J'ai commencé il y a quelques mois à écrire une série de billets sur le tourisme en Île-de-France : il n'y a eu que deux parties (ici et là) pour l'instant, et je ne sais pas si (et encore moins quand) je trouverai la patience de continuer la série, mais je voudrais parler un peu du Vexin, parce que c'est possiblement le coin de l'Île-de-France que je préfère, mais aussi de ce qu'il m'a permis de comprendre sur le fonctionnement de mon propre sens de l'orientation. Je pourrai toujours copier-coller des bouts de ce billet ailleurs ou l'inclure par référence si je décide de continuer la série sur le tourisme.
ici à Grisy-les-Plâtres le )
Le poussinet photographiant une vue du Vexin (photo priseLe Vexin, donc, c'est le coin nord-ouest de la
région Île-de-France. Enfin, plus correctement, je parle ici
du Vexin français, par opposition au Vexin normand
plus à l'ouest (que je connais moins bien, mais quand même un petit
peu : forcément je vais être amené à en dire quelques mots aussi, mais
je me concentre quand même surtout sur le Vexin français, et la
distinction entre les deux n'est pas qu'administrative et historique,
elle est aussi géographique voire géologique). L'extrémité nord-ouest
(pour une certaine définition d'extrémité nord-ouest
) de la
région est d'ailleurs, en gros, le point triple entre les régions
Île-de-France, Normandie et Hauts de France (ex Picardie), et on sait
que j'ai une certaine fascination pour
les points triples.
Il s'agit d'une province historique (résultant de la séparation de l'ancien pays de la tribu gauloise des Véliocasses en deux, le long de la rivière Epte, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911 : Vexin normand rive droite de l'Epte, et Vexin français rive gauche), mais sa délimitation actuelle est celle du parc naturel régional du Vexin français, dont les limites sont montrées ici sur OpenStreetMap. Administrativement, il s'agit plus ou moins du département du Val d'Oise, même si celui des Yvelines vient mordre sur la partie sud du Vexin (je ne sais pas pourquoi la limite a été placée où elle l'est, et pas à la Seine).
En voici la carte sur Géoportail ainsi que la carte topographique « Top25 » qui permet peut-être mieux de comprendre le relief (d'ailleurs voici une carte du relief spécifiquement). Mais selon mon habitude, je vais faire des liens vers OpenStreetMap dans la suite (autant que possible toujours à la même échelle, avec le marqueur positionné à l'endroit dont je parle ; donc il s'agit éventuellement de zoomer pour voir plus précisément de quel endroit je parle).
Géographiquement, c'est un plateau vallonné ; à l'est, il est délimité par l'Oise (passant notamment par l'Isle-Adam) qui coupe le plateau en un coteau assez escarpé, au sud, par la Seine (Meulan, Mantes-la-Jolie), qui le découpe en des falaises crayeuses parfois impressionnantes ; à l'ouest, j'ai déjà dit que c'était la vallée de l'Epte qui séparait le Vexin français du Vexin normand ; et au nord, la limite est moins claire mais on peut pousser un peu dans les Hauts-de-France jusqu'à la Troesne, la rivière qui passe à Gisors (ville très proche du point triple dont je parlais plus haut).
Points de repères urbains : Persan au nord-est, Pontoise au sud-est (mais il faut certainement exclure l'agglomération de Cergy-Pontoise du Vexin, lequel reste un territoire largement rural), Mantes-la-Jolie au sud légèrement à l'ouest (ou bien Vernon un peu plus à l'ouest), et Gisors au nord-ouest. Mais dans le Vexin lui-même, il n'y a que Magny-en-Vexin avec ses 5 800 habitants qui ressemble vaguement à une ville : donc c'est une zone essentiellement rurale.
ici à la « cave aux fées » vers Brueil-en-Vexin le )
Paysage typique du Vexin (photo prisePour ce qui est du paysage, c'est une région agricole, mais le
Vexin n'a pas du tout le même visage que la Beauce ou la Brie avec
leurs immenses champs de céréales tout plats s'étendant à perte de
vue : la surface du Vexin fait plus de place aux prairies, à
l'élevage, à quelques vergers, et surtout, il s'agit d'un territoire
beaucoup plus vallonné, donc on n'a pas ces grandes perspectives
monotones de la Beauce ou de la Brie. Le Vexin est traversé par un
certain nombre de petites rivières
(Viosne, Sausseron, Aubette
de
Magny, Aubette
de
Meulan, Montcient ;
oui, il y a deux Aubette
dans le Vexin, c'est confusant), qui y
découpent des vallées qui, en même temps qu'un boisement irrégulier,
viennent interrompre les surfaces agricoles d'une manière qui évoque
le bocage.
