David Madore's WebLog: Je hais toujours le quinze août

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(samedi)

Je hais toujours le quinze août

Voici venue la nuit la plus morte de l'année : celle du samedi quatorze au dimanche quinze août. Au moins, lundi, on peut espérer que le pays reprenne un peu vie. En attendant, je me sens assez seul et je vois le spectre de la déprime qui montre le bout de son nez et essaie de rentrer — mais gardons-le à la porte tant que j'y arrive. Heureusement, demain soir je dîne avec mes parents et des amis à eux qui me sont chers.

J'ai regardé, hier soir et ce soir (une partie — de trois heures — l'un et l'autre jour), le film La meglio gioventù (en français : Nos meilleures années), que j'avais acheté en DVD. J'ai assez aimé, même si j'ai trouvé quelques faiblesses (mais je ne veux pas rentrer dans la critique de film maintenant) ; il faut dire que je suis assez bon public pour ce genre d'œuvre : je le recommande donc à tous ceux qui aiment les films-fresques qui se déroulent sur un certain nombre d'années (en l'occurrence une quarantaine) retraçant, à travers l'histoire d'une famille, les faits marquants de l'histoire de tout un pays (l'Italie, donc, de Turin à Palerme et de 1966 à 2003). Ah, et j'aime tellement entendre la langue italienne — squisita!

C'est un film parfois triste, cependant, ou plutôt, qui rend mélancolique quand on est, comme moi, porté à la nostalgie et aux ruminations sur le temps qui passe. Pas forcément ce que j'avais de plus opportun à regarder, mais enfin. Au passage, j'ai grapillé quelques mèmes qui pourraient servir dans une œuvre littéraire quelconque, mais je crois que je vais m'abstenir, ce que je ponds en ce moment est suffisamment médiocre, ce n'est pas forcément la peine d'en rajouter (je précise, pour ceux qui voudraient faire la connexion, que c'est l'évocation de Rome dans l'entrée précédente qui m'a rappelé que j'avais ce film à regarder, pas le contraire — non que ça ait une quelconque importance, mais enfin, just to set the record straight).

Passons à quelque chose dont je suis encore moins fier que mes fragments littéraires gratuits : je m'aperçois que je suis tout à fait capable d'éprouver des sentiments homophobes. En l'occurrence, tout à l'heure dans le métro (en revenant des Tuileries, où j'étais allé admirer le coucher du soleil, c'est tout, merci), j'étais assis à côté de deux homos, tous les deux dans le genre vieux beau, folasse, qui essaie de cacher le fait qu'il a passé le cap de la cinquantaine, et ça me fait assez mal de voir ce que ça renvoie à moi-même et sur moi-même (des pensées vraiment pas reluisantes entre vieilles tantes !, faites que je ne devienne jamais comme ça, ou encore mais il ne serait pas en train de me regarder d'un air lubrique, là ? — ou peut-être que j'étais en fait vexé parce qu'il ne me regardait pas d'un air lubrique ? qui sait ?).

Sinon, dans le genre pensées bizarres et dont il n'y a pas vraiment à être fier : en passant devant un SDF, je me suis demandé, tout d'un coup, pourquoi je ne lui donnerais pas 50€ (il se trouve effectivement que j'avais un billet de 50€ sur moi ; mais je ne l'ai pas fait). Je me suis demandé quelle serait sa réaction. Et ensuite, je me suis demandé si ce n'était pas cette réaction que j'achèterais pour cette somme, ou la sensation d'avoir fait son bonheur. Or est-ce que mon bonheur serait aussi facile à acheter ?

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