David Madore's WebLog: Films & Movies

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., celle écrite en dernier est en haut). Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Cette page-ci rassemble les entrées de la catégorie Films & Cinéma : il y a une liste de toutes les catégories à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the latest written is on top). Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. This page lists entries in category Films & Movies: there is a list of all categories at the end of this page, and an index of all entries. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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(vendredi)

Comment (ne pas) adapter Fondation à l'écran

Le poussinet et moi venons de finir de voir la saison 1 (la seule au moment où j'écris) de la récente série télé (Apple TV) qui se prétend adaptée du cycle de livres Fondation d'Isaac Asimov. Comme j'en suis à écrire des critiques, je voudrais en parler un petit peu (en développant ce que j'ai écrit dans ce fil Twitter) ; mais pour que ce qui suit ne soit pas ennuyeux pour les personnes qui n'auraient ni lu les livres ni vu la série, je vais raconter ce qui est nécessaire (en essayant quand même de divulgâcher le moins possible), et parler plus généralement des adaptations au cinéma ou à la télé (enfin, à l'écran : la distinction n'a plus vraiment de sens de nos jours, n'est-ce pas).

De quoi parlent les livres

Je commence par un résumé de ce dont il est question dans les livres (dont je parle différemment ici), en essayant de divulgâcher le moins possible, mais en racontant ce dont j'ai besoin pour pouvoir discuter des difficultés et des enjeux à adapter cette œuvre à l'écran :

Fondation est un cycle de science-fiction de sept livres écrit par Isaac Asimov entre les années 1940 (d'abord sous forme de nouvelles) et sa mort (le dernier volume a été publié de façon posthume en 1993). Pour donnée d'emblée les titres, il s'agit, dans l'ordre de publication, de :

  • La trilogie originelle ou trilogie centrale (trois volumes assez petits, publiés entre 1951 et 1953, et qui peuvent être considérés comme des recueils de nouvelles) :
    • 1. Foundation (divisé en cinq chapitres qui sont comme autant de nouvelles, présentées dans l'ordre chronologique)
    • 2. Foundation and Empire (divisé en deux parties qui sont comme deux longues nouvelles ou comme on dit en anglais novellas)
    • 3. Second Foundation (lui aussi divisé en deux parties ou novellas)
  • Les deux suites (deux volumes publiés en 1982 et 1986, et qui sont, cette fois, plutôt des romans que des recueils de nouvelles, et d'ailleurs ils se suivent immédiatement) :
    • 4. Foundation's Edge
    • 5. Foundation and Earth
  • Les deux préquelles (deux volumes publiés en 1988 et 1993, de nouveau deux romans se suivant immédiatement) :
    • 6. Prelude to Foundation
    • 7. Forward the Foundation

Ce que je viens de lister est l'ordre de publication. L'ordre chronologique interne dans l'histoire s'obtient en mettant les deux préquelles au début, c'est-à-dire 6,7,1,2,3,4,5 (i.e. : Prelude to Foundation, Forward the Foundation, Foundation, Foundation and Empire, Second Foundation, Foundation's Edge et Foundation and Earth) : cette chronologie couvre une période d'environ 500 ans de l'histoire interne.

On pourrait éventuellement rattacher d'autres œuvres d'Asimov au même cycle, notamment les trois romans parfois appelé le Cycle de l'Empire, à savoir The Stars Like Dust, The Currents of Space et Pebble in the Sky, qui se déroulent quelques millénaires avant le cycle de Fondation dans la chronologie interne, mais ils sont largement indépendants et je n'en parlerai pas plus. (En fait, Asimov a vaguement tenté de rattacher tout ce qu'il avait écrit, ou au moins une bonne partie, à une seule chronologie, donc on peut considérer que presque tous ses romans font partie du cycle de Fondation, mais je ne veux pas évoquer tout ça.) ❧ Par ailleurs, un autre cycle de livres, écrits par d'autres gens et avec l'autorisation des ayants-droits d'Asimov (Foundation's Fear de Gregory Benford, Foundation and Chaos de Greg Bear, et Foundation's Triumph de David Brin) ont été écrits pour essayer de développer les événements autour du livre 7 (Forward the Foundation) : je les trouve nuls et même complètement délirants (entre une sorte de résurrection de Voltaire et de Jeanne d'Arc, I kid you not, et une scène où Hari Seldon se transforme en chimpanzé pour essayer de comprendre je ne sais quoi, j'ai vraiment décroché du délire du premier, et les deux autres n'avaient pas l'air mieux), et je n'en parlerai pas non plus. ❧ Enfin, le livre Psychohistorical Crisis de Donald Kingsbury, dont j'ai déjà parlé, publié sans l'accord des ayants-droits, et qui a donc dû changer tous les noms propres (c'est d'ailleurs assez rigolo) tente de donner une suite à la trilogie centrale (livres 1–2–3) en considérant comme non avenue la suite (livres 4–5) et en cherchant à retrouver la direction d'origine.

Que racontent les sept livres du cycle ? Le point de départ (le moment où commence le volume 1, Foundation, et où se déroulent les préquelles 6 & 7) est celui d'un Empire qui règne sur l'ensemble de la galaxie. Cet Empire existe depuis douze millénaires ; sa capitale, Trantor, est une ville à l'échelle d'une planète entière au centre de la galaxie ; mais surtout, il est maintenant en déclin, même si peu en ont conscience. (Asimov a fortement été influencé par la lecture du classique Decline and Fall de Gibbon.) Le personnage central de toute la série est un mathématicien, Hari Seldon, qui a développé une théorie appelée psychohistoire, qu'il faut imaginer comme une version mathématisée d'une combinaison de l'Histoire et de la psychologie appliquée aux masses, et qui permet de prédire l'avenir des civilisations — non pas l'avenir des individus, ce point est important, mais uniquement, des groupes suffisamment importants (de même que la mécanique statistique permet de prédire précisément le comportement des gaz alors qu'elle ne permet de rien dire sur le comportement d'une molécule de gaz). Cette psychohistoire prédit que l'Empire galactique va s'effondrer en quelques siècles et que cet effondrement sera suivi d'une période de trente millénaires de chaos et de barbarie. Seldon voit qu'il est impossible d'éviter cet effondrement, mais qu'il est possible de racourcir la période d'interrègne, de la ramener de trente mille ans à seulement mille ans. Le projet en question s'appelle le Plan Seldon : il s'agit essentiellement d'établir un petit groupe de gens, la Fondation éponyme, ostensiblement dédiée à l'écriture d'une encyclopédie (l'Encyclopedia Galactica), sur une planète au bord de la galaxie (Terminus), pour servir de germe au second Empire galactique à venir : Seldon a soigneusement prédit la destinée de la Fondation et de la galaxie en général, à travers une série de crises, pour arriver jusqu'à la fondation d'un Second Empire galactique mille ans après l'établissement de la Fondation.

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(samedi)

Ready Player One de Steven Spielberg (le film, donc)

J'avais parlé du roman ici, et j'avais écrit : Je me demande si Spielberg s'en sera mieux tiré en adoptant l'œuvre au grand écran. Je viens de voir le film, et ma réponse est :

Oui.

Ce n'est pas souvent que je trouve qu'un film est meilleur que le livre dont il est tiré, et quand c'est le cas c'est presque toujours que j'ai vu le film en premier, ce qui me fait soupçonner que j'ai un biais naturel en faveur de la version que je vois en premier — probablement elle me fixe l'idée que je me fais de l'œuvre, et quand je rencontre la seconde, toute différence me déçoit… ou quelque chose comme ça.

Comme le livre m'avait semblé assez médiocre (même s'il m'avait inexplicablement plu !), je n'étais a priori pas tellement enthousiaste d'aller voir un film que je pensais que j'aimerais forcément moins ; et comme cette critique dévastatrice par Ars Technica explique par le menu que le film est moins bon que le livre, j'avais tiré un trait dessus. Mais voilà qu'un bombardement de rayons cosmiques a fait apparaître le film sur un disque dur près de chez moi, et pour me changer les idées des spectres de groupes de Lie qui me hantent en ce moment, je me suis dit que j'allais y jeter un coup d'œil.

Les différences du film avec le livre sont considérables, et mon avis est que la plupart des changements me semblent être des améliorations. La critique de Ars Technica se plaint d'un certain nombre de choses, par exemple que les scènes d'actions sont mauvaises (ça ne m'a pas vraiment frappé, mais de toute façon, les scènes d'action ont tendance à me faire prodigieusement chier quel que soit le film — là elles ont le mérite de ne pas être trop envahissantes), mais surtout, que toute la subtilité de la culture Geek des années '80 d'Ernest Cline a été perdue dans un endless dump of pop-culture references… which have little connection to the specific nostalgia window that Cline opened up in the book. Je trouve au contraire que Spielberg, par son adaptation très libre, a donné un sens à l'intrigue.

Je copie de mon entrée sur le livre, en la résumant et la remaniant un peu, la prémisse commune au film et au livre (ceci est un divulgâchage extrêmement léger, et essentiellement contenu dans la bande annonce du film) :

L'action se passe en 2045. Le monde réel est devenu encore un chouïa plus dystopique que celui dans lequel nous vivons actuellement, des millions s'entassent dans des bidonvilles de fortune en périphérie des villes. Il y a une chose à quoi les gens ont accès, c'est un jeu en réalité virtuelle, l'OASIS, où beaucoup trouvent refuge et moyen d'oublier une réalité déprimante.

Le point de départ de l'action est que le créateur de ce jeu vient de mourir : le James Halliday en question était un nerd excentrique et introverti, obsédé par la culture pop/geek des années '80 où il a grandi ; et dans un testament virtuel diffusé à l'ensemble de l'OASIS il annonce qu'il a caché un easter egg quelque part dans son monde virtuel, et qu'il lègue la totalité de sa très considérable fortune (incluant le contrôle de l'OASIS lui-même) à celui qui le trouvera. Pour trouver cet œuf, il faudra franchir des épreuves ou résoudre des énigmes permettant de trouver trois clés qui donnent accès à l'endroit où il est caché.

Le héros est un des egg-hunters, ou simplement gunters, qui se dédient à la recherche de l'œuf. Mais évidemment, il y a de la concurrence, et notamment une société (concurrente de celle qui opère l'OASIS) qui utilise tous les moyens dont elle dispose pour essayer de trouver l'œuf et ainsi prendre le contrôle du monde virtuel.

Tout ça est commun entre le livre et le film, mais c'est presque tout. Certains des changements suppriment des invraisemblances ou des passages longuets, poussifs ou téléphonés. (Par exemple le fait que le héros du livre passe plein de temps coincé sur une seule planète de l'OASIS, ce qui est certes justifié, mais pas franchement nécessaire. Ou l'apparition providentielle du co-créateur du jeu qui, dans le livre, fait figure de deus ex machina alors que Spielberg lui donne un rôle beaucoup plus satisfaisant.) D'autres, il est vrai, ajoutent des invraisemblances ou obscurcissent certains éléments. (Les règles du jeu de l'OASIS sont décrites assez précisément dans le livre, alors que dans le film elles semblent à géométrie variable, et la manière dont les héros se font poursuivre et échappent aux méchants semble vraiment dépendre très fort de la commodité du scénario. Le héros du film ne semble pas avoir de problème d'argent, ce qui contredit un peu sa situation dans le monde réel.) Mais ce ne sont pas de ces différences-là que je veux parler.

Dans le roman de Cline, James Halliday est un geek obsédé par la culture des années '80, et c'est à peu près tout. Les épreuves ou énigmes permettant d'accéder à l'œuf presque uniquement des tests de la connaissance des moindres recoins de cette culture pop/geek. Elles n'ont pas une grande cohérence, et sont même franchement idiotes : il faut connaître par cœur les répliques de tel ou tel film, il faut savoir jouer parfaitement à tel ou tel jeu… même pour un geek obsessif, c'est assez con, comme type d'épreuve. (En plus, ça devient un peu confus, parce qu'il y a essentiellement douze épreuves : trois fois il faut trouver où est cachée une clé, faire quelque chose pour obtenir la clé, puis trouver où est cachée la porte qu'ouvre la clé, et faire encore quelque chose à l'intérieur de la porte. En plus de ça, le héros accomplit presque par accident une petite side quest qui bien sûr s'avère essentielle à la toute fin. Les douze ou treize épreuves en question sont de difficulté très inégale et ça déplaît à mon sens de la symétrie.) La motivation expliquée de Halliday est qu'il veut en quelque sorte obliger les gens à apprendre à apprécier la culture qui le fascinait.

Spielberg modifie tout ça : il y a moins d'épreuves, elles sont très différentes du livre, et surtout, ce sont des tests du caractère du personnage (réfléchir avant de foncer dans le tas, savoir sauter le pas, ne pas jouer que pour gagner, ce genre de choses), un peu de son intelligence, et en tout cas pas uniquement de sa culture geek (même s'il y a un peu de ça). Même la side quest du livre est transformée en quelque chose de plus intéressant. Et surtout, les motivations de Halliday sont différentes et plus subtiles : on comprend qu'il cherche, en quelque sorte, à réparer des erreurs qu'il a pu commettre, et à sélectionner quelqu'un qui ne commettra pas les mêmes erreurs.

Je ne dis pas que c'est génial (les tests de caractère c'est un peu le cliché du film hollywoodien grand public), mais c'est quand même, à mes yeux, nettement mieux que dans le livre. Et ça devient moins important que les éléments culturels balancés au hasard dans le film (et oui, il y en a plein[#]) ne soient pas tous très cohérent ou rattachés spécifiquement à la culture qui dans le livre est censé obséder Halliday. (Surtout que, franchement, l'OASIS est censé être grand et ouvert à plein de gens, donc il est logique qu'il y ait des gens qui y aient développé des fan-zones d'autres sous-cultures !)

Et par ricochet, comme ils sont plongés dans une quête qui a un sens, les personnages du film acquièrent eux aussi une certaine profondeur, alors que ceux du livre n'en ont essentiellement aucune (ils sont juste des réservoirs à geek-culture). Pas tellement le héros Parzival, il faut l'avouer, qui reste presque aussi plat dans le film que dans le livre sauf à la toute fin, mais ses compagnons d'aventure : l'héroïne Art3mis a une vraie motivation dans le film, et surtout, le principal second rôle, H, extrêmement bien interprété et très drôle, devient réellement attachant. Et comme on dit souvent qu'un film est aussi réussi que son grand méchant, moi j'ai aimé celui du film, qui est certes tout à fait caricatural comme corporate asshole, mais il est aussi très crédible et très drôle en tant que tel. (Il y a aussi un méchant de second rôle qui est très réussi et très drôle.)

Au final, je trouve que c'est de la bonne SF, et je recommande.

Ajout () : cette critique par l'excellente chaîne YouTube Just Write rejoint partiellement ce que je dis (en allant plus loin et en analysant beaucoup mieux) : le film a eu raison de changer le livre, mais aurait dû s'en affranchir encore plus. Je souscris totalement au message final : ça aurait été tellement plus intéressant si le héros avait été le seul gunter qui, au lieu de mémoriser plein de faits aléatoires sur plein d'histoires de la culture pop, avait poussé un cran plus loin jusqu'à comprendre la morale et le sens profond de ces histoires.

[#] Juste pour la note en bas de page, j'étais fier d'avoir immédiatement reconnu, entre autres choses, la formule magique utilisée par Merlin dans le film Excalibur. Parfois je ne comprends pas comment ma mémoire fonctionne.

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(dimanche)

Je re-regarde différentes adaptations du Christmas Carol

L'approche de Noël m'a fait revenir à l'esprit un de ces souvenirs confus dans lesquels la réalité se retrouve mélangée à toutes sortes d'éléments déformés ou carrément inventés. Le souvenir dont il est question, en l'occurrence, c'est que, pendant l'année que j'ai passée à Toronto quand j'avais huit ans (soit 1984–1985), j'ai vu à la télé une adaptation du Christmas Carol de Dickens, et que je l'ai tellement aimée que j'ai réussi à la revoir plusieurs fois ; mais une fois, ils en ont diffusé une version, en noir et blanc, différente de la version en couleur dont j'avais l'habitude, et j'étais tout contrarié parce que ce n'était pas exactement celle que je voulais voir : notamment, l'esprit des Noëls passés ne correspondait pas à la vision que je m'en étais faite à travers l'adaptation que j'avais vue en premier.

Peut-être devrais-je résumer très brièvement la fable (au risque de spoiler complètement, mais honnêtement, je pense que ça n'a aucune importance) vu que les francophones ne sont peut-être pas très familiers avec. Il s'agit de l'histoire d'un vieil avare aigri, Ebenezer Scrooge, particulièrement acariâtre en la saison des fêtes, auquel rendent visite trois esprits, l'esprit des Noëls passés, puis l'esprit du Noël présent et enfin l'esprit des Noëls à venir, qui viennent le racheter : ils lui font voir plusieurs scènes du passé, du présent et de l'avenir pour le convaincre qu'il a été plus ouvert et généreux autrefois, que d'autres gens sont heureux à Noël, et que s'il ne change pas son attitude il mourra seul et détesté ; et suite à ces visites, Scrooge s'amende et devient bon et charitable. Cette histoire a particulièrement marqué la culture anglo-saxonne à différents niveaux : scrooge est devenu un terme général pour un avare (ou l'objet de toutes sortes de références, par exemple le nom de l'oncle de Donald Duck, celui qu'on traduit par Picsou en français, est Scrooge McDuck) ; et la représentation de l'esprit du Noël présent (tel qu'il apparaît dans une gravure qui accompagne l'édition de 1843 du roman de Dickens, et cette image a été ensuite reprise dans les adaptations cinématographiques ou télévisuelles) a certainement beaucoup influencé l'iconographie du Père Noël, au moins à l'époque où il s'habillait encore en vert et pas en rouge. À cause de cette célébrité, on se doute bien, du coup, qu'il y a eu toutes sortes d'aptations de l'histoire.

Heureusement, à l'époque d'Internet, il n'est pas très difficile de retrouver les seules adaptations qui peuvent coller avec mon souvenir : la version que j'avais aimée quand j'étais petit était forcément celle de 1984 par Clive Donner avec George C. Scott dans le rôle de Scrooge, et celle que je n'avais pas aimé parce que ce n'était pas exactement la même était celle de 1951 par Brian Desmond Hurst avec Alastair Sim dans le rôle de Scrooge. Il n'est pas clair comment je peux avoir vu plusieurs fois celle de 1984, mais il n'y a guère de doute que c'était bien celle-là.

J'ai revu les deux versions successivement, et je ne peux pas vraiment dire que ça ait autant réveillé de souvenirs que ce que j'espérais. Je me souvenais bien de l'histoire, mais il est impossible de dire si c'était un souvenir de telle ou telle adaptation ou simplement du livre de Dickens lui-même (que j'ai lu quelque part dans les 30 dernières années). En revanche, regarder deux films qui se correspondent presque scène pour scène a quelque chose qui plaît à mon sens de la symétrie ; je ne sais pas si je pousserai jusqu'à regarder une ou plusieurs des autres adaptations qui ont été faites (depuis 1984, notamment) de la même histoire, mais heureusement d'autres que moi s'y sont attelés, par exemple ici ou .

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(lundi)

Blade Runner 2049

(Aucun spoiler dans ce qui suit, sauf si vous êtes ultra-maniaques à ne rien vouloir savoir du tout avant de voir un film.)

La suite, 35 ans plus tard, de Blade Runner, a été attendue avec l'impatience avec laquelle on guette la suite d'un film-culte (avec pas mal de célébrités au générique), ce qui rend toujours le jugement compliqué ; globalement, les critiques et les spectateurs ont bien aimé Blade Runner 2049, et l'ont qualifié de digne de son prédécesseur. Pour ma part, je n'ai pas été terriblement emballé, mais je n'ai pas vraiment compris pourquoi on était censé trouver l'original complètement génial : je suis donc d'accord avec l'avis selon lequel cette suite se compare assez bien au précédent.

Disons tout de suite ce qui est sans doute le plus réussi : l'ambiance. L'atmosphère à la fois futuriste et glauque (« néo-noir »), qui saisissait dans le premier film, est recréée à la perfection : on a la poésie spleenétique du genre post-apocalyptique (que, généralement, je déteste avec passion) sans que ses clichés soient enfoncés. Les images sont magnifiques : même si la tendance des directeurs photo à faire des plans trop monochromes m'agace normalement, ici je reconnais qu'elle est utilisée à bon escient. Et au sein même de la palette « cyberpunk » (pour simplifier), le film fait usage de teintes assez variées, entre le décor inquiétant d'une décharge industrielle et les intérieurs minimalistes mais luxueux de la Wallace Corporation, entre la ville bourdonnante d'activité interlope et le charme énigmatique d'un hôtel vide dans une Las Vegas abandonnée.

Les acteurs sont plutôt bons : Ryan Gosling se tire très bien d'un rôle dont on ne sait pas si c'est du lard ou du cochon, Harrison Ford est plus là pour le star factor que pour la performance, mais il n'est pas mauvais non plus ; Robin Wright donne une vraie personnalité au rôle un peu secondaire qu'elle s'est vu confier ; mais ce sont surtout Jared Leto et, plus encore, Sylvia Hoeks, qui font vivre le film.

Convenons aussi que, prise à un niveau suffisamment superficiel, l'histoire fonctionne, on s'y laisse prendre si on ne réfléchit pas, si on se contente de se laisser bercer par la musique et la beauté des images. Il y a quelques rebondissements qui n'en sont pas vraiment, et si on n'y regarde pas de trop près, ils donnent l'illusion d'une intrigue structurée. J'ai l'impression que c'est là la touche de Denis Villeneuve : des scénarios en trompe-l'œil qui laissent croire qu'ils sont d'une grande complexité, alors que dès qu'on s'en approche, on s'aperçoit qu'il n'en est rien — ce n'est pas forcément un reproche.

Mais ce qui me pose problème — ce qui me posait déjà problème dans le premier film, mais ce problème est plus prégnant cette fois-ci — c'est que personne n'a l'air d'avoir sérieusement réfléchi à la mesure dans laquelle les réplicants sont humains et la mesure dans laquelle ils ne le sont pas, ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire, ce qu'on sait et qu'on ne sait pas sur eux. Ce ne sont pas des questions périphériques ou accessoires : toute l'histoire repose dessus, elles sont aiguisées par les changements technologiques censés s'être déroulés entre les deux films, et cela pourrait être l'occasion d'une réflexion intéressante sur l'intelligence artificielle ou ce qui définit l'Humanité ; or malheureusement, on a l'impression que les réponses nous sont apportées aléatoirement, au fur et à mesure des besoins du scénario, sans même se préoccuper qu'elles ne se contredisent pas les unes les autres. Au final, les réplicants, leurs capacités, leur raison d'être, leur manière de fonctionner, bref, les règles du jeu, tout ça reste tout aussi nébuleux que l'ambiance post-apocalyptique dans laquelle baigne le film, et la réflexion à peine amorcée tombe à plat. Cela pourrait être réussi si c'était pleinement voulu et assumé (c'est-à-dire si le film se voulait complètement poétique, un peu à la façon de Taxandria), mais ce n'est pas le cas.

En plus de ça, il y a autre chose qui à mon avis ne fonctionne pas bien, c'est pour ce qui est de motiver le spectateur à s'intéresser au(x) héro(s) ou à ce qu'il(s) cherche(nt) à faire. Qu'on nous présente un monde glauque est une chose, mais si on veut intéresser le spectateur, il est généralement utile de lui présenter une perspective de rendre ce monde moins merdique, quitte à jouer à la tuer dans l'œuf (pensez à Brazil), ou au moins quelqu'un qui lutte pour rendre ce monde moins merdique, bref, quelqu'un qu'on puisse encourager mentalement. Ici, il y a peut-être trois groupes qui s'affrontent (la police de Los Angeles, un fou mégalomane, et un groupe de réplicants ; et disons qu'il y a dans l'histoire une sorte de MacGuffin qu'un camp veut supprimer et que deux autres camps veulent utiliser), mais aucun de ces groupes mutuellement adverses ne nous paraît modérément sympathiques, on ne sait même pas vraiment ce que veu(len)t le(s) héro(s), aux côtés de qui il(s) se range(nt), ou qui le(s) manipule. Bref, à part la curiosité de savoir comment tout cela va finir, on n'arrive pas à s'intéresser à ce qui se passe. Le fait que quasiment tout le monde dans le scénario soit plus ou moins non-humain et qu'on ne sache même pas dans quelle mesure ils sont non-humains (cf. le paragraphe précédent) n'aide certainement pas.

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(dimanche)

Hidden Figures

Mon poussinet et moi sommes allés voir le film Hidden Figures (le titre français — Les Figures de l'ombre — ne rend pas vraiment le jeu de mot le jeu de mot entre une personne et un chiffre dans un calcul), et je voudrais vraiment le recommander.

Il s'agit de l'histoire, vraie mais bien sûr partiellement romancée, de trois femmes noires « calculatrices » à la NASA au début des années 1960 (plus exactement, au centre de recherches Langley en Virginie, entre le premier vol dans l'espace de Ûrij [=Yuri] Gagarin en 1961 et celui de John Glenn en 1962). La manière dont elles sont confrontées à la fois à la discrimination raciale et au sexisme, et leurs différentes façons d'y faire face, sont montrées avec une certaine subtilité, de même que l'atmosphère côté américain de la « course à l'espace ». L'histoire suit une trame hollywoodienne bien formatée et qu'on peut trouver un peu trop schématique, mais les actrices jouent très bien (Taraji Henson, qui interprète Katherine Goble, Janelle Monáe qui joue Mary Jackson, et surtout Octavia Spencer — que je connaissais par un autre film remarquable, The Help — dans le rôle de Dorothy Vaughan), et pour une fois qu'on voit un film dont les personnages principaux sont des femmes noires, et mathématiciennes qui plus est, ne boudons pas notre plaisir. (Et puis j'ai un faible pour l'ambiance course à l'espace, l'ambiance « atompunk », ici illustrée avec une certaine sympathie sans excès.)

Scientifiquement, le film ne commet pas de bourde majeure, en tout cas pas que j'en aie repérée : le moment le plus faux sur ce plan-là est celui où l'héroïne principale, Katherine Goble, effectue au tableau, devant une salle de généraux un peu médusés, un calcul de paramètres de réentrée orbitale avec une précision dont il devrait être à peu près évident pour n'importe qui ayant un chouïa de culture scientifique, qu'il n'est pas atteignable de tête, en tout cas pas un temps tel que présenté ; je suis prêt à ne pas faire mon grincheux pour quelque chose du genre. Il y a aussi un certain nombre de modifications du tempo par rapport à la réalité, imposées pour s'adapter au rythme cinématographique, que je suis également prêt à pardonner.

Il est vrai que j'aurais aimé voir un peu de considération pour la différence entre la notion de calcul symbolique et celle de calcul numérique, choses que le grand public ne doit pas vraiment apprécier, mais qui n'est certainement pas impossible à faire passer. Les équations qu'on entr'aperçoit dans différents plans ont l'air superficiellement sensées, mais mélangent inexplicablement des valeurs numériques à virgules dans des expressions par ailleurs symboliques ; et de façon plus profonde, je n'ai pas vraiment idée de quel genre de calculs on faisait faire à ces « calculatrices », soit en général, soit précisément celles qui sont les héroïnes de ce film.

Et on ne peut pas dire que les répliques m'aident à deviner. À un moment, le chef d'équipe joué par Kevin Costner demande à Katherine Goble si elle sait calculer un repère de Frénet — et elle complète : par le procédé d'orthogonalisation de Schmidt. C'est vraiment amusant comme effet Zahir, parce que je discutais du repère de Frénet avec mon poussinet un quart d'heure avant d'aller voir le film (à propos du tome 5, particulièrement poussiéreux, du Cours de Mathématiques spéciales de MM. Ramis-Deschamps-Odoux), et je mentionnais justement qu'il s'agissait précisément du résultat d'un Gram-Schmidt sur les dérivées successives du mouvement : j'ai eu du mal à ne pas éclater de rire à la coïncidence. Mais même si vois le lien avec des trajectoires dans l'espace, je ne sais vraiment pas précisément dans quel genre de calcul, symbolique ou numérique, on utilise le repère de Frénet.

En vérité, même si je connais ma mécanique orbitale et lagrangienne, je n'ai aucune idée précise du genre de calculs qu'il faut réellement mener pour envoyer un homme dans l'espace. (Bon, je dois dire, je n'ai même pas d'idée précise sur le genre de calculs qu'il faut mener pour construire un pont ou un moteur à explosion. Je suis un peu comme le matheux d'une blague générique sur les ingénieurs, physiciens et mathématiciens, qui démontrerait que le pont, le moteur à explosion ou le vol orbital sont possibles — par une démonstration non-constructibe qui ferait appel à l'axiome du choix.)

Sur la précision scientifique des films hollywoodiens de façon plus générale, j'étais tombé il y a un certain temps sur cette vidéo qui explique que des gens ont mis en place une hotline permettant à l'industrie du cinéma d'être mis en contact avec des scientifiques de tel ou tel domaine quand ils veulent des conseils ou des éléments (phrases, équations à mettre sur un tableau, etc.) pour rendre leurs films scientiquement plus crédibles. Ça expliquerait un certain progrès que j'ai cru constater dans le domaine depuis les années '90 (même si ce progrès est souvent bien superficiel, il faut l'admettre : le fait de prononcer une phrase techniquement sensée à tel ou tel moment ne va pas compenser une absurdité fondamentale de principe ; il y a toujours très peu de films qui, comme The Martian, se donnent pour mission d'être véritablement réalistes scientifiquement, d'un bout à l'autre, ce qui implique d'aller plus loin qu'appeler une hotline de temps à autre).

À part ça, je me rends compte que je ne remplis pas vraiment consciencieusement la catégorie cinema de ce blog : ces derniers temps, j'ai vu en salles, entre autres, Manchester by the Sea et 君の名は (traduit en « français »(?!) par Your Name), et j'ai trouvé que les deux étaient vraiment des chefs d'œuvre. Je n'ai pas le temps d'en faire une critique maintenant (et ce serait un peu du réchauffé), mais je les recommande tous les deux très vivement, ce sont des films d'une très grande subtilité humaine et psychologique.

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(jeudi)

Pour la défense du film Stonewall

Cette entrée n'a rien de particulièrement zeitgemäß, mais le fait d'avoir écrit la précédente m'a donné envie de dire un mot à ce sujet.

Roland Emmerich est un réalisateur plutôt connu pour ses films catastrophe (Independence Day, Godzilla, The Day after Tomorrow, 2012, etc.), à gros budgets et plus ou moins nanaresques. Dans cette liste, Stonewall, semble incongru : il raconte, à travers la vie d'un jeune homme gay chassé de chez lui par ses parents, l'histoire des émeutes du 28 juin 1969 (soit juste après l'enterrement de Judy Garland) au bar homo de ce nom sur Christopher Street, Greenwich Village, New York, et qui sont à l'origine de la Gay Pride (les pays germanophones disent d'ailleurs Christopher Street Day).

Une autre chose incongrue est que ce film a une note sur IMDB très nettement inférieure aux autres que du même réalisateur que j'ai nommés ci-dessus : aurait-il réussi à faire un nanar encore plus intergalactique que Independence Day ? le film nous fait-il nous découvrir que le Stonewall était un repaire d'extra-terrestres et que les homos se sont ralliés pour empêcher la Terre d'être envahie ? pas vraiment. Manifestement, il y a eu une campagne virale pour donner à ce film la note la plus basse — ce genre de campagne est la raison pour laquelle les notes et les sondages sur Internet ne valent à peu près rien, mais passons ; et la campagne en question ne vient pas des fans habituels des films d'Emmerich qui se seraient agacés qu'il fît un film pour pédés, non, ce sont essentiellement des militants et sympathisants LGBT qui ont détesté le film.

Quel est le problème ? Il y a beaucoup de points précis sur lesquels la vérité historique a été déformée (par exemple en laissant penser que la mort de Judy Garland avait plus d'importance qu'elle n'en avait, ou en résumant une réalité forcément un peu complexe). Certains reproches se contredisent un peu : par exemple, d'avoir minimisé le rôle des lesbiennes, des drag queens et transgenres (alors qu'elles et ils étaient plutôt les premiers à lancer les émeutes), mais en même temps d'avoir utilisé le personnage réel tout à fait masculin de Raymond Castro pour inspirer un personnage fictif (Ray) très efféminé ; ou encore, d'avoir essayé de rendre le film plus digeste pour les hétérosexuels en se focalisant sur des personnages bien « propres sur eux », mais en même temps de caricaturer les homos ou drag queens, et d'avoir noirci la Mattachine Society qui proposait justement aux homos de se fondre dans la masse et de ne pas faire de vagues et qui (selon le film) n'était pas terriblement heureuse des émeutes.

En fait, les reproches se concentrent surtout autour d'un point : une forme de whitewashing, en l'occurrence, d'avoir choisi de construire le film autour d'un personnage blanc, jeune homme, de classe moyenne, bon élève, cissexuel, pas du tout efféminé, « seulement » homosexuel, bref, tout ce qu'il faut pour le rendre relatable (je ne sais pas dire ça en français, tiens) par le public de spectateurs (très majoritairement hétérosexuels) que Hollywood vise principalement. En l'occurrence, ce héros (Danny Winters) est joué par Jeremy Irvine, qui est le poster-boy presque trop parfait d'un tel rôle, avec son visage de gendre idéal qui ne fera peur à personne. (Comme en plus il doit y avoir beaucoup de garçons homos qui mettraient bien sur leurs murs un poster du boy en question et qui rêvent qu'il puisse être homo, ça permet de gagner sur tous les terrains.) Soulignons bien que le personnage du Danny Winters en question est fictif : on ne reproche pas aux scénaristes, ici, d'avoir transformé un personnage réel ; mais comme ils lui font, tout à fait littéralement, jeter la première pierre qui déclenche les émeutes, on peut dire qu'on lui donne la place de la personne qui a vraiment jeté cette première pierre : certains l'ont identifiée comme étant la drag queen noire Marsha P. Johnson (qui apparaît effectivement dans le film, et n'est pas whitewashée)… sauf que les choses ne sont jamais simples, et en fait on n'en sait rien, il n'y a probablement pas eu de « première pierre » jetée, et pas une seule personne qui a déclenché les émeutes, fût-ce Judy Garland, Marsha P. Johnson ou Stormé DeLarverie.

Tous ces reproches sont justes, et ne sont pas sans importance, mais je crois qu'ils passent à côté de l'intérêt du film.

Car à mon avis le but — malgré le titre — n'est pas tant de raconter l'histoire des émeutes de Stonewall, ou en tout cas pas de le faire avec la précision d'un historien, c'est, à travers l'histoire personnelle du héros, de présenter un débat, ou un dilemme, qui se pose à (et parfois déchire) la communauté LGBT : veut-on revendiquer le droit à l'indifférence ou le droit à la différence ? veut-on se fondre dans la société ou se révolter contre elle ? veut-on réclamer l'étiquette normal ou arborer la fierté d'être anormaux ? Il va de soi que formulée dans des terme aussi simplistes et caricaturaux, cette question n'admet pas de réponse, et que toute tentative sérieuse pour y répondre doit commencer par examiner les termes de cette fausse alternative : mais la présentation caricaturale n'empêche pas que la problématique est réelle.

Et je trouve que Stonewall pose cette question avec une certaine finesse : Danny Winters est partagé entre le camp, incarné par la Mattachine Society, des homos blancs, financièrement aisés et « bien propres sur eux » qui cherchent à se fondre dans la masse et espèrent faire évoluer la société en ne faisant peur à personne, et celui, incarné par les garçons et filles de la rue obligés de se prostituer, qui sont les véritables héros des émeutes de Stonewall ; c'est justement parce qu'il est blanc, cissexuel, etc., que Danny doit faire ce choix, et que le choix en question est douloureusement intéressant : un de ses amis lui dit justement, moi, je n'ai pas le choix — Danny doit accepter de risquer sa place potentiellement privilégiée dans la société, et possiblement sa bourse pour Columbia, s'il choisit de rejoindre les révoltés. La scène où il jette la première pierre incarne ce dilemme : l'instant avant, la drag-queen noire Marsha lui demande how can it get worse? […] a society hating and oppressing us for being gay, and you still wanna be polite? cause it's going to take away your precious fuckin' scholarship if you get arrested? cone on! ; puis un membre de la Mattachine Society tente de le décourager de jeter la pierre : no, that's not the way, Danny. Tout ça n'est peut-être pas historiquement correct, mais le développement du personnage est intéressant.

Et dans l'ensemble, je trouve que Stonewall montre une subtilité que les films-catastrophe bourrins de Roland Emmerich ne me laissaient pas du tout présager. Les personnages ont une réelle profondeur, les acteurs jouent plutôt bien. La diversité de la communauté LGBT est peut-être insuffisamment représentée, mais il est injuste de nier qu'il y ait un certain effort pour l'honorer. Le scénario est assez convenu, mais il marche plutôt bien. Ce n'est le film de la décennie, probablement pas même le film LGBT de l'année, mais ce n'est pas un nanar, et il ne méritait pas le procès qu'on lui a fait.

Évidemment, le dilemme que j'évoquais ci-dessus se pose aussi au niveau méta : doit-on souhaiter que l'industrie du cinéma « mainstream » fasse des films abordant des thèmes LGBT à destination d'un public majoritairement hétérosexuel ? ou préférer que le cinéma LGBT reste totalement différent (pour être plus libre, par exemple), et ne vise que les spectateurs de cette population ? Je crois qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance de Brokeback Mountain, qui reste quasiment le seul film « mainstream » (disons, avec des acteurs vraiment célèbres) centré autour d'une histoire d'amour homo. (Il est vrai qu'Ang Lee avait auparavant commis le magnifique 喜宴 / Garçon d'Honneur / The Wedding Banquet, mais il était beaucoup moins connu à l'époque.) J'imagine que Roland Emmerich, dont je crois comprendre qu'il est lui-même homo, a dû se poser la question, et j'imagine que ça a été un peu un dilemme pour lui, qu'il a pensé prendre un risque : je trouve vraiment dommage que la réaction ait été de lui faire un procès plutôt que de dire qu'il aurait pu faire mieux.

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(vendredi)

Zootopia

Pour ceux qui sont en France il est probablement déjà difficile de trouver une séance du dernier Disney, surtout si on veut le voir en VO (ce que je recommande vivement) : mon poussinet y sommes allés hier soir, et il ne restait plus beaucoup de cinémas qui le diffusent à Paris. Mais si vous y arrivez, ou si vous attendez la sortie en DVD (ou tout autre moyen plus ou moins légal de le voir), toujours est-il que je le recommande très vivement.

Ce film est vraiment excellent. Et pas que pour les enfants (enfin, je suppose qu'il est bien pour les enfants, je ne sais pas trop juger, mais en tout cas il n'est pas besoin d'en être un pour apprécier). Peut-être que je suis bon public pour les films de Disney en général, mais en fait je ne crois pas (si je regarde la liste sur Wikipédia, il y en a énormément que je n'ai aucune envie de voir, et de ceux que j'ai vus mon avis n'est pas forcément des plus enthousiastes).

Bref. Je ne pense pas que ce soit vraiment utile que je fasse une critique. Comme beaucoup de films pour enfants de Disney ou Pixar[#] (genre Ratatouille[#2]), une des morales de l'histoire est on peut devenir ce qu'on veut en grandissant (mais ce ne sera pas facile et il faudra sans doute lutter pour y arriver), bref, rien de très original, même si la façon dont cette morale est amenée est plutôt intelligente, et il y a des rebondissements intéressants. Une autre morale est une leçon contre le racisme (un monde d'animaux[#3] s'y prête, évidemment, très bien), leçon qui n'est pas non plus originale, mais ça ne l'empêche pas d'être la bienvenue et zeitgemäß (comment on dit ça en français, déjà ?), et j'ai trouvé qu'elle était construite de façon assez subtile. J'ai eu la larme à l'œil plus d'une fois.

Mais c'est vraiment l'humour graphique et situationnel qui est absolument génial, et il n'y a pas beaucoup de films qui m'aient autant fait rire. Certes, ce n'est pas très difficile de trouver plein de blagues à faire sur un monde d'animaux, mais même les gags les plus faciles marchent vraiment bien (comme le service des permis de conduire où tous les employés sont des paresseux, le chef de la police qui dit devoir reconnaître the elephant in the room, ou encore l'héroïne qui passe devant une banque appelée Lemming Brothers). Chaque scène regorge de détails incroyablement bien trouvés.

Bref, je ne m'appesantis pas : allez-voir Zootopia si vous pouvez, vous ne le regretterez sans doute pas.

[#] Précisons que Zootopia n'est pas de Pixar (après, je ne comprends rien à l'organisation interne de Disney, et je soupçonne que comme toute grosse organisation, eux-mêmes ne doivent pas vraiment se comprendre, donc je ne sais pas exactement ce que ça veut dire, d'être ou de ne pas être de Pixar : mais en tout cas, parmi les quarante-douze logos qu'on voit défiler au début du film, il n'y a pas celui avec les fameuses lampes).

[#2] Contre-exemple notable : Monsters University. Sans doute pas un des meilleurs films de Disney ou Pixar, mais avoir eu l'audace de faire un film pour enfants dont la morale soit essetiellement non, on ne peut pas toujours devenir ce dont on rêve (mais ce n'est pas si grave) mérite d'être applaudi.

[#3] Enfin, de mammifères : le film est peut-être contre le spécisme, mais il est un peu classiste(?).

