deux lecteurs qui m'ont rencontré ce soir, je ne sais pas s'ils ont eu pitié de moi ou s'ils n'avaient aucune attente ou quoi ; mais moi, en me voyant, j'étais à la fois effondré et hilare.

Ce n'est pas que je considère qu'il soit une obligation de faire bonne conversation, de prouver ma mondanité, de débiter des mots d'esprit. Je n'aime pas avoir l'impression de me produire en spectacle (car c'est le sentiment que j'ai parfois ; et dans ce registre je pourrais dire, ici, je me suis pris un bide, le trou, le néant complet). Cependant, si j'invite des gens à me tenir compagnie, ce n'est pas pour leur imposer ensuite des moments embarrassants de vide intersidéral, ce n'est pas leur servir une compagnie aussi intéressante que celle d'un moine trappiste qui aurait une extinction de voix. (Quand on connaît bien les gens, on apprend à ne plus être gêné des blancs dans la conversation, même s'ils sont longs. Mais cela demande une certaine habitude.) Je ne peux donc que présenter mes plates excuses pour la pauvreté de ma prestation. Heureusement, M. Allen, lui, était au rendez-vous, et nettement plus disert et witty.

Je pourrais me trouver des excuses, évidemment. Dire que j'étais mal à mon aise à rencontrer des gens que je ne connaissais pas (argument bien faible : c'est moi qui l'ai voulu ; et d'ailleurs je me suis connu moins nul en semblable circonstance, il me semble). Noter qu'il n'est pas évident de parler à des gens dont j'ignore à peu près tout (surtout quand la réciproque est beaucoup moins vraie). Observer que Woody Allen a de tellement bons mots qu'il est vraiment difficile de parler avant ou après lui. Tout cela est vrai, mais peu pertinent. J'aurais peut-être proposé de boire un verre quelque part après le film, pour déglacer l'ambiance, mais le temps qui passe (minuit et demi) et le temps qu'il fait (un petit crachin qui n'incite qu'à rentrer chez soi) m'en ont découragé. Bref, sentiment d'un échec lamentable.

Et je suis d'autant plus désolé d'avoir fait si mauvaise figure que les deux garçons en question m'ont, eux, donné une très favorable impression (de façon certes bien différente). Simplement, quand, dans un trio, un des instruments ne connaît pas sa partie, on ne peut rien faire.

So sorry!

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(lundi) · Ramadan 1, 1424

Va-t-on me voir ?

On me signale que l'émission Vis ma vie sur le tournage duquel je m'étais retrouvé comme figurant (il y a cinq mois) va passer demain soir sur TF1 (je cite Télérama : Daivy, un jeune parisien qui partage un appartement avec quatre colocataires, reçoit Christophe, très épris de solitude. Daivy a deux jours pour convertir Christophe à son mode de vie). Bon, il y a fort peu de chances pour que j'apparaisse à l'écran (ou en tout cas plus que quelques secondes). De toute façon, les gens bien ne regardent pas TF1, n'est-ce pas ? ☺️ Mais ce n'est pas tant le point : j'étais à cette soirée et je voudrais voir quelle impression déformée elle donnera sur le petit écran (et je serai au passage curieux de savoir si l'émission va juger utile de signaler que quelque chose comme les deux tiers des protagonistes filmés sont homos).

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(lundi) · Ramadan 1, 1424

Un rêve de cette nuit

J'étais membre d'une assemblée parlementaire quelconque. Très nombreuse (nous devions être largement plus de mille). Très jeune aussi (et comprenant plein de gens que je connais plus ou moins pour des raisons différentes). L'ambiance était un peu folle : le genre d'ambiance qui caractérise les moments historiques que vivent les pionniers où we will tread bravely where no man has trodden before; peut-être un peu à la façon de 1789. Les ressources étaient faibles, aussi : notre hémicycle ressemblait plus à un amphi de fac qu'à un temple républicain, et nous avions devant nous des tables comme on en trouve dans les salles de classes. Il n'y a pas de partis ni de places réservées — tout le monde s'asseoit où il peut.

Un rapporteur présente une proposition de loi visant à soumettre à l'impôt sur le revenu un certain type de compte rémunéré qui y échappait jusqu'à présent. Cette proposition me convient et je résous de voter pour. Le président de séance décide une brève interruption des débats avant les explications de vote. J'en profite pour aller parler avec le rapporteur et demander à voir le texte complet. Et là je découvre que la proposition contient également un appel à une manifestation pour protester de façon plus générale contre le fait que certains comptes bancaires ne sont pas imposés. Je suis consterné. J'essaie d'expliquer à mon collègue qu'on ne doit pas mettre dans un texte de loi un appel à manifester, ce n'est tout simplement pas l'endroit pour ça. Il se met en colère, me considère comme un pinailleur formaliste, m'accuse de ne pas voir l'importance de sa manifestation. J'essaie de lui dire que ce n'est pas contre cette manifestation que j'en ai, et qu'au contraire je suis tout à fait d'accord avec lui sur le fond, mais que c'est la forme qui me déplaît. Il me dit qu'il est essentiel que son appel de la plus haute importance soit entendu. Je lui propose de faire voter dans ce cas la création d'une tribune de libre expression des députés au Journal Officiel et de publier là son appel mais de le retirer de la proposition de loi. Il me regarde comme si j'étais un demeuré et ne répond pas. Désemparé, je lui annonce que dans ce cas, à mon immense regret je devrai voter contre sa proposition.

Le rêve se termine là, au moment où la séance reprend : je vais voir le président pour demander à prendre la parole au moment des explications, je me rassois (à une autre place, parce que ma place est occupée, et je fais connaissance avec mes nouveaux voisins, je leur explique brièvement le problème), et je me réveille — à moins que mon rêve ne parte dans une autre direction.

Je n'ai pas besoin de souligner l'aspect surréaliste, le mélange complètement bizarre entre le plausible et l'incongru : tous les rêves sont comme ça. Ce qui me paraît le plus significatif, c'est cette conversation et cette incompréhension entre moi et le rapporteur du texte de loi : j'ai effectivement vécu assez souvent des situations pénibles de la sorte, où j'essaie de faire comprendre à quelqu'un que je suis d'accord avec lui sur le fond mais que les moyens ou les formes qu'il se propose d'employer me semblent inadmissibles ou tout simplement inappropriées, et où mon interlocuteur refuse de comprendre à quel niveau se situe mon objection, refuse de discuter sur les formes, soutient obstinément que sa cause est tellement importante que tous les moyens sont bons pour arriver à son but, et considère que si je ne suis pas avec lui je suis forcément contre lui. Et moi je me demande si je ne suis pas un pinailleur qui pour le simple respect des formes et des principes vais m'opposer à quelque chose d'autrement plus important.

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(dimanche) · Passage à l'heure d'hiver

Petite conversation avec ma conscience

— Qu'as-tu fais aujourd'hui, dis-moi, David ?

— Ben, euh… Pas grand-chose…

— Et pourquoi ça ?

— Parce que j'ai glandouillé devant mon ordinateur…

— Ah. Et tu en as profité pour rédiger des choses pour ta thèse, évidemment ? Ou as-tu entamé l'écriture d'une œuvre littéraire riche et personnelle ? Ou peut-être t'es-tu livré à des réflexions profondes qui vont changer la face du monde ? Ou au moins as-tu tapé quelque petit texte utile et productif ?

— Pas vraiment…

— Alors tu as traité tes mails en retard ? Répondu à tous ces gens qui attendent depuis des jours ou des semaines que tu leur écrives ?

— À vrai dire… j'ai flâné sur le Web et puis j'ai bavardé sur IRC.

— Dis, tu n'avais pas pris une grande décision hier ?

— Ben, euh… Mais je n'ai pas passé toute ma journée devant l'ordinateur ! J'ai regardé la télé, aussi. Et puis je suis allé au cinéma (bon, d'accord, c'était un film pas très intéressant). Mais au moins je suis sorti.

— Ah, tu es sorti ! Et tu en as profité, alors, pour écumer les endroits chauds de la capitale, pour afficher ton charme irrésistible, pour draguer, quoi, et pour te trouver un mec ?

— Euh, non. Je me suis promené un peu, j'ai bu…

— Tu as bu ? Tu es entré dans un bar ?

— Oui euh non : j'ai bu un Yop vanille que j'ai acheté chez un Arabe en sortant du ciné.

— Argh !

— Ben quoi ? Au moins tu n'as pas à me reprocher de m'être vautré dans le stupre et la fornication.

— Rassure-toi, ce n'est pas pour empêcher ce risque-là qu'on m'a engagée. Bon, et à part ça ?

— Euh… Ben rien… On était dimanche, on ne peut rien faire, le dimanche : tout est fermé.

— C'est exagéré, mais ce n'est pas faux. Mais chez toi, tu pouvais travailler : finir les calculs d'éclatement qui traînent depuis un moment, ou corriger les copies des devoirs maison de tes étudiants de DEUG.

— Heu… Je n'aime pas travailler le dimanche.

— Tu as quand même posté le courrier au service du personnel de l'Université (pour qu'il parte demain au plus tôt) pour pouvoir enfin être payé ? Tu as envoyé ta taxe d'habitation ? Tu as fait le ménage chez toi ?

— Bah non.

— Bon, soit. Tu n'as rien fait. Tu vas donc te coucher tôt et te lever de bonne heure demain matin.

— Ben c'est qu'il est déjà 4h du matin passé.

— Et pourquoi tu ne vas pas te coucher tout de suite, dans ce cas ? Tu tombes de sommeil !

— Je ne peux pas, il faut que je finisse de rédiger une entrée dans mon 'blog. Une conversation avec ma conscience…


Petite annonce : Suite vacance poste cause suicide, cherche conscience humaine, pour travail à mi-temps. Débutantes acceptées. Rémunération incertaine. Conditions difficiles. S'adresser au 'blog, qui fera suivre.

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(vendredi)

ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ

Qui suis-je ? C'est une question qui me revient périodiquement à l'esprit. Dans un sens non métaphysique mais bêtement culturel (et « identitaire »).

Prenons l'exemple de la nationalité ou de l'origine ethnique : beaucoup de gens se servent de cette base pour se construire une identité, soit parce qu'ils sont fiers de « leur » pays, soit parce qu'ils sont fiers de leurs origines dans un pays d'adoption. Et moi, que suis-je ? Je suis Français et je vis en France ; mais je n'ai pas d'attachement particulier à la France en tant que pays : je l'aime simplement parce que c'est là que se trouvent la plupart de mes amis, et c'est à eux que je suis attaché, et non à elle. Je ne vibre pas spécialement en entendant La Marseillaise ou en voyant flotter les couleurs nationales ; et à la limite j'ai encore plus d'attachement pour la République française (qui a tout de même certaines lois dont je ne suis pas trop mécontent) que pour la France-idée-immortelle. La seule langue que je parle (et que j'écris) assez correctement, c'est le français, et je doute que j'arrive dans mon temps de vie à en maîtriser parfaitement une autre (même l'anglais), mais ça ne me donne pas un amour particulier pour le français : toutes les langues ont leur beauté, parfois je sais la reconnaître en lisant, parfois je ne vois que la beauté formelle de l'écriture, mais je ne crois pas à la supériorité de telle ou telle langue dans la mosaïque de Babel (ou d'Unicode…). Mon père, d'ailleurs, parle à peu près également l'anglais, le français et l'allemand, mais aucune de ces langues parfaitement (il vit en France depuis maintenant presque quarante ans, mais continue à commettre des fautes de français, même si sa prononciation, elle, est parfaite ; il voyage régulièrement en Allemagne, et comme il fait beaucoup plus d'efforts pour apprendre l'allemand que pour le français, comme il lit énormément en allemand, il possède à peu près aussi bien la langue de Goethe que celle de Molière ; quant à l'anglais, qui est sa langue maternelle, il en a beaucoup oublié, faute de pratique). J'ai une culture largement française (même s'il s'y greffe des éléments étrangers surtout anglo-saxons) ; mais je considère que c'est plus un hasard que quelque chose qui me définit vraiment.

Et qu'en est-il du Canada ? J'ai la nationalité canadienne car mon père l'a (même s'il est aussi Français, maintenant), mais je n'ai vécu au total qu'un an et quelques mois au Canada. J'y ai appris à parler (relativement) l'anglais, j'y ai regardé Sesame Street quand j'étais petit, ainsi que The Wizard of Oz, j'y ai même fêté Thanksgiving et Halloween; mais est-ce que je peux vraiment me considérer comme Canadien ? je n'en ai pas l'impression. Si je me lève quand on chante God Save the Queen, c'est par plaisanterie.

À l'intérieur de la France, je n'ai pas d'identité régionale claire. Les Bretons revendiquent souvent leur identité de Bretons, les Corses de Corses, etc. Mais je suis né à Paris (dans le 13e arrondissement, où j'habite d'ailleurs, même pas à Montmartre où il peut y avoir une identité de « poulbot »), j'ai grandi à Cassis (près de Marseille) et surtout à Orsay (en banlieue parisienne) ; ma mère est née à Sannois (aussi en banlieue, mais au nord), la famille de son père vient du Centre, celle de sa mère vient de Lorraine. Bref, je suis un pur produit, sans identité, du melting-pot francilien.

À la rigueur je peux me sentir Européen. La construction de l'unité européenne, cela me semble une grande et noble idée ; il est dommage qu'elle se fasse surtout, pour l'instant, par la monnaie (l'euro), mais c'est déjà quelque chose. Cependant, tellement de choses restent à faire ; et si j'arrive assez facilement à me sentir proche des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Hollandais, ce m'est beaucoup plus dur pour les Polonais, ou d'ailleurs les Grecs (je veux dire, les Grecs d'aujourd'hui) : réactions complètement irréfléchies, et que je ne prétends pas justifier, mais qui n'en existent pas moins.

Je n'ai pas non plus d'identité religieuse. Je suis moi-même athée. Personne dans ma famille proche (même par alliance) n'est ni juif ni musulman. Ma mère a été baptisée dans la foi catholique, mais elle n'y a jamais vraiment cru, et ça fait plus de quarante ans qu'elle a clairement quitté l'Église ; même sa mère n'a jamais vraiment pratiqué. Mon père est d'origine protestante (un de ses oncles était pasteur, d'ailleurs), mais lui aussi est athée depuis sa jeunesse, et son père était plutôt agnostique. Mes parents se sont mariés à l'église pour faire joli, mais ils ne m'ont pas fait baptiser (m'épargnant ainsi le souci de faire acte d'apostasie). En même temps, je ne vois pas dans le fait d'être athée un élément d'identité (pas plus que dans le fait de ne pas croire aux éléphants roses, disons) ; je n'ai juste pas besoin de concevoir un Dieu pour donner un sens à ma vie ou pour me fonder une éthique, et il m'importe peu de savoir si les autres gens font ou non cette hypothèse. Une des seules circonstances où je me rappelle spécialement que je suis athée, c'est lorsque j'entends, par exemple un musulman (je ne sais pas pourquoi, j'ai déjà entendu ça un certain nombre de fois avec un musulman, beaucoup plus rarement avec d'autres religions) dit quelque chose comme, vous autres, que vous soyez catholiques, ou protestants, ou juifs, et j'ai envie de lui signaler que tout le monde n'a pas une religion, que ce serait sympa de ne pas reléguer les agnostiques et athées à la poubelle des énumérations. (Bon, pour essayer de marquer le coup, j'évite de dire « mon Dieu » : je dis « par Zeus » à la place. Je dis aussi « avant l'ère commune » au lieu de « avant Jésus-Christ », mais ça c'est plutôt pour une question d'exactitude historique, Jésus étant sans doute né autour de l'an 4 avant l'ère commune.)

Quelqu'un me racontait qu'un clacissite de ses amis, parlant de la bataille de Marathon, tellement imprégné de culture classique, s'était exclamé, mais c'est nous qui l'avons gagnée. Je trouve cette histoire très belle. Malheureusement je parle trop mal le grec, barbare que je suis, et je suis incapable de courir 42195m, je n'aurai donc pas le culot de revendiquer l'identité d'Athénien.

Je n'ai pas vraiment d'identité politique non plus. Je suis plus proche des sociaux-démocrates que d'autre chose, mais en même temps les questions que je trouve politiquement les plus importantes sont rarement celles que les hommes politiques abordent, et vice versa. Les libéraux me considèrent comme un odieux étatiste parce que je crois qu'une sécurité sociale forte est une bonne chose, et les antimondialistes comme un odieux droitiste parce que je ne suis pas spécialement révolté par la mondialisation (ni par la pub).

On me souffle que je suis au moins trois choses : mathématicien, geek, et homosexuel. Moui. Mais être mathématicien me relie aux mathématiques, pas aux autres mathématiciens : si j'ai une certaine affinité pour certains d'entre eux, je reste convaincu que c'est un métier solitaire, et je ne peux pas imaginer mettre mathématicien dans mon identité. Geek, c'est quelque chose que je suis un peu malgré moi ; quelque chose dont on ne sait pas exactement ce que ça veut dire, au juste, d'ailleurs. Et dans « homosexuel » il y a « sexuel », donc ce serait un peu déplacé de ma part de le revendiquer comme identité. 😕

Oh, je suis encore plein d'autres choses comme je le disais il y a un mois : masculin, humain, mammalien… Mais ce ne sont pas exactement des identités culturelles.

Il ne faut pas chercher à tout prix à se coller des étiquettes, me dira-t-on enfin. On m'a même soutenu très sérieusement que j'avais un devoir d'être moi. Ho hum. Je ne sais pas si ça m'emballe, tout ça. Je n'ai pas demandé à être moi, moi ! Et je ne sais pas si c'est spécialement intéressant. D'ailleurs je raconte vraiment des âneries, là, alors je vais arrêter.

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(mardi)

Sur la nature cyclique du temps

Outre ce 'blog, je tiens un journal personnel. Pas quelque chose de rédigé, pas un vrai journal intime comme d'autres en ont, auquel je confierais mes pensées les plus secrètes. Plutôt un log (informatique, bien sûr) de l'essentiel de ce que je fais matériellement dans une journée, des gens que je vois, des déplacements que j'effectue, etc., le tout dans un style télégraphique. Parfois ça se résume à quelque chose comme : Levé à <telle heure>. Déjeuné. Rien foutu de la journée. Dîné. Couché à <telle heure>.

L'intérêt, c'est notamment de pouvoir retrouver, si je me dis tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas vu Untel, combien de temps au juste s'est écoulé (et parfois je suis surpris de ce que je découvre comme ça) ; ou, si je cherche à retrouver où j'étais et ce que je faisais à tel moment précis, d'en avoir une trace certaine (mais au fait où ai-je passé Noël 2001 ? est-ce que je ne confonds pas avec Noël 2002 ?). Bref, un culte à la Mémoire (et une motivation assez semblable à celle derrière ce 'blog). Je me suis astreint à ce petit travail d'écriture (très léger, vu que je ne détaille pas) quotidiennement depuis le 2001-01-01 (une bonne résolution pour le millénaire), et je n'y ai jamais failli, même si un jour (le 2002-05-06, pour être précis), suite à une fausse manœuvre informatique, j'ai perdu deux semaines de log, et j'ai eu l'impression qu'on me volait deux semaines de ma vie (cependant, comme ma mémoire humaine n'est pas complètement défaillante non plus, j'ai pu reconstituer l'essentiel de ce que j'avais fait pendant ces deux semaines — mais pas les heures précises de lever et de coucher, bien sûr).

De temps en temps, je regarde en arrière ce que je faisais 364 jours plus tôt (364 et pas 365 ou 366, parce que c'est 52 semaines, donc ça ressemble souvent bien plus à la journée présente), et j'essaie de me remémorer précisément la journée en question. Mais parfois les similitudes sont troublantes, presque embarrassantes : l'impression que rien n'a changé en un an, que j'ai vieilli d'une année « pour rien ». Continue comme ça, m'a dit un ami, et tu finiras par écrire le Journal du type qui lit son journal. Il n'a pas tort.

J'en profite, dans un relatif non sequitur (mais pas tant que ça non plus) pour conseiller la lecture de la collection de nouvelles qui a été écrite dans le cadre d'un cercle d'écriture collectif que j'avais organisé, et notamment celle de Denis Auroux (ma préférée).

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(lundi)

Fallait-il dire quelque chose ?

Hier, alors que je transitais dans les couloirs de la station Pasteur (pour prendre la ligne 12 afin d'aller à la porte de Versailles), j'entends une mère expliquer en réponse à une question de son fils (il devait avoir quelque chose comme sept ans) que Pasteur est un savant qui a inventé le vaccin contre la tuberculose.

Aurais-je dû réagir ? Dire non, Madame, Pasteur c'est la rage ? Signaler que le vaccin contre la tuberculose, c'est Calmette & Guérin (d'ailleurs il est bien connu sous le nom de BCG) ? Ou aurait-ce été, comme je l'ai estimé, me mêler de ce qui ne me regarde pas (la manière dont cette dame éduque son fils) ? Le fils, après tout, a plein d'années devant lui pour apprendre qui était Pasteur, et même s'il croit qu'il a inventé le vaccin contre la tuberculose (à supposer qu'il le retienne, ce qui est douteux), ce n'est pas si grave : finalement, c'est peut-être plus dommageable pour lui que sa mère se fasse reprendre en public pour avoir dit une bêtise. Donc à part étaler ma culture générale (ce n'est pas grave : je peux l'étaler sur mon 'blog à la place), ç'aurait été une remarque inutile.

Reste qu'il m'arrive assez souvent (typiquement dans le RER) d'entendre une conversation dans laquelle je pourrais intervenir pour soulever un doute, ou dissiper une erreur, que ce soit dans un de mes domaines d'expertise (notamment, on entend assez souvent des élèves de prépa ou des étudiants en maths discuter de maths, et dire des bêtises qui font frémir ; et l'informatique est elle aussi génératrice de quantité d'âneries prononcées) ou simplement des questions de culture générale auxquelles par hasard je sais répondre. Pratiquement toujours, je m'abstiens : ce serait déplacé de m'immiscer dans une conversation que je ne suis pas censé écouter (et si on commence comme ça, où ira-t-on : donnerai-je aussi mon avis sur un film dont deux personnes discutent à côté de moi ?) ; je ne le fais que dans des cas très précis, par exemple hier encore deux jeunes sont montés dans le métro où j'étais et ont commencé à se demander s'ils étaient dans la bonne direction pour aller à Charles-de-Gaulle Étoile : je leur ai dit que oui.

