David Madore's WebLog: Vol AC 881 pour Toronto

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(lundi)

Vol AC 881 pour Toronto

Ce n'est pas évident de faire des adieux dans un aéroport… Pour commencer, ces endroits me mettent mal à l'aise : l'impression que les passagers sont traités comme du bétail me paraît chaque fois plus terrifiante, entre d'une part les compagnies aériennes qui pratiquent les tarifs les plus incompréhensibles, n'hésitent pas à recourir elles-mêmes au surbooking et refusent à l'inverse de proposer des assurances raisonnables sur l'annulation des tickets ou la perte des bagages, — et d'autre part les contrôles de sécurité qui ne protègent contre rien mais donnent juste aux passagers le plaisir (masochiste ?) de croire que si on les maltraite autant c'est certainement pour leur propre sécurité[#]. J'en viens à essayer de me rappeler à quoi pouvait bien ressembler le transport aérien à une époque vaguement civilisée : de même peut-être dans quelques années s'étonnera-t-on qu'il y ait eu un temps où même sans payer le luxe de la classe affaires on avait le droit de voyager autrement que nu, menotté, entassé et endormi… Mais je digresse.

Ce n'est pas évident de faire des adieux dans un aéroport, disais-je : on est pris dans des files d'attente dont on ne sait pas bien jusqu'où elles vont, quelque part il va falloir se séparer, on veut repousser ça le plus loin possible pour ne pas s'en aller alors que l'autre reste à faire la queue, mais plus on avance dans la file plus ça devient difficile, on se dit avec angoisse qu'on ne va pas pouvoir passer cinq minutes à s'embrasser sous le nez du douanier. D'ailleurs on se demande vaguement s'il y a des gens qui regardent avec un air un peu bizarre les deux garçons qui s'embrassent… Zut, je digresse à nouveau.

Bref, c'est fait, et on est quand même arrivé à sourire entre les larmes : peut-être que c'est en se séparant un peu qu'on apprend à se rendre compte combien on s'aime. Parce que, finalement, ce n'est pas tant un grand vide qui se crée qu'un grand plein qui s'éloigne quelque temps.

Il y a comme un effet de syncope au moment où on se quitte : on passe d'un régime où on comptait les dernières semaines, puis les jours, puis les heures, puis les mètres de file d'attente restants avant l'adieu, à un autre où tout d'un coup il faut compter cinq mois pour se retrouver et plus cinq minutes pour se séparer. C'est un peu vertigineux. On passe de se dire c'est la dernière fois que <ceci-cela> à maintenant je fais quoi ?. Bizarre.

Je crois pourtant que ces quelques derniers jours ont été bien employés : à faire le plein d'images et de souvenirs pour tenir pendant les semaines d'attente, à profiter de chaque moment ensemble, je n'ai vraiment rien à regretter.

Mais, dans l'immédiat, je crois aussi que mes propos sont assez incohérents comme ça, je vais donc en rester là pour le moment.

[#] Plus de détails dans cette ligne d'idées (la dénonciation du vaste pipo des mesures de sécurité du transport aérien) sur le blog de Bruce Schneier que je recommande au passage.

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