J'ai commencé il y a quelques mois à écrire une série de billets sur le tourisme en Île-de-France : il n'y a eu que deux parties (ici et là) pour l'instant, et je ne sais pas si (et encore moins quand) je trouverai la patience de continuer la série, mais je voudrais parler un peu du Vexin, parce que c'est possiblement le coin de l'Île-de-France que je préfère, mais aussi de ce qu'il m'a permis de comprendre sur le fonctionnement de mon propre sens de l'orientation. Je pourrai toujours copier-coller des bouts de ce billet ailleurs ou l'inclure par référence si je décide de continuer la série sur le tourisme.
ici à Grisy-les-Plâtres le )
Le poussinet photographiant une vue du Vexin (photo priseLe Vexin, donc, c'est le coin nord-ouest de la
région Île-de-France. Enfin, plus correctement, je parle ici
du Vexin français, par opposition au Vexin normand
plus à l'ouest (que je connais moins bien, mais quand même un petit
peu : forcément je vais être amené à en dire quelques mots aussi, mais
je me concentre quand même surtout sur le Vexin français, et la
distinction entre les deux n'est pas qu'administrative et historique,
elle est aussi géographique voire géologique). L'extrémité nord-ouest
(pour une certaine définition d'extrémité nord-ouest
) de la
région est d'ailleurs, en gros, le point triple entre les régions
Île-de-France, Normandie et Hauts de France (ex Picardie), et on sait
que j'ai une certaine fascination pour
les points triples.
Il s'agit d'une province historique (résultant de la séparation de l'ancien pays de la tribu gauloise des Véliocasses en deux, le long de la rivière Epte, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 : Vexin normand rive droite de l'Epte, et Vexin français rive gauche), mais sa délimitation actuelle est celle du parc naturel régional du Vexin français, dont les limites sont montrées ici sur OpenStreetMap. Administrativement, il s'agit plus ou moins du département du Val d'Oise, même si celui des Yvelines vient mordre sur la partie sud du Vexin (je ne sais pas pourquoi la limite a été placée où elle l'est, et pas à la Seine).
En voici la carte sur Géoportail ainsi que la carte topographique « Top25 » qui permet peut-être mieux de comprendre le relief (d'ailleurs voici une carte du relief spécifiquement). Mais selon mon habitude, je vais faire des liens vers OpenStreetMap dans la suite (autant que possible toujours à la même échelle, avec le marqueur positionné à l'endroit dont je parle ; donc il s'agit éventuellement de zoomer pour voir plus précisément de quel endroit je parle).
Géographiquement, c'est un plateau vallonné ; à l'est, il est délimité par l'Oise (passant notamment par l'Isle-Adam) qui coupe le plateau en un coteau assez escarpé, au sud, par la Seine (Meulan, Mantes-la-Jolie), qui le découpe en des falaises crayeuses parfois impressionnantes ; à l'ouest, j'ai déjà dit que c'était la vallée de l'Epte qui séparait le Vexin français du Vexin normand ; et au nord, la limite est moins claire mais on peut pousser un peu dans les Hauts-de-France jusqu'à la Troesne, la rivière qui passe à Gisors (ville très proche du point triple dont je parlais plus haut).
Points de repères urbains : Persan au nord-est, Pontoise au sud-est (mais il faut certainement exclure l'agglomération de Cergy-Pontoise du Vexin, lequel reste un territoire largement rural), Mantes-la-Jolie au sud légèrement à l'ouest (ou bien Vernon un peu plus à l'ouest), et Gisors au nord-ouest. Mais dans le Vexin lui-même, il n'y a que Magny-en-Vexin avec ses 5 800 habitants qui ressemble vaguement à une ville : donc c'est une zone essentiellement rurale.
ici à la « cave aux fées » vers Brueil-en-Vexin le )
Paysage typique du Vexin (photo prisePour ce qui est du paysage, c'est une région agricole, mais le
Vexin n'a pas du tout le même visage que la Beauce ou la Brie avec
leurs immenses champs de céréales tout plats s'étendant à perte de
vue : la surface du Vexin fait plus de place aux prairies, à
l'élevage, à quelques vergers, et surtout, il s'agit d'un territoire
beaucoup plus vallonné, donc on n'a pas ces grandes perspectives
monotones de la Beauce ou de la Brie. Le Vexin est traversé par un
certain nombre de petites rivières
(Viosne, Sausseron, Aubette
de
Magny, Aubette
de
Meulan, Montcient ;
oui, il y a deux Aubette
dans le Vexin, c'est confusant), qui y
découpent des vallées qui, en même temps qu'un boisement irrégulier,
viennent interrompre les surfaces agricoles d'une manière qui évoque
le bocage.
