Le principe de précaution
est une scandaleuse imposture, et
je n'ai cesse de me mettre en rage à ce sujet. Le principe de
précaution est une façon de dire que quand on est devant une
alternative difficile on devait parfois faire un choix objectivement
mauvais sous prétexte qu'on sera plus difficilement accusable parce
que les conséquences néfastes de ce choix, bien que plus importantes,
sont aussi plus indirectes. Par exemple, si on doit mettre
sur le marché un nouveau médicament ou un nouveau vaccin, qui permet
de lutter contre une maladie grave mais qui comporte aussi des
dangers, la chose sensée à faire, la seule chose qui se défend
sérieusement, c'est de faire un calcul bénéfice-risque pour savoir où
est le plus grand nombre de vies sauvées ; évidemment, ce calcul, qui
consiste à maximiser l'espérance (au sens mathématique…) du
nombre de vies, doit tenir compte du fait qu'il peut y avoir des
risques difficilement mesurables ou mal connus (peut-être que l'étude
sur le vaccin a été mal faite et qu'il est beaucoup plus risqué que
mesuré), et on doit mettre ça aussi dans l'espérance, ce qui peut
ressembler de loin à une aversion au risque ; mais sous le nom
de principe de précaution
, l'idée qu'on devrait
systématiquement refuser le vaccin s'il n'est pas parfaitement sûr (ce
qui est, forcément, impossible), est une dangereuse connerie.
Connerie car tout autre choix que celui qui sauve le plus de vies,
symétriquement, en coûte. Et connerie d'autant plus dangereuse que
son inscription dans la Constitution française pourrait donner à des
juges l'idée saugrenue de punir des autorités qui auraient fait ce qui
était honnêtement et objectivement le mieux pour sauver des gens !
Je suis assez partagé au sujet de la culture des plantes
dites OGM (qui
ont lancé en France la mode du principe de précaution
) —
disons que je serais favorable à leur culture si les semenciers
fournisseurs des graines en question n'avaient pas des principes
éthiques dignes de la pire des mafias, ce qui fait qu'au final le
débat n'est plus entre les plantes ceci ou cela mais concerne la
terreur pratiquée par de grandes multinationales sur des clients
captifs en utilisant des lois iniques sur la propriété
intellectuelle
(ce qu'une graine ne devrait pas pouvoir être). Le
principe de précaution n'a finalement plus grand-chose à voir
là-dedans. En revanche, il y a trois domaines où je vois les ravages
de ce principe actuellement : (1) dans la mythomanie paranoïaque de la
société autour de la pédophilie, (2) dans les mesures liberticides
qu'on cherche à nous faire avaler au nom de la lutte contre le
terrorisme, et (3) dans l'idée que le développement rapide de
l'énergie nucléaire ne serait pas
notre meilleure moins mauvaise façon de pallier
l'effet de serre.
Je vais essayer de développer ces trois points dans (les ?) trois prochaines entrées, vers lesquelles j'ajouterai des liens ici ensuite : (1) et (3). (Merci aux commentateurs, donc, de s'abstenir de remarques sur (1), (2) ou (3) dans ce post d'introduction.)