Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
avril 2005 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
April 2005: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
As announced in a previous entry,
this Web site has moved: I'm now at http://www.madore.org/~david/
(the previous address redirects accordingly). The change should be
quite transparent as far as the user is concerned, but please report
anything unexpected. It will take forever (and I mean that literally:
it will never happen) before every trace of the former
URL
(http://www.eleves.ens.fr:8080/home/madore/) is expunged
from the face of the Web—so the redirection is there to last,
but please try to use the new URL wherever possible (so,
please update your bookmarks and all that). Also expect me to vanish
from the eyes of the all-seeing god
of the Web for some time (if not permanently): but since you're
here, I guess you know where to find me.
Incidentally, I notice that a very significant part of the Web
traffic I get comes from people who have taken some images on this
site (the most popular ones being the playing cards I scanned) and
instead of copying them elsewhere are using them directly from here
(typically, as an avatar on some random discussion board). I find
this annoying: I have nothing against people using my images
(especially the playing cards, which I hope are in the Public Domain),
and I don't really care whether they ask for permission, but simply
using the URL from my site without copying the image and
without telling me is just wrong. I have half a mind to configure the
server to serve some obscene picture instead whenever the request for
one of these images is referred from a certain list of addresses.
Well, maybe I'm too nice for that (on the other hand, I'm certainly
not too nice for a 403 forbidden).
[French translation of the above.]
Comme annoncé dans une entrée
précédente, ce site Web a été déplacé : je suis maintenant sur http://www.madore.org/~david/
(l'adresse précédente redirige de façon appropriée). Le changement
devrait être passablement transparent en ce qui concerne
l'utilisateur, mais veuillez signaler tout comportement inattendu. Il
faudra une éternité (littéralement : je veux dire que ça ne se
produira jamais) avant que chaque trace de l'ancienne URL
(http://www.eleves.ens.fr:8080/home/madore/) soit effacée
de la face du Web — donc la redirection est partie pour durer,
mais essayez d'utiliser la nouvelle URL partout où c'est
possible (ainsi, veuillez mettre à jour vos signets et tout ça).
Attendez-vous aussi à ce que je disparaisse des yeux du dieu du Web qui voit tout pour un
certain temps (si ce n'est définitivement) : mais puisque vous êtes
ici, je suppose que vous savez où me trouver.
Accessoirement, je remarque qu'une partie très significative du
trafic Web que j'ai vient de gens qui ont pris des images de ce site
(les plus populaires étant les cartes que j'ai scanées) et au
lieu de les recopier ailleurs les utilisent directement depuis ici
(typiquement pour servir d'avatar sur un quelconque forum de
discussion). Je trouve ça pénible : je n'ai rien contre le fait qu'on
utilise mes images (surtout les cartes à jouer, dont j'espère qu'elles
sont dans le Domaine public), et je me moque un peu qu'on me demande
la permission, mais simplement utiliser l'URL du site
sans copier l'image et sans me prévenir, ça ne va pas. Je me demande
si je ne vais pas configurer le serveur pour servir une image obscène
à la place quand la requête pour une de ces images est référée depuis
une certaine liste d'adresses. Bon, peut-être que je suis trop gentil
pour ça (en revanche, je ne suis certainement pas trop gentil pour un
403 forbidden).
Je me suis acheté un CD d'Arthur Honegger, tout à
l'heure : cela faisait des années que je cherchais (enfin, pas de
façon très active, évidemment, sinon j'aurais tout simplement commandé
le disque, disons juste je regardais de temps en temps quand je
passais à la Fnac) à écouter son mouvement symphonique
Pacific 231. Je ne sais même plus au juste comment je
m'étais mis en tête que je voulais entendre ce morceau, mais en tout
cas j'ai été très déçu. Il faut dire que je n'aime généralement pas
du tout la musique « classique contemporaine » (quel oxymore stupide,
où les deux termes sont erronés — cependant je pense qu'on
comprend de quoi je veux parler) ; je ne sais pas pourquoi je m'étais
mis dans la tête que Honegger devait faire partie des exceptions.
Bon, je suppose que c'est plus « écoutable » que Stockhausen ou
Xenakis, mais pas encore assez « écoutable » pour moi.
Bon, il y a des exceptions, des compositeurs ou morceaux de musique
« classique contemporaine » que j'apprécie, toujours ceux qui sont à
la frontière et dont on se demande comment on doit les classer.
Vaughan Williams, par exemple (je ne dis pas que j'aime tout ce que
j'ai entendu de lui, mais de façon générale ça me plaît plutôt). Plus
contemporain, Vangelis (mais certains diront qu'il s'approche de la
musique populaire) ou (John) Williams (scandâle ! de la musique de
film). Ou encore Philip Glass : j'ai aussi acheté quelques
CD de lui tout à l'heure, et là, ça me plaît (enfin, ce
n'est pas une surprise, j'avais déjà eu des occasions d'entendre sa
musique, comme dans le film The Hours). Il
y a juste qu'on a un peu l'impression que tous ses morceaux commencent
pareil, je trouve ; bon, ce n'est pas grave, puisque j'aime bien ce
début, et d'ailleurs j'écoute suffisamment en boucle le canon de
Pachelbel pour ne pas pouvoir me plaindre de la répétitivité en
musique, mais c'est tout de même assez surprenant. (Tiens, j'ai
déjà entendu ça ? — ou alors je ne suis pas assez doué pour
reconnaître la différence dès les premières mesures.)
Those Star Wars fans who can't bear to wait until the
coming day when Episode III is released would do well to
have a look in the mean time at Star
Wars Revelations, a 40′ fan film set in the
Star Wars universe (it takes place somewhere between
episodes III and IV) which shows you can make a very good movie with a
very small budget.
Régulièrement sur ce blog Ruxor
vous parle de ses cheveux — qui sont parmi mes pires ennemis
— et ce temps est revenu. J'en ai eu marre de les avoir longs,
donc, parce qu'il se remet à faire chaud et aussi parce que j'ai voulu
recommencer à porter des lentilles de contact et que les cheveux qui
tombent dans les lieux c'est terrible pour les lentilles (ça les
contamine, même quand ils sont bien propres).
J'avais pensé me les raser complètement, ce que j'aurais fait si
j'avais trouvé quelqu'un pour faire la même chose en même temps (c'est
plus rigolo à deux), mais comme William est un lâcheur et un dégonflé
(<pub target="membres du COF">enfin, votez quand
même pour lui</pub>) c'est tombé à l'eau ; j'ai
aussi vaguement pensé essayer de me faire une coupe à l'iroquoise
(sachant que si ça ne rendait pas bien je pouvais toujours tout
raser), mais j'ai fini par décider qu'en fait bof ça ne m'irait pas
(parce que j'ai les cheveux trop fins ; c'est dommage, parce que
j'aimais bien l'idée — je trouve ça mignon, une coupe à
l'iroquoise).
Alors je suis bêtement allé chez le coiffeur en pestant d'avance
parce que je sais que, typiquement, quand on dit très court à
un coiffeur, il comprend vaguement court, et quand on dit
vraiment très très très court il comprend plutôt
court, d'ailleurs ça n'a pas manqué ; mais bon, peut-être que
c'est normal, la coiffeuse me voyant arriver avec des cheveux qui
descendent sous les épaules elle se demande si par court je
veux vraiment dire court. Quoi qu'il en soit, j'avoue que le
résultat n'est pas trop
catastrophique, enfin, en tout cas, j'ai eu pire. J'ai eu le bon sens
cette fois d'éviter les coiffeurs à homos-branchouilles, qui savent
peut-être faire des choses bien, mais pas avec mes cheveux à moi (il
n'y a rien à en tirer), et qui en tout cas font payer cinq fois plus
cher : je suis bêtement allé chez Saint-Algue, qui est à la coiffure
ce que les cafétérias Casino sont à la haute cuisine.
Ah oui, la tradition veut aussi, quand je sors une nouvelle photo de moi que je parle aussi de colorimétrie. Hmmm…
Peut-être que c'est ça, l'idée : au lieu de varier la coupe de mes
cheveux, je pourrais essayer de varier la couleur — si je me les
teignais ?
Sinon, à propos de pilosité (désolé), j'ai vu
un de mes collègues sortir du Bears' Den,
tout à l'heure, j'ai eu comme une illumination (bon sang, mais
c'est bien sûr ! pourquoi je n'ai pas compris plus tôt ?).
ripples in the water moving without moving but in that distorted
mirror whose face may appear and that troubled water which bridge
might span ripples in the water unaware of deeper currents crossing
dividing assembling interfering lines of destiny drawn by chance and
necessity ripples in the water disturb not the sleep of the faithful
guardian move on forever and ask not whither ripples in the water
scions of the clear mountain streams i hear the murmur of the sea
homage of the water ripples in the water mighty tapestry alive and
endless soar and ebb at once flow here and there water everywhere
ripples in the water
Esther répéta la question plusieurs fois dans sa tête, en variant
le ton : la réponse ne venait pas pour autant. Comment savoir ? Ce
n'était pas un problème dont ses lectures l'avaient avertie, et jamais
elle n'avait anticipé une difficulté à cet endroit. Elle avait
toujours cru que les moyens seraient détournés mais que les
fins seraient claires : qu'il pût en être autrement elle ne
l'avait pas même envisagé. Pourtant…
Était-ce de l'amour ? Esther n'aimait pas l'introspection, elle
préférait agir à l'intuition. Or ici il fallait bien s'examiner.
