David Madore's WebLog: Bref, je me suis acheté un joujou à deux roues

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(vendredi)

Bref, je me suis acheté un joujou à deux roues

[Photo de moi sur la moto][Photo de moi sur la moto]Je disais dans l'avant-dernière entrée (et sur Twitter) que je m'étais acheté une moto, et je faillirais à la hauteur de ma réputation de documentateur (documenteur ?) frénétique si je ne racontais pas ça dans une entrée fleuve en 95 040 sous-parties, donc, c'est parti. Je me suis acheté une Honda CB-500F (modèle 2019, neuve).

Pourquoi une CB-500F ? Et puis tu es con d'avoir acheté neuf, David !

(La fiche technique est là.)

C'est le modèle utilisé par mon auto-école, donc la principale raison c'est que j'en ai maintenant l'habitude, je sais que je le trouve agréable à conduire et il ne va pas me surprendre. Comme j'ai aussi appris en mettant 129h à passer le permis que je n'apprenais pas très vite ce genre de choses, il est peut-être mieux que je ne me déstabilise pas en prenant un modèle différent.

Mais le fait que ce soit un modèle utilisé par mon auto-école comme par beaucoup d'autres signifie aussi que des gens plus compétents que moi jugent que c'est une bonne moto pour débuter, mais aussi raisonnablement fiable. Je sais que beaucoup d'auto-écoles choisissent soit la Yamaha MT-07 soit la Kawasaki Z 650, mais ce sont des motos plus puissantes, qui doivent être bridées pour être rendues conformes aux exigences du permis A2 (≤35kW), et je suis globalement sceptique quant à l'opportunité de prendre un modèle qui a été conçu par des gens très malins pour développer une certaine puissance, et ensuite le brider pour qu'il ne puisse plus produire que les deux tiers de cette puissance (par exemple, je n'y connais rien, mais je suppose que les choix sur la boîte de vitesse, ne serait-ce que l'échelonnage des rapports, sont optimisés en fonction de la puissance du moteur). S'agissant de la MT-07 spécifiquement, j'ai entendu dire que sa nervosité pouvait être difficile à prendre en main pour les novices : le réseau d'auto-écoles CER l'utilise généralement (ils ont une forme de partenariat avec Yamaha), mais la mienne précisément (CER Bobillot) a décidé de ne pas suivre, notamment pour cette raison. La CB-500F, au contraire, est d'origine pile-poil à la puissance permise pour le permis A2 (35kW, donc).

A contrario, j'aurais pu prendre une moto moins puissante[#] : en fait, à l'origine, la raison pour laquelle je passais le permis A2 est que je n'avais pas l'ancienneté nécessaire (à savoir, 2 ans) pour faire le stage court (7h)[#2] donnant le droit de conduire une 125cm³ avec le permis B. Mais la seule fois où mon auto-école m'a mis une 125cm³ entre les pattes pour aller sur le plateau, j'ai eu l'impression qu'elle était tellement à bout de souffle à 90km/h sur l'autoroute que ça ne me rassurait pas du tout. Alors je me suis dit que si les autorités dans leur infinie sagesse avaient choisi de mettre la limite à 35kW (soit la puissance déployée par un moteur d'environ 500cm³) pour le permis A2, c'était certainement une puissance raisonnable, quelle que soit la définition exacte de « raisonnable ». (Plus sérieusement, raisonnable devrait sans doute vouloir dire que la puissance que le conducteur se sent capable de demander et ce que la moto est capable de fournir sont comparables, mais je crois que mon argument se casse la gueule, là.)

Enfin, je n'y connais rien au marché des motos, mais mes lecteurs se douteront bien que j'ai consulté plein d'essais et de comparatifs. Dans les descriptions de la CB-500F, des termes comme comme une bonne moto pour débuter ou un petit roadster sympa et facile à prendre en main ou encore une moto accessible, progressive, rassurante, naturelle, pas surprenante ou qui pardonne reviennent assez souvent pour que je croie que ce n'est pas une coïncidence ni une opération de comm' orchestrée par Honda. Et à la limite, parfois les reproches me convainquaient que bon, si c'est ça ce qu'on trouve à lui reprocher, c'est que ça doit être parfait pour moi. (Au pif, dans cet essai fait par un youtubeur[#3], il dit vers 9′23″ dommage que la sonorité n'est pas plus présente : vraiment on l'entend pas, cette moto, dommage — non mais sérieusement ‽ — et vers 10′40″ ça manque de pêche, ça manque de vivacité, tu vois, ça manque d'explositivitéI think I can live with that. À 11′35″, il consent à trouver un soupçon de nervosité à partir de 7000tr/min, alors moi qui conduis plutôt vers 3500tr/min[#4] à cause de l'influence de la voiture Diesel du poussinet et qui me demande si ça ne hurle pas trop à 5000tr/min, je me dis que j'ai de la marge pour la voir venir, la nervosité.)

