David Madore's WebLog: 2010-08

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en août 2010 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in August 2010: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

[Index of all entries / Index de toutes les entréesLatest entries / Dernières entréesXML (RSS 1.0) • Recent comments / Commentaires récents]

Entries published in August 2010 / Entrées publiées en août 2010:

↓Entry #1789 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1789 [précédente| permalien|suivante] ↓

(mardi)

Statistiques sur l'hodonymie française

Chaque pays a sa façon de nommer les rues. En France, on aime bien rendre hommage à des gens, ou à des choses (alors que ce n'est pas du tout le genre, par exemple, en Angleterre). J'aimerais bien avoir des statistiques sur les noms des voies des communes françaises : quelles sont, par exemple, les personnes les plus souvent mises à l'honneur ? (Si on ne met pas de qualification à cette question, c'est trop facile de deviner, d'ailleurs cf. ci-dessous pour la réponse sans surprise ; mais on peut chercher les étrangers les plus souvent honorés, ou les personnes les plus populaires dans chaque siècle, ou selon la catégorie/profession. On pourrait aussi chercher les hapax remarquables.)

Malheureusement, il est quasiment impossible d'avoir de telles statistiques. Ce que je peux faire, cependant, c'est prendre les données d'OpenStreetMap et tâcher de voir ce qu'on peut en extraire. Ce sont des données assez moisies, même en tentant compte de leur caractère lacunaire, vu que les noms sont écrits sans aucune cohérence ni logique, souvent de façon erronée, qu'il n'y a pas de moyen fiable de savoir quand deux noms sont la même rue ou deux rues nommées de façon semblable, etc. J'ai donc dû les mouliner à grands renforts de scripts Perl et autres outils heuristiques qui produisent certainement des artefacts bizarres (il est donc possible que des noms aient complètement disparu ou aient été scindés en deux, que d'autres aient été surreprésentés pour des raisons mal comprises, ou encore que certains ne soient pas des noms mais des descriptions comme rue principale). Mais c'est mieux que rien. Voici, si j'en crois mes programmes, les noms les plus souvent donnés aux voies françaises :

  1. de l'Église
  2. de la République
  3. de la Gare
  4. Pasteur
  5. Jean Jaurès
  6. du Général de Gaulle
  7. Victor Hugo
  8. du Moulin
  9. du Château
  10. de Verdun
  11. de la Mairie
  12. Gambetta
  13. de la Fontaine
  14. du Stade
  15. Jean Moulin
  16. du 8 mai 1945
  17. de la Liberté
  18. de la Libération
  19. de la Paix
  20. du Général Leclerc
  21. des Lilas
  22. des Jardins
  23. de l'Europe
  24. des Acacias
  25. des Tilleuls
  26. Carnot
  27. des Vignes
  28. des Écoles
  29. Aristide Briand
  30. Jules Ferry
  31. Charles de Gaulle
  32. Georges Clemenceau
  33. du Maréchal Foch
  34. Voltaire
  35. de Paris
  36. des Roses
  37. de la Poste
  38. du 19 mars 1962
  39. du Parc
  40. des Peupliers
  41. Anatole France
  42. de la Chapelle
  43. Lamartine
  44. des Prés
  45. principale
  46. du Lavoir
  47. Jeanne d'Arc
  48. Jean Mermoz
  49. neuve
  50. du Marché
  51. du Cimetière
  52. rural
  53. du Port
  54. du Maréchal Leclerc
  55. des Violettes
  56. de la Forêt
  57. des Mésanges
  58. du 11 novembre
  59. des Fleurs
  60. de la Résistance
  61. des Vergers
  62. Émile Zola
  63. des Écoles
  64. des Chênes
  65. des Bleuets
  66. Saint-Pierre
  67. du Maréchal de Lattre de Tassigny
  68. Saint-Jean
  69. de Bellevue
  70. de Provence
  71. Saint-Martin
  72. de Bretagne
  73. Molière
  74. des Champs
  75. de l'Industrie
  76. des Pins
  77. Gabriel Péri
  78. des Mimosas
  79. Henri Barbusse
  80. du Four
  81. des Alouettes
  82. du Maréchal Joffre
  83. du Pont
  84. des Rosiers
  85. de la Marne
  86. du Calvaire
  87. des Saules
  88. du Château d'eau
  89. Pierre Curie
  90. des Cerisiers
  91. des Genêts
  92. des Fauvettes
  93. de la Source
  94. Roger Salengro
  95. Henri Dunant
  96. du Temple
  97. Jean Monnet
  98. des Remparts
  99. d'Alsace
  100. Léon Blum
  101. Lavoisier
  102. Albert Camus
  103. du Puits
  104. Pierre Brossolette
  105. de l'École
  106. de l'Hôtel de ville
  107. des Iris
  108. des Bruyères
  109. des Primevères
  110. des Jonquilles
  111. Saint-Exupéry
  112. Jules Verne
  113. des Moulins
  114. Jean-Jacques Rousseau
  115. du Bois
  116. de la Croix
  117. Frédéric Mistral
  118. du Maréchal Juin
  119. des Platanes
  120. des Hirondelles
  121. Parmentier
  122. Georges Brassens
  123. du Canal
  124. des Coquelicots
  125. Louis Pasteur
  126. de la Tour
  127. Georges Pompidou
  128. Mozart
  129. Salvador Allende
  130. des Pyrénées
  131. de la Garenne
  132. Claude Debussy
  133. du Commerce
  134. de la Plaine
  135. Paul Bert
  136. Saint-Michel
  137. Thiers
  138. du Collège
  139. Saint-Jacques
  140. Pierre et Marie Curie
  141. Marcel Pagnol
  142. Maurice Ravel
  143. Hector Berlioz
  144. Denis Papin
  145. Ampère
  146. des Sports
  147. Marceau
  148. du 11 novembre 1918
  149. de Strasbourg
  150. de l'Avenir
  151. Hoche
  152. Alphonse Daudet
  153. traversière
  154. du Centre
  155. de Lorraine
  156. des Lauriers
  157. nationale
  158. de l'Abreuvoir
  159. Diderot
  160. des Pinsons
  161. René Cassin
  162. des Vosges
  163. de Halage
  164. de la Forge
  165. du Lac
  166. Guynemer
  167. Michelet
  168. du Nord
  169. des Marronniers
  170. Pierre de Coubertin
  171. de Bourgogne
  172. basse
  173. des Glycines
  174. Bellevue
  175. des Tulipes
  176. des Sources
  177. des Amandiers
  178. de la Plage
  179. Vauban
  180. Alfred de Musset
  181. Racine
  182. Paul Doumer
  183. de Normandie
  184. du Presbytère
  185. du Midi
  186. Jules Guesde
  187. du Marais
  188. Robert Schuman
  189. Clemenceau
  190. André Malraux
  191. Paul Verlaine
  192. du 14 juillet
  193. du 8 mai
  194. de Metz
  195. Danton
  196. Blaise Pascal
  197. Jacques Prévert
  198. du Muguet
  199. des Pommiers
  200. de la Tuilerie