Une recherche
Google Images de paysage Vexin français
donne une petite
idée de ce à quoi ça ressemble (forcément, ce genre de recherche
surreprésente le pittoresque, mais je trouve que ça colle
assez bien avec ce que je ressens en me baladant dans le coin) : c'est
vraiment très bucolique et très mignon.
Pour ce qui est du réseau routier, celui du Vexin est aussi assez caractéristique : à part l'axe sud-est↔nord-ouest reliant Cergy à Rouen en passant par Magny-en-Vexin (route départementale 14, qui devient la 6014 au-delà de l'Île-de-France où elle reprend le parcours d'une ancienne voie romaine, la chaussée Jules César), coupant plus ou moins le Vexin en deux, une autre route à peu près parallèle à celle-ci reliant Pontoise à Gisors (départementale 915), et enfin une route à peu près nord-sud reliant Mantes à Magny-en-Vexin (route départementale 983), les routes du Vexin sont petites, souvent sinueuses, et arrangées sans logique apparente.
Ces petites routes, du coup, sont souvent extrêmement jolies et pittoresques, et en même temps très variées, elles peuvent donner l'impression qu'on est dans un cocon coupé du monde ou, au contraire, dégager soudain une vue sur un paysage beaucoup plus vaste. Pour donner quelques exemples que j'ai appréciés en vrai et qu'on peut voir sur Google Street View, voyez par exemple ici sur la D142 entre Chaussy et Villers-en-Arthies, ici sur la D43 en approchant d'Avernes, ici sur la D913 en descendant vers la Roche-Guyon (et en apercevant la Seine en contrebas) ou encore ici sur la D147 entre Vétheuil et Villers-en-Arthies, ou enfin ici sur la D913 en entrant dans Vienne-en-Arthies.
ici le )
Vestiges de l'ancienne église Saint-Gédéon de Banthelu (photo priseJ'ai dit qu'il n'y avait pas une seule ville à l'intérieur du Vexin
(sauf peut-être Magny-en-Vexin si on est généreux sur le terme
de ville
, et peut-être Marines si on est vraiment très
généreux), mais le territoire est ponctué de beaucoup de villages,
allant du simple hameau au gros bourg, situés soit au sommet des
buttes soit au contraire au fond des vallées. (La plupart ont un nom
en -ville ou en -court, qui est d'ailleurs assez caractéristique du
coin, cf. les cartes que j'avais
postées ici
sur Twitter
ou ici
sur BlueSky.) La construction traditionnelle typique du Vexin est
en moellons de calcaire. L'habitat est sociologiquement intéressant,
d'ailleurs, parce qu'il alterne, combine ou mélange les
caractéristiques visuelles de hameaux agricoles, de quartiers
pavillonnaires franciliens typiques, ou parfois de résidences
secondaires appartenant sans doute à des urbains fortunés. Outre que,
comme un peu partout en France, chaque village a sa petite église
(parfois décrépite ou carrément en ruine, souvent maintes fois retapée
au cours des siècles), il y a aussi un certain nombre de châteaux qui
témoignent que la région a été prospère autour du XVIe siècle.
L'ensemble est étonnamment varié ; et ces villages sont souvent
vraiment jolis (là aussi on peut s'en faire une petite idée en faisant
une recherche
Google Images, mais le mieux est sans doute plutôt d'aller sur
Google Street View et de se balader virtuellement, par
exemple ici
à Aincourt
ou ici
à Grisy-les-Plâtres juste à côté de l'endroit où a été prise la
première photo illustrant ce billet).
