Il y a essentiellement deux sortes d'assemblées générales d'associations loi de 1901 : celles où tous les votes se font à l'unanimité et on s'y emmerde parce qu'il ne se passe rigoureusement rien sinon une approbation massive du bilan des sortants et des projets des impétrants, et celles où on voit des querelles ou des rivalités ou même des haines entre personnes émerger au grand jour et on s'y emmerde parce que ces disputes ne mènent à rien. Bref, c'est rarement intéressant : ce qui sauve cependant ces réunions, c'est plutôt qu'on y retrouve des gens qu'on ne voit pas souvent. OK, je suis assez cynique, et désabusé de la démocratie interne (que je n'ai jamais vue s'exercer de façon digne, de façon qui donne foi en elle, et pourtant j'ai été membre d'un nombre invraisemblable d'associations, et j'ai assisté à une pléthore d'assemblées générales). L'assemblée générale de >Dégel! a commencé de la première façon et a terminé de la seconde, à partir du moment où les candidats se sont présentés et que la présidente sortante s'est livrée à une sorte de cross-examination sévère de l'un d'eux.
C'est étonnant cette capacité qu'on les gens à se disputer entre eux pour des raisons finalement assez futiles. À l'ENS je fais partie d'un groupe de bénévoles, désignés par cooptation, qui secondent l'administrateur système de l'École dans l'installation de logiciels pour les machines destinées aux élèves : nous nous connaissons, et nous estimons, tous très bien, et pourtant nous ne cessons de nous engueuler à tout propos sur des questions techniques absolument dénuées d'importance. Il doit y avoir une nature intrinsèquement belliqueuse à l'esprit humain.
Et, finalement, l'honneur et le courage, parfois, cela consiste non à camper obstinément sur ses positions, mais à transiger avec quelqu'un avec qui on n'est pas d'accord, à accepter de travailler quand même avec lui, à supporter ces inévitables bagarres sur des questions idiotes, et à ne pas claquer la porte. Du coup, je trouve vraiment dommage que, quand le candidat « mis en examen » n'a pas été élu au Conseil d'administration, deux administrateurs qui lui étaient sympathiques ont immédiatement présenté leur démission, dix minutes après avoir été élus. (Mais je comprends aussi leur position, parce que ce n'est pas facile de tenir tête.)
Enfin, une leçon que je tire de mon expérience de la vie associative, c'est que les associations, finalement, survivent à beaucoup plus que ce à quoi on s'attendrait. Je ne me fais donc pas trop de soucis pour celle-là. (Et certains lecteurs de ce 'blog de me faire remarquer que, de toute manière, je devrais arrêter de la fréquenter.)