David Madore's WebLog: 2004-09

Vous êtes sur le blog de David Madore, qui, comme le reste de ce site web, parle de tout et de n'importe quoi (surtout de n'importe quoi, en fait), des maths à la moto et ma vie quotidienne, en passant par les langues, la politique, la philo de comptoir, la géographie, et beaucoup de râleries sur le fait que les ordinateurs ne marchent pas, ainsi que d'occasionnels rappels du fait que je préfère les garçons, et des petites fictions volontairement fragmentaires que je publie sous le nom collectif de fragments littéraires gratuits. • Ce blog eut été bilingue à ses débuts (certaines entrées étaient en anglais, d'autres en français, et quelques unes traduites dans les deux langues) ; il est maintenant presque exclusivement en français, mais je ne m'interdis pas d'écrire en anglais à l'occasion. • Pour naviguer, sachez que les entrées sont listées par ordre chronologique inverse (i.e., la plus récente est en haut). Cette page-ci rassemble les entrées publiées en septembre 2004 : il y a aussi un tableau par mois à la fin de cette page, et un index de toutes les entrées. Certaines de mes entrées sont rangées dans une ou plusieurs « catégories » (indiqués à la fin de l'entrée elle-même), mais ce système de rangement n'est pas très cohérent. Le permalien de chaque entrée est dans la date, et il est aussi rappelé avant et après le texte de l'entrée elle-même.

You are on David Madore's blog which, like the rest of this web site, is about everything and anything (mostly anything, really), from math to motorcycling and my daily life, but also languages, politics, amateur(ish) philosophy, geography, lots of ranting about the fact that computers don't work, occasional reminders of the fact that I prefer men, and some voluntarily fragmentary fictions that I publish under the collective name of gratuitous literary fragments. • This blog used to be bilingual at its beginning (some entries were in English, others in French, and a few translated in both languages); it is now almost exclusively in French, but I'm not ruling out writing English blog entries in the future. • To navigate, note that the entries are listed in reverse chronological order (i.e., the most recent is on top). This page lists the entries published in September 2004: there is also a table of months at the end of this page, and an index of all entries. Some entries are classified into one or more “categories” (indicated at the end of the entry itself), but this organization isn't very coherent. The permalink of each entry is in its date, and it is also reproduced before and after the text of the entry itself.

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Entries published in September 2004 / Entrées publiées en septembre 2004:

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(jeudi)

La disparition

Je me suis posé tout à l'heure (après une fin d'après-midi bien solitaire, donc déprimante) la question, sans doute malsaine, de savoir ce qui se passerait si je disparaissais : je veux dire, qui remarquerait quelque chose au bout de combien de temps, et qui s'en inquiéterait. (Pas besoin de faire une fugue : juste cesser de lire mon mail et de répondre au téléphone, en gros. Je précise que je ne ferai pas l'expérience, parce que je tiens à ce qu'on puisse légitimement penser que si cela m'arrive c'est qu'il s'est passé quelque chose de grave, donc je ne veux pas jouer au garçon qui a crié au loup. Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir la réponse, de toute manière.)

La réponse personne avant longtemps (ne remarquerait, ou au moins ne s'inquiéterait) est à double tranchant. D'un côté elle est rassurante, parce qu'elle signifie qu'on peut, notamment, décider aujourd'hui je ne fais rien sans que l'Univers s'arrête de tourner ; en quelque sorte, c'est une forme de liberté, et je pense qu'il n'est pas raisonnable de souhaiter être irremplaçable. Mais au verso, cela est inquiétant pour deux raisons : concrètement, parce que cela signifie que si on a un accident on a le temps de mourir bien avant l'arrivée des secours ; mais surtout, moralement, parce que c'est une façon de se sentir « inutile ».

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(mercredi)

Petit coup d'œil sur l'arithmétique…

Voici prêts les transparents de l'exposé que je donnerai demain matin : Petit coup d'œil sur l'arithmétique des variétés rationnellement connexes. Un petit merci en passant à Beamer, la classe LaTeX qui permet de faire de jolies présentations (sur transparents ou projecteur). Il est inhabituel pour les matheux purs de faire des exposés au rétroprojecteur — on préfère la craie sur tableau noir — mais ici je pense que ça convenait assez. Au départ je me demandais ce que j'aurais à raconter : mais au final, j'en ai plutôt trop. Et j'aurais sans doute dû m'y mettre un peu plus tôt, mais bon…

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(mardi)

Boulot

Je ne suis pas exactement un stakhanoviste, les mauvaises langues disent même que j'ai tendance à oublier le sens du mot travail. Me voilà donc tout étonné de me retrouver à bosser un peu — et surtout, à aimer ça. Lundi j'ai passé une pleine journée à remanier de fond en comble un texte (que je traine depuis un bon moment déjà) et qui commence enfin à satisfaire mon directeur de thèse (et moi-même…) : le contenu mathématique est bon, mais trouver la façon correcte de l'exposer n'est pas toujours évident. Ce matin, longue discussion, justement, avec mon directeur de thèse, après quoi j'ai passé l'essentiel de l'après-midi à détailler les explications des parties qui avaient été critiquées dans un autre texte constituant ma thèse. Enfin, l'essentiel de la soirée (jusqu'à minuit et demie ou une heure du matin) passée à commencer de faire des transparents pour un petit exposé (petit par la taille mais pas par la quantité de travail pour le préparer) que je donne jeudi matin à la journée de rentrée du DMA pour présenter mon domaine de recherche. Indiscutablement, c'est dans ces circonstances que j'aime bien faire des maths.

Bon, entre tout ça, j'ai quand même trouvé le temps pour une petite réunion de mise au point entre enseignants pour la préparation à l'agrégation, et aussi pour la première séance du club Arcanoïd à l'ENS.

