David Madore's WebLog: Le porno

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(jeudi)

Le porno

Je ne sais pas pourquoi, je trouve les films pornographiques fort peu excitants. D'accord, ce jugement se base sur un nombre d'observations très limité — vu le prix des productions (et vu qu'à la télé je n'ai que les chaînes hertziennes non cryptées), étant donné que je bâille d'ennui au bout de cinq-dix minutes, j'avoue que je n'ai pas tellement envie d'approfondir mon étude. Enfin, quand je dis je ne sais pas pourquoi, je peux quand même être plus précis que ça : je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à regarder deux (ou plus) mecs faire l'amour (et à plus forte raison un mec et une fille, ou deux filles) — ce qui est intéressant, c'est de le vivre, pas de le regarder. Mais bon, ça ne doit pas être une opinion trop répandue, sinon l'industrie du porno n'existerait pas.

Je ne dis pas que je ne peux pas être stimulé par des images : mais pas par juste celles d'un acte sexuel. Les images qui m'excitent ne sont pas celles qui montrent mais celles qui suggèrent. Même les images, par exemple, des célèbres et kitschissimes photographes Pierre & Gilles, me font en général plus d'effet que du porno cru : souvent derrière la plastique plus que parfaite on sent affleurer une force érotique incroyable. J'exagère : leurs images à l'esthétique onirique ne font pas non plus de bons excitants, mais entre ces extrêmes il y a de la place pour des choses très fortes. En images fixes, ce n'est pas difficile à trouver : il suffit de descendre au sous-sol des Mots à la bouche pour en trouver quantité d'exemples. Mais n'y a-t-il rien d'analogue en film ? (On croirait que non : Bel Ami, qui fait des photos fixes relativement soft, quand il prend une caméra, réalise des pornos tout à fait ordinaires, semble-t-il.) J'imagine que ce n'est pas forcément évident à produire : on sera forcément plus exigeant sur le scénario si le but du jeu n'est pas simplement d'enfiler les orgasmes que si on demande qu'ils soient entourés de — ah, euh — préliminaires plausibles. Pourtant, les films érotiques (de charme, doit-on peut-être dire) hétéros, ça existe. N'y a-t-il rien de semblable au rayon gay ?

(Pffffff… Ce que je me retrouve à raconter, moi ! Et dire que j'ai hésité entre écrire ça et raconter — avec les mains — ce que c'est que la voûte étoilée de Zariski ! Bon, ben les amateurs de maths attendront un autre jour. En plus, maintenant je vais à nouveau passer pour un romantique éperdu ou une autre sottise de ce genre. ☹️)

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