Il y a quelques curiosités spécifiques à voir. L'endroit le plus connu dans le Vexin est certainement la Roche-Guyon, à peu près au coin sud-ouest (ici sur la carte et ici dans Google Street View), en bas sur la Seine, réputé être un des plus beaux villages d'Île-de-France, avec notamment son château, et le potager de son château (labellisé « jardin remarquable »). Mais ce qu'il y a de plus spectaculaire à la Roche-Guyon, en fait, ce sont les vues qu'on a sur la Seine, et sur la boucle de Moisson, quand on monte sur la corniche qui domine le village (voir par exemple celles que j'ai postées ici sur Twitter). Juste à côté de la Roche-Guyon (sur le plateau, au milieu de la forêt), mais beaucoup moins connu, il y a un arboretum (ici ; l'accès est libre et gratuit), qui n'est pas manucuré comme d'autres que j'ai vus, mais qui est intéressant parce qu'il s'agit d'une figuration en miniature de l'Île-de-France, c'est-à-dire que l'arboretum est divisé en huit parties, une pour chaque département d'Île-de-France, en en suivant à peu près le plan, avec des sentiers suivant le cours des rivières de la région, et les essences plantées ont été choisies pour évoquer celles qui caractérisent chaque département (cf. ici sur Twitter). Donc si on veut faire du tourisme en Île-de-France à l'échelle miniature, on peut visiter l'arboretum de la Roche. (Déception, cependant : il n'y a pas, dans l'arboretum, un mini-arboretum à l'endroit qui correspond à l'emplacement de l'arboretum dans la région.)
Il y a diverses curiosités archéologiques dans le Vexin, par
exemple la cave aux
fées
, ici
juste en-dehors de Brueil-en-Vexin, une allée sépulcrale néolithique
au sujet de laquelle je
renvoie à
Wikipédia, mais bon, mon but n'est pas de faire un catalogue de
tout ce qu'il y a à voir, et comme je ne suis pas particulièrement
intéressé par l'archéologie, je ne mentionne que ce truc-là (que je
suis allé voir, et ça n'a pas un grand intérêt à part qu'il y a une
vue pas mal depuis le point en question, que j'ai d'ailleurs utilisée
comme illustration ci-dessus).
Une curiosité sur laquelle je suis tombé complètement par hasard, perdue dans la forêt, c'est le « dôme de Vétheuil » (ici), une sorte de hangar construit par les Allemands pour cacher ou protéger leurs avions pendant la seconde guerre mondiale (voir ici un bref article du Parisien à son sujet, et ici sur Twitter quelques photos que j'en ai prises).
Parmi les autres choses que je peux mentionner dans le Vexin, il y a le sanatorium d'Aincourt (ici sur la carte), partiellement abandonné (mais qui sera peut-être réhabilité un jour), et qui est devenu un site d'urbex bien connu : j'en ai parlé dans ce billet. Mais même si, comme moi, on a une phobie des lieux abandonnés, on peut au moins aller jeter un coup d'œil à la partie qui n'est pas abandonnée de cet hôpital, parce qu'il y a un joli (quoique légèrement incongru à cet endroit) jardin zen (voir ici sur Twitter pour quelques photos que j'en ai prises en 2022).
ici le )
Le jardin des simples du domaine de Villarceaux (photo priseEt sinon, au registre des jardins, outre le potager de la Roche-Guyon que j'ai mentionné plus haut, il y a quatre autres jardins labellisés « jardin remarquable » dans le Vexin : le domaine de Villarceaux (ici ; voir ce billet ainsi que ci-contre pour une photo), les jardins du château d'Ambleville (ici ; voir ici sur Twitter pour quelques photos), le jardin du musée de l'outil à Wy-dit-Joli-Village (ici) et le jardin de campagne de Grisy-les-Plâtres (ici). Bon, ne prévoyez pas d'y passer une journée, quand même, le dernier se visite en dix minutes environ.
J'ai parlé là uniquement du Vexin français, mais le Vexin normand a
aussi des caractéristiques analogues. Je le connais moins (et je ne
sais pas où en mettre les limites), mais il y a deux-trois endroits
par là que je ne peux pas ne pas mentionner, au moins rapidement.
