Je suis hypocondriaque, et j'ai d'ailleurs l'impression que cette condition a tendance à empirer avec le temps (ou alors peut-être suis-je méta-hypocondriaque ? ce serait assez typique de moi, en fait). Toujours est-il que c'est surtout la nuit que ça se manifeste, sous la forme de crises d'angoisse qui prennent des formes variées (maux de tête qui me réveillent, réveils en sursauts de terreur, crises de tachycardie ou douleurs diverses au cœur, ou simplement mal-être général et indéfinissable). Des médecins consultés au sujet de certains de ces maux m'ont diplomatiquement fait savoir que j'étais simplement angoissé, et je suis porté à les croire, mais ça ne m'aide pas tant que ça à faire disparaître ces symptômes.
Bref, je passe souvent des périodes plus ou moins longues de ma nuit à attendre, dans un état mentalement plus ou moins cohérent, de retrouver la sérénité nécessaire à me rendormir. J'ignore si c'est la proximité des phases de sommeil paradoxal qui m'y conduit, ou le stress supposé causer ces crises d'insomnie, ou quoi, mais je ressens souvent en ces moments-là une certaine fermentation des pensées (parfois à la limite du délire). Parfois j'ai des idées en ces moments-là (ou juste après le réveil) qui, sur le coup, me semblent géniales et dont je me rends compte, dans un état plus conscient et éveillé, qu'elles sont tout à fait banales ou idiotes ; parfois j'ai un rappel inopiné d'un souvenir que je n'avais pas vraiment perdu mais simplement laissé de côté et qui semble venir de façon vraiment saugrenue.
Hier ou avant-hier, pendant une période d'insomnie (à vrai dire peu
inquiète), je me suis souvenu, je ne sais pourquoi, d'un jeu auquel
j'avais joué il y a bien longtemps (au début des années '90, sans
doute) sur mon premier PC : tout d'un coup, tout m'est
revenu avec une clarté presque fulgurante, du détail des graphismes
(en CGA 320×200, quatre couleurs noir-rouge-vert-jaune ou
noir-magenta-cyan-blanc selon les scènes), aux méandres d'un scénario
très approximatif. Il s'agissait d'un jeu sans doute écrit par deux
programmeurs (français) amateurs, en Turbo-Pascal, et qui se
qualifiait lui-même avec humour de superproduction en
graphmodcolor
(GraphColorMode
étant le nom de la
procédure Turbo-Pascal qui activait le mode graphique) et dont le but
était de bannir d'un monde futuristico-fantastique le démon Arioch. Je suis assez
scié de voir que ce jeu, pourtant hautement confidentiel, Tera, la Cité des
crânes, n'est pas inconnu de notre source de
wikirenseignement préférée (ceci étant, l'article en question est
assez orphelin). Il va falloir que je retrouve le jeu lui-même et que
je le lance dans un émulateur pour faire
quelques captures d'écran.
Tout aussi récemment, j'ai eu un autre souvenir qui m'est revenu de façon inexpliquée : je me rappelle que mes parents m'ont emmené autrefois (j'avais peut-être autour de dix ans, et c'était peut-être aux États-Unis, mais tout cela est très flou) dans une sorte de musée qui était rempli de quelque chose qui m'échappe (peut-être des poupées, mais c'est vraiment très très très flou, et peut-être que je confonds avec autre chose — ou alors des chinoiseries) qui ressemblait plus à un labyrinthe qu'à un musée : il y avait un nombre faramineux de salles, sans fenêtres, et la visite guidée durait un temps invraisemblable, j'avais trouvé ça terrifiant de voir salle après salle se succéder dans ce dédale et de ne jamais en atteindre le bout. C'est bizarre, parce que c'est un souvenir qui m'a ensuite hanté dans des rêves, mais ce n'est que maintenant que je me rappelle qu'il correspond à une situation réelle (même si je suis complètement incapable de retrouver les détails — il faudra que je demande à ma maman si elle sait de quoi il peut s'agir).
De façon plus terre-à-terre, dans ces moments de demi-sommeil, j'ai toutes sortes d'idées qui me viennent à écrire dans ce blog, et le lendemain soit je suis incapable de les retrouver soit je me rends compte qu'elles n'ont guère d'intérêt. Alors pour me consoler, je fais une entrée sur mes insomnies elles-mêmes.