David Madore's WebLog: Carpe diem — bibe noctem

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(vendredi)

Carpe diem — bibe noctem

La première chose que je pense le matin quand je me réveille, c'est zut, je ne suis pas mort paisiblement pendant mon sommeil — c'est-à-dire zut, je suis vivant, je vais devoir subir cette journée. Oui, je sais, ça peut paraître parfaitement névrotique (suicidaire), comme pensée, mais je ne me fais pas cette réflexion sur le ton du désespoir, plutôt de l'agacement (ou, à la limite, du découragement). Je ne suis pas suicidaire ne serait-ce que parce qu'il s'agit d'un geste qui cause considérablement plus de désagrément (physique et moral pour celui qui pratique, et moral, aussi, pour ceux qui l'entourent) que la journée que je vais devoir traverser, et qui peut par ailleurs fort commodément être perpétuellement remis au lendemain (jusqu'à ce que le destin s'en charge à votre place). Je ne m'endors pas non plus en espérant ne jamais me réveiller, parce que j'en suis déjà convaincu : le David Madore qui s'endort n'est pas le même que le David Madore qui se réveille le lendemain en rouspétant — le premier meurt le soir avec soulagement, et le second est un nouvel individu créé avec les souvenirs de l'ancien (et qui hérite de son solde face au monde). Voilà pourquoi j'aime tellement dormir. Et voilà aussi pourquoi je remets si volontiers les choses au lendemain : ce sera à quelqu'un d'autre de s'en charger, en pestant contre ce que son prédécesseur lui a légué. Oui, oui, je sais, c'est une politique de l'autruche.

Pour ceux qui n'ont pas compris : je suis en train de dire que j'aime la vie — que je cueille le jour et que je croque à pleines dents dedans (eritis sicut dei scientes bonum et malum ?). Si vous ne comprenez toujours pas, vous n'êtes pas mûrs pour la philosophie Zen (ah, tiens, il faudra que je mette quelque part sur mon site Web mon kōan sur le bonheur).

Tiens, aujourd'hui, quand je suis descendu à la station Place d'Italie, mon métro allait repartir quand une vieille dame (toute souriante) est arrivée sur le quai, et a essayé de se dépêcher pour attraper la rame : forcément, elle n'allait pas bien vite, même comme ça, et elle a pris très longtemps à arriver jusqu'aux voitures, mais le conducteur l'a attendue. Moi je suis resté à regarder ça, la vieille dame qui marchait aussi vite qu'elle pouvait et le métro qui l'attendait : je ne sais pas au juste pourquoi, j'ai trouvé cette scène très belle et très heureuse (indépendamment de la question de savoir si c'est normal ou gentil de la part du conducteur d'avoir attendu la vieille dame — ce n'est pas du tout le propos).

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