Globalement, la synthèse que j'ai retenue des essais que j'ai vus ou lus de la CB-500F serait quelque chose comme :

  • moteur très « linéaire » (whatever that means), manquant de « mordant » et d'« allonge » (whatever that means),
  • bonne tenue même à bas régime,
  • très bonne maniabilité,
  • bon freinage,
  • bons amortisseurs,
  • embrayage très agréable (surtout sur le modèle 2019), boîte de vitesse facile à gérer,
  • consommation plutôt faible (annoncée 3.4L/(100km), les valeurs mesurées en essais varient énormément entre 3 et 4L/(100km)),
  • position de conduite modérée, guidon large,
  • bons rétroviseurs,
  • afficheur numérique clair, mais difficile à lire au soleil à cause des reflets ;
  • moralité : très bonne moto pour débuter.

J'ai quand même hésité entre les différents modèles de la CB-500 : il y en a trois avec le même moteur (voyez par exemple cette vidéo pour une comparaison des trois), la CB-500F qualifiée de nue ou roadster, i.e., prévue pour la route, la CB-500X qualifiée de trail routier, c'est-à-dire d'inspiration tout-terrain, et la CBR-500R qualifiée de sportive, c'est-à-dire inspirée des motos de course. L'avantage de la R (sportive) est qu'elle est carénée et a une bulle de protection, ce qui est mieux pour rouler vite (on peut imaginer l'utiliser sur piste) ; en contrepartie, on est plus couché, donc c'est moins confortable si on conduit longtemps. Comme je ne compte ni faire de piste ni dépasser 130km/h (et encore, c'est plutôt 110km/h en fait), bof (à part pour l'aspect esthétique, mais je crois que je vais arriver à ne pas me limiter à ça). L'avantage de la X (trail) est qu'elle a des pneus plus résistants si on quitte les routes goudronnées, et une garde plus haute ; la position de conduite est plus droite, ce qui est possiblement plus confortable. Comme j'ai fait des leçons de trois heures d'affilée sur la F, je sais que je n'ai pas de problème avec le confort de la position de conduite (pour comparaison, en voiture, au bout de trois heures, j'ai tendance à avoir mal au cul). Mais la X pouvait être intéressante pour les balades en forêt (pas que j'envisage de me balader en forêt en moto, mais que pour accéder à l'endroit où on va garer le véhicule, il y a souvent des voies officiellement ouvertes à la circulation automobile mais pas franchement goudronnées, et je suppose que c'est très mauvais de prendre ça avec une moto de route). Accessoirement, la X a des poignées pour que le passager puisse se tenir, chose dont je comprends mal pourquoi elle n'est pas plus systématique. Donc j'ai beaucoup hésité avant de me dire que je préférais quand même rester avec ce que je connaissais, au moins je n'aurais pas de mauvaise surprise : j'ai pris la F. (Je suppose que la F doit avec quelque avantage sur la route ou en ville — peut-être en manœuvrabilité — par rapport à ses deux « sœurs », sinon elle n'aurait aucun intérêt sur le marché, mais j'avoue que les comparatifs que j'ai vus étaient peu explicites là-dessus.)

