Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le
reste de ce site web, parle de tout et
de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait),
des maths à
la moto et ma vie quotidienne, en passant
par les langues,
la politique,
la philo de comptoir, la géographie, et
beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas,
ainsi que d'occasionnels rappels du fait que
je préfère les garçons, et des
petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le
nom collectif de fragments littéraires
gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines
entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes
traduites dans les deux langues) ; il est
maintenant presque exclusivement en
français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à
l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par
ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut).
Cette page-ci rassemble les entrées publiées en
mai 2004 : il y a aussi un tableau par
mois à la fin de cette page, et
un index de toutes les entrées.
Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs
« catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce
système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque
entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le
texte de l'entrée elle-même.
You are on David Madore's blog which, like the rest of this web
site, is about everything and
anything (mostly anything, really),
from math
to motorcycling and my daily life, but
also languages, politics,
amateur(ish) philosophy, geography, lots of
ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders
of the fact that I prefer men, and
some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the
collective name of gratuitous literary
fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning
(some entries were in English, others in French, and a few translated
in both languages); it is now almost
exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog
entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed
in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top).
This page lists the entries published in
May 2004: there is also a table of months
at the end of this page, and
an index of all entries. Some
entries are classified into one or more “categories” (indicated at the
end of the entry itself), but this organization isn't very coherent.
The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced
before and after the text of the entry itself.
Ces prochains jours vont être un peu la course. Avoir beaucoup de
choses inscrites dans mon emploi du temps, lorsqu'il s'agit de choses
plutôt plaisantes, m'est évidemment agréable, mais en même temps c'est
un peu stressant parce qu'on a l'impression de devoir sans arrêt
courir d'un endroit à un autre, ou d'une personne à une autre, et de
ne pas pouvoir se permettre de souffler un peu ni d'improviser quelque
chose qui n'était pas prévu. Il est vrai que je m'inquiète de peu (ce
que j'appelle un emploi du temps chargé, pour d'autres, ce serait le
désert) ; accessoirement, comme d'habitude, ma capacité à répondre à
mon mail s'en ressent.
Quelques repères importants. Demain, mardi 1er → voir mon
directeur de thèse le matin pour faire le
point ; dîner prévu au restaurant
sichuanais le soir. Vendredi 4 → double anniversaire à
célébrer à l'ENS. Dimanche 6 → projection entre
amis du Déclin de
l'empire américain et des Invasions
barbares. À caser quelque part → visiter les jardins
Albert Kahn à Boulogne, présenter Mouton à Péter et réciproquement
(j'aime beaucoup faire se rencontrer des
gens). Probablement du 12 au 15 → petit voyage à Lyon pour
faire la connaissance de ma famille adoptive. Mercredi 16 →
départ pour Göttingen. Mercredi 23
→ retour à Paris. Samedi 26 → marche des fiertés.
J'ai passé la journée à rédiger[#] ce qui est censé être le dernier calcul de ma thèse.
Globalement, je suis plutôt dans le mode « ça marche » en ce moment :
j'ai eu quelques hésitations au cours de la rédaction (du type,
zut, pourquoi c'est vrai, ça, au fait ? et si c'est faux ça met
tout en l'air), mais en fin de compte tout a eu l'air de se
dérouler correctement. La possibilité d'une erreur n'est pas du tout
encore exclue (même quand les choses sont très proprement écrites,
d'ailleurs, on peut toujours s'être trompé), mais elle est au moins
un peu éloignée ; et si demain matin (enfin, dans quelques heures, en
fait…) mon directeur de thèse semble convaincu par mes
explications, ce sera un assez grand soulagement pour moi. La
rédaction de cette partie-là sera encore à améliorer grandement (pour
l'instant c'est toujours un demi-brouillon), il faudra écrire une
introduction et concaténer les différentes choses que j'ai déjà mises
au propre, mais je commence à avoir quelque chose qui ressemble à une
thèse (et un certain espoir de soutenir vers l'automne).
[#] Bon, je ne prétends
pas que je n'ai pas été occasionnellement distrait par quelques jeunes
conscrits en train de faire les marioles en salle informatique.
Le Mouton essayait de me persuader de ne pas écrire d'entrée pour
aujourd'hui. Et moi je disais que ça décevrait les gens. Alors juste
par esprit de contradiction : j'écris quand même une entrée
aujourd'hui, et elle est toute pourrie donc elle décevra quand même
les gens. C'est vraiment crétin, hein ?
Imaginez que vous receviez la carte postale
suivante : un côté de la carte est complètement blanc (pas de photo ou
quoi que ce soit). L'autre côté (qui indique POST
CARD — The address to be written on this side) comporte sur
la moitié gauche la seule phrase le lichen se développe (sic ;
apparemment imprimée sur la carte, à l'encre grise, dans une police
genre Futura, au milieu de la carte en hauteur), et sur l'autre
l'adresse du destinataire (David Madore / 11 rue Simonet / F75013
Paris / FRANCE) et celle de l'expéditeur (Jo Lewington / 119
Mayfair / Reading, Berkshire / RG30 4RB / ENGLAND) dont vous
n'avez absolument jamais entendu parler ; le cachet de la Royal Mail
indique que la carte a été postée à Reading le 12 mai 2004. Vous
n'avez, bien entendu, jamais mis les pieds à Reading (au plus, vous
l'avez traversé en train en allant, vraisemblablement, de Londres à
Oxford, et le train a pu s'y arrêter quelques minutes ; et vous avez
entendu parler de, ou lu, la ballade de la geôle de Reading d'Oscar
Wilde, mais c'est à peu près tout ce que vous savez[#] sur cette ville), et vous ne
connaissez personne qui y habite. La phrase le lichen se
développe ne vous évoque rien du tout, et n'évoque
à Google qu'une page
pas spécialement remarquable sur l'élargissement de l'Union
européenne. Quant à Jo Lewington de Reading, elle évoque à
Google une page
du site de la BBC où il est dit : The last time Bletchley Park code breaker Jo Lewington
was due to see her friend Frances Harvey was at Frances' wedding. But
Jo, now an 81-year-old living in Reading, missed her train, arrived
too late and never saw her friend again. Vous êtes, pour le coup,
absolument persuadé de ne pas connaître de vétéran cryptographe
anglaise de 81 ans, et vous vous demandez bien comment elle aurait pu
avoir votre adresse (bon, par le Web,
certes, j'imagine, mais pourquoi ?).
Maintenant, la question à 2000 zorkmids : vous en concluez quoi ?
Je précise que ceci n'est pas une expérience de pensée
complètement fumée. Le cas est vraiment arrivé à quelqu'un tout près
de vous.
[#] Ah, aussi : que ça
se prononce [ˈɹɛdɪŋ] comme si ça s'écrivait
Redding, et non pas comme le participe présent du verbe to
read.
Dans le genre énigme invraisemblable, celle-ci est assez forte.
Et, non, je n'ai pas la réponse, et je n'en ai aucune idée. Si le but
était de m'intriguer, c'est assez réussi : ceci dit, c'est intrigant
jusque dans le mystère lui-même (il y avait beaucoup plus économique
pour m'intriguer). Pareil si le but était que j'en parle ici. Si le
but était de me faire passer un message, c'est complètement raté.
Entre autres observations qu'on a pu faire : les mots
Reading (et il s'agit bien de la ville dont je note la
prononciation trompeuse) et lichen apparaissent justement dans
un fameux poème
sur les difficultés de prononciation de l'anglais que j'ai retapé
(et que j'avais commencé à transcrire systématiquement en phonétique,
sans avoir le courage d'aller jusqu'au bout), en plus, à une seule
strophe d'écart et au même endroit dans la strophe. Et la
Jo Lewington (qu'elle soit ou non vraiment la personne ayant expédié
la carte) est censée être cryptographe, donc peut-être évoquer un
message à comprendre dans la phrase. Ou encore, peut-être y a-t-il un
lien entre la page renvoyée par Google en recherchant la phrase
imprimée sur la carte et mon entrée
récente sur l'élargissement de l'Union européenne.
Les ordinateurs, ce n'est pas toujours si compliqué[#]. Et ce n'est pas pour autant que
c'est bien.
Les maths, c'est parfois compliqué. Et puis c'est bien, de temps
en temps. Surtout quand ça marche.
Le reste, je ne sais pas trop. J'y réfléchis encore.
[#] Le problème auquel
je faisais allusion est résolu dans le noyau Linux 2.6.7-rc1, me
dit-on. Je tâcherai de rajouter un lien vers le thread approprié sur
linux-kernel quand il sera apparu sur Google.
Il y a des jours, comme ça, où tout va bien. Où il fait beau, où
on se sent bien, où on arrive à faire des choses dans la journée, où
les maths marchent plutôt bien, où les ordinateurs font semblant de
fonctionner, où on va voir un bon
film en agréable compagnie avec laquelle on passe un excellent
moment, et où globalement on n'arrive pas à trouver la moindre raison
de ne pas être pleinement satisfait.
Je suis heureux. Profitons-en, on
ne sait jamais ce que demain apportera !
Je viens de voir le dernier Almodóvar. Un film magnifique, et très
émouvant. La construction est un peu sophistiquée (avec des mises en
abyme un peu borgesiennes), mais cela ne retire rien à la force de
l'histoire. Il y a une partie de l'histoire qui rappelle La Ville dont le prince est un
enfant, mais il y a aussi des parties bien différentes.
Pas forcément le meilleur film du réalisateur, mais assurément une
réussite.
Bon, j'ai toujours la phobie des voyages (encore un handicap pour
devenir mathématicien), mais je pense qu'une semaine à Göttingen
j'arriverai encore à survivre. Au moins le programme semble-t-il
assez alléchant.
I don't know how (or even exactly when) it started, but my computer
has this strange problem which causes it to unpredictably replace
certain parts of random files by null bytes (always a multiple of 256
bytes, it seems, and aligned at such multiples; typically around 2
kilobytes in a given file). As one can expect, this causes all sorts
of horrendous difficulties, and it tends to be pretty damn hard to
find out where the problem lies (even knowing that this behavior
occurs, finding exactly which file has been altered to cause a given
malfunction is not an easy task).
