David Madore's WebLog: Pour m'endormir, je dois d'abord rêver

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(dimanche)

Pour m'endormir, je dois d'abord rêver

[Encore un peu d'introspection autour du sommeil… le jour où je ferai de la classification des entrées de ce blog, ceci en sera certainement un thème majeur.]

C'est un phénomène dont j'ai gagné conscience progressivement, et depuis longtemps, mais qui m'est récemment apparu de façon particulièrement frappante : pour m'endormir, je dois d'abord rêver. Ou plutôt : je ne peux pas m'endormir si je pense à quelque chose de réel, que cela soit une source de tracas (ça c'est très clair et évident, et ça fait longtemps que j'en suis certain) ou de joie, que cela soit un souvenir ou une attente pour l'avenir (une spéculation raisonnable, disons), qu'il s'agisse d'un fait matériel ou d'une réflexion abstraite (comme celle à laquelle je suis en train de me livrer) — n'importe laquelle de ces choses m'empêche de dormir. Même me souvenir d'un livre ou film de fiction (par exemple quelque chose que je viens de lire ou de voir) m'empêche de dormir : mais ici, la frontière est ténue entre me rappeler la fiction d'un autre ou broder la mienne à partir de ça. Ce qui me permet de m'endormir, c'est uniquement de lâcher mon imagination, de cesser de réfléchir pour me mettre à inventer, à vagabonder, bref, à rêver.

C'est un peu étrange, parce que les rêves (ou du moins ceux que je me rappelle) viennent plutôt plus tard dans la nuit, dans les phases suivantes du sommeil : les premières phases sont pour moi plutôt lourdes et plus confuses qu'imaginatives (et, globalement, assez déplaisantes — j'ai déjà expliqué ça) ; mais cela colle assez bien avec le fait que j'arrive beaucoup plus facilement à me rendormir quand je dors depuis un moment et que j'ai commencé à rêver : il me suffit d'imaginer la suite du rêve, j'y rentre assez facilement, et cela me permet de me rendormir.

Je suis en tout cas assez convaincu que les fonctions de pensée et d'imagination sont nettement (et peut-être spatialement séparées) séparées dans le cerveau. La séparation est surprenante, en fait : si je réfléchis à ce que je ferai demain ou dans une semaine, je suis en train de penser, et je ne pourrai pas dormir ; mais si à partir de là je divague et que je pars des choses qui pourraient arriver pour non plus en construire un scénario raisonnable ou même espéré mais des fantaisies, cela devient de l'imagination. Pendant longtemps, je me suis endormi en m'imaginant que les personnages des romans que j'écrivais devenaient réels et rentraient dans ma vie, à moins que ce soit moi qui rentrasse dans la leur et qui rendisse visite à leur monde (ce fragment littéraire est plus qu'un peu inspiré de ces pensées — même si elles ne sont pas forcément érotiques).

Toujours est-il que c'est à double titre que le moindre tracas (ou, en fait, la simple présence d'un réveil allumé à côté de moi) m'empêche de dormir : il y a l'aspect tracas lui-même, qui me fait m'agiter et m'empêche de dormir pour cette raison (il suffit que je pense à une contrariété pour avoir trop chaud dans mon lit), mais il y a aussi l'aspect rappel à la réalité qui m'empêche de m'évader.

Je me demande à quel point ceci est général, ou si c'est juste mon cerveau à moi qui fonctionne comme ça. Lecteurs, à quoi ressemblent vos pensées au moment de vous endormir ?

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