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(mercredi)

Je revois The Last Unicorn

Ce soir j'ai revu le dessin animé The Last Unicorn que j'ai vu quand j'étais petit (je crois que c'était avec ma classe — j'étais probablement en CM1 ou CM2, en tout cas à l'école primaire, probablement pas très longtemps après sa sortie). Entre temps, il y a une dizaine d'années, j'ai lu le livre dont il est tiré — je l'avais raconté sur ce blog à l'époque. Aussi bien le livre que le film sont assez étranges : l'histoire est souvent très enfantine, mais elle n'a pas la morale simpliste des contes pour enfants, il n'y a pas vraiment de gentils et de méchants, les motivations des personnages sont difficiles à comprendre, on ne sait pas s'il faut comprendre le tout comme une sorte d'allégorie, de récit symbolique ou codé, une poésie surréaliste, ou encore autre chose, bref, on ne sait pas sur quel pied danser. Le film lui aussi semble changer sans arrêt d'avis sur le registre sur lequel il faut le comprendre, et il y a des passages vraiment bizarres, dérangeants ou inquiétants. La page que je viens de lier décrit ainsi le Taureau de Feu du dessin animé : Pure unadulterated nightmare fuel. This is the kind of thing that makes your stomach drop and gives an ill-prepared child a lifelong complex. You simply can't watch this movie and not be scared of The Red Bull. The Red Bull is fear. De fait, je crois que cette image m'avait beaucoup impressionné quand j'avais vu ce film, et peut-être bien que j'en ai fait quelques cauchemars. (En plus, rien que la traduction française Taureau de Feu, ça fait plus peur que l'anglais Red Bull, même sans compter que maintenant Red Bull est un soda.)

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(dimanche)

Une méta-critique des épisodes I-II-III de Star Wars (PAS le nouveau)

Je n'ai pas encore vu l'épisode-que-tout-le-monde-attendait, donc je ne vais pas en parler (et je ne risque pas de spoiler), mais je voudrais profiter de sa sortie pour livrer de nouveau des réflexions décousues à 20 millizorkmids sur la place de l'œuvre de fiction dans l'imaginaire comme je l'avais fait au sujet de Tolkien.

La « trilogie originale » (pour ceux qui vivent vraiment dans une galaxie lointaine, très lointaine, il s'agit des épisodes numérotés IV (A New Hope), V (The Empire Strikes Back) et VI (Return of the Jedi), et qui sont les premiers à être sortis, respectivement en 1977, 1980 et 1983), fait, pour beaucoup de ma génération, partie des référents culturels avec lesquels nous avons grandi, et évoque surtout un sentiment de nostalgie de l'époque : il devient essentiellement impossible de les juger pour leur mérite propre ou même simplement de les regarder d'un œil neuf. Je ne peux pas penser à Star Wars sans penser à toutes sortes de scènes ou de réflexions de mon enfance qui y sont inextricablement liées dans mon esprit : la terreur quand j'ai vu le VI à sa sortie (j'avais six ans) que m'inspirait le personnage de l'Empereur, la confusion dans laquelle j'étais quant au nombre de films constituant la série (il faut dire que la numérotation n'aide pas, et je pensais qu'il y avait au moins six films à voir), ma fascination pour la musique et les efforts que j'ai faits pour la retrouver de mémoire à la flûte à bec, l'excitation quand j'ai enfin pu me faire acheter les VHS en coffret, etc. Je ne peux pas dire que j'aie été un « fan » de Star Wars (je n'ai jamais collectionné les figurines, lu des livres de l'« univers étendu », joué aux jeux de rôles basés dessus ni été capable de dire la longueur d'un star destroyer), mais j'ai certainement vu chacun de ces films au moins douze fois. (En français avant de les revoir en anglais : alors que maintenant je refuse catégoriquement de voir un film doublé, pour ceux-ci spécifiquement, la VF a une certaine valeur nostalgique à mes oreilles. Ceci dit, je ne crois pas que j'aie entendu la version où Luc s'appelait encore Courleciel.)

J'ai eu une sorte d'épiphanie quand, beaucoup plus tard, j'ai vu le film Battlestar Galactica (je parle du film de 1978, pas de la série TV de l'époque et dont il est plus ou moins le pilote, encore moins de la série TV beaucoup plus récente). Ce film est à peu près contemporain du premier Star Wars, je ne sais pas s'il en est fortement inspiré ou si c'est juste le genre de l'époque, mais les costumes sont dans le même style, la musique est dans le même genre, les deux principaux héros ont plein de ressemblances avec Luke Skywalker et Han Solo, et les effets spéciaux sont autant réalisés avec des bouts de ficelle. Et ce film est vraiment mauvais (suffisamment mauvais pour devenir bon au second degré, i.e., un nanar) : c'est comme ça que je me suis rendu compte que Star Wars, au moins son épisode IV (le premier, donc), était franchement nanaresque, mais que son impact culturel forçait à le ranger dans une autre catégorie que Battlestar Galactica.

Je trouve intéressante la danse qui peut se mettre en place entre une œuvre de fiction et notre imagination : avant même que nous ne voyions ou lisions l'œuvre (je l'ai raconté à propos de Tolkien), mais surtout après, quand nous l'incorporons à notre monde des rêves et de la fantaisie. Quand j'étais ado, j'ai écrit un roman(?), Castor et Pollux, dont la trame était inspirée, voire complètement décalquée, de celle de Star Wars (mélangée à un gloubi-boulga métaphysico-ésotérique que je savais pondre au kilomètre à cet âge-là — sans doute faut-il comprendre que l'histoire de Castor et Pollux est une métaphore tarabiscotée pour la manière dont l'œuvre de fiction peut capturer son propre créateur, auquel cas cette métaphore pourrait avoir une certaine pertinence dans le cas de George Lucas) ; d'ailleurs, l'inspiration n'était pas un secret, les chapitres portent les noms des films de Star Wars traduits en latin (! on va dire que je suis parfois un peu autocaricatural). Toutes sortes de fans avaient certainement développé leur propre imaginaire concernant le passé et le futur de l'Univers de Star Wars.

Peut-être, d'ailleurs, tout cet Univers est-il assez malsain. Énormément d'œuvres de fantastique sont manichéennes dans leur construction, mais le mysticisme de Star Wars atteint un niveau de manichéisme vaguement inquiétant — un niveau où le Bien et le Mal ne sont plus le Bien et le Mal pour des raisons précises mais simplement parce qu'ils sont essentiellement le Bien et le Mal, si bien qu'il n'y a plus à s'interroger sur leurs actions ou leurs motivations, et ceci est la base de bien des formes de fanatisme. (Et on peut lire toute l'histoire des épisodes IV-V-VI comme celle de la radicalisation de Luke Skywalker.) Mais ce mysticisme a pour contrepoint des personnages qui ne sont pas tout blancs ou tout noirs (Han dans l'épisode IV, Lando dans l'épisode V, Vader dans l'épisode VI) et le thème de la rédemption est finalement plus fort que le manichéisme. Au final, la culture pop s'est approprié la trilogie avec peut-être plus d'humour et de légereté qu'elle n'en contient elle-même. Je ne vais laisser ici qu'un exemple, mais je pense que c'est un véritable bijou : le court-métrage George Lucas in Love (visible ici sur YouTube), à mon avis la meilleure fan-fiction sur Star Wars, justement parce qu'il n'est pas de la science-fiction (ni, a fortiori, situé dans l'univers de Star Wars).

Et puis George Lucas est arrivé avec ses épisodes I-II-III (en 1999, 2002 et 2005), et il a tout gâché.

Il y a toujours une certaine violence émotionnelle ressentie quand on s'attache à une œuvre de fiction, qu'on en imagine des extensions, et que l'auteur vient, avec son autorité ex cathedra vous raconter quelque chose de différent — vient casser la construction qu'on s'est faite en rêve pour la remplacer par la sienne, « canonique ». (De nouveau, j'ai parlé de mon expérience personnelle avec Tolkien, mais pour donner un autre exemple, cette année, 55 ans après la publication du roman d'origine, est sortie la suite du classique To Kill a Mockingbird : les réactions ont été assez partagées, pas seulement à cause des circonstances un peu bizarres de cette parution, mais aussi parce que cette suite forçait à réévaluer un personnage qu'on avait peut-être jugé trop favorablement.)

Mais dans le cas de la « prélogie » de Star Wars, à cette violence émotionnelle s'ajoute le choc de découvrir à quel point elle est mauvaise de tout point de vue. Mais le problème n'est pas seulement qu'elle est incohérente, mal écrite, mal mise en scène, mal jouée et mal montée (comme le démontrent par le détail les critiques vers lequel je vais faire des liens ci-dessous) : le problème est surtout qu'elle dissone profondément avec la trilogie des épisodes IV-V-VI, pas seulement sur tel ou tel point de l'intrigue mais, ce qui est beaucoup plus grave, sur le ton général de l'œuvre et de l'univers où elle doit se dérouler. Les fans ont été particulièrement heurtés, par exemple, d'apprendre que la « Force », ce machin mystique central à la saga, était en fait créé par des créatures microscopiques appelées midi-chloriens(?), révélation qui semblait casser toute la poésie de la chose — et révélation d'autant plus agaçante qu'elle n'avait absolument aucune sorte d'intérêt pour l'intrigue du film où elle s'inscrivait. Mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg : énormément de choses, dans ces nouveaux films, vient détruire la poésie des anciens en changeant le regard qu'on porte sur ses personnages, parce que le ton général est tellement différent. (Je donne juste l'exemple de Yoda : il était beaucoup plus intéressant de l'imaginer comme ayant toujours vécu sur sa planète marécageuse et pas à la tête d'un conseil dirigeant des jedis — en fait, le ton des films IV-V-VI suggérait plutôt que les jedis n'avaient pas d'organisation centrale ou de conseil dirigeant ; et il était beaucoup plus intéressant d'imaginer que jamais Yoda n'aurait eu besoin d'utiliser une arme, parce que sa puissance est d'une tout autre nature. Tout ceci me semble plus significatif que l'incohérence qu'on peut soulever dans le fait que dans les épisodes V et VI il est clair que Vader n'a aucune idée de l'existence de Yoda alors que dans les I à III les personnages se croisent à de nombreuses reprises.)

Bien sûr, quantité d'autres œuvres de l'histoire du cinéma ont été « gâchées » par une suite ou un prequel merdiques. Généralement, cependant, cela vient plutôt du studio, qui veut exploiter la franchise, que du réalisateur supposément visionnaire. Il est bizarre qu'ici ce soit George Lucas qui ait saboté sa propre œuvre. (En prétendant, d'ailleurs, avoir suivi ce qui était sa vision dès l'origine : je dois dire que je ne le crois pas du tout. Je ne le crois même pas quand il prétend qu'il avait décidé ce qui se passerait dans l'épisode V lorsqu'il tournait le IV ou le VI quand il tournait le V — si c'était le cas, je pense qu'il n'aurait pas laissé quelques scènes qui prennent rétrospectivement un parfum suspect d'inceste.)

Mais mon propos n'est pas de me plaindre que les épisodes I-II-III de Star Wars sont mauvais : ça ne sert à rien de tirer sur les ambulances. Cela pourrait être plus intéressant d'essayer de comprendre pourquoi ce fiasco : comment se fait-il qu'un créateur disposant de moyens essentiellement illimités et sans aucune contrainte pour exprimer son imagination ni quiconque pour le contredire produise quelque chose d'aussi nul ? Une explication est que c'est justement la difficulté qui fait que l'art est intéressant ; une variante, plus terre-à-terre, est que personne n'osait signaler à George Lucas (comme il était le grand chef, à la fois réalisateur, superproducteur et clé de tout le financement), fût-ce diplomatiquement, que ses idées étaient nulles, si bien qu'il s'est retrouvé complètement déconnecté de la réalité ; ou peut-être qu'il était tellement obnubilé par les possibilités offertes par les effets spéciaux et par tout ce qui apporterait de l'argent en produits dérivés qu'il ne voyait plus que ça. Ou peut-être enfin que les épisodes IV-V-VI ne sont finalement pas mieux que les I-II-III (ni que Battlestar Galactica) mais que nous les jugeons différemment parce que nous nous y sommes habitués et qu'ils sont devenus des références culturelles ? Je ne sais pas. Mais en tout cas, il peut être intéressant d'étudier un peu en détails ce qui n'allait pas bien : critiquer des mauvaises œuvres d'art peut être finalement plus instructif que louer les bonnes. (Et peut-être que dans les cours de litérature on devrait un peu faire la place, au milieu des Shakespeare, Goethe et Racine, pour des écrivains médiocres ou carrément mauvais, afin d'expliquer justement pourquoi ils ne sont pas Shakespeare, Goethe ou Racine. Ou pourquoi les écrivains mauvais ne sont même pas médiocres. Ou pourquoi certains sont encore plus que mauvais. Mais je digresse.)

Bref, je voudrais ici proposer des liens vers trois critiques des épisodes I-II-III de Star Wars qui me semblent vraiment intéressantes : après tout, si s'est farci les sept heures de ces films, autant chercher à comprendre ce qui n'allait pas avec, surtout que ça peut être très drôle d'énumérer les contradictions et les invraisemblances. En fait, ces critiques sont en elles-mêmes des œuvres très construites qui peuvent presque se regarder comme des films. (D'ailleurs, s'agissant de celle de Mr. Plinkett, il y a eu des critiques de la critique, même si je suis tenté de critiquer ces critiques de la critique en disant qu'elles n'étaient généralement pas terribles.)

  • D'abord, il y a la critique par CinemaSins (Everything Wrong With) : à savoir ❄ épisode I partie 1/2, ❄ épisode I partie 2/2, ❄ épisode II partie 1/2, ❄ épisode II partie 2/2, ❄ épisode III partie 1/2 et ❄ épisode III partie 2/2 (ça fait au total environ 25min par épisode). Ils font des critiques de toutes sortes de films, toujours de façon linéaire, c'est-à-dire en montrant des extraits du film, dans l'ordre de celui-ci, et en marquant des choses qui ne vont pas comme des « péchés », qui vont du totalement anecdotique à l'incohérence majeure — ils ne se prennent pas du tout au sérieux et ne cherchent pas à hiérarchiser leurs critiques ni à les regrouper en quelque chose de synthétique, mais ça n'empêche pas que certains des reproches sont extrêmement bien vus, et que c'est globalement très rigolo à regarder. (Par ailleurs, celui qui dit la critique parle très très vite, et on est souvent obligé de faire une pause pour relire la phrase en sous-titre avant d'arriver à la comprendre.)
  • Ensuite, il y a celle par « Mr. Plinkett » de RedLetterMedia, personnage fictif qui mérite lui aussi son analyse sur Wikipédia : à savoir ❄ épisode I partie 1/7, ❄ épisode I partie 2/7, ❄ épisode I partie 3/7, ❄ épisode I partie 4/7, ❄ épisode I partie 5/7, ❄ épisode I partie 6/7, ❄ épisode I partie 7/7, ❄ épisode II partie 1/3, ❄ épisode II partie 2/3, ❄ épisode II partie 3/3 et ❄ épisode III (le découpage est différent à chaque fois, mais il y en a pour environ 1½ heure par épisode — oui, c'est très long). Cette critique est très bizarre, parce qu'elle fait souvent des blagues complètement décalées, des longues digressions et des non sequitur (non sequuntur ?), mais surtout, elle est prononcée par une voix exprès insupportable (dans le genre mec bourré qui articule mal), celle d'un personnage fictif (Mr. Plinkett) qui est censé être un psychopathe qui enferme et torture des femmes dans sa cave : le tout est vraiment étrange, mais ça n'empêche la critique d'être très juste et très détaillée, soulignant à la fois des erreurs ponctuelles et des problèmes d'ensemble, ne se contentant pas de montrer pourquoi tel ou tel élément d'intrigue est incohérent mais aussi, par exemple, pourquoi le film ne permet pas aux spectateurs d'« accrocher » aux personnages. • [Ajout ()] Pour ceux qui ne veulent pas regarder plus de quatre heures de critiques, ici (1h19′22″ dans la critique de l'ép. III) commence un passage assez court (<10′) qui souligne un point qui me semble particulièrement juste et frappant sur la manière dont Lucas traite les acteurs et les dialogues dans cette prélogie ; et ici (2′12″ dans la partie 3 de la critique de l'ép. II) commence un passage encore plus court (<4′), mais encore une fois extrêmement juste, sur le problème fondamental à ce que Yoda utilise un sabre laser.
  • Enfin, je veux pointer vers une critique un peu différente parce qu'elle est constructive : ici, il s'agit d'expliquer comment ❄ l'épisode I, ❄ l'épisode II et ❄ l'épisode III auraient pu être meilleurs (ça dure respectivement 12′, 16′ et 24′). C'est-à-dire qu'avec essentiellement les mêmes personnages, et en ne changeant pas de façon fondamentale l'intrigue, il réussit à raconter une histoire considérablement meilleure et plus cohérente que celle que Lucas a produite (avec même un storyboard pour l'illustrer). Et même si elle n'est pas aussi drôle ou aussi sarcastique que les précédentes, je trouve que cette critique est finalement la plus cinglante : peut-être que la meilleure manière de montrer que quelque chose est mal fait est de le refaire soi-même correctement.

Ajout () : Je dois encore faire un lien vers la théorie amusante proposée par le webcomic Wondermark : il faut imaginer que les épisodes I-II-III ne représentent pas forcément des événements qui se sont vraiment déroulés dans l'univers de Star Wars mais qu'ils sont une fiction de cet univers, ayant autant de rapport avec la réalité de l'ascension et de la chute de Vader que Pocahontas avec les événements historiques dans notre univers.

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(mardi)

X+Y (=Le Monde de Nathan =A Brilliant Young Mind)

Je ne sais pas pourquoi ce film a plusieurs noms en anglais, et je ne sais pas non plus pourquoi ils ont décidé de l'appeler Le Monde de Nathan pour sa sortie en France (le 10 juin dernier ; sortie DVD le 21 octobre prochain), alors que X+Y passe très bien dans beaucoup de langues (en contrepartie du fait qu'il est pénible à rechercher sur Internet).

Je racontais il y a quelques mois que j'avais trouvé un peu agaçant que les scénaristes de The Imitation Game fassent passer Alan Turing pour un autiste alors qu'il ne l'était pas, et alimentent ainsi le cliché qui veut que les mathématiciens dans la fiction soient toujours au minimum socialement incompétents quand ils ne sont pas carrément mentalement atteints. Ici, le héros est un jeune autiste anglais doué pour les mathématiques et qui participe aux olympiades internationales de cette discipline. Comme les exercices des olympiades de mathématiques m'agacent[#] autant que le cliché dont je viens de parler, on peut dire que le film ne partait pas avec un a priori très favorable de ma part.

Pourtant, il m'a assez plu pour que je le recommande. D'abord, parce qu'il a réussi à éviter le cliché que je craignais : le héros est autiste et doué pour les mathématiques, et c'est clairement et pas donc ou car, et il y a d'autres personnages qui montrent assez nettement que les scénaristes ne confondent pas les deux. Ils évitent aussi le cliché apparenté (I'm looking at you, Good Will Hunting) du jeune prodige qui est forcément tellement fort en maths qu'il résout tout immédiatement[#2] et fait passer tous les autres pour des nuls — ici, sans vouloir spoiler, le héros est doué, mais il l'est de façon réaliste. C'est sans doute parce que le film est basé sur un documentaire, donc sur des faits réels, qu'il réussit à éviter l'hyperbole, mais c'est assez rare pour être souligné.

(Je ne dis pas que le film évite tous les clichés ou invraisemblances. Par exemple, on laisse beaucoup trop peu de temps à ceux qui préparent les olympiades pour réfléchir sur un problème donné : or absolument personne ne résout ce genre de problème en quelques secondes ; mais on peut justifier ce choix pour des raisons de rythme.)

Ensuite, je trouve assez rare de voir un film qui montre des mathématiques, fussent-elles des mathématiques d'olympiades (voir ma note ci-dessous pour la nuance), sans faire n'importe quoi : on ne nous montre pas seulement des gribouillis ressemblant vaguement à des formules et qui ne veulent rien dire : plusieurs problèmes d'olympiades (ou en tout cas tout à fait dans le genre des problèmes d'olympiades) sont posés, les réflexions sont plausibles, et il y a même une question pour laquelle la démonstration est faite au tableau, de façon correcte et complète (bon, c'est une question à mon avis trop facile pour être d'olympiades, et ce n'est pas très réaliste qu'on applaudisse le héros pour l'avoir trouvée, mais au moins un nombre non négligeable de spectateurs pourra comprendre).

Enfin, l'acteur principal, Asa Butterfield, est remarquable de justesse, dans un rôle pourtant difficile. (On l'avait déjà vu dans Hugo Cabret et Ender's Game, où il était également bon, mais le scénario de ces deux films à gros budget laissait à mon avis moins place à la subtilité des émotions.) L'actrice qui joue sa mère, en revanche, m'a semblé beaucoup moins bonne, mais peut-être que je me laisse influencer par le fait que le personnage m'agaçait.

Sinon, je trouve amusante la coïncidence suivante : j'ai fait référence à l'entrée de blog que j'ai écrite sur le biopic de Turing, qui y est présenté à tort comme autiste, et dans cette même entrée j'évoquais aussi le film, sorti au même moment, sur la vie de Hawking, qui lui a (vraiment) une maladie neurodégénerative. Or le film dont je parle ici met en scène à la fois un personnage autiste et un autre qui a une maladie neurodégénerative (et il est explicitement comparé à Hawking, d'ailleurs). Enfin, peut-être que ce n'est pas une coïncidence mais une sorte de référence.

[#] Pour essentiellement deux raisons. Primo, je trouve que ça a peu de rapport avec les mathématiques : il s'agit de problèmes généralement atrocement astucieux et ne faisant appel à aucune théorie générale, alors que, à mon sens, les mathématiques consistent justement à trouver des théories générales pour éviter les astuces. Bon, pour leur défense, certains problèmes d'olympiades sont au moins assez jolis, ce qui est aussi une caractéristique importante des bonnes mathématiques à mes yeux — mais seulement certains, parce qu'il y en a beaucoup qui sont non seulement difficiles et astucieux mais aussi fondamentalement moches et sans intérêt. (Je précise que je ne suis pas vexé d'y être mauvais : je crois même que je m'en sors honorablement, ou en tout cas que je m'en sortais honorablement quand j'avais l'âge. On m'a d'ailleurs demandé, comme j'avais eu un prix au Concours général de maths, de participer à l'équipe française de la 35e olympiade à Hong Kong — mais comme j'avais aussi un autre prix en physique pour lequel j'étais invité aux États-Unis au même moment, je n'y suis pas allé.) Secundo, et sans doute le plus important : je trouve que l'idée de compétition, que ce soit entre les individus ou les pays, va complètement à l'encontre de l'esprit de la science qui est — ou devrait être — collaboratif et non compétitif.

[#2] Hint : dans la réalité, les maths sont dures pour tout le monde. Si elles ne l'étaient pas, l'hypothèse de Riemann serait décidée à l'heure qu'il est. (En fait, on peut même défendre l'idée que c'est une conséquence d'un théorème et d'un postulat physico-philosophique de Church et Turing que : les mathématiques ne peuvent pas être triviales pour aucun habitant de cet Univers, humain, extra-terrestre ou ordinateur.)

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(vendredi)

L'avenir n'est-il plus ce qu'il était ? (Tomorrowland et le paléofuturisme)

J'avais oublié de mentionner que je suis aller voir Tomorrowland (À la poursuite de demain en français), un film qu'on pourrait qualifier de paléofuturiste parce qu'il évoque la vision de l'avenir que nous avions autrefois (ou du moins, que les Américains avaient dans les années '60), en l'occurrence spécifiquement celle incarnée par l'exposition [techniquement pas] universelle de New York de 1964 (et dont il reste un immense globe terrestre dans le parc de Flushing Meadows).

Et j'avoue que je suis bon public pour ce genre de choses, parce que j'ai tendance à regarder les images de cette exposition universelle (ou d'autres expositions universelles passées, comme celle de Paris de 1900 ou de 1937) avec la nostalgie si particulière d'une époque que je n'ai pas connue. Pourtant, je ne suis pas spécialement tenté d'aller à Milan où a lieu une exposition universelle en ce moment (disons-le franchement, nourrir la planète, c'est chiant, ça ne me fait pas rêver) : est-ce parce que notre vision de l'avenir, l'optimisme qu'on a pu avoir d'être sur le droit chemin vers le meilleur des mondes[#], a changé, ou est-ce simplement une question de nostalgie qui fait que l'avenir paraît toujours plus radieux dans le passé que celui que notre présent nous propose ? (ou, variante, une question de génération : que l'avenir promis par les époques qu'on n'a pas connues paraît toujours plus rose que celui de la nôtre).

Je n'ai pas vraiment de réponse à cette question, qui est sans doute trop vague pour en admettre une. Mais j'ai tendance à soupçonner que deux ans après la crise des missiles de Cuba, l'avenir paraissait un peu plus inquiétant que le Duck and Cover de la décennie précédente ; j'ai tendance à penser que si le steampunk (et ses variantes pour les époques suivantes : decopunk, atompunk et autres choses rigolotes à chercher dans Google images) a du succès, c'est parce que nous gardons de ces futurs antérieurs exactement ce que nous voulons en garder. Peut-être que les générations futures (s'il y en a !) garderont comme souvenir de notre époque non pas notre mélange de défaitisme et d'incapacité à agir concernant les problèmes écologiques et géopolitiques majeurs, mais les zoulies images qu'on peut trouver dans certains films de science-fiction que nous produisons encore (ou qu'on peut trouver en ligne et qui prouvent que les gens rêvent encore de quelque chose).

Le film, cependant, part de l'idée que nous avons effectivement perdu une forme d'optimisme dans l'avenir qui eut prévalu autrefois. Forcément, j'ai aimé l'évocation de cette forme d'optimisme, et j'ai globalement bien aimé le film, mais il y avait quelque chose qui me dérangeait, et la critique qu'en fait le blog Paleofuture (que j'ai peine à croire que je n'ai encore jamais mentionné ici, et que j'en profite donc pour recommander) met exactement le doigt dessus (je recopie juste le passage concerné, qui ne contient guère de spoiler) :

The movie becomes an ouroboros of retro-futurism — a jetpack eating itself. We hear again and again that nobody dreams about the shiny, fantastic futures anymore. But instead of showing viewers those futures, they spend the better part of two hours complaining that nobody dreams of those shiny, fantastic futures anymore.

Tomorrowland is a mere shadow of the future we wanted to see. It could've been a film about a fantastic, futuristic world come to life. Instead it was a 2-hour lecture about our lack of optimism, only hinting briefly at the fun and excitement we're supposed to be dreaming of.

Il y a néanmoins quelques séquences — relativement courtes — où les personnages s'amusent effectivement dans un monde qui combine l'optimisme de l'avenir des années '60 et le raytracing des ordinateurs modernes, et rien que pour ces séquences, ça vaut peut-être la peine de voir le film.

[#] Je paraphrase ici formulation tirée d'un texte que j'aime beaucoup de Stefan Zweig (Die Welt von Gestern (Erinnerungen eines Europäers), c'est-à-dire Le Monde d'hier (Souvenirs d'un Européen)), entièrement consacré à l'esprit, à la fois optimiste mais en même temps incapable de comprendre ses propres tâches aveugles, de la Vienne du début du XXe siècle, vu à travers le regard du témoin de la montée du nazisme et qui ne va pas tarder à se suicider. Voici ce qui pourrait sans doute caractériser l'esprit de l'exposition universelle de 1900 :

Das neunzehnte Jahrhundert war in seinem liberalistischen Idealismus ehrlich überzeugt, auf dem geraden und unfehlbaren Weg zur „besten aller Welten“ zu sein. Mit Verachtung blickte man auf die früheren Epochen mit ihren Kriegen, Hungersnöten und Revolten herab als auf eine Zeit, da die Menschheit eben noch unmündig und nicht genug aufgeklärt gewesen. Jetzt aber war es doch nur eine Angelegenheit von Jahrzehnten, bis das letzte Böse und Gewalttätige endgültig überwunden sein würde, und dieser Glaube an den ununterbrochenen, unaufhaltsamen „Fortschritt“ hatte für jenes Zeitalter wahrhaftig die Kraft einer Religion; man glaubte an diesen „Fortschritt“ schon mehr als an die Bibel, und sein Evangelium schien unumstößlich bewiesen durch die täglich neuen Wunder der Wissenschaft und der Technik. In der Tat wurde ein allgemeiner Aufstieg zu Ende dieses friedlichen Jahrhunderts immer sichtbarer, immer geschwinder, immer vielfältiger. Auf den Straßen flammten des Nachts statt der trüben Lichter elektrische Lampen, die Geschäfte trugen von den Hauptstraßen ihren verführerischen neuen Glanz bis in die Vorstädte, schon konnte dank des Telephons der Mensch zum Menschen in die Ferne sprechen, schon flog er dahin im pferdelosen Wagen mit neuen Geschwindigkeiten, schon schwang er sich empor in die Lüfte im erfüllten Ikarustraum.

Tentative de traduction par mes soins :

Le dix-neuvième siècle, dans son idéalisme libéral, était sincèrement convaincu d'être sur la route rectiligne et infaillible vers le « meilleur des mondes ». C'est avec dédain qu'on considérait les époques antérieures, avec leurs guerres, leurs famines et leurs révoltes, comme un temps où l'humanité était encore mineure et insuffisamment éclairée. Ce n'était désormais qu'une question de décennies jusqu'à ce que le dernier mal et la dernière violence soient définitivement surmontés, et cette croyance en un « Progrès » ininterrompu et irrésistible avait véritablement en ce temps-là la force d'une religion ; on croyait en ce « Progrès » déjà plus qu'en la Bible, et son évangile semblait irréfutablement démontré à travers les merveilles quotidiennement nouvelles de la Science et de la Technique. En effet, une ascension générale, à la fin de ce siècle paisible, devenait toujours plus visible, toujours plus rapide, toujours plus variée. Dans les rues, la nuit, au lieu des lumières pâles, brillaient des lampes électriques ; les magasins portaient leur nouvel éclat tentateur depuis les grandes artères jusque dans les banlieues ; déjà, grâce au téléphone, les hommes pouvaient parler au loin, déjà ils s'y élançaient dans des voitures sans chevaux avec une vitesse nouvelle, déjà ils se projetaient dans les airs en accomplissant le rêve d'Icare.

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(samedi)

Dear White People

Mon poussinet et moi sommes allés voir Dear White People (je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas repéré à sa sortie en France, qui date d'il y a déjà quelques semaines), et je voudrais le recommander très chaudement. C'est un film sur le racisme dans l'Amérique contemporaine, en l'occurrence sur le campus d'une université prestigieuse. Et ce qui le rend intéressant (à mes yeux), outre qu'il est drôle, bien monté et très bien joué, c'est qu'il n'est ni simpliste ni prédicateur ; il nous met (nous autres chers blancs éponymes, surtout quand nous sommes persuadés de n'être pas racistes) mal à l'aise, sans pour autant nous dire quoi penser ou sans nier que le racisme est un problème complexe et pas entièrement noir-et-blanc (ha, ha). Les personnages, donc, ont une certaine profondeur, bien servie comme je le disais par les acteurs, ils ne sont pas caricaturaux, et ils ont des positions différentes sur les relations entre Noirs, Blancs, métisses et autres, ou au sein de la communauté noire (par exemple entre hommes et femmes, homos et hétéros, et même geeks et non-geeks), sans qu'on puisse vraiment dire avec le(s)quel(s) le réalisateur est le plus en sympathie. Bref, on n'a pas l'impression de subir un tract militant, et c'est à nous de trouver la morale, s'il y en a.

Je dois néanmoins prévenir que c'est un film passablement verbeux : à mon avis, sur ce plan il devrait assez bien plaire à ceux qui ont aimé Le Déclin de l'empire américain (un film que j'aime beaucoup, et incontestablement verbeux), avec lequel je trouve une certaine similarité formelle — en tout cas, ceux qui ont horreur des dialogues plein de bons mots et débats animés devraient sans doute s'abstenir. (Par ailleurs, l'anglais peut être difficile à suivre à cause des références culturelles et du jargon estudiantin.)

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(dimanche)

Le dernier blockbuster des Wachowski

Ce soir, mon poussinet et moi sommes allés voir Jupiter Ascending, parce que nous aimons bien le space opera. Je ne veux pas spoiler, donc je me contenterai d'une critique courte.

Les explications (pseudo-)scientifiques sont complètement grotesques (avec notamment toutes les conneries habituelles auxquelles on a le droit quand il est question de génétique). Si on fait abstraction de ça, le postulat général, lui, se tient vaguement (en tout cas, mille fois mieux que celui de The Matrix[#]). Il y a plein de petites incohérences, mais aucune qui m'ait franchement horrifié.

Les scènes d'action/combat, forcément bourrées d'effets spéciaux[#2] et de pub pour la version 3D du film (j'ai vu la 2D, je déteste le cinéma 3D), sont chiantes à mourir. Mais ça, ce n'est pas spécifique à ce film, je le pense d'à peu près n'importe quoi qui sort dans le genre, et ça empire avec le temps — il serait temps que les réalisateurs de Hollywood se rendent compte que la surenchère en la matière finit par ne produire qu'un profond ennui. (Personnellement, j'en suis à décrocher complètement du film quand ça commence à bastonner — je réfléchis à des problèmes de maths en attendant que la séquence soit finie — puisque de toute façon je sais que le héros va s'en sortir sans gain ni dommage significatif.)

En revanche, la représentation d'une aristocratie complètement pourrie[#3] et diaboliquement calculatrice (évoquant assez le monde de Dune), ainsi que les scènes qui se passent sur la planète capitale(?) et qui sont clairement une référence à Brazil, tout ça est vraiment très réussi — et rien que pour ça, ainsi que pour les décors et costumes dans ces séquences, je pense que ça vaut la peine de voir le film[#4].

Je ne sais pas si Andy et Lana Wachowski se veulent révolutionnaires (je veux dire, au sens politique, pas au sens de révolutionner le cinéma) : V for Vendetta pouvait le laisser penser (mais de façon brouillonne et confuse), Matrix peut certainement se lire dans cette direction (mais ses très mauvaises suites ne collent plus avec cette idée). Ce film-ci ne semble pas spécialement appeler à faire la révolution, mais il est possible qu'il provoque cette impression presque malgré lui : en tout cas, que l'effet soit voulu ou pas, je trouve que Jupiter Ascending donne plus envie de pendre les 1% avec les tripes du Landrat de Davos que la lecture de Das Kapital.

Ah, et sinon, vous pouvez consulter Wikipédia pour tout savoir de la signification gnostique de Abraxas (ou Abrasax).

[#] (Spoiler sur The Matrix !) Je parle de l'idée que les humains servent de piles. Idée d'autant plus invraisemblablement grotesque qu'il existait un postulat alternatif évident qui tenait vaguement la route et rendait tout le reste du film légèrement plus crédible : c'est que les cerveaux humains soient utilisés par les machines pour leur puissance de calcul (en déguisant les problèmes qu'on leur fait traiter sous la forme de leurs interactions avec la Matrice).

[#2] On me dit qu'en fait les scènes d'action font usage de plutôt moins d'effets spéciaux que la moyenne. Ah. Peut-être. Dans ce cas, ça ne m'a vraiment pas frappé.

[#3] Tiens, c'est marrant, l'acteur qui joue le principal méchant dans Jupiter Ascending est le même qui joue Stephen Hawking dans le biopic récemment sorti sur ce dernier et que je mentionnais avant-hier. Ça veut sans doute dire qu'il est bon acteur. Mais en parallèle, Benedict Cumberbatch, qui joue Alan Turing dans The Imitation Game, jouait aussi un grand méchant dans un autre space opera récent. Faut-il croire qu'il y a des similarités entre le rôle d'un grand scientifique et le rôle d'un grand méchant de science-fiction ?

[#4] Ou alors on peut aller le voir pour baver sur les pectoraux de Channing Tatum. On peut. Mais pour ça, Magic Mike est probablement un meilleur pari. Pour les hommes hétéro et les femmes homo, remplacez Channing Tatum par Mila Kunis et Magic Mike par Black Swan, ça doit être à peu près pareil (par contre, vous ne verrez pas ses abdos).

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(vendredi)

Le dernier biopic d'Alan Turing

Hier soir je suis allé voir The Imitation Game avec quelques amis. Il faut dire qu'en tant que mathématicien homosexuel cryptographe passionné de calculabilité et intéressé par la philosophie de l'intelligence artificielle, Alan Turing est forcément quelqu'un pour qui j'ai, disons, une certaine admiration, pour ne pas dire une admiration certaine. (Voir aussi ce que je disais à propos de son pardon.) Forcément, je me préparais aussi à être un peu déçu : en fait, ça n'a pas trop été le cas — je ne dirais pas que ce film est un chef d'œuvre[#], mais il s'en tire avec une mention honorable, même si je suppose qu'il va déplaire à certains. Surtout, je trouve que l'émotion fonctionne : toute romancée qu'elle est (pour ne pas dire complètement fictive), la scène où l'équipe de Turing réussit enfin à faire fonctionner la machine à cryptanalyser Enigma est assez forte, et la fin est également très touchante.

(Spoilers dans la suite, mais je ne crois pas que ce soit un film pour lequel ça a la moindre importance.)

Assurément, les scénaristes ont pris beaucoup de licences avec la réalité : il faut considérer qu'il s'agit d'une fiction inspirée de la réalité, et en aucun cas un documentaire. Les travaux antérieurs des cryptanalystes polonais, par exemple, sont complètement passés sous silence (ou évacués derrière une simple phrase que prononce Turing en disant qu'il base sa machine sur une construction polonaise antérieure) : la réalité du déchiffrement d'Enigma était beaucoup plus complexe, il y avait plein de variantes du chiffrement (les différentes armées allemandes n'utilisaient pas la même version, et pas les mêmes protocoles), il y avait toutes sortes de faiblesses opérationnelles, qui ont évolué avec le temps, sur lesquelles la cryptanalyse se basait, rendant toute l'histoire assez compliquée ; rien que définir ce qu'on appellerait en termes modernes l'espace des clés d'Enigma n'est pas évident (le film évoque 159×1018 possibilités, chiffre qui figure sur Wikipédia, mais ce n'est pas vraiment l'espace que les cryptanalystes anglais devait parcourir). Bref, il est logique d'avoir simplifié et modifié ces éléments techniques pour la présentation cinématographique, afin d'avoir une histoire plus simple et plus facile à suivre. De même, l'idée de baser le déchiffrement sur des morceaux de messages prévisibles n'était, dans la réalité, pas un coup de génie mais un principe utilisé dès le départ (par ailleurs, ce n'était pas Heil Hitler mais simplement eins, le mot allemand pour un comme nombre cardinal, qui apparaissait apparemment souvent) : je ne trouve pas que ce soit vraiment abusé d'avoir un peu brodé là-dessus.

La relation de Turing avec Joan Clarke a été gonflée (mais il est vrai qu'ils se sont fiancés, ce que j'ignorais), mais pas de façon scandaleuse. Peut-être plus contestable est l'idée d'avoir montré le héros comme isolé dans sa propre équipe et incompris par ses supérieurs (que je sache, les deux sont faux). Les scènes sur l'enfance du mathématicien sont aussi romancées, mais pas de façon délirante. L'aspect « espionnage » est amplifié, mais je pense que ça se justifie pour le cinéma. Bref, les choix faits sont critiquables mais aucun ne me semble franchement absurde.

Il y en a cependant un qui m'énerve assez, c'est d'avoir fait passer Turing pour un quasi autiste, ou en tout cas un asocial au dernier degré, incapable de comprendre quoi que ce soit aux relations humaines les plus simples, bref, la caricature du génie torturé. (Et ils en ajoutent une couche en le montrant comme imaginant presque avoir une relation avec sa machine, à laquelle il aurait donné le nom de son amour d'enfance : là c'est vraiment grotesque.) Le vrai Turing était un personnage plutôt avenant et drôle, quoique un peu naïf, timide et excentrique. Et autant les autres altérations de la réalité me paraissent justifiables pour le format cinématographique, autant cette modification assez profonde du caractère central ne semble avoir comme seule fin que de renforcer le cliché du matheux fou, incompréhensible donc incompris — et ce cliché est franchement lassant.

Et ce n'est pas que le réalisateur n'aime pas son héros. Au moins, la thèse est clairement d'en faire un héros : l'importance de sa contribution a l'effort de guerre serait plutôt exagérée, et la narration écrite à la fin du film suggère qu'il a pu sauver trois millions de vies, ce qui me paraît un peu sorti d'un chapeau ; de même, la suggestion qu'il a inventé l'ordinateur, quoique pas vraiment fausse, est légèrement trompeuse — il est difficile de dire qui a inventé l'ordinateur, parce ça dépend du sens exact qu'on donne aux mots inventer et ordinateur, Turing est certainement un bon candidat (mais ce n'est pas le seul : Charles Babbage, John von Neumann ou Konrad Zuse me viennent aussi à l'esprit), mais en tout cas ce n'est pas une invention qui est surgie de nulle part et dont l'humanité n'aurait pas bénéficié si la bonne personne n'avait pas été au bon moment. Bref, les mérites du personnage sont plutôt amplifiées qu'autre chose.

(Certains critiques ont reproché au film d'avoir fait de Turing un traître, parce qu'il ne dénonce pas un espion soviétique. Je trouve ce reproche vraiment bizarre. D'une part, il le dénonce quand même un peu plus tard, d'autre part sa décision est rationnellement défendable dans les circonstances, s'il s'agit de s'assurer que le projet continue. À tout le moins, si on considère que Turing est un traître à cause de ça, alors le chef du MI-6 l'est aussi, et les gens qui font cette critique ne semblent pas le soulever.)

Bon, il faut admettre que je suis sans doute prêt à pardonner beaucoup à un film qui montre enfin un scientifique à l'écran dans un rôle intéressant (il y a un film sur Hawking qui est sorti à peu près au même moment, mais je ne l'ai pas vu), ou un personnage homo dans un film qui ne s'adresse pas spécifiquement aux homos, alors si on fait les deux à la fois, c'est tant mieux. Autrement dit, je trouve vraiment triste que le grand public n'ait aucune idée de qui était Turing, je suis prêt à accepter que la réalité soit romancée si on fait passer le message c'était un mathématicien héros de la seconde guerre mondiale grâce à ses travaux en cryptanalyse, et accessoirement un des inventeurs de l'ordinateur, et la manière dont on l'a traité parce qu'il était homosexuel l'a poussé au suicide — c'est déjà bien si cette information passe, et pour l'exactitude historique du reste de l'histoire, les gens peuvent consulter Wikipédia.