Mais j'admets que d'un autre côté les rares fois où quelqu'un s'est mêlé d'une conversation que je tenais, j'ai trouvé cette intervention plutôt bienvenue (je me rappelle notamment d'une discussion que je tenais avec Péter dans le RER sur le fonctionnement de la RAM, et quelqu'un s'est approché, nous a dit qu'il travaillait précisément dans la fabrication de puces de mémoire, et nous a apporté quelques précisions intéressantes).

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(vendredi)

Ajout au TODO précédent : lentilles

Il faut aussi que je me fasse refaire des lentilles de contact, parce que je n'en ai plus : je porte des lunettes en ce moment. Les avis divergent quant à ce qui me va le mieux (ou le moins mal). Pour ce qui est du confort visuel, ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant : les lentilles finissent toujours par capter une poussière ou une impureté ou par accumuler de la graisse dans le coin de l'œil et je vois alors flou, et les lunettes se salissent, tombent sur mon nez, et réduisent mon champ visuel.

Mon ordonnance :

Œil droit :
Marque :
Baush&Lomb
Modèle :
Soflens 66 Toric
Diamètre :
14.50
Rayon :
8.50
Puissance :
(150°-0.75)-7.50
Œil gauche :
Marque :
Baush&Lomb
Modèle :
Soflens 66 Toric
Diamètre :
14.50
Rayon :
8.50
Puissance :
(10°-1.25)-3.50

Ouille ! 8.25 dioptries sur un axe à l'œil droit, ça fait mal, quand même !

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(jeudi)

Quelques TODO insignifiants

Les batteries de mon mobile sont vraiment foutues maintenant. J'avais déjà parlé ici d'en racheter un, mais évidemment je n'ai rien fait. Maintenant je ne peux pas parler trois secondes sans que le mobile me coupe pour s'éteindre parce que les batteries sont, pense-t-il, vides. Bon. Je vais certainement encore prendre trois mois pour me décider, et puis je vais en acheter un autre. Je crois que je ne ferai pas d'effort particulier pour conserver mon numéro, en fait : j'enregistrerai juste un message sur le répondeur de l'ancien (qui restera en fonctions quelque chose comme six mois) pour indiquer le nouveau numéro. En attendant, vous ne pouvez pas me joindre utilement au 0699730449, mais vous pouvez encore m'y laisser un message vocal ou un SMS.

Il faut que je me fasse couper les cheveux. Peut-être même aujourd'hui, si j'arrive à me motiver à sortir à temps. Le problème est toujours le même : mes cheveux sont incroyablement fins et souples, donc on ne peut rien en faire d'utile : longs, ils partent comme ils veulent (aucun gel, aucun spray, aucune cire, ne réussissent à les fixer convenablement), et, courts, ils donnent l'impression d'être très rares parce qu'ils sont si presque transparents. La coupe précédente n'avait vraiment pas donné de bons résultats au-delà du premier jour, en fait. Je pense que je vais opter pour quelque chose d'assez conservateur (racourcir un peu devant, et pas mal sur les côtés et derrière).

Il me faut des photos d'identité (inscriptions, tout ça tout ça). Si possible après l'étape « coiffeur » (encore que faire avant + après, ça pourrait être rigolo). J'aimerais en profiter pour en avoir une copie numérique (scanner une photo d'identité, bof, ça donne des résultats désastreux pour ce qui est de la balance des couleurs ; et les photos prises par moi-même par mon appareil, c'est pas terrible). Est-ce que si je me pointe chez un photographe avec une clé USB et que je demande à avoir des photos d'identité tirées plus une copie numérique sur la clé, je vais passer pour un extra-terrestre ? Comme tout est fait en numérique de nos jours, et comme ils ont des lecteurs de clés pour pouvoir développer les photos des gens qui ont des appareils numériques, en principe ça ne devrait poser aucun problème ; mais comme on le sait bien avec la technologie, entre le « principe » et la « pratique » il n'y a aucune différence… en principe !

Programme des jours à venir : demain vendredi, et samedi matin, il y a le séminaire Variétés rationnelles à l'ENS, où il m'arrive même parfois de comprendre quelque chose à ce qui se dit (voire d'y parler moi-même : c'est dire s'il est bien, ce séminaire). Samedi soir je dîne dans un restaurant indien avec tout un tas de copains de l'ENS. Samedi et/ou dimanche j'irai peut-être faire un tour au salon Rainbow attitude pour voir de quoi que ça parle. D'ici mardi je dois avoir corrigé un tas de copies d'interros écrites (ça ça va très vite) et un autre tas de devoirs maison (ça c'est plus pénible, mais tous ne le rendent pas) de mes DEUGs, dont le partiel a lieu la semaine suivante (et ça me fera un nouveau tas de copies à corriger). Mercredi soir j'ai peut-être un autre dîner, à confirmer (avec des geeks que je ne connais, pour l'essentiel, pas, mais ça peut être l'occasion de faire de nouvelles connaissances).

Il faut encore que je règle plein de tracarasseries administratives du côté de la fac. Ne serait-ce que pour être payé un jour, ça peut être utile. Pour me réinscrire en thèse, aussi (et avoir une carte d'étudiant). Pour pouvoir manger au restaurant du personnel. Pour obtenir une carte d'identité professionnelle. Et il faut aussi que je prenne possession d'un bout de bureau qu'on m'a, semble-t-il, attribué quelque part dans le bâtiment de maths. Ah oui, et je dois me faire réouvrir un compte informatique sur les machines de la fac (j'en ai un, mais il a été désactivé pour cause d'inutilisation, pfff…). Un secrétariat auquel j'ai affaire est ouvert du mardi au vendredi de 8h30 à 11h30, un autre est ouvert du lundi au jeudi de 14h à 16h : c'est vraiment génial, surtout quand on doit passer toutes sortes de papiers de l'un à l'autre. L'administration, c'est un ramassis de secrétariat qui ne communiquent jamais les uns avec les autres et c'est aux usagers de faire tout le boulot de courrier entre eux (et je ne parle pas des mystérieuses personnes qui servent à signer des dossiers et apparemment uniquement à ça).

Quoi d'autre ? Ah oui : me lever avant 9h. J'ai une bonne raison pour ça : mes voisins adorés (toujours les mêmes) font des travaux chez eux (en gros ils abattent un mur ; je n'ai toujours pas compris comment ils ont réussi à persuader l'assemblée des copropriétaires de leur vendre une partie commune pour un euro symbolique !), et ça fait boum-boum-brzxxx-plink-bam-bam à partir de 9h du matin.

Et entre tout ça je dois trouver aussi le temps de me racheter un nouveau clavier (trouver un qwerty-US correct en France, ce n'est pas facile !) qui n'ait pas une touche enter-lock comme le mien a décidé d'avoir.

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(mercredi)

Ma thèse avance (à petits pas)

Aujourd'hui j'ai calculé deux éclatements. Si j'arrive maintenant à prouver que le rang d'une certaine matrice 33×16 vaut au moins 9, j'aurai effectué une désingularisation explicite par ces éclatements.

Hum… J'ai voulu une thèse de géométrie algébrique (presque) sans cohomologie, c'est ce que j'aurai eu. Mais évidemment, en contrepartie, il faut se battre avec des polynômes tout à fait explicites.

Tiens, il faudra que je raconte dans ce 'blog comment on peut calculer la dérivée de 2 par rapport à 5 (ou autres bizarreries de ce style). C'est le genre de choses qui constitue un des éléments de mes calculs actuels (la 16e colonne de la matrice, pour être précis, ce sont les « dérivées partielles » de certains polynômes par rapport à un nombre premier fixé…).

À part ça, j'ai resoumis un article pour le Journal of Algebra (qui avait été accepté sous réserve de modifications, j'ai traîné de longs mois pour faire ces modifications). Et je vais donner un séminaire sur l'approximation faible aux places de bonne réduction pour les surfaces cubiques sur les corps de fonctions de courbes : dans un mois au séminaire Variétés rationnelles de l'ENS, et en décembre sur invitation à Rennes.

[Grrr… La touche « entrée » de mon clavier se bloque ! C'est insupportable !]

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(mardi)

Au fond, je suis très timide

Je n'ai pas d'angoisse au moment de faire mes TD, je suis même tout à fait à l'aise. Mais, curieusement, en-dehors de ces heures, je suis très timide face à mes étudiants si par hasard je les rencontre, j'ose à peine leur adresser la parole. Je ne me l'explique pas vraiment. Peut-être que j'ai peur de ne pas être à ma place ? Peut-être que je crains qu'on croie que je les drague, traumatisé que je suis par tous les gens qui m'ont averti là-dessus ? Pas clair. Ce midi, je déjeunais au resto U de la fac (parce que je devais rester pour voir mon directeur de thèse), et je suis passé par hasard au self juste après deux garçons de mon groupe. J'ai hésité à m'asseoir avec eux, et finalement je n'ai pas osé, je me suis mis seul à une autre table. Bon, j'aurais pu demander poliment si je pouvais me joindre à eux, mais ils n'auraient sans doute pas dit non même si ça les saoulait. Je ne supporte pas l'idée de m'imposer, ou d'embarrasser.

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(mardi)

Mon père me fait la gueule

Mon père semble croire que tout problème informatique est forcément de ma faute : même si je n'en suis pas directement responsable (comme je lui ai signalé en soulignant que le trafic qui passe entre ses deux PC sur un éthernet switché n'est même pas vu par le routeur que j'administre), j'aurais dû « répondre à ses questions » (qu'il n'a pas cru bon de me poser, donc j'imagine que j'aurais aussi dû les deviner !).

Rancunier et obstiné comme il est, je suppose que maintenant il ne va pas me parler pendant six mois.

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(dimanche)

J'en ai marre d'être un frustré

Je n'ai pas spécialement plus de raison d'être sexuellement frustré aujourd'hui qu'avant-hier, il y a trois semaines, ou il y a trois mois (après tout, la dernière fois que j'ai consommé remonte à — euh, je préfère ne pas essayer de retrouver la date, ce serait vraiment trop déprimant), mais, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui spécialement j'en suis particulièrement conscient.

C'est idiot, parce que je n'ai pas un besoin physique de sexe à ce point : si j'avais une bonne raison de croire que je devais m'en passer (si quelqu'un me disait clairement, tu n'y arriveras jamais parce que <telle raison précise>) je suis assez certain que j'arriverais très bien à contrôler le manque. Mais le besoin est créé par l'impression absolument obsédante de facilité : coucher (pour une nuit, je veux dire), dans le milieu homo, est censé être aussi facile que trouver des chouettes à Athènes (zut, j'ai déjà utilisé cette image). Du moins tant qu'on n'est pas « vieux » (avec une notion outrageusement jeuniste du mot « vieux », certes, mais malgré mon âge canonique je ne tombe pas encore dedans) ou « moche » (ça simplifierait mon enquête si on me disait que c'était mon cas, mais il paraît que non, ce serait de la mauvaise foi de ma part de mettre mes difficultés sur ce compte-là). On entend des gens se plaindre qu'ils n'ont pas réussi à trouver un « plan cul » tel ou tel jour, comme si c'était vraiment l'exception à peine croyable (bien sûr, ils ne se donneraient pas la peine de dire comment ils font les jours où ça marche, parce que c'est tellement évident que ça ne le mérite pas), alors ce n'est pas vraiment plausible que je n'arrive pas à en trouver un en <…> mois sans être Quasimodo. J'ai même entendu quelqu'un se plaindre en longueur que c'était vraiment trop facile à tel point que ça en ôtait tout plaisir, ou tout intérêt, je ne sais pas, je n'ai pas trop écouté pour pouvoir retenir mon calme. (Je ne parle pas de la difficulté de se trouver un copain vaguement stable, voire le prince charmant de sa vie — là tout le monde s'accorde sur le fait que c'est difficile.) Alors je ne sais pas si je suis un cas unique au monde, ou s'il y en a d'autres comme moi qui sont désespérément silencieux. Je crois au moins avoir réussi un exploit absolument unique et sans précédent en ayant passé presque deux ans au MAG (et j'y allais très régulièrement — quasiment chaque semaine) et en étant encore puceau à l'arrivée : c'est un peu comme réussir à parcourir la rue de Rivoli d'un bout à l'autre un samedi soir sans rencontrer une seule voiture. OK, je n'ai pas encore essayé DialH (ni le dépot, for that matter) : on verra quand j'en aurai marre de traîner dans des bars en espérant que quelqu'un me retourne un regard, mais je me sens encore capable de réaliser des exploits inouïs devant lesquels la rue de Rivoli serait un jeu d'enfant (le périph' à pied sans voir l'ombre d'un véhicule, peut-être ?).

Ce n'est pas mon propos : ce que je voulais dire, c'est qu'être frustré comme ça ce n'est pas bon déjà parce que ça emmerde les lecteurs de mon 'blog à qui je raconte toutes sortes de conneries sans intérêt, et aussi parce que ça a une influence néfaste sur mon caractère, ça me rend impatient, aigre, cassant, voire carrément haineux et jaloux (disons que je sens ça remuer quelque part au tréfonds de mes entrailles et ce n'est pas plaisant). Et, bien entendu, ça menace mon sentiment de bonheur. Je ne sais pas à quel point je suis mentalement robuste ou fragile : j'imagine que si ma résistance cède, ce sera assez soudain (au jeu du corps à corps, l'esprit est bien plus fort).

Le piège, c'est que c'est précisément dans les endroits et dans les circonstances où j'ai des chances de trouver de quoi résoudre cette frustration (en la satisfaisant) que je trouve aussi de quoi l'alimenter. C'est le piège de l'espoir du fond de la boîte de Pandore : conservez l'espoir et il vous fait souffrir, abandonnez-le et vous ne pouvez plus agir.

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(jeudi)

La dure vie du fêtard

Je reviens d'une soirée organisée (à l'École) par Homonormalité. Très réussie, je dois l'admettre : plein de beaux garçons (et aussi de jolies filles, sans doute, mais ça me frappe moins que les beaux garçons, curieusement), beaucoup de monde de façon générale (curieusement, les soirées d'Homonormalité rassemblent vraiment beaucoup plus de monde que n'importe quel autre genre de soirée à l'ENS — et ensuite on s'étonne que les clichés genre « les homos savent faire la fête » aient la vie dure 😉), et une musique qui, cette fois, ne perforait pas les tympans à cent mètres à la ronde. Thème : « rouge et noir » (je n'ai toujours pas compris ce qu'il faut comprendre derrière ça, ni pourquoi Homonormalité fait si régulièrement des soirées appelées comme ça, mais peu importe) — et plein de gens s'étaient habillés de manière appropriée (pour ma part, je suis toujours en noir de toute façon).

Mais je me demande bien si c'est une bonne idée pour moi d'aller à ce genre de soirées : ça a surtout tendance à souligner mes frustrations. D'abord, je ne connais plus grand-monde, dans cette École (j'y suis rentré en '96, je rentre donc en « huitième année » d'une scolarité qui en compte quatre), je m'y sens de moins en moins à ma place. Et voir tous ces jeunes beaux gars se tortiller en rythme, ça m'apporte quoi ? Le sentiment d'être vieux et moche (en tout cas, comme d'habitude, personne ne me gratifie d'un regard), inhibé (incapable de trouver un prétexte pour ne serait-ce que faire connaissance) et surtout infiniment frustré. Bref, une incitation à être malheureux, dont je n'ai aucun besoin. ☹️ À ce titre-là, j'aurais mieux fait de rester chez moi (sans compter que ça me fait me coucher tard, donc c'est raté pour me lever de bonne heure, et hop ! me voilà remis sur la mauvaise pente du sommeil incontrôlé). Seulement, ce n'est pas en restant chez moi que je vais faire des rencontres.

Demain, il y a une autre soirée (beaucoup plus spécifiquement homo, celle-ci) inscrite sur l'agenda. Je fais quoi : j'y vais ou je jette l'éponge ?

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(dimanche)

Homo sum, humani nil a me alienum puto

[Attention, rant ahead : cette entrée est fort longue (peut-être en ferai-je une page séparée). Mais ça fait un moment que je me propose d'écrire ce mot, qui me tient beaucoup à cœur, alors il faut bien m'y lancer un jour.]

Je pars de l'extrait suivant (daté du 26 février 2002) du Journal interrompu de Sylviane Agacinski (l'épouse de l'ancien Premier ministre Lionel Jospin, mais c'est ici « en tant que » philosophe qu'elle parle, de sorte que cette précision est peu pertinente), dont je recommande au passage la lecture :

  • Je comprends que l'on parle des complications de l'identité sexuelle, puisque le masculin et le féminin ne s'appliquent pas simplement aux hommes et aux femmes et que chacun est mixe, à sa façon. Dans cette mesure, on peut dire qu'il y a plus de deux « genres ». Mais je conteste que cette multiplicité, cette multiplication des genres, puisse jamais réduire, encore moins annuler, la division sexuelle originaire. Il y a au moins deux genres, et là est l'irréductible.
  • L'hétérogénéité sexuelle de l'espèce fonctionne comme modèle de toutes les divisions — comme de toutes les oppositions hiérarchiques.
  • Toute neutralisation de la différence (comme de dire que la binarité sexuelle est disséminée jusqu'au point où « elle cesse de faire sens ») est contraire à ce qui relève pour moi de l'ordre d'une expérience élémentaire. Ainsi la possibilité d'être enceinte et porter un enfant constitue-t-elle une épreuve absolue de l'altérité sexuelle de deux façons au moins : elle est l'épreuve du corps maternel, qui accueille en lui un autre ; et elle est l'épreuve de l'altérité sexuelle, celle du mâle sans lequel le corps féminin ne peut être fécond.

D'autres expériences, fort obscures, font que n'importe quel homme m'est toujours étranger, toujours étrange, même si je l'aime, alors que n'importe quelle femme est un peu une sœur — même si je ne l'aime pas. Et la lionne elle-même m'est plus proche que le lion. […]

  • Enfin le différend sexuel est beaucoup plus ancien et profond que la division secondaire entre homosexuels et hétérosexuels. L'affirmation de caractères ou de valeurs liés à l'homosexualité en général ne devrait pas être affaiblie par le fait que les gays sont des hommes et les lesbiennes des femmes. Ce que l'on peut dire, c'est qu'il y a plusieurs « genres » de femmes, et plusieurs « genres » d'hommes, et non un seul de chaque « côté ». Mais il n'y en a pas moins deux côtés : penser la femme comme l'autre côté de l'être humain. Non pas son mode mineur, ou faible, mais son autre face.
  • Selon Augustin, Ève a été tirée d'un côté d'Adam, et non de sa côte (latus, et non costa).
  • Les genres se démultiplient, mais ils ne se neutralisent pas (contrairement au ni… ni… de la pensée queer).

Je suis parfaitement en accord avec ces remarques (à quelques détails près), et surtout avec l'utilisation du mot profond (le différend sexuel est beaucoup plus […] profond que la division secondaire…). C'est essentiellement sur ce point que je voudrais insister.

En bref : je suis un homme (vir — individu de genre masculin) avant d'être homosexuel. Certainement les deux qualifications ont leur importance (comme beaucoup d'autres, je vais y venir), mais la première, l'affirmation de mon genre (tant biologique qu'identitaire) en a nettement plus que la seconde, affirmation de mon orientation sexuelle.

Pourquoi éprouvé-je le besoin de le souligner ici (et maintenant) ? Je vais tenter d'expliquer pourquoi je pense cette profession de foi capitale et ce qu'elle signifie concrètement (car ce n'est pas qu'une déclaration abstraite et une pétition de principe sub specie æternitatis).

Pour commencer, peut-être ma proclamation suprendra-t-elle des lecteurs de ce 'blog : on ne compte plus les entrée dans lesquelles j'ai cru utile de rappeler que j'étais pédé — à peu près chacune, en fait, celle-ci comprise — alors que je n'ai pas cru nécessaire d'insister lourdement et péniblement sur le fait que, sans contrefaçon, je suis un garçon. Mais cette insistance est trompeuse : les faits les plus fondamentaux ne sont pas ceux sur lesquels nous devons insister le plus constamment (deux plus deux font quatre, répétez après moi, deux plus deux font quatre…), et parfois le langage le fait pour nous : chacun de nos mots présuppose tout l'Univers et toute notre conception d'icelui. En l'occurrence, chaque phrase dans laquelle j'accorde avec moi un adjectif ou un participe au masculin renvoie à mon genre, ce n'est pas un choix délibéré de ma part, c'est simplement la grammaire française qui le veut (d'autres langues ne le font pas), mais ce n'est pas pour autant anodin. (Je ne compte pas faire une petite crise de Sapir-Whorf-isme, je vous rassure, ni prêter allégeance à Lacan.) Et au-delà du langage : il n'est pas forcément évident, quand on me croise dans la rue, de m'identifier comme gay, alors qu'il est passablement clair que je suis un garçon (sinon, vous avez besoin de lunettes).

Concrètement, cela veut dire que je me sens le plus proche, que j'ai le plus de facilité à m'identifier, dans ma sensibilité, dans ma manière d'appréhender le monde (je ne parle pas spécifiquement de la pensée rationnelle, que je crois asexuée), d'un homme hétérosexuel que d'une femme (quelle que soit son orientation sexuelle). Certainement, je partage avec les lesbiennes l'appartenance à une minorité identifiée par son orientation sexuelle, et donc un certain nombre de valeurs ou de revendications qui peuvent procéder de l'appartenance à cette minorité. Certainement, je partage avec les « hétéroïnes » une attirance affective ou sexuelle pour le genre masculin. Mais l'appartenance à ce genre masculin prime sur l'attirance ressentie pour lui. Et la femme, la féminité, me restent distantes et inaccessibles, même incompréhensibles (Das Unbeschreibliche, / Hier ist's getan; / Das Ewigweibliche / Zieht uns hinan). J'insiste sur le fait que je ne parle pas ici de la pensée rationnelle, qui assurément ne connaît pas les frontières du sexe (ni peut-être celles de l'espèce, cela est un autre problème) : mais réduire l'individu à l'étroitesse de la pensée rationnelle est une fort singulière limitation de sa richesse et de sa diversité.

