Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
octobre 2003 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
October 2003: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
Mr Magic says, I'll secretly choose two integers between 2 and
3000, and I'll tell their sum to Steven and their product to
Peter, and, of course, does so. Peter comments, I don't know
what the two integers are. Steven remarks, yeah, I knew
that. Whereupon Peter says, oh? well now I know what they
are. And immediately Steven says, now so do I. Mr Magic
then asks Alice (who was also listening to the conversation), do
you know what the two numbers are?, and Alice answers, of
course not. So Mr Magic tells Alice the smaller of the two
integers. And Alice replies, now I know what the other one
is.
What are the two numbers?
This is a sick—pervert—problem if I ever heard one.
(I'm not sure I should call this mathematics, either, though there is
certainly some mathematical ground here, and it requires logical
reasoning; but there is no theory behind it, as far as I can see.)
Yet it can be solved (by brute force, as it were). In case you'd like
to know, the answer (click here
to reveal it if it is invisible) is 32 and 131. But the problem itself
isn't so much interesting as the pattern. For example, the following
problem is much clearer (and you definitely don't need a
computer to solve this one):
Mr Magic announces, I'll roll two (ordinary, six-sided) dice in
secret, and tell the smaller of the two figures (between one and six)
to Minnie and the larger to Max, and he does so. The sum of
the two numbers is neither six nor eight, he also says. Max
remarks, I don't know what Minnie's number is. Minnie replies,
I knew that. Then she adds: now do you know my number?;
to which Max replies, yes. And Minnie says, then I know
yours.
What are the two numbers?
Just follow the reasoning with pencil and paper: when it is done
right, it is child's play. The answer (click here)
is 3 and
4. I find much more elegance in this simpler problem than in the
original one. But the basic logic is the same. (On the other hand, I
did spend a tremendous amount of time coming up with a
situation where every reaction would be more or less natural, which
wasn't too gory to explain or too trivial to solve, etc. If you think
it's easy, just try it for yourself!)
[French translation of the above.]
N'essayez pas de résoudre ce truc sans ordinateur :
M. Magie dit, je vais secrètement choisir deux entiers entre 2
et 3000, et j'en dirai la somme à Stéphane et le produit à Pierre,
et, bien sûr, il le fait. Pierre observe, je ne sais pas quels
sont les deurs entiers. Stéphane remarque, ouais, je le
savais. Sur quoi Pierre dit, ah ? eh bien maintenant je sais
ce qu'ils sont. Et immédiatement Stéphane dit, maintenant moi
aussi. M. Magie demande alors à Alice (qui écoutait aussi la
conversation), savez-vous quels sont les deux nombres ?, et
Alice répond bien sûr que non. Alors M. Magie donne à Alice le
plus petit des deux entiers. Et Alice répond, maintenant je sais
quel est l'autre.
Quels sont les deux nombres ?
Voilà un problème cinglé — pervers — si j'en ai jamais
vu. (Je ne suis pas certain que j'appellerais ça des maths, non plus,
même s'il y a assurément des bases mathématiques là, et cela exige un
raisonnement logique ; mais il n'y a pas de théorie derrière, pour
autant que je voie.) Pourtant, il peut être résolu (par force brute,
en tout état de cause). Si vous voulez savoir, la réponse (cliquez ici
pour la révéler si elle est invisible) est 32 et 131. Mais le
problème en lui-même n'est pas aussi intéressant que le motif. Par
exemple, le problème suivant est beaucoup plus clair (et vous
n'avez assurément pas besoin d'un ordinateur pour résoudre
celui-ci) :
M. Magie annonce, je vais jeter deux dés (ordinaires, à six
faces) en secret, et dire le plus petit des deux chiffres (entre un et
six) à Minnie et le plus grand à Max, et il le fait. La somme
des deux nombres n'est ni six ni huit, dit-il encore. Max
observe, je ne sais pas quel est le nombre de Minnie. Minnie
réplique, je le savais. Puis elle ajoute : maintenant,
sais-tu quel est mon nombre ? ; ce à quoi Max répond, oui.
Et Minnie dit, alors je sais le tien.
Quels sont les deux nombres ?
Suivez juste le raisonnement avec papier et crayon : quand on le
fait correctement, c'est un jeu d'enfant. La réponse (cliquez ici)
est 3
et 4. Je trouve beaucoup plus d'élégance dans ce problème plus
simple que dans l'original. Mais la logique de base est la même.
(D'un autre côté, j'ai effectivement perdu un temps fou pour
trouver une situation où chaque réaction serait plus ou moins
naturelle, qui ne soit ni trop pénible à décrire ni trop triviale à
résoudre, etc. Si vous croyez que c'est facile, essayez par
vous-mêmes !)
Il est 6h du matin (2003-10-31T06:00+0100, mais je date cette
entrée du 30 parce que, justement, je n'ai pas dormi, donc c'est
plutôt 2003-10-30T30:00+0100) et je voudrais bien dormir. Seulement,
si je me couche maintenant, je me lèverai vers 15h : or je dois
absolument aller à la fac (à Orsay, je veux dire) le matin,
pour remplir un papier qu'une secrétaire a oublié de me faire signer
et pour récupérer les copies du partiel de DEUG que
je dois corriger pour le début de la semaine prochaine. Je préfère
encore ne pas me coucher que faire une « nuit » de deux ou trois
heures. L'ennui, c'est que je ne pense qu'à dormir : je n'arrive plus
à faire quoi que ce soit, là ; raconter des bêtises (comme ceci) sur
mon 'blog, ça va encore, même écrire un truc sur le calendrier (mais c'est pour ça que je
suis encore debout à cette heure-ci !) ça va aussi parce que ça ne
demande pas vraiment d'effort intellectuel tant que je continue sur ma
lancée. Mais les cinquante mille choses que je devrais faire depuis
longtemps (genre, traiter mes mails en retard), je suis incapable de
les faire, là ; je n'aurais même pas le courage de faire la vaisselle.
Pfiou. Je voudrais dormir.
Alors je vais faire un aller-retour Orsay au pas de course, ce qui
va me prendre trois heures à peu près, et puis je vais rentrer et me
coucher illico, pour me réveiller à je ne sais quelle heure. Quelle
connerie !
Well, I started writing a new Web page about the
calendar (which should complete my earlier page about time). It's still
far from being finished. But maybe I can finally get those memes out
of my way. As usual, I start by thinking I have only a few things to
write (I even considered making it an entry in this 'blog), and I
discover that I can type on and on for hours and still not get through
a quarter of what I wanted to say. But as it's nearly 6AM, I think
I'll have to stop for now. (And I intended to go to bed early
tonight. ***Sigh***.)
Incidentally, I'm disappointed to find that my pocket calendar
(datebook, diary, whatever) does not give the computus of the year
(you know, the obscure fine print which is found on every traditional
calendar: 2004 – Dominical letter D/C – Roman indiction
12 – Golden number 10 – Epact 8). Sic transit gloria mundi.
[Traduction française ci-dessous.] Usually when I
start using an Internet protocol, I try to learn something about its
modus operandi. So I can more or less grok
HTTP, FTP, SMTP,
NNTP, IRC and so on, and I've hand-decoded
some TCP segments and IP datagrams (and
Ethernet frames). This is useful when it comes to debugging errors on
the protocol level. But I had decided I'd make an exception for
ICQ: I don't wish to learn anything about the
gory technical details of how ICQ works, for once, I'd
like to just use it. Which means I'm totally clueless beyond
the basic interface offered me by my client, Licq: I don't know why I
get these “authorization requests” from time to time, nor
why some people in my contact list are displayed in yellow (rather
than the usual blue when on online, green when not available, and red
when offline), nor why some people occasionally appear as their
UIN and occasionally as their nickname; and I don't know
whether the contact list is stored client-side, server-side or part
both; and I really don't care. But it seems I may have to care: I
tried switching from Licq to Gaim, and, of course,
the client immediately died (segfaulted) when connecting to the
server, so I had to look into the problem; these programs are
excruciatingly painful to debug, but I managed to track the problem
(for which I submitted a bug
report) down to the ICQ server sending an invalid
string, which the client assumed had to be properly encoded utf-8 (and
it was not), when it should have sent the decimal representation of a
number (the UIN of one of my contacts): I have no idea
why—but if I am to find out more, I'll probably need to learn
more about ICQ. Shit.
[French
translation of the above.] D'habitude quand je me mets à
utiliser un protocole de l'Internet, j'essaie d'apprendre quelque
chose de son mode de fonctionnement. Donc je peux plus ou moins
parler le HTTP, FTP, SMTP,
NNTP, IRC et ainsi de suite, et j'ai
déchiffré à la main des segments TCP et des datagrammes
IP (et des trames Ethernet). C'est utile quand il s'agit
de débugguer des erreurs au niveau protocole. Mais j'avais décidé de
faire une exception pour ICQ : je ne veux
pas apprendre quoi que ce soit des détails techniques
pénibles sur comment ICQ fonctionne, pour une fois, je
voudrais juste l'utiliser. C'est-à-dire que je suis
totalement incompétent au-delà de l'interface la plus basique que me
fournit mon client, Licq : je ne sais pas
pourquoi j'ai des « authorization
requests » de temps en temps, ni pourquoi certaines personnes
dans ma liste de contacts sont affichées en jaune (plutôt que
l'habituel bleu quand en ligne, vert quand indisponible et rouge quand
hors ligne), ni pourquoi des gens apparaissent à l'occasion sous leur
UIN et à l'occasion sous leur nick ; je ne sais pas si la
liste des contacts est stockée côté client, côté serveur ou en partie
les deux ; et je n'en ai rien à faire. Mais on dirait que je vais
devoir en avoir à faire : j'ai essayé de passer de Licq à
Gaim, et, bien
sûr, le client est mort immédiatement (il a segfaulté) en se
connectant au serveur, donc j'ai dû chercher à en savoir plus sur le
problème ; ces programmes sont incroyablement pénibles à débugguer,
mais j'ai réussi à remonter le problème (pour lequel j'ai soumis un bug report) au fait que le serveur ICQ
envoyait une chaîne invalide, que le client supposait devait être de
l'utf-8 proprement encodé (ce n'était pas le cas), quand il aurait dû
envoyer la représentation décimal d'un nombre (l'UIN d'un
de mes contacts) : je n'ai aucune idée de pourquoi — mais si je
cherche en apprendre plus, je vais probablement devoir en apprendre
plus sur ICQ. Merde.
Je vais quand même raconter ce que
j'ai pensé de ce dernier Woody Allen. Les dialogues sont vraiment
excellents, il y a régulièrement des blagues comme seul il sait les
faire, et peut-être même meilleures que d'habitude. J'étais tout le
temps en train de rire à haute voix (les autres gens dans la salle ont
dû me détester, même si certains riaient aussi pas mal). Les deux
lignes qui m'ont le plus plié c'est d'une part quand le héros demande
à(u personnage interpété par) Woody Allen, Do you
know anything about psychoanalysis? (ou quelque chose comme ça, je
n'ai pas mémorisé le texte exact) — is the pope
a catholic? — et d'autre part le dialogue I
think I'll shoot myself! — How middle-class!. J'étais aussi
content de l'intrigue, qui est rigolote en elle-même. En revanche,
j'ai deux griefs notables. Primo, des situations étaient quand même
vraiment excessives et ça tournait à la farce un peu facile, notamment
toutes celles qui mettaient en jeu l'agent du héros (et surtout la
scène où ce dernier — léger spoiler ahead — lui annonce
qu'il ne va pas reconduire son contrat). Secundo, le jeu des acteurs
m'a semblé souvent vraiment forcé, on avait l'impression d'entendre du
théâtre filmé tellement ils poussaient leur voix. Je sais que Woody
Allen, en jouant, a un peu tendance à faire ça, mais ça va bien avec
son personnage : le problème c'est qu'ici (et c'est la première fois
que je remarque ça dans un de ses films) j'avais le sentiment que tous
les acteurs tombaient sur le même défaut. Pénible.
Mais globalement je conseille ce film, même si ce n'est peut-être
pas son meilleur.
Is this the author of the 'blog that launched a thousand comments?
Nul — c'est ce que j'ai été. Absolument pathétique.
Je ne sais plus qui faisait cette remarque qu'il ne fallait
peut-être pas essayer de rencontrer dans la Vraie Vie® les gens qu'on
connaît virtuellement (notamment ceux dont on lit le 'blog) parce
qu'on ne peut être que déçu : j'avais été assez agacé de cette
remarque, parce que, pour moi, rencontrer des gens en vrai est une
source d'énergie dont je ne peux pas me passer, mais je la comprends
mieux maintenant. Enfin, je ne sais pas ce qu'ont pensé de moi les
deux lecteurs qui m'ont rencontré ce soir, je ne sais pas s'ils ont eu
pitié de moi ou s'ils n'avaient aucune attente ou quoi ; mais
moi, en me voyant, j'étais à la fois effondré et hilare.
Ce n'est pas que je considère qu'il soit une obligation de faire
bonne conversation, de prouver ma mondanité, de débiter des
mots d'esprit. Je n'aime pas avoir l'impression de me produire en
spectacle (car c'est le sentiment que j'ai parfois ; et dans ce
registre je pourrais dire, ici, je me suis pris un bide, le
trou, le néant complet). Cependant, si j'invite des gens à me tenir
compagnie, ce n'est pas pour leur imposer ensuite des moments
embarrassants de vide intersidéral, ce n'est pas leur servir une
compagnie aussi intéressante que celle d'un moine trappiste qui aurait
une extinction de voix. (Quand on connaît bien les gens, on apprend à
ne plus être gêné des blancs dans la conversation, même s'ils sont
longs. Mais cela demande une certaine habitude.) Je ne peux donc que
présenter mes plates excuses pour la pauvreté de ma prestation.
Heureusement, M. Allen, lui, était au rendez-vous, et nettement plus disert et
witty.
Je pourrais me trouver des excuses, évidemment. Dire que j'étais
mal à mon aise à rencontrer des gens que je ne connaissais pas
(argument bien faible : c'est moi qui l'ai voulu ; et d'ailleurs je me
suis connu moins nul en semblable circonstance, il me semble). Noter
qu'il n'est pas évident de parler à des gens dont j'ignore à peu près
tout (surtout quand la réciproque est beaucoup moins vraie). Observer
que Woody Allen a de tellement bons mots qu'il est vraiment difficile
de parler avant ou après lui. Tout cela est vrai, mais peu pertinent.
J'aurais peut-être proposé de boire un verre quelque part après le
film, pour déglacer l'ambiance, mais le temps qui passe (minuit et
demi) et le temps qu'il fait (un petit crachin qui n'incite qu'à
rentrer chez soi) m'en ont découragé. Bref, sentiment d'un échec
lamentable.
Et je suis d'autant plus désolé d'avoir fait si mauvaise figure que
les deux garçons en question m'ont, eux, donné une très favorable
impression (de façon certes bien différente). Simplement, quand, dans
un trio, un des instruments ne connaît pas sa partie, on ne peut rien
faire.
J'irai voir Anything Else ce soir à la séance de 22h05 à
UGC
Ciné-Cité Bercy. Le rendez-vous est fixé à 21h50 (that's 2003-10-29T21:50+0100) devant le cinéma
(niveau inférieur). Toutes les personnes qui veulent m'y rejoindre
sont les bienvenues (mais à elles de me reconnaître ! il y en a déjà deux
qui se sont dénoncées).
On me signale que l'émission Vis ma vie sur le tournage duquel je m'étais retrouvé
comme figurant (il y a cinq mois) va passer demain soir sur TF1 (je cite Télérama :
Daivy, un jeune parisien qui partage un appartement avec quatre
colocataires, reçoit Christophe, très épris de solitude. Daivy a deux
jours pour convertir Christophe à son mode de vie). Bon, il y a
fort peu de chances pour que j'apparaisse à l'écran (ou en tout cas
plus que quelques secondes). De toute façon, les gens bien ne
regardent pas TF1, n'est-ce pas ? Mais
ce n'est pas tant le point : j'étais à cette soirée et je voudrais
voir quelle impression déformée elle donnera sur le petit écran (et je
serai au passage curieux de savoir si l'émission va juger utile de
signaler que quelque chose comme les deux tiers des protagonistes
filmés sont homos).
J'étais membre d'une assemblée parlementaire quelconque. Très
nombreuse (nous devions être largement plus de mille). Très jeune
aussi (et comprenant plein de gens que je connais plus ou moins pour
des raisons différentes). L'ambiance était un peu folle : le genre
d'ambiance qui caractérise les moments historiques que vivent les
pionniers où we will tread bravely where no man has
trodden before; peut-être un peu à la façon de 1789. Les
ressources étaient faibles, aussi : notre hémicycle ressemblait plus à
un amphi de fac qu'à un temple républicain, et nous avions devant nous
des tables comme on en trouve dans les salles de classes. Il n'y a
pas de partis ni de places réservées — tout le monde s'asseoit
où il peut.