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(Sunday)

Gratuitous Literary Fragment #23

It's been a long time since I wrote one in English. Here goes:

At this time, he taught Anglo-Saxon at Leeds. How he came to that position was something of a mystery to us all, since it was obvious that Old English had never been a passion of his: he performed his duties steadily and with competence—but without fervor. For his true loves were far from the harsh verses of Beowulf. The prints of Hiroshige or the chamber music of Brahms were known to move him greatly; but dearest of all to his heart were the short stories of Chekhov. Not that he revered Russian literature in general: he had once admitted, rather shame-facedly, that he never could persuade himself to read Dostoyevski's Crime and Punishment, and even in Pushkin's works he had gone no further than The Captain's Daughter, although his mastery of the language was more than adequate. But—he used to tell us—there has never been an observer of human nature such has Anton Pavlovich Chekhov. Michael was then fond of teasing him by observing that, to his eye, all of Chekhov's characters were similar; to which he would retort that, to his eye, all human beings were similar in the essential respects which Chekhov had, better than anyone, known how to capture. Half-serious conversation of this sort could go on for some time.

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(Saturday)

Svein “Shane” Harang's humoristic pictures collection

There are over 500 of these, so if you don't want to view them all starting from number 1, here are my favorite: 2, 41, 48, 50, 52, 61, 66, 77, 84, 87, 99, 101, 113, 122, 129, 147, 168, 172, 182, 235, 303, 315, 331, 340, 341, 410, 416, 426, 448, 451, 491, 508, 515, 524, 525, and 527. (Thanks to Maël for the link.)

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(jeudi)

Fragment littéraire gratuit #22 (souvenir)

Ça faisait un moment que je n'avais pas écrit un de ces petits textes. Celui-ci est vraiment complètement gratuit et n'a aucun message subliminal caché.

Les souvenirs lui revenaient progressivement — ou peut-être l'imagination bouchait-elle les trous ? — jusqu'à former une image d'une netteté presque douloureuse. Toronto, lors du séjour qu'elle y avait fait en 1972. Un jour de la mi-octobre (soit deux ou trois semaines après cette inoubliable victoire au hockey des Canadiens sur les Soviétiques), en début d'après-midi ; temps nuageux mais guère froid. Le croisement des rues Queen et Bay, devant le bassin de l'hôtel de ville. Un homme jouait Over the Rainbow à l'accordéon. Une jeune fille (Sarah elle-même ? non, probablement quelqu'un qui lui ressemblait) contemplait l'eau, ou peut-être écoutait la musique, un sourire timide sur les lèvres et dans l'œil une larme de joie. Une mouette égarée du lac s'était posée sur le sommet d'une des arches du bassin, illustration grotesque de la chanson qu'on entendait.

Pourquoi ce tableau précis plutôt qu'un autre avait-il surgi de sa mémoire ? Elle ne le comprit pas, mais ne chercha pas à le savoir. L'instant suffisait à lui-même : ce moment d'insouciance, vécu trente ans auparavant, revenait éclairer le jour présent. Cela suffisait.

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(mercredi)

Encore un plan de Paris

Hier je suis allé avec deux amis au service du parcellaire de la Ville de Paris : c'est un endroit où on peut se procurer des tracés au 1/1000 de n'importe quelle partie de Paris (précisément, cela coûte 9€ pour un plan au format A1, soit d'une région d'environ 590m × 840m, qui est imprimé immédiatement par une table traçante). Pour repérer les parcelles, ils ont un plan de Paris à l'échelle 1/10000 (ça fait une taille de plan de 185cm × 120cm à peu près — c'est plutôt grand, donc), et on peut se le procurer aussi (pour 15€), avec ou sans le carroyage, en couleur ou en noir et blanc. J'en ai acheté un exemplaire (couleur, sans carroyage) pour afficher dans ma chambre[#], je trouve que ça fait assez bel effet. C'est un plan remarquable par sa précision (par exemple, les rues sont figurées dans leur largeur à l'échelle, et non de façon plus ou moins symbolique comme on trouve sur certains plans) ; toutes les voies sont portées et nommées, avec les numéros aux extrémités. Il y a aussi une indication des limites des arrondissements et des quartiers : je l'ignorais, mais apparemment Paris est divisé administrativement non seulement en 20 arrondissements mais aussi en 80 quartiers (j'habite moi-même dans le 51e).

Pour ceux que ça intéresse, il suffit de se rendre au 17 boulevard Morland (c'est le bâtiment énorme et moche, style stalinien, qu'on aperçoit entre la pointe de l'île Saint-Louis et la gare de Lyon, et qui abrite des services de la Ville de Paris et de la Préfecture), bureau 1030, aux heures d'ouverture (qui sont à peu près décentes). Par ailleurs, il y aurait peut-être lieu de tenter des démarches auprès de la Mairie de Paris pour qu'elle rende librement accessible (et sous un format ouvert) la totalité des données vectorielles de ce plan (si c'était une société privée qui aurait des bénéfices à faire, on comprendrait qu'elle refuse, mais là, c'est un pouvoir public, ils pourraient tout à fait accepter de publier ces données) ; cela m'éviterait d'avoir à jouer avec un GPS.

[#] Rappelons que j'ai déjà dans mon salon le plan du métro, qui, lui, coûte 7.62€ et s'achète à la boutique RATP dans la salle des échanges de la station Châtelet.

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(mercredi)

Péripéties thétiques

La rumeur voudrait (enfin, un peu plus que la rumeur : j'ai le manuscrit entre les mains, mais, chut, je ne dois pas le dire) que Brendan Hassett et Yuri Tschinkel (que j'ai rencontrés lors de mon séjour à Göttingen : ils étaient respectivement un des conférenciers, et l'organisateur de la conférence) aient démontré le résultat suivant : toute variété projective, lisse, rationnellement connexe, sur le corps des fonctions d'une courbe sur les complexes, vérifie l'approximation faible aux places de bonne réduction. Comme le dit mon directeur de thèse, c'est un résultat qui fera un petit choc. C'est un fait qu'on supposait depuis un moment déjà, j'avais d'ailleurs formellement énoncé la conjecture (en l'étendant aux places de mauvaise réduction) lors de mon exposé à Göttingen. Je l'avais démontré (et c'était l'objet de mon exposé) pour un cas extrêmement particulier de variétés rationnellement connexes : les surfaces cubiques (le cas le plus simple qui n'était pas encore connu). Là, ils l'ont prouvé en toute généralité, c'est extrêmement impressionnant.