Concrètement, cela veut dire aussi que je trouve extrêmement blessante l'habitude qu'ont certains (notamment des homosexuels eux-mêmes, justement) de parler au féminin des garçons homosexuels ou de les désigner par des mots féminins (si j'ai écrit que « pédé » ne me gêne pas, en revanche je trouve « tapette » ou même le censément affectueux « tapiole » très insultants). Évidemment, je reconnais à tout le monde le droit de se désigner comme ils le veulent : juste soyez assez aimables pour ne pas dire « elle » en parlant de moi, merci (ni « elles » d'un groupe dont je fais partie — si vous n'aimez pas le fait que la grammaire française demande le masculin à moins que tous les membres du groupe soient féminins, dites par exemple « elles et ils »). Il va de soi que je ne trouve rien d'insultant au féminin in ipso : c'est juste que je ne m'y rattache pas. Au demeurant, ce sont autant les femmes qui pourraient être insultées de la suggestion que prendre un homme et lui retirer son goût pour les femmes fait de lui un individu féminin : quel singulier outrage à la dignité féminine que de penser qu'une femme est un homme « avec quelque chose en moins » !

Si je souligne aussi lourdement, c'est que cela correspond pour moi à un lourd traumatisme (et mon but n'est donc pas ici seulement de débiter mes théories mais aussi de parler de moi, ce qui est normal, c'est mon 'blog et c'est fait pour ça). Je n'ai jamais eu le moindre problème pour m'identifier moi-même (par rapport à moi-même, j'entends : devant les autres il m'a fallu plus de temps) comme homosexuel, ni évidemment comme individu de sexe masculin ; mais l'image que la société (ou que ma vision, adolescent, de la société) me renvoyait de l'homosexualité masculine, apparemment associée à des caractéristiques féminines ou efféminées que je ne trouvais pas du tout en moi, m'a causé un profond trouble identitaire. Comment pouvais-je réconcilier ma masculinité (ou, n'ayons pas peur du mot, ma virilité) avec mon homosexualité alors que toute l'iconographie ou l'idéologie que je recevais au sujet de ces idées les présentait comme contradictoires ? Comme je ne pouvais douter de ma masculinité (je suis en train de le dire, c'est ce qui est le plus significatif), j'ai pu me demander si ce que j'identifiais comme de l'homosexualité n'était pas une erreur de jugement de ma part : il m'a fallu un certain temps avant de comprendre qu'il n'en était rien, c'était seulement une certaine représentation de l'homosexualité qui ne correspondait pas à la réalité. Maintenant je fais un rejet extrêmement fort de l'association d'idées entre l'homosexualité masculine et la féminité ; rejet qui pourtant n'a rien à voir avec une « follophobie » comme certains en éprouvent (et que je réprouve), mais seulement avec un traumatisme d'adolescence.

Passons. Cependant j'en profite pour demander s'il est réellement opportun de rassembler, comme on le fait fréquemment, les transgenres et transsexuels, avec les homosexuels. Au-delà du fait trivial que tous ces groupes prônent de façon générale une plus grande tolérance sexuelle de la société (mais ce fait-là regrouperait également les zoophiles ou adeptes du sado-masochisme, par exemple) et peut-être la demande que la loi n'ait jamais connaissance du genre d'un individu, je ne vois pas ce qui regroupe les transgenres et les homosexuels. Et à vouloir assimiler ceux-là à ceux-ci ou ceux-ci à ceux-là, on risque de perdre de vue que leurs revendications ne sont pas du tout les mêmes (bien qu'elles puissent s'allier) ; donc oublier la spécificité des transgenres et entretenir des idées fausses sur les homosexuels. Je maintiens : l'homosexualité n'a rien à voir avec une confusion des genres (pas plus que la transsexualité, d'ailleurs), c'est au contraire nier l'existence même de l'homosexualité que de la ramener à une confusion des genres (le ni… ni… dont parle Sylviane Agacinski) dans laquelle il n'y aurait plus d'homosexualité ni d'hétérosexualité mais une pansexualité tout simplement contraire à l'observation la plus immédiate. Et c'est aussi ignorer la bisexualité (un oubli trop fréquent) que prétendre qu'il y a un clivage fondamental entre l'hétérosexualité et l'homosexualité.

Je ne prétends évidemment pas qu'il existe une séparation absolue et infrangible entre les genres. D'abord, ce n'est pas parce que j'insiste sur l'existence et l'importance de l'altérité sexuelle que je nie pour autant le fait que nous ayons chacun en nous des caractéristiques identifiables comme masculines et d'autres que l'on pourrait qualifier de féminines. C'est d'une telle banalité que j'ai presque honte à le dire ; mais parfois il faut défoncer les portes ouvertes pour être sûr d'être parfaitement bien compris. Je ne prétends nullement jouer au « macho », nier ou rejeter ma féminité en affirmant distinctement que je suis un individu de sexe et de genre masculin et en proclamant ma fierté quant à ma virilité, ni même en me prétendant incapable de comprendre la femme ; je prétends en revanche que cette féminité en moi n'a pas à voir avec mon homosexualité. Et je prétends encore que si l'on passe de l'affirmation (banale et de peu d'intérêt) « il y a du masculin et du féminin en chacun d'entre nous » à « tout est en tout et réciproquement » on risque de sombrer dans une eau de vinaigre intellectuelle qui ne mène à rien. S'il faut une illustration, je propose plutôt cette très jolie phrase (que j'ai d'ailleurs déjà citée) : I'm more man than you'll ever be and more woman than you'll ever get.

Mais continuons à attaquer au bélier les rares portes ouvertes encore intactes : il est évident qu'encore plus important que notre genre est le fait que, femmes et hommes ensemble, nous soyons des humains. Car la discrimination, toute discrimination, et notamment celle fondée sur le sexe, vient non d'une exagération de la différence entre les genres, mais de l'oubli simple de cette donnée vitale : notre genre est masculin ou féminin peut-être, mais c'est aussi le genre Homo (pun unintended, mais assurément bienvenu). N'oublions pas non plus que nous sommes encore d'autres choses. Par exemple : des mammifères ; cela peut paraître très bête à dire, mais de notre identité mammalienne proviennent certaines des fonctions « nobles » de notre cerveau, les émotions les plus importantes (dont l'amour maternel) ; donc je le dis sans crainte du ridicule, soyons fiers d'être des mammifères, voyons en les chats, les chiens, les rats et les vaches nos cousins, et n'ayons pas peur de dire que nous avons survécu là où les dinosaures ont péri. Je laisse au lecteur le soin de trouver ce qui doit être tiré de notre identité de primates, de vertébrés, et tout simplement d'êtres vivants (et quelle importance doit être donnée à chacune).

Merci de votre attention. Vous pouvez maintenant faire passer les mèmes. ☺️

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Je déteste la flûte à bec

Je déteste la flûte à bec quand elle est dans les mains d'un enfant qui croit que c'est un jouet apparenté à un sifflet (mais c'est à peine mieux s'il s'applique et qu'il ne connaît que quatre notes). C'est un instrument qui porte incroyablement loin et fort, et qui est vendu librement dans le commerce au lieu d'être soumis aux prix prohibitifs de tous les autres instruments de musique, de sorte que les parents ou les instituteurs trouvent bon de le mettre dans les mains de ces horribles garnements.

Or voilà que ce matin (enfin, soyons honnête : ce midi) le fils de mes voisins est sorti en jouer sur la terrasse (dont j'ai déjà noté que c'était l'endroit où l'isolation phonique est déplorable entre chez eux et chez moi). J'ai eu droit à pas mal de répétitions de toutes les permutations des quatre notes qu'il connaît, et aussi beaucoup du jeu de « je bouge mes doigts n'importe comment sur la flute en soufflant et je vois ce que ça produit comme son ». Plus quelques disputes avec sa sœur qui voulait peut-être jouer elle aussi.

C'est très gentil, les enfants, d'avoir pensé me faire un petit concert, mais j'aurais préféré continuer à dormir. Bon, là, j'ai décidé de me lever, pas tant parce qu'il était midi que parce que j'aurais sans doute fait des rêves bizarres où des enfants de huit-douze ans se font massacrer de toutes les façons possibles (mais très sanglantes) par des vengeurs armés de flûtes.

Certains vont peut-être me demander pourquoi je n'utilise pas de boules quies ou autres protections auditives en mousse. J'en ai, mais je trouve ça assez gênant, et j'apprécierais peu d'être condamné à dormir chacune des nuits de ma vie avec ces accessoires à cause des petits pénibles d'à côté qui une fois par mois décident de m'emmerder.

Devrais-je écrire une lettre à mes voisins ? Passer les voir pour m'expliquer ? Ou ignorer simplement la chose ?

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(Sunday)

Why do I write this 'blog?

[Traduction française ci-dessous.]

Time for a little introspection: what is my purpose in 'blogging? Certainly I enjoy talking about myself, but it runs deeper than just this. Here's one possible reason.

Have you ever played a video game where you could save the game at any point—and be sure you could come back to it later? Felt that very special relief, not so much that you had defeated the ugly monster, but that you had saved the game afterward? Or simply (outside the narrow world of video games) felt relieved, after making important work on a computer, that you had not only saved it, but saved it in a secure place, made a backup, or whatever?

Unfortunately, there is no such thing in real life. Sure, one can get an insurance for something one cares for (even for one's own life!), but there is nothing like the particular bliss of cyberlife where one can make a perfect copy of anything to serve as backup, and store it in security.

Somehow—please don't laugh—'blogging seems to be a substitute of a kind. I may not be able to back up my life in security, but at least I can save some of my memes (see outset below), by propagating them in other people's brains. You, for example. And indeed I feel, after having written some of this 'blog's entries, much as if I had “saved” something of myself.

This is the sort of Sehnsucht nach Ewigkeit (“longing for eternity”) that drives mankind's greatest artists or thinkers, aspiring for immortality, to leave their name on their works for future times to remember. But it is not the sole privilege of the greatest and highest to propagate their memes: though my name be engraved in no such marble, I can still hope for some of the ideas that have flowed through me (I say not come from me, merely flowed through) to become somehow, someday, a significant part of the noosphere.

Ridiculous? Perhaps—but quite common. Such is exactly the frame of mind of people who wish for their children or descendants a life that they could not have for themselves, or those who think it important for someone to “continue their name”. There are good chances that I won't have any biological children (and I certainly won't have nephews or nieces, so the closest thing I have to descendants are a couple of cousins' children who share some of my genes). But my brainchildren might beget brainchildren of their own, and so on—crescite et multiplicamini: these are my real descendants.

In short, what I am doing now is this: fertilizing your brain. Thank you for your kind assistance.

☺️

[French translation of the above.]

C'est le moment d'une petite introspection : quel est mon but en écrivant ce 'blog ? Certainement j'apprécie de parler de moi, mais cela court plus profondément. Voici une raison possible.

Avez-vous déjà joué un jeu vidéo où vous pouviez sauvegarder la partie à n'importe quel point — et être sûr de pouvoir y revenir plus tard ? Et éprouvé ce soulagement très particulier, non tant d'avoir triomphé du vilain monstre, mais d'avoir sauvé la partie ensuite ? Ou simplement (hors du monde étroit des jeux vidéo) vous êtes senti soulagé, après avoir fait un travail important sur ordinateur, de l'avoir non seulement sauvé, mais sauvé en un endroit sûr, fait une copie de sauvegarde, que sais-je ?

Malheureusement, il n'y a rien de tel dans la vie réelle. Assurément, on peut souscrire à une assurance pour quelque chose à quoi on tient (même pour sa propre vie !), mais ce n'est rien comme la sérénité particulière de la cybervie où l'on peut faire une copie parfaite de n'importe quoi pour servir de sauvegarde, et la stocker en sécurité.

D'une façon ou d'une autre — ne riez pas — 'blogger m'en semble une sorte d'ersatz. Je ne peux certes pas faire une copie de sauvegarde de ma vie en sécurité, mais au moins je peux sauver certains de mes mèmes (voir l'encadré ci-dessous), en les propageant dans le cerveau d'autres personnes. Vous, par exemple. Et je me sens en effet, après avoir écrit certaines des entrées de ce 'blog, comme si j'avais « sauvé » une partie de moi-même.

C'est la sorte de Sehnsucht nach Ewigkeit (« poursuite de l'éternité ») qui guide les plus grands artistes et penseurs de l'humanité, aspirant à l'immortalité, à laisser leur nom sur leurs œuvres pour que les temps à venir se les rappellent. Mais ce n'est pas le privilège exclusif des plus grands et plus hauts de propager leurs mèmes : quoique mon nom ne soit engravé en aucune sorte de marbre, je peux cependant espérer que quelques-unes des idées qui ont coulé par moi (je ne dis pas venues de moi mais seulement coulé par moi) deviennent un jour, d'une façon ou d'une autre, une partie significative de la noosphère.

Ridicule ? Peut-être — mais fort commun. Tel est exactement le cadre d'esprit des gens qui veulent pour leurs enfants ou descendants une vie qu'ils n'ont pas pu avoir pour eux-mêmes, ou ceux qui croient important que quelqu'un « continue leur nom ». Il y a de bonnes chances pour que je n'aie pas d'enfants biologiques (et certainement je n'aurai pas de neveux ou nièces, de sorte que le plus près que j'aie en matière de descendants sont quelques petits-cousins qui partagent certains de mes gènes). Mais mes enfants de l'esprit pourraient engendrer d'autres enfants de l'esprit, et ainsi de suite — crescite et multiplicamini : ceux-là sont mes vrais descendants.

En bref, ce que je fais maintenant est ceci : fertiliser votre cerveau. Merci de votre aimable coopération.

☺️

What is a meme?

[Traduction française ci-dessous.]

The word “meme”, which parallels “gene”, was invented by the English biologist Richard Dawkins in his celebrated book The Selfish Gene (1976). In a nutshell, memes are to ideas what genes are to living creatures: the elementary building blocks from which ideas are made. And much the same way as the biosphere is a struggle in which the fight for survival of the fittest individuals, competing for food, selects the genes most capable of ensuring their own reproduction, while random mutations continuously produce new genes from old ones, much in the same way, the noosphere (the world of thoughts) is a struggle in which the fight for survival of the fittest ideas, competing for brain space, selects the memes most capable of ensuring their own reproduction, while random variations continuously produce new memes from old ones.

This concept can also be traced, for example, in the work of the French philosopher Alain, who had already noted that human tools follow an evolutionary process very similar to that which Darwin pictures as the origin of species: craftsmen tend to reproduce prior tools as faithfully as possible, but slight changes always happen, willy-nilly, and the best tools are more successful and tend to be copied more often. So even if no individual craftsman is creative in his work or shows any ingenuity in improving existing tools, civilizations tend to develop better objects over the course of generations.

[French translation of the above.]

Le mot « mème », qui fait parallèle à « gène », a été inventé par le biologiste anglais Richard Dawkins dans son célèbre livre The Selfish Gene (1976). En bref, les mèmes sont aux idées ce que les gènes sont aux créatures vivantes : les blocs élémentaires de construction à partir desquels les idées sont faites. Et de la même manière que la biosphère est une lutte dans laquelle le combat pour la survie des individus les plus aptes, en concurrence pour la nourriture, sélectionne les gènes les plus capables d'assurer leur propre reproduction, tandis que des mutations aléatoires produisent continuellement de nouveaux gènes à partir des anciens, bien de la même manière, la noosphère (le monde des pensées) est une lutte dans laquelle le combat pour la survie des idées les plus aptes, en concurrence pour le terrain de pensée, sélectionne les mèmes les plus capables d'assurer leur propre reproduction, tandis que des variations aléatoires produisent continuellement de nouveaux mèmes à partir des anciens.

Ce concept peut aussi être tracé, par exemple, dans l'œuvre du philosophe français Alain, qui avait déjà noté que les outils humains suivent un processus d'évolution très semblable à celui que Darwin dépeint comme l'origine des espèces : les ouvriers tendent à reproduire les outils antérieurs aussi fidèlement que possible, mais de petits changements se produisent toujours, çà et là, et les meilleurs outils ont plus de succès et tendent à être copiés plus souvent. Donc même si aucun ouvrier individuel n'est créatif dans son travail et ne montre aucune originalité pour améliorer les outils existants, les civilisations tendent à développer de meilleurs objets au fil des générations.

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(Tuesday)

Am I dead?

[Traduction française ci-dessous.]

I was lying in bed, soundly sleeping, when the following things happened (c. 2003-09-16T02:15+0200): (a) I became half-awake, (b) I very clearly thought “I'm going to die”, (c) I had a terrible headache, (d) a loud bang (at least that's what it felt) resonated in my head (in a very localized place, near the top of the parietal lobe of the right hemisphere), and then (e) I fully awoke, with my heart pounding at an incredible speed. This all happened during a few seconds. (The recollection I have is that the chronological order is (a), (b), (c), (d) and (e). But logic would have me think (d), then (b) and (a), then (c) and (e). Sometimes memory is unreliable as to the order of events in close succession: it is known that the impression of chronological order is imposed a posteriori by the brain.) Then all went back to normal, very rapidly (I've never had such a bad headache recede so quickly). Apparently I'm not dead; and I went through a sequence of simple tests to make sure I hadn't lost some major mental, psychomotor or sensitive ability, but it doesn't seem so.

I don't know what to make of this. I've had various signs before that made me worry about my cerebrovascular condition, and I've already had (d) and (e) happen unexpectedly (though the location of the bang is usually the occipital lobe of the right hemisphere), but never with (b) before (it was really strange). Maybe I should take a scan (on the other hand, maybe I don't really wish to know more).

This is irritating. If an aneurysm burst is to kill me, I wish it would do it cleanly, not giving me the time to think “I'm going to die” or feel anything like a bang or a headache. And, by the way, not leaving me alive and mentally crippled would be nice: thanks in advance!

(Note, by the way, the utter stupidity of the reflex reaction: sudden pain in the head ⇒ adrenaline discharge ⇒ increase in blood pressure. Probably not the right response to a cerebrovascular problem!)

[French translation of the above.]

J'étais au lit en train de dormir profondément quand les choses suivantes se sont produites (vers 2003-09-16T02:15+0200) : (a) je me suis à moitié réveillé, (b) j'ai clairement pensé « je vais mourir », (c) j'ai eu un mal de tête épouvantable, (d) une détonation (au moins c'est l'impression que ça donnait) a résonné dans ma tête (à un endroit très localisé, vers le haut du lobe pariétal de l'hémisphère droit), et ensuite (e) je me suis entièrement réveillé, mon cœur battant à toute vitesse. Tout cela s'est produit en quelques secondes. (L'impression que j'ai est que l'ordre chronologique était (a), (b), (c), (d) et (e). Mais la logique me ferait penser (d), puis (b) et (a), puis (c) et (e). Parfois la mémoire n'est pas fiable quant à l'ordre d'événements en succession rapide : il est connu que l'impression d'ordre chronologique est imposée a posteriori par le cerveau.) Puis tout est revenu à la normale, très rapidement (je n'ai jamais eu un mal de tête pareil qui se résorbe aussi rapidement). Apparemment je ne suis pas mort ; et j'ai fait une suite de tests simples pour m'assurer que je n'avais pas perdu une capacité mentale, psychomotrice ou sensorielle importante, mais il ne semble pas.

Je ne sais pas quoi en penser. J'ai eu des signes auparavant qui m'ont fait m'inquiéter quant à mon état cérébrovasculaire, et j'ai déjà eu (d) et (e) se produisant de façon inattendue (même si l'emplacement de la « détonation » était d'habitude le lobe occipital de l'hémisphère droit), mais jamais avec (b) avant (c'était vraiment étrange). Peut-être devrais-je passer un scanner (d'un autre côté, peut-être que je ne veux pas en savoir plus, en fait).

C'est irritant. Si une rupture d'anévrisme doit me tuer, je voudrais qu'elle le fasse proprement, sans me laisser le temps de penser « je vais mourir » ou de sentir quelque chose comme une sensation de détonation ou un mal de tête. Et, en passant, ne pas me laisser vivant et mentalement diminué serait sympa : merci d'avance !

(Notez, au passage, la stupidité complète de la réaction réflexe : soudaine douleur dans la tête ⇒ décharge d'adrénaline ⇒ augmentation de la pression sanguine. Probablement pas la bonne réponse à un problème cérébrovasculaire !)

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(mercredi) · Pleine Lune

« L'État opprime et la loi triche, / L'impôt saigne le malheureux. » (devise libérale)

C'était trop beau : je viens de recevoir mon avis de taxes foncières. 616€ ☹️

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(jeudi)

Il me faut un nouveau mobile

Mon téléphone portable — ahem, mobile — est en train de rendre l'âme (si tant est qu'il en ait une). Notamment, il lui arrive fréquemment, au cours d'une communication, et sans raison apparente, d'émettre une sonnerie censée indiquer l'épuisement des batteries et de s'éteindre (alors que les batteries, d'après l'indicateur de charge, si on rallume le téléphone, sont encore pleines). C'est pour le moins gênant. Et il a quelques autres comportements pénibles également révélateurs d'un dysfonctionnement lié sans doute à une fin de vie utile. Pourtant, il n'a même pas quatre ans : je trouve ça un peu court, vu que je ne suis pas de ceux qui ont envie de changer de mobile tous les ans pour être à la pointe du progrès (d'ailleurs, le truc que j'ai, un Siemens A36, était déjà « obsolète » quand je l'ai eu).

