Une tradition idiote (dont je ne sais pas si elle est
franco-française ou si d'autres pays font pareil) veut qu'à chaque
manifestation les journalistes donnent le nombre de
manifestants selon la police — et selon les
organisateurs
. Je sais que ça devient une manie chez moi de taper
sur les journalistes, mais, quand même, en disant ça, ils sont en
train de dire qu'ils ne font pas leur boulot : parce que, dans mon
esprit, c'est justement la presse qui serait censée enquêter de façon
impartiale pour établir un chiffre correct. Par exemple, en cherchant
à savoir comment, au juste, les uns et les autres arrivent à leurs
nombres, ou, plus exactement, qui ils comptent au juste, et en
déterminant par quel rapport ces méthodes de dénombrement/sélection
sous- ou sur-estiment la population de manifestants par rapport à ceux
qui répondraient oui
à la question êtes-vous en train de
manifester pour ‹truc› ?
(ce qui est, à mon avis, la
bonne façon de caractériser un manifestant, et à le distinguer d'un
badaud). Ça n'a pas l'air excessivement
difficile[#], et ça permettrait
de mettre un terme à ce pipo récurrent.
[#] Exemple de protocole expérimental : se renseigner sur la façon dont la police compte, et sur la façon dont les organisateurs comptent, appliquer ces deux méthodes à un échantillon d'entre une grosse centaine et un petit millier de personnes, vérifier que le rapport entre les deux chiffres est bien le rapport entre les chiffres (ou les chiffres partiels à l'heure considérée) donnés par la police et les organisateurs, puis, ce contrôle passé, déterminer de façon fiable qui est au juste manifestant dans l'échantillon en posant la question à chacune de ces personnes, et conclure.