Et une tentative spécifiquement pour les rues nommées d'après un individu (en regroupant les différentes appellations d'une même personne) : c'est encore plus difficile et sujet à caution. Par exemple, une rue Corneille honore certainement Pierre Corneille et pas Thomas Corneille, mais comment savoir quel Carnot a donné son nom à une rue Carnot ? j'ai juste divisé en Carnot (probablement Lazare Carnot) et en Sadi Carnot (probablement le président) ; et je ne parle pas des confusions possibles entre une rue de la Fontaine et une rue [Jean de] La Fontaine. Bref, il est fort probable qu'il y ait des doublons là-dedans que je n'ai pas correctement filtrés, et il est certain que tout ceci est à prendre avec des pincettes :

  1. Charles de Gaulle
  2. Louis Pasteur
  3. Jean Jaurès
  4. Victor Hugo
  5. Philippe Leclerc
  6. Jean de La Fontaine
  7. Léon Gambetta
  8. Ferdinand Foch
  9. Jean Moulin
  10. Georges Clemenceau
  11. Carnot
  12. Pierre et/ou Marie Curie
  13. Aristide Briand
  14. Jules Ferry
  15. Voltaire
  16. Joseph Joffre
  17. Alphonse de Lamartine
  18. Anatole France
  19. Jeanne d'Arc
  20. Jean Mermoz
  21. Antoine de Saint-Exupéry
  22. Jean de Lattre de Tassigny
  23. Émile Zola
  24. Jean-Jacques Rousseau
  25. Hector Berlioz
  26. Saint Pierre
  27. Saint Jean
  28. Saint Martin
  29. Molière
  30. Gabriel Péri
  31. Henri Barbusse
  32. Blaise Pascal
  33. Georges Guynemer
  34. François Mitterrand
  35. Roger Salengro
  36. Henri Dunant
  37. Antoine Lavoisier
  38. Jean Monnet
  39. Mozart
  40. Léon Blum
  41. Albert Camus
  42. Jules Michelet
  43. Pierre Brossolette
  44. Jean Racine
  45. Alphonse Juin
  46. Jules Verne
  47. Paul Verlaine
  48. Adolphe Thiers
  49. Lazare Hoche
  50. Frédéric Mistral
  51. André-Marie Ampère
  52. Georges Brassens
  53. Antoine-Augustin Parmentier
  54. Georges Pompidou
  55. Denis Diderot
  56. Salvador Allende
  57. Claude Debussy
  58. Marcelin Berthelot
  59. Paul Bert
  60. Saint Michel
  61. Saint Jacques
  62. Marcel Pagnol
  63. Maurice Ravel
  64. Denis Papin
  65. François Arago
  66. Marceau (?)
  67. Alphonse Daudet
  68. John Fitzgerald Kennedy
  69. René Cassin
  70. Pierre Mendès-France
  71. René Descartes
  72. Pierre Corneille
  73. Pierre Semard
  74. Frédéric Joliot et/ou Irène Joliot-Curie
  75. Pierre de Coubertin
  76. Albert Schweitzer
  77. Honoré de Balzac
  78. Vauban
  79. Georges Danton
  80. Alfred de Musset
  81. Paul Doumer
  82. Jules Massenet
  83. Jules Guesde
  84. Jean-Baptiste Kléber
  85. Robert Schuman
  86. Édouard Branly
  87. André Malraux
  88. Woodrow Wilson
  89. Émile Roux
  90. Jacques Prévert
  91. Georges Bizet
  92. Albert Calmette
  93. Rouget de Lisle
  94. Auguste Renoir
  95. Saint Nicolas
  96. Emile Zola
  97. Pablo Picasso
  98. Ernest Renan
  99. Saint Louis
  100. Mirabeau
  101. Louise Michel
  102. Jean Bart
  103. Paul Langevin
  104. Jacques Brel
  105. Léo Lagrange
  106. George Sand
  107. Sadi Carnot
  108. Montaigne
  109. Paul Cézanne
  110. Condorcet
  111. Lafayette
  112. Gutenberg
  113. Jean-Baptiste Colbert
  114. Rabelais
  115. Hélène Boucher
  116. Sainte Anne
  117. Pierre de Ronsard
  118. Albert 1er
  119. Pierre Loti
  120. Louis Blanc
  121. Nicolas Boileau
  122. Claude Monet
  123. Alexandre Dumas
  124. Louis Blériot
  125. Claude Bernard
  126. Hubert Lyautey
  127. Raymond Poincaré
  128. Saint Joseph
  129. Charles Gounod
  130. Gustave Eiffel
  131. Clément Ader
  132. Montesquieu
  133. Gustave Flaubert
  134. Saint Roch
  135. Saint Antoine
  136. Raspail
  137. Jacques Cartier
  138. Maryse Bastié
  139. Saint Georges
  140. Arthur Rimbaud
  141. Saint Vincent
  142. Galilée
  143. Chateaubriand
  144. Charles Péguy
  145. Frédéric Chopin
  146. Jean Macé
  147. Henri IV
  148. Winston Churchill
  149. Paul Gauguin
  150. Edmond Rostand
  151. Louis Faidherbe
  152. Ambroise Paré
  153. Bernard Palissy
  154. Romain Rolland
  155. Camille Desmoulins
  156. Saint Denis
  157. Paul Valéry
  158. Alfred de Vigny
  159. Albert Thomas
  160. Gaspard Monge
  161. Charles Baudelaire
  162. Saint Laurent
  163. Guy de Maupassant
  164. René Coty
  165. Henri Matisse
  166. Léonard de Vinci
  167. François Villon
  168. François Mauriac
  169. Ambroise Croizat
  170. Marcel Sembat
  171. Louis Braille
  172. Louis Aragon
  173. Colonel Fabien
  174. Sainte Catherine
  175. Jean Giono
  176. Sainte Barbe
  177. Robespierre
  178. Ferdinand Buisson
  179. Vincent Auriol
  180. Alfred Chanzy
  181. Joseph Gallieni
  182. Franklin Roosevelt
  183. Eugène Delacroix
  184. Bayard (?)
  185. Saint Germain
  186. Maurice Berteaux
  187. Théodore Botrel
  188. Sully
  189. Franklin (?)
  190. Albert Einstein
  191. Léon Jouhaux
  192. Camille Pelletan
  193. Beethoven
  194. Victor Schoelcher
  195. Édouard Vaillant
  196. Jean Cocteau
  197. Gustave Courbet
  198. Buffon
  199. Robert Schumann
  200. Paul Claudel

↑Entry #1789 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1789 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1788 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1788 [précédente| permalien|suivante] ↓

(lundi)

Les biologistes sur la Wikipédia en français m'énervent

Un des usages annexes, mais néanmoins importants, de Wikipédia, c'est de pouvoir trouver le mot pour désigner telle ou telle chose dans une autre langue — un peu comme un dictionnaire technique. Globalement, ça marche plutôt bien : on va voir l'article dans une langue, et on clique sur le lien vers une autre langue, et le titre permet souvent d'avoir une traduction raisonnable. Ceci permet de pallier la nullité complète de Wiktionary surtout dans les domaines un peu scientifiques ou techniques.

