Comments on Petite autobiographie gaie

Anonyme (2024-04-14T12:37:08Z)

Bon, j'ai aussi essayé le MAG hier, mais honnêtement, c'était moins sympa. On était ~8, on m'a dit que ça variait généralement entre 5 et 15. L'ambiance n'était pas mauvaise, mais quand même un peu morne.

La permanence elle-même consistait essentiellement à jouer à un jeu de société, puis recommencer. En soi je ne déteste pas jouer à des jeux de société (même si je préfère jouer de la musique), mais je m'attendais à ce qu'il y ait un peu plus de conversation autour, à rencontrer un peu plus les gens.

Le groupe de discussion venait apparemment de subir une transformation drastique d'« espace de convivialité » en « espace d'annonces ». Je ne sais pas s'il s'y est passé des choses problématiques, j'ai juste entendu « on manquait de modérateurs », mais s'il y a généralement une bonne ambiance d'adelphité et de respect, ça ne devrait pas être une travail monstrueux de modérer… Or là, il y avait vraiment des avertissements très sévères et appuyés de ne pas commencer une discussion hors-sujet, et toutes sortes de restrictions sur qui a le droit de poster où. Un peu étrange.

Il y a un onglet « Précédentes antennes » sur leur site, avec des pages pour Lyon et Clermont-Ferrand. C'est peut-être, effectivement, une association sur le déclin.

Anonyme (2024-04-07T21:16:48Z)

J'ai évité jusqu'ici de commenter sur la partie « gay » de ce blog, mais elle ne m'a pas moins intéressé que les billets de calculabilité. En fait, je dois dire que ce blog en général et cette entrée en particulier sont une bonne partie de ce qui m'a poussé à m'assumer, d'abord pour moi-même, ensuite en cessant que ce soit un secret (la deuxième partie étant en cours).

Donc, merci. Vraiment, je te dois quelque chose.

<pub> À part ça, si ça peut t'être utile, j'en profite pour signaler l'existence de l'association Les Concerts Gais <URL:https://lesconcertsgais.fr> d'homos qui jouent en orchestre et en musique de chambre. Je suis allé au dernier concert de l'orchestre (programme Sibelius + Smetana + Dvořák), et j'ai trouvé l'ensemble vraiment professionnel et passé un très bon moment (avant d'aller leur demander après le concert, le visage rouge comme une pastèque, comment on s'y prenait pour rejoindre leur association). Le prochain est un concert de musique de chambre, le 3 mai à 19h à la mairie de Paris centre, et pour avoir été à la répétition d'aujourd'hui, ça promet aussi (je précise que je ne serai pas sur scène, juste dans le public, il y avait déjà trop de programme). <appât target="ruxor"> Entre sonates de Beethoven et autres trios de Fauré, il y aura le canon de Pachelbel. </appât> Je crois que le concert suivant est de l'orchestre et doit arriver en octobre. </pub>

Arthur Milchior (2019-07-16T04:45:17Z)

Il s'est passé onze ans entre ma 1ère et dernière venue au mag. (Dont trois ans sans que j'y mette les pieds une seule fois).
Je tiens donc à préciser que tu n'es pas le seul à avoir réussit l'exploit que tu narres.
En même temps, en temps que bénévole, j'aurai trouvé extrêmement déplacé de laisser à qui que ce soit la moindre ambiguïté, et que mon action puisse être gêné par des doutes quant à mes intentions.
Ça n'a pas empêché uno autro bénévolo de penser que je lo draguais, mais même les fois où les gens se font des idées sans que je le sache, il se passe rien.

Quant à la règle de ne pas draguer, elle a été pendant des années écrites dans le règlement scotché au mur. Plus précisément; quand je suis parti, il a été précisé que personne ne devait draguer quelqu'un qui était venu moins de trois fois. Et je connais au moins un bénévole qui a été viré parce qu'il ne l'a pas respecté. J'ai cru comprendre qu'il avait aussi fait d'autres trucs qui faisait qu'il était indésirable cependant.