Évidemment, ça ne remet pas en cause ce que j'ai démontré (ça le confirme, même, si besoin était), c'est juste que ça devient un peu ridicule. Certes, j'ai l'antériorité (de peu), mais mon texte n'est pas encore publié — il est soumis au Bulletin de la SMF : si le journal l'accepte, il n'y a pas de problème, s'il le refuse, ça devient déjà plus problématique. Or Brendan Hassett, justement, a des objections sur mon texte : non qu'il en conteste la validité ou la méthode, mais ce sont essentiellement des objections sur la rédaction de certains points, qui sont à son avis trop compliqués et mal expliqués ; et justement, il est une des personnes à qui on envisageait de demander d'être rapporteur de ma thèse. Bref, c'est tout de même assez ennuyeux pour moi. Il me suggère d'essayer d'obtenir des résultats plus forts sur les places de mauvaise réduction, pour que mon résultat ne soit pas strictement inclus dans le leur, mais cela demanderait un boulot très important dont on n'est pas sûr qu'il termine.

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(mardi)

Premier rhume 2004–2005

Pas de doute, je suis bien malade, mon rhume de rentrée est au rendez-vous attendu.

Mise à jour () : 38.5°C en me levant ce matin, quand même.

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(lundi)

Bilan du Méga

J'ai écrit un compte-rendu assez long sur le forum interne de l'ENS, je ne vais pas le reproduire ici parce qu'il y a toutes sortes de personnes nommées que je ne veux pas forcément impliquer (et aussi tout plein de private jokes). Je peux quand même faire quelques remarques pour ce qui me concerne plus personnellement. C'était la deuxième fois que je venais au week-end d'intégration : la première fois, donc, depuis celui que j'ai fait quand j'étais moi-même conscrit, en '96, du côté de Saint-Malo. Du point de vue « intégration », ce dernier n'avait vraiment pas fonctionné pour moi, je n'avais parlé pratiquement à personne que je ne connusse déjà — mais ce n'était pas la faute du Méga, c'était la mienne, parce que j'étais vraiment asociable (ce en quoi je me suis nettement amélioré) en plus d'être timide (là, j'ai plus légèrement progressé, mais j'ai progressé tout de même). Cette fois, j'arrivais en connaissant un peu plus de la moitié de la cinquantaine de « vieux cons » qui organisions la chose, et quatre ou cinq conscrits (sur environ deux cents) — c'est forcément moins intimidant ; je ne suis toujours pas fabuleusement doué pour faire connaissance, mais j'y suis quand même un peu arrivé (même avec quelques « vieux », d'ailleurs).

À part ça, je ne vais pas trop m'étendre sur les circonstances matérielles : la météo était bonne, l'endroit était assez joli ; le village de vacances qu'on occupait était plutôt bien (nous logions dans des mobile-homes tout à fait convenables) — sauf qu'à la fin, au moment de faire l'état des lieux, les responsables du centre, apparemment échaudés par des expériences de week-end d'intégration d'écoles d'ingénieurs, ont été invraisemblablement pénibles et pinailleurs sur l'état dans lequel ils voulaient retrouver les lieux ; et le voyage en car s'est bien passé (en plus, les chauffeurs étaient sympas) à part la dernière cinquantaine de kilomètres en revenant sur Paris où nous avons été pris dans les bouchons.

Une autre chose sur laquelle il faudra que je revienne, c'est ma place à l'ENS et la question de savoir pourquoi je m'accroche à cette École et si je devrais m'en éloigner. Disons brièvement que je considère que tant que je n'aurai pas quelque chose pour mettre à la place (un autre endroit, par exemple, où je connaîtrais une bonne centaine de personnes et où je me sentirais parfaitement à mon aise), je garde ce lien : même s'il n'est pas très sain, ça ne servirait à rien qu'à me rendre plus malheureux de le couper ou d'abandonner les amis que j'y ai. Également délicat est le problème de ce que doivent être mes rapports avec les conscrits 2004 vu que je suis passé dans l'équipe enseignante : d'un côté je me dis que tout l'intérêt de l'ENS est justement entre autres de mélanger les promotions et de ne pas former de barrière nette entre étudiants et enseignants (j'avais apprécié ça quand j'y étais moi-même), et puis après tout je me retrouve aussi à faire la prépa agreg pour certains des promos 2000 à 2003 que je connais de toute façon depuis un moment ; de l'autre côté, j'ai peur que certains petits jeunes n'aient pas la franchise de me dire, s'ils me trouvent lourd à traîner avec eux, d'arrêter de m'accrocher (j'essaie d'être réceptif aux signes dans ce sens, parce que je trouve moi-même pénibles les gens collants, mais ce n'est pas toujours évident). Au moins, le fait que ce Méga se soit très bien passé me donne bon espoir pour le reste de l'année. Et puis, il y a toujours le risque, surtout avec la réputation que j'ai, qu'on me reproche de draguer mes étudiants (en réalité, je n'ai jamais su draguer qui que ce soit, et j'ai trop perdu l'espoir pour même essayer).

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(lundi)

Le Terminal

(Le titre français de ce film me semble un peu douteux : on parle plutôt d'un aérogare que d'un terminal, il me semble.)

Pour ceux qui n'ont pas suivi, il s'agit de l'histoire d'un type qui se retrouve — à cause d'un problème de paperasse et d'un coup d'État dans son pays — à devoir vivre en zone internationale d'un aéroport.