Mais quand il s'agit de traduire vers le français le nom d'un animal (et dans une moindre mesure, d'une plante), ça marche mal. La raison en est que la Wikipédia en français insiste souvent pour que le nom principal d'un article concernant un animal soit le nom scientifique (binôme genre+espèce, parfois dit nom latin même si les Romains ont bien peu à voir là-dedans, les pauvres), le nom vernaculaire n'étant donné qu'accessoirement. Vous allez me dire, ce n'est pas un problème, il suffit de lire la première phrase de l'article, qui va bien donner les différents noms de l'animal. Oui, mais en fait non.

Le problème est que le nom vulgaire est moins précis que le nom scientifique : il ne désigne pas une espèce, mais une collection un petit peu arbitraire d'espèces, souvent un genre, parfois toute une famille, parfois plusieurs taxons disjoints, et parfois il n'est même pas très clair ce qu'il désigne au juste (voyez le canard, par exemple). Idéalement, l'encyclopédie devrait avoir un article sur le nom vulgaire, qui tente de décrire les taxons généralement recouverts par ce nom, et qui cite les espèces les plus communes, avec des pages plus précises sur chacune de ces espèces ; lorsque le nom vulgaire recouvre assez clairement un genre ou une famille (il est rare qu'il désigne une espèce unique, sauf si elle est domestiquée), on peut fusionner, évidemment. C'est d'ailleurs à peu près ce qui se fait, en vérité.

À quoi sert-il d'avoir un article sur le nom vulgaire, s'il n'est pas précis ? Le problème, et on a tendance à l'oublier, c'est qu'une encyclopédie se doit de documenter non seulement les faits scientifiques, mais aussi leur incidence sociale ou culturelle, par exemple. Dans une page sur le canard, on s'attend à trouver des informations sur l'importance économique du canard, le canard en cuisine, en littérature, et jusqu'à la symbolique du canard en héraldique (si tant est qu'il y en ait une…) — de tels renseignements ne doivent certainement pas figurer sous un article Anas platyrhynchos, mais bien sous le nom général canard. (Pour que mon argument soit encore plus clair, imaginez un animal imaginaire — le dragon ou le roc, par exemple — visiblement, on ne va pas pouvoir mettre l'article sous un nom binominal, et pourtant il faut certainement un article sur le dragon ou le roc.)

(L'autre problème est que, pour la plupart des gens, le nom vernaculaire est plus parlant, même s'il est moins précis. Un peu de la même façon que les gens savent de quoi je parle si je parle de LSD, moins si je parle de diéthylamide de l'acide lysergique, et encore moins si j'utilise le nom scientifique absolu, qui est, paraît-il, (6aR,9R)-N,N-diéthyl-7-méthyl-4,6,6a,7,8,9-hexahydroindolo-[4,3-fg]quinoline-9-carboxamide, et ce serait navrant de nommer l'article Wikipédia avec ce nom-là. C'est aussi un peu la même raison qui veut que l'article sur Stendhal ne s'appelle pas Henri Beyle, et ainsi de suite.)

Globalement, ce que je décris est déjà la règle (je ne sais pas à quel point elle est codifiée) que Wikipédia essaie de suivre. De quoi je me plains, alors ? Prenons le cas de la morue (ou cabillaud) : il y a un article convenable à ce sujet sur la Wikipédia en français, qui redirige vers un article semblable appelé cod sur la Wikipédia en anglais ; le souci est que cet article en anglais est fusionné, et c'est raisonnable de le faire, avec le genre Gadus : et si on suit le lien vers le français (avant le changement que je viens de faire), on tombe sur l'article sur ce genre, qui nous dit que Gadus est un genre de poissons gadiformes sans mentionner le nom vulgaire (de nouveau, avant mon passage) sauf dans le détail des espèces. Donc si on veut savoir ce que le mot anglais cod désigne en français, on en reste à cette explication fort peu éclairante qu'il s'agit de poissons gadiformes, sans faire le lien avec le cabillaud. Et ce n'est pas un exemple isolé : c'est tout le temps comme ça ! Je suis le lien depuis l'anglais badger et je tombe sur un article melinæ dont j'apprends qu'il s'agit d'une sous-famille des mustélidés — est-ce qu'on a vraiment envie de mettre les explications sur les références populaires au blaireau dans un article décrivant une sous-famille des mustélidés ? Ah, mais il y a un article intitulé blaireau : mais c'est une page d'homonymie, qui renvoie soit sur l'espèce du blaireau européen (Meles meles), soit sur celle du blaireau américain (Taxidea taxus), soit sur des choses qui n'ont rien à voir comme le blaireau instrument pour se raser. Bordel ! Si je pars de l'article anglais weasel, je tombe sur un article en français mustela (genre de la famille des mustélidés), dont les espèces sont indistinctement nommées belette, hermine, putois, furet ou vison. Mais la traduction correcte de weasel, c'est belette : pour hermine il y a stoat, pour putois c'est polecat, pour mouffette, skunk pour furet, ferret, et pour vison c'est mink ; même si Wikipédia n'est pas un dictionnaire, comme ces termes vulgaires se correspondent parfaitement entre l'anglais et le français, bien que ce soient des regroupements un peu arbitraires d'espèces, on voudrait qu'ils soient liés exactement comme ça et pas autrement ! Bon, il est vrai que dans ma tête, les blaireaux, belettes, hermines, putois, furets, visons, mouffettes, grisons, martres, fouines et zibelines sont regroupés dans un seul sac mental, celui des petits mammifères carnivores à la con auxquels on a donné quarante-douze noms différents parce qu'on les a chassés pour leur fourure.

Le truc est surtout que Wikipédia n'est pas plus fait pour la taxonomie du vivant que pour être un dictionnaire : pour cataloguer les espèces, il y a Wikispecies, qui est inter-langues.

↑Entry #1788 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1788 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1787 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1787 [précédente| permalien|suivante] ↓

(dimanche)

Le miracle de la cuisson, et le miracle du verre

Il y a de temps en temps des gens illuminés qui essaient de prouver l'existence de Dieu par les merveilles de la nature, en oubliant, ou plutôt en feignant de ne pas comprendre, que l'évolution naturelle ou artificielle explique très bien les faits qu'ils mettent en avant. Pour un exemple qui atteint un sommet de ridicule tellement élevé qu'on a vraiment peine à croire que ce n'est pas une parodie (mais des sources bien informées nous assurent que ce n'en est pas une), on a un des grands classiques du rire sur YouTube, la banane qui prouve l'existence de Dieu. Des gens plus sophistiqués essaient parfois de prouver l'existence de Dieu par des miracles de la nature autrement plus savants : comme le fait que si la masse du neutron était ne serait-ce qu'un tout petit peu plus élevée ou plus faible, nous n'existerions pas (dans un cas, l'hydrogène serait le seul élément stable, et l'Univers ne serait qu'un grand nuage d'hydrogène ; dans l'autre, ce serait le proton qui serait instable, et l'Univers ne serait qu'un grand nuage de neutrons) ; mais ce genre d'argument revient à attribuer à Dieu le principe anthropique, ce qui n'est pas plus intelligent que de lui attribuer l'évolution.

