David Madore's WebLog: Regard sur le passé et nouvelles spéculations pour l'avenir

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(dimanche)

Regard sur le passé et nouvelles spéculations pour l'avenir

S'il y a des gens qui sont tentés de trouver que je suis un bon analyste de la crise, je tiens à rappeler, comme preuve que ce n'est pas le cas, que le mois dernier j'avais proposé un certain nombre de scénarios possibles (et encore ici) qui se sont tous révélés faux, au moins pour autant qu'on puisse en juger à ce stade-là. Ce n'est pas anormal, on ne peut pas prévoir l'avenir. Ce qui n'interdit pas pour autant d'essayer, ne serait-ce que pour tromper la peur de l'inconnu et la douleur d'être prisonnier (ou simplement parce que le cerveau refuse tout simplement de faire autre chose, ce qui est mon cas en ce moment).

C'est aussi intéressant de faire des prédictions pour analyser a posteriori ses erreurs. Il me semble que la principale faute que je retiens de mes analyses passées ne concerne pas l'aspect épidémiologique (même s'il y en a : je pensais qu'on verrait beaucoup plus vite et plus nettement les effets du confinement, alors qu'en fait, les contaminations ont traîné plus longtemps que je pensais ; aussi, j'ai pensé que le taux de létalité serait bien plus clairement lisible qu'il ne l'est, même à ce stade-là), mais plutôt l'aspect sociétal.

Au tout début de l'épidémie (voir autour d'ici ; je crois que c'est ici que je l'ai dit en premier, mi-février), je prévoyais quelque chose comme 0.1% à 1% de morts (c'est-à-dire entre l'équivalent de 1 mois et 1 an de mortalité toutes causes, ou entre 100 000 et 500 000 morts en France), étalé sur une période de trois à six mois. J'ai essayé de me préparer mentalement à ça (par exemple en essayant d'estimer combien de personnes je connais et d'imaginer différents scénarios où une sur mille, ou une sur cent, décède aléatoirement). Mais pour ce qui est de mon erreur, je pensais honnêtement que la société l'accepterait (pas dans l'indifférence, certainement pas pour 1%, mais 0.1% je le pensais vraiment) : la grippe de 1918 a tué autour de 3% (de l'ensemble de la population mondiale) et il n'y a pas eu confinement généralisé de l'ensemble de la planète, pas même des parties qui n'étaient pas occupée par la guerre ; les grippes de 1957 et 1968 ont fait des dizaines de milliers de morts en France (le nombre exact est très incertain) et il semble qu'on l'ait peu remarqué sur le moment et qu'on s'en souvienne à peine maintenant ; donc sur la base de ces données historiques je me suis dit que ça se passerait un peu pareil. Je me suis dit que si la mortalité était de 0.1% cela ferait un treizième mois de mortalité, ou dix fois celle de la grippe saisonnière ; et que même 1% la société l'accepterait encore avec résignation.

Le moins qu'on puisse dire, donc, est que j'étais complètement (mais vraiment complètement) à côté de la plaque en ce qui concerne aversion de notre société au risque et à la mort. (Pour comparer aux chiffres de 0.1% à 1% que je viens d'évoquer, la France a actuellement officiellement une mortalité cumulée de 0.025% par Covid-19, l'Espagne de 0.04%, et on ne peut pas dire que ce soit bien accepté.)

C'est-à-dire, donc, que j'ai vu l'épidémie venir depuis bien longtemps, mais je n'ai pas du tout vu le confinement venir. Fin février, je pensais encore que le confinement c'était bon pour un régime autoritaire comme la Chine mais que l'Europe ne ferait jamais quelque chose de ce genre. Je ne dis pas que je pensais qu'on ne ferait rien : mais que le mouvement d'aplatir la courbe se contenterait d'interdire les rassemblements, de fermer les écoles et certains lieux publics comme les bars et cinémas, de prendre des mesures d'hygiène publique supplémentaires, et que ce serait à peu près tout (bon, je ne pensais pas non plus qu'il y aurait une pénurie de masques aussi grave et aussi durable) ; jusqu'à ce qu'on atteigne le pic épidémique avec un nombre de morts dans la fourchette que j'ai dite. À partir du moment où l'Italie a imposé un confinement généralisé à sa population, comme je ne m'étais pas du tout préparé à cette idée, quelque chose s'est cassé en moi et j'ai multiplié les crises d'angoisse. J'étais notamment paniqué par la possibilité[#] d'un effondrement systémique complet (qui tuerait, lui, pas 0.1% ou 1% mais quelque chose comme 99.9% de la population humaine) si le monde s'arrêtait complètement : je suis un peu rassuré qu'il n'ait pas eu lieu, même si je n'exclus pas que la crise économique qui va suivre provoque quand même cet effondrement avec retard.