Un rapporteur présente une proposition de loi visant à soumettre à
l'impôt sur le revenu un certain type de compte rémunéré qui y
échappait jusqu'à présent. Cette proposition me convient et je résous
de voter pour. Le président de séance décide une brève interruption
des débats avant les explications de vote. J'en profite pour aller
parler avec le rapporteur et demander à voir le texte complet. Et là
je découvre que la proposition contient également un appel à une
manifestation pour protester de façon plus générale contre le fait que
certains comptes bancaires ne sont pas imposés. Je suis consterné.
J'essaie d'expliquer à mon collègue qu'on ne doit pas mettre dans un
texte de loi un appel à manifester, ce n'est tout simplement pas
l'endroit pour ça. Il se met en colère, me considère comme un
pinailleur formaliste, m'accuse de ne pas voir l'importance de sa
manifestation. J'essaie de lui dire que ce n'est pas contre cette
manifestation que j'en ai, et qu'au contraire je suis tout à fait
d'accord avec lui sur le fond, mais que c'est la forme qui me déplaît.
Il me dit qu'il est essentiel que son appel de la plus haute
importance soit entendu. Je lui propose de faire voter dans ce
cas la création d'une tribune de libre expression des députés au
Journal Officiel et de publier là son appel mais de le
retirer de la proposition de loi. Il me regarde comme si j'étais un
demeuré et ne répond pas. Désemparé, je lui annonce que dans ce cas,
à mon immense regret je devrai voter contre sa proposition.
Le rêve se termine là, au moment où la séance reprend : je vais
voir le président pour demander à prendre la parole au moment des
explications, je me rassois (à une autre place, parce que ma place est
occupée, et je fais connaissance avec mes nouveaux voisins, je leur
explique brièvement le problème), et je me réveille — à moins
que mon rêve ne parte dans une autre direction.
Je n'ai pas besoin de souligner l'aspect surréaliste, le mélange
complètement bizarre entre le plausible et l'incongru : tous les rêves
sont comme ça. Ce qui me paraît le plus significatif, c'est cette
conversation et cette incompréhension entre moi et le rapporteur du
texte de loi : j'ai effectivement vécu assez souvent des situations
pénibles de la sorte, où j'essaie de faire comprendre à quelqu'un que
je suis d'accord avec lui sur le fond mais que les moyens ou
les formes qu'il se propose d'employer me semblent inadmissibles ou
tout simplement inappropriées, et où mon interlocuteur refuse de
comprendre à quel niveau se situe mon objection, refuse de discuter
sur les formes, soutient obstinément que sa cause est tellement
importante que tous les moyens sont bons pour arriver à son but, et
considère que si je ne suis pas avec lui je suis forcément contre lui.
Et moi je me demande si je ne suis pas un pinailleur qui pour le
simple respect des formes et des principes vais m'opposer à quelque
chose d'autrement plus important.
— Parce que j'ai glandouillé devant mon
ordinateur…
— Ah. Et tu en as profité pour rédiger des choses pour ta
thèse, évidemment ? Ou as-tu entamé l'écriture d'une œuvre
littéraire riche et personnelle ? Ou peut-être t'es-tu livré à des
réflexions profondes qui vont changer la face du monde ? Ou au moins
as-tu tapé quelque petit texte utile et productif ?
— Pas vraiment…
— Alors tu as traité tes mails en retard ? Répondu à tous
ces gens qui attendent depuis des jours ou des semaines que tu leur
écrives ?
— À vrai dire… j'ai flâné sur le Web et puis j'ai
bavardé sur IRC.
— Ben, euh… Mais je n'ai pas passé toute ma
journée devant l'ordinateur ! J'ai regardé la télé, aussi. Et puis
je suis allé au cinéma (bon, d'accord, c'était un film pas très
intéressant). Mais au moins je suis sorti.
— Ah, tu es sorti ! Et tu en as profité, alors, pour écumer
les endroits chauds de la capitale, pour afficher ton charme
irrésistible, pour draguer, quoi, et pour te trouver un mec ?
— Euh, non. Je me suis promené un peu, j'ai bu…
— Tu as bu ? Tu es entré dans un bar ?
— Oui euh non : j'ai bu un Yop vanille que j'ai acheté chez
un Arabe en sortant du ciné.
— Argh !
— Ben quoi ? Au moins tu n'as pas à me reprocher de m'être
vautré dans le stupre et la fornication.
— Rassure-toi, ce n'est pas pour empêcher ce risque-là qu'on
m'a engagée. Bon, et à part ça ?
— Euh… Ben rien… On était dimanche, on ne peut
rien faire, le dimanche : tout est fermé.
— C'est exagéré, mais ce n'est pas faux. Mais chez toi, tu
pouvais travailler : finir les calculs d'éclatement qui traînent
depuis un moment, ou corriger les copies des devoirs maison de tes
étudiants de DEUG.
— Heu… Je n'aime pas travailler le dimanche.
— Tu as quand même posté le courrier au service du personnel
de l'Université (pour qu'il parte demain au plus tôt) pour pouvoir
enfin être payé ? Tu as envoyé ta taxe d'habitation ? Tu as fait le
ménage chez toi ?
— Bah non.
— Bon, soit. Tu n'as rien fait. Tu vas donc te coucher tôt
et te lever de bonne heure demain matin.
— Ben c'est qu'il est déjà 4h du matin passé.
— Et pourquoi tu ne vas pas te coucher tout de suite, dans ce
cas ? Tu tombes de sommeil !
— Je ne peux pas, il faut que je finisse de rédiger une
entrée dans mon 'blog. Une conversation avec ma
conscience…
Petite annonce : Suite vacance poste cause suicide,
cherche conscience humaine, pour travail à mi-temps. Débutantes
acceptées. Rémunération incertaine. Conditions difficiles.
S'adresser au 'blog, qui fera suivre.
On dit parfois que le changement d'heure est mauvais parce qu'il
perturbe les cycles biologiques naturels en forçant les hommes (et les
animaux) à décaler leurs activités. C'est parfaitement faux : la
preuve, aujourd'hui je me suis levé à 13h (2003-10-26T13:00+0100)
comme d'habitude, sans faire le moindre effort particulier pour me
réveiller plus tard. C'est dire si cela vient naturellement !
Il est 4h du matin et voilà que la question suivante — dont
la profondeur et la gravité ne manquera pas de vous frapper — me
taraude les méninges : quel effet est-ce que ça ferait de plonger dans
une piscine dont l'eau aurait été remplacée par des moyeux (enfin, la
pièce en carton centrale, je ne sais pas comment on doit l'appeler) de
rouleaux de papier hygiénique, entassés pêle-mêle jusqu'à remplir le
bassin ?
Qui suis-je ? C'est une question qui me revient périodiquement à
l'esprit. Dans un sens non métaphysique mais bêtement culturel (et
« identitaire »).
Prenons l'exemple de la nationalité ou de l'origine ethnique :
beaucoup de gens se servent de cette base pour se construire une
identité, soit parce qu'ils sont fiers de « leur » pays, soit parce
qu'ils sont fiers de leurs origines dans un pays d'adoption. Et moi,
que suis-je ? Je suis Français et je vis en France ; mais je n'ai pas
d'attachement particulier à la France en tant que pays : je l'aime
simplement parce que c'est là que se trouvent la plupart de mes amis,
et c'est à eux que je suis attaché, et non à elle. Je ne vibre pas
spécialement en entendant La Marseillaise ou en voyant
flotter les couleurs nationales ; et à la limite j'ai encore plus
d'attachement pour la République française (qui a tout de même
certaines lois dont je ne suis pas trop mécontent) que pour la
France-idée-immortelle. La seule langue que je parle (et que j'écris)
assez correctement, c'est le français, et je doute que j'arrive dans
mon temps de vie à en maîtriser parfaitement une autre (même
l'anglais), mais ça ne me donne pas un amour particulier pour le
français : toutes les langues ont leur beauté, parfois je sais la
reconnaître en lisant, parfois je ne vois que la beauté formelle de
l'écriture, mais je ne crois pas à la supériorité de telle ou telle
langue dans la mosaïque de Babel (ou d'Unicode…). Mon père,
d'ailleurs, parle à peu près également l'anglais, le français et
l'allemand, mais aucune de ces langues parfaitement (il vit en France
depuis maintenant presque quarante ans, mais continue à commettre des
fautes de français, même si sa prononciation, elle, est parfaite ; il
voyage régulièrement en Allemagne, et comme il fait beaucoup plus
d'efforts pour apprendre l'allemand que pour le français, comme il lit
énormément en allemand, il possède à peu près aussi bien la langue de
Goethe que celle de Molière ; quant à l'anglais, qui est sa langue
maternelle, il en a beaucoup oublié, faute de pratique). J'ai une
culture largement française (même s'il s'y greffe des éléments
étrangers surtout anglo-saxons) ; mais je considère que c'est plus un
hasard que quelque chose qui me définit vraiment.
Et qu'en est-il du Canada ? J'ai la nationalité canadienne car mon
père l'a (même s'il est aussi Français, maintenant), mais je n'ai vécu
au total qu'un an et quelques mois au Canada. J'y ai appris à parler
(relativement) l'anglais, j'y ai regardé Sesame Street quand
j'étais petit, ainsi que The
Wizard of Oz, j'y ai même fêté Thanksgiving et Halloween;
mais est-ce que je peux vraiment me considérer comme Canadien ? je
n'en ai pas l'impression. Si je me lève quand on chante God Save the Queen, c'est par plaisanterie.
À l'intérieur de la France, je n'ai pas d'identité régionale
claire. Les Bretons revendiquent souvent leur identité de Bretons,
les Corses de Corses, etc. Mais je suis né à Paris (dans le 13e
arrondissement, où j'habite d'ailleurs, même pas à Montmartre où il
peut y avoir une identité de « poulbot »), j'ai grandi à Cassis (près
de Marseille) et surtout à Orsay (en banlieue parisienne) ; ma mère
est née à Sannois (aussi en banlieue, mais au nord), la famille de son
père vient du Centre, celle de sa mère vient de Lorraine. Bref, je
suis un pur produit, sans identité, du melting-pot francilien.
À la rigueur je peux me sentir Européen. La construction de
l'unité européenne, cela me semble une grande et noble idée ; il est
dommage qu'elle se fasse surtout, pour l'instant, par la monnaie
(l'euro), mais c'est déjà quelque chose. Cependant, tellement de
choses restent à faire ; et si j'arrive assez facilement à me sentir
proche des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Hollandais, ce
m'est beaucoup plus dur pour les Polonais, ou d'ailleurs les Grecs (je
veux dire, les Grecs d'aujourd'hui) : réactions complètement
irréfléchies, et que je ne prétends pas justifier, mais qui n'en
existent pas moins.
Je n'ai pas non plus d'identité religieuse. Je suis moi-même
athée. Personne dans ma famille proche (même par alliance) n'est ni
juif ni musulman. Ma mère a été baptisée dans la foi catholique, mais
elle n'y a jamais vraiment cru, et ça fait plus de quarante ans
qu'elle a clairement quitté l'Église ; même sa mère n'a jamais
vraiment pratiqué. Mon père est d'origine protestante (un de ses
oncles était pasteur, d'ailleurs), mais lui aussi est athée depuis sa
jeunesse, et son père était plutôt agnostique. Mes parents se sont
mariés à l'église pour faire joli, mais ils ne m'ont pas fait baptiser
(m'épargnant ainsi le souci de faire acte d'apostasie). En même
temps, je ne vois pas dans le fait d'être athée un élément d'identité
(pas plus que dans le fait de ne pas croire aux éléphants roses,
disons) ; je n'ai juste pas besoin de concevoir un Dieu pour donner un
sens à ma vie ou pour me fonder une éthique, et il m'importe peu de
savoir si les autres gens font ou non cette hypothèse. Une des seules
circonstances où je me rappelle spécialement que je suis athée, c'est
lorsque j'entends, par exemple un musulman (je ne sais pas pourquoi,
j'ai déjà entendu ça un certain nombre de fois avec un musulman,
beaucoup plus rarement avec d'autres religions) dit quelque chose
comme, vous autres, que vous soyez catholiques, ou protestants, ou
juifs, et j'ai envie de lui signaler que tout le monde n'a pas une
religion, que ce serait sympa de ne pas reléguer les agnostiques et
athées à la poubelle des énumérations. (Bon, pour essayer de marquer
le coup, j'évite de dire « mon Dieu » : je dis « par Zeus » à la
place. Je dis aussi « avant l'ère commune » au lieu de « avant
Jésus-Christ », mais ça c'est plutôt pour une question d'exactitude
historique, Jésus étant sans doute né autour de l'an 4 avant l'ère
commune.)
Quelqu'un me racontait qu'un clacissite de ses amis, parlant de la
bataille de Marathon, tellement imprégné de culture classique, s'était
exclamé, mais c'est nous qui l'avons gagnée. Je
trouve cette histoire très belle. Malheureusement je parle trop mal
le grec, barbare que je suis, et je suis incapable de courir 42195m,
je n'aurai donc pas le culot de revendiquer l'identité d'Athénien.
Je n'ai pas vraiment d'identité politique non plus. Je suis plus
proche des sociaux-démocrates que d'autre chose, mais en même temps
les questions que je trouve politiquement les plus importantes sont
rarement celles que les hommes politiques abordent, et vice versa.
Les libéraux me
considèrent comme un odieux étatiste parce que je crois qu'une
sécurité sociale forte est une bonne chose, et les antimondialistes comme un odieux
droitiste parce que je ne suis pas spécialement révolté par la
mondialisation (ni par la pub).
On me souffle que je suis au moins trois choses : mathématicien,
geek, et homosexuel. Moui. Mais être mathématicien me relie aux
mathématiques, pas aux autres mathématiciens : si j'ai une certaine
affinité pour certains d'entre eux, je reste convaincu que c'est un
métier solitaire, et je ne peux pas imaginer mettre
mathématicien dans mon identité. Geek, c'est quelque chose que
je suis un peu malgré moi ; quelque chose dont on ne sait pas
exactement ce que ça veut dire, au juste, d'ailleurs. Et dans
« homosexuel » il y a « sexuel », donc ce serait un peu déplacé de ma
part de le revendiquer comme identité.
Oh, je suis encore plein d'autres choses comme je le disais il y a un mois : masculin,
humain, mammalien… Mais ce ne sont pas exactement des identités
culturelles.
Il ne faut pas chercher à tout prix à se coller des
étiquettes, me dira-t-on enfin. On m'a même soutenu très
sérieusement que j'avais un devoir d'être moi. Ho hum. Je ne sais
pas si ça m'emballe, tout ça. Je n'ai pas demandé à être moi, moi !
Et je ne sais pas si c'est spécialement intéressant. D'ailleurs je
raconte vraiment des âneries, là, alors je vais arrêter.
Imaginez qu'un dieu vous accorde l'étrange faveur suivante : le
pouvoir de changer à volonté votre esprit — c'est-à-dire votre
tempérament, votre caractère, vos goûts, vos envies, votre façon de
réfléchir, votre mémoire, etc. Et ce, autant ou aussi peu que vous le
voulez. (Mais pas vos perceptions sensorielles directes.) Vous
pouvez vous rendre courageux, résolu, intelligent, généreux, honnête,
calme, ce que vous voudrez (et si vous avez peur de faire ça d'un
coup, vous pouvez opter pour une transition graduelle sur la durée que
vous voudrez) ; vous pouvez vous mettre à aimer les choux de Bruxelles
ou les salsifis, ou à ne plus aimer le chocolat ; vous pouvez devenir
hétérosexuel, homosexuel, bisexuel ou pas sexuel du tout, vous pouvez
choisir de tomber follement amoureux de celui/celle qui vous poursuit
depuis des années et que vous avez toujours éconduit ; vous pouvez
vous rendre amnésique, ou sélectivement amnésique, ou vous créer des
souvenirs factices quelconques ; vous pouvez même décider de devenir
débile mental et perpétuellement heureux, ou de vous
supprimer absolument toute envie, ou encore de simuler l'effet
émotionnel (mais pas d'éventuelles hallucinations) de n'importe quelle
drogue connue. Vous pouvez évidemment décider de ne pas vous servir
de ce pouvoir. Si vous êtes tenté de l'utiliser et que vous craignez
de céder à la tentation, vous pouvez, dans un effet délicieusement
« selfref » vous en servir pour supprimer cette tentation à l'avenir.
Bref, les possibilités sont vastes. (Mais pas infinies : on ne vous
offre pas la possibilité de vous faire croire absolument n'importe
quoi, sans quoi ce serait à peu près équivalent à se donner
l'omnipotence.)
Quel usage feriez-vous de ce pouvoir ? C'est une question, bien
sûr, à laquelle il n'y a pas de « bonne réponse ». Si je la pose,
c'est parce que la question de l'usage à faire de la toute-puissance
« extérieure » est souvent posée (d'ailleurs…), mais beaucoup plus
rarement on envisage la toute-puissance « intérieure » que j'évoque
ici.