Globalement, j'ai bien aimé. Moins que Catch me if you can (le précédent Spielberg) par exemple, mais tout de même pas mal. Il faut admettre que très peu de concessions sont faites au réalisme, et c'est parfois un peu limite, quand même, et notamment la maîtrise de l'anglais par le personnage joué par Tom Hanks est quand même vraiment trop variable (un coup il ne comprend vraiment rien et deux minutes plus tard il sort des phrases relativement compliquées pour retomber dans le néant absolu encore une minute après). Le début m'a quand même légèrement tapé sur les nerfs notamment à cause de ça (la comédie du type qui ne comprend pas un mot d'anglais et qui répète bêtement, c'est un peu suranné). Mais ensuite, ça roule beaucoup mieux.

Ce qui est fantastique, c'est la magie Spielberg. Je n'explique pas ça, mais il a beau sortir des trucs qui sont, fondamentalement, très naïfs ou même carrément niais, et il les fait Juste Marcher. Par exemple, le coup de la boîte que le héros transporte (je ne spoilerai pas sur son contenu), c'est vraiment gentillet, et si quelqu'un d'autre que Spielberg essayait de faire passer ça, je crois que ça ne marcherait pas (auprès de moi en tout cas), mais là, c'est effectivement émouvant. Pareil pour plein d'autres choses, qui sont à la fois attendues et « faciles » (ne serait-ce que l'opposition entre le héros bon et simple qui se fait plein d'amis et le méchant borné et paperassier qui veut lui nuire), mais qui fonctionnent parce que le film a un vrai karma.

Indépendamment de ça, il y a pas mal de vrais bons gags. Les acteurs jouent bien, le rythme et la construction sont bien maîtrisés.

Par ailleurs, même moi, je bave complètement devant Catherine Zeta-Jones.

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(dimanche)

Retour du Méga

C'était super, mais je suis crevé (et probablement malade : merci à Fabrice de m'avoir fait partager son rhume ☺️). Je vous raconterai tout ça plus tard.

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(jeudi)

Méga

Je disparais demain pour trois jours, histoire d'aller faire un tour à Montigny-en-Morvan (département de la Nièvre, 357 habitants au recensement de 1999) où se déroule le week-end d'intégration de l'ENS (comme moi aussi je rentre à l'ENS cette année, je me suis dit que je pourrais bien y aller).

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(Wednesday)

How many vowels are there in English?

How anyone can master such a crazy language as English is beyond my understanding:

aaiau eeaeeeiiie ooaoeoiooou uui
[iː] theseleaftreereceivepolicepiece phoenix
[ɪ] prettysitsieve women busybuild
[ɪə] heredeardeerweirdfierce
[ɛ]manysaid beddeadGreenwichheifer bury
[ɛə]careair beartheir
[ɛɪ]aperain greatveil
[æ]bad
[ʌ] sondoesbloodcouple sun
[aɪ] heighttimedie guide
[aʊ] house
[ɑː]fatherlaugh sergeantheart
[ɒ]wassausage dogcough
[ɔː]talkfault morebroaddoorthought
[ɔɪ] point
[ʊ] womanbookcould sugar
[ʊə] poortour sure
[uː] doshoefoodsoup rudefruit
[ɜː] herearthsir wordjourney turn
[əʊ] sosoaptoesoul

(This is for British so-called “received” pronunciation. Not every combination has been shown, and only stressed vowels have been tabulated.)

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(mardi)

Être moi, dur métier

Alors voilà, je me casse à me créer un joli site Web professionel achement bien foutu et tout et tout, et le perfide Google décide de le classer 62e sur une recherche de mon nom, derrière des pages complètement obscures dont on se demande ce qu'elles foutent aussi haut (remarquez, 62e sur 4280, si j'en crois ce qui est annoncé, ce n'est pas mal du tout : on se demande d'ailleurs ce que peut bien être la 4280e page, mais Google refuse de le dire).

C'est vachement dangereux, le pouvoir de Google (témoin l'utilisation qui a été faite du Googlebombing à des fins politiques). Imaginez par exemple des charmants conscrits blonds (conscrits comme dans élèves de première année à l'ENS, et blonds comme dans petites têtes blondes) qui cherchent à utiliser le Grand Oracle Omniscient Gardien des Lettres Enchantées pour en savoir plus sur les enseignants de l'illustre établissement qu'ils ont préféré à la morne plaine de Palaiseau, ils cherchent quelques noms, et, hop, ils tombent sur des images que leurs yeux chastes ne sauraient voir. Hum. Ou imaginez qu'en cherchant conscrit blond on tombe sur un site à moi : ma réputation est foutue, on va m'imaginer affreux pervers chasseur de proies sans méfiance, tout ça tout ça, alors que, comme chacun le sait, je suis pur et innocent tel l'agneau qui vient de naître.

Pour remédier à ce problème, M a proposé de créer une petite étiquette à coller sur une page Web, comme on en voit tant sur le site de n'importe quel übergeek, pour dire, à côté de mon cheutemeuleu il est conforme aux standards du weuweuweu, vous pouvez le brouter comme vous voulez, vous n'aurez pas ma liberté de penser et sauvez un arbre, mangez un castor : je soutiens la réputation de David Madore. Et les gens se la disputeront, cette petite image, parce que ce sera une pièce rare à rajouter à votre collection de rubans (rouges, bleus, verts, arc-en-ciel et autres codes de couleurs compliqués).