[#] Hum, j'ai l'impression que je dis ça à chaque film que je vois, en fait : ce n'est pas un chef d'œuvre, mais il n'est pas mauvais non plus. Je ne sais pas à quand remonte le dernier film que je qualifierais de chef d'œuvre ; quant aux films que je trouve vraiment mauvais, je ne prends généralement pas la peine d'en parler. Je devrais plutôt mettre des notes.

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(samedi)

Interstellar

(Je vais essayer de ne pas spoiler, ou en tout cas pas sur quoi que ce soit d'important.)

Je crois que j'ai toujours aimé les intrigues à rebondissements (je ne sais pas quel mot convient le mieux en français, rebondissements, révélations… l'anglais plot twist est sans doute le plus proche de ce que je veux dire) : les histoires où on découvre que le grand méchant est en fait le père du héros, que celui qu'on croyait gentil est en fait un méchant traître, que (et ce sens-là est à mon avis beaucoup plus intéressant et plus difficile à mener correctement) celui qu'on prenait pour un méchant est en fait un gentil, qu'on s'est totalement trompé sur la nature de X ou Y, que les intentions d'Untel n'étaient pas du tout ce qu'on pensait, que tel personnage est en fait tel autre déguisé, que tel personnage est en fait deux personnes différentes, que quelqu'un apparaît à un moment inattendu ou bien réapparaît, que tel personnage, tel lieu ou tel objet n'a jamais existé, ou bien le contraire, que le général que la princesse doit épouser est une femme ou au contraire que la princesse avec laquelle le héros a couché est un général, que celui qu'on croyait fou ne l'est pas, ou le contraire, que le meurtrier qu'on recherchait est en fait le détective / le narrateur / la victime elle-même, que la femme que le héros a épousé est sa mère tandis que l'homme qu'il a tué est son père, bref, ce genre de choses. Quand on aime ce genre de choses, il est difficile de ne pas apprécier les films de Christopher Nolan, et je pense que c'est beaucoup pour ça qu'il plaît — pas seulement à moi. Je l'ai découvert, je crois, quand je suis allé voir Le Prestige ; j'ai aussi beaucoup aimé Shutter Island [correction : on me fait remarquer que celui-ci n'est pas de Nolan, comme dans l'univers parallèle dont je viens, mais de Scorcese — il faut croire que c'est le plus nolanien des films de Scorcese], et un peu moins (et pour des raisons un peu différentes), Inception. Je ne prétends pas que tous ses films soient forcément bourrés de rebondissements, mais on peut révéler sans trop spoiler qu'au moins un ou deux des éléments de rebondissement que je viens de citer ont servi quelque part dans un film de Nolan.

Interstellar en a aussi sa part, même si ce n'est sans doute pas le plus important dans un film plutôt riche et qui semble hésiter entre plusieurs genres (dont l'un à part entière est sans doute le genre « hommage à 2001 »). Cela ne m'a pas empêché de l'apprécier. Je précise aussi, car c'est très important pour moi dans un film qui doit peut-être recevoir une suite, qu'il y a une véritable fin, on ne nous laisse pas en plan avec une intrigue à moitié achevée (chose que je déteste) : on voit que le film fait potentiellement partie d'un ensemble plus grand, mais il peut très bien se suffire à lui-même. (Et je reciterai cet exemple à ceux qui me prétendent parfois que c'est impossible de concilier les deux.)

Je ne révélerai pas quel est le point de vue du réalisateur sur la conquête spatiale (on sait quel est le mien), d'autant moins que je ne sais pas ce qu'il est : le film reste sans doute volontairement ambigu, et les personnages n'ont pas tous la même idée à ce sujet. Il pose néanmoins, d'ailleurs peut-être malgré lui, et en ayant l'intelligence de ne pas vraiment chercher à y répondre, une ou deux questions éthiques intéressantes, notamment sur ce que cela signifie de nous perpétuer en tant qu'espèce, ou quel but cela doit avoir (cf. l'entrée liée ci-dessus). Tout ça pour dire que la tagline mankind was born on Earth: it was never meant to die here est un peu simpliste.

Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il faut bien accrocher sa suspension of disbelief, notamment en ce qui concerne la physique (ou d'autres lois de la nature, d'ailleurs). Pas que le film soit plus plein d'invraisemblances que d'autres films de SF, mais il donne l'impression de prétendre à plus de vraisemblance. J'ai eu quelque espoir en la matière en voyant que l'extérieur du trou de ver n'était pas ridicule, que certaines images de trou noir étaient inspirées d'images sérieuses (apparemment fournies avec la collaboration de Kip Thorne ; dommage qu'il ne soit pas tombé sur mes vidéos à ce sujet, j'aurais peut-être pu rencontrer M. Nolan). Mais au final, on a droit à la ration standard de bêtises, que ce soit le blabla sur la 5e dimension qui semble inévitable dès que quelqu'un évoque la courbure de l'espace-temps (mais noooooon ! pitié !) ou encore d'une planète près d'un trou noir sur laquelle il suffit de se poser pour que le temps subisse un ralentissement d'un facteur 60000 par rapport aux observateurs juste à côté (allô la Terre ?), et je ne parle même pas de planétologie, d'intelligence artificielle (soupir !), ou de simples ordres de grandeurs sur la taille des choses dans l'univers ou même de vraisemblance interne vis-à-vis de cette physique farfelue (par exemple, si le temps s'écoule 60000 plus lentement sur une planète, une sonde arrivée dessus va sembler envoyer ses bips 60000 fois plus lentement, je crois que tout le monde peut deviner ça). En revanche, j'ai bien envie de voir des images fixes des tableaux noirs remplis d'équations qu'on aperçoit dans quelques scènes du film, parce qu'il y a l'air d'avoir des choses rigolotes dessus (j'ai repéré quelques équations standard de la relativité générale transformée avec des lettres cyrilliques comme indices, je me demande s'il faut y voir une private joke).

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(samedi)

Maleficent

Mon poussinet et moi sommes allés voir le dernier Disney, Maleficent (de, par, pour et avec Angelina Jolie ☺️). J'ai vraiment beaucoup aimé. C'est mignon et rigolo, et c'est astucieux sans prétendre être profond. Certains disent que ce n'est pas un film pour enfants parce qu'il prend le point de vue de la « méchante », mais je pense justement que ce n'est pas mal que les enfants apprennent tôt que la morale est souvent un peu plus subtile que des gentils d'un côté et des méchants de l'autre : donc je dirais que c'est un film pour les enfants de 9 à 99 ans.

Inutile de dire que ce n'est pas très fidèle au conte de Perrault. Mais le retournement de point de vue est intéressant.

[Ajout () : Je devrais mentionner que non seulement le film passe le test de Bechdel, ce qui n'est pas aussi fréquent que ça devrait l'être, mais qu'il est même, sinon féministe, au moins pas trop stupidement patriarchal, ce qui pour une interprétation de la Belle au Bois Dormant n'était pas forcément évident, quoi que puisse en penser M. Bettelheim.]

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(dimanche)

Hunger Games (2) — et un brunch

(Juste pour prouver que je ne parle pas que de géométrie hyperbolique !)

Mon poussinet et moi sommes allés voir le deuxième volet de Hunger Games (2) sur les conseils de cette critique, qui est hilarante comme tout ce que fait The Onion, mais spécialement pour nous parce qu'elle tombait bigrement près des raisons pour lesquelles nous avions vu la première partie.

Ce qui m'a agréablement surpris, au-delà de l'aspect visuel, c'est que le scénario arrive à être moins simpliste que ce qu'on peut attendre d'un film hollywoodien pour adolescent(e)s — ou adolescent(e)s attardé(e)s. (1) Il y a des personnages qui ont une certaine profondeur, y compris des personnages secondaires qui ne sont pas totalement mono-dimensionnels. (2) L'héroïne hésite entre deux garçons, et il n'est pas complètement évident a priori lequel va l'emporter, et il y a même l'idée qu'une relation d'amitié entre un garçon et une fille est possible et peut présenter une certaine richesse. (3) La fin n'est pas totalement prévisible (je ne veux pas spoiler, mais j'ai été plutôt surpris). (4) Quitte à spoiler quand même un petit peu, il y a un personnage qui semble être un méchant et qui ne l'est pas, ressort scénaristique que je trouve beaucoup plus intéressant et plus difficile à utiliser que le contraire. (5) Le film passe largement le test de Bechdel, exigence extrêmement minimale mais malheureusement rarement satisfaite.

🍩

Après le film, nous avons pris un brunch à Bercy-Village (un de nos quartiers préférés dans Paris) dans un restaurant que nous n'avions encore pas essayé : Chai 33 (situé, comme son nom l'indique, au 33 de la cour Saint-Émilion) ; nous connaissions déjà le brunch de son concurrent d'en face, Le Saint M', qui est très bon, mais celui-là est encore meilleur, quoique plus cher : en fait, j'irais même jusqu'à dire que c'est sans doute le meilleur brunch que j'aie jamais mangé, et la cornucopée de bonnes petites choses à manger qu'on nous a servies sur un plateau était assez impressionnante à voir.

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(mardi)

Cloud Atlas

J'ai vu Cloud Atlas dimanche matin, et j'ai énormément aimé. Il faut dire que je suis bon public pour les œuvres constituées d'histoires entrelacées qui s'imitent et se répondent les unes les autres (comment appeler ça ? des fugues narratives, peut-être ?), et malgré quelques clichés un peu fastidieux dans certaines de ces histoires, j'ai trouvé que l'ensemble était intelligemment construit, et surtout, extrêmement bien monté. Parce que ce n'était pas un défi facile à relever que de faire en sorte qu'on arrive à suivre six histoires simultanées, dès le premier visionnage, sans s'y perdre ; et aussi, que le suspens marche de façon sextuple. Je recommande donc ce film à ceux qui aiment, par exemple La Vie, mode d'emploi, ou Si par une nuit d'hiver un voyageur, le film The Hours ou le roman de Cunningham qui l'a inspiré, ou ceux qui auraient voulu pouvoir lire le roman ici résumé.

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(lundi)

Comment sont vraiment les lycées américains ?

Hier mon poussinet et moi avons vu The Perks of Being a Wallflower (traduit en français par Le Monde de Charlie, ce qui est nettement moins poétique). Le film est assez bon, et plutôt touchant, quoique convenu, et je le recommande ; mais ce n'est qu'obliquement que je vais en parler ici (je risque de spoiler un peu, mais juste un petit peu).

Il semble que tous les films américains que j'aie vus qui se passent — au moins partiellement — dans un lycée montrent presque exactement la même vision du lycée, et des rapports entre les lycéens. Parmi les incontournables :

  • l'équipe de football américain (ou plus rarement, de basket ou de lacrosse) qui joue un rôle central dans l'identité du lycée, et dont le coach a une autorité au moins comparable aux profs ;
  • la notion d'élèves populaires (popular kids), souvent les stars de l'équipe de foot sus-mentionnée, avec qui tout le monde veut être amis, et qui sont au sommet d'une sorte de pyramide de popularité (le héros du film étant souvent tout en bas de cette pyramide et va devoir se battre contre l'ordre établi) ;
  • l'importance de l'endroit où on peut s'asseoir à la cantine (cafétéria) du lycée (apparemment on ne s'asseoit pas un peu au pif, il faut plus ou moins être invité à s'asseoir à côté d'Untel ou Untel, et il y a des clans très fermés qui se dégagent à partir de ça) ;
  • le harcèlement (bullying) dans lequel les adultes ne semblent jamais intervenir ;
  • la manière extrêmement codifiée dont fonctionnent les relations entre garçons et filles (aka, the date) ;
  • les rituels immuables qui rythment l'année scolaire (comme homecoming), dont le plus important et le plus incontournable est le bal de fin d'année, où un enjeu majeur est de trouver un partenaire de danse avant le jour fatidique.

Je ne parle pas des cours eux-mêmes où le prof ne semble jamais enseigner quoi que ce soit, et où la sonnerie retentit toujours au moment opportun, c'est clairement une loi du genre (en revanche, je suis curieux de savoir si les élèves quittent effectivement leur chaise à l'instant où la sonnerie retentit).

Évidemment on s'attend à ce que beaucoup de choses soient déformées ou exagérées. Les fictions le font souvent, et par exemple la représentation des ordinateurs ou de la sécurité informatique dans un film hollywoodien a à peu près autant de rapport avec la réalité de ces choses que Bambi a avec un documentaire animalier ; mais d'un autre côté, tout le monde a été au lycée, alors que tout le monde ne sait pas (vraiment) comment fonctionne un ordinateur, donc on ne s'attend pas à autant d'erreurs qui rendraient la chose complètement invraisemblable au spectateur lambda. Je me méfie donc de l'idée de disqualifier quelque chose comme un cliché évident : après tout, aussi incroyable que cela semble, le phénomène des demandes en mariage (toujours par l'homme à la femme dans un couple hétérosexuel) en offrant par surprise une bague avec un diamant, bref, le cliché ultime en la matière, d'ailleurs inventé par la De Beers pour vendre ses pierres, ce phénomène est réel (ou du moins, il n'est pas complètement inventé).

Et il y a des choses qui sont incontestablement vraies dans ma liste : concernant les relations entre garçons et filles, pour trouver une analyse un peu plus vraie et plus intéressante que le regard posé par le cinéma américain lui-même, j'ai par exemple cette interview (traduite en français ici) du sociologue Peter Bearman sur des sujets apparentés. Je trouve très intéressant ce qu'il dit par exemple sur the date :

Those kids, then 15 to 18 in high school, have the most phenomenally normative orientation to relationships than you can imagine. If you give them as we did, cards and ask them to order their ideal relationship, what in the ideal would you like to have happened next year. The order starts off with going out with a group, meeting the parents, maybe holding hands, exchanging presents, kissing, then another affective demonstrations saying I love you, getting an I love you back, touching underneath the clothes. This is really an ordered progression to sexual behavior. It is incredible and it is uniform. It is not just that school, it is pretty much uniform across the culture. Obviously there are some kids who have a different model. The boys have a slight preference to have physical encounters before social encounters. Girls would like to have affective, communication before sex, but these are really tiny marginal differences. So the incredible thing about American kids and actually something people really do not get, is how normative they are. […]

So I think the trick to understanding the date is the puritanical culture that is America. In Europe, boys and girls in high schools interrelate with each other, you do not have the same incredible sex-segregation of friendship groups and in relation, in just hanging around. And there is not this kind of organic set of opportunities for boys and girls to bump into each other, hanging out at the beach, to go shopping together, to do things that they do in their every day life. So the date is the liminal, abstractive moment from every day life for couples. It is the falsity of the activity that makes the date real. So the date is the bringing together of the stranger, the people on the other side do something together that they would not ordinarily do in their every day life. Even the most mundane thing, like going to MacDonald's which they might do all the time by themselves, becomes sacred by virtue of its bringing together the two sexes. That is why you do not have dates and we have dates.

De même, je soupçonne que l'homophobie, ou plus généralement le harcèlement de ceux qui ne rentrent pas dans le moule, ne sont pas complètement inventés (ne serait-ce que parce qu'il y a des tentatives pour y mettre fin) ; et ce sont certainement des phénomènes qui ne sont pas limités aux États-Unis, mais la forme qu'ils y prennent, si on en croit le reflet que l'industrie du cinéma en donne, est sans doute différente de celle qu'elle a en Europe (ou du moins en France).

Maintenant, pourquoi ne pas juste demander leur avis sur la question à des gens qui ont été au lycée aux États-Unis ? Parce que quand on le fait, on obtient des réponses largement contradictoires, entre cette vision que montre le cinéma est complètement fausse et c'est absolument la vérité. Certainement entre autres parce qu'il y a une grande diversité au sein du pays, on ne s'attend pas à ce que tous les lycées se ressemblent ou que tous les lycéens aient la même expérience de leurs années lycée. Mais il y a aussi sans doute ceci que, même si deux personnes ont eu exactement la même expérience, il se peut qu'on leur en montre un résumé et que l'un le juge tout à fait correct tandis que l'autre le trouvera faux : tout simplement parce que la mémoire retient des choses différentes comme plus ou moins importantes, et aussi qu'on ne jugera pas forcément avec la même sévérité une approximation sur telle ou telle chose. Par exemple, concernant le film français Entre les murs, certains de mes amis profs ont dit qu'il était très juste et d'autres qu'il était grossièrement exagéré — alors qu'on peut soupçonner qu'ils ont des expériences assez proches, c'est juste leur jugement sur le portrait qui diffère (par exemple, concentrer la réalité pour la résumer dans le temps imparti peut donner une impression d'exagération forcée ou au contraire de réalité accrue).

Ajout : On me signale cette réflexion dans un commentaire, que je trouve très intéressante ; j'aime beaucoup, notamment, la comparaison avec la cour de Louis XIV.

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(dimanche)

Nanar d'espionage

C'est dur d'être un garçon homo qui a les mêmes goûts qu'une adolescente américaine de 17 ans : ça nous oblige, mon poussinet et moi, d'aller voir des films aussi mauvais que ça (Abduction, Identité secrète en français) pour les beaux yeux de l'acteur principal[#], aussi mauvais mais en l'occurrence pas assez spectaculairement nul pour faire un bon nanar. Vous allez me dire, pour ça je pouvais aller regarder la saga Twilight et voir Taylor Lautner exhiber ses pecs et ses abdos dans le rôle d'un loup-garou aussi improbable qu'huilé de partout ; mais là ça aurait complètement dépassé ma patience et ma tolérance à l'énormité. Donc tant qu'à faire, au moins choisir un film où il joue le rôle principal et où il y ait un peu d'action et de testostérone. Un film aussi formaté que le physique du bôgosse dont on devine qu'il a été formé pour être mannequin et pas acteur.

Mais mon but n'est pas de tirer sur une ambulance, ou en tout cas pas sur celle-là : je veux surtout m'amuser d'une chose, c'est la façon dont les films d'espionnage de ce genre imaginent le concept d'information. En l'occurrence, le cœur du scénario est une liste de noms (cryptée, paraît-il, mais ce point-là ne joue absolument aucun rôle, le mot semble avoir été simplement ajouté pour essayer de gagner de la technocreed) stockée dans le téléphone mobile du père du héros. En un unique exemplaire, évidemment.

Et je ne sais pas combien de fois j'ai porté ma main à mon front devant des films qui tournent autour de cette idée : qu'une information ultra-importante ou ultra-secrète (parce que de nos jours ça semble plus crédible qu'une information ait énormément de valeur plutôt qu'un objet matériel) existe en un seul exemplaire, que personne, bon ou mauvais, n'a l'idée qu'elle pourrait être recopiée ou avoir été recopiée, et que quelqu'un essaie de la récupérer, pas pour avoir une copie lui-même (ce qui aurait un sens), mais pour empêcher d'autres de l'avoir. Jusqu'à des niveaux de ridicule où tel personnage X prend en otage tel autre personnage Y pour demander de Z qu'il lui donne le CD, la clé USB, le téléphone mobile, ou je ne sais quoi, qui contient l'information, afin de la détruire. Hum, voyons, qu'est-ce qui lui prouve que cette information ne sera pas recopiée avant ? et s'il a moyen de s'en assurer, pourquoi ne pas utiliser ce moyen pour s'assurer que l'unique exemplaire sera détruit ?

That's not how information works, guys.

Et je ne sais combien de fois je me suis dit, en regardant tel ou tel film de ce genre, que si j'étais le héros je ferais N copies chiffrées du fichier ultra-compromettant que le méchant essaie de récupérer, j'en enverrais une à plein de grands journaux de la planète plus une sur différents torrents avec un nom bien alléchant, et je déposerais la clé de chiffrement chez plusieurs avocats, chacun ayant la mission que s'il arrive quoi que ce soit de suspect à moi, à mes proches, ou à un autre des avocats, il l'envoie à tous les dépositaires du fichier. Je conviens que mon scénario à moi souffre aussi de plein d'invraisemblances, mais aucune qui ne soit déjà copieusement exploitée dans ce genre de films, et en plus il a effectivement été utilisé dans la vraie vie, et je précise que j'avais cette idée bien avant que Julian Assange ne la mette en œuvre (et je ne prétends à aucune originalité).

Forcément, ce genre de façon de faire diminuerait pas mal les possibilités de courses-poursuites-avec-cascades pour récupérer l'exemplaire de l'information. Mais je pense qu'il y a quand même moyen de faire des scénarios intéressants, avec de l'action.

[#] De fait, quand je relis les entrées de la catégorie cinéma de ce blog, une bonne proportion des films n'a été vue que, ou principalement pour, l'acteur principal. Assumons : ce n'est pas ma faute si David Lynch ne fait pas jouer Zac Efron, hein !

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(dimanche)

Habemus papam

Je suis allé voir le film Habemus papam de Nanni Moretti, l'histoire d'un pape nouvellement élu et récalcitrant, et j'en ressors avec une impression partagée. Dans l'ensemble j'ai bien aimé l'ambiance de cette comédie rafraîchissante et assez attendrissante. Le collège des cardinaux est présenté comme une bande de vieillards un peu enfantins et finalement bien sympathiques, et le personnage joué par le réalisateur (un psychanalyste) est vraiment excellent. La scène où le pape croise des gardes suisses en exercice dans les jardins mérite aussi qu'on voie le film. En revanche, la chute m'a gravement déçu : on a eu l'impression que pour éviter à tout prix la fin que le spectateur attendait et voyait venir (cliquez ici pour dévoiler : ), le réalisateur a choisi un dénouement différent, plus grave, peut-être plus tchékhovien mais à mon avis en décalage avec le reste du film. Au final, je ne sais pas si je dois recommander.

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(dimanche)

Thor

Je suis allé voir Thor parce que Chris Hemsworth est très mignon parce que j'avais envie de voir un nanar ce soir.

Je suis méchant : Hollywood produit des films qui sont incroyablement formatés, mais qu'il n'y a pas de honte à apprécier comme tels. D'abord, il y a de jolies images ; de très jolies images, même : très formatées, léchées, aux effets spéciaux soignés comme des tableaux qui seraient une sorte de croisement entre John Martin pour les perspectives monumentales (vous ne connaissez pas John Martin ? il faut admettre qu'il n'est pas inoubliable), et Jacques-Louis David pour les personnages au style pompier. Je vais souvent voir les films juste pour les images, en fait (la séquence, dans le Seigneur des Anneaux, où on allume les feux d'alerte, mérite à elle seule qu'on voie le film) ; même si je regrette de plus en plus qu'ils soient en train de relâcher cette beauté picturale à la faveur de la whizzbangitude 3D, mais passons. Pour le reste, vous avez une morale bien plan-plan et tout aussi formatée que les images, et un scénario accessible à un débile, et qui comporte comme contrainte syndicale une histoire d'amour hétéro gentillette. Comptez aussi avec le politiquement correct, qui ici a voulu faire jouer à un acteur noir un dieu nordique (et spécifiquement Heimdallr, qui est pourtant connu comme le plus blanc des dieux, 'fin bon), et un autre à un japonais.

Sauf que là il y en a un peu plus dans le scénario qu'une morale gentillette. Juste un peu, mais ce n'est pas mal, en fait : il y a deux personnages intéressants. Pas le héros, Thor, qui est aussi peu original qu'il est joli garçon, ni l'héroïne, qui est prétendument scientifique (et à cause de ça il faut supporter héroïquement des phrases du style the electromagnetic storm had the characteristic signature of an Einstein-Rosen bridge — pitié !). Pas non plus les acolytes du héros ou de l'héroïne, qui font de la pure figuration. Non, les deux personnages intéressants sont Odin et Loki. Odin est joué par Anthony Hopkins (qui prouve qu'il ne sait pas faire que des méchants psychopathes et vraiment je suis surpris), et celui-ci rend justice à un dieu magicien et sage, qui nous fait en même temps penser au Roi Lear — sans doute n'est-ce pas pour rien que Kenneth Branagh est un célèbre shakespearien. Loki, lui, est joué par un acteur anglais qui apparaissait justement aussi dans le film que j'ai vu jeudi soir, sauf que là il avait consigne de cacher son accent Anglais alors que dans Thor il le montre bien (Hollywood aime bien que les méchants aient un accent anglais), mais je digresse… Loki n'est pas purement méchant (pour un blockbuster comme ça, c'est un exploit), et le personnage reflète assez bien le caractère compliqué et insaisissable du dieu nordique qui l'inspire. Je ne dis pas que tout cela soit extrêmement profond, mais par rapport à ce que je me m'attendais à trouver, c'est une heureuse surprise.

Bref, pour les personnages d'Odin et de Loki et pour les très jolis paysages en images de synthèse et pour le beau blond aux yeux bleus dans le rôle éponyme, ça peut valoir la peine de voir ce film.

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(dimanche)

Midnight in Paris

J'ai vu le dernier Woody Allen avec mon poussinet. J'ai été moins emballé que par le précédent que j'avais vu (Whatever Works) (je me rends compte que je n'ai rien écrit dans ce blog à ce sujet, c'est dommage parce que j'en suis vraiment fan), mais c'est quand même mignon et poétique, et même si on rit moins que dans les pures comédies de ce réalisateur, ça plaît forcément aux gens qui comme moi adorent Paris (ou qui veulent jouer au petit jeu d'identifier où a été tournée chaque scène — notamment pendant la séquence d'ouverture).

Pour en dire un peu plus, je dois accepter de spoiler très légèrement : ce qui rend le film amusant, c'est toute la galerie que Woody Allen réussit à dresser de personnages célèbres ayant vécu dans le Paris des années 1920 — des portraits à la fois plausibles et surprenants, qu'on rencontre de façon inattendue et souvent très drôle. Il y a une chose qui me surprend, cependant, c'est que Woody Allen est notoirement un réalisateur apprécié uniquement des Français, or les personnages qu'il décide de présenter sont vraiment ceux qu'un Américain est susceptible de connaître et à part une très brève mention de Cocteau il n'y a pas un Français dedans — pas un Aragon, un Breton, un Éluard, un Giraudoux, un Braque ou un Duchamp (je ne dirai pas qui sont les gens qui apparaissent effectivement, parce que je ne veux pas spoiler, mais vous avez à peu près tous les Américains célèbres qui sont passés à Paris à cette époque, et bien sûr quelques non-Américains aussi) ; donc, d'une certaine manière, c'est quand même bien un film qui vise les Américains. Une autre absence qui me semble en fait beaucoup plus étrange, c'est celle de James Joyce, qui en toute logique aurait dû apparaître dans ce film, que je m'attendais à voir surgir d'un moment à l'autre, et qui n'y figure pas.

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(mardi)

Powers of Ten

Beaucoup connaissent sans doute déjà le célèbre film scientifique Powers of Ten de Ray et Charles Eames, qui présente la taille relative des choses dans l'Univers, et des puissances de dix, par un zoom à travers le cosmos, entre un panorama qui englobe de nombreuses galaxies et l'intérieur d'un proton dans la peau d'un homme qui dort après un pique-nique à Chicago (ce pique-nique constituant la scène initiale du film, et le milieu du zoom). Sinon, je vous encourage à le voir (cf. aussi ici).

Je l'ai vu pour la première fois en 1984 au Ontario Science Centre (quand mes parents et moi habitions Toronto) — ce même musée des sciences dont je me plaignais il y a trois ans qu'il était devenu juste une attraction ludique pour gamins. Il y avait une petite salle où il passait en boucle, et mon père et moi (mon père surtout, mais moi aussi) en étions fans et nous l'avons vu de nombreuses fois.

Sauf que c'est un peu plus subtil : il y a deux versions du film. Celle que j'ai vue et revue en 1984, c'est la version de 1968, qui est en noir et blanc si je me rappelle bien. Plus tard, le Science Centre a changé et a mis la version de 1977, en couleur (je crois que je l'ai vue en 1988 quand nous sommes retournés à Toronto pour un été), et c'est cette version-là qu'on voit maintenant partout (y compris sur le lien vers YouTube que je donne plus haut). La différence notable entre la version de 1968 et son remake, c'est que la version ancienne, dans la partie du voyage des puissances de dix qui zoome vers l'extérieur et vers le cosmos, affichait les effets relativistes (le temps qui s'écoule pour le voyageur et le temps qui s'écoule sur Terre, notamment, au fur et à mesure que la vitesse s'approche de celle de la lumière). Cela a probablement été jugé trop difficile à comprendre et un peu hors sujet, et éliminé de la version suivante. Mais mon père aimait beaucoup mieux cette première version, et a été déçu quand le film a changé.

Toujours est-il que la version de 1968 est apparemment introuvable sur le Web. C'est dommage. Il y a cependant un DVD, trouvable sur Amazon (mais uniquement d'occasion), qui contient apparemment les deux versions : du moins si j'en crois un commentaire qui confirme mon souvenir à ce sujet :

The primary difference between the two versions is that in the first version, there is a side window kept running throughout the movie, which shows the effect of relativity on the time-keeping of ten seconds per order of magnitude of meters travelled. Around the time the "camera" pulls back from 10-to-the-13th to 10-to-the-14th meters, the subjective time-sense of the camera operator would start to be strongly affected by relativity, because the "camera" would start to be travelling at a significant fraction of the speed of light. Gradually, subjective and Earthly time-sense gets so far out of whack that ten seconds for the cameraman would be 100,000,000 years on Earth. This might have the effect of prompting the philosophically-inclined viewer to get the screaming meemies, but it's better not to sweat the phiosophical details too much. Just ride with it, baby. Anyway, evidently, the producers decided that the additional feature of the relativistic clock was too distracting, and they pulled it from the final version. Here in this video, we get to see both versions of the film, which is a pretty tremendous experience.

J'hésite un peu à l'acheter, mais bon, c'est quand même un peu cher (et généralement acheter un article d'occasion chez Amazon.com quand on n'habite pas aux États-Unis signifie passer par plein d'étapes très compliquées pour finalement s'entendre dire que ce n'est pas possible de livrer là où on est).

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(vendredi)

Kaboom

Je suis allé voir Kaboom, parce que la bande-annonce m'avait bien plu. Ben le film n'a pas beaucoup de rapport avec ces extraits. Enfin, plus exactement, l'impression que j'ai eue est qu'il y avait deux ou trois scénaristes et qu'ils se sont amusés à ce que chacun écrive quelques scènes à tour de rôle[#], et qu'ils n'avaient pas du tout le même avis sur ce que devait être le film. Et en plus que l'un d'entre eux avait fait un peu trop usage de psychotropes et qu'un autre avait un sens de l'humour très particulier. Bref, il y a des scènes qui sont bonnes, mais dans l'ensemble, je ne recommande vraiment pas ce film inclassable. Sauf peut-être comme nanar à regarder après une teuf ou une partouze.

[#] C'est une blague classique sur Internet, je crois (et peut-être quelqu'un saura-t-il la retrouver), l'histoire, malheureusement inventée, où un garçon et une fille (au lycée ou à la fac, je ne sais plus) doivent écrire une histoire en écrivant chacun une phrase ou un paragraphe à son tour, et ils ne veulent vraiment pas la faire aller dans le même sens, et le résultat de la dispute est tout à fait cocasse.

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(dimanche)

Inception

J'ai vu Inception avant-hier. (Je suis stupéfié par le succès de ce film, d'ailleurs : pour une séance à 20h10 dans un grand multiplexe, nous avons acheté nos places à 19h30, et à 19h35 la séance affichait complet. Certes, le film est bon, certes Di Caprio est une star, et certes il y a apparemment eu un peu de tapage médiatique à son succès, mais j'ai du mal à comprendre que ça ait peu atteindre un tel niveau, surtout fin juillet.)

Ça m'a beaucoup plu. Mais je dois dire que je suis bon public : aimant les labyrinthes dans les rêves, la récursion des mondes, n'ayant rien contre les heist movies, et ayant énormément apprécié Le Prestige du même réalisateur, j'étais prédisposé. Je recommande le film à ceux qui aiment le dialogue Little Harmonic Labyrinth dans Gödel, Escher, Bach (dialogue précédant le chapitre V, et inspiré de l'œuvre pour orgue BWV591, Kleines harmonisches Labyrinth de Bach) ; je suis d'ailleurs persuadé que le réalisateur-et-scénariste s'en est inspiré, et que les clins d'œil aux escaliers impossibles de Penrose et autres fantasmagories eschériennes est un hommage au livre de Hofstadter.

Pour critiquer un peu, l'exposition est peut-être un peu longue et fastidieuse (on passe tout le film à apprendre, pour ainsi dire, les « règles du jeu »), le suspens dans les scènes d'action vers la fin est peut-être inutilement étiré, les labyrinthes qu'on nous avait promis ne sont pas vraiment livrés, et j'ai relevé quelques incohérences internes. Mais globalement, c'était très bien, et psychologiquement astucieux.

Et c'est le genre de films sur lequel on peut faire des théories à n'en plus finir pour savoir comment il faut le comprendre au juste (malheureusement je doute qu'il y ait une explication complètement satisfaisante, c'est-à-dire qui relie tous les indices dont on peut raisonnablement penser qu'ils ne sont pas une erreur du scénario). Voici quelques éléments que j'aimerais qu'une bonne théorie arrive à prendre en compte de façon satisfaisante :

✻✻✻spoilers✻✻✻

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(dimanche)

Prince of Persia

Mon poussinet et moi sommes allés voir Prince of Persia: the Sands of Time : c'est nanaresque à souhait, mais c'est vraiment moins mauvais que ce qu'on pouvait penser (disons que ça arrive à se prendre suffisamment à la légère pour que ce soit rigolo). Et Jake Gyllenhaal est mignon tout plein.

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(mercredi)

Delerue est génial

Je parle de Georges Delerue, le compositeur de musique de film. Il est surtout connu pour la musique du film Le Mépris de Godard, et c'est parce que YouTube m'a proposé ce lien que je repense à lui. Mais c'est surtout la musique du film historique (produit en 1989 pour le bicentenaire) par Robert Enrico et Richard Heffron sur la Révolution française qui m'avait hanté : cette musique est géniale [avancez à 1′40″ environ pour le morceau dont je parle]. [Mise à jour () : En fait, il s'agit d'un Hymne à la Liberté composé par Delerue (pour ce que j'aurais plutôt dû qualifier de série télé puisque le film n'en est que l'abrégé), et il y a des paroles : elles sont ici chantées par Jessye Norman.] Elle m'avait trotté dans la tête pendant des années quand j'étais petit, puis je l'avais oubliée, puis elle était ressortie à un moment incongru en 2002, j'ai failli devenir fou en essayant de retrouver ce que c'était, mais heureusement un ami mélomane l'a identifiée pour moi (je suis impressionné qu'il ait réussi, d'ailleurs, à partir de la mauvaise transcription que j'en avais faite, et en n'ayant lui-même vu ce film que longtemps auparavant). Bon, c'est peut-être autant cette péripétie qui explique que j'aime cette musique que le contraire : toujours est-il qu'elle s'est associée dans mon esprit à l'idée de Liberté grâce à ce film ; film, soit dit en passant, qui a aussi définitivement associé pour moi la tête de Louis XVI à celle de Jean-François Balmer.

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(mardi)

Avatar

Comme je ne sais combien de millions de gens, je suis allé voir le film qui rapporte des milliards. Et comme je ne sais combien de milliers de blogueurs, il faut bien que j'en dise ce que j'en ai pensé.

Je l'ai vu en 2D, un peu par hasard, mais ce n'est pas pour me déplaire parce que les lunettes 3D me fatiguent vite, alors je ne crois pas que je les aurais supportées 160 minutes. J'ai l'impression d'arriver à très bien imaginer ce que ça doit donner en 3D, et je ne crois pas avoir perdu énormément (je veux bien croire ceux qui affirment que c'est beaucoup mieux que ce qui s'est fait jusqu'à présent en la matière, mais même comme ça je doute que ce soit vraiment autre chose qu'un gimmick). La beauté des images est dans les textures, les couleurs (notamment la fluorescence la nuit), les magnifiques paysages très miyazakiens[#], bref, la photographie.

Le scénario est d'une platitude extraordinaire : vous prenez Pocahontas ou Danse avec les loups (voire Lawrence d'Arabie, mais édulcoré) et une petite pincée de Starship Troopers, vous ajoutez la mièvrerie des passages sur Endor dans Le Retour du Jedi, un peu de mythe du bon sauvage et une grosse rasade d'écologisme, vous mélangez bien fort, et vous obtenez Avatar. Aucun risque n'a été pris, aucun personnage n'a de profondeur psychologique, le gentil est vraiment gentil et son parcours initiatique est sans surprise, le méchant est vraiment méchant (ou con et buté à tout le moins) et rien ne vient le sauver ou donner un autre son de cloche, le conflit est mené de façon frontale, sans trahison ou autre subtilité. Tout est cousu de fil blanc et se voit venir quinze minutes à l'avance. La morale est simple, voire simpliste : la gentille tribu gagne à la fin contre les méchants envahisseurs (je spoile autant que si je vous révèle que le pape est catholique).

De même, il va de soi que les extraterrestres sont aussi humains que ce que peut imaginer un enfant à qui on parlerait d'hommes de l'espace : à part qu'ils sont bleus et un peu plus grands, qu'ils ont une queue et qu'ils communiquent (vraiment) avec la nature, ils sont exactement comme vous et moi[#2], ils ont jusqu'au même nombre et au même arrangement des doigts de pieds, ils marchent comme nous, ils voient comme nous, ils entendent comme nous, ils parlent comme nous (une langue à peine exotique, et en tout cas assurément prononçable, même pas avec des voix qui sembleraient bizarres), ils pleurent quand ils sont tristes et ils ont une organisation sociale juste un peu tribale, mais sans aucune originalité et surtout rien qui pourrait nous choquer ou les faire paraître moins gentils. Bien sûr, comme dans absolument tous les films de science-fiction hollywoodiens, les extra-terrestres ont de l'ADN, et on peut apparemment le mélanger au nôtre (ben voyons). Les bestioles sur la planète sont vaguement des dinosaures passées à la peinture des images de synthèse, parfois avec des changements triviaux (six pattes sur les chevaux) ; la plupart des plantes ressemblent à s'y méprendre aux nôtres (et pour commencer, elles sont généralement vertes). S'il y avait la moindre prétention scientifique, on grincerait des dents à tel point c'est ridicule : heureusement, il n'y en a pas. De toute façon, s'il y avait la moindre once de réalisme scientifique, le héros n'arriverait jamais à empathiser en quelques mois avec les créatures en face de lui, et le spectateur du film en quelques heures encore moins : le réalisateur a donc bien eu raison dans ses choix. Au moins, les règles de son monde, pour absurdes qu'elles soient scientifiquement, sont cohérentes avec elles-mêmes : je n'ai pas trouvé de bizarrerie interne dans l'histoire.

Je ne pense pas que ce soit une critique que de dire tout ce que je viens de dire. Certes, je regrette un peu : je regrette qu'on n'ait pas donné au méchant une personnalité un peu tourmentée, et je regrette qu'on n'ait pas montré au moins une chance à la diplomatie ou au compromis entre les deux parties, ce qui aurait permis au scénario d'être un peu moins plat ; je regrette aussi que les extra-terrestres soient confinés au rôle du gentil sauvage au savoir ancestral, sans jamais faire preuve d'ingéniosité inattendue. Mais si on va voir Avatar pour son scénario, c'est probablement qu'on s'est trompé de salle. Il faut le voir pour le graphisme, et pour entendre une histoire qu'on connaît déjà : une sorte de mythe, parfaitement prévisible, mais néanmoins émouvant, et raconté de façon à faire éclater cette émotion. Car c'est justement parce que le scénario est simple et linéaire qu'il est touchant. J'en ai eu, en tout cas, les larmes aux yeux (mais j'avoue que je suis bon public). Je rejoins donc au final les critiques favorables que le film a reçues : il faut juste savoir pour quoi on va le voir. Couper un peu son cerveau, mais ouvrir grands ses yeux et son cœur.

[#] Les montagnes qui flottent dans l'air, ça fait vraiment bipper mes neurones à Miyazaki.

[#2] Enfin, je n'en sais rien, peut-être que mon blog est lu sur la galaxie d'Andromède ou bien par des IA qui ont émergé spontanément dans Internet.

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(dimanche)

Les Joies de la famille

Mon poussinet et moi avons vu le film Patrick 1,5 (titre bizarrement traduit en français comme Les Joies de la famille). C'est certes un peu prévisible, mais c'est tout mignon et ça nous a beaucoup plu : je recommande, donc (et pas seulement parce que les deux principaux acteurs, Gustaf Skarsgård et Thomas Ljungman, sont très jolis à regarder). La difficulté, par contre, c'est qu'il n'est (plus ?) diffusé que quand une douzaine de salles en France (deux à Paris) : pour notre part, nous sommes allés au Mk2 Beaubourg (qui s'est fait une certaine spécialité de projeter les films « LGBT-themed »).

En passant, j'ai vu des gens (je crois que c'étaient les Mormons de la rue Saint-Merri) qui s'étaient installés au coin de Beaubourg et qui, perchés sur des bittes[#], lisaient à haute voix des textes religieux en anglais, probablement la bible du roi Jacques ou le livre de Mormon ou quelque chose de ce genre : ça faisait exactement penser à la scène des prophètes de Life of Brian (ou un peu au sermon au tout début de ce passage de The Meaning of Life), du coup j'ai vraiment eu envie de me mettre à côté d'eux et de commencer à prêcher moi aussi (mais je me suis souvenu de comment Brian finit et j'ai préféré éviter).

[#] Des bittes pour empêcher les voitures de passer, je veux dire. Après, si pour Pierre sur une pierre on peut fonder une Église, on peut certainement aussi faire des choses intéressantes sur une bitte.

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(jeudi)

L'Affaire Farewell

Le fait que j'aie une certaine tendance à l'ostalgie, et certainement à la nostalgie (notamment des années '80) explique sans doute en partie que L'Affaire Farewell m'ait plu. J'aime beaucoup les films qui recréent une époque, et j'aime aussi les films polyglottes (ou plutôt, a contrario, je trouve très agaçants les films où tout le monde parle inexplicablement l'anglais, le français, ou ce que vous voudrez). En tout cas, je conseille le dernier Kusturica.