Il y a aussi la question de l'année. Mon auto-école utilisait des modèles très récents (ils les changent tous les ans : ils les achètent neuves au concessionnaire Honda boulevard Saint-Michel et les lui revendent un an après), et comme j'ai passé tellement longtemps sur ce permis, j'ai eu entre les jambes le modèle 2018 et le 2019, et il y a eu des changements pas négligeables entre les deux. L'embrayage est beaucoup plus doux et confortable sur le 2019 ; et il est à glissement limité, ce qui aide à ne pas bloquer la roue arrière en rétrogradant trop brutalement (ça m'était arrivé quelques fois). Les rétroviseurs offrent un meilleur champ. Il paraît que le moteur a un petit peu plus de couple, ou qu'il l'a à plus bas régime, mais là, franchement, ça m'a échappé. Par contre, il y a un truc tout bête que j'ai vraiment trouvé utile, c'est l'indicateur de rapport enclenché. (Je sais, on n'est pas censé en avoir besoin : on change de rapport à l'oreille et/ou au compte-tour, peu importe le numéro du rapport, et de fait, je ne m'en tirais pas trop mal avec le 2018. Mais quand même, passer de 3e à 2e et passer de 2e à 1re n'est vraiment pas pareil, donc quand on veut rétrograder et qu'on ne sait plus bien si on est en 3e ou en 2e, c'est bien pratique d'avoir l'information sans avoir à raisonner sur le tachymètre et le compte-tour ni à risquer d'être surpris par une 1re vitesse inattendue.)

Donc, je préférais le modèle de 2019, ce qui est embêtant, parce que je préférais aussi une occasion (pour, en gros, les raisons expliquées ici) ; or trouver une occasion sur un modèle qui existe depuis moins d'un an c'est, fatalement, compliqué. Je me suis dit que l'idéal serait de trouver un modèle de démonstration, histoire d'avoir une décote par rapport au prix neuf et un modèle qui a déjà un tout petit peu roulé, juste assez pour être rodé, mais que ce serait difficile à trouver. J'ai cru avoir trouvé ça en tombant sur une offre du concessionnaire Honda boulevard Beaumarchais sur LaCentrale qui proposait environ 8% de réduction[#5] par rapport au prix public conseillé par le constructeur et annonçait un kilométrage de 500km, mais en fait c'était une promotion sur du neuf et le site ne permet pas d'annoncer des véhicules neufs donc il était présenté comme une occasion : je me suis dit que puisque j'étais prêt à payer ce prix pour une occasion, ce serait bizarre de le refuser sous prétexte que c'est neuf, et j'ai signé.

[#] Ça, les auto-écoles ne peuvent pas vraiment, parce que les textes exigent pour l'examen un véhicule de puissance comprise entre 20kW et 35kW, avec une cylindrée d'au moins 395cm³ pour un moteur à combustion interne (ça doit être vaguement redondant en pratique), et il n'y a pas l'air d'avoir tant que ça de motos sur le marché répondant à ces critères sans avoir besoin d'être bridées.

[#2] Dans la pratique, ce stage a l'air d'être surtout un stage de scooter, en fait (un moniteur m'a dit que leur assureur n'aimait pas du tout qu'ils laissent les élèves circuler sur la voie publique avec une 125 à vitesses). Comme je n'ai aucune envie de monter sur un scooter, je me dis que j'ai bien fait de ne pas attendre pour faire ce stage — qui ne m'aurait manifestement pas donné un niveau suffisant.

[#3] Il y a tout un genre sur YouTube de motovlogs : des gens qui se filment en conduisant une moto en parlant de moto (souvent des choses qui n'ont même pas de rapport avec ce qu'ils font ou avec le paysage qu'ils traversent, si bien qu'ils pourraient tout aussi bien être derrière un bureau en train de parler), et franchement, c'est assez nul. Là le type réussit à passer 16 minutes, en se répétant tout le temps, à dire ce qui par écrit tiendrait en quelques points énumérés (freinage puissant, embrayage très doux, très peu nerveuse en-dessous de 6000tr/min, bonne visibilité dans les rétros, position confortable mais selle ferme). Hum, je ne sais pas si je suis bien placé pour jeter la pierre, en fait : passons à la sous-partie 31 680…

[#4] J'espère, au fait, que tout le monde admire l'effort que je fais pour surmonter ma nerditude et exprimer les vitesses de rotation du moteur en tours par minute et les vitesses linéaires en kilomètres par heure comme c'est la coutume, au lieu de les convertir en radians par seconde et en mètres par seconde qui sont les vraies unités SI. Mais les puissances des moteurs en chevaux-vapeur, ça, non, désolé, je ne peux pas, c'est vraiment au-delà de mes forces d'exprimer la puissance d'un moteur moderne en le comparant à ce que peut déployer un Equus ferus caballus cherchant à soulever un poids de 550 livres ou quelque sottise de ce genre. (En revanche, un satisfecit pour les couples exprimés en newton·mètres par le milieu automobile et motocycliste, là où on aurait pu craindre un truc avec des kilogrammes-force. Mais bon, l'intérêt d'utiliser le newton-mètre diminue considérablement si on ne peut pas juste le multiplier par une vitesse de rotation en radians par seconde pour obtenir des watts.)

