Un commentateur d'une entrée passée [il faudra que je prévoie une façon de faire des liens vers les commentaires sans m'engager quant à la stabilité de leurs URI ; pour l'instant je me contente de cette périphrase], « organoleptix », me suggère que je suis peut-être sujet à dépression sans en être conscient (il me renvoie à un article sur la dépression masculine). C'est intéressant, parce que je me suis souvent posé cette question. A priori, je ne présente aucun des symptômes majeurs de la dépression : je ne suis pas mélancolique (enfin, passablement rarement), et j'ai plutôt le problème d'être intéressé par trop de choses que de manquer de goût pour tout. D'un autre côté, il est vrai que mon appétit de sommeil est peut-être franchement pathologique (surtout quand je m'endors en pensant mourir), et que je manque souvent d'énergie pour faire quantité de choses qui me plairaient. Par le passé j'ai eu des périodes d'excessive tristesse associée à ma perpétuelle solitude affective. Mais je me suis résolu à ne plus m'en laisser abattre, et à ne plus laisser le sentiment de malheur (au moins pour cette raison) s'emparer de moi ou m'empêcher de profiter pleinement de ma vie (qui, je dois bien l'avouer, est assez odieusement chanceuse) ; maintenant, peut-être cela me coûte-t-il des efforts dont je n'ai pas forcément conscience.
Je m'étonne, moi qui ai longtemps été un farouche solitaire, de constater que je trouve des forces dans la société et la compagnie de mes congénères (je parle ici uniquement de relations de camaraderie et d'amitié, pas de liens affectifs forts — dont je n'ai, finalement, pas l'expérience). Finalement, ma motivation et ma force vitale sont assez directement liées à ma fréquentation de toutes sortes de personnes, et réciproquement (et quand, l'été ou la chaleur faisant, je ne vois personne, alors ça ne va pas bien). Je pourrais tenter une explication facile en disant que voir du monde me permet de tourner mon regard ailleurs que mes entrailles qui ruminent mon mal-être ; mais je peux aussi avancer quarante mille autres explications contradictoires, donc je n'y crois pas plus que ça. (D'ailleurs, si j'ai une vague idée de ce qui se passe dans ma tête, celle des autres me reste résolument opaque.)
D'ailleurs je peux être taquin et me demander quelle importance cela a que je sois déprimé si je n'en ai pas conscience.