Par ailleurs, mais ce n'est pas nouveau, ce mobile ne capte pas dans mon appartement. C'est un peu pénible, parce qu'il y a toujours des gens qui ne pensent pas à essayer d'appeler mon téléphone fixe avant mon mobile : le téléphone sonne, j'entends vaguement mon interlocuteur (entrecoupé de silences plus ou moins longs) mais lui, apparemment, ne m'entend pas.

Je vais donc sans doute me mettre en quête d'un remplacement. Mes priorités sont : la robustesse et l'autonomie (et, dans une moindre mesure, le poids, mais je ne suis pas trop exigeant). La robustesse est vraiment de loin le plus important : idéalement, je voudrais un appareil que je peux faire tomber de 2m de hauteur sur le parquet (ou le bitume) sans risquer qu'il soit abîmé — j'espère qu'on sait faire ça. Les gadgets comme les jeux, la lecture de MP3, l'écran graphique couleur, l'accès Wap et Web, la fonction appareil photo ou caméra, l'enveloppe changeable, tout cela ne m'intéresse pas du tout. En revanche, avoir quelque chose de bon marché me plairait considérablement, parce que mon porte-monnaie n'est pas au mieux de sa forme.

Encore faut-il que je décide, aussi, si je change de formule ou si je reste sur le système actuel : certes je n'en pense pas beaucoup de bien, mais je doute que les concurrents soient moins malhonnêtes. Je ne suis pas trop enthousiaste pour changer mon numéro, non plus — sauf que je n'ai aucune solution pour garder ma formule et changer le téléphone autrement qu'en achetant un nouveau téléphone non verrouillé (ce qui coûte ¤¤¤).

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(Thursday)

A riddle

What do I (David Madore) have in common with Danish unicyclist Morten Borges, French soccer player Johann Charpenet, Canadian wrestler J. C. Derksen, Hungarian consultant Vass Enikő-Ibolya, French engineer David Gerson, American baseball player Troy Glaus, Canadian Hockey player Jason Groleau, Australian mystic “gypsiefire”, Thai star actor Chatyodom Hirunyattithi (“Chai”), American artist “Jenny”, sometime Dune singer Tina Lacebal, Finnish Linux guru Ville Laurikari, French engineer Christophe Monin, US marine and Naval academy member Bryant Nunn, American singer and guitarist Lea Pop(ielinski), Malaysian engineer Khairul Salleh bin Mohamed Sahari, French roller champion Ghizlane Samir, Canadian cyclist Mathieu Toulouse, and a couple hundred thousand other people on Earth, famous or unknown, from all countries and just about all professions?

This should be obvious enough.

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(lundi)

2003-09-01

[English translation follows.]

Voilà, nous sommes en septembre (c'est fou comme le fait de tenir un 'blog divisé en mois fait prendre conscience du passage du temps). J'ai atteint l'année Bac+9. Et j'en profite pour regarder ce qui m'attend, professionnellement.

Ma thèse a maintenant de sérieuses chances d'être menée à son terme, et peut-être même d'ici décembre (du moins, c'est ce qui est prévu). Rien n'exclut, évidemment, un blocage inattendu ou un malheur quelconque, mais enfin les chances commencent à se préciser que je porte avant trop longtemps le titre de Docteur de l'Université de Paris XI (oui, mon fan-club commençait à désespérer, et moi avec). Mon directeur de thèse et moi-même sommes convenus (au début de cet été) de ce qu'il me restait à faire avant de soutenir, et cela semble atteignable. À part pour une inévitable introduction au sujet, je n'aurai pas de phase de rédaction (souvent si pénible pour les thésards) parce que ma thèse sera simplement la réunion d'une série d'articles soit déjà parus soit soumis à publication. Le principal regret qu'on peut avoir, c'est qu'alors que l'intitulé de mon sujet était Arithmétique des variétés rationnellement connexes, je n'aurai pour ainsi dire travaillé que sur les hypersurfaces cubiques (et même, plus précisément, que sur les surfaces cubiques, autrement dit la dimension 2), qui sort certes des variétés rationnellement connexes, mais tout de même assez particulières ; et au lieu d'appliquer de belles et grandes techniques de déformation à la façon de Kollár, j'ai surtout travaillé avec les symétries (et combattu les points d'Eckardt) sur les surfaces cubiques. J'ai certes aussi un petit article minable sur la R-équivalence très libre sur les variétés toriques et surfaces de Del Pezzo de degré 5 (autres variétés rationnellement connexes), mais ce n'est vraiment pas grand-chose ; et mon article commun avec mon directeur de thèse, qui parle certes de surfaces de Del Pezzo de degré 4 (en plus — encore une fois — de celles de degré 3 qui sont précisément les surfaces cubiques), ne sera pas versé à ma thèse parce qu'il est cosigné. Je risque de ne plus pouvoir voir une surface cubique, même en photo, quand j'aurai fini (ça tombe bien, c'est difficile à photographier ☺️).

Et justement, après la thèse ? Eh bien je ne sais pas. La suite naturelle serait de postuler une charge d'enseignant-chercheur en fac ou de chercheur au CNRS (cette dernière possibilité étant à peu près perdue d'avance à cause des restrictions draconiennes sur le nombre de postes). Bref, devenir mathématicien, ce qui est logique après une thèse de maths. J'exclus d'emblée la possibilité d'un post-doc à l'étranger, vue ma profonde aversion pour toute forme de voyage. Et je ne suis pas non plus terriblement emballé à l'idée de me retrouver maître de conf' en province, moi qui ai passé les cinq dernières années à apprendre à aimer Paris jusqu'à ne plus pouvoir supporter de vivre ailleurs (et puis, matériellement, je suis propriétaire d'un appartement à Paris, et je n'ai aucune intention de le revendre) : bon, à la limite il est possible d'avoir un poste à Lyon ou Lille (par exemple) tout en habitant Paris, et faire de fréquents allers-retours. Sans post-doc, et avec une thèse qui ne révolutionne pas le monde, mes chances à Paris sont limitées.

Quant au travail de recherche… Bien sûr que les mathématiques pures me passionnent, mais les questions qui me motivent semblent sans aucun rapport avec celles qui motivent les autres mathématiciens (le journal mathématique que j'ai tenu par le passé le prouve) ; les « questions intéressantes » (comme on les qualifie) ne m'intéressent pas, ce sont les « questions élégantes » que je recherche ; les démonstrations m'intéressent moins que les énoncés des théorèmes (toujours les plus élégants possibles), et les théorèmes moins que les définitions et les formalismes harmonieux. Bref, j'ai le sentiment de ne pas être en phase avec le monde de la recherche mathématique, de ne pas poursuivre le même but. 😕 Et je ne suis pas non plus sûr d'arriver à (ou simplement d'avoir envie de) socialiser avec les mathématiciens.

Et sinon mathématicien, quoi ? Eh bien je n'ai pas trop le choix : à moins de vouloir démissionner (ou au moins prendre un congé pour convenance personnelle) de mon poste d'agrégé, ce serait pour enseigner (par exemple en prépa) ; ce qui ne me motive que très médiocrement (enseigner me plaît, mais refaire toujours le même programme… quelle barbe ! et le niveau mathématique du programme de prépa est bien peu intéressant), et corriger les copies est très pénible. Enseigner demande pas mal de temps (à moins de me mettre à mi-temps, mais alors ce serait forcément en lycée, donc encore plus chiant), mais moins que d'autres choses que je serais susceptible de faire. De toute façon, il est hors de question que je cherche du travail dans l'informatique (même si j'en trouverais sûrement) : mes nerfs craqueraient sans doute encore plus vite face à un ordinateur et un programme con à écrire que face à une trentaine d'étudiants ou lycéens (pour le lycée, ça dépend où, certes). Quand j'en ai parlé à mon directeur de thèse, il m'a confié qu'il avait lui-même à un moment nourri l'idée de partir enseigner pour être tranquille et pouvoir se consacrer en même temps à l'écriture. Ce n'est pas absurde ; si j'avais vraiment foi en mes talents d'écrivain, je n'hésiterais pas.

Pourtant, rapidement, je vais devoir faire un choix. Le choix de ma carrière, au fond, et ce n'est pas facile.

[Traduction anglaise de ci-dessus.]

So, we are now in September (crazy how holding a 'blog that's divided in months makes one aware of the passage of time). It's now been nine years since I graduated from high school. And I take the occasion to look at what's ahead of me, professionally.

My doctorate thesis now has serious chances of going to its end, and perhaps even before the end of the year (at least, that's what is planned). Nothing says, of course, an unexpected obstacle won't come up, or some disaster, but the chances are getting better that I'll have before long the title of doctor of the University of Paris XI (yes, my fan-club was beginning to despair, and I along with it). My thesis advisor and I agreed (at the beginning of summer) on what remains for me to do before I defend my dissertation, and it seems within my reach. Apart from the inevitable introduction to the domain, I won't have any special composition stage to go through (which doctorate students often find a great pain) because my thesis will just be the collection of a series of articles either already published or submitted for publication. The main regret I can have is that although the wording of the subject was Arithmetic of rationally connected varieties, I practically will have worked only on cubic hypersurfaces (and even, more specifically, on cubic surfaces, in other words, dimension 2), which are indeed rationally connected varieties, but very specific ones; and instead of applying beautiful and general deformation techniques in the manner of Kollár, I have mostly worked with symmetries (and fought Eckardt points) on cubic surfaces. True, I have also a small and insignificant article on very free R-equivalence on toric varieties and Del Pezzo surfaces of degree 5 (further rationally connected varieties), but it really isn't much; and my joint paper with my thesis advisor, which is indeed on Del Pezzo surfaces of degree 4 (besides—again—those of degree 3 which are precisely cubic surfaces) won't go into my thesis since it is co-signed. I probably won't be able to stand the sight of a cubic surface, when I'm done (well, that's all right, they're difficult to get a sight of, anyway ☺️).

So, precisely, after the thesis? Well, I don't know. The natural continuation would be to apply for a research-and-teaching position in a University or for a pure research job at the CNRS (the latter possibility being essentially doomed from the start because of severe cuts in the number of positions). In a word, to become a mathematician, which is logical after a doctorate in mathematics. I immediately rule out the possibility of a post-doc abroad, because of my deep aversion for any kind of travel. And I'm not too terribly enthusiastic either about getting an assistant professor's position away from Paris, after I've spent the last five years of my life getting to love this city and not being able to bear living elsewhere (and then, materially, I own an apartment in Paris and have no intention of selling it): all right, I could in principle have a position in Lyon or Lille (for example) and still live in Paris, and commute frequently. Without a post-doc, and with a thesis that doesn't turn the world around, my chances in Paris are limited.

As for research work… Of course pure mathematics fascinates me, but the problems which motivate me seem very different from those which motivate other mathematicians (the mathematical diary which I've held in the past proves it); « interesting questions » (as they are qualified) don't interest me, it is « elegant questions » which I seek; proofs interest me less than the statement of theorems (always as elegant as possible), and theorems less than definitions or harmonious formalisms. In brief, I have a feeling of being out of phase with the world of mathematical research, not to pursue the same goal. 😕 And I'm also unsure that I can (or even want to) socialize with mathematicians.

But if not mathematician, then what? Well, I don't have much choice: unless I resign (or take leave for personal convenience) from my office as agrégé [state employee as qualified high school teacher], it would be to teach (for example in preparatory classes [“classes préparatoires”]); which I find only very mediocrely motivating (I like teaching, but to endlessly go through the same curriculum… what a bore! and the mathematical level of the preparatory classes curriculum really isn't very interesting), and grading exams is a real pain. Teaching takes rather a lot of time, but less than other things that I might do. In any case, it is out of question for me to seek employment in the computer industry (even if I surely might find it): my nerves would certainly crack much faster before a computer and a stupid program to write than before thirty or so students (well, if in high school, it depends where, assuredly). When I spoke of this to my thesis advisor, he confided that he had himself at some point entertained the idea of going into teaching so as to have the leisure and time to write. It isn't absurd; if I really had faith in my gifts as a writer, I wouldn't hesitate.

But, rapidly, I'll have to make a choice. The choice of my career, in fact, and it isn't easy.

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(dimanche)

Demain je serai fonctionnaire

Bon, peut-être que je suis déjà fonctionnaire, mais stagiaire—et en congé spécial sans traitement (depuis trois ans, je suis payé en comme contractuel). Je deviens titulaire (agrégé classe normale) à partir du 1er septembre et je devrais être mis en détachement pour exercer en tant qu'ATER à Orsay. Que de buzzwords ! Et en pratique ça change quoi ? Euh… plus de travail ? 😉

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(Monday)

Does that mean I'm famous?

Going through my Apache logs, I learned that this 'blog got mentioned in MSNBC's Blogspotting column of 2003-08-21. (Can you find the link that points here? Yeah, I don't know whether I should take that as a compliment or an insult.) Wait a minute: MSNBC is the Enemy, isn't it? Hmmm…

All right: now where do I get the “F*** me, I'm famous” tee-shirt?

(Side question: how long will it take before the Web becomes all pointers and no content? We've had lists of 'blogs, and pointer lists to lists of 'blogs, and I'm sure before long we'll be having pointer lists to pointer lists, so Google can churn all that and produce the content out of nowhere.)

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(dimanche)

Impôts

Je reçois un courrier du Trésor public : une mauvaise nouvelle, donc. J'ai pas mal dépensé ce mois-ci, mon compte n'est pas au plus haut, et le troisième tiers va faire mal. J'ouvre, je lis le montant imprimé sur le TIP : 900. Aïe, ça fait effectivement mal. Comment ai-je réussi à avoir tant d'impôts à payer ? Je regarde le décompte pour en savoir plus : total dû, 955€ ; versement 1er accompte, 473€ ; versement 2e accompte, 473€… Aaaaah, ce n'est pas 900€, c'est 9.00€ ! Je retire ce que j'ai dit : Chirac tient ses promesses, les impôts ont beaucoup baissé.

Explication du mystère : en 2000, quand je suis sorti de l'École en septembre, j'ai mis très longtemps à remplir la paperasse pour mon contrat d'allocation de recherche et de monitorat ; je n'ai donc pas été payé avant 2001, et mes revenus 2000 étaient faibles parce qu'il n'y avait plus de salaire entre le septembre et décembre. À l'inverse, en 2001, j'ai eu trois mois de salaires versés en plus, ce qui m'a fait des impôts plus importants en 2002, et comme les tiers provisionnels sont estimés sur l'impôt de l'année précédente, ils étaient importants. Ce qui fait qu'ils ont quasiment couvert tous mes impôts maintenant.

Ça me donne envie de payer mes impôts en espèces, ça, une fois, pour rigoler. Et puis ça m'évitera de majorer mes impôts de 6% par le prix du timbre !

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(vendredi)

L'enfer, c'est les voisins

Les voisins sont des créatures inventées par le diable (quinzième arcane majeur — non, rien) pour nous empêcher de dormir tranquillement. Là, par exemple, je suis réveillé à 10h, heure à laquelle ces temps-ci je me couche plutôt. C'est à peu près la seule chose que je déteste avec le fait de vivre en ville : on est assuré de devoir supporter des voisins ; et en plus, ceux-ci ont une désagréable tendance à ne pas bouger. Bon, je ne suis pas mal loti : mon immeuble est moderne (début des années '90 du siècle dernier — je veux dire, le XXe), les murs isolent très bien. Je n'entends pas du tout les voisins d'un côté parce que j'en suis séparé par la cage d'escalier (qui mène à la cave, donc je n'entends pas non plus les gens qui la parcourent) ; les voisins du dessus je ne les entends que quand ils passent l'aspirateur ; et ceux de l'autre côté je les entends quand ils sont sur leur terrasse (ce qui était le cas ce matin, d'où mon réveil prématuré) ou parfois quand ils sortent de chez eux (il faut dire qu'ils ont un goût immodéré pour squatter le couloir juste devant chez moi — je devrais les faire arrêter au nom des lois Sarkozy sur les halls d'immeuble, tiens). Mais quand même.

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(mercredi) · Dernier Quartier

Mes horaires de vie

À force de me décaler, j'en suis arrivé au stade où, au lieu de faire mes courses à mon Champion local juste avant sa fermeture (21h), je peux les faire un peu avant de me coucher, juste à son ouverture (9h). Enfin, c'est ce que je viens de faire. C'est la première fois que je suis le premier client de la journée où que ce soit, d'ailleurs, je crois.

Ce n'est pas bien, ce rythme de vie décalé où je me lève à 18h et me couche à ce qui est pour moi « 34h du matin ». C'est très malsain. Mais j'ai un mal fou à me remettre à des horaires normaux : pour cela, il me faut, en fait, « sacrifier » une journée, et, pire que tout, sacrifier une nuit de sommeil (me forcer à me lever après seulement quelques heures, pour être fatigué quand le soir vient), ce que j'ai beaucoup de mal à consentir (il y a peu de choses que je considère aussi précieuses qu'un sommeil où je ne permets à rien de m'interrompre ou de me restreindre dans mon repos). La solution consistant à me décaler de plus en plus, pour faire un tour complet, ne marche pas non plus, je finis par bloquer.

(Pour ce qui est de ce 'blog, je date les entrées par le jour où je me suis levé. Dans mon esprit, nous sommes encore mercredi, là, même si en fait c'est 2003-08-21T09:25+0200 je le lis comme 2003-08-20T33:25+0200. Si je fais une nuit blanche, je suis totalement perturbé, du coup. En fait, je suis déjà trop vieux pour faire des nuits blanches, j'ai beaucoup de mal à récupérer.)

Ah, et sinon, la question idiote du jour : pourquoi les bouteilles de vin (de quelque qualité) indiquent-elles le cépage et la provenance du raisin, mais pas les bouteilles de jus de raisin (sauf pour le muscat, et encore) ? Si ça se sent dans le vin, ça devrait se sentir encore beaucoup plus dans le jus de raisin, il me semble (ou alors il faudrait expliquer pourquoi la fermentation révèle des choses qui ne se sentaient pas avant).

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(jeudi)

Je hais le 15 août

Pendant deux semaines je n'ai pratiquement rien pu faire que rester cloîtré chez moi à cause de la chaleur, et à peine celle-ci commence-t-elle à se dissiper que voilà venu le maudit quinze août, ce jour où tout le pays tombe dans un profond coma, où rien ne peut se faire, où tout est fermé, et où il n'y a plus qu'à se cloîtrer de nouveau chez soi ; et quand je dis « le jour », en l'occurrence c'est plutôt les trois jours. Que tout cela est pénible !

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(mardi) · Pleine Lune

Drague

Un reportage sur la très sérieuse chaîne Arte vient de nous l'apprendre officiellement : la drague, c'est plus facile pour les homos que pour les hétéros.

Conclusion : c'est vraiment moi qui ne suis pas doué. Ouin.

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(samedi)

Apathie tendant vers le coma

Mon apathie d'été atteint des niveaux inquiétants avec cette chaleur oppressante. Je passe actuellement mes journées (entre deux douches, du moins) devant l'ordinateur, à végéter, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que perdre mon temps à surfer sur des sites totalement dénués d'intérêt. (D'ailleurs, ce n'est même pas mon ordinateur : je suis chez mes parents à garder le chat pendant qu'eux crapahutent sous la fraîcheur toscane ; ma chambre est au premier étage, qui est invivable, donc j'ai élu domicile au rez-de-chaussée et j'utilise l'iMac de ma mère. Le confort n'est pas terrible parce que le clavier est très mauvais et la souris un seul bouton, et que je ne suis pas très habitué à cette interface utilisateur, et que l'émulation X11 ne marche pas très bien. Mais au moins il fait un peu moins chaud dans la pièce.) Je comptais profiter de ce mois d'août pour voir des gens, mais je n'en ai actuellement aucun courage ; ni pour répondre à mes mails, qui s'accumulent dangereusement. Je n'arrive pas non plus à manger, et ma seule alimentation est constituée de lait-grenadine et de jus de fruits, et parfois d'une salade au thon (en conserve) quand j'arrive à me forcer à l'avaler. Ne parlons pas de travailler, l'idée même m'en est absolument insupportable (pourtant j'ai sur la planche des choses faciles et rentables). Et j'aimerais bien arriver à écrire quelque chose dans ce 'blog de plus intéressant que mes râleries sur la chaleur, mais je n'y arrive pas. En même temps, j'ai le sentiment affreux que tout ce que je ne fais pas maintenant va me retomber dessus prochainement, et de façon plutôt désagréable.

À part ça, et sans aucun rapport, je voudrais remercier celui qui m'a fait découvrir le Concerto pour une Voix de Saint-Preux : c'est un morceau vraiment très beau, à recommander spécialement à ceux qui apprécient les voix hautes et claires — même moi qui n'aime normalement pas la musique vocale suis vraiment étonné par l'usage qui en est fait ici (sans paroles).

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(Tuesday) · First Quarter

Tarot again

[Card]After writing last week's entry on tarot, I decided—acting on a sudden impulse so characteristic of me—to buy myself a deck of (fortune-telling) tarot. (I might mention that I collect playing cards; not that I do it very seriously, but I do have a good number of decks. Which is odd, given that I practically never play any card games. Anyway.) Now I wanted an item of some artistic value, not the common and ugly “tarot de Marseille” or one with cheap XXth century New Age illustrations (although I admit that I do find artistic value in some illustrations of the kind). So, on a friend's counsel, I decided to get (a facsimile, of course, of) the Visconti Sforza tarot, drawn in the mid XVth century by Italian artist Bonifacio Bembo for the Visconti and Sforza dukes of Milan; and the drawings are very beautiful, as illustrated, for example, by the first major arcanum, The Magician (Il Bagatino in Italian), which I reproduced here on the left (click to enlarge). Only four cards (out of seventy-eight) are lost from the Visconti tarot (the fifteenth and sixteenth major arcana—respectively the Devil and the Tower—, the Knight of Coins, and the Three of Swords); the game I bought has them replaced with cards drawn in the style of the original, and I have to admit it is not badly done at all.

I would have liked to avoid giving money to occultists (because I don't like the idea of making profit out of people's gullibility), but it doesn't seem that that was possible: so I bought the cards from an occultist that sells on-line (if someone—in France—wants to buy the same cards, they are item tar134 in their catalog, costing €75; they are printed by AGMüller in Switzerland, though US Games Systems also seems to be somehow part of the editing process).