J'ai fait remarquer que ça laissait une faille de sécurité assez énorme. La question «est-tu venu au moins trois fois» laisse sous-entendre un intérêt, et est pourtant légitime. Cela à amuser d'autres magueur·se·s qui avaient une formation en informatique comprenant entre autre des notions de sécurité, mais je pense que personne n'en à rien eu à faire.

Ruxor (2019-06-28T00:06:25Z)

@Apokrif: Je suis persuadé que dès lors qu'on est soi-même bien convaincu qu'il s'agit de manifestations de sexualité tout à fait saines (et pas de « perversions »), on ne cherchera pas à éviter le sujet ou à le changer au plus vite, et les prétextes ou les termes pour en parler se suggéreront naturellement. Ça peut être une connexion quelconque par exemple avec l'actualité (genre, le groupe Hatari, qui a représenté l'Islande à l'Eurovision, se revendique ouvertement SM : c'est bien, ça en fait parler), ou en prenant ça comme exemple de domaines dans lesquels la société reste tout de même très coincée-du-cul (et, pour le coup, ce n'est pas très difficile d'amener ce sujet-là dans la conversation…).

Apokrif (2019-06-27T23:40:12Z)

"quel que soit son âge […] attiré par le SM ou par les furries […] le moindre petit mot que vous puissiez glisser montrant que ce ne posera aucun problème ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd, et s'il n'est pas concerné"

Sous quel prétexte et en quels termes peut-on parler de ces sujets à ses enfants - surtout quand ils ne sont en fait pas concernés ?

Nucleos (2019-06-23T08:23:12Z)

@ Ruxor
On est d'accord.

C'était juste intéressant pour moi, des années après, de me rendre compte qu'à un argument darwiniste (nous sommes «faits» pour nous reproduire), il y a un argument darwiniste plus subtil (nous sommes «faits» pour survivre, et l'homosexualité n'est pas hors-jeu dans les chances de survie.)

Car oui, j'ai bien sûr rétorqué tes arguments, qui sont assez classiques, j'avais déjà conscience de ça à l'époque, parce que j'avais pas mal déjà bourlingué en terrain homophobe. (Je viens d'une terre paysanne !)

Mais comme tu le suggères, le problème avec ces réponses, ce sont alors d'autres débats qui sont initiés avec ces arguments : si les Européens se reproduisent moins, si les élites n'adhèrent plus à la même morale (o tempora…), si la religion majoritaire change, etc.

Ruxor (2019-06-22T22:28:37Z)

@Nucleos: Parmi toutes les sottises homophobes, « si tout le monde se laissait aller à un désir homosexuel, il n'y aurait plus d'humanité » est particulièrement élevé en stupidité. D'abord parce que je ne crois pas que le manque d'enfants soit un problème pressant de l'Humanité (il est vrai que ceux qui utilisent cet argument sont souvent des tenants d'une idéologie politique qui pense par ailleurs que l'Occident est en train de disparaître et qu'il faut plus de petits bébés bien blancs…). Ensuite parce qu'il y a plein de choses qui, si toute l'Humanité les faisait, causeraient sa disparition (si tout le monde était écrivain, ou chanteur, ou homme politique, ou éboueur, ou prêtre catholique, ou mathématicien, ou astronaute, ou enseignant, …, l'Humanité aurait un sacré problème) : ce qui fait que l'Humanité fonctionne, c'est qu'elle est unie dans sa diversité.