[#5] On va peut-être me dire que 8% de réduction est manifestement insuffisant pour un véhicule d'occasion, fût-il de démonstration. Mais comme je ne connais pas du tout le marché, et je ne trouvais pas assez d'exemples même sur des modèles proches pour avoir une idée de la décote qu'il fallait attendre, j'ai trouvé ça plausible (par exemple pour un modèle qui aurait été commandé par erreur ou quelque chose de ce goût-là).

Comment l'achat se passe en pratique, et autres trucs qu'on n'apprend pas à l'auto-école

Comme ce n'était pas clair pour moi avant, et pour les gens qui aiment savoir à quelle sauce ils seront mangés, voici la procédure pour acheter un véhicule neuf en concession :

  1. Aller voir le vendeur, passer commande auprès de lui en signant un bon de commande. Il demandera un accompte et fournira un RIB pour le reste du paiement (enfin, je suppose qu'on peut tout payer d'un coup si on veut, mais ma carte bancaire ne permet pas ça), et fixera une date de rendez-vous pour la livraison. J'ai fait ça samedi 7.
  2. Fournir au vendeur les justificatifs suivants qui seront nécessaires pour l'immatriculation, dont il se charge auprès de la préfecture : pièce d'identité, permis de conduire, justificatif de domicile (grrr…). Cette étape est indépendante de la suivante, mais l'immatriculation n'aura pas lieu tant que les deux ne seront pas faites.
  3. Payer le solde, typiquement par virement SEPA vers le RIB qui a été fourni à l'étape 1. J'ai fait ça lundi 9 (en trouvant une agence bancaire ouverte le lundi, et blâme au passage à LCL qui permet de rechercher une agence ouverte le samedi mais pas une agence ouverte le lundi). Le virement prend une journée ouvrée (au sens de SEPA) à arriver.
  4. Attendre que le vendeur, ayant reçu les pièces et constaté le paiement visés aux deux étapes précédentes, procède à l'immatriculation et fournisse (par mail) un certificat provisoire avec le numéro d'immatriculation. Ce numéro est indispensable pour passer à l'étape suivante. J'ai reçu ça mardi 10.
  5. Appeler l'assurance choisie et lui fournir les informations qu'elle demandera sur le conducteur (date d'obtention du permis, ce genre de choses) et le véhicule (modèle exact, et numéro d'immatriculation obtenu à l'étape précédente). Pour ma part, je me fais assurer (pour la fort modeste somme de 1100€/an parce que je n'ai comme ancienneté qu'une petite année avec tuture) par la MAIF dont je pense le plus grand bien. Et j'en profite pour saluer la compétence, l'efficacité et la gentillesse de leurs conseillers : on sent qu'on n'a pas affaire à un robot qui pose les questions pour les rentrer dans un formulaire, mais un humain qui comprend la situation — de nos jours c'est vraiment rare.
  6. Signer (éventuellement électroniquement) le contrat avec l'assurance. Elle fournit une attestation d'assurance (l'étape de signature est évidemment nécessaire mais n'est pas bloquante pour obtenir l'attestation). Ces deux dernières étapes vont très vite : j'ai fait tout ça mardi 10.
  7. Aller voir le vendeur à la date de livraison prévue avec l'attestation d'assurance (ou la lui fournir à l'avance). Il ne laissera pas le véhicule partir sans. Note : le vendeur se charge de fabriquer et poser la plaque d'immatriculation.
  8. Signer les papiers demandés par le vendeur (pour l'immatriculation et pour la livraison proprement dite). Il fournit les clés et fait apparaître le véhicule (dans mon cas, sur le trottoir devant la concession — je me demande vaguement où la moto était stockée et comment ils l'ont fait se matérialiser sans qu'elle affiche plus que 2km au totaliseur kilométrique, mais je préfère ne pas savoir, ça gâcherait la magie), et donne quelques consignes de prise en main. Je l'ai reçue jeudi 12 (je m'inquiétais que toutes les étapes soient faisables en si peu de temps, surtout que le commercial qui me l'a vendue s'est absenté, mais, en fait, j'avais de la marge).
  9. Si on est David Madore, on photographiera sous toutes les coutures la bestiole avant de faire ne serait-ce qu'un mètre avec.
  10. Rouler avec jusqu'à l'endroit où il est prévu de la garer définitivement, en se disant très fort pourvu que je ne la casse pas le premier jour ! pourvu que je ne la casse pas le premier jour !, et en maudissant la manière sauvage dont les parisiens conduisent en ville. Pour accomplir cette étape, on n'aura pas oublié de prendre avec soi son permis de conduire, le certificat provisoire d'immatriculation et l'attestation d'assurance, ainsi que, s'agissant d'une moto, l'équipement de protection.