J'avais développé une sorte d'ésotérisme de toile de fond pour mes
romans de heroic fantasy sur la base de trois
principes : le pouvoir, la volonté et la connaissance (symbolisés par
les anneaux borroméens).
Maintenant, si l'anneau magique du pouvoir (qui est rouge) donne un
contrôle complet sur le monde matériel (exceptées, bien sûr, les
finesses du cerveau humain, et notamment le sien propre), que l'anneau
magique de la connaissance (qui est bleu) donne un savoir illimité (y
compris sur les conséquences de toute action qu'on peut faire), que
peut bien donner l'anneau magique (vert) de la volonté ? Avoir un
pouvoir illimité ou une connaissance parfaite, ça a une signification
claire — mais pour la volonté… C'est en me torturant
l'esprit pour trouver la réponse que j'ai eu l'idée décrite ci-dessus.
Autre question naturelle : si on vous donne le choix entre ces trois
anneaux, lequel préférez-vous ?
Je ne réponds pas à mes propres questions, me dites-vous ? Ah oui,
tiens, c'est bien observé, ça : je n'y réponds pas.
On the beauty of the Steiner system of index (5,8,24)
If there were a beauty prize for mathematical objects, I think the
Steiner system of index (5,8,24) (I will describe what this means in a
moment) would be one of the most serious candidates. It is something
extremely easy to define (but not so easy to exhibit or represent!)
but of breathtaking intellectual elegance and having absolutely unique
and “magical” properties. This is the sort of
mathematical objects that holds (for me) all the fascination that
numerology can have for some people, except that there is
“really something” there (when I get mystical, I think:
some deep insight into the fabric of reality).
To define naïvely what a Steiner system of index (5,8,24) means is,
as I just said, very easy: it is a set of 24 “points”
(objects, elements, whatever) together with 759 “blocks”,
each consisting of 8 points, having the property that any 5 of the 24
points lie in one and only one of the 759 blocks. I know this doesn't
sound impressive when said like that.
Maybe to give the feel of things I should explicitly describe the
Steiner system of index (2,3,7) (the projective plane over
F2, to be precise, also called the “Fano
plane”). Consider 7 objects (“points”) which will
be labeled (1:0:0), (0:1:0), (1:1:0), (0:0:1), (1:0:1), (0:1:1) and
(1:1:1) (the labels are unimportant: I could just as well be calling
these objects “red”, “green”,
“yellow”, “blue”, “magenta”,
“cyan” and “white”, or “Valor”,
“Compassion”, “Sacrifice”,
“Honesty”, “Honor”, “Justice” and
“Spirituality” or whatever I wanted); and define the
following seven blocks of three objects each: {(0:1:0), (0:0:1),
(0:1:1)}, {(1:0:0), (0:0:1), (1:0:1)}, {(1:1:0), (0:0:1), (1:1:1)},
{(1:0:0), (0:1:0), (1:1:0)}, {(0:1:0), (1:0:1), (1:1:1)}, {(1:0:0),
(0:1:1), (1:1:1)} and {(1:1:0), (1:0:1), (0:1:1)}. Then any choice of
two of the seven points belongs to one, and only one, of the seven
blocks. Try it!
The previous example has a classical geometric representation: draw
an equilateral triangle, label its vertices (1:0:0), (0:1:0) and
(0:0:1); label (1:1:0) the middle of the edge joining (1:0:0) and
(0:1:0), label (0:1:1) the middle of the edge joining (0:1:0) and
(0:0:1) and label (1:0:1) the middle of the third edge of the
triangle; finally, label (1:1:1) the center of the triangle, and draw
the inscribed center of the triangle as well as the three medians
(which are also at once mediators, heights and bisectors since the
triangle is equilateral). This defines seven points in the plane, and
seven “lines” between them (the three sides of the
triangles, the three medians and the seventh “line” is the
inscribed circle), each of them joining exactly three points, and it
is easily seen that any two points are joined by exactly one line.
Now the Steiner system of index (5,8,24) does the same with
different numbers: there are 24 points and blocks of 8 points
(“octads”) are defined such that any set of 5 different
points belongs to exactly one of the octads. The first remarkable,
and by no means obvious fact, is that there is only one
Steiner system of index (5,8,24): if you find two of them, then there
is some way of reordering the 24 points so that in fact they agree
exactly. So it is justified to speak of the such Steiner
system. (There is also a unique Steiner system of index (2,3,7);
however not all Steiner systems are unique for their index: for
example, there are exactly 2 Steiner systems of index (2,3,13), 18 of
index (2,4,25). Also, not all Steiner systems exist even if there is
no evident impossibility; for example, there is no Steiner system of
index (2,7,43); it is not known whether there exists one of index
(2,13,157), although it is conjectured that there is none. But very
elementary knowledge of combinatorics suffices to prove that there is
no Steiner system of index (6,9,25), say: the number of blocks could
not be an integer.)
The Steiner system of index (5,8,24) has a large number of
automorphisms, in other words, manners of permuting the 24
points in such a way that if eight points formed a block before the
permutation, the new eight points which take their place after
permutation still form a block. As a matter of fact, there are
244823040 automorphisms of the system: these constitute what is known
as the Mathieu group M24. This group
is five times transitive, meaning that if you take any five
of the twenty-four points and place them in any five new places, there
is a way (in fact, exactly 48 ways) to complete this choice into an
automorphism of the system. Now this property is remarkable in the
highest extent: indeed, apart from the full group of permutations on
n objects (which is n times transitive) and the
so-called “alternating group” of even permutations (which
is n-2 times transitive), there are only two
(permutation) groups which are 5-transitive: the Mathieu groups
M24 (automorphisms of a Steiner system of index
(5,8,24), as explained) and M12 (automorphisms
of a Steiner system of index (5,6,12)), and neither is 6-transitive or
more. And also, the Mathieu groups are among the twenty-six sporadic simple
groups; but describing what this means (even by removing the word
“sporadic”) would take just a bit too long for me to try
it now.
Furthermore, I mention that the Steiner system (5,8,24) can be used
to construct the (binary) Golay code, the most remarkable
(and “powerful”!) error-correcting code ever, in the
following way. Consider the 759 blocks (octads) of the Steiner system
(5,8,24) as words of 24 bits, by putting a ‘1’ in a given
place if the corresponding point is in the octad, and ‘0’
otherwise (so each of these blocks will have exactly 8 bits to
‘1’ and the others to ‘0’). Now combine these
words in every possible way using (bitwise) XOR
(eXclusive OR). This gives a total of 4096 words (a vector space of
dimension 12 over the finite field with 2 elements), the words of the
Golay code, none of which (except the entirely zero word) has fewer
than 8 bits with value ‘1’; it is then possible to
judiciously choose twelve columns out of the twenty-four in such a way
that every combination of ‘0’'s and ‘1’'s in
these columns matches one and exactly one of the 4096 words of the
code. So we can code any word of 12 bits by a word of 24 bits in the
Golay list: this code can correct an arbitrary error on 3 bits out of
24, and detect an arbitrary error on 4 bits. Out of the 4096 words of
the Golay code, 759 have 8 bits with value ‘1’, 2576 have
12 bits with value ‘1’, 759 have 16 bits with value
‘1’ (and are the complements of the 759 with weight 8) and
the last two are the fully zero and fully set words.
So far I have described some properties of the Steiner system
(5,8,24) or the Golay code, but I have not described them explicitely.
There is a plethora of ways to construct them, more or less
intuitively understandable and more or less pleasant; however, there
is at least one way I find truly remarkable: the dodecahedron
construction of the Golay code, which works as follows. Take a
(regular) dodecahedron and two colors of ink (say, black and red).
Using the black ink, write ‘0’'s and ‘1’'s
arbitrarily on the dodecahedron, one bit per face. Now using the red
ink visit each of the dodecahedron's faces in turn, and compute the
parity of all the black bits except those on the five faces
immediately adjacent to the one on which the red bit is being
written; in other words, each red bit on a given face of the
dodecahedron indicates the parity of the black bits for the seven
faces of the dodecahedron which are not immediately ajacent to the
face in question: the red bit is ‘1’ when there are an odd
number of black bits at ‘1’ among the seven faces in
question, or ‘0’ when there are an even number of them.
Thus, starting from twelve arbitrary black bits we get twelve red
bits, to a total of twenty-four bits, two on each face of the
dodecahedron: well, this is exactly the Golay code: the 4096
twenty-four bits words obtained by trying all possible combinations of
black bits give exactly the 4096 words of the Golay code; and to
construct the Steiner system of index (5,8,24), just take those 759
words having eight bits at ‘1’.
One of my bizarre dreams would be to find some way to construct a
puzzle similar to Ernő Rubik's famous cube—only it would
probably be shaped more like a dodecahedron—that has the Mathieu
group M24 as group of transformations.
[Update: I wrote a couple of such JavaScript games:
see here, here
and more importantly here; also
see this link which was
suggested in the comments.]
In the Gregorian (i.e. our present) calendar, the thirteenth of a
month falls more frequently on a Friday than on any other day: 688
times on a Friday, 687 times on a Sunday or Wednesday, 685 times on a
Monday or Tuesday, and 684 times on a Thursday or Saturday, all during
a period of 400 years (the full cycle of the Gregorian calendar); on
the other hand, January 1st falls more frequently on a Sunday, Tuesday
or Friday (58 times each) than Wednesday or Thursday (57 times each)
or Monday or Saturday (56 times each). In the Julian calendar, on the
other hand, the cycle is 28 years long (1461 weeks), and the days of
the week are evenly distributed over any date (such as the thirteenth
of a month, or January 1st).
(Reminder: in the Julian calendar, leap years are those whose
common era number is divisible by four; in the Gregorian calendar, an
exception is made for years whose number is divisible by one hundred
but not by four hundred, and they are not leap; so the Gregorian
calendar substracts three days in 400 years from the Julian calendar,
and in those 400 Gregorian years there are exactly 20871 weeks.)
(Some day, when I muster the courage to do so, I'll describe the
Gregorian lunar calendar—which is another mess of
complexity—and how it relates to the date of Easter.)
(Yeah, I know, nobody cares.) (And, no, I'm not that desperate for
something to say.)
Outre ce 'blog, je tiens un journal personnel. Pas quelque chose
de rédigé, pas un vrai journal intime comme d'autres en ont, auquel je
confierais mes pensées les plus secrètes. Plutôt un log
(informatique, bien sûr) de l'essentiel de ce que je fais
matériellement dans une journée, des gens que je vois, des
déplacements que j'effectue, etc., le tout dans un style
télégraphique. Parfois ça se résume à quelque chose comme :
Levé à <telle heure>. Déjeuné. Rien foutu de la journée.
Dîné. Couché à <telle heure>.
L'intérêt, c'est notamment de pouvoir retrouver, si je me dis
tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas vu Untel, combien de
temps au juste s'est écoulé (et parfois je suis surpris de ce que je
découvre comme ça) ; ou, si je cherche à retrouver où j'étais et ce
que je faisais à tel moment précis, d'en avoir une trace certaine
(mais au fait où ai-je passé Noël 2001 ? est-ce que je ne confonds
pas avec Noël 2002 ?). Bref, un culte à la Mémoire (et une
motivation assez semblable à celle
derrière ce 'blog). Je me suis astreint à ce petit travail
d'écriture (très léger, vu que je ne détaille pas) quotidiennement
depuis le 2001-01-01 (une bonne résolution pour le millénaire), et je
n'y ai jamais failli, même si un jour (le 2002-05-06, pour être
précis), suite à une fausse manœuvre informatique, j'ai perdu
deux semaines de log, et j'ai eu l'impression qu'on me volait deux
semaines de ma vie (cependant, comme ma mémoire humaine n'est pas
complètement défaillante non plus, j'ai pu reconstituer l'essentiel de
ce que j'avais fait pendant ces deux semaines — mais pas les
heures précises de lever et de coucher, bien sûr).
De temps en temps, je regarde en arrière ce que je faisais 364
jours plus tôt (364 et pas 365 ou 366, parce que c'est 52 semaines,
donc ça ressemble souvent bien plus à la journée présente), et
j'essaie de me remémorer précisément la journée en question. Mais
parfois les similitudes sont troublantes, presque embarrassantes :
l'impression que rien n'a changé en un an, que j'ai vieilli d'une
année « pour rien ». Continue comme ça, m'a dit un ami, et
tu finiras par écrire le Journal du type qui lit son
journal. Il n'a pas tort.
J'en profite, dans un relatif non sequitur
(mais pas tant que ça non plus) pour conseiller la lecture de la collection de nouvelles
qui a été écrite dans le cadre d'un cercle d'écriture collectif que
j'avais organisé, et notamment celle de Denis
Auroux (ma préférée).
En mathématiques, pour démontrer par récurrence une proposition qui
dépend d'une variable n (parcourant les entiers naturels),
on commence par démontrer la proposition pour la valeur 0 de
n (initialisation de la récurrence), puis on
démontre que la proposition est hériditaire, c'est-à-dire
que, pour tout n, si la proposition est vraie pour
nalors elle est encore vraie pour n+1.
Le postulat de récurrence assure alors que la proposition est vraie
pour toute valeur de n (ce qui se conçoit fort bien,
intuitivement : l'initialisation assure qu'elle est vraie pour 0, puis
l'héridité permet de déduire le cas 1 du cas 0, le cas 2 du cas 1, et
ainsi de suite).
La subtilité concerne la rédaction, et la logique derrière
celle-ci. J'ai écrit, ci-dessus : pour tout n,
si la proposition est vraie pour nalors
elle est encore vraie pour n+1. Ce n'est pas du
tout pareil que si j'avais écrit si pour tout
n la proposition et vraie pour nalors
[pour tout n?] elle est encore vraie pour
n+1. Quand on veut prouver l'héridité de la
proposition, on doit supposer que la proposition est vraie au rang
n pour un certain entier n, et non pas
qu'elle est vraie au rang n pour tout entier
n (sans quoi il n'y aurait plus rien à démontrer, puisque
c'est exactement la conclusion qu'on cherche à atteindre au
final !).
Je suis tellement habitué au raisonnement par récurrence (et, de
façon générale, aux principes d'induction de ce genre, car il y en a
de beaucoup plus compliqués) que j'ai du mal à comprendre comment
cette histoire peut poser un problème. Mais manifestement il y en a
un : sur un tas de copies, même si tous n'ont pas choisi de tenter une
récurrence pour prouver ce qu'on leur demandait (et on pouvait très
bien faire sans), seuls deux étudiants ont réussi à faire une
récurrence correcte tout du long, et encore, seule une est
vraiment irréprochable. Pourtant, j'ai lourdement insisté
sur ces difficultés en TD ; j'ai choisi de changer la
lettre désignant la variable pour présenter l'héridité de la
récurrence, peut-être était-ce un bon choix (ça évite d'écrire des
choses comme maintenant n vaut n+1 qui
causent d'immenses confusions), peut-être pas (ils oublient souvent de
remplacer la variable partout où elle apparaît, et ils sont alors
perdus).
On leur parle de logique et de quantificateurs, mais on pourrait
tout aussi bien parler de théosophie pour ce que ça évoque chez eux :
les quantificateurs sont quelque chose d'absolument abscons, qu'on met
au feeling, et parfois on tombe juste et souvent non. Ils
savent faire certaines manipulations formelles (notamment, la
grande majorité d'entre eux a compris comment écrire la négation d'une
affirmation commençant par des quantificateurs), et ils comprennent le
sens des quantificateurs dans certains cas faciles (du style,
pour tout x, x²+1 est positif, ça, ils
voient ce que ça veut dire), mais dès que le motif devient un peu
complexe, les manipulations formelles ne leur suffisent plus, et leur
intuition ne leur dit rien du tout. C'est déprimant. Ils ont
énormément de mal à apprendre (ne serait-ce que par cœur, sans
comprendre) la définition de la limite, parce qu'il y a trois
quantificateurs qui se succèdent et qui ne sont pas n'importe quoi.
Dans ces conditions, il est hors de question de leur écrire
formellement le schéma de récurrence,
((P(0))∧((∀n)((P(n))⇒(P(n+1)))))⇒((∀n)(P(n)))
[Ci-dessus, « ∀ » est le symbole du quantificateur
universel, « ∧ » est un et logique, et « ⇒ » est une
flèche d'implication.] Et si on l'écrivait, il faudrait expliquer
pourquoi quand il s'agit de voir l'héridité
(« (∀n)((P(n))⇒(P(n+1))) »),
on doit supposer pour un certainn que
P(n) est vrai alors que c'est écrit « pour tout
n ». Et d'ailleurs il faut aussi expliquer que ce n'est
pas pareil de supposer pour un certain n que
P(n) est vrai que de supposer que pour un
certain nP(n) est vrai ! Parfois
j'ai l'impression de jouer à la scholastique byzantine, c'est
triste.
