David Madore's WebLog: Petit retour à l'auto-école

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(vendredi)

Petit retour à l'auto-école

Aujourd'hui je suis retourné à l'auto-école (toujours la même, qui a d'ailleurs refait son site web depuis la dernière fois) : il s'agissait de faire ma formation « passerelle » A2→A : je rappelle en une petite digression dans l'encadré suivant de quoi il s'agit, puis je fais un débriefing de l'expérience.

Comme vous pourrez le voir au verso de votre permis si vous en avez un au format carte de crédit, le permis deux-roues européen se divise en quatre niveaux : AM, A1, A2 et A (chacun permettant de conduire strictement plus de véhicules que le précédent) ; nombre qu'on peut éventuellement multiplier par 2 en raison de la distinction entre boîte manuelle (soit en gros, les motos thermiques) et boîte automatique (soit en gros, les scooters ; comme pour la voiture, si on a un permis « boîte automatique » on ne peut conduire que les véhicules à boîte automatique — mais je ne sais pas si cette restriction est standardisée au niveau européen, alors que les catégories AM, A1, A2 et A, elles, le sont indubitablement).

  • Le permis AM (que, comme je vais le dire, quasiment tout le monde a d'une manière ou d'une autre) permet de conduire les deux-roues motorisés de ≤50cm³ (et ≤4kW) et bridées à une vitesse de 45km/h : le langage administratif les appelle cyclomoteurs, mais ce sont soit les vieilles mobylettes[#], soit de petits scooters du type de ceux en location en libre service dans pas mal de villes, soit, beaucoup plus rarement mais ça existe, des « vraies » motos à boîte de vitesse (et qui doivent servir à des ados qui rongent leur frein en attendant d'avoir l'âge de passer à l'étape suivante).
  • Le permis A1 (ou, dans les conditions que je vais dire, le permis B, i.e., le permis voiture) permet de conduire les deux-roues motorisés de ≤125cm³ (et ≤11kW, et ≤0.1kW/kg) : le langage administratif les appelle motocyclettes légères, ce sont le plus souvent des scooters (la plupart des scooters qu'on voit en ville sont de cette catégorie), mais il existe un nombre non négligeable de motos de cette catégorie.
  • Le permis A2 permet de conduire les deux-roues motorisés de ≤35kW (et ≤0.2kW/kg) : le langage administratif les appelle motocyclettes de puissance intermédiaire, ce sont soit des motos soit des « maxi-scooters » (pour ceux qui ne rentrent pas dans la catégorie précédente, bien sûr). Notons qu'un certain nombre de motos n'entrent pas nativement dans cette catégorie mais peuvent être bridées pour y entrer (dans ce cas leur puissance avant bridage ne doit pas dépasser le double).
  • Le permis A permet de conduire tous les deux-roues motorisés homologués sur la route. (Il n'y a quasiment pas de scooters qui ne rentrent pas dans la catégorie précédente.)

[#] Ce genre d'engins, qu'on démarre en pédalant, qu'à mon époque tous les collégiens cools se faisaient offrir quand ils avaient 14 ans, a essentiellement disparu de nos jours.

Je crois que chaque pays décide comme il veut comment il décerne ces permis, l'Union européenne se bornant à définir les catégories (et peut-être des limites d'âge) et les véhicules correspondants.

En France, le permis AM est délivré en même temps à toute personne obtenant n'importe quelle autre catégorie de permis, et son équivalence est aussi donnée (ou il n'est pas demandé, ce qui revient au même) à tous ceux qui sont nés avant 1988 ; pour ceux qui sont nés après, il peut être obtenu dès 14 ans en passant une formation en auto-école ; par ailleurs, ce permis n'a pas de points associés, et ne peut pas être suspendu administrativement. D'où il résulte qu'essentiellement tout le monde l'a, et on a tendance à dire abusivement que les véhicules qui demandent ce permis sont des véhicules qui se conduisent sans permis (c'est le cas des voiturettes « sans permis », que je n'ai pas listées ci-dessus parce que ce ne sont pas des deux-roues, mais qui se conduisent aussi avec le permis AM, qu'utilisent notamment des gens qui ont perdu tous les points de leur permis).