Certainement elle trouvait dans la compagnie d'Alix un plaisir qu'elle
recherchait et qui allait au-delà de l'amitié. Mais toute tendresse
qui dépasse l'amitié devait-elle être cataloguée comme de l'amour ?
Il n'y avait pas de désir sexuel, de cela du moins elle était sûre.
Ou vraiment ? Se pouvait-il qu'elle le refoulât ? Fermant les yeux,
Esther évoqua mentalement l'image d'Alix. Non, pas de désir :
seulement une sorte de satisfaction sereine provoquée par la
contemplation d'un physique parfait. Une présence rassurante, aussi.
Une étreinte réconfortante ? Peut-être.
Finalement, la nécessité de savoir ne provenait que de la nécessité
d'agir : s'il y avait moyen de demeurer dans la tranquillité de
l'ignorance, elle s'y complairait volontiers.
Alix, pendant ce temps, dormait d'un sommeil paisible.
Je zappais tranquillement entre les six chaînes de ma préhistorique
télé pré-TNT (je
la regarde très rarement), et je suis tombé sur (une rediffusion d')un
reportage de Zone
Interdite (M6)
consacré au fantasme ultiiiiime de tous les pédés, les pompiers ; et
pas n'importe quels pompiers, les élèves de l'école de recrutement des
marins pompiers de
Marseille. Rhâââââ (les scènes dans les vestiaires, où la caméra
s'attarde longuement sur les beaux garçons musculeux en petite tenue,
c'est pas possible, ils le font vraiment exprès)…
Bon, fantasme gay mis à part, le reportage n'était pas mauvais du
tout, j'avais l'impression que la caméra a su les filmer avec beaucoup
de naturel et sans voyeurisme (vestiaires exceptés, donc). Mais, dans
ce corps d'élite, quelle sélection sévère ! où quasiment toutes les
épreuves[#] sont éliminatoires.
(En comparaison, la sélection pour devenir mathématicien, c'est de la
gnognote, vraiment.) À peu près tout enfant normalement constitué a
un jour rêvé qu'il serait pompier en grandissant, je trouve qu'il y a
quelque chose de particulièrement touchant à voir ceux qui ont su
conserver ce rêve et qui luttent pour y arriver alors qu'on n'est pas
tendre avec eux. Et c'est sans doute le métier qui a la plus
haute cote de sympathie auprès des Français en général.
Il se trouve aussi que l'héroïne du documentaire, la seule fille
dans la promotion filmée, ressemble de tout point de vue (le physique,
l'expression du visage, le ton de la voix, la manière de s'exprimer,
et aussi la forme de motivation et de dévouement envers autrui qui
peut pousser à devenir pompier) à une fille[#2] que je connais un peu. On prend
parti pour elle quand on la sent devenir la tête de turc des garçons,
et il y a un vrai suspens quand on se demande si elle ne va pas
échouer si près du but.
Enfin voilà : j'ai peut-être raté ma vocation profonde,
moi.
[#] Je suis content, je
passe au moins sans trop de mal l'épreuve éliminatoire numéro zéro :
j'arrive à aligner plus de vingt pompes, et j'arrive à rester plus de
vingt-quatre secondes accroché bras pliés à une barre fixe. Mais bon,
j'aurais été recalé à la suivante (je ne sais plus ce que
c'était).
[#2] Lesbienne,
d'ailleurs. Je note ça avec amusement, parce que le métier de pompier
ce n'est peut-être pas que pour les garçons homos que c'est un
fantasme : une (autre) amie lesbienne me faisait un jour remarquer,
le pédé il rêve de coucher avec le pompier, la goudou elle rêve de
conduire le gros camion rutilant. Hum…
Je suis fatigué, j'ai envie de sortir un peu mais il pleut.
Ce matin, il faisait beau, je me suis levé pour aller à Orsay
récupérer les exemplaires imprimés définitifs de ma thèse, mais j'ai
trouvé porte close à la reprographie (il n'était même pas midi !).
Tout ce voyage pour rien. Et maintenant il fait
moche.
J'ai acheté le domaine madore.org et un miroir
censément complet de mon site Web se trouve maintenant dessus[#]. Tout est prêt pour basculer
complètement vers ce nouvel emplacement, il me suffit d'écrire une
ligne de redirection sur le serveur actuel. Pourtant, j'hésite, parce
que la décision n'est pas anodine.
Il y a certainement une part d'attachement sentimental à l'adresse
sur www.eleves.ens.fr:8080 que j'occupe depuis huit ou
neuf ans. Je n'aime pas les changements d'adresse, je trouve que
(même avec une redirection) c'est une insulte à ceux qui ont
enregistré l'URL quelque part (par exemple tous ceux qui
ont fait un lien vers elle, et ça fait quand même un paquet de monde),
surtout que certains emplacement ne sont pas modifiables. C'est
d'ailleurs pour ça que j'ai refusé de perdre le :8080 que
toutes les autres adresses du site Web des élèves de
l'ENS ont perdu il y a quelques années. Certes, je ne
pourrai pas y rester indéfiniment, mais je veux que le changement que
je m'apprête à faire soit le bon, et que je n'aie pas à revenir dessus
dans les dix prochaines années. D'où la nécessité d'être absolument
sûr de mon coup.
Est-ce que je vais vers un terrain vraiment solide ?
Il y a au moins deux points de fragilité potentielle. L'un, c'est
le serveur dédié qui héberge mon site à ce nouvel emplacement : autant
je suis sûr que si le serveur actuel tombe en panne ou si on fait une
erreur logicielle dessus les choses seront rapidement réparées, autant
sur un serveur dont je suis seul à avoir la charge c'est un peu plus
hasardeux. Ceci dit, ce n'est pas vraiment grave, je peux envisager
des solutions de transition en cas de gros pépin technique, ce sera
juste très fastidieux.
L'autre problème, qui me cause plus de soucis, c'est de savoir dans
quelle mesure je pourrai garder indéfiniment ce domaine
madore.org. Ce n'est pas tant que j'ai peur d'oublier de
le renouveler et que quelqu'un se jette dessus quand il expirera, ni
que le registrar fasse faillite ou quelque chose comme ça : je crains
plutôt de voir arriver la Madore Big
Company qui prétendrait avoir enregistré le nom comme marque il
y a n années et pouvoir donc exiger que je lui cède le
domaine séance tenante. À peu près tous les noms possibles
imaginables sont déposés comme marques, donc je suppose que ça doit
notamment être le cas de mon patronyme, et des juges complètement
crétins ont commencé il y a des années à faire valoir le principe que
les noms de domaine Web étaient protégés par le droit des marques,
couvrant même d'ailleurs des activités non commerciales. Le fait que
Madore soit bien mon patronyme me protège peut-être un peu
mais, en cas de menace, d'abord je ne pourrais pas risquer
l'affrontement juridique, et de toute façon c'est toujours celui qui
paie le plus cher qui l'emporte, et ce ne serait pas moi. Peut-être,
donc, est-il plus prudent de garder madore.org juste pour
faire une redirection, et d'acheter un autre domaine, à un nom qu'on
ne risque pas de me contester (voire, utiliser
xn--kwg.net, puisque je l'ai déjà).
Pour mon site Web, encore, l'enjeu n'est pas gigantesque. Pour mon
mail, j'hésite nettement plus. Il s'agit notamment d'éviter qu'une
nouvelle adresse que je prendrais (comme adresse principale) se fasse
spammer de façon aussi colossale que mon adresse actuelle. Une idée
possible consiste à ne jamais créer l'adresse david tout
court (@lenomdudomaine bien sûr), mais
uniquement un david+machin à chaque fois que
j'ai besoin de donner mon adresse, en faisant varier la valeur de
machin, et dès qu'une de ces adresses commence à devenir
trop pourrie, on connaît ainsi par quel côté les spammeurs l'ont eue
et surtout on peut la fermer sans fermer les autres. Mais ai-je
vraiment envie de donner à tout le monde des adresses bizarres comme
ça ? Cela doit avoir des inconvénients. Et puis, bien sûr, il y a de
nouveau la responsabilité de maintenir correctement le domaine (avec
un enjeu nettement plus grand que pour le site Web : si je perds le
domaine, je perds des mails).
Bon, pour le site Web, je me donne cinq-six jours de réflexion :
a priori j'envisage de tout basculer vers la nouvelle adresse
et le nouveau serveur pour le premier mai, date anniversaire de ce
blog. En attendant, si des gens ont des conseils éclairés à me
donner, je suis preneur. Pour le mail, on verra plus tard.