D'une part, les Andelys
(ici
sur la carte ; je précise que l'‘s’ de Andelys
ne se prononce
pas), connus pour
le Château-Gaillard
et d'où on a une vue sur la vallée de la Seine peut-être encore plus
impressionnante que depuis la Roche-Guyon
(voir ici
sur Twitter pour quelques photos). D'autre part, Lyons-la-Forêt
(ici
sur la carte ; notez que ce coup-ci l'‘s’ se prononce), qui est un
village tellement mignon qu'on a l'impression qu'il a été construit
pour la carte postale
(voyez sur
Google Street View,
ou cherchez
dans Google Images). Notez qu'il y a aussi un arboretum près de
Lyons-la-Forêt (le jardin forestier des
Bordins, ici) :
celui-ci est plutôt consacré à l'exposition systématique de diverses
essences d'arbres, donc c'est assez différent de celui de la Roche.
Bon, et sinon, mais je ne sais pas si je dois classer ça dans le
Vexin, il y a Giverny
(ici
sur la carte), connu parce que Monet y a vécu, et du coup c'est devenu
un véritable piège à touristes (c'est comme Barbizon en forêt de
Fontainebleau, mais encore pire : ça reste très pittoresque, certes,
mais moi ça me donne quand même un peu envie d'aller ailleurs).
Sinon, en marge du Vexin mais ne faisant pas partie du Vexin, il y a la boucle de Moisson (par ici, en face de la Roche-Guyon) : c'est vraiment joli (par exemple on a une très belle vue sur Vétheuil depuis Lavacourt, cf. ici sur Google Street Maps), et la réserve naturelle offre une balade intéressante (j'avais mis quelques photos par ici sur Twitter). Mais je n'en parle pas plus, parce que ce n'est pas mon sujet : la Seine est, justement, difficile à franchir dans ce coin, faute de ponts, donc la boucle de Moisson (rive gauche) ne doit pas être considérée comme faisant partie du Vexin (rive droite).
Mais revenons au Vexin français.
ici le )
Ma CB-500F devant l'église de Haravilliers (photo priseDes paysages magnifiques et variés en alternant champs et petits bois, un relief allant des coteaux escarpés de la Seine au plateau d'Avernes, des petites routes qui tournicotent en reliant de jolis villages, et souvent de beaux points de vue, on se doute bien que le Vexin est un terrain très apprécié pour les balades à moto. Surtout qu'il y a plein d'endroits où faire une pause, et qu'il y a globalement peu de circulation donc on peut rouler à son rythme (dans mon cas : très pépère). D'ailleurs, certains jours de beau temps, la Roche-Guyon (cf. ici sur Twitter ; il est vrai que c'était juste en fin de premier confinement) ou Lyons-la-Forêt ressemblent à des kermesses de motocyclistes. Pour ma part, en tout cas, j'ai fait une douzaine de balades à moto dans le Vexin depuis que j'ai le permis (plutôt dans sa moitié ouest, parce que c'est plus commode depuis là où j'habite et aussi plus agréable de prendre l'autoroute A13 que la A15). Je n'ai pas d'itinéraire précis à recommander parce que c'est vraiment mignon de partout (il faut juste éviter l'axe sud-est↔nord-ouest qu'est la D14, qui est droit et moche et sans intérêt, n'en déplaise à Jules César, mais quasiment n'importe quelle autre route est très jolie ; si on doit choisir, je pense que la moitié ouest est plus jolie que la moitié est, mais c'est peut-être juste que je la connais mieux).
Bon, à moto c'est très sympa, mais c'est aussi ça le problème du Vexin : il n'y a pas beaucoup de moyens de transport possibles. Il y a une malheureuse ligne de train qui le traverse (une branche du transilien J reliant Pontoise et Gisors), et sinon tout ce qu'on pourra faire en train c'est aller à Mantes-la-Jolie ou Cergy. À partir de là, en vélo on peut peut-être faire quelque chose d'un peu intéressant si on est prêt à y passer le temps, mais à pied, guère.
