Comme noté dans l'entrée précédente (c'est-à-dire celle qui suit ), j'ai un nouveau tas de copies à corriger, celles du partiel que j'ai surveillé vendredi (c'était la première fois que je surveillais ce semestre), je n'en ai pas parlé.
Quasiment tout le monde sera d'accord pour dire que corriger les copies est un boulot chiant. À part une ou deux erreurs tellement énormes qu'elles font rire (et encore — on est très vite blasé), c'est répétitif donc ennuyeux à en mourir : soit les copies sont justes (ce qu'on préfère encore), c'est-à-dire contienne ce qu'on a déjà vu (ou aurait voulu voir) n fois, auquel cas on met trois traits dans la marge et on reporte les points, soit elles sont fausses, auquel cas on se fatigue quelques secondes à essayer de trouver la source de l'erreur pour savoir combien de points retirer, et on finit par s'énerver parce que cela n'a ni queue ni tête, et mettre zéro à la question. Bref.
Surveiller les examens, en revanche, à la différence de la plupart
de mes collègues, je trouve ça plutôt amusant. D'accord, il faut se
lever tôt, et pour ça ce n'est pas drôle. Mais une fois qu'on est sur
place, c'est plutôt agréable de déambuler dans la grande salle
chauffée (surtout quand il fait froid dehors) entre les tables, en
prenant un air rébarbatif (ne vous avisez pas de tricher, bande de
petits saligauds
), et penser à autre chose. Ou regarder les
étudiants gratter frénétiquement leur brouillon (ou leur copie, mais
ça c'est moins drôle quand on pense qu'on va devoir la corriger
ensuite) ou prendre un air complètement perdu, ou très vague, ou faire
toutes sortes de têtes rigolotes (il y en a un qui a passé trois
heures à faire des dessins de feuilles de cannabis sur son brouillon
et qui a finalement rendu une copie de deux lignes s'excusant en
disant qu'il s'était sans doute trompé d'orientation à venir en
MIAS ; parfois aussi on en voit qui trichent et on
les laisse faire quand même parce qu'ils sont tellement ridicules et
pitoyables dans leur façon de faire et parce qu'on est sûrs qu'ils se
planteront malgré ça).
Et bien sûr, quand j'ai sous les yeux une population de plusieurs
centaines d'individus majoritairement de sexe masculin et d'une
tranche d'âge où, ma foi, ils ne sont pas au plus moche, je ne résiste
pas à chercher à désigner mentalement lequel je trouve le plus mignon.
(Je vous rassure, je ne lui rajoute pas quelques points en douce s'il
se trouve être dans mon tas de copies, même quand il s'avère que j'ai
vu son nom : les copies ne sont certes pas anonymes pour les partiels,
mais pour ma part je les corrige sans regarder le nom, et, qui plus
est, transversalement exercice par exercice.) Celui que j'ai
secrètement couronné de ce douteux honneur, d'ailleurs, n'arrêtait pas
de me regarder (d'un regard complètement indéchiffrable — est-ce que
cela voulait dire t'as pas fini de m'mater comme ça, sale
pédé ?
? pourtant, je ne le fixais pas avec la moindre insistance
— mais en tout cas avec de très beaux yeux bleus). C'est triste,
ça.