@Wilkins Micawber: Ouhlà, je n'en sais plus rien : je ne l'ai pas gardé (il y avait une bourse aux livres au lycée, et généralement parlant on revendait les livres une fois l'année finie). Je ne sais même pas s'il y avait un titre clair (et par ailleurs je confonds peut-être mon manuel de russe de collège et mon manuel de russe de lycée). C'était un livre déjà un peu poussiéreux quand j'étais au lycée (donc au début des années '90, quand l'URSS était sur le point, ou venait tout juste, d'exploser). Bizarrement, je me rappelle deux choses très nettement : d'abord, il y avait à la fin, parmi les index, un index du vocabulaire « a tergo » (c'est-à-dire classé par ordre alphabétique à partir de la fin du mot) et c'est comme ça que j'ai appris ce terme ; et ensuite, j'ai retenu la phrase suivante tirée d'une des leçons : « но что он современник Афин Рима и Вавилона не думала » (c'est-à-dire « mais qu'il soit contemporain d'Athènes, de Rome et de Babylone, je ne le pensais pas » — il s'agit de Samarcande, et c'est une fille qui parle comme la terminaison de « думала » le montre). Malheureusement, Google ne connaît pas cette citation. Mais si quelqu'un trouve un manuel de russe qui date des années 1980 et qui contient cette phrase ainsi qu'un index a tergo, c'est celui-là que j'ai utilisé !

Wilkins Micawber (2019-06-22T20:36:42Z)

Comment s'appelait le manuel de russe que vous utilisiez au lycée?

Nucleos (2019-06-22T16:27:24Z)

J'ai beaucoup aimé lire la très courte «Théories de la littérature» [*] de Didier Eribon qui explique bien à quel point l'imagination du couple homo est étriquée, au sein-même de la littérature homo, entre l'Inverti proustien (je suis une femme donc j'aime les hommes) et le Soumis chez Genet (je vais me faire dominer par un vrai homme) -- l'un n'excluant pas l'autre.

J'ai toujours aimé (depuis 2005) lire ton blog, notamment pour évaluer des pistes imaginaires nouvelles et fertiles (que, par exemple, /La Cage aux Folles/) : il y a tant d'imaginaires à trouver et à porter… sans cracher sur les autres imaginaires !

Voici par exemple une histoire assez commune : mon prof d'anglais, à Brest en MP, nous a expliqué pendant son cours à quel point, si tout le monde se laissait aller à un désir homosexuel, il n'y aurait plus d'humanité. Je regrette de ne pas avoir eu l'imagination de rétorquer ce qu'aujourd'hui des études disent : favoriser une légère homosexualité (disons, 30 % haha) dans les simulations de groupes d'humains «primitifs» permet d'avoir dans ces groupes des membres qui n'ont pas de descendants directs, mais qui protègent et nourrissent quand même la troupe. Merci tonton, merci tata ! L'homosexualité apporte un avantage évolutionnaire, et tac.

Il y a tant à construire, tant à faire ! Je suis par exemple toujours consterné de constater que la pénétration est toujours considéré comme ultra-violente… même dans un couple hétéro ! Et je crois que c'est la raison majeure de l'homophobie latente en Occident : l'imaginaire est si pauvre ! Il faut décupler les récits alternatifs, et mettre la pensée au service de l'inclusion.

[*] <URL:https://www.google.com/search?hl=en&q=978%2D2130651000>

GHP (2019-06-19T12:51:03Z)

Je suis très étonné de constater que les années '90 n'étaient, pour certains au moins, guère différentes des années '60 de ma jeunesse : mêmes silences, mêmes interrogations, à l'âge d'au contraire s'envoyer en l'air joyeusement !
Pourtant, dans les années '90, différents médias parlaient de sexualité et d'homosexualité ; alors que dans les années '60 il n'existait AUCUN moyen de s'informer, sans oublier la répression sournoise ou directe. Le come-out général - revendicatif et festif ! - date du début des années '70.
J'aurais imaginé les élèves de l'ENS moins coincés et plus libres. C'est étrange que parmi l'élite de la jeunesse étudiante, vivre sa sexualité soit plus difficile et obscur que dans d'autres milieux (cela dit, j'ai connu dans le temps des étudiants normaliens qui n'étaient pas coincés du tout !).
Il serait intéressant de lancer une enquête vers les garçons, de l'ENS par exemple (les filles pourraient faire de même de leur côté), "À qui, à quoi, penses-tu quand tu te branles ?", autrement dit "Qu'est-ce qui provoque ton excitation ?". Je suis sûr que les réponses seraient extraordinairement variées et diverses.