Je ne savais pas que c'était lui le réalisateur, d'ailleurs, sans quoi je ne serais peut-être pas allé voir (je ne connaissais de lui que Arizona Dream et Chat Noir, Chat Blanc[#], que j'ai tous deux détestés, et la blague que les Guignols de l'info avaient fait quand il avait présidé le jury de Cannes où dès qu'on voulait lui parler un orchestre-fanfare se mettait à jouer). Mais je m'aperçois que non seulement il peut faire des films qui me plaisent [Correction : on me fait remarquer qu'en fait il n'est pas le réalisateur, il est seulement acteur ; donc je ne sais pas s'il peut faire des films qui me plairaient] mais aussi qu'il joue lui-même bien, car c'est lui qui joue le rôle principal. Ce que je ne savais pas non plus, logiquement ; j'avais cru m'apercevoir qu'il avait un accent étranger quand il parlait russe[#2], donc je m'étais demandé s'ils avaient pris un Français pour jouer le rôle, mais en fait il a aussi un accent quand il parle français.

[#] Pour autant que ma boule de cristal déchiffre bien le serbo-croate, le titre en VO ressemblerait plutôt à Chatte Noire, Chat Blanc, d'ailleurs.

[#2] Peut-être que je me fais des idées, parce que le serbo-croate n'est vraiment pas éloigné du russe (mais je ne sais pas ce qu'il en est pour la prononciation), et parce qu'il est par ailleurs plausible qu'il ait dû apprendre le russe quand il était jeune. Mais même si ce n'est pas vraiment un accent, il ne parlait pas russe de la même façon que les autre acteurs (et qui devaient bien être des Russes, eux) et du coup je le comprenais beaucoup mieux.

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(jeudi)

Le culte du nanar

Je fais partie d'un groupe de copains qui organisons régulièrement (de façon semi-confidentielle) des projections de nanars. Le nanar, c'est un film qui est tellement mauvais qu'il en devient bon : notion insaisissable s'il en est, et qui conduit souvent à des débats pour savoir si tel ou tel film est un bon nanar ou juste vraiment mauvais ou, au contraire, secrètement excellent, ou encore vraiment bon au second degré (et le débat n'est pas clair sur le rapport entre ces différentes notions).

Pour l'instant, notre consensus sur la palme absolue revient à Dünyayı kurtaran adam (officieusement Turkish Star Wars), un film de science-fiction turc des années '80, tout en carton-pâte et en récupération de musiques voire de séquences d'autres films (comme Star Wars, d'où le titre alternatif), où le héros, armé de bottes et de gants en or magiques, redécouvre l'Islam et sauve l'humanité d'un grand méchant commandant des zombies qui veut récupérer un cerveau humain pour détruire la Terre… ou quelque chose comme ça. (Il paraît que la suite est sortie, mais qu'elle n'est pas du tout à la hauteur de l'original : sans doute parce que l'original se prend au sérieux et pas la suite — or si un mauvais film sérieux peut faire un bon nanar, un mauvais film comique fait souvent juste un mauvais film comique.)

Parmi les autres petits joyaux de la nanaritude que j'ai découverts au nanar-club, il y a aussi White Fire (aka Vivre pour Survivre) : histoire de plus gros diamant du monde qui brûle tous ceux qui s'en approchent (film dans lequel l'héroïne se fait tuer absolument sans raison puis le héros rencontre quelqu'un qui censément lui ressemble et l'envoie se faire faire de la chirurgie esthétique de façon à ce que l'actrice initiale puisse continuer à jouer le rôle de l'héroïne — c'est vraiment bizarre) ; Doc Savage : un film d'aventure dont le degré défie les lois de l'arithmétique en étant à la fois plus grand que 2 et plus petit que 1 ; Yor, le chasseur du futur : où le héros (pas trop mal foutu d'ailleurs) commence comme une sorte de Rahan, chasseur dans un monde préhistorique (bon, il ne chasse jamais rien, il ne fait que détruire accidentellement tout ce qu'il touche, mais il paraît que c'est quand même un chasseur), et finit inexplicablement par affronter une douzaine de clones de Darth Vader dirigés par un grand méchant fort opportunément nommé Overlord ; Flash Gordon : qui prouve que le ridicule ne tue décidément pas, mais qu'est-ce que ça a quand même dû coûter cher ; Howard the Duck : l'œuvre que George Lucas essaie désespérément de faire oublier (ça fait moins glamour d'être auteur de l'histoire d'un canard extraterrestre qui tue un grand seigneur noir de l'espace, que d'être l'auteur de Star Wars — même si à la réflexion on voit que c'est le même esprit) ; ou bien Le Jour et la Nuit de Bernard-Henri-Lévy-Philosophe-Télé : le film qui prouve que les intellos français peuvent faire de très bons nanars avec leurs pensées profondes. Ah, et il y avait aussi une histoire de quelqu'un qui se transformait en dindon géant tueur d'humains parce qu'il avait pris des drogues et que des savants fou avaient fait des expériences sur lui, mais malheureusement je ne me rappelle plus le titre de cet ovni.

N'oublions pas non plus le classique des classiques, le joyau de la couronne du plus mauvais réalisateurs de tous les temps, le génialement mauvais Plan 9 from Outer Space, où des extra-terrestres ressuscitent les morts sous forme de zombies pour obliger les humains à reconnaître leur existence et les conduire à faire la paix afin d'éviter qu'ils fabriquent l'arme ultime qui détruira tout l'Univers en faisant exploser les molécules de rayons solaires (si, si !) ; un film célèbre pour des phrases aussi invraisemblables que we are all interested in the future, for that is where you and I are going to spend the rest of our lives; and remember, my friend, future events such as these will affect you in the future ; un film, aussi, qui contient des scènes jouées par le grand Béla Lugosi alors que le film a été commencé après la mort de celui-ci. (À ce sujet, je recommande vivement le film Ed Wood de Tim Burton, qui raconte notamment les circonstances du tournage de Plan 9 from Outer Space : en le voyant, on se dit que, non, ce n'est pas possible, c'est trop gros, et on lit ensuite sur Wikipédia que, si, pratiquement tout est authentique.)

Mais hier la nanaritude de nos projections a atteint des sommets plus exotiques avec देवी माँ (Devī Mã), un petit chef d'œuvre du kitsch issu des studios bollywoodiens. C'est l'histoire du roi des démons qui veut dominer le monde et devenir immortel en tuant la déesse-mère (la Devī Mã éponyme — que les sous-titres anglais que nous avions traduisaient d'ailleurs en godmother, un contresens amusant) : comme ses premières tentatives à base de plantes maléfiques échouent, il doit capturer une petite fille qui est à la fois la fille et l'incarnation de la déesse (ce n'est, disons, pas très clair). La déesse essaie de convaincre la mère (humaine) de la petite fille de lui livrer la fille, mais la mère refuse, d'où soucis divers et variés (en fait, la dispute entre la mère humaine et la déesse occupe beaucoup plus le film que l'histoire du roi des démons). Les rebondissements sont subtils et tout à fait inattendus (indication : tous les personnages féminins — autres que l'héroïne — apparaissant dans le film sont, en fait, des incarnations de la déesse, et pour ceux qui ne comprendraient pas avec les serpents partout, elle clignote régulièrement sous sa forme divine à la peau bleue et armée d'un trident). Les effets spéciaux sont subtils et raffinés (le roi des démons sait se rendre transparent, mais le clou du spectacle est le squelette géant crachant du feu qui apparaît à la fin : si on en juge par sa façon d'exploser en petits triangles, il a demandé au moins une microseconde de calcul à un ordinateur quelque part). Et surtout, on a droit à à peu près une seule phrase musicale (le Leitmotiv de la déesse) répétée pendant deux heures, à la fin on devient fou à l'entendre. Les intermèdes dansés (au son de l'unique phrase musicale, donc) sont délicieusement interminables. Bref, du grand nanar. Nous avons tous regretté de ne pas avoir invité Joël pour nous détailler l'herméneutique sans laquelle nous étions perdus dans la complexité du scénario.

Mise à jour : Le nanar'club a un blog ! (un skyblog, ça s'imposait…)

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(mercredi)

Kung-Fu Panda

J'ai bien aimé le dernier Dreamworks (que je trouve pourtant généralement moins bon que Pixar), sans doute mieux que Shrek. Je m'attendais à ce que soit distrayant et vaguement stupide, en fait c'est vraiment drôle, c'est délicieusement mignon, ce n'est pas con, et c'est même un peu émouvant ; le kung fu est montré d'une façon amusante mais pas moqueuse. Évidemment, le scénario n'est pas d'une infinie subtilité, mais il y a quand même quelques ressorts bien trouvés (et peut-être quelque chose de madorien dans un ou deux rebondissements de l'intrigue 😉) et plein de références à Star Wars ou peut-être The Matrix.

Sinon, j'ai a-do-ré le personnage du père du héros, et aussi celui du vieux maître tortue.

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(dimanche)

Nés en 68

Il faut que je précise que j'ai un faible particulier pour les films qui reconstituent le Zeitgeist d'une époque récente ou retracent l'histoire d'une période telle que vue à travers les yeux de personnages auxquels on s'attache. En fait, ce sont les films qui m'arrachent le plus facilement des larmes[#] alors que les drames sentimentaux n'y parviennent généralement pas. J'ai tenté de faire quelque chose de semblable dans un ou deux de mes fragments littéraires gratuits, mais sans grand succès je le crains.

Par exemple, La meglio gioventù (Nos meilleures années) fait partie de mes films préférés, bien que je n'aie pas spécialement connaissance de la façon dont l'Italie a vécu les années en question ; et dans un genre un peu différent, je pourrais citer C.R.A.Z.Y. (qui se concentre tout de même plus sur la vie de la famille que sur l'atmosphère de l'époque). S'il pouvait être aussi réussi que Nos meilleures années, un film qui retracerait, disons, les trente ou quarante dernières années en France (notamment les années Mitterrand, pour lesquelles j'ai un souvenir attendri) ferait certainement un film que j'adorerais (surtout s'il y avait en bonus un personnage auquel je m'identifierais particulièrement, comme un garçon homo[#2] d'à peu près mon âge).

Tout ça pour dire que je partais particulièrement bon public pour Nés en 68, qui colle à la description que je viens de faire dans la seconde partie de la phrase précédente. Vu que j'ai bien aimé mais que je n'en ressors pas non plus complètement emballé, il faut croire que ce n'est pas aussi réussi que Nos meilleures années. Les principaux reproches que je pourrais lui faire sont d'abord qu'il y a des longueurs ou des scènes vraiment trop appuyées, ensuite que certains événements sont plaqués sur l'histoire des personnages de façon tellement artificielle que ça ne passe pas (ou alors c'est plutôt censé être un clin d'œil, comme les images du World Trade Center en flammes qui apparaissent sur un écran de télé que personne ne regarde). Et Lætitia Casta, même si elle ne s'en sort pas trop mal dans le rôle le plus important du film (et arrive presque à faire croire qu'elle a cinquante ans), est tout de même un peu casse-nerfs à mon goût.

Nés en 68[#3], donc, trace le parcours d'un petit groupe de personnages, dont essentiellement trois qui sont au départ des sorbonnards gauchistes, et leurs enfants, sur une période de quarante ans (mais en se concentrant tout de même sur l'intervalle de 1968 à 1999). À travers eux, les événements qui ont marqué la France pendant cette période, tels que vus et commentés par des ex-hippies (je pense qu'on ne doit guère avoir de chance d'aimer ce film si on n'est pas au moins un peu gauchiste dans l'âme) : la loi Veil, l'élection de Mitterrand, les années Sida, le passage de Le Pen au second tour, et ça se finit avec les déclarations de l'actuel président de la République au sujet de l'héritage de mai '68. Avec comme thèmes importants : la vision hippie de l'amour libre et de la communauté, le militantisme politique et la désillusion, et l'activisme gay (un des personnages milite à Act Up). Si on est branché par ça, alors je recommande.

(Hum, je viens de remarquer qu'Olivier Ducastel et Jacques Martineau — les metteurs en scène — sont aussi ceux qui ont fait Drôle de Félix, Ma vraie vie à Rouen et Crustacés et Coquillages — j'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce dernier, moins les deux d'avant. Donc le fait qu'il y ait au moins un personnage homo était assez prévisible.)

Ah, et j'ai bien aimé la BO, aussi.

Si ça vous intéresse mais que vous n'avez pas la patience de passer au cinéma les 173 minutes que dure le film, il semble qu'il sortira sur Arte en octobre (en deux moitiés, au total un peu plus long que celui qui est actuellement en salles). Je peux aussi faire un lien vers la bande-annonce.

[#] Je ne parle même pas spécialement des passages tristes : ce sont plutôt des larmes de nostalgie, des larmes issues de la pensée moi aussi, j'ai vécu ça, que des larmes de tristesse. Par exemple, si Good bye, Lenin! m'a ému au point de me faire pleurer, c'est que la chute du mur de Berlin est quelque chose qui m'a énormément marqué quand j'étais petit, le sentiment de vivre en direct un moment historique (la demi-génération d'avant retiendrait sans doute le pied d'Armstrong posé sur la Lune, la demi-génération d'après les attentats du 11 septembre 2001).

[#2] Si le garçon en question est joué par un acteur extrêmement mignon (en l'occurrence Théo Frilet, c'est lui qu'on voit sur l'affiche du film, et j'avoue que ça a pu m'inciter à le voir), ce n'est pas plus mal non plus. ☺️

[#3] Le titre est mensonger, d'ailleurs : les personnages de la seconde génération sont, si j'ai bien suivi, nés en quelque chose comme '69 (Ludmilla et Christophe), '71 (Boris, celui qui est joué par Théo Frilet), et '80 (Joseph).

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(dimanche)

L'Âge des ténèbres

Je viens de voir le dernier volet du triptyque commencé avec le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares : comme j'ai beaucoup aimé ces deux-là (le premier fait certainement partie de mes films préférés), il n'est pas surprenant que L'Âge des ténèbres m'ait également plu, même si je précise que ce n'est pas la suite (seule une très brève intervention de l'acteur Pierre Curzi — qui jouait le personnage du même prénom dans les deux premiers films — établit un lien quelconque). Je continue cependant à préférer le film très bavard de '86 (est-ce parce que la conversation d'intellectuels se racontant leurs malheurs voire leurs prouesses amoureuses est quelque chose dont j'ai l'habitude ? 😉) ; ce troisième chapitre me semble manquer un peu d'originalité dans ses thèmes de fond (incapacité à communiquer, absurdités bureaucratique, manie du politiquement correct, réfuges dans des mondes de fiction, etc.) et aussi dans sa conclusion (au risque de spoiler, c'est à peu près celle de Candide même si elle n'est pas clairement énoncée), et aussi parfois forcer un peu trop le trait de la caricature. En revanche, le comique, lui, est assez réussi et parfois assez original.

En résumé : ce n'est pas génialissime, mais les critiques que j'ai lues (comme celle-ci) m'ont l'air de venir de gens qui ont dû beaucoup aimer les deux permiers films et jugent trop sévèrement les différences de celui-ci.

Et ça m'aura donné l'occasion de découvrir ce chef d'œuvre inoubliable qu'est Zémire et Azor d'André Ernest Modeste Grétry, variante de l'histoire de La Belle et la Bête. (Je dis ça aussi parce que si vous voulez retrouver le nom du compositeur en cherchant sur le Web, ben ce n'est vraiment pas facile.)

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(vendredi)

הבועה (The Bubble)

Je viens de voir הבועה (The Bubble), film israélien dont l'argument principal est une histoire d'amour entre un Juif de Tel-Aviv (Noam) et un Palestinien de Naplouse (Ashraf). Contrairement à d'autres films de même genre, celui-ci a eu la chance de sortir en France sur un circuit de distribution standard (et pas seulement, par exemple, au Mk2 Beaubourg) ; les critiques en ont été globalement bonnes, et je suis assez d'accord. C'est parfois un peu facile ou simpliste (disons que le réalisme est écarté quand il ennuie les scénaristes), le message politique est gentillet, mais c'est aussi ce côté un peu « conte de fées » qui rend l'histoire et les personnages attachants. Et il y a une part intéressante d'autodérision du milieu pédé de Tel-Aviv complètement dans sa bulle, ou de la gauche israélienne pleine de bonne volonté mais un peu déconnectée de la réalité. À part la fin que je n'ai pas trop aimée (il faut dire qu'il était sans doute difficile de « bien » finir : sans doute eût-il été plus sage de s'arrêter sans chercher à conclure), je suis content : je recommande donc de le voir (avant qu'il disparaisse des cinémas, mardi, j'imagine).

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(mercredi)

Les clichés des histoires de dragons

J'ai eu l'idée bizarre[#] d'aller voir Eragon, ce soir. Ce n'est pas spécialement mauvais (notamment si on le considère comme un nanar de Noël pour enfants — et je savais à quoi m'attendre), mais je suis vraiment impressionné par la quantité de clichés du genre qu'ils ont réussi à accumuler en même pas deux heures de film. On a l'impression qu'un scénariste a ouvert un gros manuel intitulé Comment faire une histoire de heroic fantasy comme tout le monde s'y attend et a suivi absolument toutes les recommandations. Par exemple, on a (attention, spoilers en masse, mais bon, justement, tout est déjà spoilé d'avance) :

  • Le jeune homme qui aspire a une vie normale et qui est Choisi par un artefact / une créature pour devenir le héros.
  • Le Grand Méchant qui ne peut être détruit que par un seul truc, qui a comme par hasard ce truc chez lui, et qui le laisse s'échapper. (Hum, il a détruit tous les dragons sauf un seul œuf, c'est amusant, ça.)
  • Le vieux sage (qui sait absolument tout quoi faire au bon moment, et sur lequel on en apprend plus plus loin) qui habite providentiellement dans le même village que le héros.
  • L'oncle du héros qui se fait tuer au début du film par les émissaires envoyés par le Grand Méchant pour tuer le héros, ce qui donne au héros la nécessité de partir à l'aventure (et ce qui justifie vaguement sa motivation par un besoin de vengeance).
  • Les émissaires du Grand Méchant qui sont suffisamment idiots pour tuer l'oncle et repartir avouer auprès du Grand Méchant leur échec à trouver le héros, au lieu de bêtement attendre (sans tuer son oncle) que le dit héros rentre chez lui pour le cueillir.
  • Le Grand Méchant (enfin, son bras droit, en fait) qui tue systématiquement tous ses subordonnés qui échouent dans leur tâche. (Ça c'est vraiment le Cliché Ultime. Ça n'a vraiment aucun sens à part souligner lourdement que c'est vraiment un Grand Méchant.)
  • La voyante qui prévoit plein de choses au héros et qui, forcément, a raison tout du long (mais s'exprime de façon confuse, sinon c'est pas du jeu).
  • Le vieux sage qui prononce quelques adages bien sentis qui servent de paroles de sagesse tout au long du film.
  • Tous les schémas d'apprentissage qui suivent le motif : j'essaie une première fois, j'échoue, on me pousse à réessayer, je me laisse convaincre, j'y mets de la bonne volonté, et je réussis brillamment.
  • Le héros qui découvre ses pouvoirs magiques juste comme il faut et quand il faut, et pour qui les mots magiques qu'on a appris en passant sont exactement ceux qui lui permettent de se tirer d'affaire.
  • La magie qui se dit, bien sûr, dans une langue vachement ancienne et dans laquelle tous les objets ont leur Vrai Nom.
  • Le vieux sage qui a poussé le héros à se mettre en route qui, évidemment, cache des choses sur son passé et a des regrets (pas vraiment des remords) sur la conscience, desquels il cherche à se décharger par l'intermédiaire du héros.
  • La princesse forcément magnifique qui a juste l'âge qu'il faut pour que le héros s'intéresse à elle et réciproquement. Et qui est forcément héroïque et très forte elle aussi.
  • Le héros qui va prendre une décision sur un coup de tête qui va s'avérer être la bonne même si elle conduit à la mort prématurée du vieux sage.
  • La mort du vieux sage avec des paroles lénifiantes à destination du héros.
  • Le copain vaguement surgi de nulle part et sur lequel il plane l'ombre d'un doute, mais qui est quand même bien utile.
  • L'armée bien cachée qui n'attendait qu'une seule chose pour livrer bataille, c'est que le héros en prenne le commandement.
  • Le Grand Méchant qui cherchait à localiser l'armée en question depuis des années et qui n'y arrive que quand le héros la rejoint (OK, il le fait suivre : mais ça a quand même l'air un peu facile).
  • Le bras droit du Grand Méchant dont les pouvoirs varient précisément en fonction des besoins de l'intrigue (un moment il peut tuer d'un seul doigt et se téléporter n'importe où, à un autre moment il a vachement plus de mal, etc.). Pareil pour tous les gentils, d'ailleurs, mais c'est un tout petit peu moins frappant.
  • La bestiole aidant le gentil (en l'occurrence, un dragon) qui gagne son dernier point de pouvoir (en l'occurrence, cracher du feu) pile à temps pour la bataille finale.
  • La bataille finale, qui vient couronner la construction archi-classique : découverte du nœud de l'intrigue, apprentissage+fuite, morceau de bravoure, découverte de l'armée, bataille finale.
  • Le duel entre le héros et le Grand Méchant (enfin, son bras droit : le vrai Grand Méchant, faut le garder pour les films qui suivent) au moment de la bataille finale.

Pfiou ! Et ce n'est même pas tout, mais je ne vais pas chercher à être exhaustif. (Ça va jusqu'à l'éthniquement correct du chef de l'armée gentille, qui est noir — remarquez qu'il n'a aucune importance dans le scénario, il fait juste partie du décor.)

Notez bien que je ne me plains pas, hein ! C'est la règle du jeu, d'accumuler les clichés, et ce serait aussi absurde de s'en plaindre que de protester que les films indiens des studios de Bombay ont une vision un peu romantique cul-cul de l'amour : on va les voir pour ça. Mais je trouve quand même la dose un peu forte et, surtout, ce n'est pas le problème du nombre de clichés, c'est du fait de ne pas savoir en jouer aussi un peu parfois. (Willow, par exemple, est un film du genre qui, sans s'en affranchir, sait très bien jouer avec les clichés de temps en temps.) Sans aller jusqu'à dérouter le spectateur, il est agréable d'en prendre un à l'envers, ou de faire le contraire de ce que tout le monde attend, ou de rajouter une couche inattendue de méta (c'est-à-dire évoquer le cliché lui-même dans le film, d'une façon ou d'une autre), ou toutes sortes d'autres possibilités qui romptent la monotonie. Ici, rien de tout ça. Mais je rêve d'une histoire de heroic fantasy qui réussirait à la fois à se conformer aux règles des clichés et à les dépasser de façon intelligente.

[#] Partiellement expliquable par une place restante sur une carte UGC à utiliser avant la mi-janvier.

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(dimanche)

Déplacements

Ce soir je suis allé revoir Le Prestige : il est rare que je retourne voir un film au cinéma (les prix sont, il faut bien le dire, assez prohibitifs, surtout quand on n'est plus étudiant), mais la constuction sophistiquée du Prestige, que j'ai énormément aimé la première fois, m'a convaincu de le revoir. Je préfère ne pas en dire plus sur ce film, s'il y a des gens qui ne l'ont pas encore vu, parce que je pense qu'on l'appréciera d'autant plus qu'on est ignorant de ce dont il est question : je me contenterai de le recommander à ceux qui aiment les intrigues compliquées et savamment construites, un peu à la façon d'Agatha Christie ou d'Isaac Asimov.

Après ça j'ai dîné dans un restaurant japonais (un faux, cette fois-ci, où on mange du sushi et où les serveurs parlent chinois), ce qui a été l'occasion pour moi, une fois de plus, de m'étonner de ce mystère profond de la vie : mais où les restaurants japonais se fournissent-ils en glace au thé vert ? J'adore ce parfum de glace, et il semble n'exister, dans cet Univers, que dans les restaurants japonais (et encore, pas tous). Je ne comprends pas pourquoi les grandes marques industrielles, comme Häagen-Dazs, Carte d'Or ou autres, n'ont pas ajouté ce goût à leur répertoire…

En attendant le métro pour rentrer, je regardais la carte du réseau : ce n'est pas comme si je ne la connaissais pas bien, j'en ai un chez moi, mais maintenant ils affichent fièrement le tramway ; comme si on n'avait pas déjà bien compris qu'il ouvrait au public dans une semaine, ce nouveau tramway figure et sur la carte du réseau métro et sur la carte du réseau bus (et aussi sur la carte d'Île-de-France). Je le prendrai peut-être pour aller au parc André Citroën ; mais ce qui me semble, à moi, autrement plus important que le tramway, c'est le fait que le métro restera bientôt ouvert une heure de plus le samedi soir (c'est enfin arrivé).

Dans le métro, je me suis étonné d'un autre des mystères profonds de l'Univers : pourquoi les publicités dans les wagons sont-elles si différentes de celles qu'on voit sur les quais (ou partout ailleurs dans la ville) ? Notamment, pourquoi y voit-on tellement d'offres pour des cours particuliers à domicile (mais il n'y a pas que ça : il y a aussi les cours d'anglais Wall Street Institute — dont je me demande ce qu'ils valent vraiment —, les dernières expositions de la Cité des Sciences, parfois des assurances du style SOS Malus, les solutions de stockage une pièce en plus, et encore quelques autres, plus la presse people sous forme de bandeaux accrochés au toit). Le marché du cours particulier doit être vraiment juteux, j'imagine. Ici il s'agissait d'une pub dont le visuel me semble particulièrement grotesque, montrant un visage qui est celui d'un enfant sur une moitié et celui de Victor Hugo âgé sur l'autre, avec un slogan pas tout à fait aussi ridicule que votre enfant aussi peut être Victor Hugo mais presque : outre que cette pub est nulle, je trouve que l'image est presque effrayante.

Je pensais me coucher tôt : en ce moment non seulement je dors beaucoup trop (jusqu'à treize heures par nuit, et après ça je suis encore fatigué), mais j'ai aussi tendance à me coucher tard. Seulement, alors que je tournais dans la rue pour rentrer chez moi, je me suis rappelé que je devais absolument faire quelque chose au bureau, ce soir impérativement. Certes, l'ENS n'est pas du tout loin de chez moi (environ 20′ de marche), mais je me serais bien passé de cet aller-retour inutile dans le froid (si j'y avais pensé plus tôt, j'aurais pu au moins sortir du métro à un arrêt plus judicieux). Je donne un séminaire jeudi après-midi et je commence déjà à paniquer parce que rien n'est prêt et que j'ai mille choses à faire d'ici là ! Et demain, j'ai encore un rendez-vous chez le dentiste, le matin qui plus est.

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(samedi)

Scoop

Je viens de voir le dernier Woody Allen : j'ai trouvé ça pas mal du tout. Disons que c'est un peu le pendant en comédie du précédent : ça se passe aussi dans la haute société britannique, et il y a aussi des histoires de meurtre. Évidemment, il est difficile de dire si l'un ou l'autre est meilleur — personnellement j'ai bien aimé les deux.

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(vendredi)

The Queen

Il n'est pas surprenant que j'aie aimé ce film, dont l'esprit est condensé dans une des toutes premières scènes : Élisabeth II, recevant Tony Blair (qui vient de remporter les élections) pour lui demander de former un nouveau gouvernement, lui fait remarquer, d'un ton indiscutablement royal, qu'il est son dixième Premier ministre, le premier étant… Winston Churchill, qui s'est assis là, justement, dans cette même chaise. J'adore.

Il s'agit d'un film biographique sur la manière dont la famille royale d'une part, et le nouveau Premier ministre de l'autre, ont appris et réagi à la mort de la princesse Diana : la reine, qui considère que le deuil est une affaire purement privée et que la médiatisation de la mort de Diana n'est bonne pour personne, reste cloîtrée dans sa propriété de Balmoral, tandis que Tony Blair s'efforce de faire comprendre par exemple que, même si une tradition plusieurs fois séculaire veut que l'étendard royal sur le palais de Buckingham n'est pas un drapeau, sert seulement à signaler la présence du souverain au palais et ne doit en aucun cas être mis en berne, il serait pourtant opportun de faire une sérieuse entorse au protocole. En même temps qu'il explique à sa femme (réputée avoir des sympathies républicaines) que, non, il ne cherche certainement pas à profiter de tout ça pour faire abolir la monarchie. En fait, les termes dans lesquels Blair défend la reine, à un moment, face à un de ses propres conseillers qui cherche à la ridiculiser, sont vraiment émouvants.

Bref, je suis bon public pour ce genre de choses, mais j'ai assurément beaucoup aimé. Ce que j'ai le plus regretté, c'est le portrait fait de la reine mère, représentée comme une vieille idiote, alors qu'elle avait gardé toute sa lucidité jusqu'au bout, elle qu'Adolf Hitler avait qualifiée de femme la plus dangereuse d'Europe (et ça, comme titre de gloire, je trouve que c'est beau).

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(dimanche)

Paris, je t'aime

J'ai généralement tendance à aimer les courts métrages[#], donc Paris, je t'aime, qui en est justement une succession, avait des chances de me plaire, et, de fait, j'en sors vraiment emballé. Il s'agit d'un assemblage de 18 histoires, sans lien entre elles autre que de se dérouler à Paris et d'être (dans un sens plutôt large) des histoires d'amour, réalisées par autant de metteurs en scène différents, dans divers quartiers de la capitale française (Montmartre, Quais de Seine, le Marais, Tuileries, « Loin du 16e », Porte de Choisy, Bastille, Place des Victoires, Tour Eiffel, Parc Monceau, Quartier des Enfants Rouges, Place des Fêtes, Pigalle, Quartier de la Madeleine, Père-Lachaise, Faubourg Saint-Denis, Quartier Latin, 14e arrondissement).

Le ton est donc agréablement varié (et comme tout lecteur un tant soit peu régulier de ce blog le sait bien, l'éclectisme est quelque chose qui me plaît énormément) : c'est souvent drôle, parfois burlesque, parfois un peu onirique, souvent touchant ou vraiment émouvant, et en tout cas, aucun de ces petites saynettes n'est décevante (même si, évidemment, toutes ne m'ont pas autant plu). Parfois on a droit à un magnifique coup de théâtre à la fin (je pense notamment au segment parc Monceau, que j'ai trouvé grandiose), parfois non. En tout cas c'est toujours bien vu.

Bref, si vous aimez Paris, ou si vous aimez l'amour, allez voir ce film. C'est encore mieux, bien sûr, si on va le voir à Paris, et avec quelqu'un qu'on aime. ☺️

[#] Avec un bémol, cependant : il y a tout de même beaucoup de réalisateurs de courts qui ont tendance à profiter de la relative liberté que leur offre ce format pour laisser s'exprimer tous leurs délires (genre, faire un film en violet et noir, avec la caméra à l'envers, et complètement muet) et je déteste cette façon de faire. Heureusement, ce n'est pas du tout le cas ici.

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(vendredi)

C.R.A.Z.Y.

Toujours pas de résultats de mes auditions (l'attente est vraiment atroce), et je ne suis pas encore en état de manger des aliments solides, donc je vais passer l'heure du déjeuner à parler d'autre chose.

Je suis allé voir C.R.A.Z.Y. et j'en ressors avec l'impression générale suivante : c'est un très bon film (j'ai vraiment beaucoup aimé), mais il aurait facilement pu être encore meilleur (et du coup c'est un peu dommage).

En bref, il s'agit de l'histoire — à travers deux décennies — d'une famille québecoise, les Beaulieu, avec cinq fils (dont les noms ont pour initiales les lettres du titre : Christian l'intello, Raymond le mauvais garçon, Antoine le sportif, Zachary le personnage principal et Yvan le petit dernier), vue de la perspective de l'avant-dernier, Zach, né le jour de Noël 1960, de son rapport avec ses parents, ses frères, la musique, les garçons…

Là où le film est vraiment excellent, c'est pour ce qui est de capturer l'esprit du temps : les années '60, puis '70, puis le début des années '80, à travers le style vestimentaire, la décoration intérieure, et surtout l'ambiance musicale (si le père Beaulieu aime Aznavour et tient à chanter Emmenez-moi à chaque Noël, Zach, lui, est fan de David Bowie). La manière dont on voit les enfants grandir est simplement vraie à tel point que ç'en est frappant. (Mais il faut dire que je suis bon public pour ce genre de fresques historiques familiales : par exemple j'avais énormément aimé La meglio gioventù (Nos meilleures années).) Et j'ai trouvé touchante la manière dont on nous montre Zach prenant (difficilement) conscience de son homosexualité et arrivant (encore plus difficilement) à l'assumer dans une famille québecoise catholique. (Le mot québecois pour pédé est fif, comme je le savais à cause du titre de la fort intéressante étude Mort ou Fif sur le suicide des jeunes homos. D'ailleurs, il est amusant de voir que pour la diffusion de C.R.A.Z.Y. en France, les producteurs ont cru bon de sous-titrer certaines répliques, des fois que les gens ne comprendraient pas bien le québecois.)

Le principal reproche que je ferais, en revanche, c'est que c'est parfois un peu brouillon. Que le ton hésite entre le sérieux et le comique, ce n'est pas un reproche, mais disons qu'on passe parfois de façon vraiment inattendue de l'anecdotique au drame ou vice versa, et que cela peut donner une impression de manque de punch, ou de construction un peu lacunaire. Disons que c'est j'ai le sentiment que le montage aurait pu être plus resserré ; ou que certains éléments sont introduits, puis oubliés aussitôt, sans avoir vraiment servi, comme si les scénaristes avaient changé d'avis mais sans corrigé ce qu'ils avaient écrit. Ceci dit, ce reproche (somme toute léger) ne suffit pas à entamer sérieusement mon enthousiasme pour ce film. Que je recommande donc.

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(mercredi)

V for Vendetta

Je viens de voir V for Vendetta, le dernier film des frères Wachowski auxquels on doit également Matrix. Globalement, ça m'a plutôt bien plu, mais disons que j'ai bien aimé Matrix et je n'ai pas lu la BD d'origine — et je pense que ce sont des conditions utiles pour apprécier ce film-ci.

C'est amusant, je parlais justement hier d'une autre dystopie ; celle-ci se passe en Angleterre[#] et, même si elle a également un fondement religieux, elle semble moins (comment dire ?) intrusive que celle de Gilead (au sens où les gens ont un peu plus une vie normale).

Enfin bon, c'est un genre de film d'action (bourré d'invraisemblances) parfumé d'une bonne louche de symbolisme parfois un peu facile (comme Matrix, donc) et d'un mystère un peu mal défini (façon théorie du complot), et si on n'a rien contre ce genre, c'est tout à fait agréable à regarder. Les dialogues sont bien meilleurs que dans les suites de Matrix. J'ai notamment bien aimé la réplique : A revolution without dancing is not a revolution worth having. Et le héros a globalement un certain panache.

Le Guy Fawkes historique (celui qui a échoué à faire sauter le parlement anglais le 5 novembre 1605 — donnant naissance à Guy Fawkes day et finalement au nom commun guy), en revanche, n'a pas l'air d'être un personnage très intéressant, et certainement pas un combattant pour la liberté (c'était juste une [gué]guerre des catholiques-et-Espagnols contre les anglicans). Pas spécialement pertinent de le prendre pour modèle, je trouve — mais il est vrai qu'il n'y a pas de héros révolutionnaire anglais qui soit vraiment resté dans les mémoires[#2].

[#] Je suis peut-être naïf et simpliste en disant ça, mais j'ai tendance à trouver beaucoup plus difficile à imaginer l'établissement d'une dictature en Angleterre qu'aux États-Unis. D'un autre côté, il est vrai qu'ils ont eu Thatcher. 😉

[#2] Peut-être que c'est justement pour ça que la révolution de 1688 a été un succès : peut-être qu'une révolution qui réussit est non seulement une révolution où on danse mais aussi une révolution dont on ne retient aucun nom. Dans ce cas, le héros du film fait bien de ne prendre que le nom de V.

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(lundi)

La Candidature

Je viens de voir le moyen métrage du fils Bourdieu, La Candidature[#], qui raconte les dessous d'une candidature à un poste de maître de conférences. Et… argh ! Si c'est vraiment comme ça que ça se passe, je crois que je peux aller me pendre.

[#] Tourné à la fac d'Orsay, d'ailleurs, comme je le reconnais très bien.

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(mercredi)

Jean-Philippe

A priori je n'étais pas du tout parti pour voir ce film : je n'ai aucune affinité particulière pour Johnny Hallyday. Mais je voulais vraiment sortir au cinéma ce soir, et c'était encore ce qui me tentait le plus : après tout, j'aime bien les uchronies, je trouve intéressant le thème de la célébrité, j'apprécie souvent les films où joue Luchini (même s'il est aussi capable de me taper prodigieusement sur les nerfs), et les critiques n'étaient pas mauvaises — et un coup d'œil sur la bande annonce m'a finalement convaincu.

Pour ceux qui ne sont pas au courant, donc, et quitte à spoiler un peu (mais toutes les critiques en font autant, et je ne pense pas que ça gâche vraiment le film) : il s'agit de l'histoire d'un fan (gravement atteint) de Johnny Hallyday qui se réveille dans un monde parallèle où son idole n'est jamais devenu célèbre.

Comme je l'ai dit, je ne connais pas du tout ce chanteur : en fait, l'image que j'ai de lui est principalement celle de sa caricature par les marionnettes des Guignols de l'info, donc en l'occurrence, celle d'un débile profond. Je ne sais pas ce qu'il en est en vrai, mais ce film montre au moins une chose, c'est qu'il n'est pas trop mauvais acteur ; je ne dis pas qu'il est transcendant, mais il joue assez correctement le rôle d'un type normal, ce qui, finalement, n'est pas forcément terriblement facile quand on est dans une position comme la sienne, où la normalité n'est plus trop possible : en fait, il s'en sort peut-être même mieux que Luchini, qui, comme d'habitude, surjoue (bon, on peut aimer ça, et, effectivement, il surjoue bien). Et finalement, le fait de n'avoir aucun avis sur Johnny m'aide, je pense, à apprécier le film : je peux assez bien m'identifier à un personnage du monde parallèle, et, donc prendre le point de vue opposé — ce type (le héros) débarque de je ne sais où, il est fan d'un bonhomme dont je ne sais rien, et il prétend démontrer que c'est un génie, voyons un peu ça.

Mais ce qui me plaît, finalement, c'est surtout qu'on voit rôder ce mème auquel je tiens beaucoup : l'idée que la célébrité, la réussite dans la vie, ces choses-là, sont avant tout une question de hasard (en général c'est une idée qui choque presque, tant les gens aiment croire à la justice de la vie, ou à l'idée qu'en étant bon on peut réussir — alors qu'en vérité il faut être pas-trop-mauvais et chanceux), quel que soit le domaine, d'ailleurs, mais surtout dans le show-biz. Du coup, on en vient à se demander : certes, le héros veut faire de son idole une star dans le monde parallèle où il est tombé, mais, finalement, si un tout petit changement dans le passé a pu faire cette différence, pourquoi ce monde-ci serait-il plus juste ou plus normal que ce monde-là ? Bon, le film esquive évidemment la question, et le dénouement est tellement cousu de fil blanc qu'on le devine dès le début.

Mais dans l'ensemble je dirais que c'est un divertissement plutôt agréable.

Tiens, ça me rappelle que j'avais imaginé le jeu-défi suivant : un groupe de gens se réunissent, conviennent chacun d'une célébrité pour « cible », et le but du jeu est de recevoir une lettre de la cible en question (qui ne soit pas toute faite), et le premier qui y parvient a gagné. Ce n'est pas du tout évident de savoir comment il vaut mieux s'y prendre — et ce n'est pas non plus évident quelles célébrités ce sera plus ou moins facile d'avoir pour cible.

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(dimanche)

Munich

Je suis allé voir le dernier Spielberg hier soir. J'en ressors avec une impression partagée. <Attention, quelques spoilers dans ce qui suit — même si je pense qu'ils ne devraient vraiment pas gâcher le film.> L'histoire, adaptée d'un livre de l'auteur canadien George Jonas, prend pour point de départ l'attentat de 1972-09-05, lors des jeux olympiques de Munich, du groupe Septembre noir contre la délégation olympique israélienne, puis la riposte israélienne décidée par le premier ministre Golda Meir qui ordonne au Mossad d'éliminer de hauts responsables palestiniens identifiés comme plus ou moins impliqués dans l'attentat. Le film, donc, qui est inspiré de faits réels mais non fidèlement historique, suit un groupe d'agents chargés de ces exécutions en Europe (notamment à Rome, à Paris, à Chypre, à Athènes…) et les montre partagés entre le souhait de venger Munich et le doute sur la moralité de ce qu'ils sont en train de faire.

Un sujet pareil ne pouvait pas manquer de provoquer une polémique. À ce que je comprends, on attaque Spielberg essentiellement sur deux plans : d'une part les différences entre sa fiction et la réalité, et d'autre part le point de vue qu'il cherche à donner. Pour ce qui est du premier reproche, qui vient notamment du Mossad lui-même, il y a des choses rendues nécessaires pour l'économie du film (par exemple l'idée d'attribuer toutes les opérations à une seule équipe d'agents) ou encore inventées pour des raisons artistiques (les pittoresques personnages français nommés Louis et Papa), et puis il y a ce qui a trait au point de vue, justement (les doutes des agents). Je trouve du reste que le Mossad a un sacré culot de reprocher les inexactitudes historiques : quand on est un service secret[#], par définition, ce qu'on fait n'est pas bien connu du public, et on ne doit pas s'étonner que les choses soient présentées de façon plus ou moins romancées ; je dirais même qu'ils méritaient de s'en prendre beaucoup plus dans la gueule, là, parce qu'on ne peut pas à la fois vouloir dire je nie tout et revendiquer l'opération comme un coup de pub.

Pour ce qui est du message du film, bien malin celui qui pourra dire ce qu'il est. Spielberg ne s'intéresse pas vraiment aux événements de Munich eux-mêmes (la police allemande qui était totalement incompétente, ou Israël qui a d'emblée refusé toute négociation, mettant ainsi les preneurs d'otage dans une impasse). Certainement il se veut pour la paix et contre la violence (y compris la violence en réponse à la violence), mais sa façon de le montrer se noie à la frontière entre le film engagé et le film d'art, et toujours il semble hésiter entre juger et ne pas juger — si bien qu'au final il mécontente les parties opposées.