[#] Je préfère ne pas
faire de lien dans l'immédiat, parce que j'ai pour l'instant un
robots.txt qui interdit aux robots de le parcourir, afin
d'éviter de les pourrir avec des informations en double, et je ne sais
pas bien combien de temps les moteurs de recherche attendent avant de
rescaner le robots.txt, donc autant éviter tout
simplement qu'ils tombent dessus. Mais enfin ça devrait être vraiment
facile de deviner l'adresse complète, et par ailleurs ça n'a pas
spécialement d'intérêt, c'est exactement la même chose qu'ici.
On m'a appelé ce matin pour essayer de me vendre une connexion
ADSL à x mégas ; j'ai bluffé le type d'abord
par le nom de mon fournisseur actuel (Nerim, il n'en avait manifestement
jamais entendu parler mais il ne voulait pas paraître trop ignorant),
puis en prétendant que je n'avais aucune idée de combien je payais
actuellement (ce n'est pas loin d'être vrai, je sais juste que ce
n'est pas exorbitant), et enfin, comme il s'accrochait, en lui
demandant s'ils fournissaient une connectivité IPv6
— là, ce n'était même pas la peine d'essayer de cacher qu'il
n'avait aucune idée de ce que c'était, il a répété trois ou quatre
fois avant que je réussisse à lui faire comprendre que c'était un
‘P’ et pas un ‘T’ la deuxième lettre, je lui
ai expliqué vaguement de quoi il s'agissait, et je lui ai dit au
revoir.
Je viens de passer plusieurs heures à faire le ménage chez moi de
fond en comble : ça me prend parfois, alors que je suis en train de
passer l'aspirateur, je me mets dans l'idée de le passer partout, même
aux endroits où des choses sont posées (il n'y a que ma bibliothèque
que je n'ai pas eu le courage de déplacer), puis je commence à tout
gratter et récurer… Bref, mon chez moi est rutilant (mais pour
combien de temps ?), et moi je ruisselle de sueur (parce que, mine de
rien, ça fait brûler des kilocalories, tout ça !).
Bon, ensuite je me rends compte qu'il est minuit bien passé et que
j'aurais bien aimé sortir de chez moi un peu mais qu'il est trop tard
(plus de métros, et tout endroit où je pourrais vouloir aller sera
fermé de toute façon). L'ennui, c'est que je tourne un peu en rond
chez moi, que je ne suis pas assez fatigué pour me coucher
(d'ailleurs, j'ai lancé une lessive, dont le bruit m'empêchera de
dormir pendant encore au moins une heure), et qu'il n'y a rien à faire
dehors : j'ai horreur de ça quand ça m'arrive. Je vais peut-être
quand même aller me promener un peu.
Tant que j'y suis à raconter des détails sans importance de ma vie,
voici un petit TODO pour les jours à venir. Récupérer ma nouvelle
carte de crédit (l'actuelle expire dans une semaine). Récupérer les
exemplaires imprimés définitifs de ma thèse, déposer ce qu'il faut au
service de la scolarité et y récupérer mon attestation de doctorat.
Passer signer ma feuille annuelle de notation (et en profiter pour me
renseigner pour le rachat de cotisations de retraite au régime
fonctionnaire). Reprendre rendez-vous chez un dentiste. Pfiou, je
n'en suis qu'à la partie formalités et déjà ça me fatigue. Bon, je
mets juste : compléter ce TODO pour savoir ce que j'ai à faire dans
d'autres domaines. (En maths, par exemple ; mais là, ma priorité est
surtout jusqu'à cet été de lire des livres pour essayer de combler
certaines lacunes immenses dans ma culture mathématique.)
Je vois que c'est bientôt le mois de mai. Je me demande ce que
celui de cette année me réservera. Mai 2003 m'avait apporté le commencement de ce blog, diverses
rencontres via IRC, une charge de webmaster pour une association gaie et lesbienne et de
trésorier d'une autre association
(qui est malheureusement complètement morte), des changements dans mon
look (ou pas), mais aussi quelques frayeurs. Mai 2004 m'a surtout apporté une
proximité parfois un peu dangereuse (mais qui, a
posteriori, m'a été globalementbénéfique — et j'espère pas que
pour moi) avec les conscrits (= normaliens de première année) d'alors,
mais aussi des balades nocturnes dans
Paris, un dé et des jeux de tarot, des soucis avec les ordinateurs, des difficultés mathématiques et encore
quantité d'autres choses (en fait, à relire mon journal personnel,
j'ai le sentiment que mai 2004 a été le mois le plus rempli de toute
ma vie). Reste à savoir, donc, comment sera mai 2005 ; il y aura au
moins des choses publiques comme un vote
important ou la sortie d'un film attendu depuis
longtemps (et qui sera certainement mauvais, mais il faudra quand même
le voir).
Ma brosse a dent a cassé net pendant que je m'en servais (le manche
s'est brisé en deux). Je ne pensais pas avoir une force herculéenne,
comme ça. Ou alors c'est vraiment de la camelote ? Non, ça doit être
moi qui ai une force herculéenne.
On devait à Olivier Ducastel et Jacques Martineau Ma vraie vie à
Rouen, qui ne m'avait pas emballé, mais je suis allé voir
leur dernier film, d'un ton nettement plus léger, qui emprunte son
titre à une chanson de Brigitte Bardot (La Madrague), et
j'en ressors euphorique. Crustacés et
Coquillages est une comédie très réussie car à la fois
hilarante et pourvue d'un certain sens (je ne dirais pas qu'il y a une
« morale », mais en tout cas que ce n'est pas gratuit : certains
aspects aussi bien des relations parents-enfants que des rapports des
gens à leur sexualité — et à celle des autres — sont bien
vus). Certes, les rebondissements sont assez téléphonés, l'intrigue
est cousue de fil blanc, mais qu'est-ce qu'on rit ! Et puis, les
acteurs jouent bien (moi je donnerais une mention spéciale pour Romain
Torres, qui fait vraiment bien l'ado désabusé mi-apathique
mi-provocateur) et accessoirement il y en a qui ne sont pas mal à
regarder (mais comment Jean-Marc Barr fait-il pour être aussi
séduisant à quarante-cinq ans ? je le trouve même mieux qu'à
vingt-huit[#]).
[#] Argh, je me rends
compte que dans ce fragment littéraire
gratuit je n'ai pas mentionné le film qui a marqué
l'année !
PS : Pour répondre à une question essentielle
soulevée par le film, moi je ne me branle pas sous la douche (enfin,
rarement). Je préfère largement faire ça allongé sur mon lit.
I have seized the opportunity that the main site for this blog was
down to relocate its comments system:
the address (http://www.⁂.net/cgi-bin/comment.pl/lscomments)
hasn't changed, but now www.⁂.net (aka
www.xn--kwg.net) points to
regulus.⁂.net—which is a hosted box that I
own—rather than vega.⁂.net—which is my
home PC. The advantage is that the comments are now on a
dedicated (and reasonably fast) server with a good Internet
connection, rather than on my crummy old
PC, so they should respond much faster.
Note however that DNS caches might get in the way for
something like 24 hours and in the mean time it will be slower, not
faster, because if your Web browser contacts my home PC
vega.⁂.net thinking it is
www.⁂.net then it will have to get the comments
data from the new server regulus.⁂.net and that's
not efficient. But within a few days all should be in order.
I'm also starting to set up a mirror of my entire Web site at http://www.⁂.net/~david/,
with the idea in mind that someday I'll move away from
www.eleves.ens.fr:8080; but so far this mirror is
incomplete, and you shouldn't rely on it. In any case, I'll probably
decide to buy another domain name (asterism is fun, but it causes all sorts of
problems); in fact, suggestions are welcome as to what that domain
could be.
[French translation of the above.]
J'ai saisi l'occasion que le site principal de ce blog était éteint pour déplacer le système de
commentaires : l'adresse (http://www.⁂.net/cgi-bin/comment.pl/lscomments)
n'a pas changé, mais maintenant www.⁂.net (ou
www.xn--kwg.net) pointe vers
regulus.⁂.net — qui est une machine
embarquée que je possède — plutôt que
vega.⁂.net — qui est mon PC
chez moi. L'avantage est que les commentaires sont maintenant sur un
serveur dédié (et raisonnablement rapide) avec une bonne connexion
Internet, plutôt que sur mon vieux
PC tout pourri, donc ils devraient se charger
beaucoup plus vite. Notez cependant que les caches
DNS risquent de causer des ennuis pour quelque chose
comme 24 heures et entre temps ça ira plus lentement, pas plus vite,
parce que si votre browser Web contacte mon PC
vega.⁂.net en pensant qu'il est
www.⁂.net alors il devra récupérer les
commentaires sur le nouveau serveur regulus.⁂.net
et ce n'est pas efficace. Mais d'ici quelques jours tout devrait
rentrer dans l'ordre.
