Je veux répondre à quelques commentaires qui ont été faits sur une entrée précédente de ce 'blog, et je vais le faire dans une nouvelle entrée plutôt que dans le système de commentaires, parce que je crois que ça a de l'importance (plus générale que l'entrée initiale).
Un anonyme a écrit :
Dans la vie, il y a quand même des choses plus intéressantes et variées que le sexe: les maths par exemple.
Si tu n'arrives pas à trouver un partenaire pour une nuit, c'est probablement parce que ça ne te correspond pas, et ça ne sert à rien d'essayer d'imiter les autres.
Mon conseil: ne pense plus au sexe, profite de la vie, implique-toi dans des activité ayant un sens, et tu finiras bien par rencontrer quelqu'un qui te ressemble.
C'est bizarre, comme réflexion, de se dire que les maths sont plus intéressantes que le sexe. (J'imagine que plus de 99% de la population française serait d'un avis différent, mais ce n'est pas mon point.) Est-ce que Bach est plus intéressant que le chocolat ? Est-ce que la chapelle Sixtine est plus intéressante que le volley ? Est-ce que la galaxie d'Andromède est plus intéressante que l'eau fraîche ? Hum… Ça veut dire quoi, au fait, « intéressant » ? (À la limite, avec « important » je comprendrais mieux ; et en fait non, même pas.)
Je souligne donc (et je fais un clin d'œil à Ska au passage) : ce n'est
pas un choix. J'ose espérer que personne ne sera jamais
placé devant ce choix complètement absurde : les maths ou le
sexe — décidez-vous !
On pourrait en imaginer d'autres,
d'ailleurs : qu'est-ce qui est le plus important, manger ou
pisser ?
; à ceci près que manger et pisser sont des activités de
survie, alors qu'on peut très bien survivre sans maths et sans sexe :
mais dire à quelqu'un qui a faim, tiens, tu peux pisser si tu
veux
, ce n'est pas forcément très utile.
C'est probablement parce que ça ne me correspond pas ? Hum, je n'ai pas le souvenir d'avoir fait vœu de chasteté, moi (ni vœu de mathématicité, d'ailleurs).
Je ne veux pas faire au commentateur ci-dessus (fût-il anonyme) un procès d'opinion, mais il semble y avoir encore des gens qui croient que l'activité sexuelle est dans une certaine mesure un dérèglement qui doit être contenu, une survivance de bestialité à contrôler pour accéder à un Zustand supérieur. Bullshit! (Soit dit en passant, le Dalaï-Lama, qui semble faire un carton en termes de popularité, j'ai lu des citations de lui où il racontait ce genre de bêtises.) Toute activité humaine n'est nuisible que dans la mesure où elle nuit à l'équilibre physique, mental ou émotionnel (et désolé pour la porte ouverte que je viens de démolir) : il y a assurément des gens pour qui c'est le cas du sexe, pratiqué avec excès, comme il y a des gens pour qui c'est le cas de manger, dormir, ou, d'ailleurs, de faire des maths, tous pratiqués avec excès. Aucune activité n'a de « sens » que ce que nous voulons bien lui en donner.
Mais je suis plongé dans un doute affreux : est-ce que je donnerais par hasard l'impression d'être un être fait de maths et d'eau fraîche, un pur esprit ou quelque chose comme ça ? Ça me semble totalement absurde de le penser, mais on dirait que certains ont un peu cette idée, et pourtant, les lecteurs de ce 'blog doivent savoir que j'y parle plus rarement de maths que de sexe ! (D'accord, c'est aussi parce que c'est plus difficile de parler de maths et de se faire comprendre de tout le monde.)
Alors oui, je crois que je serais assurément capable de vivre sans activité sexuelle. Mais ce n'est pas une raison pour le faire : si on est diabétique, ou si on est au régime, on se prive de gâteaux au chocolat, et on en vit très bien. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des diabétiques et des gens au régime que les gens qui n'ont pas les moyens de s'acheter un gâteau au chocolat doivent s'entendre dire « on peut vivre sans gâteaux au chocolat : pensez aux diabétiques ! » ni que c'est normal pour eux de faire sans.
cossaw, lui, tient un discours plus subtil :
C'est pas parce qu'on est intello qu'on a forcément besoin de sexe.
Quand j'ai perdu tous mes amis, les uns après les autres, j'ai pas eu de rapports sexuels pendant trois ans. Ce n'était pas le sexe (ou le cul) qui me manquait, mes les rapports personnel intimes. Ruxor "avoue" lui même ne pas en avoir un besoin énorme.
Certes, j'ai un léger sentiment de projection de mon propre cas sur celui de Ruxor (similitude des parcours oblige), et je ne veux pas me mettre à sa place, mais bon, il me parraît clair que Ruxor a d'abord besoin d'un cercle d'amis plus que d'un cerle d'amants potentiels.
Ruxor : me trompè-je ?
Je ne peux pas me plaindre du manque d'amis. Je crois même pouvoir dire que j'en ai beaucoup (je ne dirai pas « assez », parce qu'on n'a jamais « assez » d'amis, et je cherche toujours et sans cesse à rencontrer de nouvelles personnes, mais relativement à des gens que je connais, oui, j'en ai beaucoup), et d'assez variés, y compris des gens qui me sont très chers et très proches, des gens vraiment exceptionnels par leurs qualités humaines et intellectuelles (et dont je suis très fier de pouvoir me dire leur ami). Maintenant, je trouve en effet que mes amitiés manquent parfois un peu de tendresse et d'intimité : c'est sans doute en partie ma faute (parce que donne peut-être l'impression d'être froid et distant), et c'est un problème beaucoup plus complexe et plus profond que celui de la frustration sexuelle dont je parlais. Mais ce sont des problèmes bien différents qui ne vont ni dans le même sens ni en sens contraire. Ce qui ne veut pas dire non plus qu'on ne peut pas aller dans les deux sens à la fois : quelqu'un qui peut être et un partenaire sexuel et un ami et un partenaire de câlins, c'est encore mieux. (Rhâ, ma hache +5 a eu raison d'une porte ouverte de plus !)
Maintenant, je veux aussi rassurer ceux qui s'inquiéteraient : non, je ne crois pas que je sois sur le point de craquer, émotionnellement, même si j'ai (comme tout le monde) des hauts et des bas. Finalement, ce qui m'énerve, c'est plus le total ridicule de ma situation et mon incapacité à comprendre ce qui cloche, que la situation en elle-même. Or le ridicule et l'ignorance ne tuent pas, sinon je serais enterré depuis longtemps.