[#] Pour les gens qui ont du mal avec les nuances, quand je dis la possibilité, je ne suis pas en train de dire que ça va se produire, ni que je pense que ça va se produire, ni que je le pensais à ce moment-là. Je dis que je pensais que la probabilité me semblait très désagréablement élevée. Disons peut-être 5% : si je pense que quelque chose a 5% de chances de se produire, ce n'est pas en me disant tiens, tu vois ! ça ne s'est pas produit (voyez ce que j'écrivais ici ou bien plus tôt ici sur la difficulté de donner un sens à des probabilités quand on fait des prédictions, en l'occurrence électorales). Mais si j'estime à 5% la probabilité de causer la mort de 99.9% de la population humaine c'est bien plus inquiétant que la mort certaine de 0.1% à 1% de cette population. Maintenant je révise cette estimation à seulement 1% ou 2% : ça reste toujours très préoccupant.

Je me suis aussi fait avoir (et me suis senti profondément trahi) quand les dirigeants français ont annoncé successivement, à quelques jours d'intervalle, le (fermeture des écoles et universités, encouragement au télétravail, déprogrammation des interventions médicales non urgentes), le (fermeture de tous les commerces et lieux publics non jugés indispensables) et enfin le (confinement à domicile) des mesures incroyablement différentes dans leur niveau de restriction, et ce malgré l'absence de toute donnée nouvelle justifiant ces changements d'attitude : donc là aussi, j'ai eu la naïveté de penser que les mesures annoncées solennellement au jour J reflétaient un choix effectué par le gouvernement et qu'il ne changerait pas d'avis le surlendemain, puis le surlendemain du surlendemain pour finalement faire comme en Chine. (Disons que si vous allez voir votre médecin pour une maladie, qu'il vous prescrit juste du repos et du paracétamol et que quatre jours plus tard sans nouvel examen ou résultat d'examen il vous dit que vous devez faire une opération lourde en urgence, vous êtes en droit de vous demander pourquoi il ne vous a pas dit ça au début.) Si je vois une trahison à propos du premier tour des élections municipales, c'est bien ça : pas qu'il ait eu lieu, mais qu'à cause de lui on ait caché les vraies mesures en annonçant des mesurettes et en laissant penser qu'on s'arrêterait là.

Tout ça pour dire que, même si j'ai clairement annoncé à tout le monde dès février que c'était évident que la Chine n'arriverait pas à contenir l'épidémie et que cette dernière arriverait en Europe, je ne suis quand même pas bon du tout pour prévoir l'avenir. (Je ne suis pas en mauvaise compagnie. Asimov aimait bien rappeler, quand on chantait ses louanges comme visionnaire, qu'il avait prédit que personne n'escaladerait jamais l'Everest… sept mois après la première ascension réussie de l'Everest.)

Mais ça ne m'interdit pas pour autant de réessayer. Voici donc mes nouvelles spéculations pour l'avenir, en essayant d'être plutôt optimiste : encore une fois, il s'agit simplement de ce que mon pipotron suggère comme plausible, un scénario sur lequel j'ancre mes perspectives pour l'avenir, et dont il sera intéressant d'analyser combien je me serai trompé, ce ne sont absolument pas des prédictions scientifiques et je n'ai pas de manuel de psycho-histoire en cours d'écriture.

(Activation du pipotron.)

Au cours des prochains 24 jours, si le confinement tient à peu près, le nombre de morts quotidien du Covid-19 en France va décroître graduellement jusqu'à environ 200 par jour, amenant le total jusqu'à un peu en-dessous de 30 000. À ce stade-là, environ 10% ou 15% de la population du pays aura été infectée[#2] (plus dans les sous-populations à haute contagiosité) et sera, pour l'essentiel, immune[#3]. Si les Français décident de braver les interdictions (ce qui semble de plus en plus probable, et on n'a pas assez de policiers pour en mettre derrière chacun), ce sera un peu plus sur chacun de ces nombres. Peut-être jusqu'à 20% d'infectés ? Cela ne suffira pas, et de loin, à constituer une immunité grégaire (concept éminemment périlleux à définir, et notamment plus complexe que la formule 1 − 1/R) au sens où on pourrait relâcher toute mesure de distanciation sociale, mais cela aidera néanmoins.

[#2] Nombre de cas et de morts estimés sur la base d'une décroissance de 6%/j environ. Nombre d'infectés estimés sur la base de 30 000 morts divisés par un taux de létalité parmi toutes les infections autour de 0.35% trouvé par ces gens-là. Mais je répète que tout ça n'est que ce que suggère mon pipotron.