S'il y a des mathématiciens qui rigolent in petto dans le
fond de la salle, je leur conseille de se demander quel est le sens
profond de l'affirmation suivante :
Si x est un ensemble et y une partie de
x, et si on suppose que tout élément z de
x vérifiant la propriété que « tout élément de x
qui appartient à z est dans y » est dans
y, alors y est x tout entier.
Soit, avec des symboles :
(∀x)(∀y)((y⊆x)⇒(((∀z)((z∈x)⇒(((∀t)((t∈x)⇒((t∈z)⇒(t∈y))))⇒(z∈y))))⇒(y=x)))
— ce n'est, après tout, qu'une version améliorée du principe
de récurrence, si on veut.
Hier, alors que je transitais dans les couloirs de la station
Pasteur (pour prendre la ligne 12 afin d'aller à la porte de Versailles), j'entends une mère
expliquer en réponse à une question de son fils (il devait avoir
quelque chose comme sept ans) que Pasteur est un savant qui a inventé
le vaccin contre la tuberculose.
Aurais-je dû réagir ? Dire non, Madame, Pasteur c'est la
rage ? Signaler que le vaccin contre la tuberculose, c'est
Calmette & Guérin (d'ailleurs il est bien connu sous le nom de
BCG) ? Ou aurait-ce été, comme je l'ai estimé, me mêler
de ce qui ne me regarde pas (la manière dont cette dame éduque son
fils) ? Le fils, après tout, a plein d'années devant lui pour
apprendre qui était Pasteur, et même s'il croit qu'il a inventé le
vaccin contre la tuberculose (à supposer qu'il le retienne, ce qui est
douteux), ce n'est pas si grave : finalement, c'est peut-être plus
dommageable pour lui que sa mère se fasse reprendre en public pour
avoir dit une bêtise. Donc à part étaler ma culture générale (ce
n'est pas grave : je peux l'étaler sur mon 'blog à la place), ç'aurait
été une remarque inutile.
Reste qu'il m'arrive assez souvent (typiquement dans le
RER) d'entendre une conversation dans laquelle je
pourrais intervenir pour soulever un doute, ou dissiper une erreur,
que ce soit dans un de mes domaines d'expertise (notamment, on entend
assez souvent des élèves de prépa ou des étudiants en maths discuter
de maths, et dire des bêtises qui font frémir ; et l'informatique est
elle aussi génératrice de quantité d'âneries prononcées) ou simplement
des questions de culture générale auxquelles par hasard je sais
répondre. Pratiquement toujours, je m'abstiens : ce serait déplacé de
m'immiscer dans une conversation que je ne suis pas censé écouter (et
si on commence comme ça, où ira-t-on : donnerai-je aussi mon avis sur
un film dont deux personnes discutent à côté de moi ?) ; je ne le fais
que dans des cas très précis, par exemple hier encore deux jeunes sont
montés dans le métro où j'étais et ont commencé à se demander s'ils
étaient dans la bonne direction pour aller à Charles-de-Gaulle
Étoile : je leur ai dit que oui.
Mais j'admets que d'un autre côté les rares fois où quelqu'un s'est
mêlé d'une conversation que je tenais, j'ai trouvé cette intervention
plutôt bienvenue (je me rappelle notamment d'une discussion que je
tenais avec Péter dans le RER sur le fonctionnement de la
RAM, et quelqu'un s'est approché, nous a dit qu'il
travaillait précisément dans la fabrication de puces de mémoire, et
nous a apporté quelques précisions intéressantes).
Je suis allé voir Janis et
John (voir aussi sa fiche
Allociné) à l'UGC
Ciné-Cité les Halles, et j'ai bien aimé. Le jeu des acteurs est
excellent, notamment Marie Trintignant (et je dis ça tout à fait
indépendamment du fait divers qui a beaucoup fait parler d'elle ces
derniers temps : personnelement, je ne suis pas fan de la rubrique
nécrologique des journaux de toute façon) ; il n'y a que Christophe
Lambert qui n'a, à mon avis, pas vraiment réussi à rendre son
personnage plausible, mais il faut dire que ce n'était pas facile. Le
scénario est assez bon : on y voit d'excellentes trouvailles, et on
rit beaucoup — parfois en même temps qu'on est ému. Mais
justement, je regrette en même temps que ce scénario ne soit pas
meilleur : la fin m'a semblé assez bâclée, alors qu'il y avait moyen
de faire un dénouement vraiment excellent (imaginer une réussite
spectaculaire autant qu'inattendue des deux chanteurs, par exemple),
et surtout, le John Lennon a été complètement sous-exploité, ce qui
est vraiment dommage.
Vendredi soir, un certain nombre de stations du métro ont vu toutes
leurs affiches tagguées en noir par des inscriptions autour du thème
« marre de la pub ». J'ai vu les guignols qui faisaient ça à
l'œuvre, mais je n'y repense que maintenant, parce que les
affiches n'ont pas été remplacées depuis (ça me surprend, mais
peut-être que les afficheurs ne travaillent pas du tout le
week-end).
Comme beaucoup de gens sans doute, je suis irrité par
l'omniprésence de la publicité : les paroles des « prophètes » sont
écrits sur les murs du métro, elles sont encore dans nos boîtes aux
lettres, dans nos télévisions, sur le Web, dans nos boîtes à mails,
etc. Marre de la pub, donc ? Oui, sans doute. Mais si je traite de
« guignols » les activistes qui agissent ainsi, c'est que leur
contre-publicité est aussi pénible que ce qu'elle prétend dénoncer
(d'ailleurs, visuellement, je préfère largement les affiches bien
réfléchies des designers que leurs immondes tags, mais ce n'est pas le
point). Faire de la pub contre la pub, c'est encore faire de la pub,
et ce n'est pas parce qu'elle est sauvage est « spontanée » qu'elle a
ma sympathie. J'aime que, lorsqu'on essaie de me dire quoi penser, on
me fournisse quelques arguments pour me convaincre ; et les
gribouillis de ces guignols ne me convainquent même pas de ce dont je
suis déjà convaincu. J'apprécie aussi assez peu, je dois dire, que
toutes les affiches soient également graffitées : celles qui appellent
au respect des personnes handicapées ou à l'action contre la faim dans
le monde autant que celles qui vantent telle ou telle chaîne de grands
magasins ou tel ou tel grand spectacle ; il aurait été très
fort de respecter certaines causes, cela aurait montré que le
mouvement était réfléchi et n'était pas un gribouillage aveugle de
tout ce qui passait sous la main. Mais apparemment c'est trop en
demander.
De façon générale, je m'agace des gens qui crachent dans la soupe
en décriant la « société de consommation ». La « société de
consommation » est devenue le label sous lequel on focalise n'importe
quelle opposition à n'importe quoi ; mais la pensée sous ces
oppositions est souvent très pauvre. Or la « société de
consommation » c'est un fort commode holisme : ceux qui consomment, ce
sont bien les individus qui la composent, pas la société elle-même.
Et consommer, ce n'est pas un mal en soi, faut-il le rappeler. Ce
qu'on décrie en vérité, c'est un manque de solidarité (par exemple) ;
mais ce n'est pas la société qui a un tel défaut, ce sont ceux qui la
composent, et ce n'est pas la société qui est la cause de leurs
faiblesses (ou de leurs qualités), elle est leur conséquence. Il ne
faut pas mettre sur le dos de la société ce qui est un défaut de la
nature humaine (et qu'on peut seulement contourner, pas corriger) :
s'il y a de la pub, c'est aussi parce que les gens sont sensibles à la
pub. Alors je ne prétends évidemment pas que notre société soit
parfaite, mais je trouve assez mal venu de la critiquer de la part de
gens qui (i) profitent bien largement du confort que cette société
leur apporte et (ii) sont infoutus de faire des propositions concrètes
et réalistes (genre, au lieu de perdre leur temps dans le métro à
tagguer les affiches, s'ils mobilisaient leur énergie pour faire
quelque chose d'utile ?). Si voir quelques affiches de pub dans les
transports en commun est le prix à payer pour avoir un supermarché à
100m de chez moi et une connexion Internet bon marché, je suis prêt à
payer ce prix.
Quelque part, je crois que le vrai problème, c'est que les gens
sont infoutus de se trouver eux-mêmes un sens à leur vie, ils
attendent que le contexte (et notamment la société) dans
lequel ils vivent leur en fournissent un. Si tout ce qu'ils lisent,
c'est « consommez », je suis bien navré pour eux. Mais, justement, le
sens de la vie, il ne se vend pas dans les supermarchés.
Pas terrible, ce salon. En tout cas ça ne valait pas les 10€
que j'ai payés pour y rentrer. Le plus pénible, c'était sans doute la
fumée : le hall est censé être non fumeur (c'est affiché au-dessus de
chaque sortie de secours) mais les organisateurs en avaient
apparemment décidé autrement (trop de fumeurs parmi les homos ?) et il
y avait des cendriers partout, et, de fait, plein de gens avaient une
cigarette à la main ; le plafond a beau être très haut, l'air
empestait le tabac. Le bruit ambiant était aussi assez désagréable :
je suppose que c'est assez inévitable dans ces grands halls de Paris
Expo où le son se réverbère à l'infini, mais tout de même ils auraient
pu éviter la musique aussi forte. À part ça, les stands étaient
évidemment d'intérêt variable. Il y en avait beaucoup dont je me
demandais ce qu'ils faisaient là (comme un nombre incroyable
d'expositions des œuvres picturales ou sculpturales de divers
artistes, œuvres même pas vaguement homoérotiques ou sur un
thème justifiant un quelconque rapprochement avec la « rainbow
attitude » ; plein d'agences de voyages, aussi, des décorateurs
d'intérieur, et même des marques de champagne !) : bref, ce n'est pas
que le côté commercial me pose un problème en lui-même, c'est juste
que je ne saisis pas la logique, parfois (à part « tous les prétextes
sont bons pour faire de la pub »).
Bon, j'en suis revenu avec un nombre incalculable de tracts,
prospectus et flyers en tous genres, dont la plupart vont finir
rapidement à la poubelle. Mais j'aurai au moins appris l'existence du
magazine Gus, ou de la soirée Glam As You, entre autres, que
j'ignorais complètement. Ah, et j'ai assisté à un débat sur le thème
« tolérances, intolérances », en fait surtout sur les rapports entre
homosexualité et religions, où il s'est dit un certain nombre de
choses intéressantes (notamment un pasteur de l'église réformée de
France a tenus des propos extrêmement intelligents).
[300th entry in this 'blog! Hurray, hurray, hurray!]
At the end of 2001, I had started a mathematical diary, which I kept
active through most of 2002. The idea is not to write down
ideas that are important for my current mathematical research activity
(writing my thesis, that is), but, on the contrary, to evacuate by
committing them on paper various side ideas that I have from time to
time. It's the same sort of force that drives me to write this 'blog:
once I become infected with a meme, say a mathematical problem,
it will keep haunting me until I either solve the problem or save it
on paper (electronic paper will do as well, of course) for later. So
this is how this diary should be regarded: as a meme pool of weird
ideas. There is nothing that could be called “mainstream
mathematics” in it, I guess. Some of these memes are
“abstract nonsense” as mathematicians call it, embryos of
theories that are trivial to work through the basic definitions, which
produce pages and pages of easy writing. Some are (presumably hard)
questions.
In a way, this diary could be shown as evidence of my mathematical
angst: probably nothing it contains would be deemed of any interest by
any other mathematician, and I guess the questions which obsess me are
very much alien to mainstream mathematical culture. This is
one of the reasons why I have solid doubts as to whether I should
pursue the academic career in mathematics.
Anyway, whatever it's good for, I've decided to start writing in
this diary again. Probably not nearly as actively as this 'blog, but
it'd be nice to hold a one-entry-a-week minimum average. There are
lots of goofy thoughts that I won't be rid of until I've written them
down.
Voilà voilà,
je me suis fait couper les cheveux, dans un style complètement
insignifiant, transparent et passe-partout (à mon image, quoi) : bien
court sur les côtés et derrière, et moyennement court sur le dessus et
devant ; sans gel fixant ou quoi que ce soit, vu que de toute façon
rien n'arrive à tenir mes cheveux en place, qui sont beaucoup trop
souples. Je ne suis pas persuadé que ça soit terrible, comme coupe ;
je suis même assez persuadé du contraire, mais bon, c'est toujours
mieux que ce que c'était juste avant (trop longs de partout, et
complètement informes). Je rajoute une photo à ma collection, mais encore une fois
c'est une prise ratée (au déclencheur automatique, devant la porte de
ma salle de bains, éclairé au néon donc avec une colorimétrie
complètement cassée et très mal rectifiée avec Gimp). De toute façon, je n'ai pas le
temps de faire mieux (et j'espère, comme je notais dans une précédente entrée, que je pourrai faire
des photos d'identité convenables chez un photographe professionnel et
en obtenir une copie numérique du même coup), il faut que je me couche
(le séminaire Variétés rationnelles de demain commence à
9h30 du matin ! un samedi ! c'est absolument inhumain).
Il faut aussi que je me fasse refaire des lentilles de contact,
parce que je n'en ai plus : je porte des lunettes en ce moment. Les
avis divergent quant à ce qui me va le mieux (ou le moins mal). Pour
ce qui est du confort visuel, ni l'un ni l'autre n'est satisfaisant :
les lentilles finissent toujours par capter une poussière ou une
impureté ou par accumuler de la graisse dans le coin de l'œil et
je vois alors flou, et les lunettes se salissent, tombent sur mon nez,
et réduisent mon champ visuel.
Mon ordonnance :
Œil droit :
Marque :
Baush&Lomb
Modèle :
Soflens 66 Toric
Diamètre :
14.50
Rayon :
8.50
Puissance :
(150°-0.75)-7.50
Œil gauche :
Marque :
Baush&Lomb
Modèle :
Soflens 66 Toric
Diamètre :
14.50
Rayon :
8.50
Puissance :
(10°-1.25)-3.50
Ouille ! 8.25 dioptries sur un axe à l'œil droit, ça fait
mal, quand même !
Les batteries de mon mobile sont vraiment foutues maintenant.
J'avais déjà parlé ici d'en racheter
un, mais évidemment je n'ai rien fait. Maintenant je ne peux pas
parler trois secondes sans que le mobile me coupe pour s'éteindre
parce que les batteries sont, pense-t-il, vides. Bon. Je vais
certainement encore prendre trois mois pour me décider, et puis je
vais en acheter un autre. Je crois que je ne ferai pas d'effort
particulier pour conserver mon numéro, en fait : j'enregistrerai juste
un message sur le répondeur de l'ancien (qui restera en fonctions
quelque chose comme six mois) pour indiquer le nouveau numéro. En
attendant, vous ne pouvez pas me joindre utilement au 0699730449, mais
vous pouvez encore m'y laisser un message vocal ou un
SMS.
Il faut que je me fasse couper les cheveux. Peut-être même
aujourd'hui, si j'arrive à me motiver à sortir à temps. Le problème
est toujours le même : mes cheveux
sont incroyablement fins et souples, donc on ne peut rien en faire
d'utile : longs, ils partent comme ils veulent (aucun gel, aucun
spray, aucune cire, ne réussissent à les fixer convenablement), et,
courts, ils donnent l'impression d'être très rares parce qu'ils sont
si presque transparents. La coupe
précédente n'avait vraiment pas donné de bons résultats au-delà du
premier jour, en fait. Je pense que je vais opter pour quelque chose
d'assez conservateur (racourcir un peu devant, et pas mal sur les
côtés et derrière).
Il me faut des photos d'identité (inscriptions, tout ça tout ça).
Si possible après l'étape « coiffeur » (encore que faire avant +
après, ça pourrait être rigolo). J'aimerais en profiter pour en avoir
une copie numérique (scanner une photo d'identité, bof, ça donne des
résultats désastreux pour ce qui est de la balance des couleurs ; et
les photos prises par moi-même par mon appareil, c'est pas terrible).
Est-ce que si je me pointe chez un photographe avec une clé
USB et que je demande à avoir des photos d'identité
tirées plus une copie numérique sur la clé, je vais passer pour un
extra-terrestre ? Comme tout est fait en numérique de nos jours, et
comme ils ont des lecteurs de clés pour pouvoir développer les photos
des gens qui ont des appareils numériques, en principe ça ne
devrait poser aucun problème ; mais comme on le sait bien avec la
technologie, entre le « principe » et la « pratique » il n'y a aucune
différence… en principe !
Programme des jours à venir : demain vendredi, et samedi matin, il
y a le séminaire
Variétés rationnelles à l'ENS, où il
m'arrive même parfois de comprendre quelque chose à ce qui se dit
(voire d'y parler moi-même : c'est dire s'il est bien, ce séminaire).