Je commence aussi un miroir de mon site Web tout entier sur http://www.⁂.net/~david/,
avec l'idée en tête qu'un jour je lâcherai
www.eleves.ens.fr:8080 ; mais pour l'instant ce miroir
est incomplet et il vaut mieux ne pas compter dessus. De toute façon,
je déciderai probablement d'acheter un autre nom de domaine
(l'astérisme c'est rigolo, mais ça
cause quand même toutes sortes de problèmes) ; d'ailleurs, les
suggestions sont bienvenues quant à ce que ce domaine pourrait
être.
Je suis convoqué le 9 mai pour l'audition du concours de
recrutement des chargés de recherche au CNRS, puisque je suis sur
la liste des candidats
admis à concourir. En maths, contrairement à d'autres
disciplines, l'audition est une pure formalité, le candidat se bornant
à signer la feuille de présence et éventuellement à déposer des pièces
à joindre au dossier. En tout cas, la chose intéressante à noter,
c'est le rapport entre la taille de cette liste — 164 noms
— et le nombre de places — 14. Ce qui quantifie
précisément le manque de moyens de la recherche en maths en France :
il y en a douze fois trop peu, puisqu'il y a douze fois plus de gens
qu'il faudrait employer qu'il n'y a de possibilité de les employer
(a priori, quelqu'un qui est arrivé à ce stade a franchi
suffisamment d'étapes — notamment une soutenance de thèse
— pour qu'on ne puisse pas soupçonner que la candidature est
bidon[#] ou quelque chose comme
ça). Ceci étant, je ne suis pas sûr que les maths soient les plus mal
loties de ce point de vue-là : il serait intéressant de calculer le
rapport analogue dans chaque section, mais j'ai la flemme ; je note
quand même au hasard que dans la section 32 mondes anciens et
médiévaux le rapport est de 16 (il y a 47 candidats pour 3
places).
[#] Bon, d'accord, il y
a peut-être un ou deux fumistes du genre Bogdanov dans la liste, mais
sans doute pas des masses.
J'aime avoir l'impression, quand la journée est finie, que je ne
l'ai pas totalement perdue, que j'ai fait des choses, peut-être pas
des choses terriblement constructives, peut-être simplement m'amuser, mais au moins de ne pas avoir
passé tout mon temps dans un état de quasi coma. Et aujourd'hui je me
rends compte que ma journée était plutôt bien, de ce point de vue-là
(la meilleure depuis un moment, en fait) : j'ai pu faire un peu de
maths, mais pas trop, et j'ai pu me distraire (même si je n'ai pas
tenu le programme que j'espérais), j'ai assisté à un match
d'improvisation théâtrale et la soirée était plutôt réussie.
En revanche, insidieusement, je sens des signes de déprime pointer
de nouveau le bout de leur nez de temps en temps. C'est sûrement
l'effet post-thèse, en fait, ça : c'est dangereux, le sentiment
d'avoir beaucoup de liberté et de ne pas bien savoir ce qu'on doit en
faire.
Le Grand Inquisiteur n'est donc pas encore évêque de Rome.
Pourtant, on ne peut pas dire qu'il n'ait pas fait comprendre qu'il
avait envie de le devenir.
Ça ne doit pas faire longtemps — entre deux et cinq ans, je
dirais — que la mode s'est installée d'utiliser la couleur
bleue comme témoin de fonctionnement des gadgets
électroniques. Peut-être qu'auparavant on ne savait pas faire des
diodes électroluminescentes bleues et que l'invention en est récente,
mais ça m'étonnerait quand même : je pense que c'est plutôt un effet
de mode. En tout cas, le bleu est toujours le même : du
rétro-éclairage des touches de mon nouveau téléphone mobile au voyant
témoin d'alimentation de ma nouvelle paire d'enceintes[#], le bleu est devenu le symbole
omniprésent de tout ce qui est hi-tech, là où il y a quelques années
on aurait bêtement utilisé des diodes vertes. Je soupçonne même que
la technologie bluetooth associe volontairement son nom à la
couleur bleue des diodes qui sont systématiquement présentes
pour flashouiller dans les récepteurs de ce protocole. La raison pour
laquelle le bleu donne un effet si particulier — si
« électrique » — dans la vision des couleurs, c'est que les cellules
rétiennes (les « cônes courts ») qui y sont principalement sensibles
(en vision diurne[#]) ne
participent pas à la sensation de luminosité : autrement dit, un bleu
assez pur se voit énormément sans être très lumineux, d'où une
impression parfois étrange (qu'on retrouve rarement dans la nature[#2]).
Logiquement, dans quelques années, on devrait arriver à faire des
diodes avec une longueur d'onde encore plus courte mais toujours dans
le visible (du style 430nm). Et ça flashouillera encore plus.
[#] C'est pour cela que
j'y pense maintenant : je me suis réveillé dans la nuit et je me suis
aperçu que cette seule diode éclairait vraiment tout mon appartement
— beaucoup plus que les diodes vertes sur mon ordinateur, mon
modem ADSL ou mon téléphone fixe, même réunies. Car
contrairement à la vision diurne où le bleu apporte peu de sentiment
de luminosité, la nuit il en apporte normalement car ce sont les
cellules « bâtonnet » qui détectent la lumière plutôt que les
« cônes » longs et moyens : le pic de sensibilité à la lumière en
vision nocturne (courbe « scotopique ») est à 507nm (soit un vert nettement bleuté) contre
555nm pour la vision
diurne (courbe « photopique »), et dans la région de 470nm où se situe la couleur
bleue dont je parle la différence entre vision nocturne et vision
diurne est stupéfiante.
[#2] Sauf peut-être
dans les pétunias violets : je m'étonne de voir que je n'en ai jamais
encore parlé dans ce blog alors que les pétunias violets (qui
deviennent roses quand on les prend en photo) sont un de mes dadas
chromatologiques. Rappelez-moi d'en parler un jour.
Je me suis enfin décidé à me racheter un téléphone mobile (le
précédent est définitivement perdu) :
c'est le 06 98 03 41 80 (soit +33 6 98 03 41 80 si vous appelez de
l'étranger). Je pourrais répéter presque exactement les mêmes choses
que la dernière fois.
C'est encore un Nomad :
comparaison rapide des tarifs faite, ce sont toujours eux les moins
chers si on n'appelle jamais (ce qui est à peu près mon cas), juste
pour maintenir la ligne ouverte. Le téléphone lui-même est un Sagem my C-4 (et je ne
peux pas fournir de lien sur le site du fabricant parce qu'apparemment
ils ne connaissent pas ce modèle — pourtant, je vous assure,
j'en ai un sous les yeux !) ; j'aurais aimé pouvoir échapper à l'écran
couleur et avoir en contrepartie quelque chose de plus solide ou de
moins cher, mais apparemment on ne peut pas (et je n'avais pas de
temps à perdre à chercher), alors tant pis, ça m'aura coûté 109€.
Côté ergonomie, il n'a l'air pas trop mauvais sauf pour une chose : si
je commence à composer un numéro, il apparaît un onglet store (pour stocker le numéro dans le répertoire,
logique), mais si je tape dessus il ne me demande pas un nom sous
lequel le stocker, il dit juste OK et apparemment
il ne fait rien : il doit y avoir quelque chose que je n'ai pas
compris, mais en tout cas ce n'est pas très conforme au principe de
moindre surprise.
Je n'ai pas fait d'effort pour tenter de garder l'ancien numéro.
En fait, c'est pire que ça, je l'ai laissé se périmer (maintenant il y
a un message qui stipule que ce numéro n'existe plus), et ça c'est
dommage, j'aurais voulu changer l'annonce du répondeur pour préciser
mon nouveau numéro. C'est bien bête parce que sur la version imprimée
de l'annuaire
des élèves de l'ENS j'apparaîtrai avec cet ancien
numéro.
Et évidemment, je continue à très mal capter dans mon appartement :
donc il faudra toujours essayer de m'appeler au 01 45 88 39 61 avant
le mobile.
Comme la dernière fois, je termine avec un fichier MP3 dont la
lecture contre un combiné de téléphone fixe devrait composer le
numéro : comme ça des gens vont devoir trouver un prétexte pour
m'appeler pour essayer ce gadget.
[Résumé
en anglais de ci-dessus.] My new cell phone number is
+33 6 98 03 41 80 (same operator as
previously, and the phone itself is a Sagem my C-4). Again,
since cell phone coverage inside of my apartment is very poor,
+33 1 45 88 39 61 is the first number to try if one wishes to reach
me.
On m'a offert un énorme poster qui représente l'intégralité des
caractères du plan 0 d'Unicode (4.0.1) ! C'est vraiment
impressionnant à regarder, et surtout on se dit que le chinois prend
de la place (surtout quand on pense qu'il y a encore beaucoup plus de
caractères chinois dans le plan 2).
Bon, maintenant je me demande où je vais bien pouvoir afficher
ça.
