Outre ce 'blog, je tiens un journal personnel. Pas quelque chose
de rédigé, pas un vrai journal intime comme d'autres en ont, auquel je
confierais mes pensées les plus secrètes. Plutôt un log
(informatique, bien sûr) de l'essentiel de ce que je fais
matériellement dans une journée, des gens que je vois, des
déplacements que j'effectue, etc., le tout dans un style
télégraphique. Parfois ça se résume à quelque chose comme :
Levé à <telle heure>. Déjeuné. Rien foutu de la journée.
Dîné. Couché à <telle heure>.
L'intérêt, c'est notamment de pouvoir retrouver, si je me dis
tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas vu Untel
, combien de
temps au juste s'est écoulé (et parfois je suis surpris de ce que je
découvre comme ça) ; ou, si je cherche à retrouver où j'étais et ce
que je faisais à tel moment précis, d'en avoir une trace certaine
(mais au fait où ai-je passé Noël 2001 ? est-ce que je ne confonds
pas avec Noël 2002 ?
). Bref, un culte à la Mémoire (et une
motivation assez semblable à celle
derrière ce 'blog). Je me suis astreint à ce petit travail
d'écriture (très léger, vu que je ne détaille pas) quotidiennement
depuis le 2001-01-01 (une bonne résolution pour le millénaire), et je
n'y ai jamais failli, même si un jour (le 2002-05-06, pour être
précis), suite à une fausse manœuvre informatique, j'ai perdu
deux semaines de log, et j'ai eu l'impression qu'on me volait deux
semaines de ma vie (cependant, comme ma mémoire humaine n'est pas
complètement défaillante non plus, j'ai pu reconstituer l'essentiel de
ce que j'avais fait pendant ces deux semaines — mais pas les
heures précises de lever et de coucher, bien sûr).
De temps en temps, je regarde en arrière ce que je faisais 364
jours plus tôt (364 et pas 365 ou 366, parce que c'est 52 semaines,
donc ça ressemble souvent bien plus à la journée présente), et
j'essaie de me remémorer précisément la journée en question. Mais
parfois les similitudes sont troublantes, presque embarrassantes :
l'impression que rien n'a changé en un an, que j'ai vieilli d'une
année « pour rien ». Continue comme ça,
m'a dit un ami, et
tu finiras par écrire le Journal du type qui lit son
journal.
Il n'a pas tort.
J'en profite, dans un relatif non sequitur (mais pas tant que ça non plus) pour conseiller la lecture de la collection de nouvelles qui a été écrite dans le cadre d'un cercle d'écriture collectif que j'avais organisé, et notamment celle de Denis Auroux (ma préférée).