Il y a toutefois deux « miracles » de la nature, que je ne vois jamais personne mentionner, et qui me semblent tout à fait fascinants. (Je ne crois certainement pas qu'ils prouvent l'existence de Dieu, mais si on tient absolument à ce que Dieu fasse ce genre de miracle, ceux-là me semblent devoir figurer assez haut sur l'échelle.) Je veux dire qu'ils n'ont pas d'autre explication, pour autant que je sache, que « on est bigrement chanceux » (ce qui ne veut pas dire non plus que ce soit une coïncidence extraordinaire : après tout, il y a quantité d'autres miracles qui ne se sont pas produits, et on peut le regretter).

Le premier, c'est la cuisson. Depuis un bon moment, l'homme connaît l'existence du feu (on pourrait déjà classer cette existence comme un miracle, mais c'est trop près de questionner les lois de la physique, voire, des mathématiques, ce qui est suspect) ; et un des usages qu'il a découvert au feu, c'est la cuisson. Or, quand on y pense, il n'y a aucune raison a priori pour laquelle la cuisson serait une opération utile ou intéressante : aucun animal n'utilise le feu ou la cuisson, nous n'avons pas évolué pour manger des aliments cuits (ou alors, seulement depuis récemment — quelques centaines de milliers d'années au maximum — donc il est possible qu'on se soit un tout petit peu adaptés, mais certainement pas de façon radicale). On pourrait imaginer que le feu va détruire tout ce qui est utilement absorbable dans un aliment. Non seulement ce n'est pas le cas, mais la cuisson détruit tout un tas de parasites, rend la viande beaucoup plus digeste, rend comestibles ou plus comestibles certains tubercules autrement plus ou moins toxiques (comme le manioc), et, qui plus est, participe à la réaction de Maillard (un petit miracle en elle-même) qui donne naissance à quantité de saveurs très intéressantes.

Le deuxième miracle qui me vient à l'esprit, c'est l'existence du verre. Le verre est un matériau tellement magique qu'on oublie de se rendre compte à quel point il l'est : thermodynamiquement, c'est un liquide en surfusion, qui ne redevient pas spontanément solide — et je pense qu'on ne pourrait pas faire toutes les choses incroyables qu'on fait avec du verre si on devait travailler avec sa forme solide beaucoup moins maniable, i.e., du quartz ; mais le verre a aussi le bon goût d'être inerte chimiquement et d'être transparent aux longueurs d'ondes que nous voyons (alors qu'on peut facilement en faire un filtre à UV en ajoutant un fondant), et, surtout, d'être constitué d'un matériau incroyablement abondant : la silice.

Évidemment, en continuant dans la série des techniques et des matériaux, on peut trouver plein d'autres exemples plus ou moins convaincants de petits miracles de ce genre : le fait que le silicium (qui, puisque la silice l'est, est aussi incroyablement abondant) puisse être obtenu à des puretés extraordinaires et soit un semiconducteur idéal pour fabriquer des ordinateurs, par exemple, est-il un miracle ? On pourrait imaginer un monde parallèle dans lequel on doit utiliser des tubes à vide parce que le transistor n'est pas possible ou trop cher, et l'informatique reste au niveau où elle était au début des années 50.

Pour citer un exemple de miracle qui ne s'est pas produit, je peux mentionner le mercure : ce serait merveilleux d'avoir un métal (et notamment, un conducteur électrique) qui soit liquide à température ambiante. On pourrait en faire un nombre incroyable de choses très utile. On a ça : c'est le mercure. La mauvaise nouvelle, c'est que le mercure est une cochonnerie très toxique. Ce qu'il faudrait, c'est un métal léger qui soit liquide à température ambiante (et je ne parle pas du sodium…). Le plus proche qu'on ait est l'alliage indium-gallium (ou indium-gallium-étain) : c'est un pauvre succédané de ce que le mercure aurait dû être dans un monde idéal. (Essayez de plonger la main dans un bocal de mercure, puis dans un bocal d'alliage indium-gallium, et vous comprendrez ce que je veux dire.)

Quant à la question de savoir si on a eu droit au miracle des supraconducteurs à température ambiante (imaginez une ville entière alimentée par un câble assez étroit), le jury est encore en train de délibérer.

↑Entry #1787 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1787 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1786 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1786 [précédente| permalien|suivante] ↓

(dimanche)

Les cheveux très courts, ça plaît plus

En complément du fait que les cheveux longs ne semblent vraiment pas plaire aux homos, la contraposée semble vraie : mon poussinet s'est rasé les cheveux à zéro (en finissant au rasoir, donc c'est vraiment à zéro), et l'effet a été stupéfiant si on en juge par le nombre de regards très manifestement intéressés qu'il a attirés quand nous nous sommes promenés ensuite dans le Marais (et ce n'est certainement pas moi qui les causais, et avec juste quelques centimètres de cheveux il ne provoque vraiment pas les mêmes réactions non plus). Si j'étais un peu jaloux je l'aurais ramené à la maison immédiatement. ☺️

Et on doit reconnaître que c'est vrai, il est très sexy comme ça, mon poussinet. Ce qui est rageant, quelque part, c'est qu'on ne saurait pas dire pourquoi, au juste. Je ne crois pas que ce soit, par exemple, le fantasme du skinhead qui joue, parce que ce n'est vraiment pas son look — j'ai bien essayé de le persuader d'essayer de porter treillis et rangers, mais il n'a pas voulu en entendre parler… J'avais entendu la théorie que les cheveux rasés font paraître plus jeune (ce qui est possible, mais je n'en suis pas complètement convaincu non plus) parce qu'ils évoquent la tête d'un bébé (là je n'y crois vraiment pas, surtout quand on voit la racine des poils).

↑Entry #1786 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1786 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1785 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1785 [précédente| permalien|suivante] ↓

(mardi)

Phases du sommeil

Je suis un lève-tard (à tel point que mes heures de coucher et lever ont tendance à se décaler progressivement sur la journée, jusqu'à atteindre le point où ça devient vraiment ridicule, je me ressaisis et je fais un effort, et ça recommence — c'est un petit peu énervant). Mais je peine à comprendre pourquoi : pourquoi est-ce que, au moment où je devrais me coucher, même si je me sens vaguement fatigué, le lit n'a pas vraiment d'attrait pour moi, je préférerais continuer à faire n'importe quelle connerie pour perdre mon temps, alors que, le matin (enfin, matin, ce qui en tient lieu), au contraire, je tiens tellement à rester au lit ?

Je viens seulement de faire le lien avec un autre phénomène, dont j'avais pourtant conscience depuis longtemps : c'est que mon sommeil n'est pas du tout homogène. Au début de la nuit (enfin, dans les premières heures après mon coucher), mon sommeil est profond, mais agité, et presque pénible : j'ai parfois du mal à m'endormir, mais quand je le fais, c'est comme une masse, et si je me réveille, je suis complètement assommé, j'ai les idées confuses, je titube si je me lève, je fais des rêves qui tournent parfois à la panique, je suis un peu somnambule, je transpire beaucoup, j'ai des confusions nocturnes et des crises d'angoisse. Bref, tout cela n'est pas très plaisant. Pendant la fin de mon sommeil, en revanche, dormir devient un vrai plaisir : je fais rêve sur rêve, et ce sont des rêves généralement agréables, où j'explore de vastes labyrinthes, j'accomplis des quêtes cosmiques, je vole, je suis magicien, et, globalement, je m'amuse beaucoup. Si je suis réveillé, je peux continuer mon rêve de façon semi-consciente, en le modelant pour qu'il me plaise encore plus, et cela m'aide à tomber dans un autre rêve qui me plaise. Bref, tout cela est un grand plaisir, et j'ai généralement envie d'en profiter le plus possible.