So far none of my personal data has been affected, it
seems—only various system files, which I have been able to
recover. But the nagging doubt is always present: what if one of my
important files gets corrupted and I don't notice it and make backups
of it in various places, and really end up screwing everything? I'd
like to have my peace of mind back.
The trouble is that I have no idea what causes the problem. It's
probably not a hardware flaw: I have good reasons to believe that
memory, CPU and hard drives are sane. I suspect a bug in
the Linux kernel, in the ReiserFS layer, perhaps
occurring only in SMP boxen, and perhaps starting only
with the 2.6.6 or 2.6.5 version. But the bug has proven remarkably
elusive: I tried all sorts of intensive stress-testing on the
filesystem (creating a small number of large files, a large number of
small files, simultaneously writing and reading, and all sorts of
variants, with RC4
streams), and found no way to reproduce the corruption in
vitro if I may say. So I can't write any kind of bug report that
would be of any use, and I don't know which Linux version I should
downgrade to (or even whether the problem is really in the kernel and
not, for example, some obscure part of the C
library).
I'm rather annoyed at this, but I really don't know what to do. If
I had just a little more knowledge about the problem I could post on
the linux-kernel mailing-list, but as things are this
would be pretty useless.
I made a couple of rather major changes to the comments system. A
couple of security issues and bugs have been fixed, but more
importantly, certain (non-ASCII) Unicode characters
are now permitted in nicknames (technically, Latin letters from the
Latin-1 and Latin Extended A supplements), and a moderation system has
been put in place.
Concerning account names: they are now case-insensitive and
accent-insensitive (if your account is called Joë, you will be
able to log in by typing joe or J Ô E or similar
things), but the accents and capitalization provided at creation are
preserved (so it will always display as Joë). If you are
unhappy about the way your account is named or capitalized or
accented, please send me an email, and I'll make the necessary
changes; I can also allow non-Latin characters on a case-by-case
basis. Automatization of the possibility of making changes to one's
account settings is next in the TODO list.
The other major change concerns moderation. I am becoming rather
tired of the number of people (essentially anonymous cowards) who post
comments which are entirely content-free or blatantly off-topic. It's
not so much that it annoys me, but it sort of drowns out more
interesting and pertinent comments from people who have
useful or sensible things to say. It's a shame, given the number of
extremely competent people who sometimes do me the honor of commenting
on this blog, to have their signal drowned under the noise of
irrelevant chattering. On the other hand, I strongly dislike any kind
of censorship, and so long as there is no clear abuse I don't see why
I should refuse to spare a few kilobytes on my hard drive for some
marginally-relevant posts.
So I will now be moderating comments, but the moderation is
elective: by default, only positively moderated comments will be
displayed, but if the user so chooses he can view all comments, or at
any rate those comments which have not yet been moderated one way or
another. The choice is made by using the form at the bottom of every
page in the comments system; it requires cookies to be accepted (the
cookie is called showlevel and has value 0, 1 or 2), and
the choices should be self-explanatory; the default value is to
display only positively moderated (aka approved) comments.
This is quite independent from the possibility of creating an account
(I won't be storing your display level on the accounts database: it
exists only in the form of the cookie which you keep on your
computer). Even when the user chooses to view all comments (well,
except those which are deleted, this is another thing; I
probably won't be deleting people's comments for any reason, but the
posters themselves are allowed to do so), comments which have been
moderated down (aka disapproved) or have yet to be moderated
are indicated as such: please do not reply to comments which have been
moderated down. Incidentally, for Mozilla users, who can see the
number of comments on each entry through an XBL binding,
this number should take into account your present level of
display. I'm not sure it really works, though.
All this is still rather experimental. Please tell me if anything
breaks (and you don't think I would notice).
Le plus gros reproche que je lui ferai est qu'Agamemnon et Ménélas
sont montrés de façon vraiment simpliste comme des personnages
entièrement méchants et négatifs : le parti pris (puisque apparemment
Hollywood n'arrive pas à raconter une histoire, et surtout une guerre,
sans prendre de partie) est plutôt celui des Troyens ; Priam est
présenté comme indiscutablement bon (quoique faible), Hector est
parfaitement honorable et globalement un chic type, et Pâris est un
brave garçon. Côté grec, Achille a une personnalité assez complexe,
il est bien joué et ne tombe pas trop dans la caricature (certes, tout
cela n'a peut-être aucun rapport avec le personnage présenté sous ce
nom dans l'Iliade, mais who cares?).
Et Ulysse (Odysseus) n'est pas mal du tout (et son côté rusé et habile
ressort bien).
De grosses libertés ont évidemment été prises avec l'histoire
canonique, mais je pense que c'est normal ; la guerre de Troie reste
le mythe fondateur de notre civilisation, il est normal qu'on le
raconte à une époque donnée selon ce que l'imaginaire de cette époque
en conçoit (et le cinéma américain peut bien prétendre au rôle de
forgeron de l'imaginaire). En tout cas je ne crie pas au scandale :
si on me demande d'imaginer, naïvement et comme un enfant qui veut
être émerveillé, l'histoire en question, je ressortirai quelque chose
de pas trop loin de ce que ce film présente. Bien sûr, la vision
vieillira mal. Mais ceux qui veulent voir la présentation telle qu'on
la faisait peut-être au IXe siècle avant l'ère commune peuvent lire le
poème qu'on sait.
Les dieux sont ici les grands absents. Je pense que c'est une
bonne décision, car il aurait été délicat de décider comment les
montrer (et l'homme est la mesure de toute chose, non ?).
Certes, représenter Achille comme impie et Hector comme agnostique
(fatigué de voir son père suivre toujours aveuglément les augures),
c'est osé, mais je trouve qu'ils s'en sortent bien. Ils auraient pu
tirer quelque profit en montrant le sacrifice d'Iphigénie, mais ils ne
l'ont pas fait (Clytemnestre est entièrement absente, et Agamemnon est
tué par Briséis, ce qui n'était pas forcément utile). J'ai apprécié
le clin d'œil consistant à montrer, lors de la fuite des
Troyens, Pâris donnant son épée à un jeune homme qui aide son vieux
père à fuir, et il lui demande comment il s'appelle —
Énée (vous pensez qu'ils vont faire une suite, Les
Troyens contre-attaquent : la fondation de Rome ?).
Accessoirement, j'en suis à me demander : au fait, Hélène
elle-même, elle est censée devenir quoi, à la fin, dans l'histoire ?
(À part avoir une amourette avec Faust pas mal de siècles plus tard,
je veux dire.)
Sinon, l'incendie et le sac de Troie m'ont paru bien rendus, et on
pense bien à la magnifique force des vers de l'Andromaque
de Racine,
Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle.
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage.
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants.
J'ai aussi aimé la scène où Priam va supplier Achille de lui rendre
le corps de son fils. C'est sans doute le moment le plus fort de
l'Iliade (24:477s), et ils s'en tirent ici avec les
honneurs (mais Peter O'Toole, qui joue le roi troyen, n'est pas
exactement un mauvais acteur…).
Bon, et puis si on n'est pas féru de culture hellénique, on peut
toujours y aller pour voir la beauté ténébreuse d'Orlando Bloom
(Pâris) ou les magnifiques biceps huilés de Brad Pitt (ah… la
scène où Achille se déshabille… rhâââ…). Si vous vous
demandez, rien n'est montré, et très peu est suggéré, entre Achille et
Patrocle ; ce n'est pas forcément plus mal, en fait. Pour ceux qui
préfèrent les femmes, la beauté la plus fameuse de toute l'Histoire
est jouée par Diane Kruger, mais je ne sais pas si son visage aurait
suffi à faire partir mille nefs.
Voilà voilà. En un mot : allez le voir si vous avez trois heures à
perdre, ou si vous aimez ce genre de spectacles grandioses, ou si vous
voulez mater de beaux garçons. N'allez pas le voir si vous êtes un
ayant-droit de ce M. Homère.
Vous connaissez la blague du fou qui demande à un autre fou si son
clignotant marche bien, et l'autre répond : il marche — il ne
marche pas — il marche — il ne marche
pas… ?
C'est pareil avec la recherche mathématique. Je ne sais pas si
tous les mathématiciens le vivent pareil, mais ma thèse (enfin, la
partie finale de ma thèse sur laquelle je travaille en ce moment, mais
c'était pareil pour toutes les autres) n'arrête pas de marcher, de ne
plus marcher, de marcher à nouveau, de ne plus marcher, etc. C'est
horriblement stressant. On part sur un truc, une esquisse de
démonstration, qui semble marcher ; on s'aperçoit qu'il y a un
problème à un endroit, et on le corrige, en rendant les choses un
tantinet plus compliquées, en faisant un petit détour, en renforçant
les hypothèses ou en affaiblissant la conclusion, ou en changeant un
peu le cadre, ou quelque chose comme ça ; puis on s'aperçoit d'un
autre problème, et ainsi de suite. À chaque fois qu'on trouve un de
ces trous, on a l'angoisse que ça réduise tout à néant, y compris les
corrections précédentes (et c'est peut-être cela qui est le plus
stressant : se dire que le soulagement qu'on a éprouvé en corrigeant
le trou n−1 était absolument vain si le trou
n se maintient) : car la démonstration ne vaudrait alors
rien. Et même si on trouve une façon de faire marcher les choses, on
a l'impression de passer « plus juste » si j'ose dire, de risquer
encore plus au prochain trou parce qu'on aura « moins de marge » pour
faire marcher les choses, et ainsi de suite ; et à chaque fois la
démonstration est rendue plus compliquée, et plus pénible. Même si on
arrive à s'en sortir à chaque fois, on se demande si le processus
finit vraiment, si on n'est pas en train de construire une
démonstration fractale, où chaque morceau de démonstration rencontre
un obstacle et le contourne en rencontrant d'autres obstacles en
chemin…
Il faut aussi noter qu'il y a plusieurs sortes de problèmes qui
peuvent se poser dans la recherche d'un raisonnement mathématique. On
peut ne pas trouver de piste du tout, bien sûr, ou on peut trouver une
piste mais ne pas arriver à la rendre rigoureuse ; ou on peut aussi
poursuivre une piste assez loin en espérant qu'elle marchera, et
découvrir au final qu'elle ne marche pas, et qu'on n'a donc
pas avancé du tout (l'idée étant qu'on cherche à prouver A,
qu'on essaie de passer par B, et qu'on s'aperçoit après une
longue recherche pour prouver B que ce dernier est en fait
faux, donc que cette piste est vraiment impossible, et qu'on
n'a plus la moindre idée pour prouver A).
