Cinq heures du matin. Premiers chants d'oiseaux. Asphalte encore un peu tiède et qui finit de se reposer. Bruit de pas au loin (un fêtard qui rentre chez lui ? un travailleur qui se lève tôt ?). Odeur du pain qu'on prépare dans les boulangeries. Et celle, âcre, des poubelles qu'on ramasse ; le son du camion qui broie les déchets. Premier métro.La ville me parle par phrases nominales, mais chacun de ses mots signifie :explore-moi !— nous nous comprenons, nous nous connaissons si bien, elle et moi.Les quatre géants me regardent, gardiens d'un savoir incommensurable ; ils ont pour nom : Temps, Lois, Nombres, Lettres. Ils me regardent, mais ils m'ignorent, pendant que je me faufile entre leurs jambes. À cette heure-ci, ils ne parlent pas aux mortels, ils pratiquent en silence le rituel des gardiens.
Je parviens au fleuve.
Le soleil se lève.