Le concessionnaire m'a donné quelques instructions d'entretien et d'autres sur la période de rodage (essentiellement, ne pas dépasser 6500tr/min tant que le moteur ne serait pas rodé, de ne pas freiner trop longuement tant que les plaquettes de frein ne le seraient pas, de ne pas trop incliner tant que les pneus ne le seraient pas ; et de faire une révision au bout de 1000km). Comme d'habitude, le temps que mon cerveau se dise tiens, c'est peut-être important, je devrais écouter et retenir, j'en ai perdu la moitié. (Mais je me suis quand même rendu compte que la moto — ou au moins le freinage — ne réagissait pas tout à fait comme celles de l'auto-école qui sont rapidement rodées vu combien elles servent.)

La moto venait avec un petit peu d'essence (environ 6L — sur un réservoir qui fait 17.1L). Je vais y revenir parce que j'ai rapidement voulu faire le plein et que c'était au-delà de mon niveau de compétences.

J'ai acheté un antivol en U qui peut se stocker sous la selle, mais il ne permet malheureusement pas d'accrocher la moto à la fixation moto au sol de la place parking que je loue à des voisins dans notre immeuble : il faudra que j'achète une chaîne pour ça.

J'ai aussi commandé des tubes pare-carter, pour protéger un minimum la moto lors d'une chute qui risque fort d'arriver en manœuvrant ou quelque chose comme ça, mais ils ne sont pas encore arrivés.

Ajout () : Il va aussi falloir que j'achète une béquille d'atelier (= béquille de stand, permettant de tenir la moto droite en soulevant la roue arrière par le dessous du bras oscillant), histoire de pouvoir faire un minimum de choses comme vérifier le niveau d'huile ou graisser la chaîne. (La vérification du niveau d'huile se fait moto droite, mais ma moto n'a pas de béquille centrale et je sens moyennement de la tenir droite à la main en même temps que je me penche pour regarder le niveau. Pour la chaîne, voir cette vidéo.) Et de quoi nettoyer et lubrifier la chaîne, bien sûr. Bref, il y a plein de petites choses à acheter quand on achète une moto (et que je me demande un peu comment je vais stocker, d'ailleurs), ce serait bien que quelqu'un de plus compétent que moi fasse une liste standardisée classifiée (indispensable / utile / optionnel) avec des liens vers des descriptifs, comparatifs et tutoriels, parce que c'est un peu gonflant de découvrir au fur et à mesure ah oui, ça aussi ce serait bien pratique.

Comme je n'y connais rien sur tout ça, je me suis surtout référé, outre les conseils d'amis et du concessionnaire, à l'excellent site moto-securite.fr de FlatFab, en l'occurrence ici sur le vol et ici sur la chute.

Mais alors l'autre chose au sujet de laquelle j'aurais bien fait de lire le site en question, parce que je n'imaginais pas que c'était possible de se rendre à ce point complètement ridicule, c'est comment prendre de l'essence. Amis apprentis motards, surtout si vous n'avez pas l'habitude de la voiture (ou même si vous l'avez, vu que ce n'est pas exactement pareil), et surtout si vous êtes aussi nuls que votre serviteur, lisez cette page, ou regardez précisément ce que font vos moniteurs lors des ravitaillements pendant les leçons de circulation (et au besoin demandez-leur de vous expliquer les gestes), parce que sinon vous allez vous retrouver comme moi : ne pas savoir tirer sur le câble, ne pas savoir comment positionner l'embout, ne pas savoir comment la pompe fonctionne, ne pas comprendre pourquoi elle s'arrête tout de suite en faisant clac, en mettre partout à côté en essayant de comprendre (ce qui, s'agissant d'un liquide aussi inflammable, corrosif et cancérigène que l'essence, est une mauvaise idée), en remettre à côté parce que quand le réservoir est plein cette fois la pompe ne s'arrête plus, ne pas savoir comment nettoyer, manquer de peu de tomber et de faire tomber la moto en essayant de vous y prendre (mal), et vous faire disputer par l'automobiliste qui attend derrière parce que vous y passez trois plombes et qu'il est pressé. Ce dernier a dû me dire quelque chose comme c'est bien, mon gars, tu as une belle moto, et moi je cherchais désespérément une pierre sous laquelle me cacher.