Il y a huit-dix mois, mon directeur de thèse me proposait, pour
avoir un « petit » quelque chose à ajouter à ce que j'avais déjà fait
comme travail, de faire un calcul explicite (d'un « groupe de Chow de
zéro-cycles modulo équivalence rationnelle sur une hypersurface
cubique n'ayant pas d'obstruction de Brauer-Manin », si vous voulez
les détails techniques). En octobre j'ai commencé à faire
sérieusement ces calculs (techniquement, une recherche de modèle
régulier, en résolvant par éclatements explicites les singularités du
modèle naïf), qui auraient dû ne pas être très compliqués, sur la
variété qu'on m'avait proposée ; en novembre, je me suis rendu compte que ces calculs
devenaient inextricables. En janvier, mon directeur de thèse, qui
avait discuté avec Pierre Deligne en Inde, m'a rapporté la suggestion
de celui-ci : utiliser des résolutions toroïdales. Ces dernières
donnent un nouvel espoir : on arrive à trouver explicitement la
désingularisation recherchée ; malheureusement, elle est
incontrôlable : mi-mars, on se rend
compte qu'il faudra contrôler la jacobienne intermédiaire d'une
hypersurface cubique, ce qui est très technique, en plus de majorer un
Néron-Severi pas du tout évident — et le résultat final est
peut-être faux. J'ai alors l'idée de
changer de variété, et j'en trouve une qui semble miraculeusement
donner une désingularisation (toujours par les méthodes toroïdales
proposées par Deligne) encore plus contrôlable (la composante
irréductible horizontale « difficile » de la fibre spéciale est
rationnelle). Je refais les calculs. Il y a quelques difficultés
techniques supplémentaires qui apparaissent, mais je progresse :
samedi soir (avant-hier) je crois en être arrivé enfin au bout. Ce
matin, je raconte ces dernières évolutions, et mon directeur
s'aperçoit qu'il y a une erreur importante (j'avais « oublié » que la
norme sur une courbe elliptique est surjective par extension finie
d'un corps fini) : nous avons eu un moment de profond abattement,
parce que cela rendait vaine toute la recherche effectuée dans ce sens
(c'est-à-dire un bon nombre de mois). Finalement, j'ai eu l'idée de
proposer de chercher sur un corps différent, et il a réussi à en
dénicher un pour lequel le problème ne se pose pas (et où la
conclusion est quand même intéressante). Donc je suis de nouveau dans
le mode « ça marche » : mais pour combien de temps ?
On en finit par ne plus oser réfléchir au problème, parce qu'on se
dit que si on y pense trop on va trouver un trou qui fait que plus
rien ne marche.
J'ai rêvé que j'étais dans Jussieu (qui ressemblait, encore
beaucoup plus qu'il ne l'est dans la réalité, à un labyrinthe de
contreplaqués, avec des couloirs bas, des salles désertées, etc.) et
que j'y rencontrais une petite fille (elle devait avoir quelque chose
comme dix ans) complètement folle, qui voulait absolument m'arracher
une mèche de cheveux (ben oui ça fait très mal, me disait-elle,
c'est pour ça que je veux le faire) ; j'ai dû m'enfuir dans des
toilettes obscures (et désertes). Je me suis réveillé quand elle
était sur le point de me trouver.
En racontant ça, je me rappelle aussi vaguement le fragment
précédent de mon rêve : j'étais avec un ami (que j'identifie, mais je
ne vais pas le nommer, de toute façon c'est peu important) et son père
et un ou deux autres amis, et le père (qui était censé être original
et décalé, mais pas fou, on notera la subtilité) se livrait à des
simulations très gore de mutilations rituelles
(juste des simulations, mais avec quand même pas mal de vrai sang qui
coulait, sinon ce n'est pas drôle).
Je me permets de piquer
cette parole à Garoo : Je ne
sais pas ce qui se passe dans ma tête en ce moment, mais j'aimerais
autant ne pas être dedans quand ça va péter pour de bon.
J'ai encore fait un crise de
tachycardie ce matin : elle a duré nettement plus longtemps que les
précédentes (au bout de dix minutes j'avais toujours un pouls dans les
140 ; forcément, ça m'a inquiété encore plus, donc mon cœur a
battu encore plus vite), j'ai fini par appeler le SAMU, qui
après interrogatoire (mené avec compétence et efficacité — déjà
c'est rassurant en soi) m'a renvoyé sur SOS médecins.
Le médecin qui est passé m'a assuré que ce n'était pas dangereux
tant que mon rythme cardiaque restait bien régulier. Elle m'a
prescrit un anxiolytique. Quoi, je suis anxieux, moi ?
Peut-être qu'il faudrait créer SOS
hypocondriaques, en fait, pour les gens comme moi, pour éviter
d'encombrer inutilement le SAMU : d'après Google,
ça n'existe pas encore (dommage !).
(Et hop, encore un mot à orthographe
traîtresse : c'est hypocondriaque en français, mais hypochondriac, avec un ‘h’, en
anglais.)
Il y a des jours où je croirais presque à la providence. Je me
disais qu'il serait bien que je voie des gens (que ce soit des
nouvelles têtes ou des anciennes pas vues depuis longtemps) pour me
changer un peu les idées. Et le hasard, donc, a apparemment entendu
ma prière, parce qu'il m'a envoyé deux surprises plaisantes.
La première, c'est un mail que j'ai reçu d'une personne un peu
inattendue (je ne dis pas : inconnue), et dont le contenu était
encore plus inattendu : je suis tombé de très haut, même, mais c'était
une chute en fait assez agréable. OK, ce que je dis là
est extrêmement vague (parce que je veux juste indiquer l'effet que ça
m'a fait, sans rien révéler de ce dont il est question : ce n'est pas
à moi qu'il appartient de le dire, ce sont les affaires d'un autre),
mais, en gros, mettons que j'avais émis une idée en plaisantant et que
sans m'en douter j'ai visé complètement juste (ce qui veut dire que
j'ai mis les pieds en plein dans le plat, cependant ce n'est pas
forcément si mauvais que ça). En tout cas, j'ai appris une chose qui
m'a fait plaisir (et qui va peut-être me permettre, incidemment, de
faire un petit peu de Bien). Bon, là le lecteur est normalement
complètement confused, alors assez dit.
La deuxième surprise, c'est que j'ai croisé Ludmilla, que je
n'avais pas vue depuis une éternité.
Elle ne suit normalement pas mon blog (honte sur elle, elle préfère
lire le site du Monde pour tout savoir
du monde), donc nous n'avons pas eu trop du temps de prendre un café
et le dîner ensemble pour nous mettre au courant de la vie, l'univers
et tout le reste. De toute façon, je suis incapable de cacher quoi
que ce soit à Ludmilla (vraiment rien : devinez qui
a pris la photo…) : si jamais j'essaie d'éviter un sujet, elle
va le sentir et dans la minute qui suit me poser précisément
la question que je voulais contourner — c'est pour ça que je
l'adore, et que je l'appelle affectueusement l'Inquisition
espagnole. (Enfin, là j'ai réussi à ne pas évoquer ce à quoi
je fais allusion dans le paragraphe précédent, mais c'est sans doute
parce que ça ne m'aurait pas trop dérangé d'en parler.) Mais
apparemment je ne dois pas être le seul auquel Ludmilla extorque des
informations, parce qu'elle m'a raconté plein de choses sur diverses
connaissances communes (pas exactement des secrets, pas exactement des
ragots, et on ne pourrait pas vraiment la taxer d'indiscrétion) qui
m'ont beaucoup intéressé, ne serait-ce que parce qu'elle m'a montré du
doigt certaines évidences qui m'avaient échappé (et beaucoup de
mystères s'éclairent quand on remarque ce qui va bien).
Qu'est-ce que je tire de tout ça ? Que les gens sont vraiment
fantastiques, et que je les adore (vous avez compris, gens ? je vous
adore), parce qu'ils sont si riches et si compliqués. Allez, pour le
plaisir, je cite de nouveau Gandalf :
‘My dear Frodo!’ exclaimed Gandalf. ‘Hobbits
really are amazing creatures, as I have said before. You can learn
all that there is to know about their ways in a month, and yet after a
hundred years they can still surprise you at a pinch. I hardly
expected to get such an answer, not even from you.’
Tout en évitant le grand déballage (si j'y arrive[#]), je voudrais dire quelques mots
de ce qui ne va pas (mais qui va déjà mieux). Enfin, tout le monde aura
compris qu'il s'agit d'une peine de cœur — j'eus commis
l'imprudence de m'engager sur la voie d'un amour impossible. Pas
énormément à dire sur l'affaire, en vérité : le charmant garçon en
question (qui répond à un nom de code désignant certains ovins) est
hétéro (modulo toutes les précautions nécessaires sur l'usage de ce
mot) et il a une copine (dont il n'a pas la moindre intention de se
séparer — il n'en a jamais été question — et c'est tant
mieux — et il ne compte pas non plus essayer de se partager en
deux). Et je n'ai donc jamais eu autre chose que la certitude que
c'était impossible ; enfin, j'ai pu me faire par moment quelque illusion, parce que c'est tentant de
s'en faire, mais je savais bien que c'étaient des illusions ; sur le
fond, donc, les choses étaient claires dès le commencement[#2].
