Il y a des airs qui m'amènent encore les larmes aux yeux même si je
les ai entendus mille fois — même si je les écoute en boucle.
En ce moment, par exemple, l'Hymne
d'Opéra
Sauvage de Vangelis. En général, il s'agit de tubes (le
genre de musique qu'on ne peut pas admettre aimer dès qu'on est face à
quelqu'un d'un tant soit peu snob) : Greensleeves, le
choral Ein
feste Burg ist unser Gott, n'importe quelle composition sur
la succession d'accord du Canon de Pachelbel, etc.
Finalement, ce ne sont pas forcément les musiques que je préfère, ce
ne sont certainement pas celles que je trouve les plus parfaites, mais
ce sont celles qui parlent le plus directement à mon système
limbique.
Normalement je suis d'avis que le succès — dans tous les domaines mais surtout dans les domaines artistiques — est dû au hasard et à l'accumulation d'effets de bouche-à-oreille, guère au talent (un certain nombre d'études tendent à me donner raison). Mais parfois il faut admettre qu'il y a vraiment quelque chose : comme le roi Édouard VII l'avait prédit à Elgar en entendant l'air de la première marche Pomp and Circumstance, certains airs sont nés pour faire le tour du monde.