— Qu'as-tu fais aujourd'hui, dis-moi, David ?
— Ben, euh… Pas grand-chose…
— Et pourquoi ça ?
— Parce que j'ai glandouillé devant mon ordinateur…
— Ah. Et tu en as profité pour rédiger des choses pour ta thèse, évidemment ? Ou as-tu entamé l'écriture d'une œuvre littéraire riche et personnelle ? Ou peut-être t'es-tu livré à des réflexions profondes qui vont changer la face du monde ? Ou au moins as-tu tapé quelque petit texte utile et productif ?
— Pas vraiment…
— Alors tu as traité tes mails en retard ? Répondu à tous ces gens qui attendent depuis des jours ou des semaines que tu leur écrives ?
— À vrai dire… j'ai flâné sur le Web et puis j'ai bavardé sur IRC.
— Dis, tu n'avais pas pris une grande décision hier ?
— Ben, euh… Mais je n'ai pas passé toute ma journée devant l'ordinateur ! J'ai regardé la télé, aussi. Et puis je suis allé au cinéma (bon, d'accord, c'était un film pas très intéressant). Mais au moins je suis sorti.
— Ah, tu es sorti ! Et tu en as profité, alors, pour écumer les endroits chauds de la capitale, pour afficher ton charme irrésistible, pour draguer, quoi, et pour te trouver un mec ?
— Euh, non. Je me suis promené un peu, j'ai bu…
— Tu as bu ? Tu es entré dans un bar ?
— Oui euh non : j'ai bu un Yop vanille que j'ai acheté chez un Arabe en sortant du ciné.
— Argh !
— Ben quoi ? Au moins tu n'as pas à me reprocher de m'être vautré dans le stupre et la fornication.
— Rassure-toi, ce n'est pas pour empêcher ce risque-là qu'on m'a engagée. Bon, et à part ça ?
— Euh… Ben rien… On était dimanche, on ne peut rien faire, le dimanche : tout est fermé.
— C'est exagéré, mais ce n'est pas faux. Mais chez toi, tu pouvais travailler : finir les calculs d'éclatement qui traînent depuis un moment, ou corriger les copies des devoirs maison de tes étudiants de DEUG.
— Heu… Je n'aime pas travailler le dimanche.
— Tu as quand même posté le courrier au service du personnel de l'Université (pour qu'il parte demain au plus tôt) pour pouvoir enfin être payé ? Tu as envoyé ta taxe d'habitation ? Tu as fait le ménage chez toi ?
— Bah non.
— Bon, soit. Tu n'as rien fait. Tu vas donc te coucher tôt et te lever de bonne heure demain matin.
— Ben c'est qu'il est déjà 4h du matin passé.
— Et pourquoi tu ne vas pas te coucher tout de suite, dans ce cas ? Tu tombes de sommeil !
— Je ne peux pas, il faut que je finisse de rédiger une entrée dans mon 'blog. Une conversation avec ma conscience…
Petite annonce : Suite vacance poste cause suicide, cherche conscience humaine, pour travail à mi-temps. Débutantes acceptées. Rémunération incertaine. Conditions difficiles. S'adresser au 'blog, qui fera suivre.