Je n'ai pas encore eu le temps d'écrire de la vulgarisation sur les trous noirs comme je l'ai promis, mais en attendant j'ai retrouvé un article que j'avais écrit en 1996 pour le journal du lycée Louis-le-Grand (Virus) et qui accompagne fort logiquement la vidéo que j'ai publiée il y a quelques jours : Trou Blant (pièce en cinq actes) (que vous pouvez aussi trouver sur l'archive des anciens numéros de Virus, il s'agit du numéro 10 (juin 1996), pages 11–18). C'est mon poussinet qui est tombé dessus alors que nous cherchions mon exemplaire du livre de Luminet sur les trous noirs.
Il faut préciser que tout cela est plein de private jokes qui
étaient propres au lycée Louis-le-Grand à cette période (je suppose
que maintenant elles ont changé) : par exemple, il était traditionnel
que chaque article contînt une invocation, sous la forme des
majuscules de plusieurs mots consécutifs, à Bon Escient Rarement
Utilisés, d'un certain Béru
, qui était le surnom que nous
donnions
(en référence à
San Antonio) à un conseiller d'éducation très haut en couleurs ;
et d'autres mots ou allusions apparaissent de même à peine cachés un
peu partout dans le texte. Mon propre surnom dans ce journal
était EVT1729 (les trois lettres étant l'abréviation
d'un
des volumes des Éléments de mathématiques de
Bourbaki, celui où il est question d'espaces tonnelés, les chiffres
étant un nombre connu
pour une anecdote
célèbre impliquant Ramanujan), et mes articles prenaient
généralement la forme de dialogues entre Achille et la Tortue, en
référence à
un célèbre
livre de Douglas Hofstadter (et, à travers lui, Lewis
Carroll et
Zénon d'Élée) : pour cet article-là, qui parlait de physique
(alors que normalement c'était plutôt des maths), j'avais remplacé
Achille par Castor et Pollux (un clin d'œil
au paradoxe des
jumeaux) et la Tortue par une Taupe et un Blaireau (dans un milieu
de taupins, la Taupe était fort logiquement tenue en haute estime et
le Blaireau en exécration complète, d'où leur rôle de la gentille et
du méchant dans ma petite pièce, dont je suis désolé de vous gâcher
ainsi l'insoutenable suspens).
Ceci étant, malgré les blagues en question, j'avais fait un travail
assez minutieux pour écrire cet article, et j'aurais dû l'évoquer
quand j'ai retracé l'historique de
mon intérêt pour les trous noirs. J'ai sous-estimé d'un facteur 10 la
masse du trou noir au centre de la galaxie d'Andromède, mais je
n'avais pas de Wikipédia pour me renseigner à l'époque ; mais je pense
que je m'étais fatigué à calculer au bout de combien de temps un
voyageur, qui serait en orbite directe autour d'un trou noir (de 13
millions de masses solaires et de moment cinétique à 85% de la
maximalité) à la distance de l'orbite lumineuse rétrograde verrait
revenir sur lui un rayon lumineux envoyé vers l'arrière : j'avoue
avoir la flemme de refaire le calcul maintenant pour savoir si je ne
me suis pas trompé il y a quinze ans. En beaucoup plus inutile, je
m'étais aussi emmerdé à dessiner (en écrivant du PostScript à la
main), jusqu'aux décorations de la fenêtre, la capture d'écran
imaginaire qui figure sur la page numérotée 12 pour le simple plaisir
d'y mettre une private joke (je ne sais pas de quel langage de
programmation il peut s'agir, mais la ligne erronée devrait
probablement dire alias ('Einstein',G)
). Je devais avoir
vraiment trop de temps à perdre quand j'étais ado. Par contre, comme
je ne comprenais vraiment pas la manière dont un trou noir pouvait
devenir un trou blanc de façon qu'on pût en ressortir, j'ai esquivé la
question.