Ça fait
aujourd'hui un an que nous sommes
ensemble, et même si je regrette que quatre de ces douze mois
aient été passés à longue distance
(mais le compteur a dépassé les 80%,
youpi !), je continue à voir des petits cœurs et des petites
étoiles partout. Mais comme il paraît que je suis ennuyeux à trop dire que je suis amoureux, je vais
éviter de trop me répéter.
Quelle chance j'ai, cependant, d'avoir grandi à une époque, dans un
pays et dans un milieu tels que je n'ai pas une seule fois eu à
souffir de l'homophobie ! Certes Paris n'est pas encore tout à fait
au niveau de Toronto[#] ; mais si
je ne fais normalement pas de bisous à mon copain dans la rue c'est
plus par pudeur générale que spécialement parce que nous sommes deux
garçons. Certes, j'ai attendu l'âge de 22 ans[#2] avant de dire que j'étais homo ;
mais quand je l'ai fait je n'ai recueilli que des réactions positives
(au sens large, tout de même ). Tellement de chance,
en fait, que j'ai tendance à prendre ça pour acquis, alors que ce ne
l'est pas forcément pour tout le monde : même à l'ENS, où
la tolérance et la visibilité homosexuelle sont, disons, visibles[#3], il y en a toujours qui ont
beaucoup de difficulté à s'assumer. (Et si j'ai des exemples en tête,
c'est aussi parce que j'ai parfois pu faire un peu pour aider dans ce
sens certaines des personnes concernées.)
[#] Les paris sont ouverts pour savoir en quelle année (≥2012, manifestement) les mariages des couples de même sexe seront reconnus en France… Je ne suis pas spécialement un militant de cette cause, mais je suis persuadé qu'elle finira par s'imposer comme une évidence : la question est, combien de temps on peut refuser de voir l'évidence.
[#2] Soit quelque chose comme 8–9 ans « dans le placard » : mais maintenant j'en ai passé à peu près autant « en-dehors ».
[#3] Grâces soient rendues au très sérieux club Chaises longues et Journalisme d'investigation (et à son fondateur, le mystérieux M), le mensuel Têtu est maintenant déposé régulièrement dans la K-fêt des élèves, ainsi que d'autres monuments au prix Pulitzer : Gala, L'Équipe, Jeune & Jolie et l'incontournable Journal de Mickey. Car à Normale Sup` nous sommes tolérants de tous les modes de vie et toutes les sexualités… et nous apprécions l'humour glacé et sophistiqué du 5824e degré.