Dit comme ça, le lien est complètement évident, et je ne comprends pas qu'il ait pu m'échapper aussi longtemps : cela explique de façon tout à fait claire pourquoi je n'aime pas me coucher mais que je n'aime pas non plus me lever.

Or cette différence entre le début et la fin du sommeil ne m'est certainement pas particulière : il me semble qu'il est bien établi qu'on fait beaucoup plus de rêves agréables, qu'on a beaucoup plus de sommeil paradoxal vers la fin de la nuit. Évidemment, ce n'est pas très rationnel de vouloir se coucher plus tard (je ne vais pas éviter les périodes de sommeil profond et un peu désagréable, au mieux les repousser), et je suppose que tout le monde a toujours un peu envie de se lever plus tard, mais j'ai quand même du mal à comprendre les lève-tôt. Est-ce que leurs rêves sont moins intéressants ?

↑Entry #1785 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1785 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1784 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1784 [précédente| permalien|suivante] ↓

(mardi)

Reconnaissance musicale : Go West

Je ne suis pas trop mauvais en reconnaissance musicale (même si ça peut me rendre fou), mais je n'ai aucune notion d'harmonie ou de solfège[#]. Parfois j'ai l'impression floue que deux thèmes se ressemblent, mais je ne sais vraiment pas l'expliquer ni mettre le doigt dessus.

Je ne sais plus où ni quand j'entendais un fond sonore interchangeable et j'ai eu ce titillement neuronal ah, mais je connais cet air, qu'est-ce que c'est déjà ? : j'ai d'abord cru reconnaître l'hymne soviétique, puis, un instant plus tard, je dis, mais que suis-je bête, c'est le canon de Pachelbel[#2] ; en fait, c'était Go West. Je me couvre de honte.

Mais pas tant que ça, en fait : je lis à l'instant au hasard de mes flâneries sur Wikipédia :

The new version [by the Pet Shop Boys] enhances the basis of the original's chord progression in Pachelbel's Canon, bringing the theme to the forefront at the opening of the song. In addition to the Canon elements, the new version also includes thematic elements from the old Soviet Union anthem.

Quand on écoute cette version, c'est assez évident, en fait.

[#] En fait, si, au moins pour les aspects mathématiques, mais de façon complètement théorique : je ne fais absolument pas le lien avec ce que mon oreille peut entendre.

[#2] Certes, celui-là, on l'entend partout de toute façon.

↑Entry #1784 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1784 [précédente| permalien|suivante] ↑

↓Entry #1783 [older| permalink|newer] / ↓Entrée #1783 [précédente| permalien|suivante] ↓

(mercredi)

Compte-rendu de voyage à Berlin

Je prends le temps, parmi les mille et une choses qui réclament urgemment mon attention au retour de vacances, pour raconter un peu comment celles-ci se sont passées. Sans ordre ni logique, cependant :

