C'était le 9 novembre 2014. L'Europe fatiguée essayait de se souvenir des événements survenus vingt-cinq ans plus tôt, en même temps que les autres 9 novembre d'un siècle sanglant se bousculaient dans sa mémoire comme la chronologie dérangée d'une histoire qui bégaye. L'Europe avait la gueule de bois d'avoir trop fait la fête à la porte de Brandebourg sur l'air de Wind of Change des Scorpions, et cherchait maintenant à se rappeler ce qu'elle célébrait au juste.
Мир стоит на грани новой холодной войны—Le monde est au bord d'une nouvelle guerre froide— avait averti le vieil ours Gorbatchev, l'air de dire : c'est moi qui ai fait tomber les dominos une première fois, ne comptez pas sur moi pour recommencer si vous les remettez en place.Hegel a remarqué quelque part que tous les grands faits et personnages de l'Histoire du monde apparaissent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d'ajouter, nous prévient Marx : la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce.
Tout le monde se demande donc qui sera le dindon de la farce, — qui sera condamné à répéter le passé.
J'aurais voulu écrire ce fragment en allemand, mais je me suis
rendu compte que ça me prendrait décidément trop de temps. Si
quelqu'un veut faire l'effort de le traduire, qu'il ne se prive pas.
Je vous donne au moins le troisième paragraphe, puisque c'est tiré du
pamphlet de Marx de 1852 consacré au XVIII brumaire de Louis Napoléon
Bonaparte : Hegel bemerkte irgendwo, dass alle großen
weltgeschichtlichen Tatsachen und Personen sich sozusagen zweimal
ereignen. Er hat vergessen, {warnt uns Marx vor,} hinzuzufügen: das
eine Mal als Tragödie, das andere Mal als Farce.