David Madore's WebLog: Exposé pour Math en Jeans : bilan

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(samedi)

Exposé pour Math en Jeans : bilan

Dans les commentaires de l'entrée précédente (dont ceci est la suite logique et chronologique), j'avais reçu, de façon intéressante, deux conseils à peu près contradictoires (tous les deux anonymes, et signés ama et ama2) : le premier me recommandait de n'en faire que le minimum (c'est-à-dire expliquer la stratégie gagnante du jeu de nim, sans la démontrer, et peut-être présenter un jeu équivalent), sinon l'assistance serait perdue ; le second me recommandait de ne pas me limiter à la simple explication du fait que la stratégie gagnante du nim consiste à jouer de façon à annuler le XOR du nombre de bâtonnets sur chaque ligne, sinon mon exposé n'aurait aucun intérêt, l'intérêt étant dans ce qui vient après (le lien avec les codes correcteurs, par exemple).

J'ai bien peur que les deux commentaires contradictoires aient été tous les deux justes : c'est-à-dire que l'exercice était impossible pour commencer, du moins si l'exercice était de présenter quelque chose d'un peu profond, sans me contenter d'un vague survol « impressionniste » et sans pour autant perdre une bonne partie du public. (Impossible au moins sur ce sujet, mais je pense que le problème aurait été le même avec n'importe quel sujet.) C'est un peu déprimant pour ce qui est de la difficulté de la vulgarisation, mais je ne vois pas vraiment d'autre conclusion possible.

J'ai fait mon exposé en suivant en gros les conseils du commentateur ama, c'est-à-dire que j'ai préféré prendre mon temps pour éviter de perdre les gens, j'ai quand même fait la démonstration que j'avais prévue, et du coup dans mes planches j'ai pu exposer en gros les pages 1–14,16,20–22 en une heure (enfin, plutôt 55′, parce qu'il y a eu des problèmes d'organisation qui ont retardé le démarrage plus que la fin). Mais je suis aussi d'accord avec ama2 pour dire que, du coup, ce que j'ai exposé a un intérêt faible : si le contenu de ce que j'ai raconté se résume à la seule phrase la stratégie gagnante du nim consiste à jouer de façon à annuler le XOR du nombre de bâtonnets sur chaque ligne, une heure pour expliquer 21 mots, c'est un débit signal/temps peu impressionnant, même si on y ajoute la preuve de cette affirmation et l'équivalence du nim avec deux ou trois déguisements vraiment minces de celui-ci. Le jeu de nim peut avoir un intérêt limité dans une cour de récré[#], mais on s'en lasse rapidement. J'aurais certainement dû me débrouiller pour ménager au moins un petit peu de temps pour évoquer le code de Hamming pour justifier l'intérêt de présenter tout ça, qui plus est dans une école spécialisée en télécoms. Mais comme ce que j'ai raconté était difficilement compressible sans perdre une partie de l'assistance… le problème semble insoluble.

C'est quelque chose de toujours frustrant quand on aime faire de la vulgarisation : tout met toujours beaucoup plus de temps à raconter ce que qu'on imagine (les habitués de ce blog le savent au nombre d'entrées interminables où je me plains que je pensais avoir trois phrases à raconter sur X et que ces trois phrases sont devenus trente pages). Et encore, je me suis retenu très fort de parler du jeu de nim infini, qui est là où ça devient vraiment rigolo !

Je me suis aussi rendu compte qu'il est difficile de se discipliner sur le vocabulaire. Je voulais toujours parler de lignes de bâtonnets pour le jeu de nim, et je n'ai pas arrêté de dire rangées à la place de lignes, et/ou allumettes à la place de bâtonnets. Pas bien grave (je ne pense pas que ça ait pu dérouter sérieusement), mais la morale est que quand on prévoit de parler d'un sujet, il vaut mieux prévoir d'utiliser les termes dont on a l'habitude, ce sera de toute façon ceux qui sortiront spontanément.

J'ai eu aussi des petits soucis matériels, comme un pointeur laser[#2] qui, je ne sais pourquoi, voulait qu'on appuie comme un forcené sur le bouton avant de consentir à s'allumer et du coup je me suis fait mal au doigt ; et une interaction fâcheuse[#3] entre les outils de dinosaure que sont xrandr et xpdf qui m'a fait stresser juste avant le démarrage. Et en plus, je me suis découvert un début de rhume, que le fait de parler en public n'a pas aidé.

Je me consolerai peut-être en postant sur YouTube une vidéo avec mes transparents accompagnés d'un commentaire audio aussi long que nécessaire pour expliquer tout calmement. Au moins si quelqu'un peut m'indiquer un outil que je pourrais utiliser pour servir simplement de pointeur laser virtuel (i.e., créer une vidéo qui soit essentiellement des images statiques, mais sur lesquelles je puisse cliquer avec la souris pour faire apparaître une tache, ou quelque chose comme ça, pour attirer l'attention sur un endroit particulier). Ou alors je peux essayer de présenter ça dans le cadre d'un mini-MOOC, il paraît que c'est à la mode et que ça plaît aux chefs.

En tout état de cause, préparer cet exposé m'aura permis d'apprendre, ou au moins de réviser des choses. Je me suis notamment posé cette question, que je trouve jolie, et qui pourrait bien avoir un rapport avec un problème sur lequel je réfléchissais avec des collègues de manière complètement indépendante.

[#] Quand j'étais au collège (je ne sais plus bien en quelle classe), un camarade d'école m'a présenté le jeu de nim (d'ailleurs dans sa variante misère), qui m'a immédiatement intrigué par sa simplicité, et ce camarade semblait gagner à tous les coups. J'ai parlé du jeu à mon père, qui m'a dit qu'il y avait une stratégie faisant intervenir le XOR des nombres de bâtonnets écrit en binaire, mais qu'il ne se rappelait pas les détails. J'ai passé longtemps à y réfléchir pendant les vacances, j'ai fini par réussir à reconstruire les détails. Je suis retourné voir mon copain, et maintenant c'est moi qui gagnais à tous les coups (au moins quand je laissais l'autre commencer, et souvent quand c'est moi qui commençais). En fait, la stratégie que mon copain connaissait était beaucoup plus simpliste que la vraie stratégie : il se contentait de prendre un nombre de bâtonnets ayant la même parité de celui que son adversaire venait de prendre (ça n'annule que le dernier bit de la fonction de Grundy, mais avec un peu de chances et en évitant les situations évidemment mauvaises, ça suffit souvent). Du coup, j'ai pu frimer un peu à mon tour, mais enfin, l'intérêt du jeu de nim passe très très vite (surtout quand il y a, justement, quelqu'un qui gagne à tous les coups : plus personne ne veut y jouer).

[#2] C'était mon pointeur laser de secours, un rouge Je suis censé en avoir un vert, aussi, mais il ne marche plus (je ne sais pas comment un truc pareil peut tomber en panne mais c'est un fait), et aussi un bleu-violet, dont le seul intérêt est de frimer vu que cette couleur s'avère très malcommode pour attirer l'attention.

[#3] À savoir : je commence par utiliser xrandr pour positionner la sortie VGA(=vidéoprojecteur) à droite de l'écran du portable, j'ouvre xpdf -fullscreen et il décide de se mettre sur l'écran du portable ; je me dis, qu'à cela ne tienne, je vais mettre la sortie VGA à gauche : même effet. Je ne sais pas comment il fait son calcul, mais c'est très fort de toujours mettre sa fenêtre « plein écran » sur l'écran que je ne voulais pas.

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