J'aurais certainement intérêt à lire le manuel du conducteur en détails pour éviter des déconvenues du même genre qui m'attendent certainement si je n'en assimile pas les informations. Malheureusement :

  • le manuel en question m'a été fourni sous forme de bouts d'arbres morts (cachés sous la selle conducteur) et n'est pas disponible en version électronique sur le site Web de Honda, ce que je trouve franchement abusé (il y a quelques PDF officieux pour ne pas dire « pirates » qui traînent en ligne, mais pas pour le modèle 2019 que j'ai ; Honda devrait peut-être se demander si leur but est de vendre des motos ou la licence sur les petits livrets expliquant comment s'en servir), or
  • l'unique exemplaire sous forme de bouts d'arbres morts qui m'a été fourni est en français et est à peu près autant du français qu'une traduction du japonais vers le français qui serait accidentellement passée par le sumérien et le klingon dans Google Translate, parce que, outre qu'il utilise le terme tachymètre pour ce que j'appelle un compte-tours, on a droit à des phrases comme celle-ci, dont le signification m'échappe totalement, l'affichage bascule sur le réglage du clignotement le plus rapide du régime moteur du témoin REV (manifestement clignotement le plus rapide du régime moteur du témoin REV est une succession de mots qui revient souvent et qui devait signifier quelque chose dans un passé lointain elle ne s'était pas transformée en hittite, mais je n'arrive pas à deviner).

(Je suis assez tenté de scanner ce manuel, de le passer par un OCR, de fabriquer le PDF que Honda devrait distribuer librement sur leur site Web, et de le mettre quelque part où d'autres pourraient le trouver, mais je ne sais pas bien quel quelque part serait utile.)

Me voilà sur la route

Après avoir ramené mon joujou du boulevard Beaumarchais à chez moi, ce qui doit faire 4km à tout casser, j'ai voulu le tester sur une distance un petit peu moins courte, comme un aller-retour Orsay (où habitent mes parents, et où se trouve la station essence à laquelle je me suis ridiculisé, cf. ci-dessus). Quelle étrange sensation que de ne pas avoir un moniteur qui me dicte par l'oreillette ce que je dois faire et où je dois aller ! J'ai vraiment le droit d'aller où je veux ? Voilà qui est terriblement déstabilisant.

Même en voiture, en fait, je n'ai pas l'habitude de ça : je ne prends la voiture essentiellement qu'avec mon poussinet, nous nous mettons d'accord sur où nous allons, et celui d'entre nous qui ne conduit pas consulte le GPS (enfin, Google Maps) et donne les instructions à l'autre. J'ai un petit peu plus conduit sans le poussinet depuis que je suis abonné à des systèmes d'autopartage, mais il y a quand même un GPS dans la voiture. Sur la moto, je n'ai rien (mieux vaut ne pas essayer de sortir d'une main le téléphone de la poche intérieure de mon blouson pour regarder où je vais) : il existe des fixations dédiées (ou on peut utiliser le guidage vocal avec une oreillette), mais j'ai vaguement l'idée que ce n'est pas une bonne idée de distraire de la route qu'on a devant soi.

Le résultat, c'est que j'ai beau faire mon kéké avec la géographie francilienne, et avoir vécu 20 ans à Orsay, en voulant rejoindre l'A10 vers Paris depuis la N118 j'ai réussi à me planter en prenant la première à droite au lieu de la seconde ici (à l'endroit où était la gare d'Orsay-État), pourtant c'est bien fléché, du coup je me suis retrouvé à Bures où j'ai fait demi-tour en me sentant pas tout à fait aussi con qu'à la station essence mais presque. C'est beau, la liberté.