Une recherche
Google Images de paysage Vexin français
donne une petite
idée de ce à quoi ça ressemble (forcément, ce genre de recherche
surreprésente le pittoresque, mais je trouve que ça colle
assez bien avec ce que je ressens en me baladant dans le coin) : c'est
vraiment très bucolique et très mignon.
Pour ce qui est du réseau routier, celui du Vexin est aussi assez caractéristique : à part l'axe sud-est↔nord-ouest reliant Cergy à Rouen en passant par Magny-en-Vexin (route départementale 14, qui devient la 6014 au-delà de l'Île-de-France où elle reprend le parcours d'une ancienne voie romaine, la chaussée Jules César), coupant plus ou moins le Vexin en deux, une autre route à peu près parallèle à celle-ci reliant Pontoise à Gisors (départementale 915), et enfin une route à peu près nord-sud reliant Mantes à Magny-en-Vexin (route départementale 983), les routes du Vexin sont petites, souvent sinueuses, et arrangées sans logique apparente.
Ces petites routes, du coup, sont souvent extrêmement jolies et pittoresques, et en même temps très variées, elles peuvent donner l'impression qu'on est dans un cocon coupé du monde ou, au contraire, dégager soudain une vue sur un paysage beaucoup plus vaste. Pour donner quelques exemples que j'ai appréciés en vrai et qu'on peut voir sur Google Street View, voyez par exemple ici sur la D142 entre Chaussy et Villers-en-Arthies, ici sur la D43 en approchant d'Avernes, ici sur la D913 en descendant vers la Roche-Guyon (et en apercevant la Seine en contrebas) ou encore ici sur la D147 entre Vétheuil et Villers-en-Arthies, ou enfin ici sur la D913 en entrant dans Vienne-en-Arthies.
ici le )
Vestiges de l'ancienne église Saint-Gédéon de Banthelu (photo priseJ'ai dit qu'il n'y avait pas une seule ville à l'intérieur du Vexin
(sauf peut-être Magny-en-Vexin si on est généreux sur le terme
de ville
, et peut-être Marines si on est vraiment très
généreux), mais le territoire est ponctué de beaucoup de villages,
allant du simple hameau au gros bourg, situés soit au sommet des
buttes soit au contraire au fond des vallées. (La plupart ont un nom
en -ville ou en -court, qui est d'ailleurs assez caractéristique du
coin, cf. les cartes que j'avais
postées ici
sur Twitter
ou ici
sur BlueSky.) La construction traditionnelle typique du Vexin est
en moellons de calcaire. L'habitat est sociologiquement intéressant,
d'ailleurs, parce qu'il alterne, combine ou mélange les
caractéristiques visuelles de hameaux agricoles, de quartiers
pavillonnaires franciliens typiques, ou parfois de résidences
secondaires appartenant sans doute à des urbains fortunés. Outre que,
comme un peu partout en France, chaque village a sa petite église
(parfois décrépite ou carrément en ruine, souvent maintes fois retapée
au cours des siècles), il y a aussi un certain nombre de châteaux qui
témoignent que la région a été prospère autour du XVIe siècle.
L'ensemble est étonnamment varié ; et ces villages sont souvent
vraiment jolis (là aussi on peut s'en faire une petite idée en faisant
une recherche
Google Images, mais le mieux est sans doute plutôt d'aller sur
Google Street View et de se balader virtuellement, par
exemple ici
à Aincourt
ou ici
à Grisy-les-Plâtres juste à côté de l'endroit où a été prise la
première photo illustrant ce billet).
Il y a quelques curiosités spécifiques à voir. L'endroit le plus connu dans le Vexin est certainement la Roche-Guyon, à peu près au coin sud-ouest (ici sur la carte et ici dans Google Street View), en bas sur la Seine, réputé être un des plus beaux villages d'Île-de-France, avec notamment son château, et le potager de son château (labellisé « jardin remarquable »). Mais ce qu'il y a de plus spectaculaire à la Roche-Guyon, en fait, ce sont les vues qu'on a sur la Seine, et sur la boucle de Moisson, quand on monte sur la corniche qui domine le village (voir par exemple celles que j'ai postées ici sur Twitter). Juste à côté de la Roche-Guyon (sur le plateau, au milieu de la forêt), mais beaucoup moins connu, il y a un arboretum (ici ; l'accès est libre et gratuit), qui n'est pas manucuré comme d'autres que j'ai vus, mais qui est intéressant parce qu'il s'agit d'une figuration en miniature de l'Île-de-France, c'est-à-dire que l'arboretum est divisé en huit parties, une pour chaque département d'Île-de-France, en en suivant à peu près le plan, avec des sentiers suivant le cours des rivières de la région, et les essences plantées ont été choisies pour évoquer celles qui caractérisent chaque département (cf. ici sur Twitter). Donc si on veut faire du tourisme en Île-de-France à l'échelle miniature, on peut visiter l'arboretum de la Roche. (Déception, cependant : il n'y a pas, dans l'arboretum, un mini-arboretum à l'endroit qui correspond à l'emplacement de l'arboretum dans la région.)
