Un jour on m'a demandé ce que j'avais de plus précieux au monde.
La réponse me semble tout à fait claire : mes amis
. C'est
peut-être une réponse de bisounours, mais j'y crois vraiment, et je
pense que c'est une chance inouïe d'avoir des amis comme j'ai. Ça va
de pair avec quelque chose d'autre : l'activité que j'aime le plus au
monde, c'est converser avec des gens intéressants (parler ou les
écouter parler, de tout et de rien, de science, de culture, de ragots,
du temps qu'il fait, ou de beaucoup de private
jokes). En ce moment, j'y passe souvent mes soirées (parce que la
météo est propice au fait de passer de longs moments dehors à bavarder
en profitant de la douceur du crépuscule), c'est d'ailleurs un peu
problématique quand je rentre chez moi trop tard pour faire les
courses, mais bon… C'est bizarre, je suis un être à la fois
très timide (pour ne pas dire solitaire) par certains aspects et
complètement social de l'autre (j'ai vraiment besoin de
compagnie pour me sentir bien, et c'est la raison pour laquelle le
mois d'août est pour moi chaque année un moment vraiment difficile à
passer.
De plus, je me rends compte que, épigone revendiqué de l'éclectisme
oblige, ce que j'apprécie le plus chez mes amis, c'est leur diversité.
Il y a des gens qui me parlent parfois de leur meilleur ami
ou,
encore plus fort, de leur n-ième meilleur ami (pour
n allant éventuellement loin : quelqu'un m'avait un jour parlé de
son 8e meilleur ami
avec un naturel confondant), comme s'ils
avaient un ordre de préférence très net dans leur tête : moi, ça me
semble complètement absurde — si j'ai des amis variés, c'est
parce que j'apprécie la diversité de leurs caractères, de leurs
qualités (et parfois même, de leurs défauts[#]), chacun m'apporte quelque
chose d'irremplaçable et je ne peux pas mettre d'ordre dessus (bon,
après, c'est évident qu'il y en a dont je me sens plus proche que
d'autres). Un petit plaisantin me faisait remarquer, d'ailleurs, que
cette vision de l'amitié pourrait se dire : in
varietate concordia ; alors que d'autres bandes de potes préfèrent
le e pluribus unum[#2].
Voilà. Désolé pour le ton gentiment niais, mais j'ai envie de dire, là : merci à tous (ceux qui m'entourez, et même ceux que je ne connais pas bien ou que je ne vois pas souvent), pour ce que vous êtes.
[#] J'aime bien dire, citant en cela Liz Taylor, que je me méfie des gens qui n'ont pas de défauts : souvent on découvre qu'ils ont des qualités assez pénibles. Donc tous mes amis ont des défauts (certes pas autant que moi ), et je ne m'en passerais pour rien au monde.
[#2] Si par hasard il
faut expliciter : in varietate concordia
(unis
dans la diversité
) est la devise de l'Union européenne tandis que
celle à laquelle elle répond manifestement, e
pluribus unum
(quelque chose comme de plusieurs, un seul
)
est (ou a été) celle des États-Unis, et est d'ailleurs explicitement
utilisée par Saint Augustin (au livre IV des Confessions),
pour décrire sa conception de l'amitié. Comme je ne suis pas
spécialement adepte de Saint Augustin, je ne m'étonne pas de penser
différemment…