Ce que je trouve fascinant dans les mathématiques, ce sont les
objets infiniment élégants qu'on peut y rencontrer : je ne
m'enthousiasme pas tant pour les démonstrations que pour les créatures
qui peuplent le paradis platonique et dont on a vraiment l'impression
qu'elles existent et qu'on ne fait que les découvrir et non
les inventer. La créature que j'ai rencontrée en l'occurrence (pas
aujourd'hui, mais c'est aujourd'hui que j'ai appris son nom), c'est
l'arbre
de Stern-Brocot : il se trouve que je l'ai redécouvert (et je
suppose que je ne suis pas le premier ; déjà, il porte un double nom
en l'honneur de deux personnes — Moris Stern et Achille Brocot
— qui l'ont découvert indépendamment) dans ma thèse (voyez
page 26 de mon
manuscrit) en étudiant la résolution par éclatement des morphismes
depuis la droite projective, mais je suppose que j'aurais pu le
rencontrer en mille et une circonstances tellement il est naturel.
J'en discutais avec un ami (Arthur), qui m'a fait remarquer que cet
arbre était déjà connu et signalé dans Concrete
Mathematics (le livre de Graham, Knuth et Patashnik), et c'est
là que j'en ai appris le nom.
Il s'agit d'un arbre binaire dont les feuilles sont exactement les
nombres rationnels (du moins tel que je le conçois, avec zéro pour
racine ; d'autres présentations prennent des sous-arbres de ce que
j'évoque) : il a pour racine le nombre 0, dont partent deux feuilles
étiquetées −1 (à gauche) et 1 (à droite) ; au niveau suivant,
les feuilles sont −2 et −½ (filles de la feuille
−1), ½ et 2 (filles de la feuille 1) ; au niveau suivant ce sont
−3, −3/2, −2/3, −1/3, 1/3, 2/3, 3/2 et 3. À
chaque niveau, la règle de construction est de placer entre deux
fractions déjà formées la fraction dont le numérateur et le
dénominateur sont chacun somme de ceux des deux fractions gauche et
droite entre lesquelles on intercale la nouvelle (par exemple, entre
1/2 et 2/3 on mettra 3/5, qui sera fils gauche de 2/3). Peut-être que
les
explications de PlanetMath ou celles de
MathWorld, avec dessin, seront plus claires. Cet arbre contient
une et une seule fois chaque rationnel, qui apparaît sous forme
réduite, et les irrationnels correspondent à des branches dans l'arbre
de Stern-Brocot ; de plus, il a des propriétés miraculeuses liées à
l'algorithme d'Euclide (d'écriture des réels en fractions
continuées) : si on suit une branche de l'arbre, les fractions qui
apparaissent sont exactement les meilleures approximations
rationnelles du réel limite, et les changements de direction (de la
gauche vers la droite ou vice versa) se font exactement aux réduites
de l'écriture du réel en fraction continuée. Par exemple, si on part
de 1 et qu'on alterne branche droite et branche gauche, on trouve les
rapports successifs des nombres de Fibonacci (2, 3/2, 5/3, 8/5,
13/8…) qui sont les approximants d'Euclide convergeant vers le
nombre d'or.
Je ne m'arrête pas
là : supposons que je mette en correspondance l'arbre de Stern-Brocot
(mettons le sous-arbre qui a pour sommet ½, entre 0 et 1) avec l'arbre
dyadique de même intervalle (qui a pour sommet ½ dont partent deux
branches vers ¼ et ¾ et ensuite vers les huitièmes et ainsi de suite).
On obtient une fonction continue croissante (représentée ci-contre)
qui à tout rationnel (entre 0 et 1) associe un nombre dyadique
(c'est-à-dire un rationnel dont le dénominateur est une puissance de
2) : elle envoie par exemple 1/2 sur 1/2, 1/3 sur 1/4, 2/3 sur 3/4,
3/5 sur 5/8 et 5/8 sur 11/16. Cette fonction se prolonge (de façon
unique) en une fonction croissante continue φ de
l'intervalle [0;1] sur lui-même, qui fait correspondre exactement non
seulement les rationnels avec les dyadiques mais aussi — par une
propriété bien connue des développements en fractions continuées
— les réels algébriques quadratiques avec les rationnels (par
exemple, l'inverse du nombre d'or, (√5−1)/2, ou
0.61803…, s'envoie sur 2/3 exactement, car ils s'obtiennent en
alternant branche droite et branche gauche dans un cas sur l'arbre de
Stern-Brocot et dans l'autre sur l'arbre dyadique). Ceci suggère
toutes sortes de questions. Que peut-on dire, par exemple, du nombre
dont l'image par φ est (√5−1)/2 (et donc
l'image par φ² — l'itérée double de
φ — est 2/3) ? Que peut-on dire des nombres dont
l'image par un nombre fini d'application de φ (à la
partie fractionnaire) donne un rationnel (ou, de façon équivalente, un
dyadique) ? Sont-ils stables par addition et multiplication ?
Peut-on les caractériser ? L'image d'un algébrique par
φ est-elle un algébrique ? Le nombre 0.42037…
qui est un des deux points fixes irrationnels de φ
(autrement dit, son parcours dans l'arbre de Stern-Brocot est le même
que son parcours dans l'arbre dyadique, c'est-à-dire que son
développement en fraction continuée et son écriture binaire sont
directement liés) a-t-il des propriétés remarquables ? Est-il
transcendant ? Bon, je n'ai pas réfléchi à tout ça, et sans doute
beaucoup de ces questions sont-elles stupides (soit parce que leur
réponse est évidente soit — ce qui me semble plus probable
— parce qu'elle est hors de portée et peu intéressante), mais je
suis sûr qu'il y a tout de même quantité de choses fascinantes à dire
sur cette fonction φ (tiens, sa dérivée s'annule en
tous les dyadiques, mais que peut-on dire de φ′
ailleurs).
Une coupure de courant est prévue toute la journée demain (samedi)
à l'ENS, donc aussi bien le site Web officiel que le serveur des élèves seront en
rade, et notamment ce blog — ainsi, bien sûr, que mon courrier
électronique.
Certainement un complot pour m'empêcher de bosser, ça. Comme si
c'était nécessaire !
Rectification : Je me suis trompé d'une semaine, la
coupure de courant est prévue pour samedi 23.
Il fait nuit. Je bois du thé vert. J'écoute le quintette pour
clarinette en si mineur opus 115 de Brahms — mixé avec des sons
d'eau et des chants d'oiseau. Et maintenant, je vais lire quelques
pages du dernier roman d'Umberto Eco.
Aujourd'hui je me sens d'humeur à râler, alors comme c'est une des
choses que je sais faire le mieux au monde, je ne vais pas me priver.
Ce matin quand j'ai voulu prendre le bus (27), le panneau à cristaux
liquides qui indique normalement le temps avant le passage des
prochains bus indiquait simplement : Service perturbé. Alors
je trouve que c'est bien gentil de dire ça, mais c'est justement
quand le service est perturbé qu'on a d'autant plus envie de
savoir le temps d'attente avant le prochain bus ! Donc au lieu de
remplacer cette donnée utile par une information générale (certes
importante) ils pourraient peut-être afficher alternativement l'une et
l'autre. Non ? Je veux dire, leur système GPS qui
permet de savoir où en est le prochain bus, il doit toujours marcher
quand le service est perturbé (au pire, ils peuvent donner un
intervalle approximatif). Bref, ayant vu ça, je suis allé à pied (ça
ne m'arrangeait pas parce que j'étais en retard), et deux cents mètres
plus loin le bus m'a filé sous le nez et un feu peu coopératif m'a
empêché de le rejoindre à l'arrêt suivant. À ce propos je trouve que
les feux à Paris sont souvent beaucoup trop longs (il m'arrive de
devoir attendre une minute — j'ai chronométré — pour
traverser les Gobelins, c'est vraiment n'importe quoi), j'aimerais
bien savoir à qui je dois envoyer une lettre de protestation
officielle (à la Préfecture de police ?) et, plus sérieusement, au
fait, comment ils sont synchronisés, les feux de circulation (y a-t-il
un Grand Ordinateur Central ? si oui, qui s'occupe de le
programmer, et par quel moyen communique-t-il avec les feux, et que se
passe-t-il quand il plante ?).
Aucun rapport : il sort un film pour (petits) enfants qui s'appelle
(en français) L'Éfélant.
Alors là, franchement, c'est vachement malin : les enfants qui sont
volontiers un peu dyslexiques, surtout sur un nom aussi compliqué que
éléphant, ça va vraiment les aider. Bravo.
Ah oui, et puis la météo aujourd'hui, elle s'est bien plantée, il
devait pleuvoir et en fait il n'est presque rien tombé, et j'ai annulé
une promenade que je devais faire cet après-midi pour ça, et du coup
c'était pour rien. Bon, à la place on m'a fait un cadeau, alors ce
n'est pas trop grave.
Zut, j'avais un autre sujet sur lequel râler, mais il ne me revient
pas à l'esprit à l'instant. Bon, en attendant je me couche parce que
je dois écouter des agrégatifs
parler de dénombrement et de corps de rupture, demain matin (tôt !).
