Le gaydar est la capacité présumée (essentiellement des homosexuels et bisexuels eux-mêmes) à repérer qui n'est pas hétérosexuel (l'histoire ne dit pas précisément, cependant, si ça s'applique uniquement sur les individus de même sexe que l'identificateur ou sur hommes et femmes également). Assurément ça existe au moins dans une certaine mesure ; et ça n'a rien de magique : il y a suffisamment de gens qui tiennent expressément (même sans en être forcément conscients) à afficher, dans leur attitude ou dans leur look, quelle est leur orientation sexuelle, qu'il est certainement possible de les identifier. (Et il est assez naturel, quand on est homo, de vouloir être identifié comme tel au moins par ceux qui le sont aussi.) Quand on fréquente un nombre assez important de personnes dont on connaît l'orientation sexuelle, on doit forcément acquérir dans une certaine mesure la capacité à faire du pattern matching sur des indices discriminants. Au-delà de ce qui est évident, ça commence à devenir douteux, par exemple : qu'on reconnaisse les gens sur leur look, c'est une chose, sur leur gestuelle ça commence à me sembler déjà plus douteux, et sur leur seule apparence physique je n'y crois pas du tout. Ceci étant, faire des études serait difficile, et on ne sait pas exactement quel serait le phénomène recherché à étudier.
Pour autant que je me rappelle et que je le sache (il est vrai que ça fait des restrictions importantes), les seules fois où on m'a identifié comme homo (quand on ne le savait pas à l'avance et que ce n'était pas évident d'après — si j'ose dire — le contexte) c'est vraiment que j'avais tout fait pour. Ce qui est rare : s'agissant du look, je n'aime pas du tout m'habiller pour coller aux stéréotypes (et c'est bien triste, parce que ça ne me gênerait pas du tout, paradoxalement, d'être outé par ma tenue).
Le problème avec les stéréotypes, c'est que dans une certaine
mesure on ne peut que les confirmer. Par exemple, si on prend celui
qui dit : les pédés sont efféminés
. À mon avis, c'est une
connerie complète, et la raison pour laquelle on pense ça, c'est que
ça a commencé comme un raisonnement sans fondement (du genre, être
attiré par les hommes, c'est une caractéristique féminine, donc ils
doivent avoir d'autres caractéristiques féminines
) et qu'ensuite
ça s'est entretenu tout simplement parce que, du coup, ceux qui
collent au stéréotype sont plus visibles que ceux qui n'y collent pas.
(Variante du phénomène : dans des environnements où la virilité des
hommes est extrêmement marquée et importante, il est très difficile de
se revendiquer comme homo, justement à cause du cliché dont je parle,
et du coup, ceux qui le sont ne s'affichent pas, ce qui renforce le
cliché. OK, je sais, je sais, je tourne en boucle.)
Une autre chose qui peut se produire, c'est un échange de regards juste autour du seuil de la conscience. Il peut s'en passer plein de choses, dans le regard, même le plus bref.