Bob (2019-06-18T22:48:33Z)

Un récit très instructif, et touchant de sincérité :)

Je me retrouve bien dans certaines attitudes que tu décris, bien que ma situation ait été bien différente. J'ai aussi pratiqué la stratégie qui consiste à ne rien laisser paraître : miraculeusement, elle semble avoir fonctionné pour moi!

poiuyt (2019-06-18T19:14:42Z)

Intéressant à lire en faisant partie desdits 95%.

Une anecdote: en terminale en '95, écoutant régulièrement Lovin'Fun, il y a eu un jour un appel d'un gars de mon petit lycée de province qui disait qu'il était homo et se sentait seul dans ce cas. J'avais trouvé ça invraisemblable (je savais à peine que cela existait), et m'étais demandé qui cela pouvait être sans trouver. Bien des années plus tard, j'ai appris que deux de mes meilleurs potes de collège-lycée sont gays, et je n'avais absolument rien perçu à l'époque (on était juste un groupe d'intellos sans vie romantique, croyais-je). Je me suis dis que c'était peut-être l'un d'eux qui avait appelé…

Laurent (2019-06-18T16:24:04Z)

Ca me fait penser, et quelque part c'est à la fois curieux et amusant (rétrospectivement) mais de mon point de vue encore complètement incompréhensible, que nos expériences furent diamétralement opposées de ce côté.

Toi en homo que tout le monde suppose hétéro par défaut, et moi en hétéro que tout le monde a catalogué comme homo (à cette époque, c'est complètement le cas, depuis et pour plusieurs années).

Il y a peut être des lecteurs ici qui ont une idée sur pourquoi c'était comme ça.

Il y a peut être aussi d'autres personnes qui ont vécu cet étiquetage erroné.

Mon expérience a pendant des années été celle de croire que j'étais peut être homo (vu que tout le monde le pensait) même si je ne le ressentai pas comme tel. Il m'a fallu du temps pour accepter mon hétérosexualité, pour m'assurer que c'était bien ça, que c'était naturel et juste que tous les autres se trompaient. (Ca va sembler difficile à croire pour certains, mais ce n'est pas évident de vivre cette opposition, car il y a en permanence l'idée effrayante de faire l'erreur de ne pas vivre vraiment qui on est, et pour moi c'était plutôt "et si les autres ont raison et que je suis bien homo?").

Laurent (2019-06-18T14:42:28Z)

C'est une histoire joliement écrite, et tu me connais, intéressante à lire pour coller les morceaux quand on ne connaît pas ou ne colle pas à l'expérience décrite, même si après coup je dirai qu'elle ressemble beaucoup, et tu le dis toi même, à l'expérience typique d'une bonne frange des adolescents hétérosexuels.

Je ne peux cependant m'empêcher de vouloir apporter des précisions puisque je suis cité dans le texte… :)

A posteriori, et avec le recul, je ne trouve pas si étonnant de ne pas t'avoir étiqueté homo. Il y a plusieurs raisons à cela, mais la première, c'est qu'on est amis trop fortement et depuis trop longtemps. On avait six ans. Et notre amitié a également été plus forte qu'une amitié classique (elle a complètement survécu et s'est même renforcée à un an d'absence au Canada). Bref, il y a une bonne dose de gémelléité derrière, et comme tu le dis aussi, une bonne part de projection malgré tout, historique, existentielle, complètement naive et directement héritée de cet âge. En tout cas pour moi cette projection subsiste très fortement aujourd'hui encore (ainsi que le juxtaposition de tous les David Madore qui ont hérité des souvenirs communs).
Je dirai qu'il était plus facile de t'imaginer en être purement asexuel, ce qui était aidé par une bonne dose de caméléon social avec des petites références hétérosexuelles suffisamment dispersées pour distiller le moindre doute (mais si ça peut te rassurer, ça m'a tout de même traversé l'esprit une ou deux fois).