Bon, et puis tant qu'à faire, je propose de me déclarer espèce en voie de disparition : c'est vrai, quoi, les David Alexander Madore, il n'y en a pas tant que ça, sur Terre, et comme en plus certains ne se reproduisent pas, c'est vachement menacé. L'avantage, c'est que vous prenez n'importe quelle sale bestiole, vous la déclarez en voie de disparition, et immédiatement elle devient immensément sympathique : l'ours blanc, par exemple, c'est une vraie teigne que l'ours blanc (non, la teigne n'est pas en voie de disparition, je crois, mais ça finira par venir, peut-être), ou encore le loup — il y a quelques siècles, on aurait eu du mal à trouver des gens pour s'apitoyer sur le sort des loups (ils mangent des moutons, ce sont bien des sales bêtes). Pardon, je digresse. Donc, on pourrait alerter la WWF, fonder des comités de parrainage (pour la modeste somme d'un bi-Opteron avec 8GHz de mémoire, parrainez un David Alexander Madore et offrez-lui un environnement confortable dans lequel évoluer), ce genre de choses. Fort heureusement, des amis[#] bien intentionnés, soucieux de mon image de marque et tout et tout, se sont lancés dans une vaste campagne de sensibilisation sur la condition du David Madore, en préparant la publication dans un prochain BOcal d'un grand jeu-test quel vieux con êtes-vous où je figure, en fort charmante compagnie, comme archétype (de la vieillesse et de la connerie, donc, nous disions).

Il me resterait plein de ressources, là : par exemple, me pendre, boire de la ciguë ou sauter par la fenêtre. Malheureusement, je suis une espèce protégée, donc je n'ai pas le droit. Enfin, si, sauter par la fenêtre, comme j'habite au rez-de-chaussée, j'ai le droit, mais ça ne marche pas bien. Ou sinon, m'engager dans la légion (et arrêtez de ricaner bêtement !).

Eh ben moi je dis pouêt.

[#] Comme tous les animaux en voie de disparition, j'ai énormément d'amis. J'ai aussi peu d'ennemis. Ça tombe bien, avec des amis comme ça, je n'ai pas besoin d'ennemis.

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(dimanche)

Joyeux ou Grincheux ?

Je me sens devenir grincheux. J'espère que ce n'est que temporaire, parce que je risque de très vite lasser tout mon entourage si je continue comme ça. Normalement j'arrive assez bien à le cacher quand je vais mal pour que les gens ne me trouvent pas pénible (j'évacue en partie en en parlant ici, où personne n'est obligé de m'écouter ranter, mais dans la vraie vie, quelqu'un qui parle tout le temps du fait qu'il est malheureux, c'est très vite lourd, malgré toute la bonne volonté qu'on peut avoir a priori à son égard) : en ce moment, j'ai du mal à en trouver la force, si ce n'est pas que je deviens carrément désagréable vis-à-vis de tout le monde. Et ça, c'est vraiment embêtant.

Donc, je vais tâcher de m'efforcer de réagir au moins à ça.

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(samedi)

Psychiatrie, psychanalyse, psychothérapie, psychologie ?

En admettant le principe que, pour espérer combattre ma dépression, je dois aller voir un psy* (je ne sais pas si c'est bien parti, parce que l'idée m'ennuie — au sens classique — plus qu'autre chose, mais bon), il me reste encore à trouver la bonne valeur de « * ». Mon ami Davide — qui fait son internat de médecine à Pavie en psychiatrie — m'a conseillé (quand je lui ai décrit mes symptômes) de m'adresser au service de psychiatrie de la Pitié-Salpêtrière. D'un côté j'ai tendance à avoir généralement confiance aux médecins (en tout cas plus qu'à des gens qui ne le seraient pas) ; de l'autre, j'ai un peu peur que la solution proposée par les psychiatres soit essentiellement à base d'antidépresseurs, ce que je veux absolument éviter. Par ailleurs, rien qu'à entrer dans un hôpital, je me sens très mal. Pour ce qui est de la psychanalyse, j'ai déjà expliqué ce que j'en pensais, et de façon générale, je me méfie des qualifications qui ne sont pas attribuées d'une façon sanctionnée par une institution que je juge assez sérieuse (comme l'Université ou la Faculté de médecine). Pas évident de savoir par où commencer.

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(vendredi)

Semaine de rentrée

Si je n'écris pas beaucoup ici ces jours-ci, ce n'est pas qu'il ne se passe pas grand-chose, au contraire : mais il est bien connu que quand on a des choses à raconter de sa vie, le temps passé à vivre ces choses fait qu'on n'a pas de temps pour les raconter (autre variante de la fameuse loi de McCain). Après la pénible période d'estivation, les activités reprennent, la vie sociale peut de nouveau exister parce que les gens reviennent, et ça me fait vraiment plaisir de revoir certains. Et en parallèle, c'est la rentrée des nouveaux (à l'ENS pour l'instant, mais j'ai d'autres cercles de fréquentations dans lesquels j'espère voir des nouveaux) que je prends également plaisir à rencontrer. Il y avait d'ailleurs tout à l'heure une soirée fort sympathique pour mélanger un peu tout ça.

Curieux à quel point je suis devenu une créature sociale (au moins pour ce qui est de mon besoin de compagnie, pas tellement pour ce qui est de la réussite effective) : il n'y a pas si longtemps (mettons, il y a quatre ans, par exemple) j'avais surtout besoin de solitude, et je n'allais dans une soirée qu'à reculons. Je ne sais pas au juste ce qui a fait que j'ai changé.

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(Wednesday)

Cleaning the Augean stables

[Traduction française ci-dessous.] I've just opened another Web site (only in French for the moment), which is supposed to be “professional”, full of serious mathematics and all that. Which really means: a front that I can display to protect this—uh—less serious Web site from those who have preconceptions about what a mathematician's page is supposed to look like. It will be fun to see how the almighty Oracle of the World Wide Web decides to rank the two sites. Incidentally, this led me to revisit some of the pages here, and I find it depressing how much work it would be to bring them up to date: even the site map itself isn't correctly maintained! Some day I will have to dig in and clean as much as I can of the Augean stables.