Il présente l'opération de riposte comme une initiative personnelle de Golda Meir, contre l'avis général de son cabinet : par exemple, quelqu'un fait remarquer au premier ministre qu'on (Israël) a fait soixante morts en bombardant des camps d'entraînement de terroristes en Syrie et au Liban, ce qui est bien plus que le nombre d'athlètes tués, et elle répond froidement que ces soixante morts, personne n'en entend parler et qu'elle veut lire dans Le Monde que tel responsable palestinien a été tué à Paris (un coup de pub plus qu'une opération de justice, donc ?). Il lui fait aussi prononcer cette phrase terrible au sujet de la raison d'État : Every civilization finds it necessary to negotiate compromises with its own values. (Dans la réalité, Golda Meir a toujours présenté, au moins dans ses discours devant la Knesset, la revanche comme une obligation morale conséquence inévitable des attentats.) Mais il (Spielberg) ne remet jamais vraiment en question le premier ministre, qui reste d'ailleurs un personnage très secondaire (apparaissant seulement quelques minutes au début).

Le metteur en scène semble aller plutôt avec (certains de) ses héros qui se demandent si la violence est une bonne solution, qui ont peur de savoir où la loi du talion entraînera les uns et les autres, et qui ont des doutes sur la culpabilité de ceux qu'ils « exécutent » : ils soulignent que, contrairement à Eichmann, ces gens-là n'ont eu droit à aucun procès et à aucune défense, et d'ailleurs qu'Israël est censé avoir cessé d'utiliser la peine de mort (après l'exécution d'Eichmann, justement). En même temps, plusieurs des Palestiniens présentés sont dépeints comme des personnages sympathiques, amènes (il y a notamment cette scène assez terrible où un des agents israéliens, dans un hôtel à Chypre, tient une conversation tout à fait courtoise avec l'homme qu'il va faire exploser quelques minutes plus tard) : mais on ne leur donne jamais la parole, et le seul qui s'exprime au nom de la cause palestinienne (un jeune membre de l'OLP rencontré par hasard à Athènes) n'apparaît pas sous un jour très favorable — il est visiblement embrigadé et borné tandis que l'israélien en face de lui a des doutes et des remords. Ceux (comme la mère du héros) qui affirment, au contraire, qu'Israël (et son droit à exister) doit être défendu au prix de n'importe quel sacrifice, ressortent bien mieux.

On aurait voulu mécontenter tout le monde, on n'aurait pas mieux réussi que ça… Même pour quelqu'un comme moi, qui regarde le conflit israélo-palestinien avec un détachement lointain (parfois proche du cynisme), le sentiment résultant est trouble : je suis certainement d'accord avec l'idée que la violence en réponse à la violence ne peut que conduire à une escalade terrifiante, mais la présentation est, au mieux, maladroite.

À côté de ça, le soin dans la réalisation est admirable : Spielberg porte une attention vraiment remarquable aux détails. Il avait tourné, vers la mi-septembre, une petite scène (je n'ai même pas réussi à identifier laquelle) en bas de la rue Mouffetard (autour de Saint-Médard), et, rien que pour ça, il a obtenu de faire boucler le quartier pendant une journée, et il a monopolisé la rue Claude Bernard pour le stationnement de ses véhicules des années '70 (je croyais avoir raconté ça quelque part dans mon blog, mais apparemment pas). Mais c'est aussi ce qui incite parfois à se demander où il veut en venir : dans les derniers plans, on nous montre Manhattan vu depuis la côte de Brooklyn, et à la fin la caméra tourne un peu et découvre le World Trade Center (qui, en '73, venait d'être construit) — eh bien certainement il y a un message dans le fait que Spielberg prenne le soin de souligner la présence de ces deux tours (incrustées numériquement sur l'image, évidemment), mais on se demande un peu…

[#] Mais j'admets que cette attitude de ma part est liée à ma répugnance personnelle toute particulière pour tout ce qui est secret, et qui me fait considérer que tout argent envoyé à un service secret sera forcément mal dépensé parce qu'il n'existe aucune façon de leur demander des comptes devant une société démocratique. D'ailleurs, le film fait un petit clin d'œil à cette notion en présentant un fonctionnaire qui demande des reçus aux agents pour couvrir leurs dépenses — alors que les fonds sont envoyés anonymement dans une banque suisse.

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(vendredi)

Robin des bois, et souvenirs de miroirs

Ce soir j'ai vu, avec des amis, trois films inspirés de la légende de Robin des bois : le très classique avec Errol Flynn en flamboyant technicolor, le plus récent avec Kevin Costner et la version déjantée par Mel Brooks qui parodie les deux précédents. De cette dernière, que je ne connaissais pas, il n'y a pas grand-chose à dire à part que c'est de l'humour à la Mel Brooks : donc il y a dedans le meilleur et le pire (parfois les deux à la fois) ; mais j'ai bien apprécié certains jeux de langage (ou sur les accents), des trouvailles scénaristiques (avoir fait de Frère Tuck un rabbin, ce n'était pas mal, par exemple), ou même les passages musicaux (les morceaux de rap sont vraiment excellents) et quantité de clins d'œil. L'humour évoque assez celui de Princess Bride (sans conteste un de mes films préférés : en tout cas, à voir absolument) ; d'ailleurs, parlant de Princess Bride, on me souffle que le roman est encore meilleur que le film qui en est tiré, donc il faudrait que je le lise.

Pour revenir à Robin des bois, j'ai vu les deux autres films quand j'étais petit. Celui de 1938 quand j'avais peut-être dix ans : si je suis maintenant complètement incapable de le regarder au premier degré, à l'époque j'avais été très impressionné par le coup de théâtre de Richard qui se dévoile devant Robin (et tout le monde s'agenouille ; j'avais, du coup, tenu à reprendre une scène de ce genre dans l'histoire que j'écrivais alors).

Le film de Kevin Reynold (qui est bizarre parce qu'il y a des passages qu'on doit clairement prendre au premier degré alors que la fin est à la limite aussi burlesque que Mel Brooks, et puis il y a des scènes où on ne sait vraiment pas à quel degré les voir), je l'avais vu peu de temps après sa sortie (1991) : il m'avait énormément marqué. Rien que la musique, j'en étais complètement fan (et d'ailleurs je trouve toujours qu'elle est bien, et pas seulement Everything I Do (I Do It for You)). Il y a plusieurs scènes, là aussi, qui m'avaient marqué (et inspiré, je vous laisse deviner quoi). Et puis je craquais pour les beaux yeux de Daniel Newman (cherchez pas, c'est un petit rôle) et surtout de Christian Slater.

Bizarre mythe que celui de Robin des bois dont si j'en crois Wikipédia on ne sait même pas bien quand il est apparu (et en tout cas, si le personnage a existé ce n'était pas sous le règne de Richard Ier Plantagenêt mais plus tard) et qui n'était apparemment pas au départ un personnage sympathique. Certainement Sir Walter Scott, dans Ivanhoé (encore une œuvre qui m'a marqué quand j'étais petit…) a beaucoup contribué à former l'image que nous en avons maintenant. Dans la réalité, d'ailleurs, Richard Cœur-de-Lion ne semble pas avoir été particulièrement chagriné du fait que son petit frère ait comploté contre lui en son absence ; et il ne semble pas non plus avoir été un roi exceptionnellement bon.

Un autre film classique de Robin des Bois, c'est la version de Disney, qui est vraiment bien, mais ça fait assez longtemps que je ne l'ai pas vue. Je mentionne ça surtout parce que, parlant de ce dessin animé à un ami, d'autres souvenirs me sont revenus.

Notamment, on m'a mentionné le film Bedknobs and Broomsticks (en français, L'Apprentie Sorcière), également de Disney : ça ne me disait rien jusqu'à ce qu'on me parle de la partie bedknobs du titre, des boules d'ornement sur un lit, qui, quand on les tourne, font un effet magique — et ça, tout d'un coup, ça a évoqué très fortement quelque chose en moi. Bizarre, je ne me rappelle rien de ce film (qui est, d'ailleurs, un mélange de film avec des vrais acteurs et de dessin animé) sauf ce mème-là… Est-ce que je l'ai vu, ou est-ce que je n'en ai vu qu'un extrait ? Il faudrait que je me le procure pour en avoir le cœur net.

Ce souvenir revenu inopinément en rappelle d'autres : des films ou dessins animés que j'ai vus quand j'étais petit et qui m'ont laissé des souvenirs ou des images qui remontent sans raison à la surface.

Par exemple, je me souviens avoir vu autrefois un dessin animé au graphisme assez raffiné mais très sombre dans lequel un personnage méchant (un sorcier ou une sorcière) avait un grand miroir magique ovale de hauteur d'homme (je ne parle pas de Blanche Neige, bien sûr, mais d'un film qui serait probablement sorti dans les années '80). Je ne me rappelle rien d'autre : ni le nom ou la nature du héros ni quoi que ce soit de l'histoire, juste cette image d'un grand miroir ovale au contour vaguement violet. (Peut-être que le héros était un petit animal, mais peut-être aussi que je confonds avec un autre dessin animé.) Hélas, on ne peut pas utiliser Google ou IMDB pour rechercher tous les films d'animation sortis dans les années '80 dans le genre fantastique et où apparaîtrait quelque part sur la fiche le mot miroir (et même si on pouvait, ce n'est pas sûr que ça donne des résultats intéressants, par exemple si le dessin animé était français et peu connu et qu'IMDB n'a rien dessus). Je trouve ça assez désagréable d'avoir des souvenirs orphelins, comme ça, que je ne sais pas rattacher à quoi que ce soit.

Toujours en parlant de miroirs, d'ailleurs, en voici un autre : un film ou un téléfilm (pas un dessin animé, cette fois) où il était question de magiciens dont je ne me rappelle pas grand-chose sauf un seul point — la façon de priver un magicien de ses pouvoirs était de casser un miroir pendant qu'il se regardait dedans (et peut-être même qu'un liquide vert s'écoulait alors du miroir brisé, mais peut-être que c'est moi qui extrapole sur un souvenir très flou, là). Je n'ai pas non plus le moindre souvenir de ce que ça pouvait être.

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(lundi)

Narnia, les livres, le film, et moi

Mon grand-père (le père de mon père, celui qui était Canadien, donc) m'avait offert les sept volumes des Chronicles of Narnia quand j'étais petit, dans l'édition Collier (Macmillan) en coffret[#]. (Ceux qui ne connaissent pas du tout peuvent jeter un coup d'œil à l'article Wikipédia sur le sujet, qui n'est pas mal.)

J'ai donc dû lire le premier volume (The Lion, the Witch, and the Wardrobe, celui qui est adapté dans le film dont je parle plus loin) vers neuf ou dix ans. J'en étais assez fan (rien que les mots deep magic me fascinaient complètement). Ensuite j'ai lu le deuxième, mais comme à la fin de celui-ci deux héros apprennent qu'ils ne reviendront plus à Narnia et comme je m'étais attaché à eux, je me suis arrêté là pendant des années (peut-être après avoir vérifié que le troisième tome ne me plaisait pas). Longtemps après (je pense que ça devait être vers seize ans), je suis retombé sur ces livres que j'avais à peu près oubliés (entre temps, on avait déménagé et ils étaient rangés au sous-sol), j'ai ouvert le quatrième un peu au milieu, je suis tombé sur un passage qui me plaisait (celui où apparaît l'objet éponyme : The Silver Chair) et j'ai lu à partir de là jusqu'à la fin ; puis j'ai sauté le cinquième volume, qui m'inspirait peu, et j'ai dévoré The Magician's Nephew d'une traite (il faut dire que ça raconte des histoires de voyage entre mondes et la création de Narnia, et j'étais très dans ce trip[#2]-là à cet âge), et enfin The Last Battle quelques mois plus tard (j'ai bien aimé mais sans plus). Comme je ne relis (presque) jamais un livre du début à la fin, je n'ai ensuite jamais tenté de boucher systématiquement les passages qui me manquaient : j'ai picoré des extraits dans ces différents livres (je viens de refaire une petite sélection ce soir, d'ailleurs), ce qui fait que je ne sais plus très bien, au final, ce que j'ai lu ou pas, il y a des pages que je n'ai jamais regardées, ou seulement il y a vingt ans, et d'autres qui sont beaucoup plus fraîches dans mon esprit.

Quoi qu'il en soit, c'est avec une certaine curiosité que je suis, donc, allé voir le film qui a été tiré du premier volume des chroniques (et dont une suite est apparemment bien prévue). Eh bien j'ai été bien déçu. Il y a des jolies images, d'accord, mais la magie juste ne marche pas. Je ne saurais pas dire exactement en quoi. <Attention, spoilers !> Peut-être parce que des trucs passent sans trop se remarquer dans un livre mais deviennent trop évidents dans un film : notamment, le fait que les héros ne font rien — mais vraiment rien — d'héroïque : ils fuient quand ils sont pourchassés, c'est leur seule présence qui déclenche la fin de l'hiver, ils reçoivent des cadeaux Qui Torschent du Père Noël en personne, ils trouvent une armée préparée pour eux, même avec ça ils ne font pas grand-chose, Aslan apparaît sans qu'on ait besoin de l'invoquer spécialement, il meurt et ressuscite et termine la guerre pour eux, bref, ils ne servent à rien. Ah, si, Peter tue un loup qui est assez con pour s'empaler sur son épée, et Aslan le nomme wolfsbane à cause de ça. Enfin, globalement, je ne suis pas du genre à rechigner pour croire au merveilleux et pour accepter l'héroïsme en carton-pâte — mais, non, ça ne passe pas. Pas plus qu'Edmund qui fait le sale morveux caricatural jusqu'à sa soudaine et magique rédemption (OK, les trois autres ne sont pas trop mal, notamment, Peter devient presque crédible sur la fin).

Ce qui est plutôt bien réussi, c'est quelques touches d'humour, les castors notamment (c'est de l'humour Disney, tout gentil, mais qui marche quand même assez bien). Le graphisme est plutôt bien (mais pas du tout à la hauteur du LotR, avec lequel la comparaison est inévitable). Une séquence de quelques dizaines de secondes à peine, à la fin, quand les quatre héros ont grandi, m'a aussi fait une bonne impression.

Mais bon, dans l'ensemble, ce n'est pas terrible. N'allez pas le voir sauf si vous avez un petit frère / une petite sœur à distraire.

En revanche, le symbolisme chrétien n'est pas du tout excessif, comme certains l'ont affirmé (certes, Aslan est une métaphore du Christ, et il donne quelques leçons de morale, mézenfin ce n'est pas du tout lourd — et pas plus gênant que la morale bien-pesante du film hollywoodien lambda).

[#] Qui place les tomes dans l'ordre d'édition originale, c'est-à-dire commençant par The Lion, the Witch, and the Wardrobe.

[#2] Je ne veux pas dire que je croyais aux mondes parallèles ! Mais j'avais une fascination pour le concept, par exemple j'aimais beaucoup regarder le manuel des Plans de Donjons & Dragons, dont le côté à la fois inventif et systématique me captivait.

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(mardi)

All About Eve

Je viens de revoir All About Eve (Ève) au ciné-club de l'ENS ce soir : je connaissais bien ce film (je l'ai vu cinq ou six fois, même si la précédente remonte à assez loin), mais c'est toujours un plaisir de le redécouvrir. En tout cas, je suis tout à fait conforté dans mon idée que c'est un de mes préférés, et je suis admiratif de la manière dont jouent Bette Davis, Anne Baxter et George Sanders (les autres rôles sont, il faut l'admettre, moins bons, sauf peut-être pour l'hilarante — et vaguement prophétique ? — apparition de Marilyn Monroe). D'ailleurs, jouer une actrice qui joue elle-même un rôle ne doit pas être facile ! (Surtout quand il faut à la fois faire comprendre au public ce qui se passe et néanmoins montrer que l'actrice en question joue très bien.)

Il y a aussi que je me reconnais dans un des personnages. (Saurez-vous deviner lequel avant de lire la suite ?) Il ne s'agit bien sûr pas de l'héroïne-titre — Eve Harrington — mais plutôt de Margo Channing. Pas pour son talent d'actrice ☺️ mais simplement pour la façon dont elle pique une colère de diva (et de gamine), incompréhensible pour ses ami(e)s, quand elle se sent menacée. Mais je me donne le beau rôle, comme ça, puisque, au final, elle a bien raison. 😉

Bref, si vous ne connaissez pas, c'est à découvrir absolument. Un chef d'œuvre.

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(lundi)

Quels sont mes films préférés ?

On m'a demandé d'établir une liste de mes films préférés comme j'en ai déjà fait une (par ailleurs hautement approximative) de mes livres préférés. Je me rends compte que c'est encore plus difficile pour les films que pour les livres, je ne sais pas bien pourquoi : trop de titres me viennent à l'esprit, aucun ne sort du lot de façon vraiment spectaculaire. Il y a aussi que, les livres que j'ai lus, je les ai tous (je n'emprunte jamais un livre), donc quand j'aime je vais avoir tendance à relire souvent (des passages seulement : je ne relis presque jamais un livre de la première à la dernière page — je préfère l'ouvrir au hasard et lire quelques pages, puis éventuellement me rappeler un autre passage qui m'a beaucoup plu, le relire, etc.). Les films, au contraire, il y en a beaucoup que je n'ai pas (en DVD ou autrement), et quand je revois un film, pour le coup, c'est presque toujours du début à la fin (tout le contraire des livre, donc). Donc il y a une barrière de volonté plus importante à franchir que pour les livres (disons que j'ai plus de mal à me motiver pour lire un livre une première fois que pour aller voir un film, alors que pour relire un livre ça va tout seul alors que revoir un film il faut que je sois dans le bon état d'esprit, que j'aie deux heures devant moi, etc.). Bref, je connais peut-être plus de films que de livres, mais je les connais moins bien, et ces deux facteurs contribuent à rendre le classement plus difficile.

Néanmoins, voici une tentative (l'ordre de classement est très grossier, et j'ai parfois préféré aligner plusieurs films de même genre que de chercher à établir un ordre total de préférence — et en tout cas je serais incapable de dire quel est mon film préféré) :

Bon, on va arrêter là… De toute façon, ce classement n'a guère de sens : comment pourrais-je comparer un chef d'œuvre classique comme Citizen Kane ou Blade Runner (j'ai hésité à les mettre dans la liste : mais je ne les ai vu qu'une fois, et il y a assez longtemps, donc je ne sais plus bien), ou un film culte comme l'ancienne trilogie Star Wars, que j'ai pu admirer respectivement comme chef d'œuvre ou comme film culte et trouver effectivement « à mon goût », avec un petit film sans grande prétention que j'ai trouvé absolument excellent comme c'est le cas de George Lucas in Love (probablement le film que j'ai le plus souvent revu, je dois en être à plus de vingt fois, mais il faut dire qu'il ne dure que huit minutes !). Sans parler d'un court métrage complètement obscur comme Le Cas d'O (je ne l'ai pas trouvé digne de figurer sur la liste, mais pas très loin). Et puis, il y a des films que j'aurais envie de revoir mais je ne l'ai pas fait et mon souvenir est donc flou, ce qui fait que je ne peux pas vraiment les classer, comme Long Island Expressway ou France Boutique ou encore Bullworth (je sais que j'ai vraiment adoré ce dernier quand je l'ai vu, mais c'est trop loin pour que je sache précisément si je serais encore de cet avis maintenant). D'autes, comme 8 Mile ou La Virgen de los sicarios (La Vierge des tueurs), que je ne sais pas bien juger. D'autres que j'ai appréciés quand je les ai vus, mais que je n'aurais pas envie de revoir (Charlie's Angels, par exemple : un moment très distrayant, mais c'est tout). Sans compter, enfin, tout ce que j'oublie (certainement plein de classiques du cinéma français, parce qu'ils étaient peu présents dans les diverses listes que j'ai écumées pour retrouver des titres) !

Quoi qu'il en soit, on peut prendre chacun des titres mentionnés dans cette entrée (y compris dans le paragraphe précédent) comme une recommandation de voir ce film. Et inversement, j'aimerais bien avoir une grosse base de données qui prendrait cette liste de films et me sortirait des recommandations (j'avais déjà trouvé un cite de ce genre, mais il était très orienté USA, malheureusement).

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(lundi)

Un peu de ciné

Samedi j'ai vu le dernier Woody Allen. Je n'en dirai pas grand-chose, pour éviter de spoiler, juste que ça se passe à Londres (les personnages — et les acteurs, donc — sont anglais), que ce n'est pas humoristique (même s'il y a quelques répliques drôles, évidemment, c'est plutôt un drame), et que j'ai vraiment énormément aimé, d'un bout à l'autre. Allez-y rien que pour entendre les gens parler anglais — il y a beaucoup de subtilité dans les accents ! (Et éventuellement pour la belle gueule de l'acteur principal ou de l'actrice principale, selon vos préférences.)

Ce soir c'est un autre film se passant à Londres que j'ai vu, aussi l'histoire de quelqu'un qui prend l'ascenseur social, mais pas à la même époque : Oliver Twist. Je n'en suis pas tombé à la renverse, mais j'ai quand même trouvé ça bien. (En revanche, je ne pourrai pas dire à quel point c'est fidèle au roman, parce que je dois avouer à ma grande honte que tous les Dickens que j'ai essayé de lire — sauf A Christmas Carol — me sont tombés des mains au bout de quelques pages.) Notamment, l'acteur qui joue le héros éponyme m'a semblé vraiment convaincant pour le rôle.

Je viens aussi de voir la bande annonce de Narnia. Comme le roman de Lewis est un de ceux qui ont bercé mon enfance (mon grand-père m'avait offert le coffret avec les six volumes des Chronicles of Narnia, et j'avais vraiment beaucoup aimé — surtout le premier et les deux derniers livres), et comme cette bande annonce m'a fait plutôt bonne impression (les images ont l'air assez léchées, et ils ont l'air de chercher à donner un souffle épique et grandiose à l'histoire, ce qui est plus risqué qu'en adaptant Tolkien, mais a priori j'aime bien), j'irai sans doute le voir.

J'ai encore vu les bandes annonces de Ralph, que j'irai peut-être voir, Flightplan, que je n'irai certainement pas voir mais dont la bande annonce en question m'a donné envie de lire le spoiler (qui a confirmé ma totale non envie de voir le film), et Les Chevaliers du ciel, que j'irai encore moins voir (même si je ne suis pas foncièrement opposé au genre « fin, subtil, et avec de la testostérone en guise de scénario »).

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(Monday)

The Last Unicorn… and other tales

I read Peter Beagle's classic, The Last Unicorn, the other day. I can't quite make up my mind as to whether I liked it. It's a strange book: much like a fairy tale, but with a number of elements which seem alien to the “fairy tale” genre, often humorous and sometimes bordering on the satirical, or which lead (apparently) nowhere—red herrings, if you will. I mean, in a conventional fairy tale, every part of the story is supposed to belong to some kind of general pattern, it takes the plot a step toward its conclusion or something of the sort: not so in Beagle's book—most of the time the story is rambling about with no definite aim. For example, the author doesn't seem to be able to decide whether the (eponymous) unicorn is very wise or very ignorant, or very powerful or very weak: well, maybe that paradox is part of what being a unicorn entails, but really every character is like that (Schmendrick, Molly, King Haggard, Prince Lír, even the Red Bull…). On the other hand, the work is beautifully poetic, and exudes a genuine charm of naïve innocence: somewhat, but not exactly, like The King of Elfland's Daughter (another classic which I read some time ago and which it sort of reminds me of), because the language is much plainer (Lord Dunsany's verb is highly sophisticated), but more “lively” in a subtle way.

I have the dimmest memory of seeing the motion picture of The Last Unicorn when I was young (perhaps just when it was released in France). All I remember was that I had found it somewhat frightening or, at least, disturbing: I guess that King Haggard's strange sort of nihilism could have been, indeed, disturbing, and I have a vision of the Red Bull, made of flame, which must have frightened me because it is essentially the only image I can conjure. Probably my memories are quite mixed up with those of a film I saw more recently (and which is also about unicorns and vaguely in the same spirit): Legend (not a motion picture, this one, but a genuine movie, with Tom Cruise at his debuts—and Zeus was he f*cking good looking in his early twenties). There's also something of Miyazaki's magic in The Last Unicorn, so I'm not surprised to learn that the Topcraft studio, responsible for the animation in the movie, was later hired by Miyazaki to produce Nausicaä.


In a completely (completely! despite the misleading word tale) different genre, I picked up on one of my bookshelves a copy of Armistead Maupin's Tales of the City, which, I am told, is a must read for queers. But I confess finding it a bit hard to follow: not because of the English as such, but because of all the references to obscure facts of American, or, more often, Californian, San Franciscan, or even (I guess!) San-Franciscan-of-the-early-eighties culture (or all sorts of other cultural references: I found a few lines undecipherable, for example, because I didn't know what Gertrude Stein's last words were: fortunately, Google enlightened me). Or take he following excerpt:

The sun in the park was warmer now, and the birds were singing much more joyously.

Or so it seemed to Edgar.

‘Madrigal. That's lovely. Aren't there some Madrigals in Philadelphia?’

Anna shrugged. ‘This one came from Winnemucca.’

‘Oh… I don't know Nevada too well.’

‘You must've been to Winnemucca at least once. Probably when you were eighteen.’

He laughed. ‘Twenty. We were late bloomers in my family.’

‘Which one did you go to?’

‘My God! You're talking about the Paleolithic period. I couldn't remember a thing like that!’

‘It was your first time, wasn't it?’

‘Yes.’

‘Well, then you can remember it. Everybody remembers the first time.’ She blinked her eyes coaxingly, like a teacher trying to extract the multiplication tables from a shy pupil. ‘When was it—1935 or thereabouts?’

‘I guess… it was 1937. My junior year at Stanford.’

‘How did you get there?’

‘Christ… a dilapidated Olds. We drove all night until we reached this disappointing-looking cinder-block house out in the middle of the desert.’ He chuckled to himself. ‘I guess we wanted it to look like the Arabian Nights or, at least, one of those gaslight-and-red-velvet places.’

‘San Franciscans are spoiled rotten.’

He laughed. ‘Well, I felt we deserved more. The house was ridiculously tame. They even had a photo of Franklin and Eleanor in the parlor.’

‘One has to keep up appearances, doesn't one? Do you remember the name now?’

Edgar's eyebrows arched. ‘By God… the Blue Moon Lodge! I haven't thought of that in years!’

‘And the girl's name?’

‘She was hardly a girl. More like forty-five.’

—I guess one is supposed to know that Winnemucca is renowned for its brothels: I did not (I still worked it out, but I was rather baffled on first reading, especially as I tend to skim more than I really read). One is also supposed to know, of course, that an Olds is an Oldsmobile (that's something I knew: my grandfather had one) and that Franklin and Eleanor are the Roosevelts (all right, that one really wasn't hard, but it still requires an extra fraction of a second of brain activity to process). Reading this book is something of an advanced Turing test: I guess I fail because I didn't catch the pun in Sanskrit (actually, there is a mention of the Bhagavad-Gītā just before the reference to Gertrude Stein's last words).

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(Sunday)

H2G2

[Traduction française ci-dessous.]

So I finally got to see it. I think agree with the speculation that this film may be best enjoyed by those who don't know the book too well: I am far from being bitterly disappointed, but I'm not too enthusiastic either. (On the other hand, perhaps I expected too much.) As I previously mentioned, I had already seen the TV mini-series version of the Guide, of which this film is sometimes a mere remake, and I was bound to mentally compare the two. Overall, I think I prefer the old series; I won't give a detailed account of what I liked better in the one or the other, but, to summarize, I loved the way Marvin is depicted in the newer film (the series had a rather lousy kind of caricature of a robot, who, incidentally, gets a very brief cameo in the film when the heroes are waiting in line on the Vogon planet), and I thought the Vogons were very good also; however, I think the TV series has the better when it comes to showing the Guide itself: the graphics they used (as early as '81!) are really great. As for similarities, I think the actor playing Arthur Dent is very good at it in both versions (I'm not saying it's the same actor); one theme music is the same (the Eagles' Journey of the Sorcerer, so IMDB tells me—a good choice at any rate); many scenes in the very beginning are almost identical; and a number of very good lines are taken verbatim (or almost verbatim) from the novel in both versions—such as the wonderful description of the Guide itself:

This is the story of the Hitch Hiker's Guide To The Galaxy, perhaps the most remarkable, certainly the most successful book ever to come out of the great publishing corporations of Ursa Minor. More popular than the Celestial Home Care Omnibus, better selling than Fifty-three More Things To Do In Zero Gravity, and more controversial than Oolon Colluphid's trilogy of philosophical blockbusters: Where God Went Wrong, Some More Of God's Greatest Mistakes, and Who Is This God Person Anyway? And in many of the more relaxed civilizations on the Outer Eastern Rim of the Galaxy, the Hitch Hiker's Guide has already supplanted the great Encyclopedia Galactica as the standard repository of all knowledge and wisdom, because although it has many omissions, contains much that is apocryphal, or at least wildly inaccurate, it scores over the older, more pedestrian work in two important ways; first, it is slightly cheaper, and second, it has the words Don't panic inscribed in large, friendly letters on the cover.

(this is the series' version: the film's text is slightly shorter); they also both have the (imho hilarious) sentence, not found in the book (at least not as such): [Arthur] no more knows his destiny than a tea leaf knows the history of the East India Company. I think the film was made to be more accessible to foreign (notably American) audiences who might not understand all forms of British humor.

Anyway, all those are rather minor respects. My main grudge against this newer movie is that it tries to jam too much stuff in less than two hours: as a result, it is unnecessarily confused and unbalanced and it seems to proceed in every direction at once. I did not get that feeling while reading the novels or while watching the older series. On the good side, the “spirit” of Adams is quite faithfully preserved in the film (not a surprise, since he wrote the first versions of the script): there is no “betrayal” of any kind.

[French translation of the above.]

J'ai finalement pu le voir. Je crois que je suis d'accord avec l'idée que ce film sera peut-être préféré par ceux qui ne connaissent pas trop bien le livre : je suis loin d'être amèrement déçu, mais je ne suis pas trop enthousiaste non plus. (D'un autre côté, j'en attendais peut-être trop.) Comme je l'ai précédemment mentionné, j'avais déjà vu la version mini-série télé du Guide, dont ce film est parfois un simple remake, et j'étais forcé de comparer mentalement les deux. Dans l'ensemble, je crois que je préfère la vieille série ; je ne ferai pas un un compte-rendu détaillé de ce que j'ai plus aimé dans l'un ou dans l'autre, mais, pour résumer, j'ai adoré la façon dont Marvin est représenté dans ce nouveau film (la série avait une sorte de mauvaise caricature de robot qui, accessoirement, apparaît en clin d'œil dans le film quand les héros font la queue sur la planète Vogon) et j'ai trouvé que les Vogons étaient aussi très bien ; en revanche, je trouve que la série télé est meilleure pour ce qui est de la représentation du Guide lui-même : les graphismes qu'ils ont utilisé (en '81, si tôt !) sont vraiment excellents. En ce qui concerne les similarités, je trouve que l'acteur qui joue Arthur Dent est très bon dans les deux versions (je ne dis pas que c'est le même acteur) ; une musique principale est la même (The Journey of the Sorcerer par les Eagles, me dit IMDB — un bon choix en tout cas) ; beaucoup de scènes au tout début sont presque identiques ; et un certain nombre de très bons passages sont tirés verbatim (ou presque verbatim) du roman dans les deux versions — comme cette merveilleuse description du Guide lui-même :

This is the story of the Hitch Hiker's Guide To The Galaxy, perhaps the most remarkable, certainly the most successful book ever to come out of the great publishing corporations of Ursa Minor. More popular than the Celestial Home Care Omnibus, better selling than Fifty-three More Things To Do In Zero Gravity, and more controversial than Oolon Colluphid's trilogy of philosophical blockbusters: Where God Went Wrong, Some More Of God's Greatest Mistakes, and Who Is This God Person Anyway? And in many of the more relaxed civilizations on the Outer Eastern Rim of the Galaxy, the Hitch Hiker's Guide has already supplanted the great Encyclopedia Galactica as the standard repository of all knowledge and wisdom, because although it has many omissions, contains much that is apocryphal, or at least wildly inaccurate, it scores over the older, more pedestrian work in two important ways; first, it is slightly cheaper, and second, it has the words Don't panic inscribed in large, friendly letters on the cover.

(ceci est la version dans la série : dans le film, le texte est un peu plus court) ; ils ont tous deux cette phrase (à mon avis hilarante), qui ne se trouve pas dans le livre (en tout cas pas sous cette forme) : [Arthur] no more knows his destiny than a tea leaf knows the history of the East India Company. Je pense que le film a été fait pour être plus accessible aux spectateurs étrangers (notamment américains) qui risquaient de ne pas comprendre toutes les formes d'humour britannique.

Quoi qu'il en soit, ce sont des aspects plutôt mineurs. Mon grief principal contre ce nouveau film est qu'il essaie de faire tenir trop de choses en moins de deux heures : en conséquence, il est inutilement confus et déséquilibré et il semble aller dans toutes les directions à la fois. Je n'ai pas eu cette impression en lisant les romans ou en regardant la vieille série. Pour le bon côté, l'« esprit » d'Adams est bien fidèlement préservé dans le film (ce qui n'est pas une surprise vu qu'il a écrit les premières versions du script) : il n'y a aucune forme de « trahison ».

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(lundi)

Mr & Mrs Smith

J'ai trouvé ce film assez moyen. L'idée est amusante, et il y a de bons gags ou, au moins, des situations bien cocasses[#], mais dans l'ensemble c'est quand même une bouille de navet (d'été), des scènes d'action alignées qui finissent par être vraiment lassantes, et aucune fin digne de ce nom. Il y a un moment où c'est plutôt bien (quand les héros sont mariés mais avant que tout parte en queue de lézard ; la scène du repas très tendu est vraiment bonne) mais ça ne dure pas : et les scénaristes n'ont pas du tout su exploiter la situation intéressante (chacun connaît le secret de l'autre mais ne sait pas que l'autre connaît son secret) qu'ils avaient créé. Bref, je ne recommande que s'il n'y a vraiment rien de mieux à voir.

Je me rends compte, d'ailleurs, que je suis peu allé au cinéma cette année (depuis la rentrée) : pour voir 5×2 et Le Terminal en septembre, Gang de Requins et Eternal Sunshine (of the Spotless Mind) en octobre, Ocean's Twelve en décembre, Le Château ambulant en janvier, Crustacés et Coquillages en avril, Star Wars en mai, Les Poupées russes en juin et enfin Mr. & Mrs Smith aujourd'hui. Juste une fois par mois, en gros, quoi : j'ai pourtant l'impression qu'il y avait beaucoup d'autres choses qui me tentaient, mais que je n'ai pas eu le temps ou l'énergie d'aller voir. C'est dommage.

[#] Un jour je saurai écrire cocasse du premier coup, sans essayer d'abord cocace, coquace, quoquas, cock-ass (euh, non, là je nie tout)…

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(samedi)

Les Poupées russes

Il y a des films dont je ressors dans un état presque euphorique : Les Poupées russes en est un. Il faut dire que j'avais énormément aimé L'Auberge espagnole, dont il est la suite (et que je vais maintenant devoir revoir pour me rafraîchir la mémoire — même s'il faut préciser qu'on peut voir ces deux films tout à fait indépendamment). Peut-être que ce deuxième volet est un tout petit peu moins bon (disons qu'il y a eu quelques passages où j'ai ressenti une légère longueur, ou bien où je me suis dit qu'il abusait de certains de ses procédés), mais il est tout de même excellent. Pour résumer très succinctement, si L'Auberge espagnole était une belle histoire d'amitié (et de l'Amitié avec un grand ‘A’), Les Poupées russes parle d'Amour, et ce n'est pas moins drôle. Klapisch a un talent fou pour fabriquer des scènes dont le côté humoristique vient de la manière dont on se dit : C'est tellement vrai ! J'adore.

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(jeudi)

Épisode III

Je suis allé voir le film qu'on attend depuis trente ans, et je suis tenté d'être indulgent. Disons qu'il y a deux choses qui le sauvent :

  • La beauté des images. J'avais déjà trouvé que c'était à peu près la seule vertu sauvant le I, et ça ne fait pas défaut ici : si on aime les belles images de synthèse, ça mérite le coup d'œil — et ce qui m'impressionne, ce n'est pas les effets spéciaux, comme on dit, c'est plutôt l'ameublement des appartements de Palpatine ou de Padmé. Je veux les mêmes !
  • Le lien avec les épisodes de la trilogie d'origine. Lucas s'en sort étonnamment mieux que je le craignais, et on est prêt à lui pardonner quelques incohérences inévitables pour une transition dans l'ensemble bien réalisées, une histoire qui se tient presque (vaguement) et une explication plutôt bien trouvée de certains mystères qui pouvaient subsister (même si d'autres sont simplement balayés).

Bref, ceux qui ont aimé la trilogie classique et qui ont eu la patience de supporter le I et le II (voire un seul des deux) devraient sans doute apprécier celui-ci. Ne serait-ce que pour voir Yoda sautiller dans tous les sens.

Maintenant, il ne faut pas cacher que le scénario ne tient pas vraiment debout (voire, pas du tout), que les répliques sont pathétiques, que le jeu des acteurs est inexistant (on a dit du bien d'Ian McDiarmid, qui joue Palpatine, mais je trouve que c'est plutôt Hayden Christensen qui s'en sort bien), et que, globalement, c'est un navet. Mais un navet plutôt sympathique, qui tient ses promesses (de zoulies batailles de sabrolaser, quoi), et qui se laisse regarder sans trop faire long. Au moins la deuxième moitié.

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(samedi)

Crustacés et Coquillages

On devait à Olivier Ducastel et Jacques Martineau Ma vraie vie à Rouen, qui ne m'avait pas emballé, mais je suis allé voir leur dernier film, d'un ton nettement plus léger, qui emprunte son titre à une chanson de Brigitte Bardot (La Madrague), et j'en ressors euphorique. Crustacés et Coquillages est une comédie très réussie car à la fois hilarante et pourvue d'un certain sens (je ne dirais pas qu'il y a une « morale », mais en tout cas que ce n'est pas gratuit : certains aspects aussi bien des relations parents-enfants que des rapports des gens à leur sexualité — et à celle des autres — sont bien vus). Certes, les rebondissements sont assez téléphonés, l'intrigue est cousue de fil blanc, mais qu'est-ce qu'on rit ! Et puis, les acteurs jouent bien (moi je donnerais une mention spéciale pour Romain Torres, qui fait vraiment bien l'ado désabusé mi-apathique mi-provocateur) et accessoirement il y en a qui ne sont pas mal à regarder (mais comment Jean-Marc Barr fait-il pour être aussi séduisant à quarante-cinq ans ? je le trouve même mieux qu'à vingt-huit[#]).

[#] Argh, je me rends compte que dans ce fragment littéraire gratuit je n'ai pas mentionné le film qui a marqué l'année !

PS : Pour répondre à une question essentielle soulevée par le film, moi je ne me branle pas sous la douche (enfin, rarement). Je préfère largement faire ça allongé sur mon lit.

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(dimanche)

Le Clan

[Thomas Dumerchez dans les bras de Salim Kechiouche]J'ai déjà parlé d'un film où Gaël Morel (pour lequel j'ai notoirement un faible) apparaissait comme acteur, là, il est réalisateur : j'ai regardé Le Clan cet après-midi en DVD, et j'ai beaucoup aimé. Je choisis l'image ci-contre (très tendre) pour l'illustrer, mais ce n'est pas un film sur l'homosexualité, c'est un portrait de trois frères, Marc, Christophe et Olivier, de leurs rapports et du monde dans lequel ils évoluent. Il n'y a pas vraiment d'histoire à raconter, plutôt une succession de scènes — toutes ne m'ont pas semblé géniales, mais certaines sont vraiment fortes et l'ensemble est très beau. L'acteur débutant qui joue Olivier (le jeune frère), Thomas Dumerchez, me paraît très prometteur. Bref, je conseille.

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(dimanche)

Un Amour à taire

Télérama dit énormément de bien de ce téléfilm qui passe demain (lundi) soir à 20h55 sur France 2 (par le même réalisateur que Juste une question d'amour, qui avait eu un succès immodéré auprès des homos il y a quelques années) :

En France, en 1942, le destin tragique de trois amis, stigmatisés par les nazis parce que juifs ou homosexuels. L'étoile jaune et le triangle rose les précipitent en enfer.

Je signale à tout hasard.

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(mercredi)

La magie de Miyazaki

Je viens de voir ハウルの動く城 (Le Château ambulant) et j'en ressors tout à fait emballé. Tout à fait dans le genre de 千と千尋の神隠し (Le Voyage de Chihiro) que j'avais déjà beaucoup aimé, mais encore plus réussi à mon avis (le graphisme est encore plus beau — à la seule exception du château éponyme, que je trouve un peu décevant — et l'histoire est encore plus belle et plus émouvante à mes yeux). Je ne veux pas gâcher les surprises, donc je ne dirai pas grand-chose sur l'intrigue.

Ce que je trouve vraiment merveilleux avec Miyazaki (pour autant que je puisse juger, du moins, d'après les trois films de lui que j'ai vus), c'est avec quelle force la féérie de ses histoires s'impose au spectateur. Car il faut bien admettre qu'elles partent dans ce qu'on pourrait qualifier de délire complet et totalement dénué de construction : et c'est le genre de choses qui, normalement, m'insupporte rapidement — j'aime que les personnages d'une histoire aient des motivations assez précises et qu'ils agissent selon ces motivations, j'aime avoir l'impression que le scénariste sait où son histoire va aboutir et qu'il la construise en fonction de ça, j'aime qu'on noue des intrigues pour les dénouer proprement, j'aime quand on ne change pas d'idée toutes les trois scènes, j'aime quand le Grand Méchant ne cesse pas sans raison d'être Grand Méchant (sauf après un coup de théâtre bien mené ou après une évolution psychologique plausible), et ainsi de suite — bref, Miyazaki fait tout ce qui devrait m'être horripilant, et pourtant, la puissance poétique de son style est telle que je lui pardonne, mieux, je n'aime que d'autant mieux. Bien que sa conception de la magie n'ait pas la solennité de ma façon de l'imaginer, il remplit assez bien mon manque à ce sujet. J'aime aussi la beauté de ses paysages, les moments d'une très grande sérénité qu'il sait nous ménager. Et j'aime ses personnages, à la fois drôles et attachants.