Et en fait, à pied, le problème est aussi que ces routes, qui sont très sympa à moto et, je suppose, à vélo, ne sont vraiment pas terribles à pied, parce qu'il y a quand même de la circulation. Quant aux chemins qui passent à travers champs, ils ne sont pas toujours très praticables (voire pas toujours très existants même s'ils sont mentionnés sur telle ou telle carte), et ce n'est pas du tout facile de le savoir en avance. C'est d'autant plus dommage qu'il semble qu'il y ait un certain nombre d'anciennes lignes de chemin de fer (au moins celle-ci et celle-là) qui non seulement ont disparu mais n'ont même pas été reconverties en voies vertes : elles sont juste dans un état d'abandon un peu triste.
La première fois que j'ai mis les pieds dans le Vexin (je ne sais plus la date, ni même l'année, parce que je ne tenais pas obsessionnellement de journal à l'époque, mais c'était dans les années 1990 et c'était en mi-juillet), c'était pour le mariage d'une cousine, dont les parents habitaient Pontoise, et la réception avait été organisée à la ferme du Grand Chemin à Villers-en-Arthies (ici ; ça je le sais parce que j'ai redemandé à ma cousine), et ma mère avait trouvé une chambre d'hôte pas loin (peut-être celle-ci à Chérence mais je ne suis pas sûr du tout), et mon père et moi étions rentrés à pied à travers champs du lieu du mariage à notre chambre d'hôte. Sauf qu'il faisait nuit noire, et que c'était avant qu'on ait des téléphones avec un GPS dedans : nous n'avions qu'une mauvaise lampe de poche et une carte IGN pour trouver notre chemin : finalement nous n'avons pas trop eu de problème, mais je me souviens m'être dit que c'était une mauvaise idée.
Maintenant, j'aime surtout me promener dans les bois. Il y a
effectivement pas mal de parcelles boisées dans le Vexin. Mais ce
sont de petits bois, et surtout, presque exclusivement des
bois privés dans lesquels, s'il existe des chemins, ce ne
sont que des servitudes, mal entretenus ou entretenus à contre-cœur
par les propriétaires et/ou encadrés par deux grillages de part et
d'autre ou par de menaçants panneaux propriété privée, défense
d'entrer
. Les seuls bois officiellement publics que je connaisse
dans le Vexin sont la forêt régionale de la Roche-Guyon (là où se
trouve
l'arboretum, ici),
la partie est de la forêt de Galluis vers Frémainville qui appartient
aussi à la Région
(ici),
la forêt départementale de la Tour du Lay
(ici)
mais je n'y suis pas allé et je ne sais pas jusqu'où s'étend la partie
appartenant au département, et peut-être aussi le bois départemental
de Guitrancourt
(ici)
mais je n'ai pas testé non plus et il y a l'air d'avoir en gros deux
chemins dedans.
ici le )
Vue découverte lors d'une promenade (photo priseÇa ne signifie pas qu'on ne puisse pas de balader ailleurs, mais il faut se méfier : déjà que la boue et les sentiers évanescents sont un problème dans les forêts publiques et plus ou moins entretenues, c'est encore bien pire quand on est sur un terrain privé. J'ai raconté dans un billet passé comment le poussinet et moi nous sommes embourbés, en février 2022, dans la partie ouest (privée) de la forêt de Galluis (par ici) ; bon, nous y sommes retournés six mois plus tard après une période de sécheresse, et c'était beaucoup moins pénible, mais il reste vrai qu'entre les engins d'exploitation des bois qui laissent des traces très profonde, un terrain d'airsoft, et toutes sortes de grillages qui empêchent de passer ici ou là, ce n'était pas une promenade agréable.