[#3] Je sais que maintenant on ne peut plus dire immun sans qu'il y ait des gens qui vous disent une variante de l'ImMuNiTé Ça Ne MaRcHe PaS ! (sous différentes variantes : il y a eu des cas de réinfections, on ne sait pas combien de temps ça dure, etc. ; exemple A, exemple B, exemple C). Le problème principal est que les gens confondent l'affirmation il y a des gens chez qui l'immunité provoquée par la maladie semble être insuffisante et on n'a pas de preuve qu'elle dure très longtemps avec ça ne marche pas du tout et ça ne dure pas du tout : et que les gens oublient qu'il y a maintenant tellement de cas de gens infectés et même rétablis que si seulement 1% d'entre eux ont une immunité insuffisante, ça va suffire pour faire des titres sensationnels alors que les gens qui ont une bonne immunité après une première infection, par définition, on ne les voit pas. Je n'aime pas renvoyer à la presse généraliste sur ce genre de sujets, mais je trouve que cet article de Time et celui-ci de Libération font bien le point. (Évidemment, s'il n'y a que 70% des gens infectés qui sont immunisés, et/ou si cette immunité ne dure qu'un an, c'est une bien mauvaise nouvelle ; mais si on en est à imaginer des scénarios catastrophes on peut aussi imaginer celui où le virus mute et devient beaucoup plus létal lors de sa seconde vague et que les gens immunisés lors de la première ont bien de la chance d'être protégés lors de la seconde, comme cela s'est produit avec la grippe en 1918 : dans un tel scénario, limiter la propagation du virus serait une terrible erreur : au bout d'un moment, on ne peut pas toujours prévoir le pire.)

L'Europe va progressivement relâcher ses mesures de confinement (l'Autriche et le Danemark ont déjà ouvert la danse ; la Suède n'en a jamais pris ; je ne sais pas ce que la France fera exactement le 11 mai[#4], l'ouverture des écoles sera probablement retardée, mais il est peu vraisemblable qu'elle reste exactement dans l'état actuel dès lors qu'une date a été annoncée et que d'autres pays auront fait des pas). On tentera de mettre en place des mécanismes de suivi des contacts, mais ces mécanismes seront un échec complet, parce que l'aspect technique aura été mal fait (déjà les gens qui lancent de telles applications n'arrivent pas à s'entendre, ni à développer quelque chose d'ouvert et transparent) et parce que l'Europe n'est pas la Corée. On améliorera le nombre et la disponibilité des tests, mais ils resteront toujours insuffisant, et de même pour les masques. En revanche, ce qui marchera le mieux est simplement que les gens auront pris peur et maintiendront des efforts assez importants de distanciation sociale (pas tous, mais ceux qui font le moins d'efforts feront justement partie de ceux qui auront été déjà contaminés). Et aussi, on connaîtra progressivement de plus en plus de choses sur les modes réels de contamination, ce qui permettra de cibler les efforts et les recommandations sur ceux qui sont les plus importants. Bref, l'épidémie repartira à la hausse après la levée du confinement, mais à un rythme beaucoup plus modéré que début mars.

[#4] Le plus important à mes yeux, et ce sur quoi je m'inquiète donc le plus, est qu'on ait de nouveau le droit de circuler[#5] à peu près librement sans avoir à remplir un formulaire délibérément pénible et humiliant. Le plus important économiquement est sans doute de rouvrir les commerces non « essentiels ». Manifestement il y a des variations entre pays dans l'ordre dans lequel les choses ont été classées : j'ai retenu qu'un pays européen, mais je ne sais plus lequel, avait rouvert les restaurants (mais pas les bars, et évidemment avec des règles assez strictes) avant de rouvrir les écoles, alors que la France parle de faire le contraire. Mais la vraie question épineuse va être celle de savoir comment sont gérés les transports en commun, parce que pour pratiquer la distanciation sociale dans la ligne 13 du métro parisien toujours bondée et indispensable à tant de monde, bon courage.

[#5] Enfin, pas le droit mais la permission : comme je l'ai souligné ici, si on peut vous retirer un droit c'est que vous n'avez jamais eu ce droit, donc le droit de circuler n'existait, en fait, pas, seulement l'illusion de ce droit. (Pour savoir dans quels pays il existe vraiment il faudrait trouver ceux où les gouvernements ont expliqué qu'ils recommandaient le confinement mais qu'il serait ultra vires pour eux de l'ordonner : y en a-t-il ?)