Ça n'aura pas été la première fois, et on peut même dire que j'ai
une certaine expérience en la matière. J'ai tendance à prétendre qu'à force de sang, de sueur
et de larmes, j'ai acquis une certaine capacité à ne pas
tomber amoureux (capacité que tout le monde doit acquérir, ceci dit,
mais quand même surtout les homos dans un monde où 95% de la
population ne l'est pas), ou même, si c'est déjà le cas, à cesser de
l'être. Alors pourquoi pas cette fois-ci ? Tout simplement parce que
j'ai été confronté à une situation qui était pour moi complètement
inédite : normalement, quand je tends à tomber amoureux de quelqu'un,
je me heurte soit à un refus clair et net soit à l'indifférence la
plus complète (ou l'apparente ignorance de mon existence même) —
c'est ce qui permet de passer rapidement à autre chose. Or cette fois
c'est avec tout sauf refus ou indifférence que j'ai été accueilli : il
ne faut pas oublier qu'entre la situation où les choses
marchent et celle où elles ne marchent pas du tout,
il y a de la marge pour des régions de clair-obscur où, même si on est
persuadé qu'à terme cela va casser, il est très tentant de profiter de
ce qu'on reçoit. Et d'autant plus si on n'a pas connaissance de
mieux.
Est-ce que j'ai à regretter ? Pas forcément : même si je souffre
maintenant de ne pas avoir écouté dès le début la voix de la sagesse,
si je l'avais fait j'aurais peut-être été moins blessé mais je
n'aurais aussi pas eu cette chance d'avoir une petite idée de ce que
cela peut être qu'un amour réciproque ou de tenir dans mes bras
quelqu'un que j'aime — et comme je ne suis pas du tout persuadé
que l'existence me donne jamais la chance d'en savoir plus, c'est
toujours bon à prendre ; il n'est pas clair que les pertes dépassent
les gains. (Et je compte sur ma résilience pour minimiser les
pertes.) Après tout, de même, ce n'est pas parce que nous vivons avec
la certitude qu'au final nous mourrons et que tout aura été vain, que
nous ne devons pas profiter de la durée qui nous est impartie.
Maintenant, il faut cependant que cela cesse, parce que je ne
contrôlais vraiment plus grand-chose, et que j'étais plus amoureux que
jamais avant. Nous avons donc mis les points sur les ‘i’,
je dois sacrifier cet amour (et Mouton aussi doit sacrifier quelque
chose, mais ce n'est pas à moi d'en parler). En même temps, il est
hors de question que nous rompions le contact : ce serait un gâchis
trop immense, et ce serait céder trop facilement à une fatalité
stupide. Cependant, notre complicité doit cesser d'être amoureuse
pour devenir amicale et fraternelle : cela va me demander un effort
constant et une vigilance permanente — mais je pense vraiment
pouvoir y arriver (et là aussi, j'ai une certaine expérience).
Ce qui est dur, aussi, c'est de revenir à l'idée — qui m'est
pourtant si familière — de la solitude affective. On comprend
qu'il est tentant de s'accrocher désespérément au moindre signe de
tendresse, aussi vain et désespéré fût-il dans son avenir, s'il n'y a
en regard qu'un désert où l'espoir ne brille pas par sa présence. Il
est vital que je me remette en quête de quelqu'un, et que je fasse
semblant d'y croire, quel que soit la futilité de cette quête —
ce n'est pas par ses chances de succès mais en elle-même qu'elle importe.
[#] Je sais que j'ai
tendance à ne pas faire preuve d'une grande retenue dans ce que je
raconte (quoi, exhibitionniste,
moi ?). Mais je pense qu'écrire cette entrée m'aide à tourner la
page.
[#2] S'il faut
éclaircir la citation, Marcellus était le neveu d'Auguste et son
héritier présomptif, qui est mort prématurément. Tu
Marcellus eris (Tu seras Marcellus), c'est la prophétie du
ciel qu'on voudrait croire, mais dont on sait qu'elle ne se réalisera
pas.
Je vais déjà nettement mieux qu'hier. Merci pour les témoignages de
sympathie que j'ai reçus (parfois d'où je ne les attendais pas).
Finalement je crois que je m'en sors bien, compte tenu d'à quel point
j'étais tombé amoureux ; et je pense aussi qu'il sortira du bien de
tout ça. Je vais m'en tenir à ça pour aujourd'hui, parce que je suis
physiquement exténué, je vais faire un gros dodo, là.
I will not say: do not weep; for not all tears are an evil
Quelque chose a cassé. Je n'ai pas la force d'en dire plus pour
l'instant, j'essaierai demain. Je n'ai pas été très honnête avec ce
blog, parce que je n'ai pas parlé (ou alors seulement de façon
allusive et indirecte) de ce qui m'importait le plus pendant ces
quelques dernières semaines (enfin, il y en a un certain nombre qui
comprennent tout de même) ; je ne dirai de toute façon pas tout, mais
je peux parler un peu pour mieux faire mon deuil. Une vive lumière
s'est éteinte, il faut que je me réhabitue à l'obscurité.
Quelque chose a cassé, mais tout n'est pas perdu : car c'était sans
doute le mieux, et de toute façon c'était inévitable (et je le savais
dès le
commencement). Et quand les choses sans espoir se sont cassées,
on peut construire à la place — pas en aussi grandiose, mais en
plus solide.
Donc, si la question est : ça va, David ?, la réponse est,
non, pas du tout. Mais — et c'est ce qui importe —
si la question est : ça ira ? (dans quelques jours, ou quelques
semaines), alors la réponse est oui, oui, je pense bien.
A very important question for all of us professional hair-splitters
out here: how many vertical strokes are there on a dollar
sign (‘$’)? Unfortunately, this question admits no
definite answer, since apparently both the single-stroke and
double-stroke variants are equally correct. Nobody knows for sure
what the origin of the symbol is: the most common theories seem to be
that it is initially a deformed handwritten version of a
‘p’ with a superscript ‘s’ used as an
abreviation of the plural “pesos”, or else that it comes
from an ‘S’ with a superimposed ‘U’ (as a kind
of monogram of the United States); if we believe one or the other, the
single-stroke or double-stroke variant may be more correct—but
it could be that both these theories are wrong (perhaps the symbol
simply originates from an accounting sign like there were many at some
time). I have checked typographic specimens of various typefaces, and the single-stroke
version seems more common, but the double-stroke one is used in (at
least certain modern versions of) Baskerville (regular but not
semibold), Bembo, Caslon and Plantin; all “modern”
typefaces, from Times to Stone (through Futura, Optima, Perpetua and
Frutiger) use a double stroke, so it is probably safe to say that
typographers have made their choice in favor of the single stroke.
Also, the Unicode's standard
display sample uses a single stroke (but this isn't very significant:
they just took a standard Times font for such characters).
One could also ask how many horizontal strokes the pound
sign (‘£’) is supposed to have (I refer to the
real “pound sign”, not to the number sign,
‘#’ which some Americans confusingly call the pound sign,
and which undoubtedly has two horizontal strokes and two vertical
ones). I have no answer as to that, but the symbol of the
yen (‘¥’) typically has two strokes, even though Unicode
says: glyph may have one or two crossbars. There are always
two bars on the symbol of the
euro (‘€’)—however, the latter is not properly
speaking a symbol, it is a logotype (in the sense that its design is
fixed and defined by the European Union, it should not depend on the
font). Speaking of currency sumbols, there is in
ISO Latin-1 a
symbol, ‘¤’, which is “CURRENCY SYMBOL” in
Unicode, and also known (still according to the Unicode standard) as
Filzlaus or Ricardi-Sonne (“Ricardi sun”? what the hell is
that?), and I have no idea what it stands for or how it got there; it
is sometimes confused with the euro sign, because the ridiculous Latin-9
encoding (which looks confusedly much like Latin-1) replaced the one
with the other, and some fonts or systems fsck up between the two. I
tend to use that strange ¤ sign as
the symbol of the zorkmid which
has gone into hacker jargon in phrases
such as do not pass go, do not collect two hundred
zorkmids.
Maybe some other time I'll speak about the
ampersand (‘&’), which is originally a handwritten
form of “et”, or the at sign (‘@’), which
comes from “ad”, or again the slash
sign (‘/’), which is properly called a solidus
(that's what Unicode calls it) or virgule (another
confusing name, because in French it refers to a comma). Or about
that number sign (‘#’) which goes by so many different
names (the most ridiculous being “shibboleth”). Read more
about all this in the Jargon
file.
Je crois que j'ai besoin de conseils. L'ennui, c'est que je crois
savoir déjà quels conseils me donneraient chacune des différentes
personnes à qui je pourrais demander. Donc finalement, c'est plutôt
de méta-conseils que j'ai besoin : savoir de qui je devrais suivre les
conseils. Aïe, encore un méta overflow.
À part ça, sans aucun rapport, je me demande pourquoi je me sens
systématiquement morose le dimanche soir. Ce n'est pas comme si ma
vie était fortement liée au rythme des semaines…
J'ai déjà eu le rythme circadien décalé, mais jamais à ce point-là.
Je n'arrive plus à compter les jours, je ne sais plus quelle heure
nous sommes. Je crois que les dernières fois que j'ai dormi,
c'était de 2004-05-13T07+02 à 2004-05-13T19+02, puis de
2004-05-14T17+02 à 2004-05-15T00+02, puis encore de 2004-05-15T15+02 à
2004-05-15T18+02 (c'est une sieste, ça, ou une nuit ?), et je n'y
Comprends Plus Rien® (ne parlons même pas de savoir quand et quoi j'ai
mangé !). J'ai raté plein de choses que je comptais faire, et j'ai
perdu tout mon temps à… je ne sais même pas quoi, au juste,
d'ailleurs, mais je crois que c'était plutôt à somnoler qu'autre
chose. Je me sens vraiment malade, à force (je ne sais pas si c'est
la cause ou l'effet, mais je penche plutôt pour l'effet).