Le permis A1 est un vrai permis moto, dont les épreuves sont d'ailleurs en tout point identiques à celles du A2 (mais sur une moto plus légère), avec l'importante différence qu'il peut être passé dès 16 ans (contre 18 pour le A2). Mais par ailleurs, un détenteur d'un permis B (voiture) peut faire une formation de 7h en auto-école et obtenir une équivalence du permis A1 (ce n'est pas un vrai permis et ce n'est valable qu'en France) permettant de conduire les deux-roues de la catégorie A1 (motocyclettes légères) ; on peut aussi s'en sortir en prouvant qu'on a fait assurer une telle motocyclette avant la mise en place de cette formation. La grande majorité des gens qui conduisent ce type de deux-roues (donc la grande majorité des scooteristes en ville) entrent dans cette catégorie : ils ont un permis B avec une formation complémentaire (ou avec parce qu'ils faisaient ça avant la mise en place de la formation ; voire rien du tout parce qu'ils s'en foutent et sont dans l'illégalité).

Le permis A2 est celui que j'ai eu tellement de mal à obtenir il y a deux-trois ans.

Enfin, le permis A, ne peut plus se passer directement (cela eut été possible : essentiellement tous ceux qui ont passé le permis moto avant 2016 ont un permis A). La seule façon de l'obtenir, maintenant, est de passer le permis A2, attendre deux ans, et passer une formation de 7h en auto-école, dite formation « passerelle » A2→A. L'idée, pas forcément idiote, est d'obliger les motards à « faire leurs armes » sur des motos de cylindrée intermédiaire avant de passer sur des grosses cylindrées (mais soulignons que rien n'oblige à avoir effectivement conduit — ou fait assurer — une moto pendant ces deux ans).

Bref, j'ai passé la formation de 7h pour convertir mon permis A2 en permis A. (J'avais initialement prévu de la passer en juin, mais je me suis fait une tendinite au poignet quelques jours avant, et j'ai négocié pour la reporter. Mais de toute façon, même si on a le droit de la passer jusqu'à trois mois avant, la formation n'a de valeur que deux ans après l'obtention du permis A2, donc dans mon cas, le  ; après quoi il faudra encore attendre quelque chose comme trois à huit semaines pour avoir le bout de plastique[#2].) La formation se découpe en principe en 2h de théorie, 2h de pratique hors-circulation et 3h de pratique en circulation, avec un programme un peu précis ; en fait, les auto-écoles font un peu ce qu'elles veulent : certaines font faire beaucoup d'exercices de maniabilité, certaines font juste une grande balade sur la journée (peut-être même en faisant tourner les élèves sur plusieurs motos différentes pour leur permettre de les découvrir), certaines se contentent d'encaisser le chèque et de faire le minimum.

[#2] Ce qui est assez con c'est que contrairement aux permis B et A2 où on passe une épreuve et où l'attestation de réussite de l'épreuve vaut permis temporaire, là il n'y a pas de permis temporaire, il faut vraiment attendre de recevoir le bout de plastique avec la case A remplie pour pouvoir conduire (ou acheter) une moto nécessitant le permis A.

Il va de soi que la mise en place de cette formation a été vécue avec une certaine colère chez certains apprentis motards : ça sert à rien, c'est juste une façon de nous faire payer plus. Pour ma part, ayant passé 129h étalées sur une année, et dépensé plusieurs milliers d'euros, pour obtenir le permis A2, ce n'est pas 7h de plus sur une journée facturées 260€ qui changeaient grand-chose. Mais je n'ai pas trouvé la journée inutile, même si je ne l'ai pas trouvée franchement indispensable non plus. Disons que ça m'a permis au moins d'avoir une évaluation extérieure de ma conduite, et de tester une première fois une moto de plus grosse cylindrée (expérience intéressante mais pas franchement bouleversante non plus, cf. ci-dessous).

Nous étions quatre à passer cette passerelle aujourd'hui dans cette auto-école. (Dont j'ai appris, au passage, que c'était en gros la troisième plus grosse formation moto de la région parisienne, après Zebra et Monneret.) Que des mecs, d'ailleurs[#3]. Aucun des trois autres n'était passé par cette auto-école pour le permis A2 (il n'y a pas d'obligation à faire le A2 et la passerelle A2→A au même endroit), donc j'étais le seul ancien élève connu du moniteur.

[#3] Je mentionne ça parce que j'avais remarqué lors de ma formation au permis A2 que le CER Bobillot avait dans ses élèves un ratio hommes/femmes certes pas complètement équilibré mais tout de même moins déséquilibré que la moyenne nationale des statistiques de passage du permis. (Le moniteur a expliqué ça par le fait qu'ils proposent — et mettent en avant qu'ils proposent — des motos à selle abaissée pour les personnes de moins grande taille.)