Incidentally, the same Stanley Morison who designed the ubiquitous Times character font also designed one, modeled after a XVth century font by Francesco Griffo, which he called “Bembo”. This is named after Cardinal Pietro Bembo, because the original font was used to print Pietro Bembo's De Ætna. I don't know what is the relation between the humanist Pietro Bembo and the artist Bonifacio Bembo.

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(Sunday) · My Birthday

Happy birthday to me

assert (++dmadore.age == 27);

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(samedi)

Goûter de (non-)anniversaire

Je ne sais pas comment dire les choses pour ne pas avoir l'air de faire des reproches — et je ne veux en faire à personne. Si je me dis terriblement déçu (le mot est faible) par cette soirée, il y en a sans doute qui se feront des reproches ou se poseront des questions : et ce ne seront justement sans doute pas ceux-là qui m'ont déçu. Or il est évident que je ne vais pas faire de délation sur ce 'blog, ce qui n'aurait aucun sens, car de toute façon je ne veux pas (je le répète) faire de reproches. C'est sans doute ma naïveté qui est touchante, de toute façon.

Simplement, je ne compte pas recommencer. C'est en 2000 que j'ai pour la première fois fêté mon anniversaire (en même temps que celui de Marjorie) en réunissant (alors dans mon appartement à Paris) autant d'amis que possible autour, notamment, d'une quantité phénoménale de jus de fruit (et on m'a offert un mouton en peluche que j'ai amoureusement baptisé « côtelette »). Comme le concept m'a plu, j'ai renouvelé l'expérience en 2001, mais chez mes parents (car il y a plus d'espace), puis en 2002, et ç'a vraiment été une réussite. Pas cette année. D'où mon regret de dire à ceux qui auraient aimé, ou à qui j'avais promis, une invitation pour l'édition 2004, elle n'aura pas lieu.

À part ça, demain je dois travailler. Sur les surfaces cubiques. Me battre avec des points d'Eckardt.

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(lundi) · Fête Nationale (France)

Quelques questions existentielles

Primo, comment peut-on être suffisamment con pour essayer de photographier la tour Eiffel depuis les Tuileries au flash ? Essayer de photographier des feux d'artifice, c'est une chose (je n'en sais rien, mais je suppose qu'avec une pellicule assez sensible et une assez grande ouverture on peut arriver à capturer le parcours de la fusée pendant le temps d'exposition). Mais la tour Eiffel au flash, c'est vraiment trop débile.

Secundo, pourquoi faut-il que les gamins trouvent les pétards si rigolos ? Pourquoi n'a-t-on toujours pas interdit ces jouets bruyants, dangereux et vraiment stupides ? Est-ce que je deviens vieux et grincheux ? D'ailleurs, il faudrait aussi interdire les feux d'artifice amateur : déjà qu'un feu d'artifice professionnel fait par les meilleurs artificiers que la mairie de Paris a pu engager, et que quelques centaines de milliers de personnes sont venues admirer, je trouve ça un peu répétitif et lassant (bon, d'accord, on sait maintenant faire des trucs qui prennent trois couleurs successivement, ou qui font des formes un peu plus intéressantes d'une bête sphère, mais c'est quand même vaguement tout le temps pareil), mais alors une petite merde amateur à deux euros, ce n'est guère mieux qu'un pétard. Bon, d'accord, je deviens effectivement vieux et grincheux. J'ai le droit de m'énerver du fait que le feu d'artifice de Paris ait commencé avec une heure de retard ?

Tertio, suite à ma note précédente, j'insiste : il y a vraiment beaucoup de beaux garçons qui me demandent si j'ai une clope. Surtout quand je suis vaguement looké en racaille (enfin, en racaille bien pédé, quand même). Comment expliquer cela ? Est-ce

  1. parce qu'ils se disent qu'un jeune branché comme moi (ha, ha, ha) doit forcément fumer et être un type sympa prêt à partager ses cigarettes, ou bien
  2. parce qu'ils ont des tendances homo refoulées (ou non), qu'ils me trouvent terriblement séduisant et qu'ils utilisent ce qu'ils peuvent comme prétexte pour m'aborder ?

Je préférais la deuxième option, hein (mais bon, je me sentirais con du nombre d'occasions que j'aurais ratées en disant « désolé, je ne fume pas » : bordel, ils ne pourraient pas demander l'heure, plutôt ?). Manifestement il faut que je m'achète des cigarettes même si je suis non-fumeur, rien que pour pouvoir en offrir quand on m'en demande (et trancher entre les deux possibilités ci-dessus). Quelqu'un peut me conseiller une marque (je n'y connais rien, et pour cause) ? Ah, et comment faire taire ma conscience qui me dira que c'est mal de donner un produit nocif à quelqu'un qui m'en demande, fût-il beau garçon ?

Quarto, comment se fait-il que tous les guides de la drague gay parisienne en plein air mentionnent les Tuileries mais disent juste que ça s'arrête à la tombée de la nuit (quand le parc ferme) ? Moi j'ai l'impression que ça se délocalise ensuite dans les bosquets (labyrinthes ?) du Carrousel, de part et d'autre de l'arc du Carrousel. Ou, si ce n'est pas de ça qu'il s'agit, j'aimerais bien savoir ce qu'y font tous ces mecs qui y déambulent au début de la nuit. Ils vont pisser ? Ils admirent le Louvre ? Hum, j'y crois moyennement. Bon, j'enquêterai quand je serai vraiment en état de manque.

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(vendredi)

Soirée au square Tino Rossi

Comme c'est devenu habituel le vendredi soir, l'association >Dégel! (association des étudiants homos de Jussieu et d'ailleurs), s'installe sur les quais de Seine, dans le square Tino Rossi (également connu comme le jardin aux sculptures contemporaines ridicules), sur l'herbe, pour manger et boire et regarder la nuit tomber et la Seine couler, bavarder et (pour ceux qui sont bien saouls) chanter des chansons paillardes. Le lieu est d'ailleurs rempli de groupes de gens plus ou moins nombreux qui se livrent au même farniente, et parfois les groupes se mélangent (un peu), ce qui est fort sympathique. Je ne sais pourquoi, cette soirée-ci a été particulièrement réussie à mes yeux. Peut-être était-ce parce que pour la première fois de ma vie j'ai vu en vrai un concours de gobage de Flamby (oui, ils sont fous, il y a bien une fédération française des gobeurs de Flamby, qui vous expliquera par exemple les 23 techniques officielles du gobage), qui avait lieu juste à côté de là où nous étions. Mais plus probablement simplement le fait que des gens sympathiques étaient là ce soir, et que le climat était spécialement propice à la conversation.

Malgré cela, je m'en tire toujours avec un sentiment un peu partagé (que j'ai d'ailleurs déjà évoqué). Ce n'est pas que j'aie le sentiment d'être mis à l'écart du groupe, c'est plutôt que j'ai un peu tendance à me mettre moi-même en marge, sans le vouloir, peut-être par une sorte de réserve instinctive dont je n'arrive pas encore à me départir suffisamment. Par exemple, alors que tout le monde se jette sur tout le monde (plaisamment, je précise ! nous ne faisons pas encore de partouze en plein air — tiens, aujourd'hui quelqu'un que je ne nommerai pas a décidé de donner libre cours à son fétichisme sur les lobes d'oreille) je réussis toujours à me faire passer inaperçu. (J'ai un talent incomparable pour passer inaperçu, même si ça peut surprendre quand on ne m'a pas vu l'appliquer. Et parfois je l'invoque de façon quasiment inconsciente.) Ou, pire encore, si ce n'est pas moi qui manifeste de la timidité, je crois qu'il y en a qui en éprouvent à mon égard (notez que tout cela est très subtil, et les mots que j'utilise sont considérablement exagérés) : et c'est encore plus difficile à vaincre.

Autre chose, c'est qu'il y a plusieurs des garçons, là, (disons facilement cinq ou six ce soir : tout compte fait je ne suis peut-être pas aussi difficile que je le dis parfois, ou en tout cas pas avec les étudiants dans la bonne tranche d'âge), dont je pourrais facilement tomber amoureux si je me laissais, ou même, si je ne me retenais pas un peu. Bon, j'ai acquis, à force, un certain contrôle de moi en la matière, donc ce n'est pas un problème en soi. Nous avons, selon la personne, des relations amicales, ou cordiales, ou indifférentes, et je me donne peu de chances d'y changer quelque chose. (Par exemple, il y en a un — non, je ne donnerai pas de nom — que je connais depuis quatre ans maintenant, et que j'admire très profondément, mais je suis dangereusement doué pour ne rien laisser paraître de ce que je pense. Enfin, je m'entends bien avec lui.) Maintenant, ce que je me demande bien, c'est quelle idée les autres ont de moi : passé-je pour un chieur ? un cinglé ? un timide ? ou encore quelqu'un de parfaitement insignifiant ? C'est bien triste que je n'en aie aucune idée (« not a clue »).

Mais bon, je ne voudrais pas que ces méditations obscurcissent le fait que j'ai passé une excellente soirée : j'ai appris à ne plus me laisser attrister par ce genre de considérations.

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(mardi)

Exit nævus

Je me suis fait retirer mon grain de beauté aujourd'hui ; j'ai été positivement surpris de la rapidité de l'intervention : quelques minutes tout au plus, et je n'ai rien senti du tout (sauf la piqûre pour l'anesthésie locale elle-même). Si j'en crois le médecin, je ne devrais avoir qu'une cicatrice à peine visible (parce qu'il n'a fait qu'une exérèse en surface et non en profondeur). Enfin, pour l'instant j'ai surtout un petit pansement (que je suis censé garder deux semaines).

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(lundi) · Premier Quartier

À la recherche du look perdu

Je me dis que je devrais chercher à me trouver un look (un vrai look à moi) pour remplacer mon actuelle absence complète de style, une tenue qu'on ne peut qualifier que d'« éclectique » (à ceci près que je ne porte que du noir : on suit le leitfaden qu'on peut).

Éclectique dans le temps : par le passé j'ai eu les cheveux rasés et je portais bombers, treillis et rangers — plus tard, avec les cheveux très courts mais plus tout à fait rasés j'ai réussi à me faire prendre pour un pompier (sérieusement !) par une brave dame dans la rue qui m'a demandé son chemin (elle ne pouvait pas me faire de plus charmant compliment) ; maintenant ma tenue fait plutôt « gothique » avec mon sweat Slipknot et mon pantalon baggy (on a insisté pour que je porte autre chose que des treillis, et j'ai besoin de plein de poches, alors le baggy était une solution naturelle, en plus, c'est rigolo, il y a plein de parties dont je me demande si elles sont censées être fonctionnelles ou décoratives, ou les deux).

D'ailleurs, ce soir, je me suis fait aborder par une fan de Slipknot juste parce que je porte le logo du groupe sur mon sweat (en tout cas, c'est le prétexte qu'elle a utilisé pour m'aborder — peut-être que c'était juste pour mes beaux yeux). Elle elle avait un look clair et lisible : comprendre, « goth » en gros caractères clignotants (noirs, évidemment). Moi j'aime assez bien le look goth, hein, c'est juste que je pourrais difficilement le porter à de telles extrémités sans écouter la musique qui va avec (bon, et puis les petites croix à l'envers dessinées sous les paupières, quand même, c'est peut-être un peu excessif). En tout cas, là, je me suis trouvé un peu con avec le devoir aporétique d'expliquer que, non, je n'étais pas spécialement fan de Slipknot (bon, je n'allais pas non plus dire que je n'avais strictement rien entendu d'eux — maintenant je vais me faire un devoir de remédier au moins à cette complète ignorance) et que, euh, j'écoutais un peu de tout (de fait, au fur et à mesure que j'écris cette entrée, mon ordinateur m'a donné successivement à entendre du Eminem, du Bangles, du Mendelssohn, du Altan, du Mylène Farmer, du Sibelius et du Limahl : c'est dire si c'est éclectique).

Éclectique aussi dans la composition : avec le sweat qui attire les (ostro?)goths, ou en son absence s'il fait trop chaud, je porte un tee-shirt sans manche façon surfer (Quiksilver, O'Neil ou Billabong — mais là on retrouve une unité parce que « Billabong » est écrit en caractères gothiques) ; des baskets Nike, et parfois une casquette (à l'envers) idem ; des dog tags (plaquettes d'identifications, façon armée américaine) que j'ai fait graver à mon nom et numéro de sécurité sociale (parce que c'était une idée ridicule donc ça me plaisait) ; à l'occasion j'ai aussi des poignets de force.

Ah, tiens, ça me fait penser, il y a un accessoire vestimentaire / décoratif qui semble assez populaire en ce moment, et dont l'utilisation est vraiment éclectique, c'est le bandana. Comprendre, un carré de coton (coloré et décoré d'arabesques d'un côté), que j'ai vu porter au moins de toutes les façons suivantes : sur la tête (façon « pirate ») d'au moins deux manières différentes, ou ceignant le front comme un bandeau, ou encore comme un foulard (façon « cow-boy ») devant le cou ou derrière la nuque, ou à l'inverse pour se cacher le visage (façon rebelle néo-zapatiste), ou bien autour du biceps, ou enfin autour du poignet. C'est fou tout ce qu'on arrive à faire avec le même carré de tissu : les origamistes n'ont qu'à bien se tenir. Je me suis procuré l'objet magique (en noir, bien sûr), mais je n'arrive pas à reproduire toutes les figures de style que je viens d'énumérer, si quelqu'un veut bien m'apprendre… Ah, on peut aussi le laisser dépasser de sa poche pour indiquer ses préférences sexuelles (voire religieuses — mort de rire), d'ailleurs je me suis toujours demandé comment des gens pouvaient avoir réussi à distinguer tellement de couleurs différentes — mais bon, je crois que c'est un art qui s'est perdu depuis. En tout cas, sous une forme ou une autre, il y a clairement une thèse de sociologie à écrire sur le port du bandana.

Ah oui, j'ai essayé la toge romaine aussi, comme façon de s'habiller. Verdict : d'abord c'est horriblement inconfortable et difficile à mettre. Ensuite, les gens dans la rue, qui ne daignent pas détourner la tête pour quelqu'un qui a les cheveux verts et des piercings de partout, en revanche, si vous vous baladez en toge, ils vous regardent vraiment bizarrement, c'est bizarre.

Mais bon, peut-être que je devrais assumer mon éclectisme et le revendiquer, en fait. (Trivia de la journée : saviez-vous que l'éclectisme était le nom donné à la doctrine philosophique de Potamon d'Alexandrie ? Non ? Moi non plus, il y a une minute. Eh bien maintenant vous savez.) Après tout, quand on a vraiment de la classe, on communique la classe à tout ce qu'on fait, quelle que soit la façon dont on le fait, y compris la manière dont on s'habille. 😎

Et si je me faisais faire un petit tatouage ? Je sais déjà ce que ce serait : le symbole « danger biologique » — quoi de plus approprié pour m'étiqueter ? Malheureusement, un groupe de heavy metal a déjà eu l'idée de s'approprier le logo et le nom « biohazard », et on risquerait encore de me prendre pour un fan. Pfff, c'est terrible ce monde, toutes les bonnes idées sont déjà prises. Potamon d'Alexandrie avait bien raison : il faut les récupérer là où elles sont.

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(Friday) · Independence Day

—and I'm back from Besançon!

[Traduction française ci-dessous.]

I came back home today from Besançon around 4PM after having “given myself dispensation” from the conference's Friday afternoon courses. Right now I'm dead tired, so I'll try to be as brief as possible in writing my summary of this trip: but I have much to tell.

The conference was interesting and well-organized. There were some very prestigious people in attendance, including Andrej Suslin, Albrecht Pfister or Jón Arason. Of course, since all the lectures were given by different people, some were good and some were not: I very much enjoyed those by Nikita Karpenko, Skip Garibaldi and Vladimir Chernousov. The idea of having short talks (some were fourty or even twenty minutes long, which in mathematics is exceptional) turned out to be a good one. I learned some interesting mathematics, the most important being that I now think I quite understand what the Witt ring of a field is, and I am beginning to grasp the notion of essential dimension.

Surprisingly (for me at least), my own talk went very well, despite my having slept only perhaps half an hour in the train, having gotten badly sun burnt and having had only around one hour of preparation for the talk (after lunch, just before the lecture). To my own surprise, I did not mumble or stutter, I wrote legibly (and large enough) on the blackboard, I did not make any mathematical error (at least not that I know of), I did not forget anything important, I stopped exactly on time, and I did not need to refer to my notes all the time (a good thing, because my notes were a mess). My worse failure, as far as I can tell, was to suddenly draw blank on the plural of genus (which, as everyone should know, is genera) when trying to say: the arithmetic and geometric genera differ by a quantity δ. After the talk I was able to answer questions (and they were not rhetorical questions either), by Kunyavskii, Chernousov and others, in a—I hope not—entirely stupid way. And four or five different people told me in private that they had enjoyed my lecture. I don't want to sound smug about this, but I was so entirely convinced that it would be a disaster that I was really amazed when it went so smoothely.

After that I went to bed very early. Fortunately, the hotel was comfortable enough (though far from luxurious); but I think for that night I would have slept anywhere.

Besançon is actually quite a nice town, at least for the two main streets, which are pedestrian and form a pleasant city center, with lots of shops and quite some lively activity—beyond that it gets a bit austere (its a fortified city, which explains things). It is true that most of the shops (bookstores, for example—I always like to browse around bookstores when I go shopping, even if I have no intention of buying a book) are not, of course, up to par with comparable places in Paris (which may themselves not be what can be found in other major world cities), but I found it really nice to have so many of them in a small area. I quite enjoyed my Wednesday afternoon (that was the conference's half-day off; most of the other perticipants either went for a hike or visited the citadel of Besançon—but I prefered shopping). The people in the streets (including some damn good-looking lads, but I digress—it just happened to strike me) seemd to be enjoying themselves, too. Luckily the weather was nice on that afternoon. I didn't get the chance to discover whether the city had a real night-life, however, since I was getting up early (by my standards) on mornings; but I'm quite sure that it has absolutely no kind of gay life whatsoever (the only gay bar I discovered, with the help of a guide, was a cruising place where I would not want to set foot from what I saw of the outside).

I also would like to point out that the Besançon bus system is utterly incomprehensible for non-natives: just looking at the map should be enough to give anyone a headache; already I find the Parisian metro and bus maps too complicated, and Paris is—uh—moderately larger than Besançon. It is also unfortunate that the university is rather far away from the city center (where the conference participants' hotel was located); so we had to come and go by bus. I was witness to a rather amusing scene in the bus on Tuesday, incidentally: Kunyavskii, Borovoi and Chernousov were chatting in Russian (nearly half of the conference participants were native Russian speakers, I think), a youngster stepped on the bus (not anyone from the conference at any rate) and asked for the time, in Russian (and with an impeccable accent), as if it were the most natural thing in the world to do, and Kunyavskii answered in Russian also (it was nearly six, if you want to know), and went on talking with his colleagues as if it had been perfectly understood that of course everyone spoke Russian and of course it was the most natural thing in the world, in a bus in Besançon, to ask in Russian what time it was.

<small>Besançon also holds a military fort (of the French army, of course). On my way back it seems like I was on the same train as servicemen taking their week-end leave, so I found myself surrounded by good-looking young men with very short hair (to be honest, most of them were in the smoking section, so I wasn't truly surrounded), and I don't find that unpleasant at all—especially since the gorgeous guy sitting next to me had this tendency to sleep with his head to the side, nearly on my shoulder. That was nice.</small>

I may have had a good time away, still I'm glad to be back home, and now I have a zillion things to do that I couldn't do while I was away. But for now, to bed!

[French translation of the above.]

Je suis revenu aujourd'hui de Besançon vers 16h après m'être « dispensé » des cours du vendredi après-midi de la conférence. En ce moment, je suis crevé, donc je vais tenter d'être aussi bref que possible en résumant ce voyage : mais j'ai beaucoup à dire.

La conférence était intéressante et bien organisée. Il y avait là des gens prestigieux, dont Andrej Suslin, Albrecht Pfister ou Jón Arason. Bien sûr, comme les exposés étaient donnés par des ges différents, certains étaient bons et d'autres non : j'ai beaucoup apprécié ceux par Nikita Karpenko, Skip Garibaldi et Vladimir Chernousov. L'idée d'avoir des exposés courts (certains duraient quarante ou même vingt minutes, ce qui en maths est exceptionnel) s'est avérée être bonne. J'ai appris des maths intéressantes, les plus importantes étant que je crois maintenant bien comprendre ce qu'est le groupe de Witt d'un corps, et je commence à saisir la notion de dimension essentielle.

Étonnamment (au moins pour moi), mon propre exposé s'est très bien passé, bien que j'aie dormi seulement peut-être une demi-heure dans le train, que j'aie attrapé un beau coup de soleil et que j'aie eu seulement autour d'une heure de préparation pour l'exposé (après le déjeuner, juste avant de parler). À ma propre surprise, je n'ai pas marmonné ou bafouillé, j'ai écrit lisiblement (et assez gros) au tableau noir, je n'ai pas fait d'erreur mathématique (du moins pour autant que je sache), je n'ai rien oublié d'important, je me suis arrêté exactement à temps, et je n'ai pas eu besoin de me référer à mes notes tout le temps (ce qui est une bonne chose, parce que mes notes étaient inutilisables). Ma plus grande faute, pour autant que je puisse dire, c'est d'avoir été incapable de me souvenir du pluriel de genus (en anglais ; ce qui, comme chacun devrait savoir, est genera) en essayant de dire : les genres arithmétique et géométrique diffèrent par une quantité δ (the arithmetic and geometric genera differ by a quantity δ). Après l'exposé, j'ai été capable de répondre aux questions (et elles n'étaient pas rhétoriques non plus) de Kunyavskii, Chernousov et d'autres, de façon — j'espère — pas entièrement stupide. Et quatre ou cinq personnes différentes m'ont dit personnellement qu'elles avaient apprécié mon exposé. Ce n'est pas que je veuille crâner là-dessus, mais j'étais tellement convaincu que ce serait un désastre que j'ai été vraiment épaté que tout se passe si bien.