[French translation of the above.] Je viens d'ouvrir un autre site Web (seulement en français pour le moment), qui est censé être « professionnel », plein de mathématiques sérieuses et tout ça. Ce qui veut vraiment dire : une façade que je peux afficher pour protéger ce site Web — euh — moins sérieux de ceux qui ont des préconceptions sur ce à quoi la page d'un mathématicien est censée ressembler. Ce sera amusant de voir comment l'Oracle tout-puissant du World Wide Web décidera de ranger les deux sites. Incidemment, cela m'a conduit à revisiter certaines des pages ici, et je trouve déprimant de voir la quantité de travail que ce serait de les amener à jour : même le plan du site lui-même n'est pas correctement maintenu ! Un jour je devrai me plonger dedans et nettoyer autant que je peux des écuries d'Augias.

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(lundi)

Rentrée

Enfin la rentrée est là. Aujourd'hui j'ai pris possession de mon nouveau bureau à l'ENS : par rapport à ce que j'avais à Orsay (où je n'allais jamais), c'est un net progrès, ne serait-ce que parce que j'y suis seul (au moins pour l'instant) et que j'y ai un ordinateur. Jolie vue, aussi, sur le panthéon et, malheureusement, sur les travaux côté rue Rataud. Demain et après-demain les normaliens nouveaux débarquent. En attendant, je retrouve plein de gens connus et que ça me fait plaisir de revoir. (Bon, à côté de ça, mon moral n'est pas comme je le voudrais, et je recommence à déprimer sérieusement dès que je suis tout seul. Mais j'avais dit que j'éviterais d'en parler — de toute façon, il n'y a pas grand-chose à dire.) Ah, et, par ailleurs, j'ai fait quelques progrès vers la rédaction de ma thèse, ces derniers jours.

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(dimanche)

Un kōan (d'Italo Calvino)

J'ai la flemme d'écrire aujourd'hui. Alors à la place, je vais vous raconter un kōan zen, à mon avis le plus beau de tous : il n'est pas de moi mais d'Italo Calvino, dans Les Villes invisibles (Le Città invisibili), et il est d'ailleurs devenu assez célèbre. En italien, ça donne :

Marco Polo descrive un ponte, pietra per pietra.
— Ma qual'è la pietra che sostiene il ponte ? — chiede Kublai Khan.
— Il ponte non è sostenuto da questa o quella pietra, — risponde Marco, — ma dalla linea dell'arco che esse formano.
Kublai Khan rimane pensieroso, riflettendo. Poi soggiunge : — Perché mi parli delle pietre ? È solo dell'arco che m'importa.

Polo risponde : — Senza pietre non c'è arco.

Et pour ceux qui ont besoin d'une traduction :

Marco Polo décrit un pont, pierre par pierre.
« Mais quelle est la pierre qui soutient le pont ? » demande Kublai Khan.
« Le pont n'est pas soutenu par telle ou telle pierre, » répond Marco, « mais par la ligne de l'arc qu'elles forment. »
Kublai Khan reste silencieux, il réfléchit. Puis il ajoute : « Pourquoi me parles-tu des pierres ? C'est l'arc seul qui m'importe. »

Polo répond : « Sans pierres, il n'y a pas d'arc. »

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(samedi)

MSN messenger

J'ai craqué : je me suis créé un passeport .NET pour utiliser MSN (enfin, Gaim, bien sûr, puisque je n'ai pas de quoi utiliser le vrai MSN messenger). C'est davidamadore[arobase]hotmail[point]com (mais seul l'avenir dira si je prends effectivement l'habitude de le lancer ou non).

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(vendredi)

Le gaydar

Le gaydar est la capacité présumée (essentiellement des homosexuels et bisexuels eux-mêmes) à repérer qui n'est pas hétérosexuel (l'histoire ne dit pas précisément, cependant, si ça s'applique uniquement sur les individus de même sexe que l'identificateur ou sur hommes et femmes également). Assurément ça existe au moins dans une certaine mesure ; et ça n'a rien de magique : il y a suffisamment de gens qui tiennent expressément (même sans en être forcément conscients) à afficher, dans leur attitude ou dans leur look, quelle est leur orientation sexuelle, qu'il est certainement possible de les identifier. (Et il est assez naturel, quand on est homo, de vouloir être identifié comme tel au moins par ceux qui le sont aussi.) Quand on fréquente un nombre assez important de personnes dont on connaît l'orientation sexuelle, on doit forcément acquérir dans une certaine mesure la capacité à faire du pattern matching sur des indices discriminants. Au-delà de ce qui est évident, ça commence à devenir douteux, par exemple : qu'on reconnaisse les gens sur leur look, c'est une chose, sur leur gestuelle ça commence à me sembler déjà plus douteux, et sur leur seule apparence physique je n'y crois pas du tout. Ceci étant, faire des études serait difficile, et on ne sait pas exactement quel serait le phénomène recherché à étudier.

Pour autant que je me rappelle et que je le sache (il est vrai que ça fait des restrictions importantes), les seules fois où on m'a identifié comme homo (quand on ne le savait pas à l'avance et que ce n'était pas évident d'après — si j'ose dire — le contexte) c'est vraiment que j'avais tout fait pour. Ce qui est rare : s'agissant du look, je n'aime pas du tout m'habiller pour coller aux stéréotypes (et c'est bien triste, parce que ça ne me gênerait pas du tout, paradoxalement, d'être outé par ma tenue).

Le problème avec les stéréotypes, c'est que dans une certaine mesure on ne peut que les confirmer. Par exemple, si on prend celui qui dit : les pédés sont efféminés. À mon avis, c'est une connerie complète, et la raison pour laquelle on pense ça, c'est que ça a commencé comme un raisonnement sans fondement (du genre, être attiré par les hommes, c'est une caractéristique féminine, donc ils doivent avoir d'autres caractéristiques féminines) et qu'ensuite ça s'est entretenu tout simplement parce que, du coup, ceux qui collent au stéréotype sont plus visibles que ceux qui n'y collent pas. (Variante du phénomène : dans des environnements où la virilité des hommes est extrêmement marquée et importante, il est très difficile de se revendiquer comme homo, justement à cause du cliché dont je parle, et du coup, ceux qui le sont ne s'affichent pas, ce qui renforce le cliché. OK, je sais, je sais, je tourne en boucle.)