  • Neuf jours, ce n'est vraiment pas assez pour visiter correctement Berlin. En tout cas, pas si on se lève tous les jours à midi. 😐 Ou pas si on ne veut pas visiter les musées au pas de course. Ou pas si on aime bien se promener à pied, mais que les pieds, au bout d'un moment, estiment qu'ils ont assez marché. Du coup, mon poussinet et moi avons tiré un trait sur plein de choses habituellement jugées indispensables : le musée du Pergamon (enfin, ça c'était en partie à cause d'une confusion sur ses horaires), le chateau de Charlottenburg, et Potsdam (ce n'est pas à Berlin, bien sûr, mais on aurait certainement pu penser à y aller). Et certainement plein d'autres choses. On a quand même vu un certain nombre de musées : le musée de la RDA, le musée du mur, le deutsches historisches Museum (l'idée étant que tant qu'à venir à Berlin, autant voir des musées qui parlent de Berlin et de l'Allemagne, plutôt que des antiquités grecques ou étrusques, aussi remarquables fussent-elles) ; le musée allemand des techniques (où mon poussinet a pu regarder plein de porno pour poussinet, c'est-à-dire des trains) ; et le schwules Museum (schwul=pédé ; more about that later).
  • Plutôt que visiter des musées, nous avons préféré nous promener et prendre la température des quartiers. Plusieurs choses m'ont frappé : essentiellement, combien la capitale allemande est étendue, peu dense, et surtout inégalement animée. La plupart des villes que je connais, et certainement Paris, ont une structure un peu en oignon, avec des quartiers centraux très denses, et des couches concentriques de moins en moins peuplées et fréquentées, couches qui sont, sinon circulaires, du moins plus ou moins convexes. Berlin n'est pas du tout comme ça : on peut être à deux pas d'un endroit très animé (comme Alexanderplatz, la Potsdamer Platz ou le Kurfürstendamm, et avoir l'impression d'être dans une banlieue très lointaine, avec des terrains vagues et quasiment personne dans les rues — et encore deux pas plus loin, on peut revenir dans un endroit très vivant. C'est très déroutant quand on essaie, comme moi, de se faire une idée du visage de la ville en marchant un peu au hasard dans les directions qui ont l'air sympa : en voulant aller au Kurfürstendamm (la rue commerçante la plus célèbre de Berlin-Ouest) nous avons commencé par passer par la Kurfürstenstraße qui (comme son nom peut le laisser penser) est immédiatement adjacente, et nous nous disions que nous nous étions forcément trompés, qu'on était au milieu de nulle part, que ça ne pouvait pas être par là.
  • Nous logions à Berlin-Est, à deux pas de la célèbre tour de télé (où nous ne sommes pas montés) et de la non moins célèbre Alexanderplatz (que nous avons traversée dans tous les sens). Je dis Berlin-Est, parce que j'ai l'impression que la division de la ville pendant trente ans explique en partie le phénomène que j'évoque ci-dessus que les quartiers animés ne sont pas adjacents les uns avec les autres ; ceci dit, c'est loin de tout expliquer, d'une part parce que Berlin a de toute façon changé depuis 1989 (il faut vraiment consulter une carte pour savoir où le mur pouvait passer) et d'autre part parce qu'on a cette impression qu'il n'y avait vraiment rien à Berlin-Ouest tant la majorité des choses intéressantes semble être à l'Est.
  • Notre hôtel était dans le genre plutôt luxueux (et à la limite de nos moyens, en fait, mais c'était un peu notre voyage de PACS, et nous avions un peu d'aide de papa-maman ; et en fait, globalement, à Berlin, les prix ne sont vraiment pas chers par rapport à ce qu'ils seraient dans d'autres grandes capitales) : il est situé à l'emplacement de l'ancien hôtel emblématique de la RDA, sur une rue portant le nom d'un socialiste suffisamment consensuel pour ne pas avoir été débaptisée. Le gadget de l'hôtel, maintenant, c'était un aquarium de 1000m³ dans le lobby, où circulent plein de poissons exotiques très jolis, et que plein de touristes viennent admirer (les visiteurs circulent dans un ascenseur à l'intérieur de l'aquarium, qui est en forme de double cylindre, alors que les clients de l'hôtel le voient de l'extérieur). [Ajout () : Douze ans plus tard, cet aquarium vient d'exploser.]
  • Pour la téléphonie mobile, nous avons pris des cartes prépayées (+pack Internet) chez l'opérateur (nouveau venu) O2, et donc eu pendant dix jours des numéros allemands, de façon à pouvoir bénéficier du confort « Internet (surtout Wikipédia et Google Maps) vraiment partout dans la poche » auquel nous sommes devenus complètement accros, sans avoir à payer les tarifs scandaleusement exorbitants que les opérateurs de téléphonie mobile pratiquent pour ls connexions de donnée en roaming (on en est au point où ne serait-ce que pour deux jours à l'étranger il me semble globalement avantageux de prendre une carte prépayée). Notre première idée avait été d'aller voir chez T-Mobile, mais leur offre était vraiment pourrie (celle qui semblait la plus intéressante pour nous était, en fait, une carte SIM pour clé 3G, et le vendeur m'a soutenu obstinément qu'elle ne permettait pas de faire des appels vocaux — ce qui est complètement faux — et en plus il leur a fallu quelque chose comme douze heures pour activer la ligne). Sinon, de façon générale, pour les informations à ce sujet pour les gens qui voyagent n'importe où dans le monde, je transmets le conseil qu'on m'a donné de consulter ce site, qui est tout à fait excellent. (Ah, et pour ce qui est d'avoir accès aux cartes de ville avant ou à défaut d'avoir une connexion de données, on m'a signalé le programme MapDroyd pour Android, qui semble bien utile.)
  • Les transports en commun berlinois sont pratiques et rapides, mais la clarté des indications laisse parfois franchement à désirer : la distinction entre S-Bahn et U-Bahn est un peu gratuite (comme celle entre RER/Transilien et Métro à Paris), d'autant que les S-Bahn sont parfois souterrains et les U-Bahn parfois aériens, les lignes sont numérotées dans deux séries de chiffres qui se recoupent, et le fléchage pour passer d'un réseau à l'autre dans les stations n'est pas hyper évident.
  • Les rues sont (parfois ? toujours ?) numérotées différemment d'en France, les numéros étant consécutifs d'un côté de la rue, et repartent ensuite dans l'autre sens de l'autre côté.
  • On peut vraiment manger pour pas cher à Berlin. Le plat emblématique de la ville est le Currywurst (une saucisse à la sauce au curry ; éventuellement mit Pommes, c'est-à-dire, avec des frites), ce n'est pas mauvais mais je m'en lasserais vite ; par contre, un truc qui présente à la fois une grande variété et un excellent rapport qualité-prix, ce sont les traiteurs asiatiques sur le mode du fast-food, notamment les Asia Gourmet (c'est une chaîne internationale, mais il n'y en a pas à Paris, que je sache). Pour un truc un peu plus allemand, il y a plein d'endroits où on peut manger des assiettes de salades certainement plus diététiques que le Currywurst, et à des prix également imbattables.
  • Là où les restaurateurs rattrapent le prix très bas du manger, c'est sur les boissons. Et vraiment le truc que je n'aime pas du tout avec l'Allemagne, c'est qu'il est en gros impossible dans un restaurant de demander une carafe d'eau (du robinet, je veux dire : Leitungswasser ou Hahnenwasser en allemand) : pas que nous ayons vraiment essayé, mais c'est évident que personne n'en prend. On en vient à se demander si les Allemands sont au courant que ce qui circule dans les canalisations d'eau est potable. En recherchant sur Internet plus de précisions sur cette question, je suis tombé sur ce post du blog (en allemand) d'un Allemand expatrié en Suisse, où on apprend notamment que même en Suisse allémanique la situation est bien différente. (J'ai aussi bookmarké quelques pages de discussion qui montrent que les Allemands n'ont pas l'air de savoir, ou pas l'air d'accord entre eux à ce sujet, si c'est correct de demander de l'eau du robinet au restaurant : celui-ci, celui-là, et aussi cette page de conseils, semblent plutôt dire que oui, mais avec énormément de réserve.)
  • Les Berlinois ont l'air de consommer pas mal de cafés et chocolats glacés (Eiskaffee et Eisschokolade), qui ressemblent un peu, mais pas tout à fait, à un mélange entre les cafés et chocolats liégeois, et les cafés frappés, qu'on trouve en France. En tout cas, ça m'a bien plu. Sinon, nous avons mangé pas mal (et ramené quelques paquets) de Gummibärchen, surtout que j'ai appris par un numéro de Karambolage (j'ai déjà dit que j'étais fan de Karambolage ?) que les oursons Haribo qu'on achète en France ne sont que de très pâles imitations des vrais que l'on trouve en Allemagne.
  • Je n'ai pas compris si les cartes bancaires allemandes sont maintenant avec puce, et si oui si le système de puce est compatible avec le système français : en tout cas, je n'ai payé que deux-trois fois avec ma carte bancaire (en France je paie quasiment tout comme ça), parce qu'une fois on m'a demandé mon code et une signature, et les autres fois une signature — je trouve ça pénible, alors je me suis rabattu sur les espèces. J'ai aussi l'impression qu'il y a moins de distributeurs de billets à Berlin qu'à Paris (et ils ne donnent pas de ticket, ce qui est gravement pénible), et ils ont l'air plus uniformisés derrière le logo EC (electronic cash) qu'en France derrière la Carte Bleue ou Visa, mais bon, je ne comprends de toute façon rien au système bancaire et aux relations entre tous ces sigles et organismes.
  • Nous avons cherché le ou les quartier(s) gay à Berlin. Il y en a un qui est facile à trouver, et hautement visible, et très sympa, il est situé à Schöneberg aux alentours de Nollendorfplatz. Il semblerait qu'il y ait aussi des choses à Prenzlauer Berg, mais on n'a pas trouvé grand-chose en errant au hasard, et les rares choses qu'on a effectivement trouvées étaient désespérément désertes. Même remarque du côté de Kreuzberg, où on a quand même pu visiter le Schwules Museum, un musée consacrée à l'homosexualité en Allemagne (essentiellement, le très long combat pour obtenir l'abolition du §175 du code pénal prussien) et à des expositions thématiques — dont une en ce moment consacré à Ralf König, duquel je suis complètement et inconditionnellement fan, ça tombe bien.
