David Madore's WebLog: Mai s'en va — et je vais déménager

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(jeudi)

Mai s'en va — et je vais déménager

J'ai failli ne pas écrire du tout d'entrée dans ce blog pour le mois de mai, et en profiter pour tester à cette occasion si mon moteur de blog ne bugguait pas dans cette circonstance. (Je pense que si, en fait : rien de grave, mais il y aurait probablement à certains endroits un lien vers une page inexistante.) L'occasion de placer un jeu de mot nul sur le nom de la Première ministre britannique.

Une partie de cette inactivité bloguesque est due à un effet psychologique dont je tombe régulièrement victime : je commence à écrire une entrée sur un sujet qui m'intéresse (c'est-à-dire, plus exactement, qui m'intéresse au moment où je la commence), l'écriture de cette entrée prend (comme toujours !) beaucoup plus de temps que prévu, je me rends compte que le sujet m'intéresse de moins en moins à mesure que le temps passe, mais en même temps je n'ai pas envie de tout abandonner ou mettre de côté sine die, du coup je procrastine, l'écriture de cette entrée avance de plus en plus lentement et prend de plus en plus de temps pour des additions de plus en plus minuscules, surtout que je dois régulièrement tout relire pour me rappeler où j'en suis, et le comportement asymptotique n'est pas clair. (En l'occurrence, c'est une entrée sur les emojis et les smileys, et j'en suis à me demander mais pourquoi ai-je commencé à écrire ça ? ce que je raconte n'a aucun intérêt, en fait. Bon, je pense que je vais quand même la publier après celle-ci, quoique peut-être pas en mai.)

Mais je peux aussi prétexter que j'ai été pris par plein d'autres choses (ne serait-ce que par plein de choses que j'avais mises de côté pendant que j'avais des cours à enseigner et qui, finalement, me prennent à peu près autant de temps que si j'avais ces cours).

Le poussinet et moi allons déménager — mais sans changer d'adresse. C'est-à-dire que nous restons dans le même immeuble, nous allons juste monter de deux étages : un de nos voisins vend son appartement, qui fait 90m² (contre 40m² pour celui que nous occupons actuellement et dont je suis propriétaire depuis 1998), et nous venons de signer la promesse de vente (enfin, pour ce qui nous concerne, d'achat). J'aurai certainement l'occasion d'en reparler, mais c'est assurément une décision lourde et stressante à prendre, même s'il y a peu de doute que ce soit la bonne. Nous sommes vraiment à l'étroit dans notre appartement actuel, dont j'avais déjà bien occupé l'espace avant que le poussinet s'y installe aussi, et il est impossible, par exemple, d'y inviter des amis à manger ; en outre, cet appartement est sombre.

Cela faisait longtemps que nous envisagions vaguement de bouger, mais nous ne voulions pas quitter le quartier (de la Butte aux Cailles), et par ailleurs j'étais terrifié à l'idée d'acheter ailleurs et de découvrir que les voisins dans l'immeuble sont bruyants (chose qu'il est quasi impossible de savoir à l'avance juste en visitant). Nous nous étions déjà plusieurs fois dit que l'idéal serait de racheter dans le même immeuble, que nous connaissons bien, dont nous savons que la copropriété fonctionne bien et que les habitants sont tranquilles et l'isolation phonique plutôt bonne : je disais même que c'était le meilleur immeuble du monde à mes yeux, — parce que je ne veux pas vivre ailleurs que Paris, que la Butte aux Cailles est un quartier exceptionnel par ses restaurants et commerces mais aussi la proximité d'un centre commercial extrêmement pratique, et aussi son accès fort commode à l'autoroute A6, et que nous sommes dans la seule rue sur la Butte aux Cailles qui soit vraiment tranquille mais quand même bien située pour rejoindre le métro (et le centre commercial), et que notre immeuble est incontestablement le meilleur immeuble de la rue, — donc, le meilleur immeuble de la meilleure rue du meilleur quartier de la meilleure ville du monde (et tous ceux qui ne sont pas d'accord ont droit à leur opinion mais ils ont tort). 😁

D'un autre côté, ça reste une décision vraiment lourde : je passe des heures à réfléchir pour dépenser 500€ et il s'agit, là, que chacun de nous mette presque mille fois plus, en n'ayant quasiment pas le temps de réfléchir parce que dans l'immobilier il faut sauter sur les offres avant qu'elles s'envolent, surtout dans le meilleur immeuble du monde. Je ne vais pas m'attarder sur l'aspect financier (rappelons quand même que les prix parisiens sont tellement cinglés qu'un appartement y coûte, presque partout, plus cher que sa surface intégralement tapissée de billets de 100€, et dans certains endroits, autant que l'équivalent en billets de 200€). Mais même au-delà de l'aspect financier, et même pour rester dans le même immeuble, déménager reste une opération assez lourde, en tout cas pour quelqu'un comme moi qui suis à la fois extrêmement casanier et aux antipodes du mode de vie minimaliste. Déjà les formalités immobilières elles-même sont un cauchemar pour le paperassophobe que je suis : elles me font penser à ces jeux d'aventure sur ordinateur où votre but est d'accomplir une tâche pour laquelle il vous faut réunir trois objets magiques (du genre : le Livre de la Vérité, le Cierge de l'Amour et la Cloche du Courage), et pour chacun de ces objets il faut accomplir une sous-quête qui demande elle-même de rassembler d'autres objets, et ainsi de suite à tel point qu'on se demande si cela termine un jour. (Pour accomplir la quête « prêt immobilier », vous devez accomplir la sous-quête « transfert de votre compte vers la banque en question » et la sous-sous-quête « rendez-vous avec un conseiller bancaire », et rassembler les objets suivants : promesse de vente, deux évaluations immobilières du bien actuel, liste de tous vos comptes ouverts avec cinq derniers relevés de chacun, trois derniers bulletins de salaire, etc. — pour obtenir l'objet « promesse de vente », vous devez d'abord, etc., etc.) Bon, je ne vais pas plus m'étendre là-dessus parce que c'est invraisemblablement chiant, mais, voilà, c'est invraisemblablement chiant. Et je suis sûr que le déménagement le sera aussi, avec ses autres sous-quêtes comme « persuader EDF de migrer l'abonnement d'une adresse à la même adresse » ou « persuader Orange de rouvrir la ligne téléphonique traditionnelle sur fil de cuivre qui a certainement été fermée pour mettre la fibre » (cette épreuve-là, à mon avis, elle est tout simplement impossible).

