Neuf jour après le début de
l'incident, ma ligne téléphonique n'a toujours pas été rétablie,
pas plus que mon accès ADSL. La situation a même
empiré : nous n'avons toujours pas la tonalité, mais au moins, jusqu'à
hier, quand on nous appelait, notre ligne sonnait occupée (i.e., en
dérangement), maintenant elle sonne normalement — nos correspondants
ne sont donc même pas prévenus que notre ligne est en dérangement, ni
nous qu'on cherche à nous joindre ; et pour l'ADSL,
jusqu'à hier le modem captait un embryon de sychronisation qui lui
permettait occasionnellement d'avoir une connexion (cf. le
graphique sur l'entrée précédente,
que j'ai tenu à jour depuis), maintenant nous n'avons plus rien : tout
se passe exactement comme si nos prises téléphoniques étaient
totalement débranchées. Pas non plus la moindre communication de la
part d'Orange (pas de courrier, le service des dérangements continue à
nous envoyer sur un message préenregistré qui ne dit rien, et leur
site Web continue de prévoir un rétablissement complet au plus tard
le 17/09/2014 fin de matinée
insensible au fait que ce message est
de plus en plus ridiculement faux).
Je dois avouer que si on m'avait dit qu'un quartier entier d'une grande métropole comme Paris pouvait, en 2014, se trouver complètement privé de téléphone et d'accès Internet, pendant neuf jours and counting sans que ça n'émeuve qui que ce soit d'autre que moi, sans qu'il y ait la moindre communication sur l'incident ou sur sa durée prévisible, je n'y aurais pas cru une seconde.
Je suis aussi impressionné par l'absence totale de recours qui s'offre à moi. J'ai contacté l'ARCEP, qui m'a répondu assez à côté de la plaque, mais en tout cas en disant clairement que ça ne les concerne en aucun cas, mon seul interlocuteur possible est mon opérateur — celui-là même qui fait tout pour ne pas être contactable. Il existe un Médiateur des Télécoms, mais son rôle est manifestement pensé pour les cas de désaccords de facturation, pas pour les incidents ou la communication sur incident : entre autres, on ne peut le saisir que deux mois après avoir contacté l'opérateur (vous savez, celui que je ne peux pas contacter parce qu'il est incontactable) et un mois après l'avoir recontacté par écrit (bon, là au moins j'ai trouvé une adresse à laquelle j'ai envoyé une LRAR, mais je n'en attends pas grand-chose). Au civil je peux peut-être vaguement espérer obtenir le remboursement du prorata de mon abonnement téléphonique, autrement dit trois clopinettes dont je n'ai rien à foutre et qui ne couvrent pas le centième des emmerdes qui me sont causés par l'incident ; cela ne vaut certainement pas la peine que j'engage les frais exorbitants représentés par le service d'un avocat pour récupérer ces trois clopinettes. Comme il n'y a pas de class actions en France, le fait que des centaines ou des milliers de personnes soient touchées ne change rien à l'affaire.
Concernant ma connexion ADSL (qui m'est beaucoup plus
importante que ma ligne analogique traditionnelle), la situation est
encore plus merdique, parce que je n'ai même pas le droit de
m'adresser à Orange à son sujet : je suis client d'un opérateur
(Nerim) qui sous-traite
à SFR la gestion de ses connexions ADSL, qui
(comme tout le monde, obligatoirement) sous-traite à Orange la gestion
de la boucle locale. Du coup, tout ce que je peux faire c'est
communiquer avec Nerim pour leur demander de demander
à SFR de poser à Orange la question de combien de temps
l'incident durera : je me sens comme le héros de la
nouvelle Devant
la Loi de Kafka, confronté à trois Gardiens entre moi et ma
ligne ADSL, et n'ayant le droit de communiquer qu'avec le
premier. En tout cas, je n'ai pas réussi à faire passer le
message il y a un problème avec ma ligne, je suis sûr que ça ne
vient pas de mon côté, pouvez-vous transmettre à vos sous-traitants la
question de combien de temps le dérangement va durer ?
— et je me
suis surtout retrouvé coincé dans un dialogue de sourds.
Le plus ironique, c'est que si la petite plaisanterie continue, je ne vais pas avoir d'autre solution que de prendre un abonnement fibre comme connexion de secours quand l'ADSL tombe en panne (oui, c'est bizarre de le faire dans ce sens-là, mais ce n'est pas le débit qui m'intéresse dans la connexion Internet), et pour ce qui est de la fibre, vue la façon dont les opérateurs se sont partagés le gâteau, il semble que je n'aie pas d'autre choix que de faire appel à… Orange. Chouette.
Mise à jour : Mon poussinet a réussi a parler à un humain au service des dérangements (l'astuce était d'appuyer sur la touche ‘#’ face au serveur vocal — je ne sais pas comment il a trouvé ça). Maintenant on nous parle d'un rétablissement de notre ligne pour le… 30 septembre.