Je ne sais pas pourquoi, je trouve les films pornographiques fort
peu excitants. D'accord, ce jugement se base sur un nombre
d'observations très limité — vu le prix des productions (et vu
qu'à la télé je n'ai que les chaînes hertziennes non cryptées), étant
donné que je bâille d'ennui au bout de cinq-dix minutes, j'avoue que
je n'ai pas tellement envie d'approfondir mon étude. Enfin, quand je
dis je ne sais pas pourquoi
, je peux quand même être plus
précis que ça : je ne vois pas ce qu'il y a d'intéressant à regarder
deux (ou plus) mecs faire l'amour (et à plus forte raison un mec et
une fille, ou deux filles) — ce qui est intéressant, c'est de
le vivre, pas de le regarder. Mais bon, ça ne doit pas être une
opinion trop répandue, sinon l'industrie du porno n'existerait
pas.
Je ne dis pas que je ne peux pas être stimulé par des images : mais
pas par juste celles d'un acte sexuel. Les images qui m'excitent ne
sont pas celles qui montrent mais celles qui suggèrent. Même les
images, par exemple, des célèbres et kitschissimes photographes Pierre
& Gilles, me font en général plus d'effet que du porno cru :
souvent derrière la plastique plus que parfaite on sent affleurer une
force érotique incroyable. J'exagère : leurs images à l'esthétique
onirique ne font pas non plus de bons excitants, mais entre ces
extrêmes il y a de la place pour des choses très fortes. En images
fixes, ce n'est pas difficile à trouver : il suffit de descendre au
sous-sol des Mots à la
bouche pour en trouver quantité d'exemples. Mais n'y
a-t-il rien d'analogue en film ? (On croirait que non : Bel Ami, qui
fait des photos fixes relativement soft, quand il
prend une caméra, réalise des pornos tout à fait ordinaires,
semble-t-il.) J'imagine que ce n'est pas forcément évident à
produire : on sera forcément plus exigeant sur le scénario si le but
du jeu n'est pas simplement d'enfiler les orgasmes que si on demande
qu'ils soient entourés de — ah, euh — préliminaires
plausibles. Pourtant, les films érotiques (de charme
, doit-on
peut-être dire) hétéros, ça existe. N'y a-t-il rien de semblable au
rayon gay ?
(Pffffff… Ce que je me retrouve à raconter, moi ! Et dire
que j'ai hésité entre écrire ça et raconter — avec les mains
— ce que c'est que la voûte étoilée
de Zariski ! Bon,
ben les amateurs de maths attendront un autre jour. En plus,
maintenant je vais à nouveau passer pour un romantique éperdu ou une
autre sottise de ce genre. )