Et puis, comme on n'a rien sans rien, on va perdre le jardin avec les gentils pioupious et les gentilles nabeilles. (Jardin qui est juste un champ de ronces, certes, mais c'est joli, en fait, les fleurs de Rubus fruticosus, les Apis mellifera aiment ça ; et nous avons la visite de divers Passer domesticus et d'occasionnels Parus major, et il y a un couple de Columba palumbus et peut-être un autre de Turdus merula qui ont fait leur nid dans les Thuja occidentalis(?).) Les agents immobiliers, d'ailleurs, s'extasient en voyant notre jardin, même si au final ils ont du mal à nous dire combien il vaut sur le marché (c'est « atypique »).

Je n'ai toujours pas passé mon permis moto (j'en suis à 21h de leçon en circulation), mais il y a un progrès, c'est que j'ai maintenant une date pour le passer (et un lieu : ce sera à Gennevilliers, le même endroit où j'ai déjà passé le plateau). Comme il est évident pour quiconque comprend la psychologie du David Madore, la veille du jour où l'auto-école m'a appelé pour me proposer cette date, je me plaignais sans arrêt que je suis hyper prêt à le passer, ce permis, il est vraiment temps qu'on me présente, et c'est abusé de me faire traîner autant ; et juste après le coup de fil, je me suis dit : aaah, mais je ne suis pas prêt du tout ! (et de me mettre à regarder frénétiquement à quoi ressemblent les environs de Gennevilliers sur Google Street View ; tiens, à votre avis, qu'est-ce que c'est que ces bandes blanches transverses à la chaussée, là ? des faux ralentisseurs ?).

Il faut dire que les moniteurs sont doués pour nous mettre la pression (pour une épreuve dont je rappelle qu'elle a eu un taux de réussite de 91% en 2017 au niveau national…), en nous racontant toutes sortes d'erreurs que leurs élèves passées ont faites ou toutes sortes de méchancetés des inspecteurs, en affirmant que leur taux de réussite est moins bon en circulation qu'au plateau (affirmation qui, je le répète, me semble assez suspecte) ; ou, dernièrement, en nous expliquant que, en prévision de la réforme du permis qui doit intervenir début 2020, les inspecteurs ont reçu la consigne officielle de préparer le terrain en étant désormais beaucoup plus sévères sur l'épreuve de circulation : là non plus, je ne sais pas si je dois croire ce genre de choses. Enfin, on nous a mis en garde que, si nous échouions, les délais pour une nouvelle présentation étaient très longs parce que les centres d'examen sont débordés (et qu'on privilégie les premiers passages). Je ne sais pas si c'est un bon calcul de stresser les candidats comme ça (d'un autre côté, ils disent quand même qu'ils ne présentent que des élèves dont ils sont sûrs qu'ils sont prêts). Mais pour ne pas en ajouter au niveau stress, je n'en dis pas plus sur ma date de passage (comme ça, si j'échoue, je pourrai passer quelques jours à bouder dans mon coin sans qu'on me demande sans arrêt alors, ce permis, tu l'as eu ?).

Mise à jour : alors, je ne l'ai pas eu. • Plus tard : j'ai fini par l'avoir.

Sinon, toujours au rayon « hum, est-ce que je vais être à la hauteur, moi ? », je vais, pour la première fois, co-encadrer, avec un collègue et ami, la thèse d'un doctorant — du moins si nous arrivons ensemble à remplir les sous-quêtes administratives pour obtenir une allocation et faire l'inscription en doctorat. Je n'en dis pas plus sur le sujet, ni sur l'identité de l'étudiant ou de l'autre encadrant, au moins tant que ce n'est pas officiellement public (le but de ce blog est de raconter ma vie mais je préfère être prudent quand il s'agit de parler de celle des autres). Si je m'inquiète de savoir si je serai apte, c'est parce que je sais que j'ai souvent du mal à évaluer correctement à la fois l'intérêt et la difficulté d'une question de recherche en maths ; mais c'est aussi parce que j'ai moi-même eu un directeur de thèse hors de pair, non seulement par sa culture mathématique riche et profonde mais aussi par la patience dont il a fait preuve avec le thésard procrastinateur et pas toujours très fiable que j'étais : inévitablement, je me demande si je suis à même de continuer sa filiation académique (cf. ici).

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