Après ça je me suis couché tôt. Heureusement, l'hôtel était assez confortable (quoique loin d'être luxueux) ; mais je crois que pour cette nuit j'aurais dormi n'importe où.

Besançon est en fait une ville assez agréable, au moins pour ce qui est des deux rues principales, qui sont piétonnes et forment un centre-ville agréable, avec beaucoup de boutiques et une activité vivante — au-delà, ça devient un peu austère (c'est une ville fortifiée, ce qui explique des choses). Il est vrai que la plupart des boutiques (librairies, par exemple — j'aime toujours flâner dans les librairies quand je vais faire des courses, même si je n'ai pas l'intention d'y acheter un livre) ne sont, bien sûr, pas au niveau des endroits comparables à Paris (et qui peuvent eux-mêmes ne pas être ce qu'on trouve dans d'autres grandes villes du monde), mais j'ai trouvé vraiment agréable qu'il y en ait tellement dans une zone si restreinte. J'ai passé un mecrecdi après-midi agréable (c'était la demi-journée libre de la conférence ; la plupart des autres participants sont allés soit faire une randonnée soit visiter la citadelle de Besançon — mais j'ai préféré faire du shopping). Les gens dans la rue (dont de sacrément beaux gosses, mais je digresse — c'est juste que ça m'a frappé) semblaient se plaire aussi. Heureusement le temps était beau cet après-midi-là. Je n'ai pas eu le loisir de découvrir si la ville avait une vraie vie nocturne, cependant, parce que je devais me lever tôt (selon mes critères) le matin ; mais je suis tout à fait sûr qu'elle n'a aucune sorte de vie gay (le seul bar gay que j'ai découvert, avec l'aide d'un guide, était un endroit de drague où je n'aurais pas voulu mettre le pied vu ce que j'ai vu de l'extérieur).

Je voudrais aussi signaler que le système de bus de Besançon est parfaitement incompréhensible pour les non-Bizontins : le simple fait de regarder la carte suffit à donner la migraine ; déjà je trouve que les plans du métro et du bus parisiens sont trop compliqués, et Paris est — euh — un peu plus grand que Besançon. Il est aussi dommage que l'université soit assez loin du centre-ville (où était situé l'hôtel des participants à la conférence) ; donc nous devions aller et venir par bus. Tiens, j'ai été témoin d'une scène amusante sur le bus mardi : Kunyavskii, Borovoi et Chernousov bavardaient en russe (il semble que près de la moitié des participants de la conférence étaient des russophones natifs), un ado est monté dans le bus (en tout cas, pas quelqu'un de la conférence) et à demandé l'heure, en russe (et avec un accent impeccable), comme si c'était la chose la plus naturelle au monde à faire, et Kunyavskii a répondu en russe aussi (il était presque six heures, si vous voulez savoir), et a continué à parler à ses collègues comme si c'était parfaitement entendu que bien sûr tout le monde parlait russe et bien sûr c'était la chose la plus naturelle au monde, dans un bus à Besançon, de demander l'heure en russe.

<small>Besançon a également un fort militaire (de l'armée française, bien sûr). Au retour il semble que je me suis trouvé dans le même bus que des militaires en permission pour le week-end, donc je me suis retrouvé entouré de beaux jeunes gens aux cheveux très courts (bon, pour être honnête, la plupart étaient en section fumeur, donc je n'était pas vraiment entouré), et je ne trouve pas ça du tout déplaisant — surtout que le superbe gosse assis à côté de moi avait cette tendance à dormir avec sa tête sur le côté, presque sur mon épaule. Ça c'était bien.</small>

J'ai peut-être passé de bons moments, mais je suis quand même heureux d'être rentré, et maintenant j'ai des tonnes de choses à faire que je ne pouvais pas faire quand j'étais parti. Mais pour l'instant, au lit !

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(lundi)

Ça commence mal…

Je viens de passer ce qui est je crois la pire nuit de ma vie. Plus je pensais à la sonnerie stridente qui allait me réveiller à 6h du matin, et plus j'étais stressé ; plus je stressais, moins je pouvais m'endormir ; et la pensée du fait que je devais bien dormir pour faire mon exposé, que si je ne dormais pas je serais très fatigué toute la journée, cela me stressait encore plus. Le résultat, c'est que je n'ai pas dormi du tout de la nuit : pas une minute — je n'ai fait que stresser et penser à cette sonnerie qui se rapprochait, qui couperait court à un sommeil que je n'arrivais pas à trouver, à cet exposé dont les conditions empiraient à chaque demi-heure qui passait, et à ce voyage que je ne pouvais retarder. Et maintenant je dois partir prendre mon train, et je suis mort de fatigue — et qu'est-ce que ce sera dans neuf heures quand je devrai parler ! J'ai déjà connu un semblable cercle vicieux, mais rarement à un tel niveau que ça me mène à passer une nuit complètement blanche (une nuit encore plus fatigante que si je ne m'étais pas couché du tout, en fait).

La question se pose de savoir si je serai moins ridicule devant la communauté mathématique en annulant mon exposé ou en le faisant dans l'état où je serai. Je crois que je vais tenter de le faire malgré tout, attrapant si je le peux quelques minutes de sommeil dans le TGV et me dopant au café après mon arrivée. Mais aussitôt après je n'aurai plus qu'à courir à l'hôtel pour me coucher (manifestement je ne tirerai aucun profit des exposés de la journée autre que le mien).

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(Sunday) · New Moon

I'm off again!

[Traduction française ci-dessous.]

Today's three entries in this 'blog should be enough for the moment, and there should be none coming until Friday (unless, by some miracle, I can get access to a decently comfortable computer environment, but this is unlikely because “decent” for me means at least a US qwerty keyboard, and these are scarce in France).

This time I'm leaving for Besançon. Whereas the previous conference (in Lens) I just came back from was more like a three-in-one course, this time it's a series of around-one-hour lectures by various people (including myself) on selected topics, somewhat in the continuation of the Lens conference. I'll be speaking Monday (that's tomorrow), first thing in the afternoon, to present the results contained in my joint paper with Colliot-Thélène on Del Pezzo surfaces over fields of cohomological dimension one. I still have to prepare this talk a little more carefully (and I'm running out of time).

My train tomorrow leaves Paris (Gare de Lyon) at 7:14AM (by Zeus, this is horribly early—but I'll try not to miss it this time, unlike I did on Tuesday to go to Lens) and arrives in Besançon at 9:50AM, which means I'll be late for the first lecture, but I don't really care. (Useless info: it is TGV 6751 and I'll have seat 32 of car 16.) I have a return ticket for a train that leaves Besançon at 5:22PM Friday and arrives in Paris at 8:01PM (TGV 6774, seat 24 of car 18), but I'm already thinking of having it changed for one that leaves earlier, perhaps in the morning, and forget about Friday afternoon's lectures, because it was tiring enough to return from Lens at 6PM, I don't think I want to bear it at 8PM this time.

In Besançon I'll be staying at the Hôtel de Paris for the four nights, which is in the city center (unfortunately the Université of Franche-Comté in Besançon is quite a good distance from the city). I'm a bit worried as to how comfortable it will be (that's something I'm very sensitive to), but we'll see.

[French translation of the above.]

Les trois entrées d'aujourd'hui dans ce 'blog devraient être suffisantes pour le moment, et il ne devrait pas y en avoir de nouvelle avant vendredi (sauf si, par quelque miracle, j'arrive à avoir accès à un environnement informatique décemment confortable, mais ce n'est pas probable, parce que « décent » pour moi implique au moins un clavier qwerty US, et ceux-ci ne sont pas légion en France).

Cette fois je pars pour Besançon. Alors que la conférence précédente (à Lens) dont je viens de rentrer était plutôt un cours trois-en-un, cette fois c'est une série d'exposés d'environ une heure par des gens divers (dont moi-même) sur des sujets choisis, plus ou moins dans la continuité de la conférence à Lens. Je parle lundi (c'est-à-dire demain), au début de l'après-midi, pour présenter les résultats contenus dans mon article commun avec Colliot-Thélène sur les surfaces de Del Pezzo sur des corps de dimension cohomologique un. Il faut encore que je prépare cet exposé un peu plus attentivement (et je commence à manquer de temps).

Mon train quitte Paris (Gare de Lyon) demain à 7h14 (par Zeus, c'est horriblement tôt — mais j'essaierai de ne pas le manquer cette fois contrairement à ce que j'ai fait mardi pour aller à Lens) et arrive à Besançon à 9h50, ce qui veut dire que je serai en retard pour le premier exposé, mais ça ne me gêne pas vraiment. (Information inutile : c'est le TGV 6751 et j'aurai le siège 32 de la voiture 16.) J'ai un billet retour pour un train qui quitte Besançon à 17h22 vendredi et arrive à Paris à 20h01 (TGV 6774, place 24 de la voiture 18), mais je songe déjà à le faire changer pour un autre qui part plus tôt, peut-être dans la matinée, et laisser tomber les exposés de vendredi après-midi, parce que c'était assez fatigant de rentrer de Lens à 18h, je ne veux pas le supporter à 20h cette fois.

À Besançon je serai à l'Hôtel de Paris pour les quatre nuits, qui est dans le centre-ville (malheureusement l'Université de Franche-Comté à Besançon est à une bonne distance de la ville). Je suis un peu inquiet quant à savoir s'il sera confortable (c'est quelque chose à quoi je suis très sensible), mais nous verrons.

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(dimanche) · Nouvelle Lune

Ennui d'été

Chaque année j'oublie, et chaque année le moment venu me rappelle pourquoi je n'aime pas l'été. Ce n'est pas tant qu'il fait chaud et que le soleil tape (ben oui, je suis blond…) : ça, on finit par le supporter. C'est l'ennui (tu le connais, lecteur, ce monstre délicat — ahem, excusez-moi, je m'égare). Il n'y a rien de plus pénible que de s'ennuyer alors qu'on sait qu'on a des millions de choses à faire mais que, bon, elles ne sont pas très divertissantes, et puis d'abord c'est l'été alors ce n'est pas le moment de travailler. Je crois que le pire ce sont les dimanches d'été : déjà qu'en temps normal le dimanche est un jour où on ne peut rien faire que s'ennuyer, et c'est à peu près le seul jour où je regarde vraiment la télé, faute de mieux, mais en été la télé est elle aussi en vacances, et il ne passe vraiment rien, surtout le dimanche. Mais bon, le problème est surtout que les gens que j'ai l'habitude de fréquenter ont une fâcheuse tendance à faire comme tout le monde, c'est-à-dire à disparaître pendant les vacances d'été, repartant voir leur famille, allant crapahuter dans des contrées reculées, ou simplement se retirant pour bronzer au bord de la mer. Bref. Moi qui ne supporte pas de voyager, je serai évidemment là (à Paris ou à Orsay selon les jours) tout l'été (à part pour ces deux semaines de congrès qu'il faut bien que je supporte).

Donc, un petit appel du pied : que tous ceux qui sont en région parisienne entre la semaine prochaine et début septembre n'hésitent pas à me contacter pour qu'on trouve quelque chose à faire ensemble (dîner, aller au cinéma, se balader, ou, au pire, partager notre ennui). Cela vaut tant pour les gens que je connais déjà que pour ceux qui ne m'ont jamais rencontré (manifestez-vous, bordel !) ; et c'est surtout bon pour ceux qui sont là en août (le quinze août c'est vraiment le pire). Mon anniversaire est le 3 août (bouh, hou, hou, je vais avoir 27 ans), je pense que cette année je vais le fêter le 2 au soir, et ce sera, comme d'habitude, à Orsay, chez mes parents qui me laissent leur maison ; je ne pourrai peut-être pas inviter tout le monde, mais j'essaierai de ratisser large. Mais même si j'oublie malencontreusement de vous inviter, on peut toujours se voir dans les jours avoisinants si vous êtes là.

Sinon je n'aurai plus qu'à m'inscrire dans un club de gym et faire de la muscu tout l'été. ☺️

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(samedi)

Photos de la marche-qu'il-ne-faut-pas-appeler-Gay-Pride

Dans l'urgence de mon départ lundi matin aux aurores pour la conférence à Besançon (surtout que j'expose lundi en début d'après-midi, et que je dois encore préparer cet exposé), je n'ai pas le temps de raconter en détail. Je peux juste livrer, brutes de fonderie, les photos que j'ai prises ; ce sont les fichiers exactement tels qu'ils sont sortis de l'appareil (et l'heure indiquée est celle à laquelle j'ai pris la photo), j'ai juste rajouté un court commentaire à côté (et, bien sûr, vous aurez compris qu'il faut cliquer sur le nom du fichier pour accéder à l'image en pleine taille) ; il faudrait avant d'utiliser l'image appliquer une transformation colorimétrique (tels qu'ils sont, les verts sont atténués), corriger la luminosité, et éventuellement redimensionner ou recadrer l'image — malheureusement, les photos floues (oui, je sais, elles le sont presque toutes — mon appareil est merdique) resteront floues : mais je n'ai pas le temps de m'occuper de tout ça pour l'instant, alors on se contentera de cet immonde listing.

Les petits malins essaieront de reconstituer mon trajet à partir des heures relevées par l'appareil — ce qui ne sera pas forcément évident, alors je vous aide. Je suis parti de Corvisart (vers 14h30), j'ai avancé vers l'avant de la marche jusqu'à dépasser la tête du défilé (vers 15h15), puis je suis revenu à sa rencontre ; ensuite, j'ai pris un chemin parallèle (par la gare de Lyon et la rue de Charenton) pour rejoindre Bastille et je suis de nouveau allé à la rencontre du cortège (rue de Lyon, vers 15h45) ; à partir de là, j'ai marché en arrière jusqu'au boulevard de l'Hôpital, station Saint-Marcel, où j'ai pris le métro pour repasser chez moi me désaltérer un peu (vers 16h30). Ensuite, j'ai repris le métro directement jusqu'à Bastille (vers 17h20) et j'ai suivi le boulevard Beaumarchais jusqu'à retrouver le char de >Dégel! et HBO, sur lequel je suis alors monté et c'est comme ça que j'ai terminé jusqu'à Place de la République (vers 18h).

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(Friday)

—I'm back! (for the moment…)

My fans will be glad to learn that I survived my stay in Lens (despite the fact that I missed my train in getting there). In a nutshell: the conference was rather interesting (thanks mostly to Merkurjev's lectures), but the city was not. Lens isn't too ugly, but is probably the second most boring city in the world—second only to Bluff, Utah (where I also had the misfortune of spending a night, a dozen years ago, and that's enough for a lifetime). Not meaning to offend the Lensois, of course. Well, maybe if you like soccer (and you're in season), it can be interesting. But it's not my case. However, some of the participants in the conference enjoy soccer, and we have some pictures to prove it; I am told that despite Professor Merkurjev's ominous smile on the first picture, the French beat the Russians in the end.

I was back home at 6:30PM.

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(Monday)

I'm off!

[Traduction française ci-dessous.]

Unless something unexpected turns out, this should be my last entry in this 'blog before Friday at earliest. My train tomorrow leaves Paris (Gare du Nord) at 7:52AM and arrives in Lens at 8:58AM (or so it says on my ticket); just for the fun of wasting bandwidth with completely useless information, I'll also state that I'm taking the TGV 7303, and that I'll be using seat 17 of car 15 (non-smoking, second class). I'll be leaving Lens on Friday (the 27th) by the train departing at 4:31PM for Arras, where I change to take the TGV 7342 (seat 28 of car 15) that leaves at 5:06PM to arrive at Paris (Gare du Nord) at 5:58PM—for some reason there wasn't any direct train from Lens to Paris available.

In Lens I'll (probably) be lodging at the Espace Bollaert for the three nights, where I already stayed two years ago (and I know it's adequately comfortable). It's just three minutes' walk from the University of Artois at Lens where the conference is taking place. I particularly look forward to hearing the course given by Alexander Merkurjev (that's Александр Меркурьев), who gives a remarkably clear lecture.

I must have mentioned somewhere on this site that I don't like traveling (and don't like is a euphemism): four or five days' leave (with only a few hours of train) is the most I can bear. One of the signs of this is that I feel compelled to carry something like the contents of an entire drugstore when going anywhere (from disinfectant to aspirin, contact lenses cleaning fluid, vitamin C, ear plugs, the list is long…). And a good section of a bookstore, too—my short list for this time consists of: If on a Winter's Night a Traveler by Italo Calvino, Take a Thief by Mercedes Lackey, and The Nice and the Good by Iris Murdoch. I don't know yet, of course, which one(s) I'll actually start reading.

If for any reason someone urgently needs to contact me during the next four days, try my cell phone, +33 6 99 73 04 49 (also use that if you just want to chat, but not before 6PM Paris time, should I forget to turn it off during the conferences it would be embarrassing to have it ring).

Future planned updates of this 'blog are: Friday, upon my return, if I have time, to tell briefly of my stay if there's something to be told (and perhaps show some pictures); Saturday to tell of the Gay Pride, and Sunday to anticipate my stay in Besançon.

[French translation of the above.]

À moins qu'il survienne quelque chose d'inattendu, ceci devrait être ma dernière entrée dans ce 'blog avant vendredi au plus tôt. Mon train demain quitte Paris (Gare du Nord) à 7h52 et arrive à Lens à 8h58 (du moins c'est ce qui est écrit sur le billet) ; juste pour le plaisir de brûler de la bande passante avec des informations complètement inutiles, je dirai aussi que je prendrai le TGV 7303, et que j'aurai le siège 17 de la voiture 15 (2e classe, non fumeurs). Je quitterai Lens vendredi (le 27) par le train partant à 16h31 pour Arras, où je changerai pour prendre le TGV 7342 (siège 28 de la voiture 15) qui part à 17h06 pour arriver à Paris (Gare du Nord) à 17h58 — pour une raison ou une autre il n'y avait pas de train direct disponible de Lens à Paris.

À Lens je résiderai (probablement) à l'Espace Bollaert pour les trois nuits, où j'ai déjà été il y a deux ans (et je sais qu'il est d'un confort correct). Il est à trois minutes de marche de l'Université d'Artois à Lens où la conférence à lieu. Je serai particulièrement intéressé par le cours donné par Alexander Merkur'ev (c'est-à-dire Александр Меркурьев), qui expose remarquablement clairement.

Je dois déjà avoir dit quelque part sur ce site que je n'aime pas voyager (et n'aime pas est un euphémisme) : quatre ou cinq jours d'absence (avec seulement quelques heures de train) sont le plus que je peux supporter. Un des signes est que je me sens obligé de transporter environ le contenu d'une pharmacie entière quand je vais quelque part (du désinfectant à l'aspirine en passant par le produit nettoyant pour lentilles, de la vitamine C, des bouchons pour oreilles, la liste est longue…). Et une bonne partie d'une librairie, aussi — ma short list cette fois se compose de : Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino, Take a Thief de Mercedes Lackey, et The Nice and the Good d'Iris Murdoch. Je ne sais pas encore, bien sûr, le(s)quel(s) je vais effectivement commencer.

Si pour une raison ou une autre quelqu'un a urgemment besoin de me contacter pendant ces quatre jours, essayez mon téléphone mobile, 06 99 73 04 49 (utilisez-le aussi si vous voulez juste bavarder, mais pas avant 18h, au cas où j'oublierais de l'éteindre pendant les conférences il serait embarrassant qu'il sonnât).

Les prochaines mises à jour prévues de ce 'blog sont : vendredi, à mon retour, si j'ai le temps, pour raconter brièvement mon séjour s'il y a quelque chose à raconter (et peut-être montrer quelques photos) ; samedi pour raconter la Gay Pridemarche des fiertés, et dimanche pour anticiper mon séjour à Besançon.

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(mercredi)

Une nouvelle charge de Webmaster s'abat sur moi

J'ai commencé à nettoyer le site Web de l'association homos et bis d'Orsay, c'est le sixième travail d'Hercule : il s'agit à la fois de corriger l'aspect technique et de remettre le site à jour sur le fond. Ouf…

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(jeudi)

Mes cheveux nouveaux sont arrivés

Et voilà, ça ressemble à ça[Photo avec cheveux coupés] (voyez l'ensemble de mes photos si vous voulez comparer).

Hum, ça fait quand même vraiment très pédé, mais bon, peut-être que c'était le but, finalement. Indépendamment de ce que je pense de la coupe, la photo ne me plaît pas. Pour la coupe elle-même, je ne sais pas encore ce que j'en pense, mais le style ne me déplaît pas trop, et, au moins, ça me change. Mais il va me falloir un petit bout de temps pour m'habituer à mon reflet. De toute façon, je ne peux pas vraiment me plaindre, parce que j'ai dit au coiffeur, moi je ne sais pas ce que je veux — c'est vous le pro, je vous laisse carte blanche, faites ce que vous voulez.

Si vous voulez féliciter on engueuler l'auteur du résultat, voici l'adresse :

mod's hair
30, rue des Archives
75004 Paris
Tél. 01 42 71 26 88

(demandez Martial)

(Oui, quand on lit l'adresse, on n'est plus surpris que ça fasse très pédé… Ceci dit, le Martial qui m'a coiffé, lui, il est hétéro.)

En fait, ce qui m'inquiète plus, c'est : vais-je réussir à entretenir cette allure très savamment ébouriffée, et à la recréer chaque matin ? C'est ce que nous saurons demain.

