David Madore's WebLog: Mise à jour sur mes déménagements

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(jeudi)

Mise à jour sur mes déménagements

Je suis en ce moment affairé par deux déménagements, qui n'ont aucun rapport entre eux mais se trouvent tomber quasiment au même moment, et me causent tous les deux énormément d'anxiété.

L'un est professionnel : Télécom Paris (autrefois Télécom ParisTech, autrefois École Nationale Supérieure des Télécommunications) a quitté Paris pour s'installer à Palaiseau sur le plateau de Saclay. J'ai écrit la semaine dernière ce que j'en pensais en général (ou ce que je ne voulais pas dire que j'en pensais — bref) ; pour ce qui est du déménagement en pratique, j'ai découvert mon nouveau bureau avant-hier, et écrit quelques fils Twitter, que je n'ai pas vraiment le courage de transformer en entrée de blog : , , , , . Il y aura certainement plus à dire la semaine qui vient quand les élèves seront revenus (ils ont eu une semaine de vacances pour ce déménagement). Question transports, j'ai encore à décider comment je m'y prends au jour le jour, mais ce qui est certain est que toutes les options sont profondément merdiques, ce qui m'affole assez (disons qu'entre perdre ma vie dans les transports en commun ou la risquer à moto, c'est un choix assez peu appétissant).

[Mise à jour sur ce sujet : dans cette entrée écrite presque quatre ans plus tard où je parle très longuement de Paris-Saclay.]

L'autre déménagement est personnel : j'avais écrit ici que mon poussinet et moi achetions un appartement plus grand, dans le même immeuble, deux étages plus haut : nous avons signé l'acte de vente cet après-midi et je suis donc propriétaire de 50% d'un appartement de 91m² (où il va falloir emménager) en plus de mon actuel appartement de 40m² avec terrasse et jardin (d'où il va falloir déménager et qu'il s'agira ensuite de mettre en vente), et bien sûr à la tête d'une montagne de dettes (dont une partie sera liquidée par la vente de mon appartement actuel, et l'autre amortie sur 7 ans). Je pense maintenant avoir fait un très mauvais choix en acceptant cet achat, mais en même temps je pense que c'était le seul possible, ou disons le moins mauvais (i.e., toutes les options étaient mauvaises), et là aussi j'en suis plutôt accablé.

D'abord, il y avait, et il va y avoir encore, la paperasse. J'ai une certaine phobie de la paperasse, qui n'est pas la plus aiguë qui soit, mais la quantité de choses qu'il faut faire pour acheter un appartement est tout bonnement ahurissante (et je crois voir que la quantité de choses qu'il faut faire pour vendre l'est tout autant). J'ai dit plusieurs fois en plaisantant qu'il nous fallait un nouvel appartement pour stocker tous les papiers relatifs à l'achat du nouvel appartement, mais, plaisanterie mise à part, et en mettant de côté la quantité ahurissante de papier gâchée, et même en ignorant tout le temps perdu, tout cela est tellement infantilisant et humiliant que mes nerfs ont lâché plus d'une fois. Les démarches pour obtenir un prêt sont démentes, et nous les avons faites auprès de deux banques (parce que nous nous y étions engagés par la promesse de vente), et certains dossiers ont dû être refaits plusieurs fois suite à des erreurs de la banque, bref, je n'en pouvais plus. Et c'est loin d'être fini pour la paperasse, parce que la vente de mon appartement actuel va venir avec son lot de formalités, diagnostics à faire faire, papiers à demander ou à remplir, etc. Et le déménagement lui-même aussi (à un moment il faudra signaler aux impôts que ma résidence principale n'est plus au 11 rue Simonet mais au 11 rue Simonet, et que le premier est maintenant vacant, ce qui risque d'être problématique).

La paperasse, je vais m'en remettre, c'est sûr, mais je note que beaucoup de ces démarches s'accompagnent d'une facture à payer : frais de dossier sur les prêts, frais sur la caution immobilière, solde des charges et impôts locaux à régler à l'acheteur, etc., jusqu'aux frais bancaires sur les virements ou pour la tenue de tous les comptes qu'on a ouverts au passage (ou les agios sur les découverts liés au fait que la banque a prélevé les frais de dossier plus tôt qu'on ne l'attendait…). Ces sommes ne sont pas énormes, et sont assurément petites par rapport au prix du bien acheté (et des droits de mutation ou « frais de notaire » qui vont avec), mais elles s'accumulent et, quand on a prévu le montant des prêts en se laissant juste le minimum sur les comptes bancaires, elles sont désagréables à découvrir.