Certains paquets que je reçois d'Amazon.com portent un gros
autocollant jaune avec l'avertissement suivant :
Goods Do Not Meet
The Requirement Of
Article 9 and 10 Of
The Contract For The
Foundation Of The
European Community
(Verbatim : tous les mots ont une majuscule sauf and, et il n'y a pas de pluriel à Requirement ni Article. Et il
n'y a pas non plus la moindre sorte de ponctuation.)
En l'occurrence, le paquet venait d'Allemagne et contenait un
livre.
Je me suis dit que j'allais chercher sur le Web ce que c'était que
le Contract For The Foundation Of The European
Community, mais la seule référence à ça est quelqu'un qui cite
justement cet autocollant. Et d'ailleurs il me semble que la
Communauté européenne, ça n'existe plus, c'est l'Union européenne, et
qu'elle n'a pas été fondée par des contrats mais par des traités (ce
qui est subtilement différent). Enfin bon, il doit s'agir du Traité de
Rome du 25 mars 1957, instituant la communauté [économique]
européenne, dont les articles 9 et 10
ont effectivement l'air de parler de mesures douanières :
Les dispositions du chapitre 1, section 1, et du chapitre 2 du
présent titre s'appliquent aux produits qui sont originaires des États
membres, ainsi qu'aux produits en provenance de pays tiers qui se
trouvent en libre pratique dans les États membres.
Sont considérés comme étant en libre pratique dans un État membre
les produits en provenance de pays tiers pour lesquels les formalités
d'importation ont été accomplies et les droits de douane et taxes
d'effet équivalent exigibles ont été perçus dans cet État membre, et
qui n'ont pas bénéficié d'une ristourne totale ou partielle de ces
droits et taxes.
C'est un peu chinois pour moi (enfin bon, faut bien que les traités
soient rédigés dans une langue sibylline, sinon on n'aurait pas besoin
de payer des juristes pour les comprendre ). J'ai
l'impression que l'idée c'est que Amazon.com n'a pas payé les droits
de douane pour faire venir le livre depuis les États-Unis jusqu'en
Allemagne d'où ils le réexpédient vers moi donc le colis n'est pas
protégé par l'union douanière et ils mettent ce gros autocollant qui
veut dire que s'il faut faire payer quelqu'un c'est moi et pas eux.
J'ai bon ? Ce n'est pas un peu grotesque, comme méthode ?
Sinon, tant que j'y suis, un petit quizz rigolo : savez-vous quels
sont les tout premiers mots du traité de Rome et de tous les traités
européens depuis, y compris le traité constitutionnel européen dont on
parle tellement en ce moment ? Tenez-vous bien : ça commence[#] par
Sa Majesté le Roi des Belges
Eh ben je suis désolé de le dire, mais We the People of the United States ça a quand
même plus de gueule que Sa Majesté le Roi des Belges. Sans
vouloir offenser personne, bien sûr, mais je crois que je préférais
encore Thucydide.
[#] Vous aurez compris,
ça commence par l'énumération des hautes parties contractantes,
c'est-à-dire les chefs d'État des vingt-cinq pays de l'Union, dans un
ordre qui doit vaguement être l'ordre alphabétique dans une certaine
langue mais je ne sais pas exactement laquelle. Il s'agit donc du
souverain ou du président des différents pays ; il y a une bizarrerie,
cependant : pour la Suède, la haute partie contractante est le
Gouvernement du Royaume de Suède et non Sa Majesté le Roi de
Suède ; je serais curieux de savoir pourquoi elle fait ainsi
exception.
C'est un sentiment vraiment horrible de se retrouver un dimanche à
onze heures du soir passées à vouloir savoir ce que c'est que le
nilradical inférieur (d'un anneau non commutatif) et de n'avoir aucun
moyen d'accéder à cette information. Je suis très sérieux —
enfin presque.
J'ai la fâcheuse manie de travailler hors des heures d'ouverture de
la bibliothèque de maths à laquelle j'ai accès ; j'ai une petite
collection de livres de maths dans mon bureau (et une collection bien
plus importante chez mes parents à Orsay, mais je n'y suis plus trop),
qui souvent ne suffit pas à fournir les réponses que je cherche.
Reste le Web : mais ce qui est frustrant, avec le Web, c'est qu'on y
trouve des articles de recherche (et un article de recherche en
algèbre non commutative ne va jamais prendre la peine de rappeler
quelque chose censément aussi connu que la définition du nilradical),
des cours de niveau vraiment basique, et quelques informations
éparses au niveau intermédiaire, mais rien de cohérent.
Alors voilà, pris dans un méandre de ma pensée j'ai voulu retrouver
la définition du nilradical inférieur d'un anneau non commutatif.
(Plus exactement, il y a un nilradical supérieur et un nilradical
inférieur qui généralisent la notion de nilradical d'un anneau
commutatif — l'ensemble des éléments nilpotents. Je connais une
définition possible, parfois appelée nilradical tout court, à savoir
la somme des idéaux bilatères nils — c'est-à-dire dont tous les
éléments sont nilpotents — mais je ne sais pas si c'est le
supérieur ou l'inférieur : je penche plutôt pour le supérieur, et
j'aimerais bien savoir quel est l'autre définition — peut-être
la somme des idéaux bilatères nilpotents mais ça pourrait être tout
autre chose.) Impossible : tous les livres que j'avais sous la main
traitent essentiellement (ou uniquement) d'algèbre commutative, et
personne sur le Web ni sur Usenet n'a jamais écrit noir sur blanc la
définition du nilradical inférieur. Je sais que la réponse est dans
le livre de Lam sur les anneaux non commutatifs, qui se trouve chez
mes parents, mais je ne l'ai pas avec moi.
C'est absolument affreux. Pas pour le nilradical
lui-même, mais ce sentiment que l'information est là, quelque part,
mais inaccessible.
Alors voilà ce qui a officiellement été dit sur moi :
Orsay, le 8 avril 2005
David Madore a d'abord décrit le contexte général dans lequel
s'inscrivent ses recherches. Il a ensuite énoncé précisément les
principaux résultats de sa thèse. Il a fait le choix judicieux d'en
exposer trois, ceux qui ont des applications à l'étude du groupe de
Chow des zéro-cycles. Pour les deux premiers, il a bien dégagé les
idées géométriques clés. Le troisième résultat s'appuie sur un calcul
difficile de désingularisation torique. Madore a su alors combiner la
présentation par transparents de calculs complexes et l'exposé
synthétique de sa stratégie.
Le jury a apprécié le soin et la rigueur dont Madore a fait preuve
tout au long de son exposé, très bien construit et agréable à
suivre.
David Madore a manifestement toutes les qualités requises pour
exercer une profession d'enseignant-chercheur.
Pour ces raisons, le jury décerne à David Madore le grade de
docteur de l'université Paris-XI avec mention très honorable.
[Suivent les cinq signatures des membres du jury, dans l'ordre
alphabétique]
(L'Université de Paris-Sud XI — ou au moins le département de
mathématiques — ne décerne pas de félicitations. Comme ça je
n'ai pas à me poser l'embarrassante question de savoir si je les
aurais eues.)
Bon, il me reste encore à faire procéder au tirage définitif de mon
manuscrit pour le déposer à la scolarité (le jury ne me demande pas de
modifications, mais j'ai tout de même quelques changements à
apporter) ; notamment, il faut que je décide si j'inverse les termes
R-équivalence et équivalence rationnelle
dans le titre de mon manuscrit pour me mettre en conformité avec
l'ordre que j'ai bêtement écrit sur les papiers administratifs (et qui
figure donc sur le procès-verbal de soutenance) ou si je maintiens
l'ordre que j'avais choisi quitte à risquer des ennuis si je tombe un
jour sur des bureaucrates vraiment bornés.
Et ensuite quoi ? Pour cette année, je candidate au CNRS —
sans avoir plus qu'une chance minuscule de l'avoir ; je ne peux pas
candidater comme maître de conf parce que les dates limites des
qualifications sont passées. L'an prochain on verra.
Je pense que je vais aussi chercher un prétexte, l'an prochain,
pour être officiellement encore étudiant : après tout, le statut
d'étudiant à vie me plaît bien. Ça pourrait être m'inscrire en
habilitation (purement pour la forme), ou chercher un master ou une
licence pipo, ou je ne sais quoi encore.
Pour ce qui est de mes recherches (mathématiques) futures, j'ai un
certain nombre de pistes, les plus sérieuses étant celles qui
résultent de conversations récentes avec Brendan Hassett (un de mes
rapporteurs), notamment mardi.
Dans l'immédiat, je vais surtout me reposer, faire un certain
nombre de choses que j'avais dû laisser de côté ces dernières
semaines, et puis sortir un peu, chose qui me manque en ce moment.
Habe nun, ach! Philosophie,
Juristerei und Medizin,
Und leider auch Theologie!
Durchaus studiert, mit heißem Bemühn.
Da steh' ich nun ich armer Tor!