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(samedi) · Nouvelle Lune (Éclipse annulaire de Soleil)

Santé

Ça doit faire la 4e ou 5e fois ce matin que je me réveille aux alentours de 9h–11h, soit dans les 3 à 5 heures après m'être couché, à cause d'un sentiment d'oppression du côté gauche de la poitrine, au niveau du sein gauche, en profondeur. Ce n'est pas très douloureux, mais c'est indiscutable ; la sensation est vaguement comparable à ce qu'on ressent quand on a un hématome sous la peau (vaguement, hein). Et ce n'est pas très localisé (c'est en gros dans toute la région pectorale) mais ça ne rayonne pas non plus dans le bras, par exemple, ni dans le cou. Et puis ça passe tout seul en quelques minutes (peut-être même pas autant) : la première fois j'ai dû juste me retourner dans mon lit et ça a disparu, les autres fois je me suis levé et ça s'est passé le temps que je me demande quoi faire. Avant-hier j'ai dû prendre une aspirine (parce que c'est efficace contre toute sorte de douleur, mais aussi que c'est notoirement bon pour certains problèmes cardio-vasculaires) ; ceci dit, je crois que ça a disparu largement avant qu'on puisse soupçonner qu'elle fasse effet (ou alors elle agit très vraiment vite, l'aspirine en question). À chaque fois en me couchant j'avais complètement oublié que j'avais fait ça les jours précédents, donc on ne peut pas vraiment soupçonner que parce que je me dis « je vais me réveiller bientôt avec mal à la poitrine » et que c'est une self-fulfilling prophecy. Je me promets de m'en occuper, je me recouche, et en me réveillant de nouveau plus tard (normalement, et sans trace de douleur) je me dis que j'ai peut-être exagéré, et j'oublie la chose jusqu'au matin suivant. Sauf que ce matin-ci (vers 9h, il y a une heure au moment où j'écris) j'ai paniqué (je ne crois pas que la douleur était plus forte que les jours précédents, juste elle est partie moins vite), je me suis dit « bordel, je suis en train de faire un infarctus, là », et forcément, en paniquant j'ai tachycardisé (j'ai dû monter à 180 pulsations), j'ai eu l'impression de manquer d'oxygène — mais était-ce un symptôme causée par la panique, par mon imagination du fait que je sais que c'est une sensation quand on fait un infarctus, ou bien encore un symptôme primaire, je n'en ai aucune idée. J'étais à deux doigts d'appeler le SAMU, mais c'est à nouveau passé. En ce moemnt ça revient et ça repart par intermittence toutes les trois-quatre minutes peut-être, de façon très très atténuée (à peine sensible, mais quand même) ; comme les autres jours je m'étais rendormi après, je ne sais pas si ça fait toujours ça. Ah, j'oubliais qu'avant-hier ou il y a trois jours j'ai dû mesurer ma tension avant de me recoucher, et elle était normale (genre, 125mmHg/90mmHg, avec un pouls autour de 80, enfin, je pipote peut-être pour la tension diastolique, mais disons que ce n'était pas mirobolant). Peut-être que ce n'est pas du tout un problème cardiaque, je n'en ai aucune idée en fait.

Mise à jour (13h) : j'ai consulté un médecin, qui n'a pas eu l'air affolé, mais qui m'a quand même prescrit une échographie cardiaque. Et qui m'a recommandé de me coucher plus tôt, aussi…

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(jeudi)

Nouvelles non matricielles

À part cette petite critique de Matrix II, je peux donner très rapidement quelques autres nouvelles de moi. Mon rhume passe, mais je suis actuellement aphone (heureusement, ça ne m'empêche pas d'écrire, comme on le constate). Je manque catastrophiquement de sommeil et je commence à ressembler à un zombie, d'une part ; demain, mon manque de sommeil ne se sera pas arrangé et je dois assister à un séminaire important tout l'après-midi. Mon court article Very free R-equivalence on toric models, soumis il y a un an au Journal of Algebra a été mi-accepté mi-refusé : le référé l'accepte à condition de faire des changements assez importants, qui sont un peu dommage (il y a une partie de l'article qui n'est pas originale mais que j'ai écrite faute de référence adéquate dans la littérature, et ça n'a pas plu). Les automorphismes pentaculaires des surfaces de Del Pezzo de degré 4, dont j'ai parlé précédemment, ne semblent exister que pour un pentagone régulier. J'ai obtenu un avis très favorable pour la validation de mon agrégation, ce qui est toujours une bonne nouvelle (même si ça n'a rien d'une surprise). Je me suis acheté un nouveau sweat avec capuche (puisque j'ai déjà mentionné que j'avais perdu le précédent), avec un graphisme un peu tribal sur le devant et le derrière, qui a certainement un sens bien précis pour les gens qui écoutent du KOЯN ou du Slipknot, mais je ne veux pas savoir, moi je trouve juste ça joli (et sexy ! ☺️).

Tiens, puisque Denis Feldmann a mis un lien vers mon 'blog depuis son site, je peux lui rendre la politesse (et le saluer au passage) en mettant un lien vers le sien.

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(samedi)

Encore une soirée festive

En ce samedi soir, c'est nuit Superficial (fédération d'associations étudiantes gaies et lesbiennes d'Île-de-France) qui m'a permis de faire la fête. (Ce faisant, j'ai malheureusement raté la première assemblée générale de l'OCAPI, voir une entrée passée au sujet de cette association ; mais je ne peux pas être partout à la fois et j'avais promis depuis un moment d'être à cette soirée.) Je vais peut-être donner l'impression de faire la fête sans arrêt, mais ce serait très exagéré…

Il y a cependant une chose que je regrette avec ce genre de soirées, même si j'ai du mal à la formuler ; disons que je m'y amuse bien moi-même, mais j'ai bien peur de donner l'impression, auprès des gens qui me connaissent peu ou mal, (sous prétexte que je ne bondis pas pour me trémousser dès que la musique retentit…) d'être un personnage terriblement ennuyeux, ou, encore plus pernicieusement, d'être entouré d'une sorte d'aura de respectabilité (ha, ha, ha, quelle blague — et quand je pense qu'un copain, que je ne dénoncerai pas, a parlé récemment de mes « oreilles chastes », ça devient assez grave, là). Le fait est qu'au-delà même de ma timidité naturelle, j'ai des difficultés particulières à lier contacts, et je crois que c'est en partie à cause de l'image que je projette inconsciemment. Pfiou, que c'est compliqué, tout ça.

En outre, ces soirées me laissent toujours des sentiments partagés, parce que d'un côté on voit beaucoup de monde, ce qui est fort sympathique (notamment j'y ai retrouvé des gens que j'apprécie et que je vois trop rarement), et de l'autre on en ressort avec un sentiment de solitude un peux doux-amer.

Indépendamment de ça, j'ai cassé mon parapluie à cause d'une bourrasque de vent ; et j'ai oublié mon sweat-shirt dans le bar.

Bah, je vais me coucher un peu moins tard que d'habitude !

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(vendredi) · Pleine Lune (Éclipse de Lune)

Je vis ma vie

Puisqu'il est question de raconter ma vie, je peux raconter ma journée d'aujourd'hui pour le plaisir des internautes qui ont du temps à perdre à lire n'importe quoi.

Le vendredi est le jour de permanence de >Dégel! dont j'ai déjà parlé : cela signifie qu'on se retrouve entre copains et copines, au local de l'Unef à Jussieu, pour goûter et échanger les derniers potins et ragots (ça c'est pour le bénéfice de ceux qui se demandent « mais que peuvent-ils bien faire dans une association de jeunes homos ? »). Ensuite, on va normalement dîner au Quick de la rue de Rivoli (en face de l'Hôtel de Ville) — ou, si on en a marre du fast food, dans un autre restaurant du coin. Sauf que cette fois j'ai fait bande à part (et pour ceux qui ont manifesté de la curiosité quant à savoir pourquoi, voici, ta da, la réponse).

La semaine dernière, j'étais à une soirée chez mon ami Sébastien Desreux ; cette fois c'est chez un autre ami, Daivy, qu'était la soirée. Daivy est en colocation avec quatre ou cinq autres personnes dans une grande maison (de quatre étages), du côté du Père-Lachaise, et assez régulièrement ils y organisent d'énormes fêtes, où chaque colocataire invite une vingtaine d'amis, lesquels, à leur tour, arrivent parfois avec des amis à eux, ce qui finit par faire beaucoup de monde et c'est très sympa (la dernière était une soirée costumée très réussie). Cette fois-ci était un peu spéciale, cependant, parce qu'elle servait de cadre à une émission de télé, Vis Ma Vie : en l'occurrence, un certain Christophe (venu de Lyon — avec son chien Coyote), qui partait d'un a priori négatif sur la colocation (car jaloux de son indépendance), allait essayer de vivre, pour le week-end, dans le groupe de colocataires. La fête servait donc de réception de Christophe, mais aussi d'exemple des choses à gérer en colocation (et si un des colocataires ne veut pas faire la fête ?). Nous avons donc été filmés lors de la soirée, et les colocataires présents et Christophe ont été interviewés ou enregistrés en conversation entre eux, pour exposer les points de vue sur les avantages et inconvénients de la colocation. J'avoue que j'étais venu entre autres par curiosité sur la façon dont se font de telles émissions (elle devrait passer à l'antenne dans environ quatre semaines, soit dit en passant). Mais évidemment, les soirées de ce genre sont aussi une occasion de rencontrer des gens intéressants, avec ou sans télé.

Je suis rentré vers 2h du matin, à pied : cela m'a pris un certain temps (plus d'une heure) pour faire le trajet depuis Gambetta jusqu'à Place d'Italie, mais ce n'est pas désagréable non plus (j'apprécie de marcher dans Paris, surtout la nuit).

Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive : en chemin (plus précisément, en l'occurrence, rue de la Roquette, arrivant à la place Léon Blum), je croise un beau garçon, nous échangeons quelques regards, puis je me retourne pour le voir passer, et je vois qu'il se retourne aussi — sauf qu'au lieu d'avoir le courage de l'aborder, voyant que nous sommes intéressés l'un par l'autre, je n'ai évidemment pas trouvé mieux à faire que tourner de nouveau le dos et fuir presque en courant. Parfois ma wishy-washiness m'exaspère au plus haut point : certes, il n'est pas forcément recommandé de sauter sur le premier venu croisé dans la rue, mais d'un autre côté, si je m'enfuis en courant dès que j'ai une chance, je ne peux pas vraiment me plaindre d'avoir du mal à en trouver, des chances.

Pouh, il est 9h du matin passées (le 17). Il est plus que temps d'aller dormir. Cela fait des jours que j'essaie désespérément de me remettre à des horaires plus normaux, et pour l'instant ça ne fait qu'empirer.

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(vendredi) · Pleine Lune (Éclipse de Lune)

Ma vie

J'ai converti mon autobiographie au nouveau style de pages. J'en ai profité pour faire quelques changements même si ceux-ci ne sont pas finis : notamment, j'ai rajouté des encarts pour présenter de façon plus claire certaines des personnes qui m'ont accompagné au cours de ces années.

J'ai cependant beaucoup de changements à y faire encore : si je suis globalement satisfait de ce que je raconte au début de cette autobiographie, jusqu'à la terminale environ, cela devient, ensuite, une énumération fastidieuse et sans intérêt de résultats et péripéties scolaires, omettant complètement les événements réellement importants (notamment, je ne dis rien de ma vie sentimentale — ou absence thereof). Je vais donc mettre dans mon agenda de réécrire largement tout cela, en coupant dans l'auto-satisfaction pompeuse sur mes réussites académiques et en livrant un peu plus de ma vie personnelle (m'enfin, rappelez-vous bien l'avertissement au frontispice de ce site).

Il faut aussi que je parle de ce qui m'est arrivé depuis 1998, le moment où cette histoire prend fin ; autrement dit : que je la continue. Notamment, je ne peux pas ne pas parler de la bande de geeks à laquelle je me suis intégré à l'École Normale Supérieure, les geeks (« glauques » dans le jargon normalien) de la Salle S, parce que cela a été l'origine de beaucoup de nouveaux amis, et de beaucoup de questionnement affectif, aussi. Et bien sûr, je devrais parler de mes relations aux ordinateurs, y compris en revenant aux début, lorsque je jouais avec le New Brain : c'est-à-dire intégrer cette petite histoire de l'informatique vue par moi que j'ai racontée à l'ENS. Bref, j'ai du pain sur la planche narrative.

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(lundi)

Une grande décision capillaire

J'ai décidé que j'allais à nouveau me couper les cheveux courts. Longs, c'est rigolo pour jouer avec, mais ça a cette façon insupportable de me rentrer dans la bouche (berk !) ou me de tomber dans les yeux (surtout quand je me penche pour regarder quelque chose de près). Plus gênant : ça ne plaît à personne, apparemment (enfin, à moi, dans l'absolu — j'aime assez les cheveux longs, mais il faut admettre que les miens ne tombent pas très bien), et j'ai même eu des avis très marqués à ce sujet.

[Photo avec cheveux assez longs][Photo avec cheveux courts]Bref. Ça fait depuis le 2001-10-09, soit plus de 19 mois maintenant, qu'ils poussent et je crois qu'ils ont, justement, fini de pousser et atteint leur longueur maximale. Pour autant, je voudrais, avant de les massacrer, prendre le maximum possible de photos pour immortaliser mon apparence avec leur longueur actuelle (qui est plus que sur ma photo standard, là à gauche), parce que je ne sais pas si j'aurai jamais à nouveau la patience d'attendre un an et demi pour avoir cette longueur : je regrette de n'avoir aucune photo du temps où j'avais le crane complètement rasé (ce qui n'est pas tout à fait le cas sur ma photo de zombie, là à droite), je ne voudrais pas regretter aussi de n'en avoir aucune de moi avec les cheveux longs. Ça risque de prendre encore un moment, donc, parce que faire des photos dont je suis satisfait, c'est très difficile.

L'autre chose est de décider comment les porter. Complètement rasés, à nouveau ? (Ma mère en ferait une crise.) Très courts, façon militaire ? Courts, en brosse ? Mi-courts ? Au bol ? Avec des mèches pleines de gel ? À l'iroquoise (ce serait rigolo, ça, mais je ne pense pas qu'ils puissent tenir) ? Teints en bleu ? Frisés ? Dur choix. En fait, mes cheveux sont rétifs (ré-tifs, ha, ha, ha) à toute sorte de traitement. Ils n'en font qu'à leur tête (enfin, la mienne, ha, ha, ha, ha, il est vraiment tard je devrais me coucher). Extrêmement fins, très souples, presque invisibles individuellement, se graissant très facilement : voilà quelques-unes des propriétés qui les rendent, disons, pénibles.

Bon, si vous avez des idées, écrivez-moi (david[plus]www[arobase]madore[point]org, comme d'habitude, quoi). (Si possible avec les bons termes techniques, parce que j'ai toujours du mal à me faire comprendre des coiffeurs.) De toute façon, je vais sans doute lancer une grande consultation parmi mes amis pour leur demander ce qu'ils me conseillent sur ce douloureux problème. Si vous voulez me demander une touffe de mes cheveux avant qu'ils partent à la poubelle, c'est le moment, aussi.

Ouhlà, il est vraiment tard, je crois que je touche le fond de la vacuité, là.

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(vendredi) · Premier Quartier

Nouvelles diverses

Une fin de semaine un peu chargée ! Je dois terminer de rédiger un raisonnement pour le présenter à mon directeur de thèse mardi. Malheureusement, mardi il y aura une grève générale (à laquelle je participerai seulement moralement) donc, pas de transports en commun : j'irai habiter à Orsay sans doute de lundi à mercredi ; mais ça tombe très mal car l'assemblée générale de ma copropriété à Paris tombe précisément le même jour. Il faut encore que je trouve une solution à ça. Par ailleurs, il y a quantité de choses que je dois encore faire à Paris et que je n'ai pas pu traiter parce que j'ai actuellement des horaires de vie insupportablement décalés (je me couche vers 6h pour me lever vers 15h, ce qui me laisse peu de temps dans la journée). Je dois m'occuper de l'ordinateur de mon ami Laurent, qui a beaucoup de malchance avec sa carte graphique. Je dois rattraper avant mercredi un cours auquel je n'ai pas assisté mercredi dernier parce que, justement, mes horaires étaient trop décalés et je n'ai pas réussi à me lever.

Par ailleurs, mercredi prochain vient l'Assemblée générale de l'association HBO : j'ai accepté de me représenter à un poste d'administrateur (plutôt qu'arrêter mon mandat maintenant) et de prendre en charge le site Web de l'association ; cela va représenter un certain travail. Vendredi sort Matrix Reloaded : initialement je comptais le voir le jour même de sa sortie, mais tout compte fait, comme j'irai avec un groupe d'amis normaliens, et que l'un du groupe est en Suisse, on attendra une semaine pour qu'il soit là.

J'ai fini de lire The Hours de Michael Cunningham (le livre sur lequel est basé le film du même nom), que j'ai bien aimé, peut-être en parlerai-je dans une prochaine entrée de ce 'blog. J'ai maintenant commencé la lecture d'un roman de politique-fiction intitulé Mais où est donc passé Lionel ?, publié sous un nom de plume (« Tacite »), une description un peu satirique de la vie politique française partant de l'hypothèse du décès accidentel soudain du président de la République (le livre est très ancré dans le temps et commence précisément avant-hier, le mercredi 7 mai 2003) : ce n'est pas très bien écrit (le style est maladroit), mais c'est néanmoins rigolo.

Je continue à évaluer les entrées de l'IRTC (voir ma note précédente, ci-dessous), j'en ai maintenant vu les deux tiers, et je n'arrête pas de me lamenter d'en voir de meilleures et meilleures, et d'être bloqué par l'échelle qui s'arrête à 20 pour les noter ! Indépendamment, les gagnants en animations viennent d'être désignés : je ne les ai pas encore visionnés, mais il peut y avoir d'heureuses surprises.

J'ai commencé à refaire ma page d'informations personnelles sur ce site, mais comme je ne l'ai pas encore traduite en français, je ne l'uploade pas sur le serveur, mieux vaut encore garder la vieille version, qui existe en français comme en anglais.

Et ne parlons pas du fait que la date limite pour le cercle d'écriture de nouvelles (voir l'entrée de vendredi dernier dans ce 'blog à ce sujet) approche dangereusement, et, même si j'ai une idée de ce que je vais raconter, je n'ai pas encore vraiment commencé.

Ce soir j'étais à une soirée chez mon ami Sébastien Desreux (le fondateur des éditions H&K, et qui par ailleurs s'apprête à soutenir une thèse en combinatoire), qui, comme c'est habituel de sa part, était fort réussie et agréable. J'ai revu des gens fort sympathiques que je croise lors des soirées chez Seb et pas autrement. Entre autres discussions, il nous a dit que, las de ne pas avoir la mémoire des dates d'anniversaires, il a réservé le nom de domaine anniversaires.org (pour l'instant, il pointe vers le site des éditions H&K), où il compte faire un service de rappel par mail des anniversaires (pour son propre usage, mais pourquoi ne pas en faire profiter les autres): c'est une idée sympathique. Nous avons aussi revu avec plaisir le film George Lucas in Love, dont je ne peux que dire et redire que c'est sans doute le plus génial court-métrage de tous les temps, et peut-être bien film tout court ; en tout cas, ce film (d'abord diffusé par Internet) a eu un tel succès qu'il est sorti en DVD, alors qu'il ne fait que… 8 minutes !

Bon, assez raconté. Je devrais encore parler de mon nouveau plan pour implémenter des adresses mail sur les pages Web qui soient non collectables par les spammeurs, mais c'est un peu long à expliquer. Suffit pour aujourd'hui, il est déjà près de 6h30.

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(Friday)

Past news

[Traduction française ci-dessous.]

So, basically, what have I been up to, these days, while my Web site was bit rotting, until I started this 'blog?

Well, working, for one thing. I'm sorry to say, my thesis is still not written, and it will be a couple of months yet before I can think of presenting it. However, my thesis advisor and I have been writing a paper together, in which we prove that smooth Del Pezzo surfaces of degree 3 (cubic surfaces) and 4 (complete intersections of two quadrics in projective space of dimension 4) might have no rational points over fields of cohomological dimension 1: this is an exciting new counterexample, and although it dashes some hopes of understanding the arithmetic of cubic surfaces in a “naïve” way, it gives an interesting application of Rost's degree formula toward proving arithmetic results on inexistence of rational points (or zero-cycles). I'd also like to say that my paper Équivalence rationnelle sur les hypersurfaces cubiques sur les corps p-adiques has at last appeared in volume 110 issue 2 of manuscripta mathematica: essentially, this is my first published math paper! (Its DOI is 10.1007/s00229-002-0327-3, and you can grab a local copy of it if you wish.) Currently, I'm working on cubing surfaces over C(t), and I also spare a thought from time to time to trying to find an elementary proof (which I'm sure is possible) of the fact that smooth projective rationally connected varieties over C((t)) always have a rational fact (over C(t) this is a very impressive result by T. Graber, J. Harris & J. Starr).

On the more personal side, for those who have asked (I know, I never reply to email, it's maddening): I haven't found myself a boyfriend. ☹️ I have firmly resolved, however, not to let that fact ruin my happiness: while I'm a definite believer in Love with a capital ‘L’ (and some of my writing proves it), I don't intend, to put it simply, to let that aspiration shadow other interesting and positive human relations, such as friendship, tenderness or plenty of others. An obvious point, really, but some people seem to simply—miss it. Anyway. In an effort toward socializing with other gay people (not necessarily in hope of finding my Brother soul, nor to hunt for sex), I have been going to >Dégel!, the gay & lesbian students alliance of the Jussieu campus: this has been a profitable occasion to meet many interesting people and make new friends. Of course, I am also member of HBO, the similar organization for the Orsay campus: actually, I am a trustee (and sometime treasurer) of HBO, and one thing that has occupied me for the last months is the collaborative process of rewriting the organization's bylaws. On that subject, I might also mention that I've been found lurking (and not just lurking, in fact) around IRCnet, notably on the #gayfr channel under the nick “Ruxor” (these irc:// URIs should work within Mozilla, provided, of course, irc.ircnet.net is willing to accept you; the name “Ruxor” is a reference to an old novel of mine). While I'm ranting, I could add that I now have an ICQ number (UIN), namely 168950339.

