David Madore's WebLog: Utilikilt

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(mardi)

Utilikilt

J'aime beaucoup les kilts, je trouve ça à la fois sexy à regarder et confortable à porter. Mais il y a deux problèmes : le premier, c'est que comme tout un tas de choses qui touchent de trop près à un héritage culturel, les gens ont plein d'idées sur l'importance de l'authenticité. S'agissant des kilts, ces idées seraient : qu'il ne faut rien porter dessous, ou qu'on doit porter le tartan de son clan — et par conséquence qu'on ne doit pas porter le kilt si on n'est pas écossais/irlandais/gallois —, ce qui d'ailleurs n'est même pas une tradition historique exacte, comme le kilt lui-même d'ailleurs, ça semble faire partie de ces traditions qui sont apparues aussi soudainement que la parution de Waverley. Mais j'ai déjà exprimé ce que je pense de la quête de l''« authenticité », donc passons. Toujours est-il que si on porte un jean personne ne veut que vous soyez un mineur californien alors que si on porte un kilt on est censé être écossais : c'est assez idiot.

Problème nº2 : les kilts n'ont pas de poche. Ça c'est vraiment embêtant. Moi je me balade avec tout un matériel de survie quand je vais n'importe où (un psychanalyste m'a dit — la seule fois de ma vie où j'ai parlé avec un psychanalyste dans l'exercice de ses fonctions — que c'était probablement parce que mes parents n'avaient pas bien rempli leur rôle que je me sentais obligé d'avoir plein d'objets rassurants avec moi partout où je vais — authentique). Même si je fais au minimum, il y a au moins mon portefeuille, mon porte-monnaie, mon téléphone mobile, mes clés et un paquet de mouchoirs ; je n'aime pas mettre ça dans mon blouson parce que je m'en défais plus facilement, et d'ailleurs en été je n'en ai pas du tout. Bon ben pour transporter des objets, quand on a un kilt, on est censé (pour faire « authentique ») utiliser un sporran : eh bien ces trucs sont minuscules, malcommodes, et quand on marche avec ils rebondissent à chaque pas et ils ont l'air spécialement conçus pour (a) taper dans les couilles du porteur et (b) faire du bruit et attirer tout le voisinage sur le fait qu'on se balade en kilt (et qu'on se fait broyer les couilles).

[Digression :] En fait, si on veut attirer l'attention, le kilt ne marche pas si bien que ça. Ce qui marche beaucoup mieux, et qui souffre exactement des mêmes défauts que je viens de signaler (la difficulté d'atteindre l'authenticité, et le manque cruel de poches), c'est la toge romaine. J'en ai porté une, une fois (ça avait été super dur de trouver une description précise et fiable de comment le tissu devait être coupé et comment il fallait le plier), et je peux témoigner que les gens vous regardent vraiment bizarrement. Et par ailleurs c'est complètement merdique parce que non seulement on n'a pas la moindre poche mais en plus la toge monopolise complètement un bras qui aurait pu, sait-on jamais, servir à quelque chose d'autre qu'à porter un foutu pli de la chose. On voit que c'était un vêtement porté par des gens riches qui avaient des esclaves pour leur éviter de se servir de leurs mains. Ah, et puis ça se défait dès qu'on fait trois pas (enfin, ça c'est peut-être parce que ma toge n'était pas dans le bon tissu ou simplement parce que je ne suis pas né dans une famille de ces gens riches qui n'avaient rien de mieux à faire qu'apprendre les déclinaisons et à porter la toge). Mais je reviens au kilt.

J'en avais déjà un (un noir, pour éviter l'épineux problème de trouver un tartan approprié et « authentique »), acheté ainsi que le sporran et le ghillie shirt qui vont avec sur ce site. C'est joli, mais comme je viens de l'expliquer c'est fort peu pratique, donc je ne le mets jamais.

Heureusement, les Américains sont venus à la rescousse du kilt comme ils étaient venus à la rescousse de la pizza (i.e., pendant que les Italiens se disputent pour savoir si c'est permis de mettre des champignons sur une pizza, eux n'ont aucun problème à y mettre des ananas ou du poulet « à la thaïlandaise »).

La rescousse prend la forme d'une compagnie appelée Utilikilts et qui a comme le Bauhaus adopté la devise de Louis Sullivan : Form follows function. Pas de souci d'authenticité et, par contre, de vraies poches. Et ce n'est pas moins sexy qu'un kilt original si on arrive à croiser les bras en prenant un air féroce. Mais en contrepartie, c'est vendu à un prix corsé (et rendu encore plus exorbitant par le fait qu'UPS prend, en plus du prix du transport, une demi-dizaine de frais de dossiers différents pour la présentation aux douanes). Hélas, aucune compagnie européenne ne fait de truc semblable (peut-être par peur du courroux des Écossais). Bon ben j'ai fini par craquer et en acheter un.

Et je dois reconnaître que, sauf vice caché, je n'ai pas été trompé sur la marchandise : la coupe est (une fois suivies leurs instructions précises sur la façon de mesurer la taille) parfaite, ça tombe bien, c'est agréable à porter, et les poches sont bien faites (elles sont spacieuses et largement séparées du kilt, et pourtant elles ne s'agitent pas quand on marche comme le ferait un sporran). Globalement je suis content de l'achat, et contrairement au kilt que j'avais déjà, celui-là je risque de le porter plus souvent que jamais.

(Photos à venir si je trouve quelqu'un pour en prendre.)

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