J'ai eu la chance, ces dernières vingt années, de ne jamais avoir à me préoccuper d'argent (et je pense que c'est la définition opérationnelle intéressante d'être riche ; mais il faut dire que le fait de ne pas avoir de loyer à payer, de ne pas avoir d'enfant, et de ne quasiment pas voyager aident beaucoup à ne pas avoir de soucis d'argent) : à chaque fois que je voulais m'acheter quelque chose, mon compte en banque était pourvu de la somme nécessaire sans que j'aie à m'en inquiéter, même quand il s'agissait d'acheter un ordinateur ou une moto (ou pour commencer, de payer les leçons pour obtenir le permis en question, qui ont été beaucoup plus chères que la moto elle-même), et certainement à chaque fois que je me prenais l'envie de, par exemple, manger au restaurant. L'opulence, quoi. Et même, il en restait un peu à la fin du mois ou de l'année pour s'accumuler en un petit capital qui, évidemment, s'est complètement évaporé aujourd'hui.

Ce serait indécent de ma part de dire que j'aurai désormais des problèmes financiers, mais disons que pour payer ma part des mensualités du prêt et autres frais récurrents liés au nouvel appartement, il va falloir que je tire un trait (pendant sept ans) sur un certain nombre de choses qui me plaisaient énormément : par exemple, plus de restaurants (sauf si le poussinet m'invite) ou de goûters, plus de vêtements qui ne soient pas en remplacement de quelque chose de complètement usé, plus de livres, plus de sorties ciné, et même comme ça ça ne rentre toujours pas dans le budget (je n'ai pas encore décidé sur quoi j'allais tirer un trait exactement). Je ne risque certainement pas mourir de faim, donc, mais je pense quand même que j'ai fait une erreur en décidant de renoncer à beaucoup de choses qui me rendent la vie plus agréable, en échange de quelques mètres carrés de Paris (virtuellement tapissés de billets de 100€). Certes, le poussinet (qui, pour sa part, n'a vraiment aucun problème d'argent et pas à renoncer à quoi que ce soit) promet de me soutenir un peu, par exemple pour que je puisse encore aller au restaurant, mais je n'ai pas envie de vivre aux dépens de mon copain. Peut-être que l'erreur a été de vouloir que nous soyons propriétaires à parts égales du nouvel appartement, mais le contraire me gênait aussi beaucoup.

Or il n'est même pas acquis que nous soyons tellement plus à l'aise pour ce qui est de la place disponible. Ça peut sembler paradoxal, si nous passons d'un 40m² plein à craquer à un 91m², ce dernier devrait logiquement être seulement « à moitié plein » ; mais en fait, la cuisine sera beaucoup plus grande, certes, et nous aurons un grand salon, mais si on part du principe de garder ce dernier bien dégagé pour pouvoir y recevoir des amis, ça ne laisse pour ranger notre bordel que deux chambres plus petites que la chambre et le salon où notre bordel est actuellement entassé. C'est surtout en prenant conscience de ça que je me suis dit que c'était vraiment une erreur de changer ainsi d'appartement.

Le déménagement s'accompagnera forcément d'une phase de tri. Je sais qu'à chaque fois que j'ai trié dans mes affaires en me forçant à en jeter une partie, le résultat a été un immense regret de beaucoup de choses que j'avais jetées. (Il m'est d'ailleurs arrivé plus d'une fois de racheter quelques mois après des choses qu'on m'avait convaincu de jeter lors du tri. Ou d'être inconsolable de découvrir qu'elles ne se trouvent plus et que je ne peux donc peux plus les racheter.) C'est assez facilement explicable : en triant, on découvre des choses qu'on avait oubliées, on se dit sur le coup (ou on se laisse convaincre) puisque je les avais oubliées c'est qu'elles ne me servent pas : on peut jeter, mais le fait de les avoir redécouvertes fait renaître l'envie de ces choses, et on regrette plus tard de les avoir jetées — en tout cas c'est ce qui m'arrive tout le temps. Parfois, le regret vient bien beaucoup plus tard (comme pour des cartons de papiers gribouillés quand j'étais ado que mes parents m'ont convaincu de jeter il y a bien longtemps et dans lesquels je serais tellement heureux de pouvoir fouiller aujourd'hui).