I haven't written much literature recently (my most recent work is still my favorite: Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes; actually, I wrote this erotic short story and these four very short stories since then, but I think they don't really count). Actually, I did write something: together with some friends of mine (from the ENS), I organized a little “short story writing circle”: we voted on a common theme or subject and then, each on our own, wrote a story on that theme, and compared them. You can read the stories that were written (and one of them is mine): overall, I thought they were very good. The chosen subject was The story must start with the death of a character. And it must end with the death of a character. The same one. Now we've started a second iteration of the story-writing circle, and the subject is to write a story that parallels a famous historical or literary event (such as the death of Julius Cæsar). I hope the results will be likewise interesting.

Incidentally, in developing a procedure to vote for the common subject of the aforementioned short stories, I had to implement what I call the “Condorcet-Nash” electoral system. This is definitely something I'll have to write about, some time. But I don't have the time now. In just one sentence, it consists of taking the optimal (von Neumann-Nash) strategy in the two-player fair zero-sum game where each player chooses one of the candidates and receives a score equal to the number of electors who prefer his candidate over his opponent's (or minus the number of electors who prefer his opponent's candidate). In a definite sense, this is the best possible electoral system. I developped an implementation for it using the GNU Linear Programming Kit, because finding an optimal strategy in a zero-sum game is done by linear programming. This is all quite fascinating.

On the computer side of my life, I haven't programmed much these days. I did a major rewrite of my MIDI writing library, but I didn't even bother to package it! The stuff is still completely undocumented, anyway, so essentially it's usable only by me. 😐 I also “discovered” and documented a gratuitous annoyance in Unix, concerning the behavior of the connect() system call when interrupted.

What else? I had a renewal of interest in the Rubik's Cube (I spent something like six hours one night remembering how to solve it, something I knew seven or eight years ago and had completely forgotten since); but that probably won't last. Still, I plan on buying a 4×4×4 Rubik's Cube and try to figure it out, now that I have the 3×3×3 well in hand (it takes me ages to solve it, but I manage it).

I also went to see a couple of movies in the last few months. I saw The Two Towers on the day it was released (worldwide), 2002-12-18, and I wasn't disappointed, although I thought maybe it lacked unity. Long Island Expressway, which I saw on 2003-02-04, nothing like a box office buster, is a deeply moving story, and I recommend seeing it. Spielberg's Catch Me If You Can, which I went to see on 2003-02-19, was nice (although it gives a, uh, backward image of France). I rather liked Ma Vraie Vie à Rouen (no English title that I know of), which I saw on 2003-03-07, but I did find it lengthy. On 2003-03-10, I was deeply enthusiastic about 8 Mile: I don't have any particular fondness for hip-hop music, but I really loved that film anyway. Next I saw The Rules of Attraction on 2003-03-19, and I found it funny, but that's about all. On the next day I went to see Stupeur et Tremblement (possibly still not released in the US), and I loved it: it is at once hilarious, beautiful and somehow terrifying. Snowboarder, which I went to see on 2003-04-09, is pretty much devoid of interest, although some of the snowboard figures were spectacular. Next I saw The Hours on 2003-04-20, and I very much liked it: it is elegantly built, nicely filmed, and rather moving; plus, Nicole Kidman's award for her performance as Virgnia Woolf was well-deserved. The Life of David Gale, which I saw on 2003-04-23, was a bit disappointing: I had guessed the ins and outs of the plot not even halfway through the movie, so the end was sort of spoilt for me. Lastly, I saw X-Men 2 on the day before yesterday, and I found it rather entertaining. And I plan on seeing Matrix Reloaded on the day of its release (which is 2003-05-16 in Europe: contrary to Lord of the Rings which played the time zone difference by releasing a few hours earlier in Europe, Matrix decided to release a few hours later than in North America).

I've done some reading, too. In particular, I discovered that I really liked Borges, and I think by now I've read just about all that he's written (disappointingly little, I might add), in French translation. I tried to read David Copperfield, but I just couldn't get the hang of it: much as Balzac annoys me to no end, I find Dickens' habit of constantly straying off the subject a source of frustration; I expect to try again with A Tale of Two Cities. Right now I'm reading The Hours by Michael Cunningham.

I think that more or less sums it up.

[French translation of the above.]

Alors, finalement, qu'est-ce que j'ai fait ces jours-ci, pendant que mon site Web était en train de pourrir, jusqu'à ce que je commence ce 'blog ?

Eh bien, d'abord, travailler. Je suis au regret de dire que ma thèse n'est pas encore écrite, et il va falloir encore quelques mois avant que je puisse songer à la soutenir. Cependant, mon directeur de thèse et moi avons écrit un article ensemble, dans lequel nous prouvons que les surfaces de Del Pezzo lisses de degrés 3 (surfaces cubiques) et 4 (intersections complètes de deux quadriques dans l'espace projectif de dimension 4) peuvent ne pas avoir de points sur des corps de dimension cohomologique 1 : c'est un contre-exemple nouveau et excitant, et même s'il anéantit certains espoirs de comprendre l'arithmétique des surfaces cubiques d'une façon « naïve », il donne une application intéressante de la formule du degré de Rost pour prouver des résultats arithmétiques d'inexistence de points rationnels (ou de zéro-cycles). Je voudrais aussi dire que mon article Équivalence rationnelle sur les hypersurfaces cubiques sur les corps p-adiques est enfin paru dans le volume 110 numéro 2 de manuscripta mathematica : en gros, c'est mon premier article de maths publié ! (Son DOI est 10.1007/s00229-002-0327-3, et vous pouvez en récupérer une copie locale si vous voulez.) Actuellement, je travaille sur les surfaces cubiques sur C(t), et je dévoue de temps en temps une pensée à essayer de trouver une démonstration élémentaire (je suis sûr que c'est possible) du fait que les variétés projectives lisses rationnellement connexes sur C((t)) ont toujours un point rationnel (sur C(t) c'est un résultat impressionnant de T. Graber, J. Harris & J. Starr).

Sur un plan plus personnel, pour ceux qui m'ont demandé (je sais, je ne réponds jamais aux mails, c'est énervant) : je ne me suis pas trouvé un petit ami. ☹️ J'ai fermement résolu, cependant, de ne pas laisser ce fait gâcher mon bonheur : et même si je crois fermement à l'Amour avec un grand ‘A’ (et certains de mes écrits le prouvent), je n'ai pas l'intention, pour dire les choses simplement, de laisser cette aspiration éclipser d'autres relations humaines intéressantes et positives, comme l'amitié, la tendresse, ou plein d'autres. J'enfonce les portes ouvertes, là, vraiment, mais pour certains elles semblent simplement — ne pas être si ouvertes. Quoi qu'il en soit… Dans un effort pour socialiser avec d'autres homosexuels (pas forcément pour trouver mon âme frère, ni pour chasser de la viande fraîche), j'ai commencé à aller à >Dégel!, l'association gaie & lesbienne du campus de Jussieu : ç'a été une occasion profitable de rencontrer des gens intéressants et de me faire de nouveaux amis. Bien sûr, je suis aussi membre de HBO, l'organisation semblable pour le campus d'Orsay : en fait je suis un administrateur d'HBO (et autrefois trésorier), et une des choses qui m'ont occupé ces derniers mois est le travail collectif de réécriture de ses statuts. À ce sujet, je peux aussi mentionner que j'ai été trouvé à lurker (et pas juste à lurker, en fait) sur IRCnet, notamment sur le canal #gayfr sous le nick « Ruxor » (ces URIs en irc:// devraient marcher sous Mozilla, à condition, bien sûr, qu'irc.ircnet.net veuille bien de vous ; le nom « Ruxor » est une référence à un vieux roman que j'ai écrit). Pendant que je bavarde, je pourrais rajouter que j'ai maintenant un numéro (UIN) sur ICQ, à savoir 168950339.

Je n'ai pas beaucoup écrit de littérature récemment (mon texte le plus récent est toujours mon préféré : Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes ; en fait, j'ai écrit cette nouvelle érotique et ces quatre nouvelles très courtes depuis, mais je ne trouve pas qu'elles comptent vraiment). En vérité, j'ai effectivement écrit quelque chose : avec certains de mes amis (de l'ENS), j'ai organisé un petit « cercle d'écriture de nouvelles » : nous avons voté sur un thème ou sujet commun et ensuite, chacun de notre côté, écrit une nouvelle sur ce thème, et les avons comparées. Vous pouvez lire les histoires qui ont été écrites (et l'une d'elles est de moi) : dans l'ensemble, je les ai trouvées très bonnes. Le sujet choisi était La nouvelle doit commencer par la mort d'un personnage. Et doit se terminer par la mort d'un personnage. Le même. Maintenant nous avons débuté une seconde itération de ce cercle d'écriture, et le sujet est d'écrire une histoire qui fait parallèle à un événement historique ou littéraire célèbre (comme la mort de Jules César). J'espère que les résultats seront semblablement intéressants.

Incidemment, en développant une procédure pour voter sur le sujet commun des nouvelles ci-dessus mentionnées, j'ai dû implémenter ce que j'appelle le système électoral de « Condorcet-Nash ». C'est quelque chose sur lequel il faut clairement que j'écrive, un jour. Mais je n'ai pas le temps maintenant. En une phrase, cela consiste à prendre la stratégie optimale (de von Neumann-Nash) dans le jeu à deux joueurs, équilibré et de somme nulle, où chaque joueur choisit un des candidats et reçoit un score égal au nombre d'électeurs qui préfèrent son candidat à celui de son adversaire (ou moins le nombre d'électeurs qui préfèrent le candidat de son adversaire). En un sens bien défini, c'est le meilleur système électoral possible. J'en ai développé une implémentation en utilisant le GNU Linear Programming Kit, parce que trouver une stratégie optimale dans un jeu à somme nulle se fait par programmation linéaire. C'est tout à fait fascinant.

Sur le côté informatique de ma vie, je n'ai pas beaucoup programmé ces jours-ci. J'ai fait une réécriture importante de ma bibliothèque d'écriture de MIDI, mais je ne me suis même pas fatigué à la packager ! Ce truc est toujours complètement non-documenté, de toute façon, donc essentiellement utilisable seulement par moi. 😐 J'ai aussi « découvert » et documenté une nuisance gratuite dans Unix, concernant le comportement de l'appel système connect() quand il est interrompu.

Quoi d'autre ? J'ai eu un regain d'intérêt pour le Rubik's Cube (j'ai passé quelque chose comme six heures une nuit à me rappeler comme le résoudre, quelque chose que je savais il y a sept ou huit ans et que j'avais complètement oublié depuis) ; mais ça ne durera sans doute pas. Cependant, je compte m'acheter un Rubik's Cube 4×4×4 et tâcher de le résoudre, maintenant que j'ai le 3×3×3 bien en main (il me faut une éternité pour le résoudre, mais j'y arrive).

Je suis aussi allé voir un certain nombre de films ces derniers mois. J'ai vu Les Deux Tours le jour où il est sorti (dans le monde), 2002-12-18, et je n'ai pas été déçu, même si j'ai peut-être trouvé que ça manquait d'unité. Long Island Expressway, que j'ai vu le 2003-02-04, qui n'a rien d'un blockbuster, est une histoire profondément émouvante, et je le recommande. Catch Me If You Can de Spielberg, que je suis allé voir le 2003-02-19, était bien (même s'il donne une image, euh, retardée de la France). J'ai assez aimé Ma Vraie Vie à Rouen, que j'ai vu le 2003-03-07, mais je l'ai trouvé un peu longuet. Le 2003-03-10, j'ai été très enthousiaste de 8 Mile : je n'ai pas d'amour particulier pour la musique hip-hop, mais j'ai vraiment adoré ce film malgré cela. Ensuite, j'ai vu Les Lois de l'attraction le 2003-03-19, et je l'ai trouvé drôle, mais c'est à peu près tout. Le lendemain, je suis allé voir Stupeur et Tremblement (peut-être pas encore sorti aux États-Unis), et je l'ai adoré : c'est à la fois hilarant, beau, et, quelque part, terrifiant. Snowboarder, que je suis allé voir le 2003-04-09, est assez dénué d'intérêt, même si certaines des figures de snow étaient spectaculaires. Ensuite, j'ai vu The Hours le 2003-04-20, et j'ai vraiment beaucoup aimé : c'est élégamment construit, bien filmé, et assez émouvant ; de plus, l'Oscar de Nicole Kidman pour son interprétation de Virginia Woolf n'était pas volé. La Vie de David Gale, que j'ai vu le 2003-04-23, était un peu décevant : j'avais deviné les tenants et les aboutissants de l'intrigue même pas à la moitié du film, donc la fin était un peu spoilée. Enfin, j'ai vu X-Men 2 avant-hier, et je l'ai trouvé assez divertissant. Et je compte voir Matrix Reloaded le jour de sa sortie (à savoir 2003-05-16 en Europe : au contraire du Seigneur des Anneaux qui a joué le décalage horaire en sortant quelques heures plus tôt en Europe, Matrix a décidé de le sortir quelques heures plus tard par rapport à l'Amérique du Nord).

J'ai aussi lu. En particulier, j'ai découvert que j'aimais vraiment beaucoup Borges, et je crois que maintenant j'ai lu à peu près tout ce qu'il a écrit (et c'est décevant à quel point il y en a peu, devrais-je ajouter), en traduction française. J'ai essayé de lire David Copperfield, mais je n'ai pas accroché : de même que Balzac m'agace incessamment, je trouve frustrante la façon dont Dickens s'écarte constamment du sujet ; je compte réessayer avec A Tale of Two Cities. En ce moment je lis The Hours de Michael Cunningham.

Je crois que c'est à peu près tout.

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(Thursday) · Labor's Day · New Moon

Starting this 'blog

[Traduction française ci-dessous.]

Well, here I am, having, apparently, finally succumbed to the “WebLog” fad.

Actually, this is an attempt to resuscitate my Web site, which has lain dormant for far too long: I no longer had the energy to motivate myself to make changes in it, and the more I waited, the more changes needed to be done, so the more discouraging it became, until I essentially dropped it (or “froze” it) altogether.

Now I will try to revive it piece by piece, migrating it to a different style. This WebLog (or “'blog”, as they say) should be the new nexus of it. The point being that this “Web log” style of writing should be more appropriate to the way I work: I get into sudden passions about this or that, and then I lose interest in it just as suddenly, so making a log entry is more appropriate than starting a whole Web page that will never be finished (of course, nothing I do is ever finished); and if my interest lasts long enough, I can try to copy the entry into a new page and develop it from there. Or something. Well, I'm not sure I'm making myself clear, but that's the idea. Naturally, I will never completely rewrite my old Web site in the new style (I don't even intend to try), so it will look yet more heterogeneous, but who cares? On the other hand, I will make a definite effort to avoid breaking existing links.

So what's different? Well, for one thing I'm now using XSLT to process what I write: this makes it easier to write Web pages which follow well-defined templates (and that is precisely my intention). I have also tried to make a better use of CSS in the hope of producing something a little less ugly than usual—I know not with what success. The font used here, by the way, is Zapf Optima (at least if available on your system), which is in my opinion simply the best type font in existence. I also hope XSLT will help me make this site more easily transportable, in preparation with the time when I'll have to relinquish my beloved http://www.eleves.ens.fr:8080/home/madore/ address (I already had to fight to keep the :8080 when every other page on the server lost it). Of course, XSLT has its price, too, because it's such a strange and perverse language, but I hope the benefits outweigh the cost.

Another thing is that I now entirely cease to care about non-standards-compliant Web browsers. It is simply too much of a pain to write the mass of bugware necessary to get the site working on antique and outdated browsers such as Netscape's Navigator / Communicator version 4.x, or Microsoft's Internet Explorer version 4 or 5, especially as I am moving to an XML-based architecture. I strongly recommend anyone using such browsers to switch to Mozilla, Konqueror, Apple's Safari browser, Netscape version 7.x, IE version 6.x, or a similar modern Web browser. For those who browse in text mode, Links should be a safe choice, although you evidently won't get all the bells and whistles of truly graphical browsers (though even Links now has a graphical interface, it is a mere extension of its text-based interface).

But enough of technicalities! Another major question I had to solve was, which language should I use: either English or French (there is no other language that I know even remotely well enough to write such a log in it). I am daily reminded that my English is nowhere as good as I wish it were: although some people have tried to persuade me of the contrary, I know better (and let me just insert a little wink at Pierre at this point: hi, Pierre!). On the other hand, English has, shall we say, a rather larger audience than French. And when I think about it, there are certain things which I'm more comfortable saying in English, and others in French: so I'll just do the obvious things, write some entries in English and others in French. I'll rarely translate from one to the other, however, because it takes so much work and I'm terribly bad at it either way; this entry is an exception because it's the first one and in a way the introduction.

Anyway, for better or for worse, this 'blog is started (maybe it will simply peter out after three entries, that wouldn't really surprise me, knowing myself for the lazy sloth I am). May first seemed like an appropriate time to do it; in French we have this proverb, en mai, fais ce qu'il te plaît (in May, do as you please), and it did please me. Did you notice that one third of the decade (I mean the 2000's, the years from 2000 through 2009) is by us already? And a third of 2003 also. Somehow, I think this is depressing. I'll say more about this some other day.

[French translation of the above.]

Eh bien voilà, j'ai enfin, semble-t-il, succombé à la mode des « WebLogs ».

En fait, ceci est une tentative pour ressusciter mon site Web, qui est resté au point mort bien trop longtemps : je n'avais plus la motivation nécessaire pour y faire des changements, et plus j'attendais, plus de changements devenaient nécessaires, donc plus cela devenait décourageant, jusqu'à ce que je laisse complètement tomber (ou « geler »).

Maintenant je vais tenter de le faire revivre morceau par morceau, le migrant vers un style différent. Ce WebLog (ou « 'blog », comme ils disent) devrait en être le nouveau cœur. Le principe, c'est que ce style d'écriture « WebLog » devrait être plus approprié à ma façon de travailler : je me passionne soudainement pour ceci ou cela, et j'y perds intérêt tout aussi rapidement, donc il vaut mieux faire une entrée dans un log que de commencer une page Web entière qui ne sera jamais finie (bien sûr, rien de ce que je fais n'est jamais fini) ; et si mon intérêt se maintient assez longtemps, je peux essayer de copier l'entrée dans une nouvelle page et la développer à partir de là. Ou quelque chose comme ça. Enfin, je ne sais pas si je m'exprime clairement, mais c'est l'idée. Naturellement, je ne réécrirai jamais complètement mon vieux site Web dans le nouveau style (je n'ai même pas l'intention d'essayer), donc il aura l'air encore plus hétérogène, mais qu'importe ? En revanche, je ferai un effort certain pour éviter de casser les liens existants.

Alors qu'est-ce qui est différent ? Eh bien pour commencer, j'utilise maintenant XSLT pour traiter ce que j'écris : ceci rend plus commode l'écriture de pages Web qui suivent des modèles bien définis (et c'est précisément mon intention). J'ai aussi tenté de faire un meilleur usage des CSS dans l'espoir de produire quelque chose d'un peu moins hideux que d'habitude — je ne sais pas avec quel succès. La police utilisée ici, à propos, est Zapf Optima (au moins si elle est disponible sur votre système), qui à mon avis est tout simplement la meilleure police de caractère qui existe. J'espère aussi que XSLT m'aidera à rendre ce site plus facilement transportable, en prévision du moment où je devrai abandonner mon adresse http://www.eleves.ens.fr:8080/home/madore/ bien-aimée (j'ai déjà dû lutter pour conserver le :8080 quand toutes les autres pages du serveur l'ont perdu). Bien sûr, XSLT a son prix, aussi, car c'est un langage étrange et pervers, mais j'espère que les bénéfices dépassent les coûts.

Une autre chose est que j'ai maintenant entièrement cessé de me préoccuper des navigateurs non conformes aux standards. C'est tout simplement trop pénible d'écrire la masse de bugware pour faire fonctionner le site sur des navigateurs aussi antiques et obsolètes que la version 4.x de Netscape Navigator / Communicator, ou Internet Explorer de Microsoft version 4 ou 5, surtout que j'emploie maintenant une architecture basée sur XML. Je recommande vivement à quiconque utilise ces navigateurs de passer à Mozilla, Konqueror, le browser Safari d'Apple, Netscape version 7.x, IE version 6.x, ou un semblable navigateur Web moderne. Pour ceux qui surfent en mode texte, Links devrait être un choix raisonnable, même si évidemment vous n'aurez pas tous les bonus d'un navigateur vraiment graphique (même si Links a maintenant une interface graphique, c'est une simple extension de son interface texte).

Mais assez de technicité ! Une autre question essentielle que j'ai dû résoudre est, quel langage devrais-je utiliser : soit l'anglais soit le français (il n'y a pas d'autre langage que je connaisse ne serait-ce qu'à peu près assez bien pour pouvoir écrire un log de ce genre dedans). Je me rappelle quotidiennement que mon anglais est loin d'être aussi bon que je le souhaiterais : même si certains essaient de me persuader du contraire, je ne suis pas dupe (et à ce stade-là je voudrais faire un petit clin d'œil à Pierre : salut, Pierre !). D'un autre côté, l'anglais a, disons, un meilleur taux d'audience que le français. Et quand j'y pense, il y a certaines choses que je dis plus confortablement en anglais, d'autres en français : je ferai donc ce qui s'impose, écrire certaines entrées an anglais et d'autres en français. Je traduirai rarement d'une langue à l'autre, cependant, parce que c'est beaucoup de boulot et j'y suis très mauvais ; cette entrée est une exception parce que c'est la première, et en quelque sorte l'introduction.

En tout cas, pour le meilleur ou pour le pire, ce 'blog est commencé (peut-être va-t-il se terminer en queue de poisson après trois entrées, ça ne me surprendrait pas énormément, me connaissant comme le flemmard que je suis). Le premier mai semblait un moment approprié pour le faire ; il y a ce proverbe en mai, fais ce qu'il te plaît, et ça me plaisait. Avez-vous remarqué que le tiers de la décennie (je veux dire, les années 2000, les années de 2000 à 2009) est déjà passé ? Et le tiers de 2003, aussi. Quelque part, je trouve ça déprimant. J'en dirai plus un autre jour.

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