Samedi soir je dîne dans un restaurant indien avec tout un tas de
copains de l'ENS. Samedi et/ou dimanche j'irai peut-être
faire un tour au salon Rainbow
attitude pour voir de quoi que ça parle. D'ici mardi je
dois avoir corrigé un tas de copies d'interros écrites (ça ça va très
vite) et un autre tas de devoirs maison (ça c'est plus pénible, mais
tous ne le rendent pas) de mes DEUGs, dont le
partiel a lieu la semaine suivante (et ça me fera un nouveau tas de
copies à corriger). Mercredi soir j'ai peut-être un autre dîner, à
confirmer (avec des geeks que je ne connais, pour l'essentiel, pas,
mais ça peut être l'occasion de faire de nouvelles connaissances).
Il faut encore que je règle plein de tracarasseries administratives
du côté de la fac. Ne serait-ce que pour être payé un jour, ça peut
être utile. Pour me réinscrire en thèse, aussi (et avoir une carte
d'étudiant). Pour pouvoir manger au restaurant du personnel. Pour
obtenir une carte d'identité professionnelle. Et il faut aussi que je
prenne possession d'un bout de bureau qu'on m'a, semble-t-il, attribué
quelque part dans le bâtiment de maths. Ah oui, et je dois me faire
réouvrir un compte informatique sur les machines de la fac (j'en ai
un, mais il a été désactivé pour cause d'inutilisation, pfff…).
Un secrétariat auquel j'ai affaire est ouvert du mardi au vendredi de
8h30 à 11h30, un autre est ouvert du lundi au jeudi de 14h à 16h :
c'est vraiment génial, surtout quand on doit passer toutes sortes de
papiers de l'un à l'autre. L'administration, c'est un ramassis de
secrétariat qui ne communiquent jamais les uns avec les autres et
c'est aux usagers de faire tout le boulot de courrier entre eux (et je
ne parle pas des mystérieuses personnes qui servent à signer des
dossiers et apparemment uniquement à ça).
Quoi d'autre ? Ah oui : me lever avant 9h. J'ai une bonne raison
pour ça : mes voisins adorés
(toujours les mêmes) font des travaux chez eux (en gros ils abattent
un mur ; je n'ai toujours pas compris comment ils ont réussi à
persuader l'assemblée des copropriétaires de leur vendre une partie
commune pour un euro symbolique !), et ça fait
boum-boum-brzxxx-plink-bam-bam à partir de 9h du matin.
Et entre tout ça je dois trouver aussi le temps de me racheter un
nouveau clavier (trouver un qwerty-US correct en France,
ce n'est pas facile !) qui n'ait pas une touche enter-lock comme le
mien a décidé d'avoir.
[Traduction française ci-dessous.] My computer
rebooted for an unexplained reason (presumably a power outage) at
2003-10-16T12:21Z (that's 14:21 Paris time, and I was, uh, still
sleeping). For another reason, just as unexplained (except to say
that Red Hat sucks), the PostgreSQL server
that drives this 'blog's comment system database did not restart
properly (apparently the init scripts had “forgotten” to
remove a lock file!). So until I restarted it by hand at
2003-10-16T13:31Z, comments where unavailable on this 'blog. I
apologize for the inconvenience.
[French
translation of the above.] Mon ordinateur a rebooté pour une
raison inexpliquée (probablement une coupure de courant) à
2003-10-16T12:21Z (ça fait 14h21 heure de Paris, et j'étais, euh,
toujours en train de dormir). Pour une autre raison, tout aussi
inexpliquée (à part dire que Red Hat est nulle), le serveur PostgreSQL qui gère
la base de données du système de commentaires de ce 'blog n'a pas
redémarré correctement (apparemment les scripts d'init avaient
« oublié » de retirer un fichier de lock !). Donc jusqu'à ce que je
le redémarre à la main à 2003-10-16T13:31Z, les commentaires étaient
inaccessibles sur ce 'blog. Je vous présente mes excuses pour la gêne
occasionnée.
Aujourd'hui j'ai calculé deux éclatements. Si j'arrive maintenant
à prouver que le rang d'une certaine matrice 33×16 vaut au moins 9,
j'aurai effectué une désingularisation explicite par ces
éclatements.
Hum… J'ai voulu une thèse de géométrie algébrique (presque)
sans cohomologie, c'est ce que j'aurai eu. Mais évidemment, en
contrepartie, il faut se battre avec des polynômes tout à fait
explicites.
Tiens, il faudra que je raconte dans ce 'blog comment on peut
calculer la dérivée de 2 par rapport à 5 (ou autres bizarreries de ce
style). C'est le genre de choses qui constitue un des éléments de mes
calculs actuels (la 16e colonne de la matrice, pour être précis, ce
sont les « dérivées partielles » de certains polynômes par rapport à
un nombre premier fixé…).
À part ça, j'ai resoumis un article pour le Journal of Algebra (qui avait été accepté sous
réserve de modifications, j'ai traîné de longs mois pour faire ces
modifications). Et je vais donner un séminaire sur l'approximation
faible aux places de bonne réduction pour les surfaces cubiques sur
les corps de fonctions de courbes : dans un mois au séminaire
Variétés rationnelles de l'ENS, et en
décembre sur invitation à Rennes.
[Grrr… La touche « entrée » de mon clavier se bloque !
C'est insupportable !]
Je n'ai pas d'angoisse au moment de faire mes TD, je
suis même tout à fait à l'aise. Mais, curieusement, en-dehors de ces
heures, je suis très timide face à mes étudiants si par hasard je les
rencontre, j'ose à peine leur adresser la parole. Je ne me l'explique
pas vraiment. Peut-être que j'ai peur de ne pas être à ma place ?
Peut-être que je crains qu'on croie que je les drague, traumatisé que
je suis par tous les gens qui m'ont averti là-dessus ? Pas clair. Ce
midi, je déjeunais au resto U de la fac (parce que je devais rester
pour voir mon directeur de thèse), et je suis passé par hasard au self
juste après deux garçons de mon groupe. J'ai hésité à m'asseoir avec
eux, et finalement je n'ai pas osé, je me suis mis seul à une autre
table. Bon, j'aurais pu demander poliment si je pouvais me joindre à
eux, mais ils n'auraient sans doute pas dit non même si ça les
saoulait. Je ne supporte pas l'idée de m'imposer, ou
d'embarrasser.
Mon père semble croire que tout problème informatique est forcément
de ma faute : même si je n'en suis pas directement responsable (comme
je lui ai signalé en soulignant que le trafic qui passe entre ses deux
PC sur un éthernet switché n'est même pas vu par le
routeur que j'administre), j'aurais dû « répondre à ses questions »
(qu'il n'a pas cru bon de me poser, donc j'imagine que j'aurais aussi
dû les deviner !).
Rancunier et obstiné comme il est, je suppose que maintenant il ne
va pas me parler pendant six mois.
Je veux répondre à quelques commentaires qui ont été faits sur une entrée précédente de ce 'blog, et je
vais le faire dans une nouvelle entrée plutôt que dans le système de
commentaires, parce que je crois que ça a de l'importance (plus
générale que l'entrée initiale).
Un anonyme a écrit :
Dans la vie, il y a quand même des choses plus intéressantes et
variées que le sexe: les maths par exemple. Si tu n'arrives pas à
trouver un partenaire pour une nuit, c'est probablement parce que ça
ne te correspond pas, et ça ne sert à rien d'essayer d'imiter les
autres. Mon conseil: ne pense plus au sexe, profite de la vie,
implique-toi dans des activité ayant un sens, et tu finiras bien par
rencontrer quelqu'un qui te ressemble.
C'est bizarre, comme réflexion, de se dire que les maths sont plus
intéressantes que le sexe. (J'imagine que plus de 99% de la
population française serait d'un avis différent, mais ce n'est pas mon
point.) Est-ce que Bach est plus intéressant que le chocolat ?
Est-ce que la chapelle Sixtine est plus intéressante que le volley ?
Est-ce que la galaxie d'Andromède est plus intéressante que l'eau
fraîche ? Hum… Ça veut dire quoi, au fait, « intéressant » ?
(À la limite, avec « important » je comprendrais mieux ; et en fait
non, même pas.)
Je souligne donc (et je fais un clin d'œil à Ska au passage) : ce n'est
pas un choix. J'ose espérer que personne ne sera jamais
placé devant ce choix complètement absurde : les maths ou le
sexe — décidez-vous ! On pourrait en imaginer d'autres,
d'ailleurs : qu'est-ce qui est le plus important, manger ou
pisser ? ; à ceci près que manger et pisser sont des activités de
survie, alors qu'on peut très bien survivre sans maths et sans sexe :
mais dire à quelqu'un qui a faim, tiens, tu peux pisser si tu
veux, ce n'est pas forcément très utile.
C'est probablement parce que ça ne me correspond pas ? Hum, je
n'ai pas le souvenir d'avoir fait vœu de chasteté, moi (ni
vœu de mathématicité, d'ailleurs).
Je ne veux pas faire au commentateur ci-dessus (fût-il anonyme) un
procès d'opinion, mais il semble y avoir encore des gens qui croient
que l'activité sexuelle est dans une certaine mesure un dérèglement
qui doit être contenu, une survivance de bestialité à contrôler pour
accéder à un Zustand supérieur. Bullshit! (Soit dit en passant, le Dalaï-Lama, qui
semble faire un carton en termes de popularité, j'ai lu des citations
de lui où il racontait ce genre de bêtises.) Toute activité humaine
n'est nuisible que dans la mesure où elle nuit à l'équilibre physique,
mental ou émotionnel (et désolé pour la porte ouverte que je viens de
démolir) : il y a assurément des gens pour qui c'est le cas du sexe,
pratiqué avec excès, comme il y a des gens pour qui c'est le cas de
manger, dormir, ou, d'ailleurs, de faire des maths, tous pratiqués
avec excès. Aucune activité n'a de « sens » que ce que nous voulons
bien lui en donner.
Mais je suis plongé dans un doute affreux : est-ce que je donnerais
par hasard l'impression d'être un être fait de maths et d'eau fraîche,
un pur esprit ou quelque chose comme ça ? Ça me semble totalement
absurde de le penser, mais on dirait que certains ont un peu cette
idée, et pourtant, les lecteurs de ce 'blog doivent savoir que j'y
parle plus rarement de maths que de sexe ! (D'accord, c'est aussi
parce que c'est plus difficile de parler de maths et de se
faire comprendre de tout le monde.)
Alors oui, je crois que je serais assurément capable de vivre sans
activité sexuelle. Mais ce n'est pas une raison pour le
faire : si on est diabétique, ou si on est au régime, on se prive
de gâteaux au chocolat, et on en vit très bien. Mais ce n'est pas
parce qu'il y a des diabétiques et des gens au régime que les gens qui
n'ont pas les moyens de s'acheter un gâteau au chocolat doivent
s'entendre dire « on peut vivre sans gâteaux au chocolat : pensez aux
diabétiques ! » ni que c'est normal pour eux de faire sans.
C'est pas parce qu'on est intello qu'on a forcément besoin de
sexe. Quand j'ai perdu tous mes amis, les uns après les autres,
j'ai pas eu de rapports sexuels pendant trois ans. Ce n'était pas le
sexe (ou le cul) qui me manquait, mes les rapports personnel intimes.
Ruxor "avoue" lui même ne pas en avoir un besoin énorme. Certes, j'ai un léger sentiment de projection de mon propre cas sur
celui de Ruxor (similitude des parcours oblige), et je ne veux pas me
mettre à sa place, mais bon, il me parraît clair que Ruxor a d'abord
besoin d'un cercle d'amis plus que d'un cerle d'amants potentiels. Ruxor : me trompè-je ?
Je ne peux pas me plaindre du manque d'amis. Je crois même pouvoir
dire que j'en ai beaucoup (je ne dirai pas « assez », parce qu'on n'a
jamais « assez » d'amis, et je cherche toujours et sans cesse à
rencontrer de nouvelles personnes, mais relativement à des gens que je
connais, oui, j'en ai beaucoup), et d'assez variés, y compris des gens
qui me sont très chers et très proches, des gens vraiment
exceptionnels par leurs qualités humaines et intellectuelles (et dont
je suis très fier de pouvoir me dire leur ami). Maintenant, je trouve
en effet que mes amitiés manquent parfois un peu de tendresse et
d'intimité : c'est sans doute en partie ma faute (parce que donne
peut-être l'impression d'être froid et distant), et c'est un problème
beaucoup plus complexe et plus profond que celui de la frustration
sexuelle dont je parlais. Mais ce sont des problèmes bien
différents qui ne vont ni dans le même sens ni en sens contraire.
Ce qui ne veut pas dire non plus qu'on ne peut pas aller dans les deux
sens à la fois : quelqu'un qui peut être et un partenaire
sexuel et un ami et un partenaire de câlins, c'est
encore mieux. (Rhâ, ma hache +5 a eu raison d'une porte ouverte de
plus !)
Maintenant, je veux aussi rassurer ceux qui s'inquiéteraient : non,
je ne crois pas que je sois sur le point de craquer, émotionnellement,
même si j'ai (comme tout le monde) des hauts et des bas. Finalement,
ce qui m'énerve, c'est plus le total ridicule de ma situation et mon
incapacité à comprendre ce qui cloche, que la situation en
elle-même. Or le ridicule et l'ignorance ne tuent pas, sinon je
serais enterré depuis longtemps.
Comment ai-je pu être assez aveugle, en lisant Le
Nom de la rose, pour ne pas percuter sur le fait qu'on y trouve
un dénommé « Jorge de Burgos » à la tête d'une bibliothèque
en forme de labyrinthe ? Il est vrai que je n'étais pas,
quand j'ai lu ce roman, le fan de Borges que je suis maintenant (mais
je ne pouvais pas ne pas avoir entendu parler de La Bibliothèque
de Babel), et en tout cas la mémoire aurait dû me revenir quand
j'ai plus tard lu la nouvelle.
J'ai une admiration sans bornes pour Umberto Eco, pour son
érudition extraordinaire, pour son intelligence vivace, pour son
humour percutant. Peut-être plus pour l'Umberto Eco critique
littéraire et professeur de sémiotique que pour l'Umberto Eco
écrivain, d'ailleurs ; pourtant, en général, je suis très dubitatif
devant la critique littéraire et, plus encore, la sémiotique : j'ai
tendance à trouver qu'il s'agit de l'art de faire des rapprochements
douteux entre tout et n'importe quoi, des analogies d'idées
complètement délirantes, et de prétendre s'en servir pour déceler des
intentions cachées, mais quand c'est Eco qui trouve les analogies et
les correspondances, je m'incline, parce qu'il est tellement
merveilleusement évident qu'il a raison de les faire, que
leur vérité s'impose à l'esprit. C'est quelque chose de si agréable,
et que je n'ai que trop rarement connu, qu'on me fasse remarquer dans
un texte une référence, un clin d'œil, une inspiration, une
astuce, à côté desquels j'étais passés sans rien voir, et qui, à la
réflexion, sont absolument évidents. Ainsi, quand, dans
Si par une nuit d'hiver un voyageur (dont j'ai déjà parlé ici), j'ai relu la liste des
« titres » des sujets, j'ai eu cette surprise amusante qui est
dévoilée à la fin du livre. (Bien sûr, c'est encore plus amusant de
reconnaître soi-même le clin d'œil.)
Bref. Quand j'ai vu ce livre d'Umberto Eco intitulé De la
littérature (titre original Sulla
letteratura ; traduction française aux éditions Grasset), je me
suis jeté dessus, et j'ai été très heureusement surpris d'y découvrir
un petit texte écrit par Eco (qui pourtant évite de mélanger ses
activités d'écrivain et de critique) sur sa propre influence par
Borges (en fait, il s'agit du compte-rendu remanié d'une intervention
dans le cadre d'un congrès, comme tous les autres textes de cet
ouvrage). Par exemple, je crois que je n'aurais jamais fait, seul, le
parallèle entre Le Pendule de Foucault et Tlön,
Uqbar, Orbis Tertius, qui, pourtant, est si clair.
Mais, comme il le dit lui-même non sans humour, tout le monde ne
peut pas être aussi intelligent que lui : heureusement, sans quoi tout
le monde enseignerait la sémiotique à l'Université de Bologne !
Je n'ai pas spécialement plus de raison d'être sexuellement frustré
aujourd'hui qu'avant-hier, il y a trois semaines, ou il y a trois mois
(après tout, la dernière fois que j'ai consommé remonte à — euh,
je préfère ne pas essayer de retrouver la date, ce serait vraiment
trop déprimant), mais, je ne sais pas pourquoi, aujourd'hui
spécialement j'en suis particulièrement conscient.
C'est idiot, parce que je n'ai pas un besoin physique de
sexe à ce point : si j'avais une bonne raison de croire que je devais
m'en passer (si quelqu'un me disait clairement, tu n'y arriveras
jamais parce que <telle raison précise>) je suis assez
certain que j'arriverais très bien à contrôler le manque. Mais le
besoin est créé par l'impression absolument obsédante de facilité :
coucher (pour une nuit, je veux dire), dans le milieu homo, est
censé être aussi facile que trouver des chouettes à Athènes
(zut, j'ai déjà utilisé cette image).
