Il y a quelque chose comme six milliards d'humains sur cette planète. Au cours de ma vie j'en aurai côtoyé — de quelque manière que ce soit, même si on compte les gens croisés une seule fois dans la rue — une infime partie ; certains seront devenus des amis, ou au moins des connaissances, des personnes avec qui j'aurai bavardé au moins une fois, échangé un mail, une forme quelconque de communication.
J'aimerais pouvoir dire que les gens que je fréquente sont ceux qui ont le plus d'affinité avec moi, que nous nous sommes rassemblés parce que nous devions nous rassembler. Hélas ! C'est surtout le hasard qui a fait les choses. Si je n'ai pas à me plaindre de mes amis, que dire en revanche de ceux que la chance n'a pas voulu que je rencontre ? Rien que dans ma petite rue, les habitants se comptent en centaines, et peut-être parmi eux y a-t-il quelqu'un comme je rêve d'en connaître, mais il s'est simplement trouvé que nos chemins ne se sont jamais croisés (ou en tout cas pas assez sérieusement pour que nous fassions vraiment connaissance).
Les fréquentations semblent aller et venir sans raison véritable. Des gens que je voyais très régulièrement il y a un an ou deux, il y a cinq ans, que sais-je, ont maintenant complètement disparu de ma vie — sans un adieu — sans vraie raison identifiable, sans dispute : au hasard simplement des changements d'activités ou d'emplois du temps. (Et ce n'est pas toujours facile d'en rencontrer de nouveaux.)
Je trouve que tout cela a quelque chose d'attristant.