David Madore's WebLog: De l'habitude du confort et des risques associés

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(lundi)

De l'habitude du confort et des risques associés

[Diantre, cela faisait longtemps que je n'avais pas laissé passer autant de temps entre deux entrées de ce blog. Je pourrais dire que j'ai été débordé : ce serait un léger mensonge — en revanche, il est vrai que j'ai des journées bien remplies.]

Il y a quelque chose dont je prends fortement conscience en ce moment, c'est à quel point le confort, si c'est quelque chose d'agréable, est aussi un piège redoutable, car on prend très vite l'habitude de tout ce qui le procure et il devient, dès lors, à peu près indispensable — en ce sens que son manque se fait très cruellement ressentir.

Je pourrais multiplier les exemples dans le domaine informatique, déjà : depuis que j'ai un joli portable capable de faire du Wifi (quoique de façon parfois aléatoire, mais il semble que ce ne soit pas spécialement ma faute), je commence à trouver normal d'avoir un accès Internet partout, tout le temps, et si je me rends compte, en m'asseyant dehors pour prendre l'air, que pour une raison quelconque je n'ai pas de Wifi, je suis tout contrarié. Dans la nouvelle bibliothèque de maths de l'ENS (car depuis la rentrée la bibliothèque a déménagé dans le bâtiment nouvellement construit, qui borde la rue Rataud), chaque table est munie d'une prise Ethernet, de sorte que, même en bibliothèque, pendant que je travaille, je peux consulter une référence sur le Web, ou envoyer un mail pour poser une question mathématique, sans même avoir à me lever de ma chaise pour aller au poste de travail le plus proche. Mine de rien, ça fait gagner un peu de productivité (au hasard, tout à l'heure, pour trouver les numéros de volume aux Publications mathématiques de l'IHÉS du volume III des ÉGA, je n'ai eu qu'à aller sur Wikipédia) ; mais mine de rien, c'est aussi un petit confort auquel on prend goût et dont l'absence, un jour, sera irritante.

Mais ce n'est évidemment pas vrai qu'en informatique. À côté de chez moi, mon supermarché Champion s'est agrandi pendant l'été. La durée des travaux a été un peu pénible, parce que je ne trouvais plus rien (en fait, l'organisation des rayons changeait toutes les semaines, au fur et à mesure qu'ils réaménageaient) ; maintenant, il y a plein de nouveaux rayons et je vais pouvoir y trouver toutes sortes de choses que je devais auparavant aller chercher plus loin (exemple idiot : des slips) — eh bien je vais y prendre goût et me déclarer très fâché le jour où, inévitablement, un de ces rayons sera vide.

Et, de façon plus fondamentale, le fait d'habiter Paris, le fait de travailler à 15′ de marche de là où j'habite, le fait de pouvoir prendre tous mes repas sur mon lieu de travail, toutes ces choses sont des éléments de confort qui sont pour moi une chance exceptionnelle et dont je devrai peut-être (sans doute ?) un jour me passer. Ça me fera mal.

Ce que je ne sais décidément pas, c'est comment éviter ces écueils. On peut, évidemment, refuser tout nouvel élément de confort, mais c'est stupide (ou, en tout cas, ça défeate le purpose) : je voudrais trouver une façon de profiter, au maximum, des conforts qui s'offrent à moi sans en devenir dépendant. Je cherche encore.

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