Tropicana sort
régulièrement, en ce moment, des nouveautés (au moins sur le marché
français ; je ne sais pas quels sont les rapports entre leurs gammes
de produits sur les différents marchés du monde). Assez récemment,
ils ont introduit le mélange mandarine framboise, que j'aime
beaucoup, et voilà maintenant qu'est venu le tonic
breakfast : eh bien c'est très bon (sauf, je suppose, si on n'aime
pas les agrumes…), surtout parce qu'ils ont eu la bonne idée de
mettre un peu de jus de citron, qui rafraîchit très agréablement
l'ensemble sans le rendre trop acide. Bref, je recommande.
My entry for today is a program that I wrote tonight (took me
longer than expected, I'm afraid—like, all night). Not an
interesting program by any means: just a pseudo-random number
generator, an ARC4 stream, to be precise; it can be
downloaded here:
arc4gen.c (instructions for use and compilation are
contained in the comments within the program itself; Public Domain),
and there is also a Debian
package for the same.
(What's the point of writing a self-standing random number
generator, you ask? Well, one possible use is this: you generate a
huge file from the ARC4 stream with a given key,
and then you check it repeatedly against the stream generated anew
from the same key—which should be the same since the generator
is deterministic. Any CPU or RAM or filesystem
malfunction is pretty likely to be noticed in the process. In fact,
that's exactly the reason I wrote this thing: I suspect there's
something wrong somewhere on my PC, and I intend to make
sure.)
Un an après, me revoilà en train
de remplir un dossier de candidature en tant qu'ATER, en espérant avoir un poste en
2004–2005. Mais cette fois-ci j'y crois beaucoup moins : on va
penser que j'ai beaucoup trop traîné à soutenir ma thèse (ce qui n'est
pas faux, du reste), puisque mon inscription (officielle !) remonte à
2000, et je ne suis pas du tout convaincu qu'« on » m'accorde une
seconde année. Le dossier est excessivement fastidieux à remplir (ça
n'a l'air de rien, remplir un dossier de candidature, mais la liste
des pièces demandées est énorme, et j'y ai bien passé l'après-midi, à
retrouver où j'avais planqué mon attestation de réussite en
DEA, mon arrêté de nomination à l'agreg, mon contrat
d'ATER de l'année précédente, et ainsi de suite,
ainsi qu'à mettre au point un CV qui se tienne à peu près
et qui ne souligne pas trop que je n'ai pas assez bossé et que je
m'éternise). Et faire ça quand on est d'avance assez découragé, c'est
plutôt saoulant. Je me demande si ça vaut la peine que je remplisse
un dossier de demande pour d'autres facs (sachant que beaucoup de
dates limites doivent déjà être passées, et que d'ailleurs si on ne me
prend pas à Orsay les chances ailleurs sont sans doute encore
nettement plus exiguës).
Si je n'ai pas cette reconduction de mon ATER,
je ne sais vraiment pas ce que je deviens l'an prochain. Il se
présente essentiellement deux problèmes : d'abord, il faut que je
justifie que malgré mon agreg je ne pars pas enseigner (si je veux
avoir la moindre chance de finir ma thèse un jour ; et, si possible,
réussir à éviter l'enseignement sans pour autant perdre la dite
agreg) ; ensuite, il faut que je me nourrisse. Dans le pire des cas,
pour le premier point je dois pouvoir demander un congé pour études,
voire un congé pour convenance personnelle (mais c'est coûteux, parce
qu'on n'a le droit de le demander qu'un nombre limité de fois, je
crois). Pour le second, je peux peut-être mendier auprès de mes
parents et utiliser quelques maigres économies. (Je suis loin d'avoir
un train de vie fastueux, je me contente très bien de ce que je gagne
actuellement, mais je suis aussi assez peu habitué à devoir regarder
de très près ce que je dépense.) Peut-être je peux gagner aussi
quelques sous en donnant des khôlles ou en faisant des petits cours ou
quelque chose comme ça, mais l'idée ne m'emballe pas trop. (D'autres
voix me sussurent que je peux essayer de bosser ponctuellement dans
l'informatique ; l'ennui, c'est que ça se serait sans doute beaucoup
trop prenant pour finir une thèse. Et de toute façon je ne suis pas
sûr de le vouloir.)
Bref, à partir de septembre, je ne sais vraiment pas ce qui va
m'arriver. Pour l'instant, je fais l'autruche : j'essaie de ne pas
penser au problème dans l'espoir que, comme ça il disparaîtra de
lui-même. Mais ça ne marche à aucun titre, et d'ailleurs c'est une
des choses qui me tracassent en ce
moment (enfin, c'est loin d'être la plus importante, mais je n'ai pas
vraiment envie de parler du reste ici).
Une façon de piéger un David Madore, c'est de lui poser une
question de maths qui a l'air parfaitement innocente et qu'il
va avoir envie de résoudre rapidement et élégamment, et qui
en fait s'avère être un piège redoutable. Je suis capable de passer
un temps invraisemblable sur certains problèmes de ce genre : en fait,
c'est quasi obsessionnel — je n'arrive plus à penser à autre
chose tant que je n'ai pas résolu la question ou que je ne me suis pas
convaincu (parfois avec une certaine mauvaise foi, heureusement, sinon
je pourrais y rester bloqué indéfiniment) que le problème n'a pas
autant d'intérêt que je le pensais.
Un exemple de tel problème qui m'a bien eu il y a quelque temps
était celui-ci :
Considérons un polyèdre (convexe, pas forcément régulier). Sur
chaque face du polyèdre il y a une fourmi, qui parcourt les arêtes de
la face en question (au rythme qu'elle veut, mais de façon continue,
bien sûr ; elle a le droit de s'arrêter, de ralentir ou d'accélérer,
mais pas de revenir en arrière) toujours en tournant dans le sens
trigonométrique (le sens contraire des aiguilles d'une montre). On
suppose qu'entre deux instants donnés, chaque fourmi a accompli un
nombre entier non nul de tours (autrement dit, chaque fourmi a fait au
moins un tour, dans le sens trigonométrique, de la face dont elle
parcourt les arêtes, et est revenue à son point de départ, qui est
quelconque). Il faut montrer que, pendant ce laps de temps entre les
instants considérés, deux fourmis (au moins) se sont croisées.
Cela a l'air parfaitement innocent, mais c'est absolument
diabolique. Je me suis torturé pendant des heures sans rien trouver
(pourtant, ce n'étaient pas les pistes qui manquaient). Un ami a fini
par trouver une démonstration, mais elle est sophistiquée et peu
intuitive, et utilise le théorème de l'indice[#] de Hopf. C'est décevant, parce
que le problème est compréhensible par ma maman et je voudrais une
solution qui le soit aussi. Et c'est décevant parce je n'ai pas
trouvé, moi. Notons au passage que l'hypothèse que le
nombre de tour de chaque fourmi est entier est indispensable.
Mais récemment, on m'a posé un problème qui me semble encore pire :
son énoncé n'est peut-être pas aussi élémentaire que celui des
fourmis, mais il est extrêmement naturel et semble très joli :
Trouver la dimension maximale (si elle existe, ou même simplement
un majorant de la dimension) d'un espace vectoriel de matrices réelles
(je veux dire, un sous-espace vectoriel des matrices
n×n réelles, pour n non précisé) dans
lequel la seule matrice singulière (de déterminant nul) soit la
matrice nulle.
Je sèche complètement. Je suis arrivé à la conclusion, et
plusieurs autres ayant réfléchi au même problème y sont parvenus
indépendamment, que la dimension 8 est possible (consulter n'importe
quelle introduction aux octonions pour en savoir plus), mais quant à
savoir si c'est ou non le mieux possible… Je ne trouve vraiment
rien. Et j'y ai passé déjà un certain nombre d'heures.
C'est dur, les maths !
(Bon, là, on va voir si les lecteurs de mon blog sont des
torscheurs. À chaque fois que je parle de quelque chose, il se trouve
un commentateur qui connaît parfaitement le sujet pour intervenir avec
une expertise impressionnante. Voyons donc si je vais me faire
ridiculiser par une résolution en trois lignes de ces deux problèmes !
En vérité, ça me plairait bien.)
[#] Il est certain, au
moins, qu'il faut employer quelque part une propriété topologique de
la sphère, parce que le résultat n'est pas vrai si le polyèdre a la
forme d'un tore, comme on le voit assez facilement. Donc l'hypothèse
de genre zéro est cruciale. Ceci étant, il devrait y avoir des façons
plus simples de caractériser ce fait que le théorème de l'indice de
Hopf.
Nature &
Découvertes vend des CD de « sons de la nature » :
chants d'oiseaux, bruits de pluie et de vagues, rumeurs d'orages, et
ainsi de suite. Je suppose que les gens les achètent comme musique
d'ambiance relaxante — en tout cas c'est dans cette idée-là que
je m'en suis procuré : je suis trop stressé en ce moment, et comme
l'autre jour je passais par un centre commercial qui avait mis comme
fond musical des chants d'oiseaux tropicaux et que j'ai trouvé ça très
agréable à écouter, j'ai pensé que c'était un investissement valable.
Bon, pour l'effet déstressant, je ne sais pas encore, mais en tout cas
c'est rigolo à écouter.
J'en ai profité pour expérimenter le Free Lossless Audio
Codec. Je n'écoute presque jamais les CD
directement, je les encode sur mon ordinateur et je les joue à partir
de là, notamment parce qu'un disque dur répond mieux qu'un
CD aux commandes de pause, d'avance rapide ou de
positionnement, et aussi parce qu'il est fastidieux de charger les
CD alors que l'ordinateur peut jouer des playlists d'une
multitude de sources. Normalement je choisis le format Ogg Vorbis pour comprimer
la musique autour de 150kbps (parfois plus si le CD est
de bonne qualité ; en réalité, même à nettement moins que 150kbps et
en faisant très attention je n'arrive pas à entendre la moindre
différence entre le flux d'origine et le résultat de la compression
— et par ailleurs si je force assez le taux de compression pour
rendre audibles les artefacts je ne les trouve pas désagréables, mais
passons — ceci dit, il y a quelques considérations sur les doubles compressions qui font que le
fait de ne pas entendre la différence n'est pas forcément suffisant).