Bref, allez voir ce film !

PS : Je me rends compte seulement maintenant que le personnage appelé ハウル (Hauru), le propriétaire du château dont il est question, est censé être nommé… après le mot anglais Howl (c'est sûr que transcrire un mot en japonais a tendance à le déformer beaucoup !). Fait qui a apparemment échappé à ceux qui ont écrit les sous-titres français.

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(samedi)

Courts métrages

Je reviens du Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris où je suis allé (comme chaque année depuis 1999) voir la séance de courts métrages gays. L'avantage avec les courts, surtout si on n'a le temps d'aller qu'à un nombre restreint de séances du festival, c'est qu'on a une plus grande diversité, et aussi la plus grande certitude qu'il y aura au moins une chose qui plaira (alors que si on va voir un seul long métrage et qu'on est déçu, c'est vraiment dommage). Et puis, globalement, j'aime bien les courts métrages, de même qu'en littérature j'ai un faible pour la nouvelle, parce que cela donne souvent des choses plus percutantes, ou plus drôles. L'inconvénient du court métrage, en revanche, c'est qu'il y a des gens qui se croient artistes (voire artistes libertaires) et qui revendiquent leur liberté d'expression, qui s'imaginent que n'importe quelle connerie qui leur passe par la tête est bonne à filmer, et n'ont pas l'air de comprendre que quand c'est Andy Warhol qui le fait c'est intéressant parce que c'est la première fois, mais ensuite ce n'est plus drôle : ce genre de gens n'ont pas les moyens financiers de réaliser des longs métrages, heureusement, mais ils arrivent hélas à produire des courts et à profiter du fait qu'on leur offre un amphithéâtre de spectateurs. Là, il y avait un réalisateur qui avait dû coucher avec un des organisateurs du festival, ou quelque chose de ce genre, pour placer trois de ses trucs complètement débiles (imaginez, par exemple, les pieds d'un type en train de sautiller filmés pendant 4′ : super, non ?) au cours de la même soirée, et ça, c'est vraiment dommage. Mais ça n'empêche qu'il y avait aussi des films très bien (notamment, Un beau jour, un coiffeur, l'histoire très drôle d'un étudiant en thèse de philo qui m'a rappelé des souvenirs).

J'irai peut-être voir les courts métrages lesbiens, aussi (parce que faut pas être sectaire, d'abord ☺️).

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(mardi)

Shark Tale

Je viens de voir Shark Tale (Gang de requins). Il y a du bon et du moins bon, alors autant commencer par le moins bon : l'intrigue est nulle, c'est plus une successions de scènes qu'une histoire, ou alors elle ne tient pas debout (même pas comme histoire comique je veux dire), les transitions sont parachutées ainsi que toute espèce de dénouement ou de changement de la situation ; de plus, le personnage principal (Oscar, le poisson) est assez peu attachant (enfin, c'est mon avis), ce qui est vraiment dommage pour ce genre de film ; enfin, plus anecdotiquement, la quantité de clins d'œil complices à la culture Hip-Hop-R'n'B-ou-apparentée finit par devenir lassante. À présent, je peux parler du bon : il y a des gags vraiment excellents, des transpositions (du monde des humains vers le monde sous-marin) absolument savoureuses, des mimiques faciales (ou autres plaisanteries graphiques) génialement réussies, des jeux de mots excellents ; la parodie du monde des parrains de la mafia est très bonne (sauf peut-être pour la pieuvre, qui gâche un peu l'ambiance) ; mais surtout, il y a Lenny (le requin qui a peur de faire son coming out comme végétarien) : et rien que pour la tête de Lenny, ça vaut la peine de voir ce film.

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(lundi)

Le Terminal

(Le titre français de ce film me semble un peu douteux : on parle plutôt d'un aérogare que d'un terminal, il me semble.)

Pour ceux qui n'ont pas suivi, il s'agit de l'histoire d'un type qui se retrouve — à cause d'un problème de paperasse et d'un coup d'État dans son pays — à devoir vivre en zone internationale d'un aéroport.

Globalement, j'ai bien aimé. Moins que Catch me if you can (le précédent Spielberg) par exemple, mais tout de même pas mal. Il faut admettre que très peu de concessions sont faites au réalisme, et c'est parfois un peu limite, quand même, et notamment la maîtrise de l'anglais par le personnage joué par Tom Hanks est quand même vraiment trop variable (un coup il ne comprend vraiment rien et deux minutes plus tard il sort des phrases relativement compliquées pour retomber dans le néant absolu encore une minute après). Le début m'a quand même légèrement tapé sur les nerfs notamment à cause de ça (la comédie du type qui ne comprend pas un mot d'anglais et qui répète bêtement, c'est un peu suranné). Mais ensuite, ça roule beaucoup mieux.

Ce qui est fantastique, c'est la magie Spielberg. Je n'explique pas ça, mais il a beau sortir des trucs qui sont, fondamentalement, très naïfs ou même carrément niais, et il les fait Juste Marcher. Par exemple, le coup de la boîte que le héros transporte (je ne spoilerai pas sur son contenu), c'est vraiment gentillet, et si quelqu'un d'autre que Spielberg essayait de faire passer ça, je crois que ça ne marcherait pas (auprès de moi en tout cas), mais là, c'est effectivement émouvant. Pareil pour plein d'autres choses, qui sont à la fois attendues et « faciles » (ne serait-ce que l'opposition entre le héros bon et simple qui se fait plein d'amis et le méchant borné et paperassier qui veut lui nuire), mais qui fonctionnent parce que le film a un vrai karma.

Indépendamment de ça, il y a pas mal de vrais bons gags. Les acteurs jouent bien, le rythme et la construction sont bien maîtrisés.

Par ailleurs, même moi, je bave complètement devant Catherine Zeta-Jones.

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(jeudi)

5×2, et divers

Je reviens de voir le dernier film de François Ozon, 5×2 : je suis plutôt déçu. Le tempo est vraiment trop lent, et, une fois qu'on a compris l'astuce (et malheureusement j'avais été spoilé à l'avance), il n'y a plus guère de surprise. De la part d'Ozon j'attendais quelque chose d'un peu plus original, vif, ou déjanté (je précise que j'ai énormément aimé Huit femmes et Sitcom). Tiens, une curiosité : pourquoi le héros (le mari) s'appelle-t-il François au tout début (lorsque le juge lit l'acte de divorce), et Gilles dans toute la suite ? Il y a quelque chose à comprendre, ou c'est juste une erreur complètement bizarre, ou bien Arthur et moi avons complètement rêvé ?

En revenant du cinéma, j'ai oublié mon sac à dos dans le métro. Heureusement que j'étais allé voir le film avec des copains, qui prenaient la même ligne et qui descendaient après moi : ils l'ont donc récupéré pour moi. Pas qu'il y ait quelque chose de précieux dans le sac en question, mais je m'étais fatigué à me reconstituer une trousse bien garnie (avec plein de stylos de toutes sortes de couleur) pour remplacer celle que j'avais perdue dans des circonstances semblables, je ne voudrais pas ravoir à acheter ça, et un agenda, et tout et tout.

Dans mon sac, il y a aussi les Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, que je lis en ce moment : c'est vraiment très beau (au moins celles que j'ai lues pour l'instant), je conseille vivement. Mais du coup je vais devoir lire autre chose ce soir.

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(jeudi)

Les Roseaux sauvages

[Gaël Morel devant un miroir]J'avais vu Les Roseaux sauvages / Le Chêne et le Roseau[#], probablement la version courte, il y a assez longtemps, à la télé (à l'occasion d'une rediffusion : ce n'était pas lors de sa sortie en 1994 mais plutôt en 1999 ou 2000). J'en avais gardé une image très positive ; cependant assez floue, à l'exception de cette scène (dont je tire l'image ci-contre), que je trouve extrêmement forte et belle, où François, le personnage joué par Gaël Morel, se met devant un miroir et se force, difficilement au début, à dire je suis pédé en se regardant.

Il y a quelques semaines, j'ai vu à la Fnac que le DVD était sorti, et je l'ai acheté : je viens juste de le regarder et cela n'a fait que confirmer à quel point j'aime ce film. Évidemment, c'est surtout le rôle de François qui m'émeut ; en fait, je suis stupéfait de voir (je n'en avais pas gardé un souvenir aussi précis) à quel point il me ressemble, ce pédé immature et bourgeois (comme Maïté — Élodie Bouchez — le qualifie, et ça me va parfaitement), maladroit, attendrissant, sporadiquement bavard, avide de compagnie, bon élève et gentiment cuistre : il fait même de la tachycardie (et pas assez de sport) ! Mais tout me plaît dans cette histoire où flotte un frais parfum de vacances ensoleillées. Pourquoi diable ne l'ai-je pas vu au moment où je passais moi-même le bac ?

Ah, et puis, si par hasard quelqu'un lisait ceci qui connaisse Gaël Morel, je lui demanderais volontiers un autographe. ☺️

[#] Je crois que l'un des deux titres (probablement le deuxième) doit faire référence à la version moyen métrage qui est un téléfilm produit sur commande d'Arte, l'autre désigne la version longue.

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(mercredi)

I, Robot

J'ai été plutôt agréablement surpris : je m'attendais à un film d'action complètement crétin, et c'est bien un film d'action, mais il n'est pas sans intérêt. Je m'attendais à ce qu'Asimov serve uniquement de prête-nom, et ce n'est pas le cas : bon, il est vrai que le scénario, qui n'est pas directement tiré d'une oeuvre de l'écrivain, est très hollywoodien et n'a pas la complexité et la subtilité des intrigues nouées par le Bon Docteur, mais il reste quand même une certaine influence du maître — en tout cas, je trouve que ce n'est pas une trahison. Je ne spoilerai pas, mais on peut même trouver des justifications dans l'oeuvre d'Asimov pour le principal ressort de l'intrigue au final. Le personnage de Susan Calvin est assez modifié mais pas complètement trahi non plus. Will Smith ne joue pas mal du tout, je trouve, son personnage est relativement plausible, et il y a des passages très rigolos au début (la grand-mère, notamment, est absolument excellente).

À la limite, ce qui m'a le plus agacé, c'est un petit bout de morale glissé discrètement au passage : si vous avez le choix entre sauver un homme (avec une probabilité de 48%, mais à la limite peu importe) et sauver une petite fille (avec une probabilité de 11%) il « faudrait » (au sens où : d'après le film, n'importe quel humain ferait ça) sauver la petite fille. Je ne sais pas pour vous, mais moi ça fait sonner mon pipotron éthique : je ne vois pas pourquoi c'est mieux de sauver la vie d'une petite fille que celle d'un homme plus âgé. Enfin bon, peu importe, ce n'est pas le point central du film, c'est juste un petit détail.

Bref, si vous vous ennuyez en ce moment (genre, vous êtes coincé à Toulouse par un stage d'info ?), n'hésitez pas à aller voir ce film.

PS : Dans les sorties prochaines de l'été, je vois Riddick et Hellboy, qui, dans le genre nanar gratiné, ont l'air tous les deux vraiment très forts. Forcément, il faudra que je voie les deux.

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(samedi)

Quelques pubs au cinéma

Je reviens du cinéma où je suis allé voir Le Rôle de sa vie. Je ne dirai pas grand-chose du film : autant les personnages étaient assez intéressants et réalistes, autant l'histoire m'a semblé d'un intérêt assez nul, et je suis plutôt déçu (mais bon, vu l'ennui absolument souverain qui me possède ce week-end, et n'ayant le courage de ne rigoureusement rien faire de la montagne de choses qui m'attendent, le cinéma est encore une façon de s'échapper). Donc à la place je vais juste mentionner deux pubs que j'ai vues en début de séance.

D'abord, il y a ce clip (je ne sais pas comment l'appeler autrement) produit par la mairie de Paris sur la chanson Paris de Marc Lavoine (Je marche dans tes rues / Qui me marchent sur les pieds / Je bois dans tes cafés…), où on voit chanter des stars filmées en noir et blanc dans Paris et sur un montage très mobile. Eh bien je la trouve absolument magnifique, cette pub (j'aime beaucoup la chanson, que je ne connaissais pas du tout, mais c'est surtout la manière dont c'est filmé qui est admirable). Je l'avais déjà vue l'an dernier à la même saison, mais je n'y avais pas trop prêté attention : là, je félicite ceux qui ont fait ça. (Pour ceux qui n'ont pas vu et qui se posent la question, c'est une pub pour l'opération 3 jours, 3 euros les 22, 23 et 24 août dans tous les cinémas parisiens.)

Ensuite, une pub pour EDF, que je saurais pas vraiment qualifier autrement que la pub actuelle pour EDF au cinéma. Les deux premières fois que je l'ai vue, je n'avais pas du tout compris avant la fin sur quoi elle portait (je pensais plutôt à une agence d'assurance, ou une banque, ou quelque chose comme ça, parce que ce sont plutôt elles qui ont tendance à faire des pubs dans le genre, vaguement lyriques et sans objet évident). En tout cas je n'y avais pas fait beaucoup attention. Ensuite, on m'a fait remarquer que la pub faisait très “années 70” (sic, enfin je crois), et j'y ai fait un peu plus attention cette fois-ci. En réalité, elle est très construite, ce n'est pas du tout des petites séquences au hasard comme on en a l'impression en la voyant les premières fois : il y a toutes sortes de petits indices qui évoquent différentes époques, et si au début ce sont en effet les années 70 (cela se voit surtout aux appareils électriques, évidemment, ce qui est normal dans une pub pour EDF), ensuite on avance jusqu'à nos jours ; et en fait, l'ensemble évoque, par un nombre de très courts plans-séquences, la vie de quelqu'un (qui doit être à peu près de ma génération) entre sa naissance et la naissance de son enfant, les deux naissances étant représentées par des échographies. Je trouve ça artistiquement très réussi.

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(mercredi)

Spiderman 2

Allez, parlons un peu d'autre chose : je viens de voir le navet de l'été, et je l'ai trouvé tout à fait digérable (j'avais eu des échos positifs et négatifs). Je précise que je n'avais pas vu le 1. Ce n'est pas très profond, c'est sûr, mais le film me fait un peu l'effet du héros lui-même : brouillon, incertain, mais finalement attendrissant. (Soit dit en passant, physiquement, je ne dirais pas qu'il est très beau, le Peter Parker — ou en tout cas, je n'arrête pas de changer d'avis d'une scène sur l'autre —, mais c'est tellement mignon quand il a une tête de chien battu — enfin, d'araignée battue —, qu'il en devient craquant.)

Sinon, vous avez remarqué : on voit souvent des histoires avec un méchant savant fou qui peut être un physicien (qui met au point toutes sortes d'engins dangereux), un chimiste (qui peut produire des substances horriblement toxiques ou corrosives), un biologiste (qui va créer des organismes mutants totalement invraisembables) ou parfois un informaticien (qui va prendre le contrôle de tous les ordinateurs), mais on voit rarement un mathématicien. Ha, ha, only serious! Imaginez un peu une histoire avec un méchant mathématicien fou qui va prendre le contrôle du monde grâce à un théorème faramineux, et un super-héros qui va l'en empêcher — ça ce serait excellent.

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(mardi)

Nanars !

Je ressors d'une Nuit du Nanar à l'École, où on a vu la projection successivement de Braindead, de Vercingétorix et de Battlestar Galactica (le film, tiré des deux premiers épisodes de la série du même nom — à moins que ce soit le contraire). Grandiose. Le premier est un film gore (à l'extrême) comique, qu'on ne sait vraiment pas si on doit prendreu au deuxième ou au troisième degré, mais en tout cas qui est à mourir de rire (enfin, surtout si on le voit en groupe). Le second est tellement épouvantablement mauvais (surtout dans les dialogues !) qu'on ne peut pas ne pas en rire. Le troisième est un pastiche (involontaire — ou en tout cas non assumé) de Star Wars (l'épisode IV, je veux dire — le tout premier) qui a très mal vieilli.

Évidemment, ensuite, les normaliens passent pour des cinglés, à regarder des films comme ça ou à passer des journées entières dans le métro. J'ai d'ailleurs dîné avec quelqu'un qui avait bien l'air de cet avis.

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(jeudi) · Premier Quartier

La Mala Educación

Je viens de voir le dernier Almodóvar. Un film magnifique, et très émouvant. La construction est un peu sophistiquée (avec des mises en abyme un peu borgesiennes), mais cela ne retire rien à la force de l'histoire. Il y a une partie de l'histoire qui rappelle La Ville dont le prince est un enfant, mais il y a aussi des parties bien différentes.

Pas forcément le meilleur film du réalisateur, mais assurément une réussite.

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(mardi)

Was this the face that launch'd a thousand ships, / And burnt the topless towers of Ilium?

Μῆνιν ἄειδε θεὰ Πηληϊάδεω Ἀχιλῆος…

Je suis allé voir (avec mon petit frère 😉) le grand péplum planétaire du moment, Troie. Eh bien je ne l'ai pas trouvé mauvais du tout.

Le plus gros reproche que je lui ferai est qu'Agamemnon et Ménélas sont montrés de façon vraiment simpliste comme des personnages entièrement méchants et négatifs : le parti pris (puisque apparemment Hollywood n'arrive pas à raconter une histoire, et surtout une guerre, sans prendre de partie) est plutôt celui des Troyens ; Priam est présenté comme indiscutablement bon (quoique faible), Hector est parfaitement honorable et globalement un chic type, et Pâris est un brave garçon. Côté grec, Achille a une personnalité assez complexe, il est bien joué et ne tombe pas trop dans la caricature (certes, tout cela n'a peut-être aucun rapport avec le personnage présenté sous ce nom dans l'Iliade, mais who cares?). Et Ulysse (Odysseus) n'est pas mal du tout (et son côté rusé et habile ressort bien).

De grosses libertés ont évidemment été prises avec l'histoire canonique, mais je pense que c'est normal ; la guerre de Troie reste le mythe fondateur de notre civilisation, il est normal qu'on le raconte à une époque donnée selon ce que l'imaginaire de cette époque en conçoit (et le cinéma américain peut bien prétendre au rôle de forgeron de l'imaginaire). En tout cas je ne crie pas au scandale : si on me demande d'imaginer, naïvement et comme un enfant qui veut être émerveillé, l'histoire en question, je ressortirai quelque chose de pas trop loin de ce que ce film présente. Bien sûr, la vision vieillira mal. Mais ceux qui veulent voir la présentation telle qu'on la faisait peut-être au IXe siècle avant l'ère commune peuvent lire le poème qu'on sait.

Les dieux sont ici les grands absents. Je pense que c'est une bonne décision, car il aurait été délicat de décider comment les montrer (et l'homme est la mesure de toute chose, non ?). Certes, représenter Achille comme impie et Hector comme agnostique (fatigué de voir son père suivre toujours aveuglément les augures), c'est osé, mais je trouve qu'ils s'en sortent bien. Ils auraient pu tirer quelque profit en montrant le sacrifice d'Iphigénie, mais ils ne l'ont pas fait (Clytemnestre est entièrement absente, et Agamemnon est tué par Briséis, ce qui n'était pas forcément utile). J'ai apprécié le clin d'œil consistant à montrer, lors de la fuite des Troyens, Pâris donnant son épée à un jeune homme qui aide son vieux père à fuir, et il lui demande comment il s'appelle — Énée (vous pensez qu'ils vont faire une suite, Les Troyens contre-attaquent : la fondation de Rome ?).

Accessoirement, j'en suis à me demander : au fait, Hélène elle-même, elle est censée devenir quoi, à la fin, dans l'histoire ? (À part avoir une amourette avec Faust pas mal de siècles plus tard, je veux dire.)

Sinon, l'incendie et le sac de Troie m'ont paru bien rendus, et on pense bien à la magnifique force des vers de l'Andromaque de Racine,

Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.

J'ai aussi aimé la scène où Priam va supplier Achille de lui rendre le corps de son fils. C'est sans doute le moment le plus fort de l'Iliade (24:477s), et ils s'en tirent ici avec les honneurs (mais Peter O'Toole, qui joue le roi troyen, n'est pas exactement un mauvais acteur…).

Bon, et puis si on n'est pas féru de culture hellénique, on peut toujours y aller pour voir la beauté ténébreuse d'Orlando Bloom (Pâris) ou les magnifiques biceps huilés de Brad Pitt (ah… la scène où Achille se déshabille… rhâââ…). Si vous vous demandez, rien n'est montré, et très peu est suggéré, entre Achille et Patrocle ; ce n'est pas forcément plus mal, en fait. Pour ceux qui préfèrent les femmes, la beauté la plus fameuse de toute l'Histoire est jouée par Diane Kruger, mais je ne sais pas si son visage aurait suffi à faire partir mille nefs.

Voilà voilà. En un mot : allez le voir si vous avez trois heures à perdre, ou si vous aimez ce genre de spectacles grandioses, ou si vous voulez mater de beaux garçons. N'allez pas le voir si vous êtes un ayant-droit de ce M. Homère.

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(dimanche)

Les invasions extra-terrestres

Independence Day ce soir à la télé : le film à côté duquel Star Wars a le réalisme d'un documentaire scientifique. Je ne sais pas si je supporterai une telle avalanche de niaiserie jusqu'au bout (même au second degré c'est assez pénible), mais d'un certain point de vue c'est intéressant de comparer avec la vision radicalement différente des extra-terrestres qu'on pouvait avoir à l'époque de Le Jour où la Terre s'arrêta — ou, plus exactement, c'est la vision des humains qui a changé : maintenant nous nous prenons pour des pacifiques agressés, apparemment.

Le happy end est une resucée[#] de celui de la Guerre des Mondes (i.e. le petit virus[#2] qui sauve l'humanité), débarrassé de son génie, et agrémenté d'une bonne dose d'axiomes hollywoodiens (dans le genre tout système informatique est piratable par quelqu'un de suffisamment malin, et bien sûr le système informatique des extra-terrestres est évidemment compatible avec le nôtre), avec le sirop de bonne conscience qui va avec. Sans parler du fait qu'il est douteux que l'humanité puisse se relever des dommages qu'elle est censée se voir infliger, il fallait quand même une certaine audace pour prétendre à une fin heureuse après tellement de destruction — passons.

Plutôt que de tirer sur les ambulances, je vous propose un film de science-fiction qui a vraiment une intrigue intéressante et profonde : La Planète interdite. Ou bien, si vous préférez l'équivalent de Independence Day au second degré, le fabuleux Galaxy Quest.

[#] Que les auteurs n'ont même pas eu le cran de reconnaître ouvertement. Ç'aurait été la moindre des choses, par exemple, que de laisser le petit génie avoir son idée en tombant sur un exemplaire du livre de Wells.

[#2] Au demeurant, les virus ont, historiquement, plutôt eu tendance à être du côté de l'envahisseur. Quand l'Amérique a été « découverte », les maladies ont bien aidé les Européens à exterminer les Indiens en masse.

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(mercredi)

Immortel

Ce soir je suis allé voir Immortel, le nouveau film d'Enki Bilal, à l'UGC de Bercy, avec Cossaw, pour me détendre un peu de mes crises de nerfs informatiques. C'est visuellement vraiment magnifique (même si c'est parfois un peu poussé sur le sordide, comme j'ai l'impression qu'Enki Bilal a tendance à faire), et c'est très poétique, parfois gentiment humoristique aussi. Mais alors surtout, si vous comptez y aller, n'essayez pas de comprendre quoi que ce soit à l'intrigue : il n'y a tout simplement rien à comprendre, et il y a énormément de questions qui restent sans réponse (qu'est-ce que c'est que l'intrusion zone et à quoi et à qui sert-elle et pourquoi est-elle dangereuse ? d'où vient Jill, finalement ? et qui est John ? pourquoi Horus a-t-il été condamné ? pourquoi les dieux stationnent-ils leur pyramide au-dessus de New York ? que veulent au juste Eugenics, et que font-ils ? qu'est-ce que sont les niveaux dans la ville ? quels sont les rapports entre les humains et les non-humains, et d'où viennent ceux-ci ? quel était le crime de Nikopol ? à quoi est due sa libération anticipée si opportune ? qui est le serial killer ? — et j'en passe…).

La petite question naze du moment : est-ce que la langue que parlent Horus, Anubis et Bastet dans le film est vraiment de l'égyptien ancien ? (Je pourrais poser aussi la question, accessoirement, de la langue qui est parlée dans Stargate.) J'avoue que ça a une classe certaine : parler latin, c'est rigolo, parler grec ancien, c'est nettement mieux, mais égyptien ancien, c'est carrément barbot. Mise à jour (2004-04-04T02:40+0200) : Quelqu'un que je connais (merci, Liguori !) a posé la question à Enki Bilal lui-même ; la réponse est qu'il avait un livre sur l'egyptien ancien et a bidouille lui-meme un truc potable a partir de ca… C'est donc bien de l'egyptien ancien, mais a la sauce Bilal (en particulier avec les noms de dieux en anglais).

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(jeudi)

L'Effet papillon

Je viens de voir L'Effet papillon à l'UGC de Bercy, et j'en suis très content : je pense qu'il ne m'a pas plus uniquement à cause de mon intérêt pour le voyage dans le temps, mais aussi parce que c'est intrinsèquement un plutôt bon film, malgré quelques faiblesses ou quelques lourdeurs (notamment des effets trop appuyés). Le principal « problème », c'est que le début du film — les moments où le héros a ses trous de mémoire — est extrêmement stressant (je veux dire, façon thriller ou film d'horreur) et je suis vraiment petite nature, moi, je sursaute très facilement (je ne supporte pas les films d'angoisse), donc ce début a été un peu éprouvant. 😐 Ensuite, ça allait.

Étonnamment, je n'ai pas trop trouvé d'incohérences : je dirais même presque que le film tient debout dans sa logique interne. Ce n'est pas réaliste, mais si on accepte quelques idées de principe, ce n'est pas idiot. Il y a quand même un truc (mineur, heureusement) qui ne va vraiment pas : [ce qui suit est un spoiler très mineur] la manière dont le héros « acquiert » des stigmates aux mains sous les yeux de quelqu'un — aux yeux de ce dernier, il aurait dû toujours les avoir eus, et donc ne s'étonner de rien. Mais bon, peu importe.

Évidemment, c'est une question qu'on aime à se poser : Et si j'avais fait les choses différemment à <tel moment>, comment le cours des événements aurait-il été changé ? (Question que je m'étais déjà posée ici, d'ailleurs, dans des termes un peu différents.) Il me semble certain que si on change quoi que ce soit (la position d'un grain de sable, ou même d'un amibe sur un grain de sable) il y a, disons, 1000 ans, cela change complètement la face du monde actuel (et ce n'est pas vraiment la peine de se demander comment — toutes sortes de choses[#] dans l'Histoire se sont produites « par hasard » et ne se seraient pas produites, tandis que toutes sortes d'autres se seraient produites, mais il est vain de chercher à conjecturer comment la position du grain de sable changerait les choses) ; mais si on change quelque chose de plus significatif (pour la vie de celui qui se pose la question) dans un passé plus proche ? C'est une question qui nous touche plus directement, et qui est posée dans ce film, avec une certaine habileté.

[#] À commencer par chaque naissance. Au moment de la fécondation, parmi les milliers de spermatozoïdes qui cherchent à pénétrer l'ovule, un seul y arrive, et lequel il est dépend vraiment d'un hasard déterminé à l'échelle microscopique. Changez un seul grain de sable il y a 1000 ans, et toutes les naissances à partir de là sont différentes : changez un seul grain de sable il y a 1000 ans et vous tuez Léonard de Vinci aussi bien que Hitler — et vous mettez quantité d'autres gens à la place, évidemment, qui ne sont pas nés dans notre monde.

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(mercredi)

Big Fish

Après avoir dîné avec Padawan au retaurant Le Loup Blanc (que je recommande au passage), ce soir, je suis allé voir Big Fish ce soir (un peu sur un coup de tête : je comptais voir L'Effet papillon mais curieusement ils ne le donnaient pas à l'UGC des Halles). Eh bien ce film est vraiment magnifique : j'étais sceptique (dans le genre ça a l'air un peu n'importe quoi, ce truc) à la vue de la bande annonce, mais, comme le fils du héros, je me suis laissé captivé par les histoires racontées. C'est à la fois mignon, drôle et émouvant (et parfois les trois à la fois), surtout à la fin (il y a quelques passages, autour du tiers du film, qui ne m'ont vraiment pas paru terribles, mais ils ont vite été compensés). Je précise que je ne suis pas un inconditionnel de Tim Burton.

Ce que j'ai nettement moins apprécié, en revanche, c'est le retour chez moi : je suis sorti du cinéma juste avant 0h30, donc trop tard pour attraper le dernier métro de ma ligne habituelle (la 7, en travaux ⇒ la dernière rame est avancée !). J'ai hésité entre l'idée de prendre la ligne 1 jusqu'à Bastille pour y attraper la 5 et celle d'emprunter la 14 jusqu'à Bercy pour finir avec la 6. J'ai pensé que cette dernière solution serait meilleure parce que la 14 passe plus fréquemment que les autres ; j'étais à Bercy à 0h41, j'ai raté une rame de la ligne 6 de quelques secondes. Je reste sur le quai à attendre (le dernier métro était censé venir à 0h47), et à 0h45 un haut-parleur nous annonce que le service est terminé en direction de l'Étoile. Furieux, je sors de la station pour rentrer à pied, et là je vois passer, sur le pont de Bercy, le dernier métro en question ! Pire : en courant un peu, j'aurais même pu le rejoindre à Quai de la Gare, parce qu'il y a stationné très longtemps, mais, bien sûr, je ne le savais pas, donc je l'ai vu une deuxième fois me filer sous le nez. Merci la RATP (Rentre Avec Tes Pieds, comme on dit) ! (En fait, à la réflexion, au lieu de sortir de la station, j'aurais dû reprendre la ligne 14 pour continuer jusqu'à Bibliothèque, ça m'aurait fait un peu moins de marche.) Bref, je suis arrivé chez moi à 1h15. Et moi qui comptais me coucher un peu tôt…

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(mercredi)

Ciné

Immortel (le film d'Enki Bilal qui sort dans trois semaines) a l'air carrément space. J'ai vu des teasers il y a des mois, et maintenant la bande annonce (enfin, en partie, parce que je suis rentré dans la salle — j'allais voir Paycheck — au milieu de ce trailer), et ça me donne assez envie de voir de quoi il retourne : si c'est du mystico space opera bien fumé, ça devrait me plaire. (Cependant, j'avais lu une BD d'Enki Bilal — Le Sommeil du Monstre, je crois —, et je n'avais pas aimé du tout, c'était beaucoup trop « théorie du complot mis en images », si j'ose dire.) Si des gens veulent le voir avec moi quand il sortira, qu'ils se dénoncent.

À part ça, Podium, c'est bien ? Et Big Fish (là je suis un peu méfiant) ?

Dans un autre genre, la section cinéma gay de la Fnac Italie 2 (celle qui est à côté de chez moi) s'est pas mal enrichie depuis un mois ou deux. Il faudra que je fasse quelques acquisitions.

L'ennui avec les DVD, c'est que soit j'achète des choses que j'ai déjà vues, et alors je regarde rarement plus qu'une fois (et parfois jamais, en fait), soit j'achète des films que je n'ai pas encore regardés, et alors je ne sais pas si ça va me plaire. Je pourrais louer, mais autant aller au cinéma, à ce titre-là. Ou alors il faudrait un truc intermédiaire entre la location et la vente (si on aime, on achète le DVD avec un prix qui déduit celui de la location, et si on n'aime pas, on se contente de payer la location) : ça existe (j'ai le souvenir qu'on m'avait parlé d'une combine de ce genre) ?

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(samedi) · Premier Quartier

Paycheck — et le voyage dans le temps

Je suis allé voir Paycheck ce soir. S'il y a un intérêt, je peux expliquer pourquoi ce film — qui n'est pourtant pas mauvais du tout, au final — est bourré d'incohérences de tous points de vue (je ne parle pas de la science ! les personnages font des choses absolument illogiques et incohérentes eu égard à ce qu'ils savent et ce qu'ils veulent).

Mais en tout cas ça m'a conduit à relire mon traité ultime sur le voyage temporel, qui est sans doute la plus invraisemblable masturbation intellectuelle que j'aie jamais produite (en tout cas je m'étais amusé comme un fou à écrire ce truc et à explorer tous les cas possibles). Un jour j'écrirai une nouvelle de science-fiction avec un voyage dans le temps (ou une simple observation du futur, d'ailleurs, ce qui revient à peu près au même que le voyage dans le passé) qui tient vraiment debout de tout point de vue, même quand on l'attaque avec la logique la plus rigoureuse : pour l'instant je n'ai encore jamais vu ça (quoique, L'Armée des douze singes n'est vraiment pas loin, et d'ailleurs ce film est excellent de tout point de vue ; cependant, c'est du monochronique — la définition de ce terme est dans le texte que je viens de citer — ce qui est beaucoup plus facile à rendre rigoureux que du polychronique).

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(dimanche)

Les 11 Commandements

Je crois que c'est la première fois de ma vie que, au cinéma, je sors avant la fin du film. Bref, si votre sens de l'humour s'apparente au mien, n'allez pas voir Les 11 Commandements (et je précise que, globalement, j'ai tendance à trouver Michaël Youn plutôt drôle, et que je n'ai rien contre l'humour complètement absurde et déjanté).

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(mercredi)

Grande école

Ce film est… bizarre. Je n'arrive pas à décider s'il est nul ou très bon. En fait, il est déstabilisant parce qu'il y a énormément de choses dont on ne sait pas si on doit les prendre au premier, au second ou au troisième degré. D'un côté on a des clins d'œil divers et variés au milieu français des grandes écoles (en l'occurrence : une école de commerce imaginaire et non nommée — même si les bâtiments doivent être bien réels et j'essaie sans succès de me rappeler lesquels ce sont — et, dans une moindre mesure, Normale Sup section lettres), parfois jusqu'à la caricature. De l'autre, des passages véritablement touchants. Entre les deux, des scènes dont on ne sait pas si on doit en rire ou s'en émouvoir, des effets trop appuyés dont on ne sait pas si c'est intentionnel ou lamentable. Bref, c'est étrange. Il y a aussi un désagréable effet « théâtre filmé » de certaines scènes (mais pas toutes) : peut-être parce que c'est justement adapté d'une pièce. Pourtant, si on est disposé à accepter de lire le film à plusieurs degrés, de rire sans trop savoir si c'est de lui ou avec lui et d'être parfois un peu touché, alors il n'est pas désagréable à voir. En tout cas je n'ai pas le sentiment d'avoir perdu mon argent ou mon temps.

En revanche, j'aurais été ravi de pouvoir échapper à l'effet « bande de copains homos sortis d'école de commerce » dans l'assistance, qui sont manifestement venus voir ce film parce que c'est « leur » film, et qui ne se privent pas pour le commenter à voix haute pendant la séance, et pour rire à gorge déployée.

Une réplique que j'ai bien aimée (et que je cite approximativement) : ah oui, les amis… qui choisirait d'être petit alors qu'on peut être meilleur ?

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(lundi)

RRRrrrr !!!

Je suis finalement allé voir ce fameux film, une formidable fable sur la tolérance et le respect d'autrui, notamment vis-à-vis des blonds (dont on apprend d'ailleurs enfin la véritable parenté…).

Euh, non, sérieusement : bah j'ai trouvé ça moins mauvais que les critiques le laissaient entendre, mais moins bon que ce qu'on pouvait attendre de la bande Chabat (j'aime beaucoup) & les Robins des Bois (j'aime nettement moins, mais bien quand même). C'est de l'humour naze et bête, quoi, et il se trouve que j'aime assez bien l'humour naze et bête ; j'ai ri quelquefois, et j'ai beaucoup souri. J'ai apprécié quelques références (entre autres aux Monty Pythons, comme le coup du lapin féroce qu'on voit pendant une seconde ou la manière de commencer le film). Ceci dit, je me demande un peu ce qui fait, au fond, que je trouve ça moins drôle que Life of Brian ou Holy Grail : parce que finalement c'est vraiment le même genre d'humour ; peut-être que les Monty Pythons font des allusions un peu plus savantes, mais même ça n'est pas très clair.

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(samedi)

Séance ciné

Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé au cinéma. Depuis le retour du roi, en fait. Ce soir j'ai vu L'Esquive, l'histoire d'un groupe de lycéens de banlieue qui répètent la pièce Jeux de l'amour et du hasard de Marivaux. À l'image de leur façon de jouer, ce film est amusant, et très touchant, mais aussi un peu lassant. (Et pour ceux qui s'imaginent que je suis surtout aller mater de la racaille : non, pas trop — ils sont attendrissants, mais pas spécialement kiffants ; d'ailleurs, le héros est plutôt moche et ça se voit sur l'affiche.)

Je pense que la vision des cités qu'on y trouve est très « vraie » et on peut prendre ça quasi comme un documentaire. En tout cas les jeunes parlent exactement comme je les entends parler dans le RER. Notamment, les filles me saoulent complètement parce qu'elles forcent tout le temps leur voix (ce qui a rendu le film un peu pénible à regarder). Une autre chose qui m'épate, que j'avais déjà constaté mais qui m'a été ici vraiment manifeste, c'est que le contenu informationnel de tout discours prononcé en « tchatche de banlieue » est complètement noyé sous des qualificatifs ou des expressions totalement vides de sens (du style, grave, trop, j'te dis, sur la tête de ma mère j'te jure et ainsi de suite, et ne parlons pas de inch'allah) qui servent uniquement à ponctuer la parole. Inversement, dès qu'on veut dire quelque chose, il est nécessaire de le répéter trois ou quatre fois. Si on croit aux thèses de Sapir-Whorf, on va prendre les gens qui parlent comme ça pour des débiles mentaux, bien sûr : ce qui n'est sans doute pas une bonne idée, parce que, quand j'y pense, j'ai tendance à trouver un peu la même chose du grec ancien, par exemple (or en effet car mais cependant par Zeus oui tu dis vrai !).

Sur le plan des rapports humains, le phénomène frappant (dans le film, mais je crois là aussi que cela reflète très bien la réalité) c'est à quel point toute relation est conflictuelle : on semble incapable de prier quelqu'un de faire quelque chose, on ne peut que lui ordonner, et, en réponse à un ordre, entrer soit dans une position d'obéissance (temporaire) soit dans une situation de conflit ; même pour quelque chose d'aussi trivial que peux-tu descendre, j'ai quelque chose à te dire on en arrive à vas-y, descends, j'veux t'parler, c'est-à-dire de la demande à l'injonction. C'est finalement une ambiance fortement liberticide pour les choix individuels, puisque chaque décision se fait avec une forte interaction de l'environnement (ce qu'une des protagonistes du film exprime clairement : vous m'foutez trop la pression).

Sinon, parlant de discours absolument conditionné, il y a une chose que je commence à très mal supporter, ce sont les annonces américaines de films. Vous avez déjà fait attention à la voix off du type qui dit coming soon by Academy Award winning director John Doe-Smith et autres commentaires censés éveiller l'intérêt du spectateur pour les qualités du film ? La voix, le ton de la voix, la formulation des phrases, tout cela est toujours rigoureusement identique. Et ça me tape violemment sur les nerfs.

Bon, enfin, le pire c'est encore la réclame pour la barre chocolatée, toujours la même, et le petit spot UGC (on partage plus que du cinéma) que j'en ai vraiment marre de voir.

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(samedi)

Doué

C'est absolument scandaleux à quel point il est mignon sur cette photo de l'affiche du film Peter Pan. Voir cette image sur tous les murs, c'est une véritable incitation à la pédophilie, c'est insupportable : je suis déjà suffisamment frustré avec les mecs d'à peu près mon âge, ce n'est pas la peine d'en rajouter avec les gamins de quinze ans.

Ah, c'est vrai que Peter Pan n'a pas d'âge, de toute façon.

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(jeudi) · Premier Quartier

Nettoyage à sec

Je viens de voir Nettoyage à sec (dans le cadre d'une projection organisée par Homonormalité, l'association homo de l'ENS). Je pourrais dire beaucoup de bien sur le film, qui est vraiment magnifique (ça fait un moment que je me disais que je devais le voir), mais je dirai surtout ceci : putain de bordel de merde, qu'est-ce qu'il est beau gosse, Stanislas Merhar !

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(mardi) · Premier Quartier

Hilbert est malade — Didier

Le chat de mes parents (c'est la photo de droite, hein), qui est aussi un peu le mien (à moins que ce soit le contraire ; de toute façon, un chat, ça n'appartient qu'à soi-même), est malade : il souffre d'une grave insuffisance rénale, a dit le vétérinaire. (On avait remarqué qu'il buvait énormément d'eau, alors ma mère l'a emmené faire une prise de sang.) Il est au régime sévère avec des croquettes spéciales, qu'il n'aime pas du tout, bien entendu. Il a environ neuf ans (on l'a recueilli au printemps '96, et il a alors été estimé qu'il avait à peu près un an).

Tiens, pour faire un coq-à-l'âne (ou, plus exactement, un chat-au-chien), hier soir j'ai vu Didier (d'Alain Chabat) à la télé, et je suis assez bluffé : l'idée de départ (un chien qui prend un jour corps humain) est vraiment débile, mais il a réussi a en faire quelque chose de plutôt réussi. Bon, le scénario n'est pas exceptionnel, et il est plutôt attendu ; mais le jeu d'Alain Chabat est absolument époustouflant : réussir à jouer un chien transformé en homme de façon — je n'oserais pas dire crédible — convaincante, de façon qui soit drôle sans être complètement ridicule, c'était vraiment dur — et il y est arrivé. Je lui tire mon chapeau. (À ce propos, je crois bien que j'irai voir RRRrrrr quand il sortira.)

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(mercredi)

Le Retour du roi

[400e entrée dans ce 'blog ! Hourra, hourra, hourra, hourra !]

