Maintenant c'est officiel :
Monsieur et Cher Collègue,
Suite à votre audition le 26 juin 2007 par la Commission de recrutement pour un emploi d'enseignant-chercheur à l'ENST en « Cryptographie », j'ai le plaisir de vous faire savoir que vous avez été classé premier.
Vous voudrez bien prendre contact avec […] afin de mettre en œuvre votre recrutement.
En vous félicitant pour ce succès, je vous prie de croire, Monsieur et Cher Collègue, en l'expression de mes salutations les meilleures.
Je quitte donc l'ENS l'an prochain pour devenir maître de conférences à l'ENST (je gagne une lettre de plus, quoi, et je me rapproche un peu de chez moi).
Avec un double défi : celui de faire de la recherche qui soit intéressante et de haut niveau à la fois mathématiquement et informatiquement. Informatiquement parce qu'on m'a recruté pour faire de la crypto et que je compte bien honorer ce devoir. Et mathématiquement parce qu'être mathématicien est mon rêve d'enfant et que je ne le lâcherai pas.
Mais on ne quitte pas sans une larme à l'œil un endroit qu'on a fréquenté assidûment pendant onze ans. Madame notre Directrice organisait justement aujourd'hui un pot pour le départ de ceux qui s'en vont (principalement des élèves, bien sûr, ceux de la promotion 2003, et j'en connais aussi beaucoup de cette année-là, qui commencent une thèse ou deviennent enseignants du secondaire), l'occasion de nous dire que nous serions toujours les bienvenus. Ça tombe bien, j'ai un copain dans cette École et il y a une bibliothèque de maths extrêmement bien fournie donc j'y serai sans doute encore souvent.
Comme une bonne nouvelle ne vient pas seule, j'apprends que le Bulletin de la Société Mathématique de France engage enfin la publication d'un article que j'y avais soumis en août 2004, et qui avait été accepté en janvier 2005. Les mathématiques ne sont pas trop pressées, mais trois ans c'est tout de même exceptionnellement long : la raison en est apparemment des difficultés techniques liées à une réorganisation de la chaîne de production du journal. J'espère tout de même que la revue sera datée de 2006, parce que sinon on risque de dire que le résultat de Madore (2007) a été ultérieurement généralisé par Hassett et Tschinkel (2006), ce qui me rend quand même un peu ridicule dans l'affaire.
Sinon, cela n'a pas de rapport, mais je viens de tomber sur une
jolie suite d'entiers assez naturelle qui ne figurait pas encore dans
l'encyclopédie
des suites d'entiers de Sloane : j'ai donc proposé son ajout.
J'espère qu'elle sera acceptée, parce que c'est quelque chose dont je
suis assez fier que d'avoir fait rajouter quelques suites dans cette
fabuleuse mine de numérologie scientifique (en l'occurrence, A033623
,
A046873
,
A051917
et A100002
[#]).
Je propose donc cette nouvelle suite comme une énigme mathématique du jour (mais je serais vraiment très impressionné si quelqu'un la résolvait avant que la suite passe dans le Sloane) :
1
,1
,2
,10
,64
,596
,8056
,130432
,2534960
,59822884
,1718480368
,56754444440
Deux indications, tout de même, pour que ce ne soit pas
complètement infaisable : premièrement, ça a un rapport avec les
tableaux de Young (ou avec les représentations du groupe symétrique
𝔖n sur n objets),
deuxièmement on peut considérer que c'est la continuation logique de
A000041
,
A000085
et A000142
.
Pour savoir la réponse, il suffira d'attendre que la suite soit ajoutée à l'encyclopédie…
[#] La
A100002
, d'ailleurs, malgré sa très grande simplicité
(son mode de construction est tout à fait explicable à un enfant), a
eu l'honneur d'attirer un peu sérieusement l'attention de Neil Sloane
lui-même : je suppose que c'est pour ça qu'elle a eu droit à un numéro
aussi spécial. Et par ailleurs elle produit une musique vraiment très
intéressante.