Je reviens d'une soirée organisée (à l'École) par Homonormalité.
Très réussie, je dois l'admettre : plein de beaux garçons (et aussi de
jolies filles, sans doute, mais ça me frappe moins que les beaux
garçons, curieusement), beaucoup de monde de façon générale
(curieusement, les soirées d'Homonormalité rassemblent
vraiment beaucoup plus de monde que n'importe quel autre genre de
soirée à l'ENS — et ensuite on s'étonne que les
clichés genre « les homos savent faire la fête » aient la vie
dure ), et une musique qui, cette fois, ne perforait
pas les tympans à cent mètres à la ronde. Thème : « rouge et noir »
(je n'ai toujours pas compris ce qu'il faut comprendre derrière ça, ni
pourquoi Homonormalité fait si régulièrement des soirées
appelées comme ça, mais peu importe) — et plein de gens
s'étaient habillés de manière appropriée (pour ma part, je suis
toujours en noir de toute façon).
Mais je me demande bien si c'est une bonne idée pour moi d'aller à
ce genre de soirées : ça a surtout tendance à souligner mes
frustrations. D'abord, je ne connais plus grand-monde, dans cette
École (j'y suis rentré en '96, je rentre donc en « huitième année »
d'une scolarité qui en compte quatre), je m'y sens de moins en moins à
ma place. Et voir tous ces jeunes beaux gars se tortiller en rythme,
ça m'apporte quoi ? Le sentiment d'être vieux et moche (en tout cas,
comme d'habitude, personne ne me gratifie d'un regard), inhibé
(incapable de trouver un prétexte pour ne serait-ce que faire
connaissance) et surtout infiniment frustré. Bref, une incitation à
être malheureux, dont je n'ai aucun besoin. À ce
titre-là, j'aurais mieux fait de rester chez moi (sans compter que ça
me fait me coucher tard, donc c'est raté pour me lever de bonne heure, et hop ! me voilà
remis sur la mauvaise pente du sommeil incontrôlé). Seulement, ce
n'est pas en restant chez moi que je vais faire des rencontres.
Demain, il y a une autre soirée (beaucoup plus spécifiquement homo, celle-ci) inscrite sur l'agenda. Je fais quoi : j'y vais ou je jette l'éponge ?