Und bin so klug als wie zuvor;
Heiße Magister, heiße Doktor gar
Und ziehe schon an die zehen Jahr,
Herauf, herab und quer und krumm,
Meine Schüler an der Nase herum—
[Je suis sûr, Arthur, que tu te doutais que j'allais citer
ça. ]
Enfin voilà, c'est fait : dès que Mme la Présidente de l'Université
de Paris-Sud XI aura apposé sa signature sur le procès-verbal, je
serai docteur. Pour l'instant, je suis surtout complètement lessivé,
alors je ne vais pas dire grand-chose de plus (je recopierai sans
doute le rapport du jury dans une entrée ultérieure). Mais j'ai été
ému du nombre et de la diversité des gens venus m'écouter (même sans
rien y comprendre) ; mon directeur de thèse m'a d'ailleurs fait
remarquer — je vous que vous êtes très populaire. Merci
à tous, donc.
Bon, normalement mon exposé est au point (c'est-à-dire autant qu'il
le sera), j'ai fait une répétition hier où je ne m'en suis pas trop
mal sorti, mes transparents sont nuls mais il faudra faire avec. J'ai
récupéré le dossier de soutenance au service de la scolarité (une
enveloppe scellée que je dois remettre au président du jury — je
me demande bien ce qu'il y a dedans[#]), j'ai récupéré les exemplaires
imprimés de mon mémoire (où j'ai consciencieusement inséré une feuille
d'errata) et j'en ai distribué quelques-uns. Ma mère a confirmé pour
le pot (cinquante personnes). Bref : tout est prêt, et j'en suis à
m'ennuyer en attendant que le temps passe.
Je serai le
premier de l'année
2005 à soutenir une thèse de maths à Orsay (ben oui, les thèses se
font par saison — à cause de deadlines administratives débiles —, et je
suis complètement hors-saison, là). Ah, et, je me demande si tout le
monde arrivera à tenir dans la salle où a lieu la soutenance
J'espère par ailleurs que l'administration n'aura pas la bêtise de
me chercher des ennuis parce que sur les papiers officiels j'ai
indiqué mon sujet comme étant
Hypersurfaces cubiques: équivalence rationnelle,
R-équivalence, et approximation faible
alors que sur le mémoire c'est
Hypersurfaces cubiques: R-équivalence,
équivalence rationnelle et approximation faible
J'ai moyennement envie de soutenir une deuxième fois sur le même
sujet en permutant deux termes.
Bon, pour parler d'autre chose que de ma thèse, voici quelques
pointeurs Web. Je viens de jeter un coup d'œil aux images de la
dernière édition de l'IRTC, c'est-à-dire
janvier-février 2005, sur le thème Out of place,
et je dois dire que les lauréats sont
excellents : à la fois techniquement réussis, esthétiquement
intéressants, et drôles ; je conseille donc de regarder ça (de façon
générale les images de l'IRTC méritent l'attention, mais
cette fournée me semble vraiment bien, sans doute parce que le sujet
était propice à l'inspiration). Je viens aussi de découvrir un
poisson d'avril qui fera rire tous ceux qui connaissent Boing Boing : Boring Boring (A
Directory of Dull Things).
Je viens aussi de découvrir un passage de la toute nouvelle version
(4.1.0) du standard Unicode
(béni-soit-son-nom) qui m'a fait hurler de rire :
@ Gender symbols
26A2 DOUBLED FEMALE SIGN
= lesbianism
26A3 DOUBLED MALE SIGN
* a glyph variant has the two circles on the same line
= male homosexuality
26A4 INTERLOCKED FEMALE AND MALE SIGN
* a glyph variant has the two circles on the same line
= bisexuality
26A5 MALE AND FEMALE SIGN
= transgendered sexuality
= hermaphrodite (in entomology)
26A6 MALE WITH STROKE SIGN
= transgendered sexuality
26A7 MALE WITH STROKE AND MALE AND FEMALE SIGN
= transgendered sexuality
26A8 VERTICAL MALE WITH STROKE SIGN
= ferrous iron sulphate (alchemy and older chemistry)
26A9 HORIZONTAL MALE WITH STROKE SIGN
= magnesium (alchemy and older chemistry)
@ Circles
26AA MEDIUM WHITE CIRCLE
= asexuality, sexless, genderless
= engaged, betrothed
* base for male or female sign
26AB MEDIUM BLACK CIRCLE
* UI symbol for record function
26AC MEDIUM SMALL WHITE CIRCLE
= engaged, betrothed (genealogy)
* can represent wedding ring
@ Genealogical symbols
26AD MARRIAGE SYMBOL
x (infinity - 221E)
26AE DIVORCE SYMBOL
x (infinity negated with vertical bar - 29DE)
26AF UNMARRIED PARTNERSHIP SYMBOL
x (double-ended multimap - 29DF)
26B0 COFFIN
= buried (genealogy)
x (white rectangle - 25AD)
26B1 FUNERAL URN
= cremated (genealogy)
À quand la marche des fiertés lesbienne, gaie, bi, trans,
hermaphrodite, sulfate ferreux et magnésium ? À part ça, je
trouve amusant de voir le Saint Standard donner dans le politiquement
correct ; ils n'ont toujours pas ajouté, d'ailleurs, le svastika dans
les symboles divers (alors qu'il y a plein de croix religieuses, il y
a le symbole marteau-et-faucille, le symbole peace-and-love,
yin-et-yang, et plein d'autres choses de ce genre, même, très
récemment, la fleur-de-lis), je me demande si c'est parce qu'ils ont
peur des réactions ou simplement parce que personne n'a fait de
proposition formelle. Ah, et, par ailleurs, faudrait que je me dévoue
pour faire une proposition qui se tienne pour ajouter les smileys dans
Unicode (je veux dire, le « répertoire standard », c'est-à-dire les
smileys qu'on retrouve en commun dans énormément de systèmes de
communication électronique, ceux qui servent vraiment à transmettre
des informations et pas à faire de l'ASCII-art).
[#] En fait, je
soupçonne quand même que ce sont les rapports. Mais comme mes
rapporteurs font de toute manière partie de mon jury de soutenance, ça
n'a pas énormément de sens de me donner sous enveloppe scellée à leur
remettre une copie des rapports qu'ils ont eux-mêmes écrit. Et je
crois qu'après la soutenance j'aurai le droit de les voir, les
rapports en question.
C'est tout de même énervant qu'alors que ma thèse est
essentiellement bouclée depuis trois mois (si ce n'est plus) je me
retrouve en pleine panique de dernière minute : la préparation de mon
exposé de soutenance est loin d'être parfaite. (Pour être précis, je
prévois quatre parties à mon exposé : la première partie,
introductive, je l'ai bien préparée maintenant, mais j'ai peur
d'oublier de dire plein de choses sous le stress du moment ; la
seconde partie ne devrait pas poser trop de problème, la troisième
probablement pas non plus, mais la quatrième est encore complètement
dans l'espace, j'ai vaguement deux transparents qui sont très mauvais
mais je n'ai plus le temps de faire mieux.)
Demain je vais à Orsay pour parler avec un de mes rapporteurs
(probablement pas tellement de ma thèse mais d'autres questions
mathématiques — il faut bien profiter de sa présence en France),
puis il donne un exposé au séminaire de géométrie
algébrique d'Orsay. Je vais aussi récupérer les versions
imprimées de mon manuscrit (et y insérer une feuille d'errata[#] ).
Après-demain je vais à Paris pour répéter une nouvelle fois (devant
quelques amis) mon exposé de soutenance. Et jeudi je ne fais
rien (en tout cas, je prévois de ne rien faire : peut-être
qu'il y aura une nouvelle panique de dernière minute, mais espérons
que non !). Sauf peut-être de la paperasse administrative (récupérer
à la scolarité mon dossier de soutenance).
Et dans tout ça, il faut surtout que j'arrive à dormir,
parce que ces derniers jours le niveau de stress a été tel que je n'ai
dormi qu'en moyenne cinq heures par nuit et ça ne peut pas durer.
[#] Je précise tout de
même que ceci était un poisson
d'avril ! Il y a bien quelques choses à corriger dans ma thèse mais,
à ce que je sache, rien qui remette en cause l'ensemble.
Au cours de la préparation de mon exposé de soutenance j'ai essayé
de me faire des notes très précises, au moins pour l'introduction.
Très précises, cela veut dire : décidant à l'avance presque chaque mot
que je vais utiliser (ou au moins l'idée de chaque phrase). Et je me
rends compte de la chose suivante : la manière dont je forme une
phrase à l'écrit est très différente de la manière dont je la
tourne à l'oral. À la fois par le vocabulaire que j'utilise ou par
les tournures grammaticales, il n'y a presque rien en commun entre mon
français écrit et mon français parlé : si j'essaie de dire à haute
voix (pas dans une intonation qui soit celle de la lecture ou de la
récitation) une phrase que j'ai écrite, elle me semble
ultra-construite, pour ne pas dire maniérée, et à l'inverse, si
j'essaie de coucher par écrit ce que je dirais naturellement je trouve
cela incroyablement familier.
