David Madore's WebLog: Ça sert à quoi, la démocratie ?

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(mardi)

Ça sert à quoi, la démocratie ?

Je me demande quelle est la meilleure façon de choisir les dirigeants d'une association (en l'occurrence une association d'élèves, mais peu importe). Déjà, je ne suis pas persuadé que la démocratie interne soit une chose forcément souhaitable : parce qu'en matière d'élection, c'est souvent le hasard qui fait le choix, ou qui a le plus de copains, ou qui a la meilleure tête, ou qui parle le mieux, ou qui a un nom sympatique, que sais-je encore — rarement celui qui a le meilleur projet pour l'association (quand il y a un projet tout court). C'est du moins ma conclusion après avoir fréquenté un nombre assez conséquent d'associations « loi de 1901 » ou structures apparentées ; ceci dit, déjà, avoir plus d'un candidat à un poste est quelque chose dont on peut se réjouir, parce qu'en général l'élection se résume plutôt à entériner l'investiture de la seule personne qui se dévoue ; mais sinon, à la limite, autant tirer au sort (les taux de participation sont toujours ridicules, cela montre bien que les gens ne veulent pas vraiment de la démocratie). Ou, de façon plus sérieuse, laisser les précédents responsables choisir les nouveaux (ou se reconduire indéfiniment), en donnant juste aux membres la possibilité de voter une motion de censure constructive (i.e., proposant en même temps un nouvel ensemble de dirigeants) s'ils les trouvent trop mauvais.

Mais bon, admettons que la démocratie interne soit une bonne chose. Que faire, maintenant, si on a un certain nombre de postes à pourvoir (et ces postes sont typiquement étiquetés : président, vice-président, trésorier, secrétaire, etc.), et qu'on veut à la fois permettre à des listes cohérentes de se présenter (et d'avoir une chance d'être élues en bloc) et pourtant autoriser des candidatures individuelles à tel ou tel poste (voire à un ensemble de postes, ce ne serait pas mal, parce que se présenter comme « trésorier adjoint », je ne vois pas bien quel sens ça peut avoir) ? Pour l'instant, le COF organise un vote individuel (à deux tours) par poste, ce n'est pas terrible. (Pour des raisons incompréhensibles, cette association n'a pas de conseil d'administration, juste un bureau.) Diverses propositions avaient été envisagées pour remédier à ce problème, mais aucune n'a été adoptée. La mienne était la suivante :

On suppose qu'il y a n sièges à pourvoir. Il est possible de présenter des listes comportant entre 1 et n noms. Chaque électeur vote pour (au maximum) n noms, choisis arbitrairement entre les listes (mais le scrutin est organisé de façon à inviter à voter pour une liste complète). S'il y a N électeurs, cela donne (au maximum) N·n voix ; on compte le nombre de voix pour chaque candidat et le total par liste (quel que soit le nombre de candidats dans la liste). On considère la liste ayant obtenu le plus de voix (au total) et on lui attribue un poste, ce poste étant attribué à celui qui, dans la liste, a obtenu le plus de voix (mais il a la possibilité, après concertation, de se désister en faveur du suivant, qui lui-même, etc., et si toute la liste se désiste, on passe à la liste suivante) ; si les postes sont étiquetés, ce premier candidat élu choisit à quel poste il est élu (a priori il a annoncé lors de la campagne quels postes il convoitait). Puis N voix sont soustraites au total de la liste (indépendamment du nombre de voix obtenu par le candidat élu, et même si on arrive à des quantités négatives) et le candidat élu en est rayé. Et on recommence l'opération (après soustraction, on prend la nouvelle liste ayant obtenu le plus de voix, qui peut éventuellement être la même, et on attribue un poste au mieux classé restant dans cette liste), jusqu'à avoir rempli les n sièges à pourvoir.

Cela équivaut essentiellement à un scrutin de liste à la proportionnelle, par la méthode du plus fort reste, où on peut voter autant de fois pour une liste qu'il y a de candidats dessus, et où chaque liste est triée par l'ordre dans lequel ses candidats sont choisis à l'intérieur d'elle. Le scrutin permet à un candidat individuel de se présenter sans être (trop) défavorisé, mais ne pénalise pas les listes lorsque leurs voix se dispersent entre les membres. Les possibilités de désistement permettent de négocier pour constituer des équipes cohérentes (par exemple, s'il ne reste qu'un poste de secrétaire à pourvoir, quelqu'un qui ne veut pas de ce poste peut se désister en faveur de quelqu'un d'autre sur sa liste ou, s'il ne peut envisager de travailler avec l'équipe qui a les autres postes, quelqu'un de cette équipe-là).

Mais bon, on m'avait dit que ce mode d'élection était beaucoup trop compliqué : les normaliens, c'est bien connu, sont des esprits un peu limités et ne sont pas capables de comprendre les complexités d'un système mathématique ou politique trop subtil. 😕

Bon, sur ce, je dois aller me coucher : demain, y'a Épisode III au programme.

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