Je me suis dit qu'en suivant des sentiers marqués comme sentiers de randonnée ce serait mieux. Mais un des problèmes avec les sentiers de randonnée c'est qu'ils font rarement des boucles d'une taille qui m'intéresse (disons, quelque chose comme 5km à 15km). Et puis, même si c'est vrai que c'est mieux que de suivre n'importe quel chemin marqué sur la carte (qui peut carrément ne pas exister), ce n'est toujours pas parfait. En plus, mon poussinet déteste viscéralement revenir sur ses pas, donc il faut prévoir des boucles, et si on tombe sur un passage problématique à franchir (par exemple si le sentier disparaît, s'il y a une sorte de mare qui bloque le chemin ou quelque chose comme ça), ça va être très très dur pour moi de le convaincre de renoncer à avancer, et plus d'une fois nous nous sommes assez sérieusement engueulés à ce sujet.
Donnons quand même des exemples de balades à pied que nous avons réussi à faire dans le Vexin (à chaque fois je donne un lien vers un tracé sur Google Maps ; comme pour mes liens OpenStreetMap, la vue initiale montre l'ensemble du Vexin pour qu'on voie par où ça se passe, mais il faut évidemment zoomer sur le tracé en bleu pour le voir de plus près) :
En avril 2022 nous avons fait cette boucle en nous garant à Follainville et en marchant vers Vétheuil et Saint-Martin-la-Garenne, en suivant généralement (mais pas toujours) des sentiers de randonnée. C'est au cours de cette balade que nous sommes tombés, complètement par hasard, sur le dôme de Vétheuil dans la forêt, dont j'ignorais complètement l'existence. Je crois qu'il n'y a pas eu de grosse difficulté le long de cette boucle, mais ce n'était pas toujours complètement évident qu'on pourrait passer.
En avril 2024 nous avons fait cette boucle autour d'Arronville, en suivant une boucle de sentiers de randonnée (sauf une toute petite déviation au point le plus au sud). C'était globalement praticable, et plutôt joli, mais pas terriblement intéressant non plus.
En juillet 2024, nous avons fait cette boucle entre Maudétour-en-Vexin et Arthies, en suivant strictement des sentiers (marqués sur la carte Top25 comme) sentiers de randonnée. Et certes nous avons réussi à la finir, mais pour la partie sud de la boucle, celle qui longe de golf de Maudétour, touche les limites du sanatorium d'Aincourt, et finit près d'une antenne de radiocommunication, le chemin était extrêmement fantomatique (et les parties qui n'étaient pas fantomatiques étaient, au contraire, transformées en champ de boue, presque en mares, par le passage d'engins d'exploitation forestière). Ceci montre que même en ne suivant que des chemins marqués sur toutes les cartes à ma disposition, et même censément labellisés comme sentiers de randonnée, on risque quand même de regretter de ne pas avoir apporté une machette et des grosses bottes. (En revanche, nous avons eu la surprise de découvrir ici une sorte de jardin fleuri avec un banc, et, un derrière, une petite croix avec un autre banc et une jolie vue sur les champs au nord, cf. la photo ci-dessus.)
❦
Mais je voulais aussi parler ici un peu de mon sens de l'orientation. J'en ai déjà dit un mot en général : il n'est pas exceptionnel, mais il n'est pas mauvais non plus ; et comme je l'explique dans le billet que je viens de lier, je pense qu'il y a (au moins chez moi, mais je ne suis certainement pas le seul) plus ou moins deux modes distincts, quoique complémentaires, de représentation mentale de l'espace, le « mode carte » (qui fournit une représentation générale du territoire, et de l'agencement approximatif des lieux dans la zone considérée) et le « mode vue » (pour tel ou tel endroit qui m'est familier, je sais que telle direction m'enverra vers tel autre endroit).
Quand je roule à moto, je le fais sans GPS. (Je pourrais trouver moyen d'accrocher un téléphone à mon guidon, mais je préfère ne pas risquer de me distraire de la route, donc j'en profite, justement, pour utiliser mes balades comme une façon d'entraîner mon sens de l'orientation — si j'ai besoin de me repérer, je trouve un endroit où m'arrêter, je sors mon téléphone, j'essaie de mémoriser ce que je vois, et je repars avec ces nouvelles informations. Bon, ce n'est pas idéal, mais c'est plus formateur.) Pour mon terrain de balade plus habituel, c'est-à-dire en gros la vallée de Chevreuse élargie, je n'ai pas trop eu de mal à me former une représentation mentale de l'espace ; il faut dire que ce sont, au moins en partie, des endroits où j'ai grandi, donc il s'est plutôt agi pour moi de « connecter mentalement » des lieux que je connaissais mais dont je ne me rendais pas compte qu'ils étaient agencés les uns par rapport aux autres de telle manière.