Du moins tant qu'on n'est pas « vieux » (avec une notion
outrageusement jeuniste du mot « vieux », certes, mais malgré mon âge
canonique je ne tombe pas encore dedans) ou « moche » (ça
simplifierait mon enquête si on me disait que c'était mon cas, mais il
paraît que non, ce serait de la mauvaise foi de ma part de mettre mes
difficultés sur ce compte-là). On entend des gens se plaindre qu'ils
n'ont pas réussi à trouver un « plan cul » tel ou tel jour, comme si
c'était vraiment l'exception à peine croyable (bien sûr, ils ne se
donneraient pas la peine de dire comment ils font les jours où ça
marche, parce que c'est tellement évident que ça ne le mérite pas),
alors ce n'est pas vraiment plausible que je n'arrive pas à
en trouver un en <…> mois sans être Quasimodo. J'ai même
entendu quelqu'un se plaindre en longueur que c'était
vraiment trop facile à tel point que ça en ôtait tout
plaisir, ou tout intérêt, je ne sais pas, je n'ai pas trop écouté pour
pouvoir retenir mon calme. (Je ne parle pas de la difficulté de se
trouver un copain vaguement stable, voire le prince charmant de sa vie
— là tout le monde s'accorde sur le fait que c'est difficile.)
Alors je ne sais pas si je suis un cas unique au monde, ou s'il y en a
d'autres comme moi qui sont désespérément silencieux. Je crois au
moins avoir réussi un exploit absolument unique et sans précédent en
ayant passé presque deux ans au MAG (et j'y allais
très régulièrement — quasiment chaque semaine) et en étant
encore puceau à l'arrivée : c'est un peu comme réussir à parcourir la
rue de Rivoli d'un bout à l'autre un samedi soir sans rencontrer une
seule voiture. OK, je n'ai pas encore essayé DialH (ni le dépot, for
that matter) : on verra quand j'en aurai marre de traîner dans
des bars en espérant que quelqu'un me retourne un regard, mais je me
sens encore capable de réaliser des exploits inouïs devant lesquels la
rue de Rivoli serait un jeu d'enfant (le périph' à pied sans voir
l'ombre d'un véhicule, peut-être ?).
Ce n'est pas mon propos : ce que je voulais dire, c'est qu'être
frustré comme ça ce n'est pas bon déjà parce que ça emmerde les
lecteurs de mon 'blog à qui je raconte toutes sortes de conneries sans
intérêt, et aussi parce que ça a une influence néfaste sur mon
caractère, ça me rend impatient, aigre, cassant, voire carrément
haineux et jaloux (disons que je sens ça remuer quelque part au
tréfonds de mes entrailles et ce n'est pas plaisant). Et, bien
entendu, ça menace mon sentiment de bonheur. Je ne sais pas à quel
point je suis mentalement robuste ou fragile : j'imagine que si ma
résistance cède, ce sera assez soudain (au jeu du corps à corps,
l'esprit est bien plus fort).
Le piège, c'est que c'est précisément dans les endroits et dans les
circonstances où j'ai des chances de trouver de quoi résoudre cette
frustration (en la satisfaisant) que je trouve aussi de quoi
l'alimenter. C'est le piège de l'espoir du fond de la boîte de
Pandore : conservez l'espoir et il vous fait souffrir, abandonnez-le
et vous ne pouvez plus agir.
L'Église de Jésus-Christ des saints du dernier jour a installé un
lieu de prosélytisme rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie. (Ce n'est
peut-être pas nouveau : ça fait longtemps que je me demande ce que
c'est que cette « exposition » ouverte ; mais là c'est clair : c'est
écrit en toutes lettres.) Ils espèrent que les homos seront
particulièrement réceptifs à leur message ?
J'ai vu quelqu'un dans le métro [fantasme de David #299792458 : le
look punk] avec un rat dans le cou. Mignon comme tout (je parle du
rat, là, même si je pourrais aussi bien parler de son propriétaire).
Normalement je préfère les chats (tiens, mes voisins ont un chaton,
visiblement, qui est venu ce soir miauler à ma porte-fenêtre). Mais
là, ce rat était vraiment attendrissant. Pas vraiment au goût de tous
les passagers du métro, cependant.
J'avais déjà écrit une entrée à ce
sujet il y a quatre mois (comme le temps passe vite !), mais c'est
un problème qui se pose toujours à moi (et vraisemblablement n'est pas
près de cesser) : comment rencontrer des gens ? Ce n'est pas que les
personnes que je connais me lassent, ou qu'elles ne m'intéressent pas,
ou quoi que ce soit du genre. Simplement, je prends en général un
grand plaisir à rencontrer de nouvelles têtes. Évidemment, parfois
une brève rencontre me suffira, parfois je voudrai lier des rapports
plus proches avec la personne (et malheureusement ce n'est pas
toujours facile, même quand on a fait connaissance, mais c'est un
autre problème, ça, concentrons-nous sur celui de rencontrer). Ça
peut être pour plein de raisons, aussi, parce qu'il existe toutes
sortes d'affinités différentes qu'on peut se trouver avec quelqu'un
(intellectuelles ou affectives, notamment). Bref.
Au début, je ne concevais pas le 'blog comme un moyen possible de
faire des rencontres (j'ai déjà
analysé les raisons qui me poussent à l'écrire). Peut-être que
cela peut en être un : parmi les 'blogs que je lis (voir mes bookmarks à ce sujet), il y en a qui
ont signalé cette possibilité. Mais peut-être pas : j'imagine que pas
mal de lecteurs me lisent parce que c'est distrayant, ça fait passer
le temps, sans avoir la moindre envie de rencontrer la personne qui se cache derrière ces
lignes — et c'est quelque chose que je comprends tout à fait
(pour plein de raisons différentes, même, notamment celle de ne pas
vouloir mélanger le réel et le « cyber »). Je me suis aussi déjà pris
plusieurs râteaux (si j'ose utiliser ce terme) après avoir écrit à
d'autres 'bloggeurs pour leur demander à les voir. Il y a bêtement la
timidité qui joue, aussi. Donc, peut-être que 'blogguer est une façon
de rencontrer des gens, je ne sais pas : ce n'est pas pour ça que je
le fais, et ça n'a rien donné pour moi, mais ce serait agréable si
c'était le cas.
Quoi qu'il en soit, je peux proposer une autre idée : un système
pyramidal, organisé de façon systématique, si possible. Un système
pyramidal, lorsqu'il s'agit d'argent, c'est une escroquerie, mais
comme l'amitié est quelque chose qui peut se créer (contrairement à
l'argent), il est possible que ça marche mieux. Ce serait la chose
suivante :
L'initiateur du système (disons, moi, ou toute personne qui veut
l'essayer) invite un jour six amis autour d'une table au restaurant
(chacun paie pour lui-même, sauf arrangement contraire, vu que le but
n'est pas de faire un schéma pyramidal sur la nourriture ; en
revanche, c'est bien si celui qui invite peut recevoir chez lui pour
proposer l'apéritif). Ces six amis sont à choisir de sorte qu'ils se
connaissent aussi peu que possible entre eux avant la rencontre
(éviter à tout prix les groupes de gens qui se connaissent déjà bien),
et le but, justement, est pour eux de faire connaissance autour du
dîner. Du coup, puiser dans autant de sources d'amis diverses que
possible : boulot, loisirs, études, amis d'enfance, etc. Il faut
naturellement tenter d'avoir une certaine compatibilité d'humeur
— ceci dit, on peut aussi oser des combinaisons hasardeuses, car
les gens nous surprennent parfois par leur capacité à s'entendre
contre toute attente. Il ne faut pas hésiter à aller chercher du côté
des gens qu'on ne connaît pas le mieux, ou qu'on ne voit que rarement,
pour tenter l'expérience : ce sera justement l'occasion de se revoir,
et ça peut donner de meilleurs mélanges.
Une fois le repas terminé, celui qui invitait expose le principe
aux six autres, et leur demande la chose suivante : de trouver à leur
tour (d'ici deux mois, disons) chacun six amis, dont lui-même (celui
qui les a invités, je veux dire), et de les rassembler pour faire de
même — un nouveau repas, après lequel il sera demandé, etc.
C'est en cela que c'est un schéma pyramidal : tant que le système se
propage, chacun invite une fois et est invité six fois (rencontrant
donc, en principe, trente nouvelles personnes). Évidemment, ça ne
marchera pas comme ça, parce que c'est uniquement un idéal à
atteindre : beaucoup de gens ne voudront pas jouer le jeu, ou
n'arriveront pas à trouver six amis qui ne se connaissent pas, ou à
les rassembler le même soir, que sais-je encore. Il n'y a pas
d'engagement, pas de menace (du style « si vous interrompez la chaîne,
de terribles malheurs s'abattront sur vous ! »). Peut-être plein de
gens ne comprendront-ils ni l'intérêt ni le fonctionnement de la
chose, mais peut-être cela peut-il quand même donner des rencontres
intéressantes.
Comment cela semble-t-il ? Il faudrait vraiment essayer de lancer
la machine. J'ai déjà organisé, comme ça (il y a un an), un repas
avec cinq amis qui se connaissaient pas ou peu entre eux, la
« mayonnaise » a bien pris, et ce fut une des plus agréables soirées
que j'aie eues : c'est pour ça que j'aurais envie de recommencer.
En quelque sorte, faire un Friendster dans la vie
réelle.
Je viens de voir 英雄 (Hero
/ Héros). Je serai bref : si les
images sont souvent d'une beauté et d'une poésie époustouflantes (j'ai
surtout apprécié la bataille de Neige et Lune, entre les arbres, mais
aussi la scène sur l'eau), en revanche le scénario n'est — euh
— pas terrible. Et la morale, comme beaucoup l'ont fait
remarquer, est hautement douteuse. Quant aux combats, fabuleusement
bien chorégraphiés, que ce soit dans Matrix ou ici, je
commence à en avoir un peu assez, en fait. La comparaison avec 臥虎藏龍 (Crouching Tiger, Hidden Dragon / Tigre et Dragon) est assez inévitable : je
crois que j'ai préféré ce dernier, peut-être parce qu'il se prenait
moins au sérieux, peut-être parce qu'il était plus compatible avec ma
mentalité d'occidental, peut-être parce qu'il ne forçait pas trop sur
l'onirisme au point d'en devenir un peu lourd…
Sinon, Héros donne envie d'apprendre le chinois. On y
apprend que « épée » se dit « 劔 », sauf qu'on voit une écriture
un peu archaïque de ce caractère. Enfin bon, je doute que j'aie
jamais le courage de me mettre vraiment au chinois : je me contente de
barboter avec Unicode.
Depuis avant-hier, j'ai un muscle dans la main gauche (celui qui
commande le mouvement latéral de l'index vers la droite) qui se
contracte de temps en temps de façon incontrôlée. Mauvaise
alimentation ? Manque — ou excès — de sommeil ?
Utilisation excessive du clavier ? Tumeur au cerveau ? Prémisses de
la maladie de Parkinson ? Activité sexuelle insuffisante ? Vie trop
trépidante ? Pulsions refoulées ? C'est grave, docteur ?
J'ai déjà eu des spasmes semblables (notamment au coin de l'oeil
droit), c'était assez pénible, mais ça part en général en quelques
semaines. Nous verrons.
J'ai regardé Le
Déclin de l'empire américain, que j'avais enregistré jeudi
soir sur Arte, et dont j'étais
allé voirla suite à sa sortie il y
a deux semaines. C'est assez dans le même genre, que je pourrais
qualifier de simultanément « nihiliste et humaniste » (ou n'importe
quoi en -iste, comme les « protagonistes » le font remarquer dans
Les Invasions barbares), mais encore plus fort (années
'80 oblige). Énormément de « bons mots », de conversations
brillantes, qui rappellent un peu les aphorismes d'Oscar Wilde : peu
importe que ce soit vrai, du moment que c'est bien dit. J'imagine que
ça peut être horriblement irritant pour certains, mais, pour ma part,
j'aime beaucoup (sans excès, cependant : dans la vraie vie, quand je
rencontre des gens dont la conversation est entièrement de ce type, ça
me lasse assez vite).
Finalement je ne suis pas resté à la soirée Superficial dont je me demandais si j'irais. Beaucoup trop de
monde dans un espace trop exigu et enfumé. Tant pis.
Il y a essentiellement deux sortes d'assemblées générales
d'associations loi
de 1901 : celles où tous les votes se font à l'unanimité et on s'y
emmerde parce qu'il ne se passe rigoureusement rien sinon une
approbation massive du bilan des sortants et des projets des
impétrants, et celles où on voit des querelles ou des rivalités ou
même des haines entre personnes émerger au grand jour et on s'y
emmerde parce que ces disputes ne mènent à rien. Bref, c'est rarement
intéressant : ce qui sauve cependant ces réunions, c'est plutôt qu'on
y retrouve des gens qu'on ne voit pas souvent. OK, je
suis assez cynique, et désabusé de la démocratie interne (que je n'ai
jamais vue s'exercer de façon digne, de façon qui donne foi en elle,
et pourtant j'ai été membre d'un nombre invraisemblable
d'associations, et j'ai assisté à une pléthore d'assemblées
générales). L'assemblée générale de >Dégel! a commencé de la
première façon et a terminé de la seconde, à partir du moment où les
candidats se sont présentés et que la présidente sortante s'est livrée
à une sorte de cross-examination sévère de l'un
d'eux.
C'est étonnant cette capacité qu'on les gens à se disputer entre
eux pour des raisons finalement assez futiles. À l'ENS
je fais partie d'un groupe de bénévoles, désignés par cooptation, qui
secondent l'administrateur système de l'École dans l'installation de
logiciels pour les machines destinées aux élèves : nous nous
connaissons, et nous estimons, tous très bien, et pourtant nous ne
cessons de nous engueuler à tout propos sur des questions techniques
absolument dénuées d'importance. Il doit y avoir une nature
intrinsèquement belliqueuse à l'esprit humain.
Et, finalement, l'honneur et le courage, parfois, cela consiste non
à camper obstinément sur ses positions, mais à transiger avec
quelqu'un avec qui on n'est pas d'accord, à accepter de travailler
quand même avec lui, à supporter ces inévitables bagarres sur des
questions idiotes, et à ne pas claquer la porte. Du coup, je trouve
vraiment dommage que, quand le candidat « mis en examen » n'a pas été
élu au Conseil d'administration, deux administrateurs qui lui étaient
sympathiques ont immédiatement présenté leur démission, dix minutes
après avoir été élus. (Mais je comprends aussi leur position, parce
que ce n'est pas facile de tenir tête.)
Enfin, une leçon que je tire de mon expérience de la vie
associative, c'est que les associations, finalement, survivent à
beaucoup plus que ce à quoi on s'attendrait. Je ne me fais donc pas
trop de soucis pour celle-là. (Et certains lecteurs de ce 'blog de me
faire remarquer que, de toute manière, je devrais arrêter de la
fréquenter.)
Je reviens d'une soirée organisée (à l'École) par Homonormalité.
Très réussie, je dois l'admettre : plein de beaux garçons (et aussi de
jolies filles, sans doute, mais ça me frappe moins que les beaux
garçons, curieusement), beaucoup de monde de façon générale
(curieusement, les soirées d'Homonormalité rassemblent
vraiment beaucoup plus de monde que n'importe quel autre genre de
soirée à l'ENS — et ensuite on s'étonne que les
clichés genre « les homos savent faire la fête » aient la vie
dure ), et une musique qui, cette fois, ne perforait
pas les tympans à cent mètres à la ronde. Thème : « rouge et noir »
(je n'ai toujours pas compris ce qu'il faut comprendre derrière ça, ni
pourquoi Homonormalité fait si régulièrement des soirées
appelées comme ça, mais peu importe) — et plein de gens
s'étaient habillés de manière appropriée (pour ma part, je suis
toujours en noir de toute façon).
Mais je me demande bien si c'est une bonne idée pour moi d'aller à
ce genre de soirées : ça a surtout tendance à souligner mes
frustrations. D'abord, je ne connais plus grand-monde, dans cette
École (j'y suis rentré en '96, je rentre donc en « huitième année »
d'une scolarité qui en compte quatre), je m'y sens de moins en moins à
ma place. Et voir tous ces jeunes beaux gars se tortiller en rythme,
ça m'apporte quoi ? Le sentiment d'être vieux et moche (en tout cas,
comme d'habitude, personne ne me gratifie d'un regard), inhibé
(incapable de trouver un prétexte pour ne serait-ce que faire
connaissance) et surtout infiniment frustré. Bref, une incitation à
être malheureux, dont je n'ai aucun besoin. À ce
titre-là, j'aurais mieux fait de rester chez moi (sans compter que ça
me fait me coucher tard, donc c'est raté pour me lever de bonne heure, et hop ! me voilà
remis sur la mauvaise pente du sommeil incontrôlé). Seulement, ce
n'est pas en restant chez moi que je vais faire des rencontres.