Le deuxième raison, c'est aussi que tu ne collais pas avec l'image des homos (ou disons des bis aussi) que je "connaissai" (et qui n'était pas non plus celle de la cage aux folles). A compter de quinze ans, jeune homme dans la fleur de l'âge distillant une image épurée d'exotisme et d'une certaine altéritée inaltérée, je me suis mis à récolter les expériences de flirts de rue complètement aggressifs, soit de jeunes homos complètement perdus dans la recherche d'un sens à donner à tout ça, soit de quinquagénaires établis dans leur vie familiale qui se demandaient s'ils n'étaient pas passés à côté de leur vocation. (Je n'ai qu'une chose à dire, c'est "Guys, don't do that!" ;) vraiment le flirt subtil et léger c'est plus agréable pour tout le monde, et ça a plus de chance de marcher). Inutile de préciser que ce n'est pas du tout l'image que tu dégageais…

En tout cas merci pour ce joli texte qui replace bien un certain contexte de l'époque.

Autre touriste (2019-06-18T04:59:36Z)

Je trouve ça beaucoup plus #relatable que je ne m'y attendais. Quand j'ai commencé à lire ton blog (vers 2004 ou 2005), j'ai pensé quelque chose comme "le pauvre, il a eu tant de mal à accepter et avouer son orientation sexuelle, alors que moi j'ai un paquet de renseignements sur les 4 quadrants et peur de rien". Pourtant je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris.

Je ne voyais pas les homos/bis comme des gens efféminés ou autre vision fausse, mais comme des gens *loin*. Ce que je t'ai dit sur ma surprise qu'il y ait des homos comme moi, c'est à dire geeks, n'est pas vraiment exact : ce qui m'a surpris, c'est que je puisse tomber sur un type homo "dans mon monde", en cherchant des choses sur les maths ou Unix ou la littérature. Avant, le monde pour moi était divisé entre le milieu que je connaissais (où personne n'était ouvertement autre chose que cishétéro), et une communauté LGBT lointaine et inaccessible.

Beaucoup de gens disent la même chose que toi : que les béguins (à sens unique) sont fondés sur une vision illusoire et idéalisée. Ce n'est pas du tout mon expérience. Les sentiments que j'ai eus, qu'il s'agisse d'une passion de plusieurs années ou d'un vague intérêt, ont toujours inclus la personne en entier avec ses défauts. Inversement, quand ma relation avec mon copain a cessé d'être limérente, j'ai été frappé par le peu de différence entre les sentiments "vifs" et "matures".

<URL: https://web.archive.org/web/20131229235241/http://squid314.livejournal.com/328800.html > décrit un vécu encore plus extrême :

"I used to operate through Burning Life-Consuming Crushes, usually initiated in the first few days I met someone, and if I'd had LBJ's courage and awesomeness I would have asked any one of them to marry me and totally gone through with it if they said yes. Oddly enough (or not, if you've read Malcolm Gladwell's Blink or the more reputable studies in the same genres) these first impressions were almost always correct, I found these people to be physically and mentally and emotionally compatible with me, I became good friends with most of them, and quite honestly I would probably still marry some of them after a few minutes' thought if they asked me tomorrow."

Il s'agit probablement d'une différence réelle entre les gens et la façon dont ils éprouvent des sentiments. Mais je soupçonne aussi "ces béguins sont trop bleus, et bons pour des goujats" : il est tentant de diminuer la douleur de prendre ou d'infliger un râteau en désignant le béguin malheureux comme inférieur à l'Amour, qui, lui, est Important.

ooten (2019-06-17T21:30:02Z)