Le Vexin est un défi plus difficile pour mon sens de l'orientation. D'abord parce que je n'y vais pas si souvent que ça (comme je l'ai dit plus haut, j'y ai fait une douzaine de balades à moto en cinq ans, ce à quoi il faut ajouter quelques trajets en voiture avec le poussinet, par exemple pour essayer une des boucles que j'ai évoquées plus haut, mais ça ne fait quand même pas beaucoup par rapport au nombre de fois où j'ai roulé vers Chevreuse). Ensuite parce qu'il n'y a pas de grand axe routier structurant (à part l'axe sud-est↔nord-ouest de la départementale 14, mais généralement je l'évite), et pas non plus une rivière ayant un cours facile à visualiser. Et les routes qui existent ont tendance à tournicoter pas mal, et de toute façon quand je roule dans le coin je les choisis plutôt en fonction de laquelle semble la plus jolie qu'en fonction de l'endroit où je veux aller. Les bleds qui parsèment le paysage se ressemblent assez, et ils ont même des noms qui se ressemblent, donc j'ai tendance à tous les confondre. Et le relief n'aide pas non plus des masses, parce qu'il varie sur une toute petite échelle.
Le résultat, c'est que je me retrouve avec un tas d'images mentales
d'endroits par lesquels je suis passé mais que je ne sais pas replacer
sur la carte. Le Vexin est une sorte de boîte de cartes postales
désorganisée dans mon esprit : plein de jolies images, mais
généralement sans classement. Mais peut-être que ça fait partie du
charme que je trouve à ce coin ? Je peux à tout moment me dire ah
mais oui, je suis là ! bien sûr
.
Je viens cependant de faire l'exercice, qui est sans doute une
façon de développer son sens de l'orientation, et c'est ce qui a
motivé l'écriture de ce billet, de chercher à passer en revue toutes
sortes de moments ou d'endroits que je me rappelle visuellement, et,
si j'y arrive, de retrouver l'endroit sur la carte et sur Google
Street View (du style cet endroit où, quand j'arrive par Meulan,
j'hésite toujours entre aller tout droit ou tourner à gauche, c'est
où ?
: il s'avère que
c'est ici
juste à l'entrée de Sailly ; et cet endroit où le poussinet et moi
nous sommes arrêtés pour admirer la vue près d'une église ?
:
c'est ici
au niveau de l'église de Berville, mais je confonds un peu
avec ici
à Tourly où je me suis arrêté à moto aussi pour admirer le
paysage ; et cet endroit où il y a une longue allée dans le
prolongement d'un château et où j'ai fait un salut de motard à un ado
sur un quad, et il avait l'air super fier de me le rendre ?
: j'ai
eu beaucoup de mal à retrouver que
c'était ici
à Jambville ; et cet endroit où, en sortie d'un village, il y a un
cèdre juste au niveau d'une bifurcation, et deux routes très jolies de
part et d'autre ?
:
c'est ici
à Villers-en-Arthies, mais je me trompais un peu en pensant que
c'était juste à la sortie ; et ainsi de suite). Il y en a un certain
nombre, d'ailleurs, que je n'ai pas réussi à replacer (notamment un
bled où il y a un terrain de basket sur la gauche juste quand on entre
dans le village, et où je me rappelle être passé au moins deux fois,
une fois à moto et une fois en voiture, et m'être fait la réflexion
que je ne voyais pas le coin comme un endroit où le basket serait
populaire, mais que, de fait, il y avait des jeunes qui y jouaient —
impossible de retrouver cet endroit, et ça m'agace).
Bon, je ne sais pas bien quelle était la logique de ce billet donc je ne trouve pas comment le conclure, mais voilà ce que j'avais à dire sur un coin de l'Île-de-France que j'aime beaucoup et que je trouve très mignon, et où il n'est, finalement, pas si déplaisant de se perdre.