Finalement j'ai vu Le Retour du roi aujourd'hui. Pour ceux qui n'ont pas vu, je dirai juste ceci : n'y allez pas si vous êtes sujet au vertige (parce que moi je le suis fortement, et les escaliers de Cirith Ungol, j'ai eu du mal à digérer). [Attention, spoilers dans ce qui suit.] Ah oui, n'y allez pas non plus si vous êtes arachnophobe (bon, je suis un peu obligé de spoiler, là : il y a une grosse et vilaine araignée).

Non, sérieusement, le principal reproche que je ferai au film, en fait, c'est qu'ils ont complètement raté le personnage de Denethor. Dans le livre, il est peu amène, mais intelligent et pas complètement cinglé (sauf vraiment à la fin). Là, c'est du gâchis complet. Et en plus il n'a aucun intérêt puisque les gardes de Gondor obéissent à Gandalf sans hésitation (alors que dans le livre ils rechignent). Déjà je n'étais pas content qu'ils aient fait de Saruman une simple marionnette dans les mains de Sauron, c'est un peu pareil en fait (je veux bien que l'œil de Sauron vu dans le Palantír soit puissant, mais quand même !). Les autres infidélités faites au livre, à mon avis, se défendent très bien (par exemple celle d'avoir supprimé toute la partie de sauvetage de la Comté, même si je trouve un peu regrettable qu'on n'ait pas droit à la confrontation entre Gandalf et Saruman, ce dernier disparaissant comme par enchantement en laissant un Palantír inexpliqué dans l'eau d'Isengard).

Sinon, je suis un peu agacé par la manière dont ils insistent pour rattraper toujours l'action de la plus extrême justesse, pour maximiser le suspens. Point trop n'en faut ! Dans les scènes de bataille, je trouve ça absolument exagéré : quand en deux coups de catapulte au tout début de la bataille la ville de Minas Tirith est à moitié détruite, je trouve qu'il y a vraiment de l'abus. Et qu'on la sauve alors que les ennemis ont déjà pénétré la plupart des enceintes, c'est aussi vraiment inutile. Au lieu de rendre l'effet plus fort, pour moi, ça le casse complètement : on n'y « croit » plus du tout, parce que c'est tellement artificiel.

Mais il faut reconnaître à Peter Jackson un vrai talent pour le spectaculaire et le grandiose (je dis ça en bonne part). Par ailleurs les scènes dans la montagne du destin sont vraiment bien faites, je trouve.

Enfin, globalement, le film est conforme à ce à quoi je m'attendais.

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(dimanche) · Premier Quartier

Festival : la fin

J'ai passé mon après-midi au Festival de Films Gays et Lesbiens de Paris, comme je l'avais décidé. Un parfum nommé Saïd (à 14h15) était franchement mauvais : une sorte de souvenir de vacances interminable sur fond d'une aventure du réalisateur qui n'avait rien d'intéressante et qui ne donnait de beau rôle ni à lui ni à son amourette ; à part pour dire « le Maroc c'est beau, allez-y », ça n'avait aucun intérêt. Frisk (à 18h30) était moins mauvais, mais quand même un peu vide (comme beaucoup de films qui croient que faire trash suffit à remplir — néanmoins j'ai vu largement pire). En revanche, ce qui m'a vraiment emballé, c'était les courts métrages (à 16h30). Notamment deux films français : Far West (que j'avais déjà vu, cependant), et surtout Le Cas d'O d'Olivier Ciappa (un petit thriller comique, dont le rapport avec l'homosexualité était un peu distant, mais absolument excellent dans l'ensemble, et puis Orient est incroyablement beau gosse — dommage que l'acteur, qui était présent, ait précisé qu'il était hétéro) ; et deux films nord-américains, Straight in the Face et Target Audience, tous deux absolument hilarants ; j'ai aussi bien aimé Œdipe N+1, et Avant j'étais triste de Jean-Gabriel Périot. Bref, quasiment tout ce qui était là était entre très bon et absolument excellent (seul un tout petit métrage de cinq minutes m'a déplu, une animation de dessins de Tom de Pékin). Vraisemblablement certains de ces courts métrages sortiront dans la collection Courts mais gays (c'était déjà le cas de Far West et il est certain que ce Le Cas d'O viendra, puisque c'est Antiprod qui produisait), et je ne manquerai pas de les acheter.

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(samedi)

La Ville dont le prince est un enfant

J'avais entendu parler de La Ville dont le prince est un enfant, téléfilm tiré de l'œuvre du même nom de Montherlant : comme je suis tombé, l'autre jour, sur le DVD à la Fnac, je l'ai acheté (d'accord, j'avoue avoir un petit faible pour Naël Marandin), et je viens de le regarder. C'est un très beau film : même si la mise en scène laisse un peu à désirer (notamment à la fin, qui m'a semblée un peu… étirée), les acteurs sont convaincants et l'argument est à la fois très pudique et très fort. Bref, j'ai beaucoup aimé.

(« Marandin », c'est le même nom de famille que mon prof de français en cinquième, Jean-Patrice (ou Jean-Patrick ?) de son prénom, que j'admirais passionnément. Je me demande s'il y a un lien de parenté.)

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(vendredi)

Intolerable Cruelty

Je viens de voir Intolerable Cruelty (sur un coup de tête : je ne comptais initialement pas aller au cinéma ce soir). C'est vraiment excellent ! Peut-être par moments un peu excessif dans le délire (notamment la représentation de l'avocat doyen, Herb Myerson, qui semble sorti des plus grotesques imaginations de Fluide Glacial), mais dans l'ensemble tout à fait conforme au génie des frères Coen. Des répliques extrêmement percutantes, ou carrément hilarantes, et notamment une utilisation délicieuse de vers shakespeariens. Une attention très poussée aux petits détails succulents et aux décors très soignés. Évidemment, la vision romantique de l'amour en prend un coup. Et pendant tout le film (comme dans The Big Lebowski), on se demande qui who is nailing whose ass. George Clooney (qui m'insupporte normalement) s'en sort très bien en s'auto-caricaturant un peu ; Catherine Zeta-Jones est absolument remarquable.

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(dimanche) · Nouvelle Lune

The Politics of Fur

Je suis allé au festival de films gays et lesbiens avec Nicolas et sa copine Muriel (ben oui, il y a même des hétéros qui vont faire un tour à ce festival, la preuve). Nous avons vu The Politics of Fur, un film à très très petit budget mais qui m'a tout de même bien plu. Plus exactement : je l'ai beaucoup aimé en tant que comédie (avec une ironie parfois féroce contre certains types sociaux) ; en revance, il semble que la réalisatrice (qui était présente pour répondre à quelques questions) a voulu faire aussi du mélodrame, et là je trouvais que ça tombait complètement à plat (mais sans gâcher l'ensemble, parce que le mélodrame se lisait très bien lui-même au second degré) : bref, elle n'a pas vraiment compris le film ☺️. C'est bien aussi parce que c'est un film à la fois lesbien (surtout) et gay (aussi, quand même). Les acteurs ne sont pas trop mauvais pour un aussi petit budget, et même si l'ensemble est un peu théâtral (presque tout dans le même lieu, notamment), je trouve que ça donne un résultat plutôt bon. Si cette description vous donne envie de le voir, il repasse samedi — le 29 — à 22h30 (en salle 300 du forum des images).

J'irai peut-être voir Frisk (soit jeudi soir soit dimanche soir) et peut-être Tandil Forever aussi, et en tout cas certainement Un parfum nommé Saïd et les courts-métrages gays, dimanche après-midi.

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(Friday)

Elephant

कालोऽस्मि लोकक्षयकृत्प्रवृद्धो

[Traduction française ci-dessous.]

The above quote in Sanskrit (which your browser most probably cannot display correctly and which reads kālo 'smi lokakṣayakṛt pravṛddho) is taken from the Mahābhārata: it is probably the most famous line of the Bhagavad Gītā ever since Julius Robert Oppenheimer uttered it watching the first A-bomb explode. It means I am [become] Death, destroyer of worlds. I thought it could serve as a nice epigraph to Gus van Sant's Elephant, which I saw today at the UGC Gobelins (not the movie theater I usually go to, and altogether a bad choice because the screen was very tiny and the sound was horrible; but I had decided to go out at the last minute and this was the only place I could reach before the film started).

Winner of the prestigious Gold Palm at the 2003 Cannes Festival, Elephant is a very beautiful movie recounting a tragic incident based on a true story that took place on 1999-04-20 at Columbine High School in Littleton, Oregon, when two boys entered the school heavily armed and started shooting everyone in sight. However, Elephant is strangely undramatic in tone; nor does it take any political stance whatsoever; and it is not morbid or voyeur in any way either. Quite simply, it is a work of great poetry and fascinating beauty: the teens are beautiful (both in the physical—and sometimes intensely homoerotic—sense, and in an almost metaphysical way too), and Death itself becomes aesthetic in the most amazing manner.

The movie's construction craft is extremely skillful. A same scene is sometimes shown many times, from the point of view of different characters, whose paths cross over and over again; so the spectator is lost in a labyrinth of time which deftly suggests the repetitive character of life in high school, and simultaneously induces a feeling of familiarity. Insignificant details acquire great artistic value, and the cinematography is at once clever and natural. One thing which did annoy me, however, was the over-intensive use of focal blur together with sometimes excessively lengthy scenes just showing someone walk the high school's hallways. But the acting was amazingly good, especially given that all the actors are amateurs: in particular, I noticed one instant's smile on one of the killer's face, which conjured emotions I could hardly put in words. Stupefying!

[French translation of the above.]

La citation en sanskrit ci-dessus (que votre navigateur ne peut très probablement pas afficher correctement et qui se lit kālo 'smi lokakṣayakṛt pravṛddho) est extraite du Mahābhārata : il s'agit de ce qui est sans doute le plus célèbre vers de la Bhagavad Gītā depuis que Julius Robert Oppenheimer l'a prononcée en regardant exploser la première bombe A. Il signifie je suis [devenu] la Mort, destructeur des mondes. Je pensais qu'elle pourrait servir d'épigraphe décente à Elephant de Gus van Sant, que j'ai vu aujourd'hui à l'UGC Gobelins (pas le cinéma où je vais d'habitude, et dans l'ensemble un mauvais choix parce que l'écran était petit et le son horrible ; mais j'avais décidé de sortir à la dernière minute et c'était le seul endroit où je pouvais arriver à temps avant que le film commence).

Palme d'Or à Cannes 2003, Elephant est un très beau film racontant un incident tragique inspiré d'une histoire vraie qui s'est passée le 1999-04-20 au lycée Columbine de Littleton, Oregon, quand deux garçons sont entrés lourdement armés dans l'établissement et ont commencé à tirer sur tout le monde en vue. Cependant, Elephant a un ton étrangement peu dramatique ; il n'envoie aucun message politique ; et il n'est pas non plus en aucune façon morbide ou voyeur. Tout simplement, c'est une œuvre de grande poésie et de beauté fascinante : les ados sont beaux (à la fois dans un sens physique — et parfois intensément homoérotique —, et dans un sens presque métaphysique aussi), et la Mort elle-même devient presque esthétique de la façon la plus stupéfiante.

L'art de la construction du film est extrêmement habile. Une même scène est parfois montrée de nombreuses fois, du point de vue de personnages différents, dont les chemins se croisent encore et encore ; ainsi le spectateur est perdu dans un labyrinthe de temps qui suggère habilement le caractère répétitif de la vie au lycée, et en même temps provoque un sentiment de familiarité. Des détails insignifiants acquièrent une grande valeur artistique, et la mise en scène est à la fois intelligente et naturelle. Une chose qui m'a agacée, cependant, était l'usage trop intensif de la diminution de la profondeur de champ avec des scènes parfois excessivement longues montrant juste quelqu'un qui marche dans les couloirs du lycée. Mais le jeu des acteurs est excellent, surtout que ce sont tous des amateurs : notamment, j'ai remarqué un sourire d'un instant sur le visage d'un des tueurs, qui a suscité en moi des émotions que j'arrive à peine à formuler. Stupéfiant !

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(Friday)

Mr. Anderson! We meet again!

[Traduction française ci-dessous.]

So I saw the third Matrix. In short: I found it much better than the second part (which I had not been too enthusiastic about), but not as good as the first; the first part was original and interesting, the second was mystical and incoherent, and the third is unoriginal but not too bad. If you've seen the second, you should probably see the last also, because the worst is over; but if you've seen only the first, maybe you should stop there.

[The following contains minor spoilers, but—I hope—nothing that would really take away the enjoyment out of watching the movie.]

One of my major grievances against Matrix Reloaded was the amount of utterly pointless—and perfectly boring—fighting. Fortunately there's much less of that in Revolutions: there's still a lot of fighting which I care little for, but at least it takes place mostly within the real world, not within the Matrix (where everyone worth speaking of is essentially immortal), so it isn't as completely pointless as it might be.

The really lame dialog lines (such as, Everything that has a beginning has an end) are still just as lame, but at least now some fun is made of it, and some sentences are deliberately ridiculed (agent Smith's last lines make this abundantly clear).

Reloaded was entirely incoherent, probably the worst bit (to my mind) being when the Architect told Neo, in essence, that if you choose what I hope you will choose, your girlfriend will die—what a magnificient way to convince anyone—and, incidentally, I wanted you to come all the way to me, which is why I made it so difficult: how absurd can you get? In contrast, Revolutions basically makes sense; the plot isn't too terribly intricate and people do things which are more or less reasonable considering the goals they strive to achieve. Now there isn't anything really remarkable in this film, but it holds water.

Another nice thing is that it has an ending that is indeed something of an ending (and not too abrupt), not a teaser for yet another sequel. I can't say I'm entirely satisfied with it: it still leaves some windows of possibility for a Matrix IV, but at least it doesn't make it compulsory. Unfortunately, nowadays, any film that has the remotest chance of becoming a popular blockbuster must leave open the possibility of a sequel, so no such film ever receives a proper and completely satisfactory ending; Matrix goes as far as could be reasonably expected.

As for the cast: I really liked Hugo Weaving's performance, for one thing, with whom I had been rather disappointed in the previous installment. I also admired Niobe's character and the way Jada Pinkett Smith impersonates her. The other I would like to mention is the Oracle: the actress who had played that part in the previous movies (Gloria Foster) died before this one was shot, so the producers had to find a replacement (Mary Alice); the replacement in question doesn't act too badly but, unfortunately, her voice doesn't nearly match the original actress's particular hoarseness—couldn't they find an appropriate person to dub her? Besides, why bother using a replacement who looked vaguely similar, given that they found a satisfactory “explanation” for the change in appearance?

Another bickering: there's a point where Neo is incredibly obtuse in failing to recognize Agent Smith (why, who else calls him Mr. Anderson anyway?). Was it really necessary to demonstrate him as such a dimwit?

One bit I very much enjoyed, however, was the atmosphere of the SM (or at any rate very SM-like) party at which the Merovingian is met.

Lastly, I think the young Zion fighter (is it Clayton Watson?) is sooooo damn cute.

[French translation of the above.]

Alors j'ai vu le troisième Matrix. En bref : je l'ai trouvé bien mieux que la seconde partie (que dont je n'avais pas été trop enthousiaste), mais pas aussi bon que la première ; la première partie était originale et intéressante, la seconde était mystique et incohérente, et la troisième est sans originalité mais pas trop mauvaise. Si vous avez vu le second, vous devriez probablement voir le troisième aussi, parce que le pire est passé ; mais si vous na'vez vu que le premier, peut-être que vous devriez vous y arrêter.

[Ce qui suit contient des spoilers mineurs, mais — j'espère — rien qui retirerait vraiment le plaisir de voir le film.]

Un de mes principaux griefs contre Matrix Reloaded était la quantité de bagarres absolument sans but — et parfaitement ennuyeuses. Heureusement, il y en a nettement moins dans Révolutions : il y a toujours beaucoup de combat dont je me fous assez, mais au moins cela se passe principalement dans le monde réel, pas dans la Matrice (où tout personnage digne de ce nom est essentiellement immortel), donc ce n'est pas aussi inutile que ça pourrait l'être.

Les répliques vraiment nazes (telles que, Tout ce qui a commencé doit finir) sont toujours aussi nazes, mais au moins maintenant on s'en moque, et quelques phrases sont délibérément ridiculisées (les dernières lignes de l'agent Smith rendent cela abondamment clair).

Reloaded était entièrement incohérent, probablement la pire partie (à mon avis) étant quand l'Architecte disait à Neo, essentiellement, que si vous choisissez ce que j'espère que vous choisirez, votre amie va mourir — quelle magifique façon de convaincre quelqu'un — et, incidemment, je voulais que vous veniez jusqu'à moi, ce qui est la raison pour laquelle je l'ai rendu aussi difficile : comment peut-on être aussi absurde ? En contraste, Révolutions est assez sensé ; l'intrigue n'est pas trop terriblement tordue et les gens font des choses qui sont plus ou moins raisonnables eu égard aux buts qu'ils cherchent à accomplir. Alors il n'y a rien de vraiment remarquable dans ce film, mais il tient la route.

Une autre chose bien est qu'il a une fin qui est effectivement une fin (et pas trop abrupte), pas un teaser pour encore une suite. Je ne peux pas dire que j'en suis entièrement satisfait : elle laisse encore quelques fenêtres de possibilité pour un Matrix IV, mais au moins ce n'est pas nécessaire. Malheureusement, de nos jours, tout film qui a ne serait-ce que la plus étroite chance de devenir un blockbuster populaire doit laisser ouverte la possibilité d'une suite, donc aucun film de la sorte ne reçoit jamais une fin propre et complètement satisfaisante ; Matrix va aussi loin qu'on pouvait raisonnablement l'attendre.

Quant aux acteurs : j'ai vraiment apprécié le jeu de Hugo Weaving, d'une part, dont j'avais été plutôt déçu dans l'épisode précédent. J'ai aussi admiré le caractère de Niobé et la manière dont Jada Pinkett Smith la joue. L'autre que je voudrais mentionner, c'est l'Oracle : l'actrice qui jouait ce rôle dans les films précédents (Gloria Foster) est morte avant que celui-ci soit tourné, dont les producteurs ont dû trouver de quoi la remplacer (Mary Alice) ; la remplaçante en question ne joue pas trop mal mais, malheureusement, sa voix n'a rien de semblable au timbre rauque de l'originale — ne pouvaient-ils trouver personne pour la doubler ? D'ailleurs, pourquoi se fatiguer à utiliser une remplaçante qui ressemblait vaguement, alors qu'ils avaient trouvé une « explicaiton » satisfaisante pour le changement d'apparence ?

Encore un pinaillage : il y a un moment où Neo est incroyablement obtus en ne reconnaissant pas l'agent Smith (qui d'autre, d'ailleurs, l'appelle M. Anderson ?). Était-il vraiment nécessaire de le révéler comme un tel bêta ?

Un morceau que j'ai tout à fait apprécié, cependant, c'était l'atmosphère de la soirée SM (ou en tout cas y ressemblant beaucoup) à laquelle on trouve le Mérovingien.

Enfin, je trouve que le jeune combattant de Zion (est-ce Clayton Watson ?) est teeeeellement mignon.

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(mardi)

France Boutique

Il faut que je dise un petit quelque chose de France Boutique, sinon je vais oublier ce que j'ai à raconter à ce sujet.

Les critiques sont assez partagées (notamment, Télérama, comme ils font souvent das ce cas, publie deux critiques d'avis très différent). Certains disent avoir adoré, d'autres ont trouvé le film raté. Et je comprends assez bien les deux. D'un côté, j'ai beaucoup aimé une galerie de portraits tout à fait excellents, et notamment tous les seconds rôles m'ont énormément plu, avec une mention spéciale pour Judith Godrèche (mais aussi Julien Lucas, qui débute, et que j'ai trouvé parfait dans son rôle, et aussi terrrrrriblement séduisant). En plus, il y a des petits bijoux de situations, un certain nombre de trouvailles tout à fait excellentes (la scène où la jeune peintre montre ses toiles est absolument fabuleuse). Mais à côté de ça, le tout est très disparate, parfois il y a des longueurs, parfois des bouts complètement gratuits et qui ne mènent nulle part, bref, Tonie Marshall n'a pas su bien exploiter ses atouts, et on a parfois l'impression qu'elle pédale complètement. Ça a peut-être le mérite de refléter justement l'ambiance de la France Boutique elle-même, mais parfois ça m'agaçait plus qu'autre chose.

Cependant, globalement, je conseillerai. Pas un chef d'œuvre, mais un agréable divertissement.

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(jeudi)

Anything Else

Je vais quand même raconter ce que j'ai pensé de ce dernier Woody Allen. Les dialogues sont vraiment excellents, il y a régulièrement des blagues comme seul il sait les faire, et peut-être même meilleures que d'habitude. J'étais tout le temps en train de rire à haute voix (les autres gens dans la salle ont dû me détester, même si certains riaient aussi pas mal). Les deux lignes qui m'ont le plus plié c'est d'une part quand le héros demande à(u personnage interpété par) Woody Allen, Do you know anything about psychoanalysis? (ou quelque chose comme ça, je n'ai pas mémorisé le texte exact) — is the pope a catholic? — et d'autre part le dialogue I think I'll shoot myself! — How middle-class!. J'étais aussi content de l'intrigue, qui est rigolote en elle-même. En revanche, j'ai deux griefs notables. Primo, des situations étaient quand même vraiment excessives et ça tournait à la farce un peu facile, notamment toutes celles qui mettaient en jeu l'agent du héros (et surtout la scène où ce dernier — léger spoiler ahead — lui annonce qu'il ne va pas reconduire son contrat). Secundo, le jeu des acteurs m'a semblé souvent vraiment forcé, on avait l'impression d'entendre du théâtre filmé tellement ils poussaient leur voix. Je sais que Woody Allen, en jouant, a un peu tendance à faire ça, mais ça va bien avec son personnage : le problème c'est qu'ici (et c'est la première fois que je remarque ça dans un de ses films) j'avais le sentiment que tous les acteurs tombaient sur le même défaut. Pénible.

Mais globalement je conseille ce film, même si ce n'est peut-être pas son meilleur.

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(mercredi)

Codicille à la TOSEE-list pour la semaine

J'irai voir Anything Else ce soir à la séance de 22h05 à UGC Ciné-Cité Bercy. Le rendez-vous est fixé à 21h50 (that's 2003-10-29T21:50+0100) devant le cinéma (niveau inférieur). Toutes les personnes qui veulent m'y rejoindre sont les bienvenues (mais à elles de me reconnaître ! il y en a déjà deux qui se sont dénoncées).

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(mardi)

TOSEE-list pour la semaine

Les films que je compte voir parmi les sorties prochaines :

Si des gens veulent me tenir compagnie, ils sont invités à se manifester.

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(dimanche)

Janis et John

Je suis allé voir Janis et John (voir aussi sa fiche Allociné) à l'UGC Ciné-Cité les Halles, et j'ai bien aimé. Le jeu des acteurs est excellent, notamment Marie Trintignant (et je dis ça tout à fait indépendamment du fait divers qui a beaucoup fait parler d'elle ces derniers temps : personnelement, je ne suis pas fan de la rubrique nécrologique des journaux de toute façon) ; il n'y a que Christophe Lambert qui n'a, à mon avis, pas vraiment réussi à rendre son personnage plausible, mais il faut dire que ce n'était pas facile. Le scénario est assez bon : on y voit d'excellentes trouvailles, et on rit beaucoup — parfois en même temps qu'on est ému. Mais justement, je regrette en même temps que ce scénario ne soit pas meilleur : la fin m'a semblé assez bâclée, alors qu'il y avait moyen de faire un dénouement vraiment excellent (imaginer une réussite spectaculaire autant qu'inattendue des deux chanteurs, par exemple), et surtout, le John Lennon a été complètement sous-exploité, ce qui est vraiment dommage.

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(samedi)

英雄

Je viens de voir 英雄 (Hero / Héros). Je serai bref : si les images sont souvent d'une beauté et d'une poésie époustouflantes (j'ai surtout apprécié la bataille de Neige et Lune, entre les arbres, mais aussi la scène sur l'eau), en revanche le scénario n'est — euh — pas terrible. Et la morale, comme beaucoup l'ont fait remarquer, est hautement douteuse. Quant aux combats, fabuleusement bien chorégraphiés, que ce soit dans Matrix ou ici, je commence à en avoir un peu assez, en fait. La comparaison avec 臥虎藏龍 (Crouching Tiger, Hidden Dragon / Tigre et Dragon) est assez inévitable : je crois que j'ai préféré ce dernier, peut-être parce qu'il se prenait moins au sérieux, peut-être parce qu'il était plus compatible avec ma mentalité d'occidental, peut-être parce qu'il ne forçait pas trop sur l'onirisme au point d'en devenir un peu lourd…

Sinon, Héros donne envie d'apprendre le chinois. On y apprend que « épée » se dit « 劔 », sauf qu'on voit une écriture un peu archaïque de ce caractère. Enfin bon, je doute que j'aie jamais le courage de me mettre vraiment au chinois : je me contente de barboter avec Unicode.

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(samedi)

Le Déclin de l'empire américain

J'ai regardé Le Déclin de l'empire américain, que j'avais enregistré jeudi soir sur Arte, et dont j'étais allé voir la suite à sa sortie il y a deux semaines. C'est assez dans le même genre, que je pourrais qualifier de simultanément « nihiliste et humaniste » (ou n'importe quoi en -iste, comme les « protagonistes » le font remarquer dans Les Invasions barbares), mais encore plus fort (années '80 oblige). Énormément de « bons mots », de conversations brillantes, qui rappellent un peu les aphorismes d'Oscar Wilde : peu importe que ce soit vrai, du moment que c'est bien dit. J'imagine que ça peut être horriblement irritant pour certains, mais, pour ma part, j'aime beaucoup (sans excès, cependant : dans la vraie vie, quand je rencontre des gens dont la conversation est entièrement de ce type, ça me lasse assez vite).

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(dimanche)

The League of Extraordinary Gentlemen

Je suis allé voir hier The League of Extraordinary Gentlemen (La Ligue des gentlemen extraordinaires) (voir aussi sa fiche Allociné) à l'UGC Ciné-Cité les Halles. Je ne peux pas dire que j'ai été spécialement déçu dans mes espérances, parce que je n'avais pas vraiment d'espérances. La seule chose qui donnait un peu d'intérêt au film, c'étaient de petits clins d'œil de temps en temps : par exemple, j'ai ri aux éclats (mais apparemment j'étais le seul dans la salle…) quand le second de Nemo se présente en disant Call me Ishmael. Ou encore quand on découvre, vers la fin, le nom du grand méchant. Ou bien quand Quatermain explique, à Paris, qu'une bête terrorise la rue Morgue. Et puis j'aime bien, dans le tout premier plan, ce qui est fait du logo « 20th Century Fox » en même temps qu'une voix nous explique qu'on est au tournant du siècle. Ces petits clins d'œil, comme l'idée, au départ, de mélanger un groupe de personnages d'origines complètement hétéroclites, c'est amusant, ça a même, je dirais, du panache.

Malheureusement, au fond, ça ne donne pas grand-chose. Les personnages ne sont pas du tout fidèles à leurs originaux : le Nemo du film n'a pas le mystère et la fierté qui caractérise le personnage de Jules Verne, et il est beaucoup trop évidemment Indien (alors qu'on ne l'apprend pas dans Vingt mille lieues sous les mers — où le capitaine pourrait être de n'importe quelle origine : ce n'est révélé que plus tard) ; Dorian Gray n'a pas le caractère sulfureux de débauche qu'il a dans le roman d'Oscar Wilde (il se contente de minauder autour de Mina Harker), et les scénaristes n'ont même pas été capables de lui faire prononcer quelques bons mots, quelques aphorismes provocateurs, comme Wilde aimait en afficher ; l'homme invisible n'est qu'un bouffon ; et Tom Sawyer n'est là que pour faire plaisir aux Américains (il est vrai que Quatermain se moque un peu de lui, c'est plutôt amusant, comme d'ailleurs l'idée d'un Tom Sawyer dans les services secrets), et d'ailleurs il n'a pas l'âge qu'il serait censé avoir en 1899. Tiens, au fait, quel rapport entre de Vinci et Venise ? Il y a une quelconque justification historique ou c'est juste pour le plaisir de balancer un nom célèbre de plus ? Ah, et tant que j'y suis à pinailler, il me semble avoir vu un journal daté du « vendredi 13 mai 1899 » s'afficher à l'écran, alors que le 13 mai 1899 était un samedi (mais bon, il faut être un time freak comme moi pour s'apercevoir de ce genre de choses).

Enfin voilà. Globalement, je ne recommande pas. Sauf si on aime les scènes de bagarre. C'est curieux, il n'y a pas si longtemps, les films montraient beaucoup de combats à l'arme automatique : maintenant, la bagarre à mains nues semble avoir acquis un certain prestige. Hum…

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(dimanche)

Les Invasions barbares

Je suis bien allé le voir, mais je n'ai pas énormément à commenter. Ce n'était pas mal du tout, mais je m'attendais à mieux (malgré les critiques de certains). Il y a beaucoup de bons mots (certains sont même absolument excellents), de réflexions cyniques et percutantes, et quelques pensées vraiment profondes qui sont un peu jetées là ; mais globalement rien de transcendant, et parfois c'est même un peu lourd. L'ensemble est émouvant, sans mélo trop facile, mais sans chercher dans l'infiniment subtil pour autant. Bref : un bon film, pas un chef d'œuvre.

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Johnny Got His Gun

Mes petits neurones lents ont enfin fait l'association d'idées que je cherchais à trouver depuis un certain temps, maintenant, et m'ont rappelé le titre du film que j'essayais de connecter avec l'« affaire » Vincent Humbert, dont on parle beaucoup en ce moment (et sur laquelle je ne dirai rien, parce que je ne saurais rien dire d'intéressant qui n'ait déjà été dit quantité de fois) : c'est Johnny Got His Gun (Johnny s'en va-t-en guerre). Un film absolument insoutenable — je n'ai pas réussi à le regarder jusqu'au bout — qui raconte l'histoire d'un soldat qui, touché par un obus, a perdu ses jambes, ses bras, et sa face (yeux, oreilles, nez et bouche), mais est resté vivant, et ne comprend la vérité que progressivement, trouve un moyen de communiquer avec l'extérieur (en morse en bougeant la tête, je crois) et demande qu'on lui donne la mort. Le film est d'ailleurs basé sur un roman du même auteur.

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(samedi) · Nouvel An Juif (5764)

Avis de séance : Les Invasions barbares

J'irai voir Les Invasions barbares (voir aussi sa fiche Allociné) demain soir (dimanche 28, donc) à la séance de 20h à l'UGC Ciné-Cité Bercy. S'il y a des gens qui veulent me tenir compagnie, ce sera avec plaisir.

J'ai beaucoup entendu parler de ce film, tant en bien qu'en mal. Mes parents avaient énormément aimé Le Déclin de l'empire américain en '86 (il est dommage qu'ils n'en aient pas profité pour ressortir ce film-là), donc je trouve qu'il peut être intéressant de voir la suite et de me faire ma propre idée.

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(Friday)

The Italian Job

[Traduction française ci-dessous.]

Hollywood producers seem to have the recipe for this kind of film down pat, now, and The Italian Job plays it by the book. So if one has a fondness for the genre (how should it be called, incidentally? “gangster film” doesn't work well, nor does “thriller”; update (2003-09-21T20:00+0200): “heist movie”—thanks, Pierre), one will like this film. Beyond that, it's just your regular summer feature (except that here in France we get to see it in late September: what are distributors thinking?).

By “the genre”, I mean the kind of movies, of which Ocean's Eleven was one of the finer representatives, where a team of thieves-but-thieves-who-have-some-sense-of-ethics defeat the most cunning security systems through even more cunning and good teamwork, and steal something infinitely valuable from a rather disreputable character. Almost nobody gets killed: the heroes' satisfaction lies less in the money itself than in seeing the look on the villain's face when he discovers his money gone. The plan for taking the booty is always incredibly well—uh—planned: everything is calculated down to the second and to the millimeter; and, of course, something always goes wrong, but the heroes' ingenuity (and, again, good teamwork) manages to get the plan back on its feet (or millimeters—ha, ha, ha). The movie's script is just as calculated (to the second) as the heroes' plan, and works just as well provided we are willing to lend it some sympathy and suspend disbelief. In the case of Ocean's Eleven, there were some surprises on the road; there are none in The Italian Job: the scenario works just as a well-oiled machinery of no originality whatsoever, and basically the spectator knows everything that's going to happen after the first fifteen minutes of the film. But, assuredly, when I bought a ticket for this show, I knew what to expect, so I'm not complaining: I like well-oiled machineries, sometimes. (I'd like to know how much the Austin Mini payed for all the advertising, however.)

Teamwork is probably what sells the film, actually: there is a reassuring sense of comfort in this “every character in his or her role, and a role for each character” idea. One member of the team has become unavoidable these days: the computer nerd (here portrayed by Seth Green, with some talent, it must be said). And it is assumed as a matter of course that the guru can basically break into any system's security—a sort of mise en abyme of the entire plot, except that details are never given as to how the breaking into is done because they would be too technical hence incomprehensible to the audience (certainly if we are supposed to take the phrase “cartesian coördinates” as a technicality, then many things become technicalities). But these technicalities have become a commodious way for the screenwriters to shove dirt under the rug: use computers and networks to remove any obstacle that gets in the scenario's way, and no explaining needs to be done; conversely, create arbitrary limitations when they get too powerful. A friend of mine once pointed out to me that this is the reason why magic is a dangerous literary artifice: once you introduce magic, everything can be explained using it, and this takes away much of the plot's interest. Well, computers are now being used on many occasions in the same way magic could be—thus giving a new twist to Arthur C. Clarke's famous saying that any sufficiently advanced technology is indistinguishable from magic.

Another thing that annoys me is that this propagates the concept that any computer security system has a flaw, and that by being smarter than the system's designers one can always defeat the system's security. This is simply wrong. One can always crack a safe open by attacking it with a stronger force than its defenses (if necessary, put in in a pool of hydrochloric acid: that should dissolve the safe without damaging the gold that's in it); but such is not the case with computer security, and perfect (in the sense of “theoretically perfect”, or even “provably perfect”) security is possible. Certainly it has not often been realized in practice on systems of relatively large size. But computer pirates (or “hackers” as they are inaccurately called by the press) are not genii by far: they are more like script kiddies who always try the same recipes, and by the “million monkeys” rule eventually break into some systems. The idea that someone could rewrite the entire Los Angeles traffic control software algorithms in a matter of days is simply ludicrous. Oh, and, in The Italian Job the computer geek claims to be the real inventor of Napster: this would have been a fun passing clin d'œil, but I wonder why they chose to dwell on it so heavily (or was the film also subsidized by Napster as well as by Austin?).

[French translation of the above.]

Les producteurs hollywoodiens semblent avoir bien compris la recette de ce genre de films, maintenant, et Braquage à l'italienne en suit les règles. Donc si on a un faible pour le genre (comment devrait-on l'appeler, d'ailleurs ? « film de gangsters » ne convient pas bien, ni « thriller »), on aimera ce film. Sinon, c'est juste un divertissement d'été (sauf qu'ici en France on le voit fin septembre : à quoi pensent donc les circuits de distribution ?).

Par « le genre », je veux dire le genre de films, dont Ocean's Eleven était un des bons représentants, où une équipe de voleurs-mais-voleurs-qui-ont-un-sens-de-l'éthique triomphent des plus ingénieux systèmes de sécurité par encore plus d'ingéniosité et un bon travail d'équipe, et volent quelque chose d'une valeur inestimable à un personnage plutôt douteux. Presque personne n'est tué : la satisfaction des héros est moins dans l'argent lui-même que dans le regard du méchant quand il découvre que son argent est parti. Le plan pour s'emparer du butin est toujours incroyablement bien — euh — planifié : tout est calculé à la seconde et au millimètre près ; et, bien sûr, quelque chose va toujours mal, mais l'ingéniosité des héros (et, encore une fois, le bon travail d'équipe réussit à remettre le plan sur ses pieds (ou millimètres — ha, ha, ha). Le script du film est aussi calculé (à la seconde) que le plan des héros, et marche aussi bien à condition qu'on soit prêt à lui accorder de la sympathie et faire semblant d'y croire. Dans le cas d'Ocean's Eleven, il y avait quelques surprises sur la route ; il n'y en a aucune dans Braquage à l'italienne : le scénario marche comme une machinerie bien huilée d'absolument aucune originalité, et en gros le spectateur sait tout ce qui va se passer après les quinze premières minutes de film. Mais, assurément, quand j'ai acheté un ticket pour ce spectacle, je savais à quoi m'attendre, donc je ne me plains pas : j'aime bien les machineries bien huilées, parfois. (J'aimerais savoir, cependant, combien l'Austin Mini a payé pour toute la pub.)

Le travail d'équipe est probablement ce qui vend le film, en fait : il y a un sens rassurant de confort dans cette idée « chaque personnage à son rôle et un rôle pour chaque personnage ». Un membre de l'équipe est devenu inévitable de nos jours : le mordu d'informatique (ici joué par Seth Green, avec un certain talent, il faut le dire). Et il est bien entendu que le gourou peut essentiellement pénétrer la sécurité de n'importe quel système — une sorte de mise en abyme de l'intrigue entière, sauf que les détails ne sont jamais donnés quant à la façon dont il pénètre parce que ce serait trop technique donc incompréhensible pour l'assistance (certainement si nous devons prendre l'expression « coordonnées cartésiennes » comme une expression technique, alors beaucoup de choses deviennent techniques). Mais cette technicité est devenue une façon commode pour les scénaristes de cacher de la poussière sous le tapis : utiliser les ordinateurs pour retirer n'importe quel obstacle qui se trouve sur la route du scénario, et on évite d'avoir à expliquer ; à l'inverse, créer des limitations arbitraires quand ils deviennent trop puissants. Un ami m'a jadis signalé que c'est la raison pour laquelle la magie est un artifice littéraire dangereux : une fois qu'on l'introduit, tout peut être expliqué par son moyen, et cela retire beaucoup de l'intérêt de l'intrigue. Eh bien les ordinateurs sont maintenant utilisés à beaucoup d'occasions de la même manière que la magie pourrait l'être — donnant ainsi un nouveau tour au fameux adage d'Arthur C. Clarke que toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie.

Une autre chose qui m'irrite est que ceci propage le concept que tout système de sécurité informatique a une faille, et qu'en étant plus malin que les concepteurs du système on peut toujours triompher de la sécurité du système. C'est tout simplement faux. On peut toujours ouvrir un coffre-fort en l'attaquant avec une force supérieure à sa résistance (si nécessaire, le mettre dans un bain d'acide chlorhydrique : cela devrait dissoudre le coffre sans endommager l'or qui est dedans) ; mais ce n'est pas le cas de la sécurité informatique, et la sécurité parfaite (dans le sens de « théoriquement parfaite », ou même « démontrablement parfaite ») est possible. Certainement elle n'a pas souvent été réalisée en pratique sur des systèmes de quelque taille. Mais les pirates informatiques (ou « hackers » comme la presse les appelle à tort) ne sont pas des génies de loin : ils sont plutôt des script kiddies qui essaient toujours les mêmes recettes, et par la règle des « millions de singes » finissent par pénétrer quelques systèmes. L'idée que quelqu'un pourrait réécrire la totalité des algorithmes logiciels de contrôle du trafic de Los Angeles en quelques jours est simplement délirante. Oh, et dans Braquage à l'italienne le mordu d'informatique prétend être le réel inventeur de Napster : ç'aurait été un clin d'œil rigolo en passant, mais je me demande pourquoi ils ont voulu s'appesantir tellement là-dessus (ou est-ce que le film était subventionné par Napster en plus d'Austin ?).

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(samedi)

Good bye, Lenin!

Good bye, Lenin! (voir aussi sa fiche Allociné) : ce film m'a absolument emballé. Il est à la fois tellement drôle et délicieusement touchant : le genre de combinaison qui me fait vraiment fondre. Pas de mélo, juste une légèreté heureuse qui n'exclut pas des moments graves et sincères.

Ne vous attendez pas à un film politique ou historique : ce n'est rien de tel. Le regard est tout simplement humain, rappelant peut-être celui des Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) de Wim Wenders (je parle du regard, un peu « angélique » et sans jugement; non du ton, qui n'a pas grand rapport). Les événements titanesques de ces jours où l'on a du mal à suivre l'histoire tant elle va vite, ces événements emportent les personnages un peu éberlués vers un avenir qu'ils ne contrôlent pas. Et le film nous fait revivre « de l'intérieur » ces onze mois qui ont changé la face du monde — 1989-11-09, le Mur tombe — 1990-10-03, l'Allemagne est réunifiée. J'y suis très sensible, moi qui suis plus facilement ému aux larmes par un bon documentaire historique que par une fiction. Mais le regard ici, je le répète, n'est pas historique (ni nostalgique, comme certains ont pu le dire sommairement de ce film).

On a parfois, ici, comparé dans son ton Good bye, Lenin! au Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, dont l'héroïne possède en effet une espièglerie imaginative et bienfaisante qui la rapproche beaucoup d'Alexander Kerner (le héros de Good bye, Lenin!). L'humour est également assez proche. Peut-être le film allemand a-t-il plus d'ampleur et le français plus de poésie, mais il ne faut sans doute pas pousser la comparaison trop loin. (On pourrait également évoquer Forrest Gump — que pourtant, personnellement, je n'ai pas énormément aimé.)

Les acteurs jouent bien, notamment l'acteur principal, Daniel Brühl, dans le rôle d'Alexander (que je trouve, en plus, beau comme un dieu — ça ne gâche rien). La scène, lors de la soirée, où il regarde le dessin animé avec les enfants (j'utilise cette périphrase pour ne pas spoiler le scénario pour ceux qui n'ont pas vu le film), puis rencontre leur père, m'a fait pleurer : par de simples échanges de regards les acteurs communiquent une telle émotion ! C'est vraiment très fort.