L'un des trois autres s'était, comme moi, acheté une moto après son permis A2 (une Yamaha MT-07, qui doit être le modèle le plus vendu en France), et avait roulé avec pendant deux ans. Un autre n'avait absolument pas touché une moto depuis deux ans (il circule à vélo[#3b], roule très peu en voiture, et a été dissuadé d'acheter une moto par la crise sanitaire) ; en plus de ça, il n'avait quasiment pas passé d'heures de circulation lors de son permis, et a peu l'habitude de rouler même en voiture ; le moniteur était, du coup, un peu inquiet de ce que ça allait donner (et l'élève lui-même aussi), mais en fait après un quart d'heure passé sur le plateau à se réhabituer, le maniement de la moto lui est vite revenu, et la circulation n'a pas spécialement posé de problème. Le troisième élève a le permis A2 pour boîte automatique (c'est-à-dire, en pratique, scooter) : du coup, je n'ai pas bien compris pourquoi il faisait la passerelle A2→A alors qu'il y a extrêmement peu de scooters nécessitant un permis A. (D'ailleurs, techniquement, la formation n'était pas bien dans les règles, parce qu'il aurait fallu lui proposer un scooter de ≥50kW, or l'auto-école n'en a pas : du coup il a simplement circulé sur un scooter qu'il a le droit de conduire sans cette passerelle.)

[#3b] Je mentionne ça pour signaler que c'est un peu tout le contraire d'un autre profil qui, apparemment, se trouve aussi (« Jean-Kevin »), qui ne conduisent pas du tout après leur permis A2, se contentent d'attendre deux ans pour accéder au permis A et à la moto de leurs rêves.

Nous avions trois véhicules (sans compter la voiture utilisée par le moniteur pour nous suivre) : un scooter, comme je viens de le dire, utilisé par le scooteriste tout du long, et deux motos pour trois élèves motards, à savoir une Honda CB-500F (bicylindre de 471cm³ développant 35kW de puissance et 43N·m de couple ; le même modèle — peut-être à l'année près — sur laquelle j'ai fait ma formation A2, et que j'ai ensuite acheté) et une Honda CB-650R (4-cylindre de 649cm³ développant 70kW de puissance et 64N·m de couple) qui était l'élément vraiment nouveau parce que non conduisible avec le permis A2 et c'est quand même un peu l'intérêt de la formation.

Alors on peut trouver que c'est vraiment minimal, d'avoir une seule moto non-A2, à partager entre trois motards, pour une formation censée initier à la conduite de motos plus puissantes que les limites du permis A2. C'est vrai ; mais je comprends que ça pose pas mal de problèmes à l'auto-école : là ils ont une moto qui ne peut leur servir que pour cette journée passerelle, donc en gros deux petites journées par mois, et encore, c'est une grosse moto-école. Je ne sais pas comment s'en sortent les moto-écoles en général, mais je crois comprendre qu'il y en a beaucoup qui ne proposent pas cette formation parce que c'est trop coûteux ; d'autres encore ignorent les règles et prennent simplement les motos qu'elles utilisent déjà pour le permis A2 (et les élèves s'en foutent un peu, parce qu'ils veulent juste le plastique rose avec la case A remplie). Toujours est-il que tourner entre une moto A2 et une moto plus puissante n'est pas un si mauvais compromis, surtout pour comparer les deux.

Bon, le moniteur a commencé par nous faire un discours sur l'utilité de la formation, en avouant franchement qu'il ne la trouvait lui-même pas terriblement utile sauf pour rappeler quelques points qui avaient pu être oubliés, notamment pour les gens qui n'ont pas du tout fait de moto pendant deux ans. (Il est ensuite parti sur une diatribe un peu politique que je ne rapporte pas ici parce que ce n'est pas vraiment pertinent, mais disons qu'il n'avait pas l'air enthousiasmé par l'extension de la vignette crit'air, par le fait que le stationnement à Paris devienne obligatoire pour les deux-roues motorisés, par la limitation de vitesse à 30km/h dans cette commune, et par l'introduction en 2022 d'un contrôle technique pour les motos.)

Nous sommes ensuite partis vers le plateau moto de l'auto-école (qui est toujours du côté de Pondorly) : l'élève qui n'avait pas touché une moto pendant deux ans est resté dans la voiture avec le moniteur et les trois autres avons pris les trois deux-roues (j'ai pris la 650). Puis sur le plateau le moniteur nous a fait refaire, en comparant les deux motos, deux des exercices de l'épreuve de plateau du permis A2, à savoir le freinage et l'évitement. Il nous a brièvement montré, à titre de curiosité, le parcours complet du nouveau permis A2[#4].