Pour ces CD, cependant, je me suis dit que c'était un peu
dommage de les faire digérer à un Codec prévu pour comprimer de la
musique, alors j'ai utilisé Flac : ça m'oblige à monter à autour de
700kbps (environ la moitié du débit d'un CD), mais en
contrepartie on a une compression sans aucune perte (donc aucun
artefact). (Soit dit en passant, si Flac marche bien, Ogg Flac, lui,
n'est pas encore tout à fait au point, malheureusement.) Un jour il
faudra que je trouve un prétexte pour essayer Speex.
À part ça, je me suis aussi acheté un CD par Peter
Kater (pianiste) et R. Carlos Nakai (flûtiste amérindien) intitulé
Song For Humanity, et ce n'est pas mal du
tout.
Ce n'est pas comme si j'avais eu des plans particuliers pour ce
soir ou pour demain. Mais j'aurais quand même vaguement aimé pouvoir
me coucher un moment ou un autre. Sauf que non.
Je viens de découvrir que mkisofs, l'un des programmes
qui sert à effectuer la gravure de
DVD sous Linux, a un bug très gênant : il remplace
aléatoirement certains secteurs de l'image ISO 9660 qu'il produit par
des secteurs vides (pleins de 0xffff, pour être précis).
Enfin, c'est peut-être mon noyau Linux qui est buggué (peut-être une
interaction obscure entre le support SMP — ma machine est un bi-processeur
— et la fonction mmap() ?) et qui produit cet
effet. Ou peut-être que c'est autre chose encore, je ne sais pas
(ceci dit, je ne soupçonne pas trop, pour une fois, une RAM défectueuse) ;
mais je m'en fous, le résultat est là : je donne des fichiers valides
à mkisofs et il me pond une image ISO 9660 bugguée.
Évidemment, c'était la seule opération de la chaîne de
gravage que je n'avais pas vérifiée : je m'assurais soigneusement de
l'intégrité des fichiers avant de les mettre dans l'image, je
vérifiais soigneusement que l'image gravée est bien celle produite par
mkisofs (en recalculant le hash md5), mais
je ne contrôlais pas (ou en tout cas pas plus que sur un petit nombre
de fichiers) que mkisofs n'avait pas saboté son
travail.
Bilan : tous les DVD que j'ai gravés jusqu'à présent
doivent avoir autour d'un ou deux fichiers corrompus, je n'ai plus
qu'à les mettre à la poubelle. Perte financière d'une trentaine
d'euros : mais ça je m'en fous, c'est le temps passé à préparer ces
DVD, et qu'il faut complètement refaire, qui m'ennuie,
d'autant plus que je vais devoir maintenant être encore beaucoup plus
soigneux en produisant les disques, vérifier l'intégrité des fichiers
à chaque étape, et quand on le fait, cela prend des heures
(calculer le md5 de quatre gigas de données, sur un
Pentium II 450, c'est long).
En tout cas, deux conclusions s'imposent : primo, je hais
les ordinateurs ; secundo, Linux est un OS de merde écrit
par des singes qui tapent au hasard sur des machines à écrire. (Et on
peut féliciter la concurrence d'avoir réussi à faire encore pire.)
Et bien sûr, j'en ai pour toute la nuit à vérifier des intégrités
de fichiers.
Ça ne se voit pas vraiment sur la photo ci-contre, mais le dé en
question, que je me suis acheté avant-hier (dans une boutique du
boulevard Henri IV), est un géant (pour se faire une idée, il fait un
volume d'environ de 40cL). Je me suis dit que ça faisait un objet
décoratif amusant. Et un symbole important, aussi : le dé (du
destin : je ne suis pas d'accord, moi, que der liebe
Gott würfelt nicht) est l'emblème du personnage Ruxor dans
La Larme du
Destin. Maintenant que j'ai le symbole du hasard, il ne me
reste qu'à trouver celui de la nécessité.
Deux heures plus tard, David n'a pas ajouté une phrase à son roman.
À trois reprises, il en a commencé une mais l'a aussitôt effacée en
grimaçant. Il joue avec les fonctions de son éditeur, s'amuse à
remplacer “a” par “axa” et “e” par
“ike” dans le texte et à lire le résultat à haute voix ;
il insère en exergue une citation du
Mahābhārata en sanskrit pour vérifier que les
caractères indiens seront correctement gérés : l'ordinateur, docile,
les affiche sans broncher. Puis l'auteur revient sur son travail déjà
accompli, survole les premiers chapitres, hésitant entre l'admiration
d'avoir été inspiré pour les produire et la frustration affligée
devant la maladresse naïve de son écriture. Melpomène est une peu
conciliante maîtresse. Comment les critiques — et les chiffres
des ventes — ont-ils bien pu tellement encenser ses
Fragments de livres imaginaires ? Comment a-t-on pu lui
imposer cette si prestigieuse récompense qui fait désormais de lui la
proie des éditeurs ? Sont-ils tous aveugles et incapables de repérer
ses si grossiers artifices ?
Exaspéré, il s'éloigne de la console informatique et se rapproche
de la baie vitrée qui domine la ville. C'est New York qui s'offre à
sa vue, mais à travers elle d'autres villes se pressent à sa mémoire :
Paris sans aucun doute, et aussi Londres, Rome, Toronto et San
Francisco ; puis Tekir, la cité magique des histoires de son enfance,
lieu imaginaire qui semble jouer à se cacher dans le paysage réel.
David songe alors avec tristesse qu'il est de son devoir de faire
mourir son héros, auquel il est pourtant désormais si attaché.
Peut-être, pense-t-il, est-ce l'hésitation devant cette déplaisante
mais inévitable besogne qui rend son progrès si fastidieux.
En tout cas, ce n'est pas cette nuit qu'il avancera. Avec un
soupir, il se détache de la fenêtre et rejoint la chambre à coucher où
son bien-aimé dort déjà depuis longtemps d'un sommeil lourd. David
passe tendrement la main dans ces cheveux bouclés — c'est sa
façon d'embrasser. Cette présence saura le réconforter.
Je viens de finir de lire le magnifique Œuvre au
noir[#] de Marguerite
Yourcenar. J'avais déjà beaucoup aimé les Mémoires
d'Hadrien, reconstitution littéraire des pensées du grand
empereur romain (parfois très touchante — notamment lorsqu'il
évoque son favori Antinoüs — et en tout cas superbement
maîtrisée) ; L'Œuvre au noir, qui retrace la vie
d'un médecin et alchimiste fictif (mais inspiré de personnages réels,
comme Léonard de Vinci, Paracelse, Giordano Bruno ou encore Tommaso
Campanella) du milieu du XVIe siècle, Zénon, ainsi que de quelques
autres personnages de son entourage, en constitue en quelque sorte le
pendant. Ce n'est pas à moi de louer l'écriture et le style parfaits
de Yourcenar, mais je me permettrai au moins d'admirer l'habileté de
la construction et le travail de documentation de la romancière, dont
l'érudition (même dans le domaine scientifique, d'ailleurs) n'est
jamais fastidieuse. Son Zénon semble en avance sur son temps, mais il
n'est pas exclu que de tels penseurs aient existé.
Changeant complètement de registre, je m'attaque maintenant à un
essai, L'Intelligence émotionnelle de Daniel
Goleman (Emotional Intelligence: Why it can
matter more than IQ ; mais je le lis en traduction
française, parce qu'un ami me l'a prêté sous cette forme). Au point
où j'en suis, il est encore beaucoup trop tôt pour moi pour en dire du
bien ou du mal, mais je pense bien qu'il y aura probablement quelque
chose d'intéressant à en tirer (même si je n'aime généralement pas
trop la forme des self help books ; et « on » a
l'air d'avoir fait de l'intelligence émotionnelle un
concept bien commercial — ce qui ne préjuge pas de l'intérêt de
la notion à la base).
À part ça, je ne suis pas allé au cinéma depuis une éternité.
J'apprends que Pedro Almodóvar sort un nouveau film, La Mauvaise
Éducation, que j'irai presque sûrement voir ; je me demande
d'après le synopsis s'il n'y a pas une certaine ressemblance à voir
avec L'Agneau carnivore d'Agustin Gómez-Arcos, un livre
qui m'a beaucoup plu.
Et puis, je ne crois pas que je saurai résister au chant de sirène
du casting de la
dernière adaptation d'un certain poème d'Homère (comment ça, j'ai
un petit faible pour les beaux guerriers grecs musclés ?). J'ai quand
même des doutes sur le fait qu'on nous montre des choses intéressantes
entre Brad Pitt et Garrett Hedlund, mais sait-on jamais. Bon, si vous
voulez savoir la vraie version de l'histoire, lisez le tout à fait
génial La Guerre de Troie n'aura pas lieu,
incontestablement un de mes livres
préférés.
Enfin, un ami aux États-Unis me conseille de guetter la sortie de
Saved! en France. Malheureusement, il n'est
pas encore sur le planning.
[#] Je m'aperçois
d'ailleurs, en greppant dans ce blog que j'ai déjà mentionné ce roman
dans une entrée passée. Je ne
pensais alors pas spécialement le lire, mais deux mois plus tard un
ami — Bertrand — m'a dit qu'il le lisait et qu'il en
pensait du bien, alors je l'ai acheté, et il a encore traîné un peu
sur les étagères de ma bibliothèque. Étant passé par la case Virginia Woolf, suis-je maintenant
destiné à lire Le Bienfaiteur ? Ou cesserai-je là
d'avoir les mêmes goûts que Françoise Blanqui ?