Moi aussi je trouve la citation, de Nietzsche je crois, « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort » de complètement absurde et elle m'agaçait d'autant plus que je l'entendais souvent. Si par exemple on ampute les 4 membres principaux d'un individu sans le tuer, pouvez-vous croire un instant qu'il pourrait être plus fort psychologiquement et physiquement ? Après il faudrait recontextualiser cette phrase pour savoir ce que Nietzsche a voulu dire par là, je suis tombé sur cette analyse de comptoir et je ne sais pas ce qu'elle vaut : <URL: https://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/tout-ce-qui-ne-tue-pas-me-rend-plus-fort-nietzsche-3291056 > et effectivement Nietzsche n'y parle pas de mutilation mais de la douleur et il en tirerait la conséquence « la souffrance ne promet que la souffrance. Pas la victoire.» qui est assez opposée à la maxime originelle.
De même que je n'aime pas l'assertion « Mais bon, le temps guérit tout … » : non parfois on tombe ou on est meurtri et on ne s'en relève plus jamais que ça soit sur l'instant soit à plus ou moins brève échéance. Le temps qui aura d'ailleurs raison de nous tous en tant qu'individu.
Il ne faudrait pas croire que les non hétéros sont les seuls a avoir des problèmes sentimentaux sérieux même si effectivement c'est plus difficile pour eux en général car ils ne rentrent/rentraient pas dans les normes imposées par la société.

Typhon (2019-06-17T19:50:25Z)

Tout tes développements sur les béguins et la projection fantasmée/inventée sur une personne qu'au fond on ne connaît pas bien me rappellent que je raisonnais énormément de cette façon quand j'étais adolescent, mais combien j'utilisais cette idée comme un espèce de bouclier pour rationaliser ma timidité.

Un élément de contexte c'est que je ne suis pas, même encore aujourd'hui, quelqu'un de très sociable, et je pense qu'une des raisons pour ça a toujours été qu'il me faut du temps pour déterminer si j'aime bien quelqu'un ou non. J'ai toujours été très étonné quand, par exemple, en colonie de vacances, des groupes d'amis semblaient déjà s'être formés au bout d'une journée, tandis que moi j'en étais encore à faire connaissance avec tout le monde. Ce serait exagéré de dire que je me faisais absolument aucun ami dans ces occasions mais c'est assez parlant que je faisais jamais le moindre effort pour garder le contact avec eux après la fin du séjour, ni eux avec moi.

Toujours est-il qu'au lycée je suis tombé amoureux d'une fille, et que j'ai passé les trois années suivantes à ne faire absolument rien de concret pour la séduire, et que l'une de mes rationalisations pour ça était que je ne la connaissais somme toute pas assez bien et que la personne que j'aimais n'existait que dans mon imagination, que ça n'avait pas de sens d'être amoureux de quelqu'un qu'on ne connaît pas (c'était moins crédible pour quelqu'un avec qui j'avais fait un travail de groupe pendant six mois et pas juste une colo d'une semaine mais on avait assez peu discuté de choses non-scolaires, et j'avais une conception très exigeante quoique très floue de l'Amour avec un grand A).

Ce que je trouve fascinant dans cette histoire, c'est combien une idée qui n'était sans doute pas totalement fausse en elle-même m'a tiré vers une mauvaise conclusion, vers une impasse mentale totale. J'aurais dû aller de l'avant et me confronter à la personne qui existait pour de vrai et, à ce moment, c'était à peu près ce que je voulais éviter à tout prix, et je m'accrochais à cette idée comme une consolation : c'était pas grave de rien faire parce que de toute façon je poursuivais une chimère.

Quand j'ai fini par me fendre d'une déclaration d'amour (elle était déjà en prépa dans un autre lycée alors que j'étais en terminale après avoir redoublé ma première), la douleur du rejet m'a semblé assez intense mais avec le recul je me rends compte que je suis passé à autre chose relativement rapidement (une expérience que je crois être assez répandue).

Fred le marin (2019-06-17T19:48:45Z)

Chacun mène sa barque comme il veut (et peut).

"Petite autobiographie gaie" : ou… gay (détecté un peu tardivement)
En tout cas, ta vie me semble équilibrée dans la durée.
(et tout le monde, glups, ne saurait en dire autant, hein)
Mais comme l'espace des destinées humaines possibles est vaste !
Doit y'avoir un truc dans le Big Bang…
ça vient de loin, ça vient de là.
Je… Liberté !


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