Mon poussinet m'a soutenu que tout objet qu'on n'avait pas utilisé depuis plus d'un an ou dont on avait oublié l'existence est bon à jeter : je lui ai alors montré un livre qu'il a acheté il y a dix ans et dont il avait oublié jusqu'à l'existence (en l'occurrence, une intégrale de Tintin) et qui fait partie du bordel qui encombre notre appartement : peut-on jeter ça immédiatement ? Il m'a répondu que pour un livre c'est différent. Et je suis d'accord : je n'aime pas jeter les livres — je me dis que j'ai toujours la possibilité de les redécouvrir et d'aimer me replonger dedans. Le problème est que j'ai vis-à-vis de beaucoup d'objets la même sorte de relation. Vis-à-vis de mes vêtements, par exemple (il est vrai que j'en ai énormément) : je peux les oublier pendant très longtemps, et les redécouvrir avec beaucoup de plaisir. Bon, je digresse du déménagement, là ; mais ce que je cherche à dire est que je m'imaginais naïvement avoir plus de place pour ranger mon bordel, et que je risque au contraire de me retrouver avec plutôt moins, de devoir en jeter une partie, et de ne plus pouvoir le racheter une fois que je regretterai ce que j'aurai jeté.

En partant sur l'idée d'un prêt-relais couvert par mon appartement actuel, je pensais que nous aurions le temps de déménager tranquillement et donc de minimiser le stress engendré : je pensais transporter très progressivement les choses de l'ancien appartement vers le nouveau, et peut-être vivre à cheval entre les deux pendant un certain temps ; c'est un peu ce que j'ai fait pour m'installer dans mon appartement actuel. (On dispose de deux ans pour rembourser le prêt-relais. Je n'imaginais certainement pas étaler ce plan sur deux ans, mais peut-être sur trois ou quatre mois.) En réalité, toutes sortes de facteurs auxquels je n'avais pas pensé viennent contrarier ce plan. D'abord il y a le fait que les mensualités du prêt-relais, si elles m'avaient semblé très raisonnables à première vue, le sont beaucoup moins quand j'essaye de boucler mon budget déjà compliqué avec les mensualités du prêt amortissable (cf. ce que j'en disais ci-dessus), sans parler des charges de copropriété et des autres charges comme l'abonnement électrique. Or la vente elle-même prendra déjà beaucoup de temps (même si je trouve un acquéreur immédiatement, nous-mêmes avons contacté notre vendeur fin avril et n'avons conclu l'achat qu'aujourd'hui, donc six mois plus tard). Mais aussi, il semble que toutes sortes de raisons fiscales obligent à aller vite sous peine de devoir payer plus que ce que je peux me permettre de payer (notamment, il est fortement préférable que nous ayons déménagé avant le 31 décembre [correction : apparemment j'avais mal compris ce point] — je déteste les dates-butoir de ce genre). Toujours est-il que j'espérais un déménagement en douceur et il semble que je me sois lourdement trompé.

Je passe sur plein d'autres inquiétudes qui me tracassent avec cette histoire. Un petit problème de geek, par exemple, est de savoir si nous allons pouvoir faire transférer notre abonnement ADSL : je n'ai pas la fibre parce qu'il semble qu'aucun fournisseur d'accès français ne soit capable de fournir un service fibre de bonne qualité avec, notamment, un bloc IPv6 fixe de taille au moins /56 (ou idéalement, /48) et la possibilité de faire le routage soi-même (ces prestations existent probablement quelque part mais réservées aux « professionnels ») ; j'ai néanmoins un abonnement ADSL qui me fournit tout ça (le bloc IPv6 /48 fixe et la possibilité de router soi-même sans passer par une « box ») via un fournisseur complètement inconnu du grand public, Nerim, qui s'est tourné vers les « pros » et n'accepte plus de clients particuliers mais n'a pas pour autant jeté ses clients plus anciens, comme moi : reste à savoir s'ils accepteront de déménager notre abonnement, et vers qui nous nous tournerons si ce n'est pas le cas. Aucun de ces problèmes n'est grave, mais il y en a une montagne (et quand je dis une montagne, je veux dire une montagne par pièce de l'appartement), je vois bien à mon nouveau bureau tous les tracas que peut engendrer un déménagement mal organisé et mené à la va-vite, je n'ai pas envie d'avoir droit à la même chose pour mon domicile.

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