  • Parmi les choses particulières que nous avons visitées, faites ou vues :
    • Le toit du Bundestag. Il y a un restaurant au sommet (très cher, mais carrément bon), où mon poussinet m'a invité pour mon anniversaire, et qui offre l'avantage d'éviter la queue pour monter au toit (les gens qui ont une réservation montent avec les handicapés, en fait, en priorité sur tout le monde). La coupole est assez spectaculaire, pas seulement par la vue qu'elle offre sur la ville, mais aussi par son architecture en elle-même ; et on peut voir directement, en bas, la salle plénière du parlement. Soit dit en passant, les bâtiments de la chancellerie, juste en face du Bundestag, ont l'air très intéressants aussi, mais malheureusement ils ne se visitent pas (à moins d'avoir un contact avec Mme Merkel ?… sinon, ils faisaient une journée porte ouverte, mais c'était après notre départ).
    • La gare centrale (Hauptbahnhof). Elle est toute nouvelle, et organisée de façon assez originale (en forme de croix, mais les voies nord-sud sont en sous-sol, mais les voies est-ouest sont carrément au 2e étage), avec une architecture moderne et vraiment intéressante, un toit tout en verre et d'immenses espaces à l'intérieur qui donnent un peu le vertige.
    • Le Sony dome, une sorte de gigantesque chapiteau de cirque, à deux pas de la Potsdamer Platz, qui abrite un certain nombre de restaurants et brasseries, des cinémas, boutiques, etc., et qui la nuit est éclairé de couleurs changeantes.
    • L'ancien aéroport de Tempelhof, qui est maintenant abandonné comme aéroport, et complètement désert, mais, bizarrement, les bâtiments ne sont pas tout fermés. (Il doit encore vaguement servir de lieu pour des tournages ou des réunions ou quelque chose comme ça. Pendant que nous y sommes passés, il y avait le tournage d'une sorte de clip, ou de scène de film, sur le tarmac.) Moi je trouvais ça un peu creepy (voire carrément effrayant), en fait, un bâtiment aussi gigantesque et tout vide, donc je n'ai pas osé trop m'aventurer dedans, mais mon poussinet est allé faire de l'exploration urbaine, et a réussi à entrer dans l'ancien hall des départs par une porte inexplicablement laissée ouverte.
    • Le mémorial aux Juifs assassinés d'Europe, une sorte de labyrinthe de stèles de béton, sans aucune inscription, à deux pas de la porte de Brandebourg, vraiment saisissant. Juste en face, mais pas évident à trouver, il y a un petit mémorial aux victimes homosexuelles du régime nazi.
    • Le Tiergarten, où il est agréable de se promener. Malheureusement, la colonne de la victoire (Siegessäule), qui est au centre, était fermée pour rénovation, donc nous n'avons pas pu y monter. Et nous sommes allés voir le zoo lui-même, mais il n'est pas vraiment passionnant (d'ailleurs, c'est toujours un peu tristounet, un zoo, les animaux ont l'air d'avoir si peu de place…) ; la chose la plus intéressante, j'ai trouvé que c'était les hippopotames, parce qu'ils se sont arrangés pour qu'on puisse bien les voir sous l'eau en même temps qu'en-dehors.
    • Dans le quartier homo près de Nollendorfplatz : un « supermarché homo » (c'est-à-dire essentiellement une librairie) Bruno's (comme Bruno Gmünder), un café d'où on peut regarder les jolis garçons passer, plusieurs bars dont un avec backroom (mais la clientèle n'était pas super intéressante), un magasin de surplus militaire qui assumait ouvertement le côté fétichiste…
    • Le quartier Hackescher Markt, tout près de notre hôtel, est très intéressant pour la nourriture. Il y a notamment les Hackescher Höfe, un système de petites cours intérieures qui communiquent entre elles, et qui sont jolies à visiter.
    • Le KaDeWe (Kaufhaus des Westens = supermarché de l'Ouest), une copie conforme des galeries Lafayette, mais à l'architecture plus labyrinthique, le temple de la consommation où, paraît-il, les allemands de l'Est avant 1989 rêvaient d'aller. Globalement, tout le quartier (de Berlin-Ouest, donc) entre là et le Kurfürstendamm est très commerçant au sens corporate, par opposition à d'autres quartiers commerçants qui ont beaucoup plus de petits commerces.
    • Il faut que je fasse une mention spéciale d'un adorable petit café-restaurant situé sur la Knesebeckstraße (côté est), appelé Cafe Bistro, où la cuisine était aussi délicieuse qu'inventive, et pas chère du tout. (Par contre, la carte était manuscrite, et remplie de termes que je n'arrivais ni à déchiffrer ni à décoder, donc on a plus ou moins commandé au hasard.)
  • Comme je le craignais, mon allemand est pas mal parti aux oubliettes. Déjà traduire pour mon poussinet les panneaux explicatifs dans les musées était hautement laborieux, comprendre ce que les gens disaient l'était encore plus. (Notamment, j'ai eu une expérience déplaisante dans une boutique T-Mobile, pour essayer de faire comprendre que, oui, je voulais bien acheter une carte SIM pour clé 3G pour mettre dans un téléphone mobile, et que j'étais presque sûr que c'était normal et que ça permettrait (contrairement aux affirmations du vendeur) de passer des appels vocaux. Il faut dire que le vendeur ne faisait absolument aucun effort ni pour se montrer aimable ni pour parler plus distinctement voyant que je maîtrisais mal l'allemand.) Heureusement, j'ai pu mettre sur mon téléphone un dictionnaire allemand↔anglais très pratique pour Android (cherchez QuickDic German Dictionary dans le marché), c'est beaucoup plus commode que de sortir à chaque fois mon dictionnaire de mon sac et de trouver laborieusement le mot dans l'ordre alphabétique. J'ai aussi (re)trouvé une motivation très forte pour bosser mon allemand : c'est de lire les BD de Ralf König en VO (j'y arrive, mais à grand renfort de dictionnaire ; ceci dit, ça permet d'apprendre plein de mots cochons très importants).
  • Décidément, je n'ai pas réussi à trouver moyen de contacter un vrai Berlinois pour lier connaissance (et qui accepterait de jouer un petit peu au guide touristique), malgré des tentatives pour exploiter plusieurs sites qu'on m'avait conseillés, essentiellement couchsurfing.org (pour trouver des gens qui ont le goût de l'hospitalité) et gayromeo.com (pour rencontrer d'autres garçons qui aiment les garçons) ; en fait, un problème c'est que les gens partent en vacances sans indiquer qu'ils sont partis, et qu'à la fin on en a un peu marre de contacter les gens un par uns pour s'entendre répondre qu'ils ne sont pas là — et si on essaie de passer des annonces collectives, personne ne les lit. Peut-être que je m'y suis mal pris. Bref, le seul Berlinois avec lequel on a pu converser quelques minutes, c'est un garçon rencontré dans un bar gay : comme j'étais en train de baver devant lui et qu'il était visiblement tout seul, mon poussinet m'a exhorté à aller lui parler, puis, comme j'étais trop timide pour ça, il est allé le voir et lui a expliqué que son copain (moi, quoi) le trouvait très mignon mais n'osait pas lui parler ; bon, le garçon en question (qui se prénommait Jan) a répondu que je n'étais pas son type (à cause des cheveux longs, bien sûr), et par ailleurs il n'était seul que parce qu'il attendait un rencart qui se faisait attendre — mais ça nous a au moins permis de discuter un tout petit peu. (Sinon, les trois autres personnes avec qui on a vraiment bavardé, pendant ce voyage, étaient des Américains…)
  • Dans l'ensemble, je crois que je trouve les Allemands plus mignons que les Français (le poussinet et moi ne manquons pas de nous signaler l'un à l'autre les jolis garçons que nous croisons, et là ça n'arrêtait pas, à tel point qu'on a décidé de relever un peu les exigences sur ce qui mérite d'être signalé, pour ne pas interrompre tout le temps notre conversation avec nos petits codes). C'est peut-être simplement un effet du dépaysement (j'ai l'impression qu'à chaque fois que je me déplace ça me fait un peu cet effet, et je doute que les Parisiens soient le sommet de la laideur terrestre) ou de la proverbiale herbe plus verte de l'autre côté du proverbial Rhin. Ou c'est peut-être que j'ai effectivement une préférence, certes pas exclusive, pour les blondinous aux yeux bleus (je pensais que c'était un peu un mythe que les Allemands sont blonds aux yeux bleus, mais, de fait, alors qu'en France il est très rare que je croise des gens plus blonds que moi, à Berlin j'en ai vu un certain nombre). Peut-être que l'an prochain le poussinet et moi irons vérifier cette hypothèse du côté de Stockholm.
  • Les corneilles berlinoises ne sont pas comme les corneilles parisiennes : elles ont le dos gris (mais la tête noire) alors que les corneilles parisiennes sont toutes noires. Il doit s'agir de Corvus corone à Paris et de Corvus cornix à Berlin. Par ailleurs, toujours au rayon de l'ornithologie, il y a beaucoup moins de pigeons (Columba livia) à Berlin qu'à Paris.
  • Ah, et il faut bien que je finisse en parlant des trains : on a fait le voyage, dans un train de la Deutsche Bahn, en compartiment de luxe (c'est-à-dire avec WC et douche dans la chambre). Même si je dors très mal dans les trains quoi qu'on fasse, c'est une expérience intéressante (certes un peu onéreuse, mais pas tant que ça quand on compte qu'elle comprend une nuit d'hôtel). Mais finalement, ce qui est le plus agréable, c'est encore la voiture-restaurant : parce que les trains de la Deutsche Bahn, ils ont une vraie voiture-restaurant — même si on va commander soi-même, ensuite on mange à une vraie table, assis sur des vraies chaises, et dans de la vraie vaisselle, pas comme dans les voitures-bar des TGV français. C'est aussi moins exorbitant au niveau prix, d'ailleurs.