Non, je ne déprime pas. Je constate simplement, désabusé et
désillusionné, que dans toutes les directions où, encore récemment, il
me semblait pouvoir regarder pour trouver de l'espoir ou du réconfort,
je ne vois plus rien qui y ressemble. Je ne parle pas de malheurs
— je ne pressens pas de catastrophe particulière s'abattant sur
moi — il est juste question de morosité et d'absence d'objectif
ou d'enjeu motivant.
L'espérance (infondée), c'est
comme une drogue : quand on en a on se sent mieux, mais dès qu'elle
cesse de prendre effet il faut soit subir le retour à la réalité soit
en prendre une nouvelle dose pour remplacer. (Finalement, ne
devrais-je pas me mettre à me tirer les
cartes ou à croire en Dieu ? Ce sont des façons de se fabriquer
de l'espoir, si c'est cela qu'on veut.)
Mon intérêt pour le jeu de tarot tourne à la collectionnite (j'en
ai maintenant sept) ; mais après tout, j'ai une collection
impressionnante d'exemplaires de la Bible alors que je suis athée, je
ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir une collection de tarots
divinatoires sans croire à la cartomancie (j'y accorde aussi peu de
crédit qu'à l'astrologie, la chiromancie, l'informatique et toutes les
autres sciences occultes). Quand bien je n'aurais pas trouvé quelque chose à faire avec,
ces cartes sont déjà intéressantes simplement à regarder.
Bref, après notre promenade (et
après un petit-déjeuner dans une cour de l'École), Mouton et moi
sommes allés à la boutique Jeux Descartes
de la rue des Écoles (tiens, il me semblait qu'ils avaient leur propre
site Web, autrefois ? je ne retrouve plus ça…) pour augmenter
notre liste de jeux. Mouton a choisi le Black
Tarot de Luis Royo (je ne l'ai pas regardé de près, mais il
est dans le style gothique, vaguement érotique, et il semblait beau),
tandis que j'ai préféré le Tarot
Art nouveau d'Antonella Castelli (après examen des
cartes, c'était un bon choix : il est effectivement bien fait surtout
si, comme moi, on aime l'Art nouveau ; et puis, quand on aime bien
regarder de beaux garçons, les valets du jeu, ainsi que quelques
autres arcanes, ne sont pas mal du tout).
Nous en avons profité pour laisser à la boutique deux-trois
exemplaires des règles d'Arcanoïd, l'idée étant qu'il doit y avoir
dans cette boutique tout un tas de clients réguliers qui connaissent
bien le personnel, qui aiment essayer des jeux de cartes bizarres, et
qui pourraient avoir envie d'essayer celui-là. Sait-on jamais.
Peut-être en feront-ils du PQ, mais ça ne coûtait rien
d'essayer.
Comme je m'étais réveillé vers
18h, hier, je voulais passer une nuit blanche pour essayer de me
remettre en phase avec le Soleil. Je suis parti faire une longue
promenade nocturne dans Paris, avec un gentil mouton et un autre (et
non moins gentil) garçon, qui nous a menés (partant de
l'ENS autour d'une heure du matin) d'abord vers la
Bastille, puis vers la mairie du XIe, la place de la République, la
gare de l'Est, Barbès-Rochechouart et finalement la butte Montmartre.
On a beau être blasé, la vue sur Paris depuis le tertre est vraiment
impressionnante, surtout sous la (presque) pleine Lune avec un ciel
dégagé ; et il y a vers quatre heures du matin à cet endroit qui
domine la ville endormie une quiétude sereine qui est très agréable,
et qui contraste tant avec le jour où il regorge de monde.
Nous sommes rentrés en passant par Cadet, le siège de la
BNP (dont la façade est assez impressionnante), la rue du
Louvre, le pont des Arts, la rue de Seine, l'Odéon (où nous cherchions
vainement de mythiques restaurants grecs ouverts toute la nuit).
Finalement, nous sommes montés sur les toits de l'ENS
pour admirer de là le lever du Soleil.
Quinze heures de sommeil. Comme quoi, ça ne sert à rien de se
dire : si j'ignore le monde, peut-être qu'il va me laisser
tranquille et s'en aller — le monde est toujours plus
patient et plus obstiné, et il est toujours là quand on se
réveille.
J'ai assisté ce midi à la fac d'Orsay à un « café-débat » consacré
cette semaine à la fusion contrôlée et notamment au projet ITER. C'était très
intéressant parce que d'une part la fusion est quelque chose qui
m'intéresse beaucoup, et d'autre part les participants du débat
étaient pour l'essentiel des physiciens (et même des gens proches de
la physique des plasmas) donc le débat volait plutôt haut,
scientifiquement parlant. L'exposant était Yves Pomeau (directeur du
laboratoire de physique statistique de l'ENS et membre de
l'Académie des sciences).
Je suis assez inquiet quant à l'avenir énergétique de l'humanité.
Les énergies fossiles ne dureront pas longtemps (même si les réserves
de pétrole ont l'air de s'étendre magiquement à mesure qu'on les
consomme, on ne peut pas espérer que cela dure éternellement quand on
est en train de consommer en des années ce que le carbonifère a mis
des millions d'années à fabriquer). La fission — le nucléaire
actuel, donc — me semble encore ce qu'on a de mieux (certes,
elle produit des déchets radioactifs, mais finalement ils me semblent
nettement moins dangereux écologiquement que la contribution à l'effet
de serre des carburants fossiles ; je ne comprends pas pourquoi les
écologistes dénigrent à ce point les centrales à fission, qui ne sont
certes pas la panacée mais qui me paraissent un moindre mal comparées
aux centrales thermiques). Les énergies dites renouvelables ne
présentent pour le moment pas le moindre début de commencement
d'espoir de pouvoir un jour servir à une échelle non infinitésimale
(et il est faux qu'elles sont non polluantes : le photovoltaïque est
très polluant à la fabrication des cellules qui, par ailleurs, s'usent
rapidement, et les éoliennes dénaturent gravement le paysage et
provoquent des nuisances lumineuses et sonores absolument non
négligeables). Reste la fusion thermonucléaire contrôlée, ce dont il
est question ici, mais dans le meilleur des cas elle ne sera pas
disponible avant cinquante ans, et plus probablement cent (les
mauvaises langues disent que cela fait cinquante ans que la fusion est
pour dans cinquante ans : mais les cinquante ans étaient sous
condition de subventions substantielles, qui jusqu'à présent n'ont pas
été accordées).
Les scientifiques sont souvent méfiants vis-à-vis
d'ITER, précisément parce qu'il coûte cher (quelque
chose comme 20G€ — je veux dire vingt milliards d'euros ;
ceci dit, ça ne doit pas être si énorme que ça comparé à des dépenses
de l'industrie pharmaceutique) et on a peur que cela se fasse au
détriment d'autres projets scientifiques. Reste que si c'est l'avenir
énergétique de l'humanité qui est en jeu, cela me semble valoir un
effort. Un autre problème, en revanche, qui a été souligné lors de ce
débat, c'est qu'ITER ne se focalise que sur les
difficultés de type « physique des plasmas », à l'exclusion de toutes
autres considérations (notamment « physique des matériaux »).
Rappelons que le principe de la fusion thermonucléaire est de
produire des plus gros atomes à partir de plus petits, en libérant de
l'énergie au cours du processus (alors que la fission casse des atomes
lourds en libérant de l'énergie). Les étoiles, le Soleil par exemple,
réalisent la fusion de l'hydrogène (dans ce qui s'appelle le cycle de
Bethe), mais il est question ici de la fusion d'isotopes de
l'hydrogène, le deutérium et le tritium, qui se combinent pour donner
un hélium et un neutron. (Telle quelle, la fusion des étoiles n'est
pas utilisable comme source d'énergie sur Terre : il s'y produit de
l'ordre de grandeur d'une réaction thermonucléaire par seconde et par
litre de plasma, ce qui ne représente pas une source d'énergie
suffisante pour être utile.) Pour se faire une idée des paramètres
opérationnels, le plasma de deutérium et de tritium doit être porté à
quelque chose comme 50MK (cinquante millions de degrés) ; dans le cas
d'ITER, le tokamak (le tore dans lequel se déroule
la fusion, et où le plasma est maintenu par confinement magnétique) a
un volume de l'ordre de 1000m³, et il y a quelques kilos de plasma
dedans. (J'espère avoir bien retenu ces quelques ordres de grandeur,
qui m'ont semblé intéressants, de ce qui a été dit.)
Évidemment, maintenir confinés quelques kilos d'un plasma à
cinquante millions de degrés, même dans 1000m³, ce n'est pas la chose
la plus facile au monde. Il se produit notamment toutes sortes de
problèmes d'instabilité dans le plasma. Rajoutons que les parois ne
doivent pas se désagréger car des atomes lourds pollueraient le plasma
et nuiraient à l'efficacité de la fusion, et qu'inversement le plasma
ne doit surtout pas atteindre les parois (elles sont très fragiles et
coûtent une fortune à remplacer). Le confinement magnétique est
réalisé par des aimants supraconducteurs qui doivent être maintenus à
une température proche du zéro absolu et baignent dans de l'hélium
superfluide. Et pour couronner le tout, le tritium est un produit
radioactif qui n'existe pas dans la nature, il faut le produire,
vraisemblablement en bombardant du lithium avec des neutrons, lesquels
sont produits par la réaction elle-même, mais cela signifie que les
murs du réacteur doivent être parcourus par du lithium liquide, cela
n'arrange pas les choses. Et enfin, il faut récupérer d'une façon ou
d'une autre l'énergie produite par le réacteur. Bref, les difficultés
ne manquent pas.
