Is this the author of the 'blog that launched a thousand comments?
Nul — c'est ce que j'ai été. Absolument pathétique.
Je ne sais plus qui faisait cette remarque qu'il ne fallait peut-être pas essayer de rencontrer dans la Vraie Vie® les gens qu'on connaît virtuellement (notamment ceux dont on lit le 'blog) parce qu'on ne peut être que déçu : j'avais été assez agacé de cette remarque, parce que, pour moi, rencontrer des gens en vrai est une source d'énergie dont je ne peux pas me passer, mais je la comprends mieux maintenant. Enfin, je ne sais pas ce qu'ont pensé de moi les deux lecteurs qui m'ont rencontré ce soir, je ne sais pas s'ils ont eu pitié de moi ou s'ils n'avaient aucune attente ou quoi ; mais moi, en me voyant, j'étais à la fois effondré et hilare.
Ce n'est pas que je considère qu'il soit une obligation de faire
bonne conversation, de prouver ma mondanité, de débiter des
mots d'esprit. Je n'aime pas avoir l'impression de me produire en
spectacle (car c'est le sentiment que j'ai parfois ; et dans ce
registre je pourrais dire, ici, je me suis pris un bide
, le
trou, le néant complet). Cependant, si j'invite des gens à me tenir
compagnie, ce n'est pas pour leur imposer ensuite des moments
embarrassants de vide intersidéral, ce n'est pas leur servir une
compagnie aussi intéressante que celle d'un moine trappiste qui aurait
une extinction de voix. (Quand on connaît bien les gens, on apprend à
ne plus être gêné des blancs dans la conversation, même s'ils sont
longs. Mais cela demande une certaine habitude.) Je ne peux donc que
présenter mes plates excuses pour la pauvreté de ma prestation.
Heureusement, M. Allen, lui, était au rendez-vous, et nettement plus disert et
witty.
Je pourrais me trouver des excuses, évidemment. Dire que j'étais mal à mon aise à rencontrer des gens que je ne connaissais pas (argument bien faible : c'est moi qui l'ai voulu ; et d'ailleurs je me suis connu moins nul en semblable circonstance, il me semble). Noter qu'il n'est pas évident de parler à des gens dont j'ignore à peu près tout (surtout quand la réciproque est beaucoup moins vraie). Observer que Woody Allen a de tellement bons mots qu'il est vraiment difficile de parler avant ou après lui. Tout cela est vrai, mais peu pertinent. J'aurais peut-être proposé de boire un verre quelque part après le film, pour déglacer l'ambiance, mais le temps qui passe (minuit et demi) et le temps qu'il fait (un petit crachin qui n'incite qu'à rentrer chez soi) m'en ont découragé. Bref, sentiment d'un échec lamentable.
Et je suis d'autant plus désolé d'avoir fait si mauvaise figure que les deux garçons en question m'ont, eux, donné une très favorable impression (de façon certes bien différente). Simplement, quand, dans un trio, un des instruments ne connaît pas sa partie, on ne peut rien faire.
So sorry!