Une autre chose qui peut se produire, c'est un échange de regards juste autour du seuil de la conscience. Il peut s'en passer plein de choses, dans le regard, même le plus bref.

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(jeudi)

5×2, et divers

Je reviens de voir le dernier film de François Ozon, 5×2 : je suis plutôt déçu. Le tempo est vraiment trop lent, et, une fois qu'on a compris l'astuce (et malheureusement j'avais été spoilé à l'avance), il n'y a plus guère de surprise. De la part d'Ozon j'attendais quelque chose d'un peu plus original, vif, ou déjanté (je précise que j'ai énormément aimé Huit femmes et Sitcom). Tiens, une curiosité : pourquoi le héros (le mari) s'appelle-t-il François au tout début (lorsque le juge lit l'acte de divorce), et Gilles dans toute la suite ? Il y a quelque chose à comprendre, ou c'est juste une erreur complètement bizarre, ou bien Arthur et moi avons complètement rêvé ?

En revenant du cinéma, j'ai oublié mon sac à dos dans le métro. Heureusement que j'étais allé voir le film avec des copains, qui prenaient la même ligne et qui descendaient après moi : ils l'ont donc récupéré pour moi. Pas qu'il y ait quelque chose de précieux dans le sac en question, mais je m'étais fatigué à me reconstituer une trousse bien garnie (avec plein de stylos de toutes sortes de couleur) pour remplacer celle que j'avais perdue dans des circonstances semblables, je ne voudrais pas ravoir à acheter ça, et un agenda, et tout et tout.

Dans mon sac, il y a aussi les Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, que je lis en ce moment : c'est vraiment très beau (au moins celles que j'ai lues pour l'instant), je conseille vivement. Mais du coup je vais devoir lire autre chose ce soir.

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(mercredi)

Où ont disparu les modèles du bonheur ?

Je reproduis pour commencer la transcription d'un passage que j'aime beaucoup (en fait, deux passages, à plus d'une heure d'intervalle, mais ils se continuent) du Déclin de l'empire américain, où est exposé le mème éponyme du film. Il s'agit d'une entrevue radiophonique (de Dominique Saint-Arnaud par Claire Léonard, deux des principaux personnages du film) :

— Dominique Saint-Arnaud, directrice du département d'Histoire de l'Université, vous venez de publier aux presses universitaires un livre que vous intitulez « Variance de l'idée du bonheur » : pourriez-vous nous en parler un peu ?

— Oui, euh… c'est un livre qui part de l'hypothèse que la notion de bonheur personnel s'amplifie dans le champ littéraire en même temps que diminue le rayonnement d'une nation, d'une civilisation.

— Et qu'entendez-vous par « bonheur personnel » ?

— Bien, disons l'idée de recevoir de sa vie quotidienne des gratifications immédiates et que la mesure de ces gratifications constitue le paramètre normatif du vécu.

— Pourriez-vous donner un exemple précis pour nos auditeurs ?

— Bien… par exemple… le mariage. Dans les sociétés stables, le mariage est un mode d'échange économique ou politique ou encore une unité de production.

— Ce qui veut dire ?

— Ce qui veut dire qu'un mariage réussi n'a rien à voir avec le bonheur personnel des deux individus mariés ensemble. À la limite, la question ne se pose même pas, comme si une société en développement se préoccupait davantage du bien collectif ou d'un bonheur hypothétique futur plutôt que de satisfaction individuelle immédiate. … Dans la littérature romaine, par exemple, la notion d'amour conjugal commence à proliférer sous Dioclétien, au IIIe siècle, au moment où la structure de l'empire s'effondre. Même phénomène dans l'Europe du XVIIIe siècle, où l'idée rousseauiste de bonheur précède de peu la Révolution française. … Et je pose la question paradoxale : cette volonté exacerbée de bonheur individuel que nous observons maintenant dans nos sociétés n'est-elle pas en fin de compte historiquement liée au déclin de l'empire américain que nous avons maintenant commencé à vivre ?


— Les signes du déclin de l'empire sont partout : la population qui méprise ses propres institutions, la baisse du taux de natalité, le refus des hommes de servir dans l'armée, la dette nationale devenant incontrôlable, la diminution constante des heures de travail, l'envahissement des fonctionnaires, la dégénérescence des élites… Avec l'écroulement du rêve marxiste-léniniste, on ne peut plus citer aucun modèle de société dont on pourrait dire : « voilà comment nous aimerions vivre ». Comme sur le plan privé, à moins d'être un mystique ou un saint, il est presque impossible de modeler sa vie sur aucun exemple autour de nous. Ce que nous vivons, c'est un processus général d'effritement de toute l'existence.

— Et ce processus vous paraît inévitable ?

— Ah oui, certainement. Même si, comme à toutes les époques, vous trouverez des charlatans pour dire que le salut est dans la communication, les micro-circuits imprimés, le renouveau religieux, la forme physique, ou dans n'importe quelle autre sottise. Le déclin d'une civilisation est aussi inévitable que le vieillissement des individus. Au mieux, on peut espérer retarder un peu le processus : c'est tout. Remarquez que nous, ici, nous avons la chance de vivre en bordure de l'empire. Les chocs sont beaucoup moins violents. Il faut dire aussi que la période actuelle peut être très agréable à vivre, par certains côtés. Et de toute manière, notre fonctionnement mental nous interdit toute autre forme d'expérience. Je crois pas qu'il y en aurait beaucoup parmi nous qui pourraient vivre au milieu des puritains de la Nouvelle-Angleterre de 1650.

— Dominique Saint-Arnaud, je vous remercie beaucoup.

En fait, ce qui m'incite à méditer sur la question du bonheur, c'est d'avoir vu (avant-hier, avec mon frère et ma sœur) Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (que je ne recommande pas particulièrement, je l'ai trouvé un peu décousu), un film qui malmène assez l'idée du bonheur dans le cadre du foyer conjugal et de la fidélité.