Cela se voit à toutes sortes de choses. À l'oral, par exemple, je
vais poser une question par qu'est-ce qu'on peut dire des foobars
bleutés ? alors qu'à l'écrit ce sera que peut-on dire des
foobars bleutés ? ; à l'oral le démonstratif est ça alors
qu'à l'écrit c'est ceci ou cela ; à l'écrit je structure
mes phrase en périodes alors qu'à l'oral je fais des phrases
généralement courtes que je relie par beaucoup de alors (ne
marquant pas la concession), bon, bref et autres mots de
liaison un peu vides de sens. Dans un exposé mathématique j'utilise
beaucoup de pronoms de la première personne (je vais supposer que
k est algébriquement clos, et je vais même rajouter
indénombrable et de caractéristique zéro) alors qu'à l'écrit on
les évite (le corps k sera supposé algébriquement clos
et, pour simplifier, indénombrable et de caractéristique nulle).
C'est assez étonnant, je ne me rendais pas compte de l'ampleur de la
différence.
Peut-être suis-je particulièrement touché parce que mon expression
écrite est volontiers ampoulée voire précieuse tandis que mon
expression orale est globalement naturelle (du moins il me semble)
[tiens, du moins c'est vraiment le type de locution que je
n'emploierais que très difficilement à l'oral : je dirais enfin je
crois]. Ou peut-être pas. J'ai vaguement l'impression que la
différence entre ma façon de m'exprimer verbalement et oralement est
beaucoup plus réduite en anglais : est-ce parce que je maîtrise
beaucoup moins bien l'anglais (surtout la langue idiomatique et
courante) ou est-ce qu'intrinsèquement l'anglais a moins d'écrart
entre langue écrite et langue parlée ?
Quoi qu'il en soit, il m'est presque répugnant de mettre par écrit
des choses que je dirais naturellement. Un exemple idiot : la
première phrase de mon exposé commencera sans doute par quelque chose
comme alors, pour introduire mon travail, je vais commencer par
évoquer la question suivante… : je n'arrive pas à dire
cette phrase sans le alors initial (juste pour l'intonation),
mais si j'essaie de l'écrire, il me semble parfaitement ridicule.
Je me suis naïvement dit que j'allais télédéclarer mes impôts cette
année, en passant par le serveur Web spécial.
Erreur fatale ! Après deux heures et demie passées à lutter, je
capitule.
Déjà, techniquement, leur système est d'une stupidité inimaginable.
Au lieu de proposer bêtement un formulaire HTML, avec un
peu de magie JavaScript pour aider, le tout transitant sur une
connexion HTTPS, ce qui marcherait très bien, ils
éprouvent le besoin de mettre en place un système beaucoup plus
compliqué et qui pose toutes sortes de problèmes sans apporter aucun
avantage : à savoir, générer d'abord un certificat cryptographique
censé identifier le citoyen télédéclarant, puis faire signer la
déclaration par ce certificat. Pourquoi ? Parce qu'une règle débile
de l'administration (du Code général des impôts, je suppose) dit que
la déclaration d'impôts doit être signée, et quelque andouille a
décidé que pour interpréter ça dans le contexte d'une télédéclaration
il fallait une signature cryptographique[#]. Toute personne ayant quelques
notions de cryptographie verra immédiatement la connerie du système
(qui apporte une illusion de sécurité sans rien apporter de réel) : la
« signature » en question ne vaut que par la confiance qu'on accorde
au certificat (c'est-à-dire, au fait que le certificat représente bien
le télédéclarant), et cette confiance a pour source le fait qu'il est
capable[#2] de donner son numéro
de télédéclarant, son numéro fiscal, et son revenu fiscal de référence
de l'an dernier ; ergo : ça n'apporte rigoureusement rien de
plus de générer d'abord un certificat qui ne vaut que par cette ténue
preuve d'identité et faire signer la déclaration à ce certificat que
de joindre tout simplement les informations prouvant l'identité à la
déclaration.
Enfin, admettons. Le système est idiot, mais jusqu'à ce point il
n'est pas prouvé qu'il est mauvais. Évidemment, la complexité du
mécanisme fait qu'ils ont besoin de Java, et même d'une bibliothèque Java
ad hoc, un module cryptographique pour signer la déclaration à partir
du certificat (vous suivez ?). Java étant assez mal foutu,
l'installation d'une bibliothèque Java va échouer sur plein de
systèmes (notamment à peu près n'importe quel Unix ou bien un Windows
quand on utilise un compte non-administrateur et qu'on a fait un peu
attention aux permissions) parce qu'il va tenter d'installer la
bibliothèque à un endroit où il n'a pas le droit d'écrire (au lieu de
créer un répertoire chez l'utilisateur et le rajouter au classpath).
Cette fois-ci, ce n'est pas l'administration française qu'on peut
accuser d'idiotie, c'est Sun. Mais ce point est mineur, on peut
facilement le contourner (en donnant à l'utilisateur le droit d'écrire
dans les répertoires de la JVM, par exemple en en créant
une pour lui).
Mais au bout du compte, ça ne marche toujours pas. J'obtiens le
message d'erreur suivant :
Votre demande n'a pas pu aboutir.
L'accès au service est momentanément indisponible. Veuillez nous
excuser pour la gêne occasionnée. Nous nous efforçons de rétablir le
service dans les meilleurs délais. Merci de bien vouloir vous
reconnecter ultérieurement.
Pour plus d'informations, le service d'assistance est accessible
selon la modalité de votre choix (assistance téléphonique,
mél…).
Pour retourner à la page d'accueil du site, veuillez cliquer sur le
bouton situé en haut de cette page.
Il est possible que leur site soit simplement saturé ou qu'ils
aient un bête problème technique avec leur serveur. Mais il est aussi
possible que ce soit autre chose : j'ai appris que l'an dernier des
gens ont rencontré la même erreur et simplement changeant de
navigateur (pour passer de Mozilla à Internet Explorer, sous Mac OS)
le système a fonctionné. Autrement dit, au moins l'an dernier, ce
message d'erreur était un pur mensonge et signifiait : Vous
n'utilisez pas un navigateur qui nous plaît. J'ignore si c'est
encore le cas cette année, mais je ne suis pas sûr de pouvoir prendre
le risque d'attendre voir si le site se remet à marcher et voir ainsi
passer la date limite pour la déclaration papier, sachant que si le
« problème » est de mon côté (i.e., avec Mozilla ou Firefox sous Linux
ça ne marche jamais) je peux toujours rêver que ça tombe en marche.
Joie.
Alors bon, après tellement de temps passé à lutter contre les
âneries du ministère et de Sun pour finalement tomber sur un message
d'erreur douteux, je crois que je comprends pourquoi la
télédéclaration ne remporte pas beaucoup de succès.
[#] Si vous voulez
savoir, ce qu'on « signe » en fait, dans le cadre d'une
télédéclaration, c'est un fichier pipo-XML (ce n'est pas
du XML bien-formé, même si ça y ressemble) qui commence
quelque chose comme ceci (évidemment je suis aller fouiller dans les
données qu'échangent leurs immondes programmes Java et JavaScript,
donc j'ai vu quel était le cœur de la déclaration) :
<?xml version="1.0" encoding="ISO-8859-1"?> <FORM_XML
VALUE=1-1-2042-2004> <?xml version="1.0"
encoding="ISO-8859-1"?> <F2042>
<REG_IMP>1</REG_IMP> <NUM_TRT>12</NUM_TRT>
<TYPESAISIE> </TYPESAISIE> <CHANGEMENT_ADR>
</CHANGEMENT_ADR> <ETATCIVIL> <NOMPRENOM>M MADORE,
DAVID</NOMPRENOM>, et ainsi de suite. Quelque part j'ai
du mal à imaginer que le fait d'ajouter la signature cryptographique
par un certificat ad hoc et sans valeur sur un tel fichier pas très
human-readable aurait une valeur juridique supérieure à celle de
soumettre un formulaire Web ordinaire en cochant une case
je certifie l'exactitude des renseignements ci-dessus.
[#2] Déjà, j'ai un
problème, là : je ne vois aucune indication, où que ce soit, du fait
que l'une quelconque de ces trois données soit censée être secrète.
Autrement dit, je ne vois pas où on me conseille de ne pas publier sur
mon blog, par exemple, mon numéro de télédéclarant, mon numéro fiscal,
et mon revenu fiscal de référence. Dans ces circonstances, avoir le
culot d'utiliser ces informations pour identifier quelqu'un, et
prétendre ainsi authentifier son identité, est sacrément
audacieux.
On vient de me signaler deux problèmes graves avec ma thèse :
premièrement, une erreur irrécupérable dans la deuxième partie, qui
met à l'eau la totalité de celle-ci, et deuxièmement le fait que
plusieurs résultats de la quatrième et cinquième parties sont des
conséquences immédiates d'un résultat connu depuis longtemps (dû à
Manin). Autant dire que c'est tout mon travail qui est réduit à
néant. Je dois voir mon directeur de thèse tout à l'heure pour
décider s'il faut annuler la soutenance et retirer le manuscrit, mais
il est plus que probable que ce soit la décision prise (en une
semaine, il n'est pas envisageable de refaire le travail de trois
ans).