David Madore's WebLog: Jorge Luis Borges et Umberto Eco

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(lundi) · Columbus Day · Thanksgiving (Canada)

Jorge Luis Borges et Umberto Eco

Comment ai-je pu être assez aveugle, en lisant Le Nom de la rose, pour ne pas percuter sur le fait qu'on y trouve un dénommé « Jorge de Burgos » à la tête d'une bibliothèque en forme de labyrinthe ? Il est vrai que je n'étais pas, quand j'ai lu ce roman, le fan de Borges que je suis maintenant (mais je ne pouvais pas ne pas avoir entendu parler de La Bibliothèque de Babel), et en tout cas la mémoire aurait dû me revenir quand j'ai plus tard lu la nouvelle.

J'ai une admiration sans bornes pour Umberto Eco, pour son érudition extraordinaire, pour son intelligence vivace, pour son humour percutant. Peut-être plus pour l'Umberto Eco critique littéraire et professeur de sémiotique que pour l'Umberto Eco écrivain, d'ailleurs ; pourtant, en général, je suis très dubitatif devant la critique littéraire et, plus encore, la sémiotique : j'ai tendance à trouver qu'il s'agit de l'art de faire des rapprochements douteux entre tout et n'importe quoi, des analogies d'idées complètement délirantes, et de prétendre s'en servir pour déceler des intentions cachées, mais quand c'est Eco qui trouve les analogies et les correspondances, je m'incline, parce qu'il est tellement merveilleusement évident qu'il a raison de les faire, que leur vérité s'impose à l'esprit. C'est quelque chose de si agréable, et que je n'ai que trop rarement connu, qu'on me fasse remarquer dans un texte une référence, un clin d'œil, une inspiration, une astuce, à côté desquels j'étais passés sans rien voir, et qui, à la réflexion, sont absolument évidents. Ainsi, quand, dans Si par une nuit d'hiver un voyageur (dont j'ai déjà parlé ici), j'ai relu la liste des « titres » des sujets, j'ai eu cette surprise amusante qui est dévoilée à la fin du livre. (Bien sûr, c'est encore plus amusant de reconnaître soi-même le clin d'œil.)

Bref. Quand j'ai vu ce livre d'Umberto Eco intitulé De la littérature (titre original Sulla letteratura ; traduction française aux éditions Grasset), je me suis jeté dessus, et j'ai été très heureusement surpris d'y découvrir un petit texte écrit par Eco (qui pourtant évite de mélanger ses activités d'écrivain et de critique) sur sa propre influence par Borges (en fait, il s'agit du compte-rendu remanié d'une intervention dans le cadre d'un congrès, comme tous les autres textes de cet ouvrage). Par exemple, je crois que je n'aurais jamais fait, seul, le parallèle entre Le Pendule de Foucault et Tlön, Uqbar, Orbis Tertius, qui, pourtant, est si clair.

Mais, comme il le dit lui-même non sans humour, tout le monde ne peut pas être aussi intelligent que lui : heureusement, sans quoi tout le monde enseignerait la sémiotique à l'Université de Bologne !

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