Avec tout ça, bien sûr, le temps avait passé et je me suis retrouvé dans les embouteillages. Ah mais c'est vrai que je suis en moto, donc j'ai le droit de faire de l'interfile. Oui mais est-ce que j'ose vraiment remonter les files le premier jour ? (Je n'étais pas très rassuré à en faire pour les allers-retours entre l'auto-école et le plateau, et ça date un peu et il y avait un moniteur pour ouvrir la voie.) Bon, finalement, après avoir vu plein de motos et scooters faire de l'interfile alors que je restais comme un con coincé entre un camion et une voiture, je me suis décidé — et vite re-rangé parce que d'autres deux-roues derrière s'impatientaient que je n'allais pas assez vite.

Quand ils ne s'énervent pas parce que je bloque l'interfile à mon allure d'escargot, les autres motards me saluent : j'avais remarqué ça lors des leçons de circulation, mais là il y en a carrément plus, peut-être juste parce qu'il y a plus de monde sur la route ; toujours est-il qu'entre motards on se salue (bien sûr que FlatFab a une page là-dessus). J'espère que ce n'est pas mal vu si je préfère garder mes deux mains (enfin, gants) sur mon guidon, et que je ne passe pas pour un goujat si je me contente donc d'un signe de tête (enfin, casque) dont je ne suis même pas sûr qu'il soit très visible.

Et j'ai aussi acheté une GoPro

J'ai raconté plusieurs fois que nous avons équipé la tuture du poussinet d'une dashcam et que c'est intéressant pour plein de raisons (pas seulement en cas d'accident, mais aussi pour revoir les erreurs qu'on a faites en conduisant ou réanalyser telle ou telle situation bizarre, ou simplement revenir sur une erreur d'itinéraire, revoir quelque chose qu'on a aperçu en passant, que sais-je encore). Je voulais quelque chose du même style pour la moto, mais la logistique est moins évidente sur une moto.

Ce n'est pas impossible, bien sûr, il y a plein de caméras qu'on peut utiliser pour filmer pendant qu'on conduit une moto, sinon tous les motovlogs évoqués dans la note #3 ci-dessus n'existeraient pas, mais l'usage de quelqu'un qui veut mettre ses aventures à moto sur YouTube est un petit peu différent d'une dashcam tournant en permanence et servant à faire des vidéos n'ayant généralement pas pour fin d'être publiées mais juste archivées (un certain temps).

[La suite est plus ou moins une traduction, légèrement remaniée et développée, de ce que j'ai déjà écrit sur Twitter.]

Je me suis quand même acheté le machin que tout le monde a, savoir une GoPro (en l'occurrence une Hero 6). Je conviens que c'est rigolo comme joujou. La qualité des images est bonne… ridiculement bonne même. Le machin peut filmer en résolution 4k ou en 240fps(!) (pas les deux à la fois, certes) : je n'ai aucun usage pour quelque chose d'aussi extrême, mais il n'y a pas l'air d'avoir grand-chose sur le marché entre la GoPro et l'imitation chinoise qui casse si on la touche trop fort. Bref, j'ai une GoPro.

L'autonomie de la batterie est franchement décevante. En enregistrant, comme je l'ai choisi, en 1080p à 25fps en SuperView (= champ le plus large possible), avec enregistrement GPS, la batterie semble tenir autour de 1h30, j'aurais espéré le double ou le triple. À moins de décider de rester à moins de 45min de route de Paris, ça limite un peu l'utilisabilité comme succédané de dashcam.

GoPro n'est visiblement pas du tout Linux-friendly ou geek-friendly. La carte µSD stocke ses données au format exFAT (on n'a pas le choix, surtout !), un filesystem propriétaire de Microsoft conçu presque exprès asseoir sa domination [mise à jour () : on me signale que les choses bougent] alors que la dashcam de la tuture vit très bien avec FAT. Et quand la réponse à la question Linux est-il géré est juste non sans autre explication, on a furieusement envie de penser que ces gens sont simplement des connards.

