Alors voilà, je me casse à me créer un joli site Web professionel achement bien foutu et tout et tout, et le perfide Google décide de le classer 62e sur une recherche de mon nom, derrière des pages complètement obscures dont on se demande ce qu'elles foutent aussi haut (remarquez, 62e sur 4280, si j'en crois ce qui est annoncé, ce n'est pas mal du tout : on se demande d'ailleurs ce que peut bien être la 4280e page, mais Google refuse de le dire).
C'est vachement dangereux, le pouvoir de Google (témoin
l'utilisation qui a été faite du Googlebombing
à des fins politiques). Imaginez par exemple des charmants conscrits
blonds (conscrits
comme dans élèves de première année à
l'ENS
, et blonds
comme dans petites têtes
blondes
) qui cherchent à utiliser le Grand Oracle Omniscient
Gardien des Lettres Enchantées pour en savoir plus sur les enseignants
de l'illustre établissement qu'ils ont préféré à la morne plaine de
Palaiseau, ils cherchent quelques noms, et, hop, ils tombent sur des images que leurs yeux
chastes ne sauraient voir. Hum. Ou imaginez qu'en cherchant
conscrit blond
on tombe sur un site à moi : ma réputation est
foutue, on va m'imaginer affreux pervers chasseur de proies sans
méfiance, tout ça tout ça, alors que, comme chacun le sait, je suis
pur et innocent tel l'agneau qui vient de naître.
Pour remédier à ce problème, M a proposé de créer une petite
étiquette à coller sur une page Web, comme on en voit tant sur le site
de n'importe quel übergeek,
pour dire, à côté de mon cheutemeuleu il est conforme aux standards
du weuweuweu
, vous pouvez le brouter comme vous voulez
,
vous n'aurez pas ma liberté de penser
et sauvez un arbre,
mangez un castor
: je soutiens la réputation de David
Madore
. Et les gens se la disputeront, cette petite image, parce
que ce sera une pièce rare à rajouter à votre collection de rubans (rouges, bleus, verts, arc-en-ciel
et autres codes de
couleurs compliqués).
Bon, et puis tant qu'à faire, je propose de me déclarer espèce en
voie de disparition : c'est vrai, quoi, les David Alexander Madore, il
n'y en a pas tant que ça, sur Terre, et comme en plus certains ne se
reproduisent pas, c'est vachement menacé. L'avantage, c'est que vous
prenez n'importe quelle sale bestiole, vous la déclarez en voie de
disparition, et immédiatement elle devient immensément sympathique :
l'ours blanc, par exemple, c'est une vraie teigne que l'ours blanc
(non, la teigne n'est pas en voie de disparition, je crois, mais ça
finira par venir, peut-être), ou encore le loup — il y a
quelques siècles, on aurait eu du mal à trouver des gens pour
s'apitoyer sur le sort des loups (ils mangent des moutons, ce sont
bien des sales bêtes). Pardon, je digresse. Donc, on pourrait
alerter la WWF, fonder des comités de parrainage (pour
la modeste somme d'un bi-Opteron avec 8GHz de mémoire, parrainez un
David Alexander Madore et offrez-lui un environnement confortable dans
lequel évoluer
), ce genre de choses. Fort heureusement, des
amis[#] bien intentionnés,
soucieux de mon image de marque et tout et tout, se sont lancés dans
une vaste campagne de sensibilisation sur la condition du David
Madore, en préparant la publication dans un prochain BOcal d'un grand jeu-test
quel vieux con êtes-vous
où je figure, en fort charmante
compagnie, comme archétype (de la vieillesse et de la connerie, donc,
nous disions).
Il me resterait plein de ressources, là : par exemple, me pendre, boire de la ciguë ou sauter par la fenêtre. Malheureusement, je suis une espèce protégée, donc je n'ai pas le droit. Enfin, si, sauter par la fenêtre, comme j'habite au rez-de-chaussée, j'ai le droit, mais ça ne marche pas bien. Ou sinon, m'engager dans la légion (et arrêtez de ricaner bêtement !).
Eh ben moi je dis pouêt.
[#] Comme tous les animaux en voie de disparition, j'ai énormément d'amis. J'ai aussi peu d'ennemis. Ça tombe bien, avec des amis comme ça, je n'ai pas besoin d'ennemis.