Je regarde beaucoup de documentaires (typiquement soit via les
sites de chaînes de télé — le plus souvent Arte —, soit sur YouTube).
Parfois je signale sur Twitter 𝕏 ceux qui me
plaisent
(p.ex., ici
ou là) ;
mais je ne juge normalement pas utile de le faire sur ce blog, d'une
part parce que je n'ai généralement pas grand-chose à dire à
part j'ai bien aimé ça
, et d'autre part parce que, quand il
s'agit d'émissions en replay, elles ne sont disponibles qu'un
temps limité, et je n'aime pas trop faire un billet de blog qui n'aura
plus vraiment de sens dans quelques années quand l'émission sera
devenue introuvable (j'ai déjà dit que les liens qui cassent m'agacent
et que j'aime préserver
l'information ? ah oui). Mais on
va faire une exception pour celui-ci, que
j'ai déjà
mentionné sur le réseau social de l'oiseau bleu mort, mais que je
pense bon d'évoquer aussi ici, d'autant plus que plusieurs amis
hétéros m'ont confirmé avoir bien aimé.
Bref, en parcourant le site de France TV à la
recherche d'un docu à voir vendredi dernier, je suis tombé
sur le
documentaire Homos en France de Vincent Dedienne et
Aurélia Perreau (diffusé à l'antenne en mai sur la chaîne
France 2), et je l'ai trouvé vraiment extraordinaire : à la fois juste
et émouvant. Et quand je dis émouvant
, ce n'est pas souvent
qu'un documentaire me touche au point que j'en arrive à plusieurs
reprises aux larmes ! Évidemment le sujet me touche personnellement
mais j'ai vu N émissions analogues et elles ne m'ont
généralement pas fait pleurer et je n'aurais pas jugé utile de
signaler, donc celui-ci a vraiment quelque chose de plus.
C'est juste le témoignage d'une douzaine de personnes homo ou bi en France en 2023, qui racontent leur vie et expériences. Mais ce qui est si bon, c'est qu'il évite et démonte les clichés, et laisse parler une belle diversité de voix : jeunes et âgées, féminines et masculines, célèbres et inconnues, venues de classes sociales diverses. Du lycéen dans le nord à la professeure d'histoire à UCLA (Laure Murat), de la jardinière paysagiste à l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis (Gérard Araud), du footballeur pro (Ouissem Belgacem) au retraité en passant par la chanteuse pop (Angèle[#]), de la lycéenne très BCBG au black des banlieues, ils ont tous quelque chose de différent et d'intéressant à dire dans ce qu'ils racontent, mais quand même un thème partagé.
[#] Bon,
apparemment France
inclut ici la Belgique francophone.
<U+1F937 SHRUG>
Et l'émission raconte aussi, même si ce n'est pas le sujet principal, l'évolution du regard du public sur l'homosexualité en France, depuis années 60 jusqu'à 10 ans après le vote du mariage pour tous (cet anniversaire étant j'imagine la raison dudit documentaire), ce qui permet de mesurer le trajet parcouru et aussi le trajet qui reste à parcourir.
Bref, à voir, vraiment !
Le documentaire est disponible jusqu'au en replay sur le site de France TV à l'adresse déjà liée ci-dessus.
Digression technique : Si vous ne
voulez pas créer de compte ou si vous voulez garder une copie pour
(re)voir plus tard quand il ne sera plus disponible sur ce site, je
signale à toutes fins utiles
que le
programme yt-dlp
(qui est le successeur
de youtube-dl
, lequel a l'air d'être mort) sait gérer le
site de France TV et permet donc de récupérer le fichier
vidéo (mumble
mumble ce
que je disais dans le billet
précédent sur le scraping mumble mumble). Si vous lisez ce billet
après expiration du replay de France TV, il
est possible que j'aie gardé moi-même une copie du fichier,
mais évidemment les lois complètement débiles que nous avons sur la
propriété intellectuelle ne me permettent pas de le partager bien
qu'il soit passé publiquement sur une chaîne de télé publique que tout
le monde pouvait enregistrer : n'hésitez pas à me contacter si vous
voulez que je vous nargue en vous disant que je ne peux pas vous en
donner une copie.
Sur le fond du sujet, mon propre témoignage d'homo en France (qui
ai pris conscience de mon homosexualité vers 1989 et ai fait mon
coming out environ dix ans plus tard dans la foulée du vote sur
le PACS) a
été publié ici sur ce blog, je me
permets à cette occasion de le resignaler. J'étais notamment curieux
de comparer l'expérience des intervenants du documentaire (qui sont
pour la plupart plus jeunes que moi) avec ce que j'ai moi-même vécu.
Avec, je l'avoue, une part de préjugé de type pour la génération Z,
être homo doit être d'une banalité totale, les uns doivent considérer
ça avec la même indifférence que suscite le fait
de préférer
les escargots aux huîtres, les autres doivent avoir trouvé les
personnes trans comme nouveau réceptacle de leur haine
, mais
apparemment même des jeunes dans un milieu qu'on devine socialement
favorisé ne trouvent toujours pas évident de dire qu'ils sont
homos.
Ce que je regrette un peu, cependant, mais le documentaire est déjà raisonnablement long et peut-être que ce n'était pas le sujet, c'est qu'ils n'aient pas ou presque pas abordé la question de comment on se rencontre, et comment on drague, entre homos, en France en 2023. Comme je l'écrivais dans mon témoignage lié ci-dessus, il y a une vingtaine d'années j'ai fréquenté un certain nombre d'associations LGBT étudiantes qui servaient de points de rencontre à la fois pour la sociabilité et pour la drague : j'ai l'impression que ces associations ont en bonne partie disparu : pour la recherche de partenaires sexuels je n'ai pas de doute qu'il y a plein de choses qui les remplacent (Grindr, par exemple ?), mais pour les autres fonctions (convivialité, rencontres pas forcément sexuelles) je me demande ce qui a pris leur place. S'il y a des homos plus jeunes que moi (ou simplement plus actifs socialement) qui me lisent, qu'ils n'hésitent pas à me tirer de mon ignorance.