David Madore's WebLog: C.R.A.Z.Y.

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(vendredi)

C.R.A.Z.Y.

Toujours pas de résultats de mes auditions (l'attente est vraiment atroce), et je ne suis pas encore en état de manger des aliments solides, donc je vais passer l'heure du déjeuner à parler d'autre chose.

Je suis allé voir C.R.A.Z.Y. et j'en ressors avec l'impression générale suivante : c'est un très bon film (j'ai vraiment beaucoup aimé), mais il aurait facilement pu être encore meilleur (et du coup c'est un peu dommage).

En bref, il s'agit de l'histoire — à travers deux décennies — d'une famille québecoise, les Beaulieu, avec cinq fils (dont les noms ont pour initiales les lettres du titre : Christian l'intello, Raymond le mauvais garçon, Antoine le sportif, Zachary le personnage principal et Yvan le petit dernier), vue de la perspective de l'avant-dernier, Zach, né le jour de Noël 1960, de son rapport avec ses parents, ses frères, la musique, les garçons…

Là où le film est vraiment excellent, c'est pour ce qui est de capturer l'esprit du temps : les années '60, puis '70, puis le début des années '80, à travers le style vestimentaire, la décoration intérieure, et surtout l'ambiance musicale (si le père Beaulieu aime Aznavour et tient à chanter Emmenez-moi à chaque Noël, Zach, lui, est fan de David Bowie). La manière dont on voit les enfants grandir est simplement vraie à tel point que ç'en est frappant. (Mais il faut dire que je suis bon public pour ce genre de fresques historiques familiales : par exemple j'avais énormément aimé La meglio gioventù (Nos meilleures années).) Et j'ai trouvé touchante la manière dont on nous montre Zach prenant (difficilement) conscience de son homosexualité et arrivant (encore plus difficilement) à l'assumer dans une famille québecoise catholique. (Le mot québecois pour pédé est fif, comme je le savais à cause du titre de la fort intéressante étude Mort ou Fif sur le suicide des jeunes homos. D'ailleurs, il est amusant de voir que pour la diffusion de C.R.A.Z.Y. en France, les producteurs ont cru bon de sous-titrer certaines répliques, des fois que les gens ne comprendraient pas bien le québecois.)

Le principal reproche que je ferais, en revanche, c'est que c'est parfois un peu brouillon. Que le ton hésite entre le sérieux et le comique, ce n'est pas un reproche, mais disons qu'on passe parfois de façon vraiment inattendue de l'anecdotique au drame ou vice versa, et que cela peut donner une impression de manque de punch, ou de construction un peu lacunaire. Disons que c'est j'ai le sentiment que le montage aurait pu être plus resserré ; ou que certains éléments sont introduits, puis oubliés aussitôt, sans avoir vraiment servi, comme si les scénaristes avaient changé d'avis mais sans corrigé ce qu'ils avaient écrit. Ceci dit, ce reproche (somme toute léger) ne suffit pas à entamer sérieusement mon enthousiasme pour ce film. Que je recommande donc.

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