Voilà, j'oublie certainement encore plein de choses que je pourrais raconter, mais ça commence à faire assez long comme ça. Il y a un tas de photos (de très mauvaise qualité…) qui viendront éventuellement plus tard.

Maintenant, il faut que je revoie Der Himmel über Berlin, Good bye, Lenin!, le documentaire Un Mur à Berlin

↑Entry #1783 [older| permalink|newer] / ↑Entrée #1783 [précédente| permalien|suivante] ↑

Continue to older entries. / Continuer à lire les entrées plus anciennes.


Entries by month / Entrées par mois:

2024 Jan 2024 Feb 2024 Mar 2024
2023 Jan 2023 Feb 2023 Mar 2023 Apr 2023 May 2023 Jun 2023 Jul 2023 Aug 2023 Sep 2023 Oct 2023 Nov 2023 Dec 2023
2022 Jan 2022 Feb 2022 Mar 2022 Apr 2022 May 2022 Jun 2022 Jul 2022 Aug 2022 Sep 2022 Oct 2022 Nov 2022 Dec 2022
2021 Jan 2021 Feb 2021 Mar 2021 Apr 2021 May 2021 Jun 2021 Jul 2021 Aug 2021 Sep 2021 Oct 2021 Nov 2021 Dec 2021
2020 Jan 2020 Feb 2020 Mar 2020 Apr 2020 May 2020 Jun 2020 Jul 2020 Aug 2020 Sep 2020 Oct 2020 Nov 2020 Dec 2020
2019 Jan 2019 Feb 2019 Mar 2019 Apr 2019 May 2019 Jun 2019 Jul 2019 Aug 2019 Sep 2019 Oct 2019 Nov 2019 Dec 2019
2018 Jan 2018 Feb 2018 Mar 2018 Apr 2018 May 2018 Jun 2018 Jul 2018 Aug 2018 Sep 2018 Oct 2018 Nov 2018 Dec 2018
2017 Jan 2017 Feb 2017 Mar 2017 Apr 2017 May 2017 Jun 2017 Jul 2017 Aug 2017 Sep 2017 Oct 2017 Nov 2017 Dec 2017
2016 Jan 2016 Feb 2016 Mar 2016 Apr 2016 May 2016 Jun 2016 Jul 2016 Aug 2016 Sep 2016 Oct 2016 Nov 2016 Dec 2016
2015 Jan 2015 Feb 2015 Mar 2015 Apr 2015 May 2015 Jun 2015 Jul 2015 Aug 2015 Sep 2015 Oct 2015 Nov 2015 Dec 2015
2014 Jan 2014 Feb 2014 Mar 2014 Apr 2014 May 2014 Jun 2014 Jul 2014 Aug 2014 Sep 2014 Oct 2014 Nov 2014 Dec 2014
2013 Jan 2013 Feb 2013 Mar 2013 Apr 2013 May 2013 Jun 2013 Jul 2013 Aug 2013 Sep 2013 Oct 2013 Nov 2013 Dec 2013
2012 Jan 2012 Feb 2012 Mar 2012 Apr 2012 May 2012 Jun 2012 Jul 2012 Aug 2012 Sep 2012 Oct 2012 Nov 2012 Dec 2012
2011 Jan 2011 Feb 2011 Mar 2011 Apr 2011 May 2011 Jun 2011 Jul 2011 Aug 2011 Sep 2011 Oct 2011 Nov 2011 Dec 2011
2010 Jan 2010 Feb 2010 Mar 2010 Apr 2010 May 2010 Jun 2010 Jul 2010 Aug 2010 Sep 2010 Oct 2010 Nov 2010 Dec 2010
2009 Jan 2009 Feb 2009 Mar 2009 Apr 2009 May 2009 Jun 2009 Jul 2009 Aug 2009 Sep 2009 Oct 2009 Nov 2009 Dec 2009
2008 Jan 2008 Feb 2008 Mar 2008 Apr 2008 May 2008 Jun 2008 Jul 2008 Aug 2008 Sep 2008 Oct 2008 Nov 2008 Dec 2008
2007 Jan 2007 Feb 2007 Mar 2007 Apr 2007 May 2007 Jun 2007 Jul 2007 Aug 2007 Sep 2007 Oct 2007 Nov 2007 Dec 2007
2006 Jan 2006 Feb 2006 Mar 2006 Apr 2006 May 2006 Jun 2006 Jul 2006 Aug 2006 Sep 2006 Oct 2006 Nov 2006 Dec 2006
2005 Jan 2005 Feb 2005 Mar 2005 Apr 2005 May 2005 Jun 2005 Jul 2005 Aug 2005 Sep 2005 Oct 2005 Nov 2005 Dec 2005
2004 Jan 2004 Feb 2004 Mar 2004 Apr 2004 May 2004 Jun 2004 Jul 2004 Aug 2004 Sep 2004 Oct 2004 Nov 2004 Dec 2004
2003 May 2003 Jun 2003 Jul 2003 Aug 2003 Sep 2003 Oct 2003 Nov 2003 Dec 2003

[Index of all entries / Index de toutes les entréesLatest entries / Dernières entréesXML (RSS 1.0) • Recent comments / Commentaires récents]