Il y a diverses curiosités archéologiques dans le Vexin, par
exemple la cave aux
fées
, ici
juste en-dehors de Brueil-en-Vexin, une allée sépulcrale néolithique
au sujet de laquelle je
renvoie à
Wikipédia, mais bon, mon but n'est pas de faire un catalogue de
tout ce qu'il y a à voir, et comme je ne suis pas particulièrement
intéressé par l'archéologie, je ne mentionne que ce truc-là (que je
suis allé voir, et ça n'a pas un grand intérêt à part qu'il y a une
vue pas mal depuis le point en question, que j'ai d'ailleurs utilisée
comme illustration ci-dessus).
Une curiosité sur laquelle je suis tombé complètement par hasard, perdue dans la forêt, c'est le « dôme de Vétheuil » (ici), une sorte de hangar construit par les Allemands pour cacher ou protéger leurs avions pendant la seconde guerre mondiale (voir ici un bref article du Parisien à son sujet, et ici sur Twitter quelques photos que j'en ai prises).
Parmi les autres choses que je peux mentionner dans le Vexin, il y a le sanatorium d'Aincourt (ici sur la carte), partiellement abandonné (mais qui sera peut-être réhabilité un jour), et qui est devenu un site d'urbex bien connu : j'en ai parlé dans ce billet. Mais même si, comme moi, on a une phobie des lieux abandonnés, on peut au moins aller jeter un coup d'œil à la partie qui n'est pas abandonnée de cet hôpital, parce qu'il y a un joli (quoique légèrement incongru à cet endroit) jardin zen (voir ici sur Twitter pour quelques photos que j'en ai prises en 2022).
ici le )
Le jardin des simples du domaine de Villarceaux (photo priseEt sinon, au registre des jardins, outre le potager de la Roche-Guyon que j'ai mentionné plus haut, il y a quatre autres jardins labellisés « jardin remarquable » dans le Vexin : le domaine de Villarceaux (ici ; voir ce billet ainsi que ci-contre pour une photo), les jardins du château d'Ambleville (ici ; voir ici sur Twitter pour quelques photos), le jardin du musée de l'outil à Wy-dit-Joli-Village (ici) et le jardin de campagne de Grisy-les-Plâtres (ici). Bon, ne prévoyez pas d'y passer une journée, quand même, le dernier se visite en dix minutes environ.
J'ai parlé là uniquement du Vexin français, mais le Vexin normand a
aussi des caractéristiques analogues. Je le connais moins (et je ne
sais pas où en mettre les limites), mais il y a deux-trois endroits
par là que je ne peux pas ne pas mentionner, au moins rapidement.
D'une part, les Andelys
(ici
sur la carte ; je précise que l'‘s’ de Andelys
ne se prononce
pas), connus pour
le Château-Gaillard
et d'où on a une vue sur la vallée de la Seine peut-être encore plus
impressionnante que depuis la Roche-Guyon
(voir ici
sur Twitter pour quelques photos). D'autre part, Lyons-la-Forêt
(ici
sur la carte ; notez que ce coup-ci l'‘s’ se prononce), qui est un
village tellement mignon qu'on a l'impression qu'il a été construit
pour la carte postale
(voyez sur
Google Street View,
ou cherchez
dans Google Images). Notez qu'il y a aussi un arboretum près de
Lyons-la-Forêt (le jardin forestier des
Bordins, ici) :
celui-ci est plutôt consacré à l'exposition systématique de diverses
essences d'arbres, donc c'est assez différent de celui de la Roche.
Bon, et sinon, mais je ne sais pas si je dois classer ça dans le
Vexin, il y a Giverny
(ici
sur la carte), connu parce que Monet y a vécu, et du coup c'est devenu
un véritable piège à touristes (c'est comme Barbizon en forêt de
Fontainebleau, mais encore pire : ça reste très pittoresque, certes,
mais moi ça me donne quand même un peu envie d'aller ailleurs).
Sinon, en marge du Vexin mais ne faisant pas partie du Vexin, il y a la boucle de Moisson (par ici, en face de la Roche-Guyon) : c'est vraiment joli (par exemple on a une très belle vue sur Vétheuil depuis Lavacourt, cf. ici sur Google Street Maps), et la réserve naturelle offre une balade intéressante (j'avais mis quelques photos par ici sur Twitter). Mais je n'en parle pas plus, parce que ce n'est pas mon sujet : la Seine est, justement, difficile à franchir dans ce coin, faute de ponts, donc la boucle de Moisson (rive gauche) ne doit pas être considérée comme faisant partie du Vexin (rive droite).
Mais revenons au Vexin français.