J'ai assisté ce soir à un match d'improvisation théâtrale, organisé dans le cadre des Improvisades, entre l'équipe mixte ENS / Sciences Po — les N'improtequoi —, et l'équipe de Telecom Paris. Un vrai moment de plaisir et de rigolade.
Si on n'a jamais vu à quoi ça ressemble, ça peut paraître
surprenant qu'on puisse faire des matchs d'improvisation
théâtrale. En fait, ce n'est pas du pipo : il apparaît assez
clairement, dans quasiment toutes les situations, qui joue et
improvise le mieux ; typiquement, un acteur prend tout de suite
l'avantage, impose ses règles du jeu et la situation qu'il imagine, et
l'autre (ou les autres, mais c'est surtout flagrant quand il n'y a que
deux acteurs) ne fait que suivre et donner la réplique qui s'impose
— position dont il est difficile de se sortir. Évidemment,
c'est bien mieux si tous les acteurs rivalisent de bonnes idées, et
viennent enrichir la situation de leurs trouvailles, et on a vu
quelques cas de ce genre. Parfois il est évident pour tout le monde
que tel acteur a trouvé la réplique parfaite, la réplique qui
fait rire tout le monde, le coup de maître devant lequel on ne peut
que tirer son chapeau (sans doute la plus réussie de la soirée était
quelqu'un qui a dit, sur un ton grave et concentré, да
— oui
en russe —
en réponse à un long monologue en pipo-slave). Les numéros les plus
réussis ont été deux scéances de zapping
: dans l'une, un
couple d'acteurs devaient, à chaque fois que l'arbitre sifflait,
s'immobiliser, et reprendre à partir de leurs positions une histoire
complètement différente ; dans l'autre, plusieurs couples d'acteurs
imitaient des chaînes de télévisions entre lesquels l'arbitre zappait
(joli scène de téléachat, notamment, où on nous a présenté un produit
remplaçant à la fois le dentifrice et la crème épilatoire). Précisons
néanmoins qu'il s'agit d'un art plus proche de la scène des numéros
comiques que du théâtre de répertoire (je doute qu'on puisse
improviser du Racine, en vérité).
Quand j'étais petit on n'arrêtait pas de me dire que je devrais faire du théâtre — je n'ai jamais essayé (mais ça viendra peut-être un jour). Mais l'improvisation demande plus de talents que juste le fait de savoir jouer : il faut savoir non seulement imaginer une situation (en cela il y a quelque chose de commun avec les fragments littéraires gratuits dont je parle tout le temps) mais aussi savoir la faire évoluer sans arrêt en fonction de ce que font les autres, et là je ne crois pas que j'y arriverais correctement. Sans compter, bien sûr, le fait de trouver de bonnes répliques (amusantes, si on cherche à faire dans le comique) dans n'importe quelle situation.
Je note néanmoins dans mon sac à idées : la prochaine fois que je me trouve en société et qu'on cherche un jeu possible, l'improvisation théâtrale peut être une distraction amusante. (Dans le genre, deux personnes jouent sur une situation qu'on leur désigne, puis chacune choisit quelqu'un pour le remplacer pour la situation suivante et elles choisissent aussi le thème de celle-ci, et on tourne ainsi.)