Mais peut-être que ce qui m'agace le plus parce que c'est gratuitement nul est qu'on peut régler la date et l'heure de la GoPro mais on ne peut pas spécifier le fuseau horaire. Vous savez ce que je pense des gens qui stockent une heure locale sans stocker le fuseau horaire ? Bien sûr que vous savez. (C'est d'autant plus con que la GoPro a un GPS, elle pourrait très bien se régler à l'heure dessus, et demander uniquement le fuseau horaire.)

Néanmoins, la GoPro a l'avantage sur la dashcam de la tuture qu'elle enregistre en plus de la vidéo la valeur de différents capteurs (GPS à raison d'un enregistrement par seconde, mais aussi lecture des accéléromètres et gyroscopes à, si je comprends bien, 200 enregistrements par seconde, ainsi que différentes donnés image comme la luminosité et la balance des blancs). Contrairement à ce que ma mauvaise langue avait affirmé initialement, ce format est documenté et il y a des outils pour l'extraire commodément ici et . Je n'ai pas encore eu le temps de tester, mais j'avoue que ça fait très caramel mou pour geek, ça, l'enregistrement des accéléromètres et gyroscopes en temps réel : je vais pouvoir donner raison à mes moniteurs moto qui m'ont N fois reproché de ne pas assez oser accélérer. Pour comparaison, la dashcam de la tuture se contente d'incruster la position GPS (plus heure et vitesse) dans l'image vidéo : bon courage pour extraire ça ensuite.

Mais bon, le principal problème avec la GoPro sur une moto c'est qu'il n'y a juste aucune façon satisfaisante de la fixer. Sur une voiture, on colle la dashcam en haut du pare-brise et de la lunette arrière et la vue est parfaite (sauf pour une voiture comme le joujou de mon poussinet qui a un aileron — c'est ballot, ça). Mais sur une moto ? Il y a plein de possibilités : attacher la GoPro à la moto (au guidon, au réservoir, au côté du moteur, au garde-boue avant, que sais-je encore), l'attacher au casque du conducteur (en haut, sur le coté, au menton…), ou l'attacher au corps du conducteur (typiquement, par un harnais). Toutes ces possibilités ont leurs inconvénients, en fait toutes sont assez merdiques : fixée au casque, la caméra donne vite le tournis au spectateur lors du contrôle des rétroviseurs et angles morts, fixée ailleurs, elle ne montrera que ce qui est devant (ou derrière si on veut, mais en tout cas dans une seule direction). Cette page explore les possibilités et leurs inconvénients un peu plus dans le détail. J'ai expérimenté avec un harnais (surtout parce que je ne voulais pas coller quelque chose sur mon casque), mais le résultat est assez nul : outre que mon image a un sérieux problème d'horizontalité, même en mettant la caméra aussi haut que je pouvais et en la tournant le plus possible vers le haut, impossible d'éviter que le réservoir prenne une place démesurée sur l'image.

Ajout () : J'oubliais de signaler le point évident suivant, qui est que la GoPro filme vers l'avant (la dashcam de la tuture du poussinet, elle, est en deux parties, le module principal qui filme vers l'avant et un module satellite qui filme vers l'arrière, la vidéo étant découpée en petis morceaux mais stockées avec des noms synchronisés). Comme l'arrière représente un danger important à moto, surtout pour moi qui ai tendance à freiner trop brusquement, il faudrait peut-être envisager deux GoPro, mais là, quand même, je commence à trouver que ça fait trop.

Ajout () : J'ai réussi à régler les sangles du harnais de façon à placer la GoPro un peu plus haut sur mon torse, on voit un peu moins le réservoir et c'est mieux. Voici un exemple de timelapse illustrant le résultat (vidéo filmée pendant une balade et accélérée d'un facteur ×24 pour durer 3′42″ au lieu de 1h29min), mais la qualité est épouvantable à cause de la recompression agressive par YouTube. • Par ailleurs, la GoPro a l'air assez capricieuse, je ne sais pas si c'est juste des bugs ou partiellement la faute de ma carte µSD ou de la façon dont je l'ai lue sous Linux, mais j'ai plusieurs fois réussi à planter le firmware de la caméra (plus moyen de faire quoi que ce soit, même pas l'éteindre, et j'ai dû retirer la batterie) en essayant de relire une vidéo qu'elle avait elle-même écrite.

Suite : voir l'entrée suivante ainsi que celle-ci écrite quelques semaines après.

Suite deux ans après : avec l'achat d'une nouvelle moto (que je compare ici avec la CB-500)

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