Il y aura donc un nouveau pic épidémique, commençant peu de temps après la levée du confinement, mais nettement plus lent que le premier. Selon les pays, il sera plus ou moins important : évidemment il aura tendance à être d'autant plus important que le confinement aura été mené tôt lors du premier (supprimant l'acquisition d'immunité), mais il y aura aussi des différences intrinsèques entre pays. Néanmoins, comme les protocoles médicaux seront un peu mieux rodés, les options thérapeutiques un peu mieux connues et les mystères entourant la maladie un peu dissipés[#6], cette seconde vague enregistrera un taux de létalité plus faible. (Contrairement à la grippe, qui en 1918 était revenue beaucoup plus létale lors de la seconde vague, il ne devrait pas y avoir de mutation significative du virus.) En France, étant bien entendu que j'invente complètement ces chiffres, le Covid-19 contaminera de nouveau 10% de la population et tuera encore une dizaine de milliers de personnes. Certains pays mettront de nouveau en place un confinement, mais ils seront moins nombreux que la première fois (car le premier aura donné des résultats mitigés rendant l'opinion publique plus sceptique quant à cette approche ; parce que la vitesse du nouveau pic aura moins tendance à submerger les services d'urgence ; et parce que l'économie ira tellement mal qu'on ne pourra tout simplement plus se le permettre). Il y aura sans doute encore un troisième pic, puis peut-être un quatrième, mais de moindre ampleur, et finalement le Covid-19 deviendra une maladie endémique jusqu'à ce que peut-être un vaccin soit mis sur le marché. Au final, en France, le nombre de morts s'élèvera à environ 70 000 (officiellement dénombrés : en réalité plutôt près du double si on se base sur la surmortalité), les autres pays d'Europe s'en sortant soit mieux soit moins bien mais de façon guère différente. La mortalité dans le monde, en revanche, sera gigantesque parce qu'en Inde elle tournera autour de 1%, ce qui représente déjà 15 millions de morts.

[#6] Il y a une piste dont je voudrais bien savoir ce qu'elle apporte réellement comme espoir, ce n'est pas la choloroquine ni un quelconque antiviral, mais la sérothérapie (injection d'anticorps d'un patient convalescent chez un autre patient). J'ai vu des articles plutôt encourageants, mais en ce moment on voit 1001 articles annonçant une percée décisive à travers 1001 remèdes miracles, et manifestement le remède miracle n'existe pas. Bref, je ne sais pas à quel point la sérothérapie marche, mais ce « remède »-là a au moins un avantage immense par rapport à toute molécule de synthèse, c'est que la disponibilité du remède croît assez bien avec ses besoins : presque par définition, dans une épidémie, on ne risque pas de tomber en problème d'approvisionnement.

En revanche, la crise économique qui va suivre sera d'une ampleur sans précédent, et le nombre de morts (ou plutôt la perte d'espérance de vie) qu'elle causera[#7] sera nettement supérieur à ce qui aura été causé par la maladie. Et ce, sans compter les effets à travers le changement climatique (les transports en commun vont être délaissés pour la voiture individuelle, d'autant plus que le prix du pétrole aura temporairement plongé ; et comme cela va se produire notamment en Chine, l'impact sur le climat sera désastreux, compensant très largement le petit effet bénéfique d'une baisse temporaire d'activité économique). Je vois également des conséquences très sombres sur les libertés individuelles et la démocratie. On peut toujours espérer voir un silver lining ici ou là, mais je suis vraiment sceptique (certains espéraient, par exemple, que le Covid-19 empêcherait la réélection de Trump à la Maison-Blanche : cela semble plutôt parti pour le contraire, sauf s'il devait personnellement mourir de la maladie ; je suis tout aussi incrédule quand certains espèrent qu'on verra une réorientation de l'économie vers plus de services publics ou quelque chose de ce genre : elle sera tellement à genoux que je m'attends plutôt à des décisions comme une baisse de salaire et retraite de 15% de tous les fonctionnaires sauf hospitaliers ou policiers).

[#7] On remarquera, pour reprendre la comparaison que je faisais dans la précédente entrée de ce blog, que les économistes sont plus prudents que les épidémiologistes : ils n'ont pas osé annoncer un chiffre à ce sujet (ils font des prévisions en termes de PIB perdu, mais ne traduisent pas ça en coût humain) alors que les épidémiologistes, qui n'en savent pas plus, n'hésitent pas à faire des prévisions en nombres de morts. C'est tout à l'honneur des économistes de ne pas avancer des chiffres tirés de leur chapeau, mais l'inconvénient est que cela encourage le public à oublier que, oui, les crises économiques se traduisent aussi par une perte d'espérance de vie et pas juste les crises sanitaires. J'ai tenté un ordre de grandeur sur la base de la corrélation entre PIB et espérance de vie : il est clair que ce calcul ne vaut rien, mais il suggère au moins qu'il n'y a pas particulièrement de raison de penser que la crise économique serait moins grave que la crise sanitaire.

(Fin d'activation du pipotron.)

Voilà, maintenant il n'y a plus qu'à attendre pour savoir dans quelle mesure j'aurai été ridiculement à côté de la plaque avec ces prévisions.

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