Demain, il y a une autre soirée (beaucoup
plus spécifiquement homo, celle-ci) inscrite sur l'agenda. Je fais
quoi : j'y vais ou je jette l'éponge ?
Soit un problème de logique de base. Comment expliquer à des
étudiants de première année de DEUG le fait suivant
(en gros) : un réel positif est nul si et seulement si il
est inférieur à toute quantité strictement positive (cela étant
écrit avec des quantificateurs) ? Ils arrivent bien à comprendre que
si a est nul alors, pour tout h strictement
positif, a est inférieur à h ; mais la
réciproque pose nettement plus de problèmes, parce qu'ils veulent
systématiquement, dans leur tête, déplacer le quantificateur
universel : au lieu de comprendre que si a (positif) est
inférieur à toute quantité h strictement positive, alors
a est nul (ce qui est vrai), ils lisent que pour
tout h strictement positif, si a (positif) est
inférieur à h, alors a est nul (ce qui est
manifestement faux) — et ils sont combatifs ! ils sortent des
contre-exemples (mais si a vaut 2 et h vaut
3 ?). Moi je vois bien la différence, la subtilité logique,
l'erreur dans laquelle ils tombent, mais arrivé-je à l'expliquer ? Je
peux prendre la contraposée, ça les convainc intellectuellement, mais
pas intuitivement ; je peux souligner la place du quantificateur et le
parenthésage, ça ne leur parle pas ; je peux réécrire l'implication
par des transformations logiques, ça les perd ; et ainsi de suite.
Mais je crois que j'ai fini par y arriver. Peut-être pas avec tous
les étudiants, malheureusement, mais au moins avec certains. L'un
d'eux (S.) me propose un « contre-exemple » à l'implication demandée :
je l'écris au tableau en regard de l'affirmation, et je lui fais voir
que son contre-exemple ne vérifie pas la prémisse de l'implication,
parce qu'on n'a pas a inférieur à hpour
tout h (on a certes a inférieur à 10,
inférieur à 5, mais pas inférieur à un dixième, un centième, un
millième et un millionième : et s'il doit être inférieur à tout ça à
la fois, c'est bien qu'il est nul). Et là j'ai vu un sourire éclairer
son visage (et c'est à peine une métaphore : c'était vraiment
radieux). Je ne suis pas sûr qu'il ait parfaitement compris, mais je
suis sûr que ce sourire était beau à voir — et faire sourire un
DEUG en lui parlant de maths, croyez-moi, ce n'est
pas facile. Et rien que pour ce sourire, ça valait la peine
d'enseigner. Je suis content de moi.
Pourtant, cette fois je m'étais couché raisonnablement tôt, à
23h45, le réveil étant mis à 8h20 (pas inhumain, tout de même !),
histoire de ne pas être stressé en me couchant par le fait d'avoir peu
de temps devant moi. J'avais aussi évité de dîner juste avant d'aller
au lit, pour ne pas être gêné par la digestion. Et je me suis endormi
comme un bébé vers minuit, pour me réveiller… à peine deux
heures plus tard. Et de 2h du matin à 6h du matin je n'ai fait que me
tourner et me retourner dans mon lit. Au début ça allait : je me
disais, même si je ne me rendors pas avant une heure ou deux, j'aurai
quand même six ou sept heures de sommeil, je ne serai pas mort de
fatigue. Mais après trois puis quatre heures d'insomnie j'étais au
bord de la crise de nerfs. (Si j'avais eu des somnifères sous la
main, je me demande si je n'aurais pas liquidé toute une boîte, pour
en finir. Heureusement, je n'en avais pas.) Finalement, entre la
rage et l'épuisement, c'est l'épuisement qui a triomphé — à
l'aube.
Décidément, il n'y a pas de doute : le simple fait de
savoir que je serai réveillé à telle ou telle heure, que je n'ai pas
le droit de me dérober à mes obligations (c'est bien ça qui me
stresse, pas les obligations en elles-mêmes, parce que j'aime bien donner des TD),
que le réveil strident va m'interrompre dans mon sacré repos, cela
m'empêche de dormir. Et maintenant que je sais que je suis capable de
faire 50% d'insomnie, il faudrait que je prévoie seize heures au lit
pour pouvoir avoir l'esprit tranquille (et seize heures au lit pour se
lever à 8h du matin, ça fait se coucher… euh, un peu tôt,
d'ailleurs j'ai déjà dépassé la limite, là).
Bon, je vais
vraiment suivre le conseil qu'on me donne : mettre
systématiquement mon réveil à 8h du matin, pour tenter de m'y
habituer. Mais arriverai-je à tenir le coup, après deux ou trois
nuits gris pâle ?
Quand je suis sorti de chez moi tout à l'heure (vers 19h30, soit
juste après le coucher du soleil), ça m'a frappé comme une révélation
— presque physiquement.
L'hiver est là.
C'est arrivé avec une soudaineté qui me stupéfie.
Astronomiquement, nous sommes encore au début de l'automne, mais en
réalité, ici, je n'ai aucun doute, c'est l'hiver. Je reconnais son
haleine, son souffle impossible à confondre : je ne sais pas ce que
c'est, la couleur du ciel nuageux au crépuscule peu après l'équinoxe,
la température du vent, une odeur indéfinissable dans l'air, le pas
des gens qui s'est pressé sur le trottoir humide ou leurs vêtements
qui se sont épaissis — mais je le sens, l'hiver. Il a le parfum
des marrons chauds, la couleur des lumières de la ville, et le son des
cantiques de Noël. Je le connais bien.
Peut-être laissera-t-il encore quelques jours de répit à l'été, ce
vieil Indien qui se meurt, mais maintenant je le sais : il est arrivé
pour cette année, il est prêt à régner.
Mais bien plus frappante que la venue de l'hiver en elle-même a été
pour moi cette constatation : je crois bien que j'en suis content.
Est-il venu le moment de rentrer dans nos igloos ?
Some time ago, I asked whether I
should be ugrading my Red Hat distributions or move to Debian. It seems that the problem
has cured itself since Red Hat Linux has ceased to exist.
So I'll be switching to Debian. Very reluctantly, but it
seems that I don't have much of a choice.
Après un tour au cinéma, hier soir, je suis allé au Louvre, où je suis resté quelque
chose comme une heure et demie jusqu'à la fermeture (minuit moins le
quart). Cela faisait une éternité que je n'y avais pas mis les pieds
(dommage, surtout qu'en tant qu'enseignant je dois y avoir entrée
gratuite et pas seulement les jours où ils font un nocturne spécial
comme cette fois-ci).
Ce qui me frappe le plus, au premier abord, c'est à quel point
c'est gigantesque et labyrinthique. D'accord, c'est le plus grand
musée du monde (enfin, paraît-il), toutes catégories confondues. Mais
j'ai beau le savoir, et avoir vu parcouru l'extérieur quantité de
fois, je reste stupéfait devant cette succession de salles et de
couloirs, d'escaliers et de portes. Même avec un plan, j'avais du mal
à me repérer et à garder en tête mon orientation (j'ai fini par
adopter l'idée de toujours tenir mon plan en main dans le même sens
que le bâtiment, quelle que fût la direction où je regardais, et je
m'en suis sorti). Je suppose que c'est qu'habituellement j'y allais
plutôt pour voir une section bien précise, qui n'est jamais très
grande, alors que cette fois j'ai parcouru les deux ailes ; aussi, de
nouvelles salles ont été ouvertes.
Mais bien sûr, le plus stupéfiant, c'est encore la richesse des
collections. (D'accord, c'est un commentaire assez débile : ben oui,
c'est un musée, c'est bien le but.) Le Louvre a rassemblé au même
endroit un nombre incroyable d'œuvres qui, ailleurs, seraient
restées dispersées : rendons-en grâce à la manie centralisatrice
française ; et des collections qui, à Londres, se répartissent entre
le British Museum et
la National Gallery
sont ici au même endroit.
Bref, quand on doit, par manque de temps, faire le musée au pas de
course (et encore, j'ai décidé de m'en tenir à la peinture, parce que
les antiquités, je crois que j'en ai un peu trop vu dans ma vie), on
va forcément à l'« essentiel », c'est-à-dire aux œuvres les plus
connues. Et évidemment, il est du coup d'autant plus frappant de
voir, à quelques mètres de distance, successivement, Le
Serment des Horaces, Les
Sabines, Le
Sacre de Napoléon, le
portrait de Madame Récamier, Œdipe,
puis Les
Noces de Cana, et ensuite La
Liberté guidant le peuple, La
Morte de Sardanapale, Le
Radeau de la Méduse et Bonaparte
visitant les pestiférés de Jaffa, pour ne citer que les
plus archi-célèbres. Surtout quand on a un certain faible pour la
peinture romantique française (c'est mon cas) et pour les grands
formats (les Noces de Cana sont là uniquement pour cette
raison) — mais peu importe à la limite. Il serait intéressant
de savoir, « objectivement », si ces œuvres sont célèbres parce
qu'elles sont belles, ou si on les trouve admirables parce qu'elles
sont célèbres.
Il ne faut pas se moquer des touristes qui viennent en foule voir
la Joconde.
D'abord, c'est vraiment un tableau admirable. Ensuite, même si ce
n'était que sa célébrité qui lui donnait ce caractère, ce serait
encore assez compréhensible, autant qu'aller à un endroit célèbre pour
pouvoir dire J'y ai été — ça n'a rien de ridicule. Mais
je n'ai pas fait un tour par la Joconde ; en revanche,
j'ai longuement admiré La
Vierge à l'Enfant avec sainte Anne, un tableau que j'aime
beaucoup, et surtout le Saint
Jean-Baptiste de De Vinci, au sourire si énigmatique.
Les peintures allemandes et flamandes des XVIe au XIXe siècles sont
situées au 2e étage de l'aile Richelieu. Elles sont moins bien mises
en valeur à mon avis, je trouve que c'est un peu dommage.
(Accessoirement, elles ne sont pas mises en ligne sur le site Web du
Louvre, donc je ne pourrai pas faire de lien.) Par exemple,
l'autoportrait de Dürer (un tableau que j'aime beaucoup ; et il était
beau garçon, Dürer, d'ailleurs, si je l'en crois) se trouve dans un
coin obscur (vraiment mal éclairé, je veux dire, en plus d'être
difficile à trouver) d'une salle écartée. Les deux Vermeer que le
musée possède (ce n'est pas si mal, quand il n'en existe que trente),
La Dentelière et L'Astronome, sont aussi un
peu cachés dans un fouilli d'autres œuvres plus mineures. Il
faut dire que Vermeer n'aide pas trop : La Dentelière est
absolument minuscule. Ça c'est quelque chose qu'on oublie trop
facilement quand on regarde les œuvres surtout sur des
reproductions, qui sont cadrées à une page de livre, et qu'on ne fait
pas trop attention aux dimensions indiquées : il n'y a vraiment rien
de commun entre les Noces de Cana et La
Dentelière au niveau taille (enfin, un rapport de plus de 1300
en superficie)… J'ai aussi « trouvé », dans une salle reculée
ou personne ne se promenait, L'Arbre
aux corbeaux de Caspar David Friedrich, encore un tableau
cher à mon cœur, mais dont je ne savais même pas qu'il était en
France.
Je suis allé voir hierThe
League of Extraordinary Gentlemen (La Ligue des gentlemen
extraordinaires) (voir aussi sa fiche
Allociné) à l'UGC
Ciné-Cité les Halles. Je ne peux pas dire que j'ai été
spécialement déçu dans mes espérances, parce que je n'avais pas
vraiment d'espérances. La seule chose qui donnait un peu d'intérêt au
film, c'étaient de petits clins d'œil de temps en temps : par
exemple, j'ai ri aux éclats (mais apparemment j'étais le seul dans la
salle…) quand le second de Nemo se présente en disant Call me Ishmael. Ou encore quand on découvre, vers
la fin, le nom du grand méchant. Ou bien quand Quatermain explique, à
Paris, qu'une bête terrorise la rue Morgue. Et puis
j'aime bien, dans le tout premier plan, ce qui est fait du logo « 20th
Century Fox » en même temps qu'une voix nous explique qu'on est au
tournant du siècle. Ces petits clins d'œil, comme l'idée, au
départ, de mélanger un groupe de personnages d'origines complètement
hétéroclites, c'est amusant, ça a même, je dirais, du
panache.
Malheureusement, au fond, ça ne donne pas grand-chose. Les
personnages ne sont pas du tout fidèles à leurs originaux : le Nemo du
film n'a pas le mystère et la fierté qui caractérise le personnage de
Jules Verne, et il est beaucoup trop évidemment Indien (alors qu'on ne
l'apprend pas dans Vingt mille lieues sous les mers
— où le capitaine pourrait être de n'importe quelle origine : ce
n'est révélé que plus tard) ; Dorian Gray n'a pas le caractère
sulfureux de débauche qu'il a dans le roman d'Oscar Wilde (il se
contente de minauder autour de Mina Harker), et les scénaristes n'ont
même pas été capables de lui faire prononcer quelques bons mots,
quelques aphorismes provocateurs, comme Wilde aimait en afficher ;
l'homme invisible n'est qu'un bouffon ; et Tom Sawyer n'est là que
pour faire plaisir aux Américains (il est vrai que Quatermain se moque
un peu de lui, c'est plutôt amusant, comme d'ailleurs l'idée d'un Tom
Sawyer dans les services secrets), et d'ailleurs il n'a pas l'âge
qu'il serait censé avoir en 1899. Tiens, au fait, quel rapport entre
de Vinci et Venise ? Il y a une quelconque justification historique
ou c'est juste pour le plaisir de balancer un nom célèbre de plus ?
Ah, et tant que j'y suis à pinailler, il me semble avoir vu un journal
daté du « vendredi 13 mai 1899 » s'afficher à l'écran, alors que le 13
mai 1899 était un samedi (mais bon, il faut être un time freak comme moi pour s'apercevoir de ce
genre de choses).
Enfin voilà. Globalement, je ne recommande pas. Sauf si on aime
les scènes de bagarre. C'est curieux, il n'y a pas si longtemps, les
films montraient beaucoup de combats à l'arme automatique :
maintenant, la bagarre à mains nues semble avoir acquis un certain
prestige. Hum…
Manifestation de la Nuit
blanche que j'ai vue ce soir, à
l'espace des Blancs Manteaux. Le volume (assez vaste) du bâtiment
avait été peuplé par des milliers de ballons blancs, tous regroupés en
paires, l'un (opaque) rempli à l'hélium et l'autre (translucide) à
l'air, reliés par une ficelle de longueur variant entre une dizaine de
centimètres et la hauteur de la salle (quelque chose comme six ou huit
mètres), de sorte que certains dipôles de ballons montaient jusqu'au
plafond (lorsque le ballon rempli d'hélium l'emportait), d'autres
tombaient au sol, mais tout en douceur, et les visiteurs attrapaient
des ballons et les aidaient à monter ou descendre. Le tout sur un
fond sonore électroacoustique très calme, un peu comme un bruit de mer
(en plus mélodieux, tout de même), et avec un éclairage qui changeait
toutes les quelques minutes mais toujours assez doux.
L'impression d'ensemble, tous ces ballons en train de flotter
paisiblement dans l'air, la musique relaxante, et l'éclairage peu
agressif, cela faisait quelque chose de très zen, très soothing. Et, de fait, les gens étaient beaucoup
plus calmes une fois à l'intérieur (par exemple, on n'a pas entendu un
seul ballon éclater alors qu'il y en avait là des milliers, c'est
remarquable) ; certains faisaient la sieste (on comprend donc la file
d'attente pour rentrer…), ou bavardaient tout en douceur.
Plein de photographes exerçaient leur talent, et des visiteurs
prenaient la pose pour eux. (Il y a des chances pour qu'on voie des
photos sur le fotolog
d'Izys prochainement.) Rigolo. Izys, Ludovic, Jean et moi avons
joué au volley, sauf que c'est un jeu de volley où on a une bonne
demi-minute entre le moment où on envoie la balle en l'air et le
moment où elle retombe quelques mètres plus loin.
L'installation devrait être retenue comme moyen de lutte contre le
stress : rien de tel que des milliers de ballons blancs pour retrouver
son calme. Mais il y a une personne sur qui ça ne marchait
manifestement pas : l'artiste, William Forsythe (il paraît qu'il est
célèbre), qui avait l'air d'être au bord de la crise de nerfs, il
surveillait les visiteurs d'un air soupçonneux et les grondait quand
ceux-ci faisaient mine d'emmêler les ficelles des ballons.
Après avoir décrit mes impressions
a priori, je résume brièvement ma soirée, et je
développerai sans doute certaines parties dans les entrées suivantes,
mais demain, parce que maintenant je veux me coucher (non, je ne ferai
pas une nuit blanche).