Il y en a certaines qu'on pense savoir résoudre, cependant. La
stabilisation du plasma est un problème bien étudié, et qui ne devrait
pas être insurmontable — c'est essentiellement cela
qu'ITER est chargé d'étudier. La réalisation
d'électro-aimants supraconducteurs capables de produire le champ
confinant, mais aussi de résister mécaniquement aux forces de Lorentz
exercées sur eux, devraitre difficile mais résoluble. La production
du tritium à partir du lithium n'est pas trop difficile non plus (il y
a des mécanismes pour multiplier les neutrons produits par la réaction
et les faire absorber par le lithium), paraît-il, même si là des
problèmes politiques peuvent se poser (le tritium entre dans la
fabrication des armes nucléaires, et les Chinois, par exemple, ne
veulent pas que les Japonais en aient — ou quelque chose de ce
genre). Apparemment, on sait sans trop de mal capter l'énergie
produite par le réacteur (sous forme de rayons X), au moins dans une
certaine limite (on a avancé le chiffre de 20MW/m²). Il y a aussi des
stratégies pour récupérer l'hélium produit par la réaction, ce genre
de choses. D'après l'orateur, le principal problème, pour lequel on
n'a encore aucune solution ni même idée de solution, est celui de la
dégradation des parois par l'effet de l'impact des neutrons : ceux-ci
détruisent les atomes et les transforment essentiellement en hélium,
et les micro-bulles d'hélium ainsi formées dans la masse du matériau
en altèrent gravement la solidité (or dans le cas d'un réacteur
industriel il faudra compter de l'ordre de cinq ans sans remplacer les
parois si on veut espérer qu'il soit rentable). Déjà pour les
centrales à fission, les problèmes pour trouver les bons matériaux
n'ont pas été minces, et les neutrons en question sont autour de
cinquante fois moins énergétiques, et nettement moins nombreux, que
ceux émis par un réacteur à fusion (qui tournent dans les 15MeV). Ce
problème ne se pose pas pour ITER (qui n'aura pas
un fonctionnement continu assez long pour observer une dégradation
significative des parois), mais il faudra un jour le résoudre si on
veut espérer produire effectivement de l'énergie par fusion.
Enfin, il y a la question des déchets. En principe, la
fusion est propre, c'est-à-dire nettement plus que la fission : le
principal produit radioactif est du tritium, qui est réutilisé par le
réacteur lui-même, et l'ensemble des déchets est censé être des atomes
légers à durée de vie courte ; le principal produit de la réaction est
tout simplement de l'hélium. En pratique, cela est moins sûr, par
exemple parce qu'il faudra peut-être utiliser un alliage lithium-plomb
pour récupérer les neutrons.
Bref, tout cela est bien inquiétant quant à nos perspectives dans
cette direction.
Je viens de retrouver un agenda qui
était le mien pendant l'année scolaire 1994–1995 (quand j'étais
en math sup). Je l'ai ouvert en espérant y retrouver quelques
souvenirs de cette année-là, mais j'ai vite été déçu : même si j'ai
pris le soin de noter chaque jour mon emploi du temps, cela ne me dit
pas grand-chose sur ce que j'ai vraiment fait pendant ces journées.
Savoir que le samedi 1995-01-28 j'ai eu quatre heures de maths ne
m'explique pas vraiment pourquoi, en-dessous, j'ai noté La guerre
des étoiles — L'empire contre-attaque. Sur la page de garde
(qui précise l'agenda de textes des lycéens et étudiants
modernes — wow !), j'avais écrit, en gothique cursif, la
phrase par laquelle Mephisto se définit (dans le Faust de
Goethe). La date de décès de mon professeur de mathématiques est notée
avec sobriété. Pour le reste, ce ne sont que des inscriptions aussi
parlantes que Alld: version salle N10. apprendre verbes en
ei-ie-ie. traduire dernier § du texte… Autant je suis un
peu ému de retrouver cet objet qui a été témoin de ma vie à une époque
si reculée, autant je me retrouve déçu de voir qu'il n'en a rien
retenu que des choses insignifiantes. Je ne saurai donc pas ce que je
faisais il y a tout juste neuf ans autrement que les cours que j'y ai
suivis (quatre heures de maths pour le mercredi 1995-05-03, deux
heures de physique pour le jeudi 1995-05-04 : comme la vie d'un
étudiant de math sup est variée !).
Cela a quelque chose de frustrant, pour un obsédé de la mémoire tel que moi, de ne
plus être capable de me rappeler, non tel Funès les moindres détails
d'une journée quelconque, mais au moins les faits les plus importants
associés à une date précise. Voilà bientôt dix ans, par exemple, que
j'aurai passé le baccalauréat (et autour de dix ans, aussi, le
concours général des lycées), mais je suis incapable de dire le jour
exact (du lieu je me rappelle encore que c'était le lycée
Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge).
I've… seen things you people wouldn't believe… Attack
ships on fire off the shoulder of Orion… I watched C-beams
glitter in the dark near the Tannhäuser Gate… All those…
moments will be lost… in time… like…
tears… in rain… Time to die.
Another day mostly devoured by the activity of computer hacking. I
managed to get MPlayer
to play the BBC's RealAudio streams (thanks,
Joël), so I'll
finally be able to get a daily dose of exposure to correct English. I
recompiled the Lizard so my
non-breaking spaces now work again; but the developers refuse to
incorporate the patch in the official source (see the Bugzilla
discussion for more details). I discovered the wonders of Unix
ACLs, which are even available under Linux now, and
which help mitigate the standard Unix permissions' lack of expressivity.
I forgot to apply the appropriate
patch
to the Lizard before compiling
it three days ago, so it mangles
unbreakable spaces. Still don't know how I can get a developer's
ear so that my patch will be applied to official builds!
Following a recent discussion with some friends, I have tried to
find some accurate information (on the Web or elsewhere) on the
stability (longevity) of recordable optical media
(CD-R[W] and DVD±R[W]). The bottom line
is this: nobody has a clue; it is more or less agreed that
under ideal storage conditions (away from dust and humidity,
at a mild room temperature, and in complete darkness), most
CD's should remain readable for a century (this is a mere
order of magnitude, not an accurate assessment), and that when subject
to “typical” handling and use (or not-too-careful storage)
they only last for a couple of years. This is such a gross estimate,
however, that it might just as well be summarized as nobody
knows.
Many factors come into account, and the disk can degrade in many
ways and in various places. It used to be thought (rightly or not)
that the CD-R organic dye, which by definition is highly
photosensitive, was the most vulnerable spot, and fruitless debates
have been formed over the alleged superiority of the golden
(phthalocyanine) dye over the green (cyanine) or blue (metal
AZO) ones; but over times, manufacturers have
seemingly been able to extend their dyes' life spans by adding various
stabilizers. I am told that CD-RW's are more stable than
CD-R's in this respect, because the recording layer alloy
is not photosensitive: recording is achieved by heating the
material either to its melting point (so that it cools down rapidly in
an amorphous state) or to an intermediate crystallization point,
according as a “pit” or “land” is desired (the
amorphous and crystalline phases have different optical properties),
and the crystallization point is sufficiently high that one can be
confident that the material will not spontaneously return from its
metastable amorphous state to stable crystalline state, at room
temperature, within a time span of decades. Still, I am not too
tempted to advise people to record their important backup data on
CD-RW's, because the disk has other weaknesses than just
its recording layer (whether optical dye or metallic alloy), and the
CD-RW's lower inherent reflectance (even in crystalline
state) makes it more vulnerable to certain other degradations (for
example, in the substrate). Incidentally, (pressed)
CD-ROM's are, of course, not photosensitive at all, but
they are also not eternal.
Other possible causes of disk damage include: dust, which is
abrasive and can both damage the substrate and penetrate the very thin
(and hence easily damageable) protective layer to the reflective part;
or water, which is absorbed by various organic compounds (such as the
polycarbonate substrate). Or just about any kind of handling, which
can slightly deform the disk, or scratch it (the latter being,
naturally, the worse one). Ink, of any kind whatsoever, is not
recommended (either the pen will scratch the disk, or the ink's
solvent will penetrate through the protective layer and might damage
the reflective layer): if one needs to label one's disks, one is
better advised to take note of the medium's serial number (generally
printed on the inner surface) and associate the label with that
number, rather than writing it actually on the disk.
This page on
CD-R longevity also says a couple of interesting
things about the question, and points to a study attempting to
measure CD-R longevity, which is somewhat
inconclusive but nevertheless interesting. (For example, one learns
that errors are much worse if the disk is aged before recording than
before: so the moral of that is that one should always record on fresh
new disks insofar as possible.)
It would be nice to have access to the number of errors detected
and corrected at each level of error correction. (Called C1 and C2 on
a CD: see this page
about compact disc errors for a summary of how they work. Those
who wish to know more on error detection and correction mechanisms are
advised to read the ECMA 267
standard for the DVD, which specifies them in detail:
although the CD-ROM is an industry proprietary standard,
the DVD standard is a freely available ECMA
publication, and I believe the error detection and correction systems
are actually identical between the two.) I'm not sure whether the
drive can be forced to report errors below E32 (uncorrectable after
second level of parity) to the operating system, but it would be
useful, especially for E22 errors (last correction between E32), which
are a sure sign that the disk is just about to become unusable.
Another aspect of longevity, which is too often overlooked, is
drive longevity. In my experience, a CD drive in a
computer will give definite signs of old age after a couple of years
already, and will be mostly unusable after a mere five years. The
main culprit here is—without any doubt—dust: I have
terrible dust problems in my computers, and fans and CD
drives (I have completely abandoned floppy drives a long time ago) are
the parts which suffer most from it. The sure sign that a drive is
aging is that it frequently finds errors (or sometimes just takes a
long time to read, and slows the rotation speed to minimal, because it
is trying over and over again) in disks which other drives can read
without problem. Given how cheap
drives have become nowadays, this isn't so much of a problem now, but
someday CD's will have become an obsolete technology, and
drives won't be made any more (or they will have been crippled by
DRM schemes and
whatnots), and one will be easily stuck with gigabytes of data on
CD-R's that are still readable in principle, but not in
practice for lack of a working drive!
Il y a 366 jours, le 2003-05-01, j'écrivais ceci. Je vous fais grâce de ma self-pity ou de considérations vaseuses sur le
mythe de l'éternel retour concernant
le fait que j'en suis essentiellement au même point.