Par le passé, on a eu — au sens où les structures de la société, ou au contraire d'un contre-courant important de la société, en proposaient — des archétypes assez clairs, des modèles du bonheur, des idéaux à atteindre ou au moins des codes de morale. Cela pouvait être le Dulce et decorum est pro patria mori, l'espoir d'une résurrection aux côtés de Dieu, un idéal Républicain, le rêve marxiste-léniniste, ou encore le modèle hippie, que sais-je encore. C'est sans doute quelque part dans les années '70 ou '80 du XXe siècle que les dernières icônes du bonheur se sont effritées. Ou plus exactement, s'il y en a encore (par exemple, un bon nombre de films hollywoodiens en ont une idée très précise, de ce qui doit constituer le bonheur sous-jacent à un happy end), ils ne sont pas pris assez sérieusement, ou peut-être ne comportent pas une part d'inatteignable suffisante ou un système convenablement développé, pour pouvoir fournir un but véritable (à la jeunesse, et, par extension, à tout le monde). En ce début de XXIe siècle, chacun est invité à construire sa propre vision du bonheur et du sens de la vie, ce qui est peut-être une bonne chose (paradoxalement, se prétendre individualiste tend à être mal vu), mais il n'est pas sûr qu'on puisse en trouver qui résiste à la déconstruction systématique. Assurément, des modèles marginaux existent encore, la quête du Sens finit toujours par mener quelque part si on la poursuit assez (comme le dit Dominique Saint-Arnaud : la communication, les micro-circuits imprimés, le renouveau religieux, la forme physique, ou n'importe quelle autre sottise ; vous pouvez adhérer à telle ou telle religion, ou telle ou telle secte, devenir goth[#], ou encore revenir aux vieilles bonnes valeurs traditionnelles comme le nationalisme ou le trotskisme) ; il y a toujours eu une certaine variance de l'idée du bonheur. Mais, inexplicablement, la sauce semble avoir plus de mal à prendre : on cherche d'autant plus et on a d'autant moins de méthode. Je ne sais pas si cela s'explique.

Milan Kundera, dont j'ai tout récemment lu La Lenteur, m'offre, au chapitre 3 de ce dernier livre, une piste de réflexion :

Dans le langage de tous les jours, la notion d'hédonisme désigne un penchant amoral pour la vie jouisseuse, sinon vicieuse. C'est inexact, bien sûr : Épicure, le plus grand théoricien du plaisir, a compris la vie bienheureuse d'une façon extrêmement sceptique : éprouve du plaisir celui qui ne souffre pas. C'est donc la souffrance qui est la notion fondamentale de l'hédonisme : on est heureux dans la mesure où on sait écarter la souffrance ; et comme les plaisirs apportent souvent plus de malheur que de bonheur, Épicure ne recommande que des plaisirs prudents et modestes. La sagesse épicurienne a un arrière-fond mélancolique : jeté dans la misère du monde, l'homme constate que la seule valeur évidente et sûre est le plaisir, si menu soit-il, qu'il peut lui-même ressentir : une gorgée d'eau fraîche, un regard vers le ciel (vers les fenêtres du bon Dieu), une caresse.

Modestes ou pas, les plaisirs n'appartiennent qu'à celui qui les éprouve, et un philosophe, à juste titre, pourrait reprocher à l'hédonisme son fondement égoïste. Pourtant, selon moi, ce n'est pas l'égoïsme qui est le talon d'Achille de l'hédonisme mais son caractère (oh, pourvu que je me trompe !) désespérément utopique : en effet, je doute que l'idéal hédoniste puisse se réaliser ; je crains que la vie qu'il nous recommande ne soit pas compatible avec la nature humaine.

Le XVIIIe siècle, dans son art, a fait sortir les plaisirs de la brume des interdits moraux ; il a fait naître l'attitude qu'on appelle libertine et qui émane des tableaux de Fragonard, de Watteau, des pages de Sade, de Crébillon fils ou de Duclos. C'est pour cela que mon jeune ami Vincent adore ce siècle et, s'il le pouvait, il porterait comme un insigne sur le revers de sa veste le profil du marquis de Sade. Je partage son admiration mais j'ajoute (sans être vraiment entendu) que la vraie grandeur de cet art ne réside pas dans une quelconque propagande de l'hédonisme mais dans son analyse. C'est la raison pour laquelle je tiens Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos pour l'un des plus grands romans de tous les temps.

Ses personnages ne s'occupent de rien d'autre que de la conquête du plaisir. Toutefois, peu à peu le lecteur comprend que c'est moins le plaisir que la conquête qui les tente. Que ce n'est pas le désir de plaisir mais le désir de victoire qui mène la danse. Que ce qui apparaît d'abord comme un jeu joyeusement obscène se transforme imperceptiblement et inévitablement en une lutte à la vie et à la mort. Mais la lutte, qu'a-t-elle de commun avec l'hédonisme ? Épicure a écrit : « L'homme sage ne cherche aucune activité liée à la lutte. »

Et là, le maître Zen nous dit : le seul bonheur qu'on peut trouver dans la vie, c'est celui qu'on y a mis.

[#] Le mouvement « gothique » est-il, justement, un culte du déclin ?

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(mercredi)

Carte orange

Une grande victoire : après je ne sais combien d'années, j'ai enfin réussi à obtenir une carte orange et à acheter un coupon mensuel. Vous allez dire, qu'est-ce qu'il y a de difficile à aller à n'importe quel guichet RATP et demander une carte orange et un coupon mensuel (deux zones) ? Eh bien chaque mois, je prenais la résolution de le faire dès le mois suivant, et le 5 ou le 6 du mois je me rendais compte que j'avais oublié et je reportais au mois suivant… et ce, pendant des années.

À bientôt pour de nouvelles aventures de Gro-Tsen en environnement urbain.

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