[#4] D'après lui, un point particulièrement difficile (notamment pour les personnes petites et/ou légères) est qu'il faudra faire un demi-tour avec passager (quand j'ai passé le permis, la brève séquence avec passager était juste un démarrage suivi une sorte de chicane toute douce). Mais cette partie de l'épreuve est suspendue jusqu'à 2022 pour cause de covid.

Après une pause-déjeuner sur le plateau, nous sommes partis en circulation, c'est-à-dire en balade (Bièvres, Jouy-en-Josas, Saclay, Gif, Chevreuse, Dampierre, Voisins-le-Bretonneux, Châteaufort, Saclay), en faisant des arrêts de temps à autre pour tourner sur les motos : le moniteur nous a fait prendre la « route des 17 tournants » à Saint-Forget comme entraînement pour les trajectoires (je suis resté dans la voiture pour cette partie-là, sachant que de toute façon j'ai déjà pris cette route assez souvent, en montée comme en descente). Le moniteur profitait des arrêts pour discuter avec nous et nous donner des conseils ou des avis, donc je pense qu'on peut dire qu'il a grosso modo respecté le découpage de principe (2h de théorie, 2h de pratique hors circulation, 3h de pratique en circulation.

Dans l'ensemble, notre moniteur était content de nous quatre, nous nous sommes tous plutôt bien tirés des petits exercices de plateau, et il n'avait essentiellement rien à nous reprocher sur notre conduite (et il avait l'air de dire que ce n'était pas si courant : beaucoup des élèves qui reviennent pour la passerelle ont perdu toutes les bonnes habitudes prises lors du permis A2). Je suis plutôt content d'avoir cet avis extérieur (même s'il n'est pas exclu, évidemment, que je ne me sois pas comporté exactement comme je me comporte quand je roule seul).

Et pour ce qui est du ressenti de la moto plus puissante, donc ?

Ben je n'ai pas été franchement impressionné. J'avais entendu divers témoignages du genre ah mais 70kW par rapport à 35kW c'est impressionnant ou un 4-cylindre c'est complètement différent d'un bicylindre et, euh, bon, oui, de ce que j'ai pu expérimenter, j'ai certes ressenti une différence[#5], je ne peux pas le nier (je ne sais pas comment la décrire précisément : déjà c'est sans doute plus par le couple que par la puissance que ça joue, parce que de toute façon je ne suis pas monté très haut dans les tours ; et je ne peux pas vraiment dire qu'en conduisant ma CB-500F j'aie l'impression d'être limité par le moteur ; mais quand même, oui, j'ai ressenti qu'il y avait quelque chose de plus), c'était plus confortable, mais bon, ce n'était pas spectaculaire non plus, juste une moto plus lourde néanmoins plus, euh, « bondissante » peut-être ? En tout cas ça ne m'a pas vraiment convaincu de la pertinence de l'obligation d'attendre deux ans pour avoir le droit de conduire une CB-650R (alors oui d'accord ce n'est pas une R1 non plus… ce n'est même pas la Tracer 9 sur laquelle je lorgne vaguement). En fait, paradoxalement, j'ai senti plus de différence avec ma CB-500F en conduisant… la CB-500F de l'auto-école, parce que celle-ci a un embrayage réglé différemment (ils détendent le câble au maximum, ce qui crée une garde importante, pour aider les gens qui ont de petits doigts ; je suppose que c'était déjà comme ça quand j'ai passé le permis, mais depuis que j'ai pris l'habitude d'un embrayage réglé normalement, c'est déstabilisant ; et l'embrayage de la CB-650R, lui, était réglé normalement).

[#5] Bon, là, je parle de différences moteur. Il y a une différence assez nette de manœuvrabilité (la 650 a un rayon de braquage quand même plus important que la 500), et des petites différences anecdotiques, comme le fait que les warnings sont à la main gauche sur la 650 alors qu'ils sont à la main droite sur la 500. Aussi, je ne sais pas pourquoi, la 650 a les clignotants allumés en permanence (allumés fixes, je veux dire : ils ne clignotent pas, sauf quand on met, justement, un clignotant) : c'est le résultat d'une norme quelque part, mais ni les moniteurs ni des recherches rapides en ligne n'ont été capables de me dire de quelle norme il s'agit (ni quel est son intérêt).

Suite : avec l'achat d'une nouvelle moto (que je compare ici avec la CB-500)

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