D'abord je suis allé, en fin d'après-midi, voir la petite
exposition de ses œuvres que l'artiste Mireille
Bailly-Coulange (qui habite dans ma rue) avait arrangée dans son
atelier, dans le cadre de l'opération 13
en vue (portes ouvertes d'ateliers d'artistes). Comme quoi je ne
suis pas entièrement réfractaire à l'art contemporain : j'aime
beaucoup ce que fait Bailly-Coulange. Il s'agit surtout de sculptures
dans du plexiglas, dans un style qui évoque à la fois l'art
traditionnel chinois (elle a notamment fait beaucoup de dragons ou de
créatures semblables), l'art amérindien (pour ses aigles, par
exemples) et les dessins de William Blake ; et le plexiglas est
illuminé de l'intérieur, ce qui fait quelque chose d'extrêmement
agréable à voir. Si vous voulez en voir des exemples, promenez-vous
rue Bobillot : au croisement avec le passage du Moulin des Prés se
trouve un
bas-relief de Bailly-Coulange, puis, tournez à droite rue Simonet,
et observez la tête d'oiseau en plexiglas.
Je suis ensuite allé en centre ville. Après avoir pris un verre de
thé et un cookie au Columbus
café rue Vieille du Temple, je suis allé à l'UGC
Ciné-Cité les Halles pour voir la League of
Extraordinary Gentlemen (Ligue des gentlemen
extraordinaires) (à la séance de 20h10). J'en reparlerai
dans une autre entrée, donc je me
contente de dire pour l'instant que je ne recommande pas spécialement
(sauf si on aime vraiment les films du genre Independence Day), mais que Shane West mérite le
titre de « beau gosse du jour » de mon 'blog.
En sortant de la séance, vers 22h30, je suis allé au Louvre, qui faisait un nocturne
gratuit jusqu'à 23h45. Là aussi, j'en redirai quelques mots. Cela
faisait bien trop longtemps que je n'étais pas allé au Louvre, j'ai
honte. (Et évidemment, en même pas deux heures je n'ai pas pu voir
grand-chose.)
Après le Louvre, comme je n'avais toujours pas mangé, j'ai pris un
panini quelque part (rue du Louvre, pour être précis) puis un dessert
au Paradis du
Fruit des Halles (j'aime bien ce qu'ils font, mais le service est
décidément trop lent parce que les serveurs sont débordés).
Manifestement il y avait beaucoup de monde dans les rues et dans les
bars, parce que la Nuit blanche avait du succès.
Je me suis ensuite dirigé vers l'Hôtel de Ville. Je dois dire que
l'éclairage artistique qui a été fait de sa façade est plutôt une
réussite. Mais j'aurais préféré si l'artiste avait choisi une
combinaison de couleurs et s'y était tenu, plutôt que de changer sans
arrêt. De celles que j'ai vu, ma préférée était quand la façade était
noire et blanche, l'horloge jaune, et les intérieurs des tourelles
rouge vif : cela donnait à l'ensemble une allure de manoir gothique où
un Dracula pourrait habiter, c'était assez bien.
J'ai un peu déambulé dans le Marais, mais comme je trouvais qu'il y
avait un peu trop foule à mon goût je m'apprêtais à rentrer (il devait
être à peu près 1h du matin). Tiens, à ce moment-là j'ai croisé Jack
Lang, rue Vieille du Temple : à ma grande surprise, il n'était ni
entouré d'une meute de gens (journalistes par exemple) à qui il serait
en train de raconter toutes sortes d'idées formidaaaaables ni tenant
un verre de champagne à la main. Mais surtout, plus loin, j'ai
rencontré Izys, Ludovic
et Jean, rue du pont Louis-Philippe, et j'ai donc décidé d'aller avec
eux pour voir quelques attractions de la Nuit blanche.
Nous nous sommes d'abord dirigés vers la direction des affaires
culturelles de la Ville de Paris (rue des Francs-Bourgeois), où nous
avons regardé un film sur écran monochrome très basse résolution : en
fait, un écran formé d'ampoules. C'est très rigolo à voir, mais je ne
suis pas sûr de saisir en quoi c'est de l'art. Là nous avons
rencontré encore des gens connus : Péter et
Ludmilla.
Ensemble nous sommes allés voir une autre feature : au crédit municipal de Paris, des
projecteurs circulaires étaient installés pour éclairer des endroits
de passage. Là je ne vois vraiment pas en quoi c'est de
l'art, mais bon, au moins, ça m'a permis de voir à quoi ressemble
l'intérieur des bâtiments du crédit municipal de Paris (c'est plutôt
joli). Il y avait décidément beaucoup de monde pour voir ces
manifestations artistiques pourtant un peu hermétiques. Péter et
Ludmilla m'ont répondu : oui, c'est ça, Paris, les Parisiens sont tous
des intellectuels, on a beau leur proposer des représentations d'art
contemporain complètement incompréhensibles, ils viennent quand même
en masse, ils sont même prêts à faire la queue, et ils aiment
ça, ce n'est même pas du snobisme ; même au café, les gens
bavardent sur Kant et sur Derrida : les Parisiens sont insupportables,
ils savent toujours tout sur tout, du coup on n'ose même pas leur
parler.
De fait, au prochain endroit où nous avons voulu aller, il y avait
une très longue file d'attente pour entrer. C'était l'espace des
Blancs Manteaux (rue Vieille du Temple), et nous avons donc attendu
(avec un groupe d'Italiens complètement bourrés derrière nous), alors
que la pluie commençait à tomber, pour voir les ballons. Mais ça en valait la
peine.
Je suis reparti en direction de chez moi (à pied) vers 3h du
matin.
De façon générale, je trouve les initiatives de l'actuelle Mairie de Paris tout à fait
excellentes, et la Nuit
blanche me semble être une excellente idée (je veux dire, le
principe de proposer diverses manifestations festives et culturelles
tout au long de la nuit). Mais sur la programmation effective, je
trouve un peu à redire.
OK, peut-être suis-je un affreux ringard qui ne
comprend rien à l'art moderne (pardon, l'art postmoderne, l'art
contemporain ; l'art « post-contemporain », suis-je même tenté de
dire). J'avoue même sans honte le pire : je préfère Michel-Ange aux
impressionnistes, les impressionnistes à Van Gogh, Van Gogh à Picasso,
et Picasso à Arp (bon, ce n'est pas systématiquement pire avec le
temps non plus : j'aime mieux Magritte que Van Gogh, par exemple, mais
je suppose que je passe encore plus pour un ignare en disant
ça…). Ce n'est qu'un exemple, bien sûr : je veux dire que j'ai
du mal à apprécier certaines formes de création artistique qui sont
des siècles en avance sur là où mon pauvre cerveau en est resté ; je
pense notamment à une artiste que j'avais vu je ne sais plus où et qui
présentait fièrement une œuvre constituée de ce qui, pour moi,
ressemblait sacrément à un alignement de pots de yaourt (en verre)
vides ; l'artiste commentait : Oui, j'ai beaucoup travaillé sur le
thème du corps humain, le corps déchiré, mutilé, la
souffrance… — et moi je cherchais à comprendre le
rapport entre les pots de yaourt et le corps torturé, enfin, bon, ça
doit me dépasser, mais apparemment celui qui écoutait d'un air
intéressé, lui, il comprenait.
Eh bien la Nuit blanche me fait un peu cet effet. Quand je lis le
programme, la quasi-totalité des happenings
proposés suscite en moi un « uh? » d'incompréhension.
C'est très bien de vouloir inciter les Parisiens à découvrir l'art,
et en particulier l'art postcontemporain. Mais il faut
comprendre que certains ne sont pas encore prêts à tout digérer et il
y a peut-être un risque de les dégoûter, au contraire. Est-ce qu'il
n'était pas possible de prévoir des choses un peu plus soft?
Hebert stood erect and looked at the horizon all around him. This
was the place. He felt a surge of pride. This was the
place, he thought. This unremarkable patch of ground in the
middle of nowhere was the place. He had spent half of his
life looking for it, and the nearly mystical sense of fulfillment now
all but overwhelmed him. Empires could crumble to dust, dynasties
could be forgotten after eons, but this place was the seat of
all power and for all time—a magic all the more potent for the
fact that it was no magic.
But whither next?
A little old man was coming up the hill, walking at a leisurely
pace. And Hebert knew that all his hopes and all his fears were at
once coming true.
Komisch, daß, als ich heute morgen aufgestanden bin, die erste
Melodie, die mir durch den Kopf gelaufen ist, war die deutsche
Nationalhymne. Ich hatte darauf überall nicht geachtet; aber ein paar
Stunden später wurde ich—durch einen unwesentlichen
Umstand—daran erinnert, daß heute der Tag der deutschen Einheit
war. Sonst hätte ich es zweifellos auf das Datum nicht aufgepaßt (das
für mich nichts Vieles bedeutet). Zufall, oder unterbewußter Prozeß?
Zwar habe ich vor kurzem Good bye,
Lenin!gesehen: das kann
mein Gedächtnis belebt haben.
Ian Hickson has written an
interesting note on why
not to use XHTML for the moment. He raises some very
interesting issues. One of them is that the overwhelming majority of
Web authors are hopelessly clueless and will just copy their
HTML code from some other site or some poorly written
book. Now when they start copying thinks like <?xml
version="1.0" encoding="utf-8"?> and
<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD XHTML 1.0
Strict//EN"
"http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-strict.dtd">
without understanding what it means, then we have problems. Also when
they start writing <br /> when they
should have written <br> or vice
versa, because they haven't heard of XHTML or don't know
the difference with SGML-based HTML. Hell
will not break loose now, because existing Web browsers have
been built to be very fault-tolerant, but it may break loose
in the future.
So, my important advice to Web authors: if you don't want to write
markup that validates (or if this all sounds Chinese to you), fine,
but then make sure of one thing: don't include
in your HTML code anything which contains the characters
<? or the word
DOCTYPE. Just don't. Unless you know
exactly what they mean, that is, and are prepared to face the
consequences. If you don't, what you're writing is known as a tag
soup, and the correct way to start an HTML tag soup
is with <html> (or perhaps
<html lang="en"> or some such thing).
If you start the document with <?xml version="1.0"
encoding="utf-8"?> then you are promising well-formed
XML, so you had better know what this means. If you
include a line such as <!DOCTYPE html PUBLIC
"-//W3C//DTD XHTML 1.0 Strict//EN"
"http://www.w3.org/TR/xhtml1/DTD/xhtml1-strict.dtd">
then you are promising markup that validates against a specific
DOCTYPE, so you had better check that it does validate. If
you aren't prepared to go through all that, then start with
<html> and write tag soup, which just
works.
Now why do I write XHTML when Ian Hickson
quite rightly points out that it will bring me no advantage
whatsoever (since it is served as text/html and not
application/xhtml+xml)? Well, for one thing, my
XHTML is valid: but the point of being valid is
not that it makes the page any better per se, it
simply helps me check for some basic mistakes that even using
two-and-fourty different Web browsers wouldn't catch. But also, quite
trivially, I find XHTML simpler to write than
HTML4: writing <br>
without ever closing the tag, for example, just seems wrong.
And when the pages are computer-generated it's even more obvious: it
is such a pain to write a program that will have to remember that the
<br> tag may not be closed, for example,
whereas in XHTML we simply close every tag, no questions
asked.
I've mentioned my difficulties
with Web fonts on this 'blog already. But fonts aren't only a cause
of computer problems, they are also, in my opinion, an unjustly
disregarded form of art. Well, perhaps not so unjustly: after all,
the most successful font is maybe that which goes the most unnoticed.
“Unobtrusive”, that's it: the font's role is to stay in
the background, to appear unremarkable and banal
(whereas it is, in fact, the work of years of craft in design). But
once you start paying attention to them, since they are everywhere,
fonts will jump to the eye and the whole printed world will seem
different.
My favorite ones, I've already said this several times, are Optima and
Univers;
if you look at their samples, they will probably seem utterly
uninteresting, sans serif fonts like any other ones. But Optima is
actually the masterpiece, the result of years of patient work, by one
of the great masters of the craft, Hermann Zapf (also the designer of
Palatino and [Zapf] Chancery); and Univers made his author, Adrian
Frutiger (whose Swiss birth is quite apparent in the font itself, some
will point out), justly famous. I also have a certain fondness for Gill Sans
and Perpetua,
which both are by Eric Gill and reveal the same (rather pronounced,
and ever so slightly “amateurish”)
style, one without and one with serifs. But certainly the
most successful fonts ever are Stanley Morison's Times and
(another Swiss font!) Max Miedinger's Helvetica:
assuredly the most inconspicuous of typefaces. (If you've heard the
name “Arial” and wonder why I don't mention it, please
read this article on
Arial versus Helvetica to learn more
about this fraud.)
It is unfortunate to see the way some people misuse fonts. The
most annoying thing, in my eye, is when some misguided designer
chooses a highly “stylish” face, thinking it can do only
good, and falls miserably short; now if the most inconspicuous fonts
are the most successful, choosing one which has flare is dangerous.
One font that is very often abused is Arnold
Böcklin (named after the painter), an art
nouveau face that one frequently sees on store fronts or signs
that attempt to look “old-fashioned” in some ill-defined
sense; well, for one thing, this font is often used in all-caps, which
is not at all the way it was meant. A shame.
If you find the topic interesting and would like to know more but
don't know where to start, I can recommend a very good book:
Typographic Specimens: The Great Typefaces by Philip
Meggs and Rob Carter (available
from Amazon.com). The book
chooses 38 fonts among the most significant and successful ones in
typography (namely: Akzidenz-Grotesk, American Typewriter,
Baskerville, Bembo, Bodoni, Bookman, Caledonia, Caslon, Centaur,
Century Schoolbook, Cheltenham, Clarendon, Didot, Folio, Franklin
Gothic, Frutiger, Futura, Galliard, Gill Sans, Garamond, Goudy Old
Style, Helvetica, Janson, Kabel, News Gothic, Optima, Palatino,
Perpetua, Plantin, Sabon, Serifa, Stone Sans, Stone Serif, Stymie,
Times New Roman, Trump Mediaeval, Univers and Zapf Book), and, for
each one, provides a concise description and a comprehensive sample.
This is a very nice place to start learning about fonts in general and
how to recognize them: you'll soon notice that nearly every printed
document (book, magazine, whatever) uses fonts from the list selected
by Meggs and Carter, and it's a great fun to learn to spot the small
differences that tell the typefaces apart and recognize the
exact font that was used here or there.
My own interest in character faces started some fifteen years ago:
a children's magazine
(Okapi) that I used to read had an article on the history of the
movable type, and included some samples of four remarkable typefaces,
namely Didot, Times, Futura and
Univers. I was fascinated. The same text was printed
four times, but the differences leapt to the eye. And I learned to
recognize the obvious and the not-so-obvious features of each of these
fonts. (Given the choice they had made, it was a child's play,
indeed, to tell them apart.) The magazine was mostly set in
Futura, which I rather liked, but I decided I liked
Univers even better. Even the names fascinated me:
“Futura”, “Univers”—how evocative
(especially for an SF fan)! Many years later, as I
passed by the metro station Saint-Jacques, in Paris, I
had a flash of recognition: that name is set in the
Univers font, I thought—and indeed, it is.
(Not such a remarkable feat, really: the capital ‘Q’ of
Univers is extremely characteristic.)
J'ai la peau bien claire : ça m'attire certes des coups de soleil,
mais ça m'évite en général les contrôles d'identité. Enfin, je n'en
sais rien, en fait, je ne sais pas avec quelle fréquence un type qui
n'a pas le profil « bon petit français de souche » se fait demander sa
carte d'identité en moyenne, mais moi ça ne m'est arrivé qu'une fois
dans ma vie (à la gare d'Orsay : ils contrôlaient manifestement tout
le monde ; j'aurais d'ailleurs dû protester parce que légalement il
faut une raison, mais je n'avais pas envie de faire le malin et je
n'avais aucune raison de ne pas montrer ma carte). Hum, peut-être pas
« bon petit français de souche », en fait : il m'est arrivé déjà trois
fois de me faire demander par des inconnus dans la rue de quelle
origine j'étais, il faut croire que je suis trop blond pour passer
pour un hexagonal. Pourquoi je raconte toutes ces conneries sans
intérêt, moi, d'ailleurs ?
Depuis hier soir, ça n'arrête pas d'empirer, et je ne sais pas
pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi je ressens une immense
anxiété, alors que je n'ai pas de raison particulière d'être anxieux
(enfin, pas spécialement plus aujourd'hui qu'il y a trois jours, une
semaine ou un mois). Je viens de prendre ma tension : 135\80mmHg
(pouls à 70/min) — et encore, ça c'est après m'être détendu
autant que je pouvais — même si c'est loin d'être affolant, je
trouve que c'est trop (en tout cas c'est significativement au-dessus
de ce que je mesure d'habitude, plutôt dans les 115\70mmHg).