Je veux aussi souligner encore une raison pour laquelle ce film m'a marqué : il évoque (il pouvait difficilement faire autrement) la coupe du monde que l'Allemagne a gagnée en 1990. J'étais moi-même à Munich à l'été '90, et malgré mon peu d'intérêt pour le foot, l'événement m'a marqué. Le 1990-07-04, jour de la demi-finale contre l'Angleterre (qui s'est gagnée aux tirs au but, situation de tension insoutenable), j'ai regardé la rencontre à la télé chez un collègue de mon père (qui organisait une petite soirée buffet dans sa maison) ; et le 1990-07-08, quand l'Allemagne a battu l'Argentine en finale, j'ai entendu les bruits de klaxons envahir la capitale bavaroise. Ça n'a pas beaucoup d'importance en soi, mais ce qui me surprend c'est que j'avais complètement oublié jusqu'à aujourd'hui que le seul voyage que j'ai fait en Allemagne était précisément, dans le temps, entre la chute du mur de Berlin et la réunification du pays.

Mon professeur d'histoire-géographie de classe de 3e (Mme Fernandez, que je salue au passage), dans son discours de bienvenue lors de la rentrée des classes en septembre '90, demanda à la classe de bien se souvenir que nous vivions des heures historiques, pour qu'un jour nous puissons dire à ceux qui sont plus jeunes, « je me souviens d'un temps où il y avait deux Allemagnes ». Je me souviens, donc, d'un temps où il y avait deux Allemagnes. Et pour un peu je me serais levé à la fin du film pour chanter : Einigkeit und Recht und Freiheit für das deutsche Vaterland

La réunification allemande s'est d'ailleurs faite avec une célérité considérable : quand je vois le nombre d'années qu'il a fallu attendre pour donner une monnaie unique à plusieurs pays de l'Union européenne, je trouve prodigieux qu'on ait pu résoudre aussi rapidement toutes les difficultés techniques inhérentes à l'unification de deux pays, sans parler de lever les obstacles sociopolitiques et diplomatiques. Sur ce dernier point, il a fallu la concurrence de plusieurs circonstances : l'extrême faiblesse de Mikhaïl Gorbatchev (Михаил Сергеевич Горбачёв), l'insistance de l'administration Bush (père) pour accélérer les choses (afin de ne pas laisser les soviétiques « reprendre leur souffle » et exiger des concessions telles que la sortie de l'Allemagne de l'OTAN), la résolution rapide par Helmut Kohl du litige avec la Pologne par l'acceptation de la frontière Oder-Neisse, l'incapacité de Margaret Thatcher et François Mitterrand (qui tous deux étaient réticents — pour ne pas dire franchement hostiles — à la réunification) de s'entendre sur un contre-projet acceptable, et l'inquiétude de ce dernier de voir voler en éclat, s'il s'opposait à l'unification, l'axe privilégié franco-allemand et plus généralement l'Union européenne. Mais peut-être — du moins je voudrais le croire — les obstacles auraient-ils de toute façon été rapidement levés, d'une façon ou d'une autre, même face à des circonstances moins favorables, devant la volonté indubitable du peuple allemand de se réunifier, au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Qui pourrait le dire ?

Note : L'interview du réalisateur (Wolfgang Becker) sur Allociné est aussi assez intéressante.

PS : Mon ami Arthur propose le très joli sous-titre suivant au film : Im Osten nichts Neues. Excellent !

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(Dienstag)

Leni Riefenstahl ist verstorben

[English translation follows.] [Traduction française ci-dessous.] Gestern Abend ist deutsche Filmregisseurin Leni Riefenstahl in ihrem Haus in Pöcking am Starnberger See (südwestlich von München) verstorben. Sie war 101 Jahre alt. Obwohl ihr Olympia (Götter des Stadions) als ein Meisterwerk der nazistischen Propaganda, Kult des Körpers, usw., gilt, lasst sich die trotzdem bezaubernde Schönheit der Bilder dieses Filmes jedoch nicht leicht vergessen. Ja, ja, richtig: ein Schwuler spricht.

[Englische Übersetzung des oben Geschriebenen.] Yesterday evening, German filmmaker Leni Riefenstahl died in her house in Pöcking on the Starnberg lake (south-west from Munich). She was 101 years old. Although her Olympia (Gods of the Stadium) passes for a masterpiece of Nazi propaganda, cult of the body, etc., yet the bewildering beauty of the pictures of this film is not easily forgotten. Yeah, right: a faggot speaks.

[Französische Übersetzung des oben Geschriebenen.] Hier soir, la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl s'est éteinte dans sa maison à Pöcking sur le lac de Starnberg (au sud-ouest de Munich). Elle avait 101 ans. Bien que son Olympia (Les Dieux du Stade) passe pour un chef-d'œuvre de propagande nazie, culte du corps, etc., malgré cela, la beauté pourtant fascinante des images de ce film n'est pas facilement oubliée. Oui, d'accord : c'est un pédé qui parle.

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(samedi)

สตรีเหล็ก (Satree Lek) : verdict

Ben c'est bien : allez le voir ! ☺️

J'ai beaucoup aimé. C'est très touchant et drôle, et il y a un petit côté à la fois (légèrement) amateur et authentique qui donne vraiment du charme au film.

Et pourtant ce n'était pas gagné : je suis très facilement agacé (pour ne pas dire mis en furie dès le moindre écart) par toute insinuation d'association entre l'homosexualité masculine et des caractères efféminés. (Il faudra que j'en reparle plus longuement ici, d'ailleurs.) Alors, une équipe de folles ostentatoirement revendiquées, ça avait de quoi éprouver mes nerfs. Mais rien de cela ici, ce sont les adversaires des Satree Leks qui sont joliment ridiculisés par leur homophobie. Et on pourrait ressortir à propos de la sympathique équipe cette jolie phrase que prononce Antonio Fargas dans Car Wash : more man than you'll ever be and more woman than you'll ever get.

Je suis surpris, au passage, que ce soit l'UGC Ciné-Cité les Halles qui ait sorti ce film : normalement c'est plutôt le Mk2 Beaubourg qui fait ce genre de coups. Évidemment, la moitié de la salle était homo rien qu'à vue de nez (ce qui est dommage, parce que ce n'est vraiment pas nécessaire, je pense, pour apprécier ce film), et, forcément, j'ai croisé des gens connus.

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(vendredi)

สตรีเหล็ก (Satree Lek)

Je compte voir ce film (voir aussi sa fiche Allociné) demain (samedi) soir à l'UGC Ciné-Cité les Halles (à une des séances de 18h10, 20h20 ou 22h30, je ne sais pas encore ; Mise à jour : c'est celle de 22h30). Plusieurs personnes m'en ont dit énormément de bien. Si des gens veulent aussi le voir et auraient envie d'y aller avec moi, qu'ils me contactent.

[N'est-ce pas que le Web est génial ? Je ne connais pas un mot de thaï (enfin, si, maintenant, j'en connais deux — สตรี qui veut dire « femme », et เหล็ก qui veut dire « fer » — mais il y a dix minutes je n'en connaissais pas un), et en jouant un peu le détective grâce à l'IMDB, Google, Unicode et thai-language.com, j'ai réussi, à partir d'une transcription foireuse, à retrouver l'écriture originale du titre, qui doit être correcte puisque quand on la recherche dans Google, on tombe bien sur le site officiel du film.]

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(dimanche)

Le Coût de la vie, et autres considérations

Plus parce que je cherchais une façon de me sortir que parce que je tenais vraiment à le voir, je suis allé voir Le Coût de la vie (sorti depuis un moment déjà). J'en tire une impression partagée : les portraits sont bien tracés et vraiment drôles, mais l'ensemble est très mal ficelé, et assez déséquilibré ; et finalement cela fait l'effet d'un brouillon ni assez travaillé ni assez spontané. La brochette d'acteurs est aussi contrastée : Isild Le Besco, notamment, me tape complètement sur les nerfs, et Vincent Lindon aussi, dans une moindre mesure (évidemment, il est difficile de dire si c'est un acteur qui est énervant, ou les rôles qu'il interprète ; quand le même type joue toujours des gens à qui j'ai envie de foutre des baffes, ça finit par déteindre sur celui qui incarne le personnage…). En revanche, j'ai beaucoup aimé Géraldine Pailhas, ainsi que Claude Rich (je suis assez fan de Claude Rich en général, et il ne m'a pas déçu ici). Fabrice Lucchini s'est plutôt bien tiré d'un rôle excessivement caricatural.

Mais on ne pouvait sans doute pas faire mieux, pour traiter le sujet du rapport à l'argent, que brosser une série de portraits. Il est vraiment amusant de constater combien les gens diffèrent en ce domaine, un aspect de leur personnalité se combinant à des circonstances extérieures (comme un héritage) pour former quelque chose de pas toujours très agréable. Moi-même (qui n'en suis plus à une contradiction près), je combine un caractère normalement très dépensier (comme quand je mets 75€ dans un jeu de tarot divinatoire alors que je n'ai évidemment aucune intention de me livrer à la divination) ou simplement indifférent (par exemple, ça fait six ans maintenant que je paie l'assurance pour une chambre d'internat à l'ENS que je n'habite plus — parce que je n'ai jamais eu le courage d'écrire la simple lettre nécessaire pour résilier le contrat ; ou encore quand on considère le nombre de chèques que je n'ai jamais encaissés parce que cela me fatiguait d'aller à la banque, ou toutes les feuilles de soin pour lesquelles je n'ai jamais demandé remboursement) avec de soudaines et inexplicables crises d'avarice.

Le film (et d'autres pensées que j'ai eues dans la journée) me donne envie d'écrire un petite pièce de théâtre (ou une nouvelle) confrontant deux personnages. L'un immensément riche, très beau, très ingelligent, en bonne santé, jeune (au moment où la confrontation a lieu), ayant eu une enfance harmonieuse, comblé également sur le plan sentimental, bref, la quintessence du bonheur, et parfaitement capable, de plus, de profiter de ce bonheur ; doté d'un naturel équilibré et d'un caractère agréable et bon (sans pour autant être un saint). L'autre, sans avoir été accablé de malheurs, n'a jamais rien pu considérer comme acquis et a dû lutter durement pour tout ce qu'il a ; il approche de la soixantaine et regarde vers le passé avec une certaine tristesse parfois teintée d'amertume. L'idée de les confronter n'a évidemment rien d'original, et je ne veux pas y prétendre. Mais sans doute la confrontation a-t-elle plus souvent été menée avec une sorte d'agenda moral (du genre « en fait, le riche ne sait pas vraiment goûter son bonheur, dans le fond il n'est pas vraiment heureux »), ce que je voudrais justement éviter : juste dépeindre une rencontre improbable, brève et sans conséquence, peut-être suggérer l'amitié là où on ne l'attend pas, mais sans chercher ni à souligner ni au contraire à réfuter (ou consoler) l'arbitraire et l'aveuglement de la fortune.

Quoi d'autre ? Puisque j'avais réussi à me sortir de chez moi, j'en ai profité pour me promener un peu (autour de l'Hôtel de Ville, comme presque toujours). Je ne saurais pas dire ce que c'était, mais il y avait une ambiance dans l'air qui me plaisait : fin de soirée, fin de week-end, fin de mois d'août, fin d'été, fin de championnats du monde d'athlétisme, que sais-je encore ? Quelque chose de subtilement différent de ce que j'ai pu sentir ne serait-ce que quelques jours auparavant. J'ai marqué l'arrêt devant le 4 rue des Lombards, qui a été mon adresse pendant deux ans (de '94 à '96 — ça commence à faire loin, tout ça) quand j'étais en prépa ; si le restaurant qui fait l'angle existait déjà (mais je ne sais plus s'il avait le même nom), en revanche, de l'autre côté de la porte de l'immeuble (là où maintenant il y a le Bear's Den) il n'y avait rien qu'un vague local désaffecté et occasionnellement squatté.

Et c'est sur cette profonde méditation sur le passage du temps que je vais me coucher.

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(Saturday)

Twelve Angry Men

I've been meaning to see this movie for a long time, and since it has now been re-released on DVD, I was at last able to. And I certainly don't regret it: I put Twelve Angry Men on my shortlist of all-time favorite films. This captivating huis clos (a mixed metaphor, perhaps, but descriptive), starring Henry Fonda as the dissenter, shows how a criminal jury, initially voting eleven to one for conviction (and death), come to be convinced by the dissenting juror.

I've often wondered how things really happen in the secrecy of jury rooms. I've so often seen how unmanageably difficult it is to secure any kind of agreement from a group of people, even on a subject utterly unimportant (many cases dealing with computers come to my mind), when some are convinced of what is Right and True and Good, that I can't imagine how twelve people ever manage to reach an agreement about something so grave as criminal matters, guilt and innocence. Actually, I wonder if demanding a unanimous verdict is such a good thing, because it might be the cause some bullying among jurors.

French and American procedure differ in important respects in this matter. For one thing, according to French law, the popular jury of nine jurors (or twelve in an appellate court, randomly drawn, as in the United States, and which the parties can challenge upon drawing) deliberates together with the three professional judges of the assize court: the same twelve (or fifteen) people make their verdict as to the defendant's guilt, for one, and the sentence in case of guilt (but no civil damages, which are the judges' decision only). I think this makes good sense. The deliberation, also, is very formal: as I understand it, agreement does not have to be reached, eight ballots (ten in an appellate court) are required to declare the defendant guilty, and if fewer votes are cast in favor of guilt, the court's ruling is innocent; the sentence is voted upon in order of decreasing severity, again requiring a majority of two thirds to approve a sentence. The legal rules are set out in articles 355 through 365 of the Code de Procédure pénale (English translation here).

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(mercredi) · Dernier Quartier

Tomb Raider

[English translation follows.]

Eh bien je ne recommande pas ce film : c'est vraiment sans intérêt. En fait, le gros problème c'est que ça se prend vraiment trop au sérieux. Si j'ai bien aimé Pirates des Caraïbes, c'est surtout pour son humour agréable et rafraîchissant (quand on va au cinéma l'été ce n'est en général pas pour voir du Bergman) ; et si Indiana Jones est si bon, c'est pour son mélange d'action et de distraction, et c'est aussi pour ça que Charlie's Angels, récemment, m'a bien plu. Mais dans Tomb Raider, le comique lui-même se veut presque sérieux. Et du coup, ça n'a pas pris (enfin, pour moi en tout cas) : qui peut s'intéresser à une histoire de recherche de la boîte de Pandore (tout de même, il fallait oser !) si ce n'est pas raconté sur le ton de la légèreté ?

En plus, le grand méchant n'est pas réussi. Il est caricatural sans faire peur. On ne comprend pas sa psychologie ou ses motivations (à part « être le grand méchant » — ce qui ne va pas chercher loin). Et tout le monde sait que c'est souvent un grand méchant réussi qui est la seule façon de sauver un film d'action.

Finalement, peut-être ce qui m'a surtout amusé, et fait plaisir, c'était d'apprendre que Lara Croft était anglaise.

Une autre chose qui m'intrigue, c'est comment on est censé regarder Lara Croft elle-même. Je peux tenter une analyse sociologique à 0.02€ : autrefois, dans les histoires d'aventure, le héros était un homme et les femmes servaient surtout de faire-valoir, de princesse que l'aventurier va sauver, et dont le rôle va peut-être aller jusqu'à poignarder le grand méchant au moment où il croit avoir vaincu le héros, mais c'est à peu près tout ; ah, il y a aussi le cas de la femme fatale, méchante, mais qui parfois va irrésistiblement succomber aux charmes du héros, et se mettre à ses côtés au moment décisif. Bon, on a progressé depuis, donc : les femmes peuvent être des héroïnes à part entière ; mais le sont-elles vraiment pour elles-mêmes, ou sont-elles simplement là pour le regard du spectateur masculin (hétérosexuel) ? Finalement, je ne suis pas certain que Lara Croft, héroïne remplaçant les héros machos, soit un réel progrès pour le féminisme. Superficiellement, elle peut passer pour une icône lesbienne — sauf que les producteurs ont pris grand soin de bien montrer qu'elle n'est pas lesbienne.

Dans cette ligne d'idées, d'ailleurs : c'est peut-être naïf et enfantin de ma part, comme souhait, mais ça me plairait vraiment beaucoup si un jour on pouvait voir un film d'action / aventure, grand public (si, si), dont le héros (ou peut-être son acolyte, si c'est vraiment trop dur que ce soit le héros) serait homo. Pas forcément montré avec des scènes aussi explicites que quand on tient à nous prouver qu'il apprécie les femmes, hein : ça a le droit d'être plus discret que ça, peut-être même juste suggéré, mais que ce soit envisageable, quoi. Et je veux vraiment parler du genre de personnages qui cogne partout et qui sauve le monde des griffes de l'immonde grand méchant : pas le technology geek qui tapote à toute vitesse sur un clavier et vous déchiffre n'importe quel code secret — ni le hobbit aux grands yeux, plein de courage, mais qui ne se la joue pas vraiment Lara Croft — ou autres rôles dont on consent parfois à nous laisser penser que peut-être ils sont ambigus. Diable, je trouve que ce serait même bien si le grand méchant pouvait éventuellement passer pour homo, parfois.

Mais bon, d'accord, ça n'a aucune importance au fond, et je suis sûrement victime du politiquement correct. Ou de mes propres fantasmes. Sûrement.

[Traduction anglaise de ci-dessus.]

Well, I won't recommend this film: it's really devoid of interest. Actually, the big problem is that it takes itself far too seriously. If I much enjoyed Pirates of the Caribbean, that's mostly for its pleasant and refreshing humor (when you go to movies in the summer in general it's not to see some Bergman) ; and if Indiana Jones is as good as it is, it's because of its mix of action and amusement, and that's also why I enjoyed Charlie's Angels, recently. But in Tomb Raider, the comic element itself tries to be almost serious. And, consequently, it didn't work (well, for me at least it didn't): who can seriously claim interest in a story of the quest for Pandora's box (really, they had to dare!) if it isn't told on a light tone?

Moreover, the bad guy isn't a success. He is grotesque without being frightening. One doesn't understand his personality or his motivations (apart from “being that really bad guy”—which doesn't get you very far). And everyone knows that often a successful bad guy is the only way to save an adventure movie.

All in all, what perhaps amused me most, and pleased me, was to learn that Lara Croft is English.

Another thing that intrigues me is how one is supposed to consider Lara Croft herself. If I may attempt a $0.02-worth sociological analysis here: once upon a time, in adventure stories, the hero was male, and women were essentially used as foils, as princesses which the adventurer could save, and whose role could sometimes go as far as stabing the evil guy at the point where he things he has defeated the hero, but that's about all; oh yes, and there's also the case of the femme fatale, evil, but who will sometimes irresistibly succumb to the hero's charm, and side along with him at the decisive moment. So, we have made progress since: women can be heroins on their own; but are they really for themselves, or are they simply there for the male (heterosexual) spectator's eye? After all, I'm not certain that Lara Croft, heroin replacing macho heros, is a real progress for feminism. Superficially she might pass as a lesbian icon — except that the producers took great care in showing that she's not a lesbian.

In this line of thought, actually: maybe it is naïve and childish on my part to wish this, but I would really like it if some day one could see an action / adventure movie, for the general public (really!), whose hero (or perhaps the hero's sidekick if it's really too hard for it to be the hero) would be gay. Not necessarily shown with such explicit scenes as when they try to prove to us that someone likes women, eh: it can be more discreet than that, maybe just hinted, but that it be at least conceivable, you know. And I mean the sort of blockbuster character who hits rough and saves the world from the claws of the despicably evil guy: not the technology geek who types at the speed of light and can decipher any code—nor the hobbit with really big eyes, full of courage, but who doesn't exactly play Lara Croft—or any of these roles which they sometimes consent of letting us believe that maybe they are ambiguous. Hell, I'd even think it were good if the really bad guy could be gay, sometimes.

But all right, it is utterly unimportant, really, and I'm surely victim of politically correct. Or of my own fantasies. Surely.

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(mercredi)

Pirates des Caraïbes

J'ai réussi à me traîner hors de chez moi (avec l'aide d'un copain) pour voir Pirates des Caraïbes (Pirates of the Caribbean — notez qu'en anglais il y a deux ‘b’). Je ne le regrette pas : indépendamment de la présence d'Orlando Bloom, ce film est bien — très drôle et agréablement divertissant. Et pas mal aussi dans le genre « l'intrigue où cinq ou six parties veulent toutes quelque chose de différent et on ne sait plus trop qui manipule qui » qui me plaît assez.

(J'écris tout ceci en français, parce que ce film est déjà sorti il y a une éternité aux États-Unis : je ne sais pas pourquoi ils ont attendu si longtemps.)

PS: Je suis complètement obnubilé par le tarot, moi, en ce moment : je n'ai pas arrêté, en regardant le film, de penser des choses comme (en voyant le médaillon) « la mort, 13e arcane majeur » ou (en voyant la potence) « le pendu, 12e arcane majeur (sauf qu'il est pendu par les pieds) », ou encore (en voyant machin et machine s'embrasser) « les amoureux, 6e arcane majeur ». Arf. Ça deviendrait limite inquiétant, là.

Dans les bandes-annonces pour les prochaines sorties, je note que le prochain Lara Croft a l'air distrayant, et j'irai certainement le voir. En revanche, Underworld ne me paraît d'aucun intérêt, une sorte de Matrix contre X-Men de seconde zone. Pour le reste, je ne sais pas encore. Ah, si, Bienvenue au gîte est peut-être rigolo.

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(dimanche)

Orlando Bloom

Gâh, qu'il est beau gosse, quand même.

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(Thursday)

Matrix II

Well, at last I saw Matrix Reloaded. As was to be expected, there were aspects of the film which I liked, and others that I did not. Here is a short critique (probably including some spoilers, although the spoily parts probably won't make much sense if you haven't seen the movie, so… at any rate, the next paragraph doesn't spoil much).

My major grievance is that I found the combat scenes exceedingly lengthy and boring. At this stage they have become really pointless: all possible forms of fighting skill have been exploited, and since every character (worth mentioning) is practically immortal and indestructible, what use is there in fighting yet more kung-fu? Yeah, the special effects are fun, but couldn't they have been saved for something more useful? Speaking of lengthy scenes, the one where Trinity and Neo make love while Zion dances seemed to last forever. (Oh, and while I'm mentioning that scene: it seemed to me that Neo, Trinity, Morpheus and the others, at the end of the first film, no longer had their plugs / sockets / holes / whatever you want to call them in the arms and back, only a single one in the back of the neck. It seems they have them again, and I find that pretty disgusting, I wonder why the screenwriters insisted on it.)

What I mostly liked is the remarkable and subtly depicted characters: they have—how can I phrase this?—glamour, panache of some kind. They're convincing, too, in their way. The Merovingian (with his funny French accent) is nice, and so is (ex-)agent Smith; but the Oracle is simply great, and so is Persephone (the Merovingian's wife), the Key Maker (in his own subtle way, like when he describes how to get into the building where the Source is), the Architect (somehow reminiscent of Christopher Lee, don't you find?), or in fact Morpheus himself. And councillor Hamann is also a rather interesting character; in fact, so are they all. The various confrontations we witness are a piece of anthology, and the insight into the zoology of the Matrix (peopled by such strange and ancient beings) is cool. A few dialogue lines are quite memorable, too!

Not all lines are good, though. There seems to have been a kind of truism attack at various points, although some of these are certainly meant to be funny. But “I believe what I believe” or “some things change, and others don't”, well… you don't have to be a genius to write stuff like that.

There are some nice private jokes meant for computer hackers that made me laugh. When Seraph (the Oracle's protector) leads Neo through a hallway filled with doors and refers to them as “back doors”, I was howling with laughter. So was I at the point where you can actually clearly see Trinity type “ssh 10.0.2.2 -l root” after having used the nmap program to hack her way into a computer. I think there were a couple more similar jokes, which I can't remember just now. The insistence on the “Source” in the way they do it might also be a wink at the famous Open Source motto, “Use the Source, Luke”.

As for the plot, it has its niceties. I thought the inspiration by Vernor Vinge's wonderful (and must-read) classic novella, True Names, was even more apparent (though I can't put my finger on the reason) in this sequel than in the first part. It's pretty effective, and one really wants to learn what's ahead.

But the plot also has its weaknesses. Unfortunately, nice as it may be in the way of acting, the central and final confrontation between Neo and the Architect seems to be the main fault. Because when you think of it, the Architect's intentions are quite absurd. For one thing, if he intended for Neo to come to him, why did he make it so hard for him to (it can't be to check that Neo is really the One, for that is quite clear already at this point)? Also, which choice was the Architect expecting Neo to make? If he wanted Neo to walk through the other door than the one he does walk through eventually, he must be disappointed by the choice that Neo makes: so why doesn't he offer Trinity's life as a kind of bribe to confince Neo to go through the other door (rather than go and save her)? If, on the other hand, he wanted Neo to walk through the door which Neo chooses, why does he bother speaking with him in the first place? Why not simply put up a sign saying oops, dead end: please exit this way? Actually, why does he bother giving Neo a choice in the first place? What point is there in all this? I'm afraid the script's writers have succumbed to the classical error of “the Bad Guys must hinder the Good Guys' progress, no matter what, even if it goes against their own goals”. Now I'm quite sure that the third film could salvage all that: it is quite possible to still make everything perfectly consistent down to the tiniest details, as far as everyone's intentions are concerned; but I'm also quite convinced it won't be done, and in the end there will still be some massively incoherent actions (“incoherent” in the point of view of the goals that various agents are trying to achieve). It's unfortunate, but many stories fail there anyway. And it's not catastrophic either.

I'm pretty convinced there will be some really nice things, and nice surprises, in the third (and hopefully final) part of Matrix. I expect a major surprise concerning the Matrix, its origin, its modus operandi, its role, or something of the kind. A wholly unexpected surprise, but one that isn't contrived, and that we'll be retrospectively able to find clues for in the second (and perhaps even first) film. But I can't guess what the surprise will be. Maybe the Matrix wasn't created by the machines but by humans, for an entirely different purpose, which Neo will discover. Or some such thing. But enough speculating.

Enough Matrix, in fact. Followup is in November, when Matrix Revolutions is released. Until then…

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(Friday)

Past news

[Traduction française ci-dessous.]

So, basically, what have I been up to, these days, while my Web site was bit rotting, until I started this 'blog?

Well, working, for one thing. I'm sorry to say, my thesis is still not written, and it will be a couple of months yet before I can think of presenting it. However, my thesis advisor and I have been writing a paper together, in which we prove that smooth Del Pezzo surfaces of degree 3 (cubic surfaces) and 4 (complete intersections of two quadrics in projective space of dimension 4) might have no rational points over fields of cohomological dimension 1: this is an exciting new counterexample, and although it dashes some hopes of understanding the arithmetic of cubic surfaces in a “naïve” way, it gives an interesting application of Rost's degree formula toward proving arithmetic results on inexistence of rational points (or zero-cycles). I'd also like to say that my paper Équivalence rationnelle sur les hypersurfaces cubiques sur les corps p-adiques has at last appeared in volume 110 issue 2 of manuscripta mathematica: essentially, this is my first published math paper! (Its DOI is 10.1007/s00229-002-0327-3, and you can grab a local copy of it if you wish.) Currently, I'm working on cubing surfaces over C(t), and I also spare a thought from time to time to trying to find an elementary proof (which I'm sure is possible) of the fact that smooth projective rationally connected varieties over C((t)) always have a rational fact (over C(t) this is a very impressive result by T. Graber, J. Harris & J. Starr).

On the more personal side, for those who have asked (I know, I never reply to email, it's maddening): I haven't found myself a boyfriend. ☹️ I have firmly resolved, however, not to let that fact ruin my happiness: while I'm a definite believer in Love with a capital ‘L’ (and some of my writing proves it), I don't intend, to put it simply, to let that aspiration shadow other interesting and positive human relations, such as friendship, tenderness or plenty of others. An obvious point, really, but some people seem to simply—miss it. Anyway. In an effort toward socializing with other gay people (not necessarily in hope of finding my Brother soul, nor to hunt for sex), I have been going to >Dégel!, the gay & lesbian students alliance of the Jussieu campus: this has been a profitable occasion to meet many interesting people and make new friends. Of course, I am also member of HBO, the similar organization for the Orsay campus: actually, I am a trustee (and sometime treasurer) of HBO, and one thing that has occupied me for the last months is the collaborative process of rewriting the organization's bylaws. On that subject, I might also mention that I've been found lurking (and not just lurking, in fact) around IRCnet, notably on the #gayfr channel under the nick “Ruxor” (these irc:// URIs should work within Mozilla, provided, of course, irc.ircnet.net is willing to accept you; the name “Ruxor” is a reference to an old novel of mine). While I'm ranting, I could add that I now have an ICQ number (UIN), namely 168950339.

I haven't written much literature recently (my most recent work is still my favorite: Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes; actually, I wrote this erotic short story and these four very short stories since then, but I think they don't really count). Actually, I did write something: together with some friends of mine (from the ENS), I organized a little “short story writing circle”: we voted on a common theme or subject and then, each on our own, wrote a story on that theme, and compared them. You can read the stories that were written (and one of them is mine): overall, I thought they were very good. The chosen subject was The story must start with the death of a character. And it must end with the death of a character. The same one. Now we've started a second iteration of the story-writing circle, and the subject is to write a story that parallels a famous historical or literary event (such as the death of Julius Cæsar). I hope the results will be likewise interesting.

Incidentally, in developing a procedure to vote for the common subject of the aforementioned short stories, I had to implement what I call the “Condorcet-Nash” electoral system. This is definitely something I'll have to write about, some time. But I don't have the time now. In just one sentence, it consists of taking the optimal (von Neumann-Nash) strategy in the two-player fair zero-sum game where each player chooses one of the candidates and receives a score equal to the number of electors who prefer his candidate over his opponent's (or minus the number of electors who prefer his opponent's candidate). In a definite sense, this is the best possible electoral system. I developped an implementation for it using the GNU Linear Programming Kit, because finding an optimal strategy in a zero-sum game is done by linear programming. This is all quite fascinating.

On the computer side of my life, I haven't programmed much these days. I did a major rewrite of my MIDI writing library, but I didn't even bother to package it! The stuff is still completely undocumented, anyway, so essentially it's usable only by me. 😐 I also “discovered” and documented a gratuitous annoyance in Unix, concerning the behavior of the connect() system call when interrupted.

What else? I had a renewal of interest in the Rubik's Cube (I spent something like six hours one night remembering how to solve it, something I knew seven or eight years ago and had completely forgotten since); but that probably won't last. Still, I plan on buying a 4×4×4 Rubik's Cube and try to figure it out, now that I have the 3×3×3 well in hand (it takes me ages to solve it, but I manage it).

I also went to see a couple of movies in the last few months. I saw The Two Towers on the day it was released (worldwide), 2002-12-18, and I wasn't disappointed, although I thought maybe it lacked unity. Long Island Expressway, which I saw on 2003-02-04, nothing like a box office buster, is a deeply moving story, and I recommend seeing it. Spielberg's Catch Me If You Can, which I went to see on 2003-02-19, was nice (although it gives a, uh, backward image of France). I rather liked Ma Vraie Vie à Rouen (no English title that I know of), which I saw on 2003-03-07, but I did find it lengthy. On 2003-03-10, I was deeply enthusiastic about 8 Mile: I don't have any particular fondness for hip-hop music, but I really loved that film anyway. Next I saw The Rules of Attraction on 2003-03-19, and I found it funny, but that's about all. On the next day I went to see Stupeur et Tremblement (possibly still not released in the US), and I loved it: it is at once hilarious, beautiful and somehow terrifying. Snowboarder, which I went to see on 2003-04-09, is pretty much devoid of interest, although some of the snowboard figures were spectacular. Next I saw The Hours on 2003-04-20, and I very much liked it: it is elegantly built, nicely filmed, and rather moving; plus, Nicole Kidman's award for her performance as Virgnia Woolf was well-deserved. The Life of David Gale, which I saw on 2003-04-23, was a bit disappointing: I had guessed the ins and outs of the plot not even halfway through the movie, so the end was sort of spoilt for me. Lastly, I saw X-Men 2 on the day before yesterday, and I found it rather entertaining. And I plan on seeing Matrix Reloaded on the day of its release (which is 2003-05-16 in Europe: contrary to Lord of the Rings which played the time zone difference by releasing a few hours earlier in Europe, Matrix decided to release a few hours later than in North America).

I've done some reading, too. In particular, I discovered that I really liked Borges, and I think by now I've read just about all that he's written (disappointingly little, I might add), in French translation. I tried to read David Copperfield, but I just couldn't get the hang of it: much as Balzac annoys me to no end, I find Dickens' habit of constantly straying off the subject a source of frustration; I expect to try again with A Tale of Two Cities. Right now I'm reading The Hours by Michael Cunningham.

I think that more or less sums it up.

[French translation of the above.]

Alors, finalement, qu'est-ce que j'ai fait ces jours-ci, pendant que mon site Web était en train de pourrir, jusqu'à ce que je commence ce 'blog ?

Eh bien, d'abord, travailler. Je suis au regret de dire que ma thèse n'est pas encore écrite, et il va falloir encore quelques mois avant que je puisse songer à la soutenir. Cependant, mon directeur de thèse et moi avons écrit un article ensemble, dans lequel nous prouvons que les surfaces de Del Pezzo lisses de degrés 3 (surfaces cubiques) et 4 (intersections complètes de deux quadriques dans l'espace projectif de dimension 4) peuvent ne pas avoir de points sur des corps de dimension cohomologique 1 : c'est un contre-exemple nouveau et excitant, et même s'il anéantit certains espoirs de comprendre l'arithmétique des surfaces cubiques d'une façon « naïve », il donne une application intéressante de la formule du degré de Rost pour prouver des résultats arithmétiques d'inexistence de points rationnels (ou de zéro-cycles). Je voudrais aussi dire que mon article Équivalence rationnelle sur les hypersurfaces cubiques sur les corps p-adiques est enfin paru dans le volume 110 numéro 2 de manuscripta mathematica : en gros, c'est mon premier article de maths publié ! (Son DOI est 10.1007/s00229-002-0327-3, et vous pouvez en récupérer une copie locale si vous voulez.) Actuellement, je travaille sur les surfaces cubiques sur C(t), et je dévoue de temps en temps une pensée à essayer de trouver une démonstration élémentaire (je suis sûr que c'est possible) du fait que les variétés projectives lisses rationnellement connexes sur C((t)) ont toujours un point rationnel (sur C(t) c'est un résultat impressionnant de T. Graber, J. Harris & J. Starr).

Sur un plan plus personnel, pour ceux qui m'ont demandé (je sais, je ne réponds jamais aux mails, c'est énervant) : je ne me suis pas trouvé un petit ami. ☹️ J'ai fermement résolu, cependant, de ne pas laisser ce fait gâcher mon bonheur : et même si je crois fermement à l'Amour avec un grand ‘A’ (et certains de mes écrits le prouvent), je n'ai pas l'intention, pour dire les choses simplement, de laisser cette aspiration éclipser d'autres relations humaines intéressantes et positives, comme l'amitié, la tendresse, ou plein d'autres. J'enfonce les portes ouvertes, là, vraiment, mais pour certains elles semblent simplement — ne pas être si ouvertes. Quoi qu'il en soit… Dans un effort pour socialiser avec d'autres homosexuels (pas forcément pour trouver mon âme frère, ni pour chasser de la viande fraîche), j'ai commencé à aller à >Dégel!, l'association gaie & lesbienne du campus de Jussieu : ç'a été une occasion profitable de rencontrer des gens intéressants et de me faire de nouveaux amis. Bien sûr, je suis aussi membre de HBO, l'organisation semblable pour le campus d'Orsay : en fait je suis un administrateur d'HBO (et autrefois trésorier), et une des choses qui m'ont occupé ces derniers mois est le travail collectif de réécriture de ses statuts. À ce sujet, je peux aussi mentionner que j'ai été trouvé à lurker (et pas juste à lurker, en fait) sur IRCnet, notamment sur le canal #gayfr sous le nick « Ruxor » (ces URIs en irc:// devraient marcher sous Mozilla, à condition, bien sûr, qu'irc.ircnet.net veuille bien de vous ; le nom « Ruxor » est une référence à un vieux roman que j'ai écrit). Pendant que je bavarde, je pourrais rajouter que j'ai maintenant un numéro (UIN) sur ICQ, à savoir 168950339.

Je n'ai pas beaucoup écrit de littérature récemment (mon texte le plus récent est toujours mon préféré : Histoire de la Propédeutique à la Reine des Elfes ; en fait, j'ai écrit cette nouvelle érotique et ces quatre nouvelles très courtes depuis, mais je ne trouve pas qu'elles comptent vraiment). En vérité, j'ai effectivement écrit quelque chose : avec certains de mes amis (de l'ENS), j'ai organisé un petit « cercle d'écriture de nouvelles » : nous avons voté sur un thème ou sujet commun et ensuite, chacun de notre côté, écrit une nouvelle sur ce thème, et les avons comparées. Vous pouvez lire les histoires qui ont été écrites (et l'une d'elles est de moi) : dans l'ensemble, je les ai trouvées très bonnes. Le sujet choisi était La nouvelle doit commencer par la mort d'un personnage. Et doit se terminer par la mort d'un personnage. Le même. Maintenant nous avons débuté une seconde itération de ce cercle d'écriture, et le sujet est d'écrire une histoire qui fait parallèle à un événement historique ou littéraire célèbre (comme la mort de Jules César). J'espère que les résultats seront semblablement intéressants.

Incidemment, en développant une procédure pour voter sur le sujet commun des nouvelles ci-dessus mentionnées, j'ai dû implémenter ce que j'appelle le système électoral de « Condorcet-Nash ». C'est quelque chose sur lequel il faut clairement que j'écrive, un jour. Mais je n'ai pas le temps maintenant. En une phrase, cela consiste à prendre la stratégie optimale (de von Neumann-Nash) dans le jeu à deux joueurs, équilibré et de somme nulle, où chaque joueur choisit un des candidats et reçoit un score égal au nombre d'électeurs qui préfèrent son candidat à celui de son adversaire (ou moins le nombre d'électeurs qui préfèrent le candidat de son adversaire). En un sens bien défini, c'est le meilleur système électoral possible. J'en ai développé une implémentation en utilisant le GNU Linear Programming Kit, parce que trouver une stratégie optimale dans un jeu à somme nulle se fait par programmation linéaire. C'est tout à fait fascinant.

Sur le côté informatique de ma vie, je n'ai pas beaucoup programmé ces jours-ci. J'ai fait une réécriture importante de ma bibliothèque d'écriture de MIDI, mais je ne me suis même pas fatigué à la packager ! Ce truc est toujours complètement non-documenté, de toute façon, donc essentiellement utilisable seulement par moi. 😐 J'ai aussi « découvert » et documenté une nuisance gratuite dans Unix, concernant le comportement de l'appel système connect() quand il est interrompu.

Quoi d'autre ? J'ai eu un regain d'intérêt pour le Rubik's Cube (j'ai passé quelque chose comme six heures une nuit à me rappeler comme le résoudre, quelque chose que je savais il y a sept ou huit ans et que j'avais complètement oublié depuis) ; mais ça ne durera sans doute pas. Cependant, je compte m'acheter un Rubik's Cube 4×4×4 et tâcher de le résoudre, maintenant que j'ai le 3×3×3 bien en main (il me faut une éternité pour le résoudre, mais j'y arrive).

Je suis aussi allé voir un certain nombre de films ces derniers mois. J'ai vu Les Deux Tours le jour où il est sorti (dans le monde), 2002-12-18, et je n'ai pas été déçu, même si j'ai peut-être trouvé que ça manquait d'unité. Long Island Expressway, que j'ai vu le 2003-02-04, qui n'a rien d'un blockbuster, est une histoire profondément émouvante, et je le recommande. Catch Me If You Can de Spielberg, que je suis allé voir le 2003-02-19, était bien (même s'il donne une image, euh, retardée de la France). J'ai assez aimé Ma Vraie Vie à Rouen, que j'ai vu le 2003-03-07, mais je l'ai trouvé un peu longuet. Le 2003-03-10, j'ai été très enthousiaste de 8 Mile : je n'ai pas d'amour particulier pour la musique hip-hop, mais j'ai vraiment adoré ce film malgré cela. Ensuite, j'ai vu Les Lois de l'attraction le 2003-03-19, et je l'ai trouvé drôle, mais c'est à peu près tout. Le lendemain, je suis allé voir Stupeur et Tremblement (peut-être pas encore sorti aux États-Unis), et je l'ai adoré : c'est à la fois hilarant, beau, et, quelque part, terrifiant. Snowboarder, que je suis allé voir le 2003-04-09, est assez dénué d'intérêt, même si certaines des figures de snow étaient spectaculaires. Ensuite, j'ai vu The Hours le 2003-04-20, et j'ai vraiment beaucoup aimé : c'est élégamment construit, bien filmé, et assez émouvant ; de plus, l'Oscar de Nicole Kidman pour son interprétation de Virginia Woolf n'était pas volé. La Vie de David Gale, que j'ai vu le 2003-04-23, était un peu décevant : j'avais deviné les tenants et les aboutissants de l'intrigue même pas à la moitié du film, donc la fin était un peu spoilée. Enfin, j'ai vu X-Men 2 avant-hier, et je l'ai trouvé assez divertissant. Et je compte voir Matrix Reloaded le jour de sa sortie (à savoir 2003-05-16 en Europe : au contraire du Seigneur des Anneaux qui a joué le décalage horaire en sortant quelques heures plus tôt en Europe, Matrix a décidé de le sortir quelques heures plus tard par rapport à l'Amérique du Nord).

J'ai aussi lu. En particulier, j'ai découvert que j'aimais vraiment beaucoup Borges, et je crois que maintenant j'ai lu à peu près tout ce qu'il a écrit (et c'est décevant à quel point il y en a peu, devrais-je ajouter), en traduction française. J'ai essayé de lire David Copperfield, mais je n'ai pas accroché : de même que Balzac m'agace incessamment, je trouve frustrante la façon dont Dickens s'écarte constamment du sujet ; je compte réessayer avec A Tale of Two Cities. En ce moment je lis The Hours de Michael Cunningham.

Je crois que c'est à peu près tout.

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